Nous sommes un webmédia associatif, basé à Morlaix qui met en avant les actrices et les acteurs des transitions écologiques nécessitant évidemment des transitions sociales, culturelles et solidaires dans nos territoires de Bretagne. Outre, notre site d’information, alimenté par notre journaliste-salariée et par des plumes citoyennes bénévoles, nous menons ponctuellement des actions de sensibilisation aux transitions et de formation aux médias citoyens avec des interventions auprès d’associations et d’établissements scolaires.
Pour tout cela, nous avons le soutien de collectivités territoriales et de l’Etat. Percevoir de l’argent public pour nos activités d’intérêt général fait sens pour nous.
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Portrait de femme numéro 12. Maryline Le Goff sème les graines de l’éco-construction et de l’autonomie à Questembert (56)
Portrait de femme n°14. Angélique Rocheteau, les brins et les liens de Penerf
Photo : Sous Un Autre Angle
(Rediff) Rencontre avec Angélique Rocheteau, osiéricultrice et vannière, installée non loin de la rivière de Penerf à Surzur (56), en plein cœur du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan. Elle créé sur-mesure et répare des objets en osier, propose des stages de découverte dans son atelier, et anime des actions dans des écoles. Elle nous raconte son parcours personnel et professionnel, dans lequel la notion de transmission est particulièrement importante.
Portrait de femme N°15. Maurèen Poignonec, le crayon en action
C’est sur l’île de Groix que nous partons à la rencontre de Maurèen Poignonec, illustratrice jeunesse récemment installée en région rennaise et dont la sensibilité artistique se conjugue avec son engagement de militante pour les causes environnementales et sociales .
Crédit photo: Basile Mesré-Barjon
Le documentaire « The true cost », qui explique l’impact de la mode à petit prix, a été un choc. Une fois informée, c’était difficile de revenir en arrière… Elle était déjà végétarienne mais a commencé par faire encore plus attention à sa consommation, à ses déchets… des petits gestes qui en ont entraîné d’autres et notamment une envie forte de collectif.
C’est en Bretagne, au Quillio, que Maurèen a participé au rassemblement CollapsHill en 2020 avec des intervenant.e.s comme Laure Noualhat, journaliste environnement, autrice engagée, Vincent Mignerot, essayiste ou encore Anne-Laure Nicolas de l’éco- domaine du Bois du Barde, lieu important en Bretagne pour imaginer une autre façon de vivre plus respectueuse du vivant dans toutes ses dimensions. De retour en région parisienne où elle vit à l’époque, elle participe au camp climat d’Alternatiba Paris. Et elle ressent un énorme coup de coeur pour le mouvement, pour son fonctionnement bienveillant, pour ses luttes sur le terrain mais également pour la possibilité offerte d’imaginer des alternatives désirables à notre mode de vie actuel. Elle participe avec eux à des actions comme celle de l’envahissement du tarmac de l’aéroport Roissy- Charles de Gaulle contre l’extension du terminal T4 ou encore récemment, au blocage de l’AG des actionnaires de Total, en assumant les risques juridiques inhérents aux mouvements de désobéissance civile. Elle nous raconte avec amusement son interpellation par la police sur le tarmac où elle a suivi très gentiment, évidement sans violence, le policier pour sa garde à vue. Portée par le collectif, pour
Maurèen, « cela ne fait pas peur de faire quelque chose qui est profondément légitime.Je ne vais rien faire de mal, on fait tout cela pour demain, pour l’avenir de tous et toutes… ». L’engagement militant lui apporte une grande confiance en elle.
Elle a en toute cohérence arrêté de prendre l’avion et a dessiné une petite BD sur Instagram qui s’intitule « Diaboliser l’avion avec délicatesse pour profiter longtemps de notre planète ». Une petite série de dessins pour se questionner, non pas directement sur le climat, mais sur son propre rapport aux voyages, comment elle- même a réussi à le déconstruire et à communiquer dessus sans culpabilisation et avec humour.
Les autrices et illustratrice ont particulièrement fait attention au côté émotionnel, l’impact psychologique n’est pas nié sur des sujets pouvant être graves. L’humour des dessins, la bienveillance et les propositions d’actions montrent que, même si l’état d’urgence climatique est là, la solidarité et l’entraide sont présentes et essentielles. Pour Maurèen, le rôle de l’illustration est justement d’emmener de la légèreté et de l’impertinence au livre.
https://poignonecmaureen.blogspot.com/
Chronique de lecteur : » la petite fille jaune tournesol «
» la petite fille jaune tournesol » est un livre à double lecture.
L’enfant y découvre un monde coloré, poétique et intense. C’est une ode à la vie, au vivant. Le beau y est omniprésent, et la qualité des dessins amène un rendu féérique.
Pour l’adulte, nul jugement, ni morale, juste un questionnement subtilement distillé au fil des pages au travers de cette enfant débordante de vie face à ces gens ternis, de leur uniformité écrasante et de leur flamme éteinte.
