Documentaire: Le grain et l’ivraie ou voyages chez les populations intoxiquées par l’agro-industrie mondiale
Le documentaire « Le grain et l’ivraie » met en lumière les conséquences néfastes sur les plans sociaux et environnementaux du modèle agro-industriel argentin. En plus de le dénoncer, le réalisateur Fernando Solanas nous montre qu’un autre modèle, inspiré du passé et en harmonie avec l’environnement, est possible. Le film sera projeté le mardi 18 mars au Cinéma La Salamandre à Morlaix, dans le cadre du Festisol, en partenariat avec Eco-Bretons, le théâtre de Morlaix et le Lycée Agricole de Suscinio. Après la projection, échange animé par Eco-Bretons, avec Marine Bachelot-Nguyen, metteuse en scène de la pièce « Nos corps empoisonnés », et Veronica Gomes Tomas, juriste spécialiste en droit de l’environnement.
Une autre vision de l’Argentine
« Pour ces maudits haricots ( le soja), l’Argentine s’est vendues, a dépeuplé son territoire, a détruit son écosystème et à ruiné sa biodiversité »
Jorge Rulli, expert en eco-agriculture
Le documentaire « Le Grain et l’Ivraie » produit et réalisé par Fernando Solanas nous montre une autre vision de l’Argentine. Culture de soja expansive, agriculture transgénique, épandages et fumigations abondants d’agro-toxiques sur les cultures… voilà aujourd’hui le modèle de l’agro-industrie du pays. Ce modèle, bien que très productif et économique pour les grandes industries et multinationales a provoqué de nombreux effets néfastes aussi bien sur l’environnement que les populations locales. En effet, l’implantation toujours plus grande de soja transgénique a entrainé, en plus d’une déforestation massive, l’expulsion des populations aborigènes de leurs propres terres ancestrales ainsi que la destruction de leurs ressources alimentaires vitales, ce qui est contraire à la loi internationale de protection de la forêt primaire. De plus, l’épandage et les fumigations d’agro-toxiques à proximité des lieux de vie ont provoqué, en plus d’un exode rural, la multiplication de maladies respiratoires ainsi que de cancers et de malformations.
Des témoignages poignants mais aussi… des alternatives qui existent et peuvent s’appliquer
Avec une atmosphère
parfois sombre, «le Grain et l’Ivraie » met en lumière les
témoignages authentiques et poignants des populations locales
intoxiquées, des agriculteurs ruinés par l’achat d’intrants
chimiques provenant de l’agro-industrie ainsi que des chercheurs
universitaires ayant prouvé le lien entre l’utilisation de
produits chimiques dans l’agriculture et le taux de maladies élevé.
Une note d’espoir vient montrer qu’une autre agriculture,
écologique est possible et qu’il est possible de produire de
manière saine des aliments sans pesticides pour régénérer la
biodiversité perdues sans pour autant détruire des forêts
primaires.
La bande annonce:
Réalisé en 2017 par Fernando E Solanas. Durée: 1h37 vostfr
Distro, la coopérative bretonne qui développe le réemploi des bouteilles en verre
La coopérative bretonne Distro travaille au développement du réemploi du verre en Bretagne. Dans la campagne de Grand-Champ, non loin de Vannes, elle trie les bouteilles en verre consignées, qu’elle collecte auprès de distributeurs et producteurs bretons, avant de les envoyer dans deux centres près de Nantes pour être lavées. Depuis 2021, plus de 400 000 bouteilles ont ainsi été réemployées. Distro s’apprête à l’expérimentation nationale lancée par Citeo, qui aura lieu dans trois régions françaises, dont la Bretagne. Rencontre.
Située dans la campagne de Grand-Champ, non loin de Vannes (56), la Ferme de l’Oncle Patate est un lieu atypique. De par son nom, déjà. Mais aussi par ses trois activités. La ferme n’est pas seulement un lieu de production de pommes de terre bio, on y trouve aussi la plateforme de la filière « légumes bio » du Morbihan, et, plus étonnant, la coopérative Distro. Celle-ci y a pris ses quartiers « depuis avril 2024 » raconte Robin Langiano, responsable logistique.
La Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) Distro est née en 2022, après avoir été pendant quelques années une association. Son objectif : développer le retour de la consigne du verre en Bretagne. Elle structure une filière composée « de producteurs, de points de vente, d’imprimeurs, de citoyen.ne.s… », explique Robin.
Distro gère ainsi la collecte des bouteilles consignées dans une soixantaine de points de distribution (cavistes, réseau Biocoop…), dans le Finistère, les Côtes-d’Armor et le Morbihan. « La collecte se fait également chez certains brasseurs ou cidriers », précise Robin. Dans le hangar de Grand-Champ, elles sont triées et « massifiées », c’est-à-dire stockées par format différent, avant de prendre la route pour deux centres de lavages situés à Clisson et Carquefou en Loire-Atlantique. « La rotation est rapide pour les bouteilles de 75 cl, les plus courantes, mais un peu plus longue pour les bouteilles de vin », analyse le jeune homme. Dans le hangar, des « pallox » sorte de grands casiers, permettent de stocker les bouteilles de bières, de cidre, de vin, de jus…, qui, pour celles du Morbihan, arrivent par casiers, du fait de collectes plus fréquentes. Entre 8000 et 10000 bouteilles transitent ainsi ici chaque mois.
Hormis la collecte et le lavage, Distro accompagne également les producteurs qui souhaitent se lancer dans l’aventure. La coopérative distille des conseils sur le contenant (choix de bouteilles pouvant résister à plusieurs dizaines de cycles) et sur les étiquettes, un enjeu important, car il faut qu’elles puissent se désagréger facilement dans le bain de lavage. Elle travaille pour cela avec des imprimeurs pour trouver la bonne formule.
S’installer à Grand-Champ est un choix intéressant du point de vue logistique, d’après Robin. « Distro collecte les bouteilles chez Biocoop, où sont livrés aussi les légumes via la plateforme de la filière légumes bio. Ceci nous permet de mutualiser les trajets des camions, car les points de livraisons de légumes sont également les points de collectes des bouteilles ». Un avantage économique et environnemental non négligeable pour la coopérative, qui est cohérent avec les valeurs qu’elle porte. « L’économie circulaire et les circuits courts font partie de l’ADN de Distro », affirme Robin. Sans oublier que « l’un des enjeux dans le réemploi est d’optimiser les boucles logistiques. L’objectif in fine est que les bouteilles réemployées reviennent moins cher, ce qui peut être aussi une incitation à y recourir pour le producteur ».
Et de plus en plus de professionnels semblent avoir recours au réemploi. Depuis 2021, ce sont ainsi 400 000 bouteilles qui ont été réemployées grâce à Distro.
A partir de mai, les chiffres devraient s’envoler, du fait du lancement avec Citeo d’une grande expérimentation nationale sur la consigne, dans trois régions de France, dont la Bretagne. Distro se prépare au changement d’échelle. Une activité d’achat groupé de verre neuf réemployable devrait également être lancée dans l’année.
Dans les papiers végétaux et cartes du vivant de Laura Conill
Originaire de la région lyonnaise, Laura Conill, est une artiste-designeuse-papetière au sourire radieux, passionnée du vivant, qui s’est établie depuis quelques années en Bretagne, à Morlaix précisément. Cette diplômée en archéologie et philosophie de l’art s’est ensuite tournée vers une pratique plastique en se formant à la Haute école des arts du Rhin. « Dans ce mélange de formations, je trouve une méthodologie commune et hybride entre la recherche de récits, d’inventions d’histoires à partir de fragments et expérimentations, pour proposer d’autres modes de vie possibles », dit-elle.
Laura Conill fait de son récent lieu de vie finistérien, un terrain de découverte, d’expérimentation et de création, entre terre et mer, résolument sous le signe du lien, de là-bas – Indonésie, Vietnam, Mexique, Etats-Unis, Inde… – à ici, dans un esprit low-tech : « ma démarche évolue différemment selon le projet, pour construire des projets incrémentalistes (ndlr : qui se construisent petit à petit, par des ajouts continuels), des toiles d’araignées tissées entre personnes, lieux, matières et techniques. La création engagée est ce qui me fait voyager plusieurs mois en Asie et à Détroit à la recherche de créateur.trices impliquées dans des questions environnementales et sociales, et créer en rentrant en Alsace un collectif, avec trois autres designeuses – Chloé, Morgane et Louna – nommé Bouillons (voir encadré au bas de l’article). »
Laura n’est pas arrivée seule en Bretagne, une autre membre du collectif Bouillons, l’artiste-céramiste Morgane Lozahic à laquelle nous consacrerons également un sujet, s’est établie non loin de Morlaix, à Plougasnou. Parallèlement à leurs projets respectifs, elles travaillent ensemble et toujours avec le collectif Bouillons.
Les projets de Laura Conill se conjuguent toujours en mode collaboratif, avec les habitants humains et non-humains, avec des artistes, des associations : « à travers la coopération et la collaboration avec des métiers différents, mais aussi via le partage de savoir-faire du papier artisanal, de techniques de valorisation des rebuts de matières et du végétal, je crée des objets et des événements qui rassemblent, questionnent et sensibilisent. ».
Cartoletto ou carte-lit, carte qui se lit, carte qui nous relie aux vivants
C’est ainsi qu’en mai 2024, à la faveur d’un appel à projets de la Région Bretagne, « Aide aux jeunes artistes plasticien·ne·s en Bretagne », auquel a répondu l’association Les Moyens du bord, Laura Conill s’est installée en résidence de création aux Chiffonniers de la Joie pour un projet artistique de cartographie géante qui fait actuellement l’objet de l’exposition Cartoletto, jusqu’au 9 mai 2025, à l’espace du Roudour de Saint-Martin-des-Champs.
Sur la page de couverture du petit livret d’accompagnement de l’exposition Cartoletto, concocté par l’artiste et sobrement intitulé Cahier de terrain, s’y déplie dans tous les sens, ce mot italien : « La carte-lit, de l’italien « carta » : carte, papier, et « letto » : lit. La carte comme une image qui se lit, la carte lue. La carte comme feuille de papier artisanal. Le lit en tamis papetier géant. Le lit comme le point d’ancrage d’un lieu de vie. Le lit de la rivière de Morlaix. »
A l’intérieur de ce Cahier de terrain, « des nourritures livresques et notes de carnet » où se côtoient des extraits d’ouvrages tels que « Le patrimoine culturel de la calligraphie et de l’impression du Gansu » par Yi Xumei, Liu Xiumen ou encore d’archives Archimer « Le microplancton des rivières de Morlaix et de la Penzé » de Gérard Paulmier. Et aussi des citations du philosophe Baptiste Morizot, de l’écrivaine-plasticienne Claudie Hunzinger, de l’écrivaine Juliette Rousseau… des croquis, de la rivière de Morlaix, qui accompagnent la liste des algues et plantes marines et celle des planctons et animalcules de la baie de Morlaix, ainsi qu’un lexique des couleurs végétales des pâtes à papier.
Mais faisons ensemble un petit bond en arrière, jusqu’à la genèse de ce projet.
Collaborer pour créer
Collaborer pour créer, c’est précisément le fil rouge choisi par Les Moyens du bord pour la programmation de ses événements tout au long de cette année 2025, à commencer par l’exposition Cartoletto de Laura Conill. Et cet article lui-même est le fruit d’une collaboration puisque ce sont les mots de l’artiste qui prennent maintenant le relai pour vous relater les coulisses du projet.
Cartoletto s’est imaginé en collaboration avec plusieurs acteurs du territoire pour créer des cartes d’écosystèmes, géographiques et sensibles, des cartes géantes aussi, créées en papier artisanal, qui traduisent l’histoire du lieu et de ses habitant.e.s, du vivant, dans la baie de Morlaix, en mer, et des imaginaires noués autour. « Ces grandes cartes en papier artisanal sont des cartes qui racontent, sensibilisent, informent, traduisent et sentimentent, qu’on ne peut créer qu’à plusieurs mains. »
Parmi ces acteurs : Les Chiffonniers de la joie, comme lieu de création des outils papetiers et des grandes feuilles ; Les Moyens du Bord, pour le lieu d’atelier, l’accompagnement artistique, et pour la teinture végétale du papier avec des plantes locales ; Gladenez, association de préservation du patrimoine de l’île de Batz, comme lien avec les fours à goémons et goémoniers, la récolte de laminaires et de cendres de laminaires ; l’association Traon Nevez, pour la récolte de fibres sur le site ; les deux créateurs de microscopes à plancton à Morlaix, pour l’utilisation de leur microscope afin de lire les cartes à l’eau de mer.
Le projet a été collectif et s’est articulé autour des personnes qui gravitent aux Chiffonniers de la joie. En effet, il s’agissait d’installer un atelier saisonnier de fabrique de papier artisanal, avec les personnes-ressources (équipe, bénévoles, public) et les ressources-matières des Chiffonniers. Cet atelier est une fabrique où les outils papetiers sont à l’échelle du lieu, fabriqués sur place, pour ensuite créer les cartes géantes.
A l’aide de sommiers de lits réassemblés, de grillages, mais aussi de l’atelier bois et métal des Chiffonniers, il s’agit de construire des tamis papetiers géants, et créer des grandes compositions de papier artisanal, ces grandes feuilles de papier recyclé ou végétal qui sont devenues des cartes à lire. Pour créer de telles feuilles, il y a eu tout un processus collaboratif, car la feuille nécessite d’être soulevée et balancée à plusieurs mains, dans une harmonie et une coordination des gestes, qui suit le savoir-faire papetier mais en créant des feuilles de géant.e.s. Il y avait aussi d’autres outils de création liés au papier à construire, comme une pile hollandaise. Les grandes cartes créées sont en lien avec l’écosystème de Morlaix, son contexte, ses lignes du territoires de la mer et de la terre, et ses plantes qui créent les couleurs et les fibres du projet.
Tamis géant utilisé dans le cadre d’un des ateliers de fabrication de papier que Laura anime depuis son arrivée, dans le lavoir du site de Traon-Nevez (Dourduff-en-mer/Plouézoc’h) où elle exposait également quelques-unes de ses créations de papier végétal.
Une exposition mêlant étroitement art et sciences
Il s’agissait de comprendre le territoire ensemble et voir quelles plantes de terre ou de mer locales pouvaient teinter naturellement les pâtes à papier, fabriquer des encres pour l’impression sur les cartes. La recherche prévue était aussi de prélever des échantillons d’eau de mer dans la baie de Morlaix, pour créer des feuilles à l’eau de mer, et collecter dans chaque feuille de papier formée une cartographie minuscule de cet écosystème : les planctons, les micro-plastiques, les algues récoltés : toutes non visibles à l’oeil nu. C’est avec l’organisation Plankton Planet – œuvrant pour une océanographie internationale et citoyenne dédiée au plancton – et les scientifiques de Fairscope que l’artiste a effectué ces échantillonnage d’eau de mer.
Chaque feuille assemblée avec les autres feuilles/échantillons compose ainsi une grande carte de la zone, une grande cartographie merrienne et terrienne, toujours avec les plantes tinctoriales du territoire de la baie de Morlaix. Laura Conill aimerait aussi poursuivre ses recherches entamées avec des personnes de l’île de Batz : faire du papier de laminaires, en lien avec les fours à goémons et la soude de laminaires.
Il y a plusieurs degrés, didactiques, de lecture dans les cartes créées : à parcourir du regard et y voir les détails d’espèces rencontrées, flux de migrations, villes, plantes, par des traits et formes colorées, créées avec une technique d’impression papetière et par l’impression en gravure. L’autre niveau de lecture est possible avec un microscope parcourant toute la carte, et voir la vie minuscule figée dans le papier, enserrée dans ses fibres. Les planctons sont là, visibles, comme un herbier du vivant, avec les débris d’algues, et les poussières de plastique, reflétant ainsi la globalité des prélèvements à cet instant donné.
Les compositions finales sont à parcourir avec ces deux dimensions, comme une grande carte de navigation qui aurait des mystères et trésors cachés à l’intérieur, une carte sensible aussi, qui signifie, montre à un instant T son état, et comment elle peut encore changer. Les grandes compositions sont vouées à changer de lignes de territoire dans quelques années, et donc c’est un travail vivant qui continuera dans le changement des couleurs et le rajout de pâte à papier sur les cartes. Il s’agit donc de sensibiliser par ce prisme art/science aux changements des écosystèmes, à ce qu’on doit protéger autour de nous et ce qui ne doit pas disparaître.
Laura Conill organise des ateliers d’initiation à la technique papetière, pour créer des feuilles de papier artisanal aux couleurs de saison. Par le biais d’une cueillette de plantes locales et de la technique de l’inclusion végétale, des compositions sont ainsi réalisées dans les papiers créés, en jouant sur les couleurs, tailles et épaisseurs des papiers fabriqués.
Et pour celles et ceux qui souhaitent parfaire leurs connaissances et pratiques, elle a publié en juin 2024, un livre intitulé « Faire son papier – recyclé, artisanal, végétal » (ulmer éditeur)
Interview de Laura Connil effectuée à Traon Nevez, l’été dernier :
Bouillons, Un atelier de création engagée pour le vivant
« Nous sommes Bouillons, un atelier de création engagée pour le vivant regroupant quatre designeuses-artistes. Au sein de cet atelier, nous travaillons sur les problématiques écologiques actuelles, qu’elles soient environnementales ou sociales. Nous maîtrisons des compétences
artisanales variées et complémentaires dans cet atelier : le papier artisanal, la teinture naturelle, la céramique, le tissage manuel, la couture et l’illustration. Nous investissons ces savoir-faire dans
des moments de création, de rencontres, de partage et de transmission, que nous mettons en place dans différents cadres et avec des publics variés.
Nous aimons introduire la création dans des secteurs qui ne pensent pas y être destinés, tout comme nous aimons que d’autres univers et métiers s’introduisent dans notre activité. Nous souhaitons mêler nos compétences à celles d’autres personnes d’un écosystème local.
Bouillons est aussi un atelier de production d’objets et d’idées : nous partons des rebuts de matières, mais aussi du vivant, pour créer du beau, et sensibiliser différents publics.»
A Glomel (22), deux lieux atypiques s’unissent pour faire découvrir le territoire
Marie, créatrice de la maison d’hôtes éco-responsable Le Vert Nomade, et Dominique, fondatrice du tiers-lieu La Place des Ami.e.s, ont uni leurs forces pour proposer les « Escapades », des week-end de découverte de leur territoire. Au programme : des activités autour du vivant, du savoir-faire local et de l’écologie. Rencontre à Glomel, non loin de Rostrenen.
Première étape au Vert Nomade, dans le quartier de Saint-Michel, à Glomel. C’est là que s’est installée Marie Prévost, qui a ouvert en juillet 2022 son activité d’hébergement. Une reconversion professionnelle pour elle, originaire du Nord-Pas-De-Calais. Auparavant fonctionnaire, Marie travaillait dans le secteur des politiques européennes, à Lille et à Bruxelles. Se sentant « trop déconnectée et frustrée » par son métier, elle décide d’arrêter, de se poser, et d’expérimenter : elle entreprend une formation en savonnerie artisanale, s’intéresse à la permaculture, à la fabrication de tisanes, à l’habitat autonome, aux plantes comestibles… Elle part en Ardèche et dans le Sud-Ouest, puis en Bretagne, et découvre le domaine du Bois du Barde à Mellionnec, où elle fait du woofing. La vie en Centre Bretagne lui plait, et Marie décide alors de s’installer sur ce territoire « très riche en initiatives alternatives et dynamique ».
Au Vert Nomade, Marie dispose de deux chambres doubles et d’un dortoir de quatre lits, prisé des cyclistes qui circulent le long du canal de Nantes à Brest, à quelques kilomètres. L’une des chambres et le dortoir sont équipés de toilettes sèches. La cuisine commune permet les rencontres et les échanges, autour de petits déjeuners bio et/ou à base de produits locaux. Marie propose également des soirées tables d’hôtes, et des massages ayurvédiques.
La Place des Ami.e.s, « lieu de rencontres improbables »
Deuxième escale à deux kilomètres, toujours à Glomel, cette-fois ci au lieu dit Botcanou. Nous voici dans le tiers-lieu « La place des ami.e.s ». L’endroit est chaleureux, avec une ambiance « comme à la maison ». Un bar associatif permet de boire un verre ou prendre un café. On peut également y manger autour d’une grande table commune, comme c’est le cas ce mercredi, jour de l’atelier cuisine. Aux manettes, on retrouve Dominique, avec son mari Patrick, venus tout droit de Lorraine. « Je travaillais dans la santé naturelle », explique la retraitée. Ce qui les a décidés à changer de région ? La période covid, pendant laquelle un festival autour des Lamiacea (familles de plantes à laquelle appartiennent la lavande et le romarin, ndlr) sur lequel Dominique avait beaucoup travaillé a été annulé. La maison étant également devenue trop grande suite au départ des enfants, « c’était l’occasion de tourner la page », se rappelle Dominique. Le destin guide le couple jusqu’à Glomel, où ils achètent une maison mitoyenne, et décident de faire d’une partie de la bâtisse un lieu collectif. Cet « espace de rencontres improbables » comme ils aiment à le définir est géré par une association, qui a été accompagnée par le Tag22. Le lieu devrait être géré par une Scic (Société coopérative d’Intérêt collectif) par la suite. L’objectif, à la Place des Ami.e.s, est « d’observer les lois du vivant, et de se relier au monde qui nous entoure ». Et du vivant, ici, il y en a : de nombreuses activités sont proposées : des cours de cuisine végane, des café-philos, des ateliers cyanotypes, un jeu de piste en été… En projet : l’aménagement d’un atelier pour pouvoir bricoler et réparer, et du grand jardin de 5000 mètres carrés pour découvrir les plantes comestibles, médicinales… ou encore un atelier « musique concrète » pour créer le fonds sonore du lieu ! Les artisans et producteurs locaux sont également mis à l’honneur, aussi bien grâce à une petite vitrine qu’à travers l’activité restauration et bar.
A la découverte des « pépites » du territoire
Marie et Dominique, dont les lieux ne sont qu’à 20 minutes à pied l’un de l’autre, ont uni leurs forces pour faire découvrir et animer leur territoire du Centre-Bretagne qu’elles aiment tant. Elles ont développé ensemble « Les escapades » : « un programme commun mais proposé sous 2 formes : un mode séjour tout compris incluant l’hébergement et l’ensemble des activités (Les Escapades du Vert Nomade) ou un mode à la carte proposant repas et activités (Nomades du Coeur de Bretagne ), sur un week-end par mois. », expliquent-elles. Après une première session en février autour de la laine, avec notamment la visite de la Petite Filature Bretonne, le deuxième week-end des escapades aura lieu les 8 et 9 mars. Cette fois, c’est le loup qui sera mis à l’honneur, avec le samedi une soirée contes et repas végétarien, et le dimanche un brunch et une lecture croisée, le tout animé par Hervé Jaquemeau. Les prochaines « escapades » seront consacrées à la botanique, en avril et mai.
Dans le Pays de Lorient, l’Ecole de Résilience du Littoral lance un cycle de rencontres pour le grand public
« Nouveaux Rivages », ou l’Ecole de Resillience du littoral, a été créée en 2023. Elle est le fruit d’un partenariat entre Aloen, Agence Locale de l’Energie et du Climat de Bretagne Sud, l’UBS (Université de Bretagne Sud), l’organisme de formation Inspir4Transitions, et le tiers-lieu Maison Glaz, basé à Gâvres, et lauréat de l’appel à projets de la Région Bretagne Deffinov, sur les tiers-lieux apprenants.Objectif ? « Faire émerger les compétences nécessaires à l’adaptation de nos territoires littoraux face à l’évolution du trait de côte ». Elle a proposé ainsi à l’automne dernier deux sessions de formations à destination des personnes en recherche d’emploi, pour découvrir les métiers du littoral et le transport à la voile. Cette année, hormis le lancement d’un diplôme universitaire « Résilience des territoires insulaire et littoraux » en septembre, l’école propose aussi un parcours de huit rencontres, destinés au grand public, afin de mieux comprendre le changement climatique et ses impacts sur les littoraux. Démarrage le 1er mars.
Nouveaux Rivages propose notamment des formations à destination des demandeurs d’emplois. « Le but, c’est de pourvoir remettre en selle des personnes éloignées du travail, tout en développement des compétences concernant la résilience des littoraux », expliquent Lisa Croyère et Lucille Hutchison, respectivement chargée de mission et chargée de communication chez Aloen. Deux sessions se sont déroulées à l’automne 2024. L’une, baptisée « stage de pré-qualification voilier de travail », permet de découvrir le métier de métier de marin à la voile, aussi bien dans les filières pêche, fret, transport des passagers, recherche scientifique… Six places sont disponibles.
L’autre, « Découverte des métiers du littoral de demain », est « plus large » et porte sur « l’ensemble des besoin de résilience des littoraux : alimentaire, mobilité, aménagement, biodiversité, travail du bois, tourisme responsable, adaptation du bâti »… développe Lisa. Camille, en stage chez Aloen, a suivi cette formation d’une durée de 4 semaines, qui lui a permis de «comprendre un peu mieux les enjeux », et aussi de « penser la gestion du territoire par l’expérimentation ». « Les participant.e.s avaient de 19 à 56 ans, et avaient un objectif de réorientation professionnelle », ajoute-elle. Une manière de « créer un réseau, de nous pousser à prendre contact avec des professionnels, se remettre en action, le tout dans une démarche différente d’une formation universitaire ». Désormais, Camille souhaite se diriger vers le domaine du réemploi, et plus particulièrement la valorisation des déchets issus du milieu maritime, ou encore vers le transport de passager ou de fret.
Hormis ces deux formation, un Diplôme d’Université « Résilience des territoires insulaire et littoraux » va ouvrir ses portes en septembre 2025.
Nouveaux Rivages a voulu aussi mettre en place un parcours ouvert à toutes et tous, « de 18 à 98 ans ! ». Un cycle de 8 rencontres à destination du grand public est actuellement lancé, et va démarrer le 1er mars, pour s’achever en juin. « Les sessions vont se dérouler à chaque fois le week-end », soulignent Lisa et Lucille. Les objectifs ? « comprendre les enjeux d’adaptation et de vulnérabilité d’un littoral bouleversé, acquérir des compétences pour mieux vivre ces bouleversements, coopérer face aux risques, devenir acteur et actrice dans la transformation du territoire ».
Les premières rencontres, samedi 1er et dimanche 2 mars, auront lieu à Maison Glaz, sur la presqu’île de Gâvres. Au programme le samedi: Le matin, un état des lieux des risques littoraux face au changement climatique avec Laurent Labeyrie, Océanographe et Climatologue au HCBC (Haut Conseil Breton pour le Climat) – Professeur associé à l’Université Bretagne Sud et ancien membre du GIEC, et un échange avec Akira Lavault, fondatrice de Maison Glaz. L’après-midi, place à des ateliers pour imaginer ensemble l’adaptation. Le dimanche matin, « jeu sérieux » Litopia, et l’après-midi, atelier de réflexion.
Il est possible de ne suivre que quelques journées de rencontres, et pas le parcours entier.
Il est aussi possible de dormir à Maison Glaz, qui propose des solutions d’hébergements.
Les partenaires intéressés, et les citoyen.e.s qui souhaitent participer, peuvent s’adresser à Nouveaux Rivages via le site suivant : (tarif des journées du 1er et 2 mars : 12 euros / jour) https://nouveauxrivages.fr/ateliers-conferences/
A lire. Le street-artiste rennais WAR ! se découvre dans un livre
Paru aux éditions Ouest-France, le livre « WAR ! ou la ville sauvage » permet de re(découvrir) le travail du street-artiste rennais, au travers de ses nombreuses réalisations animalières, à Rennes et ailleurs. Il aide aussi à mieux comprendre son engagement pour le vivant et la nature, et pour une société plus juste et écologique.
« Je sème des graines dans le béton de notre époque ! ». Voilà comment WAR !, street-artiste rennais, définit son action. Les habitant.e.s de la ville le connaissent bien pour ses œuvres, peintes sur des piliers, sous des ponts, dans des friches industrielles, sur les murs : l’érable de la Rue de Saint-Malo, les coquelicots et bleuets sur le trajet de la seconde ligne de métro, les hermines au stade, les loups sur le Théâtre National de Bretagne…WAR ! a ainsi parsemé Rennes d’une trentaine de peintures et fresques, avec son style reconnaissable. On trouve également sa trace à Lancieux (35), avec une araignée de mer, à Saint-Malo (35) avec un Bernard-l’hermite, à Moréac (56) avec un éléphant, ou encore à Redon (35) avec des crabes.
Artiste discret et mystérieux, WAR ! agit masqué, pour préserver son anonymat. Sa parole est rare. Il a choisi pourtant de se raconter dans l’ouvrage « WAR ! ou la ville sauvage », paru aux éditions Ouest-France. Un très beau livre préfacé par Cyrille Gouyette, historien de l’art, chargé de mission au Musée du Louvre et spécialiste du street-art, dans lequel on retrouve 200 photos signées Alain Amet. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur WAR ! et de découvrir son travail et sa démarche artistique. Ayant grandi à la campagne, il a toujours été inspiré et touché par la nature et le vivant. Via ses œuvres, l’artiste veut faire comprendre au public que « menacée de disparition par les actions de l’homme, la faune sauvage doit être préservée». « WAR ! mise alors sur leur beauté pour plaider leur cause et nous rappeler notre même parenté à la nature », explique Cyrille Gouyette. Le livre nous permet également d’en savoir plus sur l’engagement de l’artiste : soutien aux mouvement des Soulèvements de la Terre à travers les peintures de bleuets et de coquelicots qui « essaiment », lutte contre la déforestation à Luitré-Dompierre, près de Fougères, avec une fresque « Quand le dernier arbre sera abattu », en soutien à un collectif qui se bat pour que ne soient pas rasés neuf hectares de forêts pour implanter des panneaux photovoltaïques…Loin de n’être juste qu’une démarche esthétique, le travail de WAR ! se veut aussi engagé et porteur de messages.
Fresque monumentale de WAR! « République de singe », Vannes. Crédit photo : JF
Avec ses magnifiques photos, alternant avec des textes choisis par WAR !, ses propos, et l’éclairage de Cyrille Gouyette, le livre « WAR ! ou la ville sauvage » est un très bel objet qui permet de mettre en lumière l’engagement du street artiste rennais. Il donne envie d’arpenter la capitale régionale avec un regard nouveau, et en levant les yeux, pour saisir toute la beauté des œuvres de WAR ! qui éclairent le béton, et leur message.
« War! ou la ville sauvage », de WAR! et Cyrille Gouyette, photos Alain Amet, 224 pages, Editions Ouest-France, 39 euros.