Le gris est la couleur d’un ciel qui gronde, d’un avant-orage, d’un soleil caché, d’une flopée de nuages … et de tout plein de choses, mais le gris est aussi transitionnel.
Il ne reste pas, il peut être coloré, comme il peut en tomber de la pluie. Il peut laisser place au beau temps, comme à l’orage.
S’il ne devait me rester qu’un sentiment à la fin de cette lecture, ce serait celui d’une envie de coloriser le monde.
Portrait de femme n°9. Julie Dupuy, vannière tresseuse de liens
« Lorsque l’on tire un seul fil de la nature, l’on découvre qu’il est attaché au reste du monde ». Ces mots de l’écrivain américain John Muir, une des figures mythiques de la protection de la nature et penseur des relations entre l’espèce humaine et le reste du vivant, résonnent fort avec Boutok, l’atelier vannerie que Julie Dupuy a choisi de nicher sur le port de Concarneau. Dans son atelier-boutique, entourée d’artisans travaillant le bois, Julie nous reçoit avec passion pour nous conter le métier de vannière que cette ancienne chargée de mission dans le domaine des métiers d’arts, a choisi d’exercer avec cohérence, engagement et partage.
C’est par hasard qu’elle a découvert la vannerie lors d’ateliers de loisirs, attirée par la création, par une activité manuelle et pour se donner un temps à soi. Elle s’y est peu à peu plongée, se perfectionnant au fur et à mesure auprès d’autres vannier.es qui lui ont transmis leur passion, leurs savoir-faire, leurs techniques parfois ancestrales ainsi que la conscience du lien profond existant entre cette activité et le végétal. Myriam Roux qui se définit comme une plasticienne du végétal, l’a particulièrement accompagnée sur ce chemin, l’emmenant sur la technique mais aussi sur la découverte des différentes fibres tel l’osier, la ronce, le chèvrefeuille et bien d’autres… Qu’on soit dans la vannerie dite utilitaire ou celle, dite artistique, les techniques sont en fait les mêmes et Julie aime osciller entre les deux. L’artisanat est pour elle, à la lisière entre l’utilité et l’art, Boutok voulant d’ailleurs dire « panier à tout faire » en breton, elle a à cœur de lui rendre toute sa valeur.
Des « tinies-oseraies » dans une vraie démarche de proximité
L’atelier Boutok s’inscrit dans l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) avec le choix d’être dans une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) pour s’extraire autant que possible du modèle néolibéral dominant. Il est aussi très fortement impliqué dans le tissu local de la région concarnoise, avec toujours cette volonté de tisser des liens profonds entre les personnes et leur environnement naturel. Julie a par exemple participé aux 48H de l’agriculture urbaine avec le fablab Konk Ar Lab. On peut tresser du végétal même sur des friches urbaines, en prenant le temps d’y dénicher des tiges comme du lierre, des graminées… Cela permet de poser un regard différent sur des espaces parfois délaissés et de se les réapproprier. Le choix d’être sur de l’agriculture urbaine se conjugue aussi au travers de sa collaboration avec la brasserie Tri Martolod, qui accueille sur son terrain, une des deux oseraies plantée au cœur de cette zone d’activité commerciale et artisanale. Le but est d’y implanter du végétal, de restaurer des écosystèmes et la brasserie a en projet également de faire des jardins partagés, des lieux de partage et d’échanges entre les habitant.es de Concarneau. L’autre parcelle de Boutok se situe quant à elle à Kervic sur la commune voisine de Nevez. Ce tiers-lieu en milieu rural accueille notamment l’Atelier Z qui propose des ateliers autour de la low-tech ainsi que de multiples évènements autour de l’écologie, du vivre-ensemble etc. Julie qualifie, en souriant, ses oseraies de «tiny-oseraies », ce qui met en valeur cette notion d’échelle car pour elle, on n’est pas obligé de grossir démesurément quand on créé une activité, ce qui va à l’encontre de bien des discours économiques… Ce sont des enjeux qui s’opposent actuellement, sur l’échelle de taille, sur un territoire donné et respecté… Il y a une vraie démarche de proximité dans son activité.
Cette démarche s’inclut également dans les ateliers qu’elle propose et où elle s’attelle à transmettre sa pratique avec enthousiasme, que ce soit en MJC ou à son atelier, auprès d’adultes ou d’enfants avec toujours en tête une approche d’éducation populaire. Les ateliers de vannerie, tout comme d’autres activités manuelles, sont des lieux où les personnes peuvent lâcher prise, découvrir le lien au vivant (elle nous confie que certaines prennent conscience à ce moment là que l’osier vient d’un arbre), se sentir valorisées en se réappropriant certains gestes, gestes que certaines se souviennent avoir vu plus jeunes auprès de grands-parents ou de voisin.es âgé.es. Cela peut parfois emmener à une forte mobilisation émotionnelle à laquelle Julie est attentive, en posant d’emblée le fait qu’il n’y a pas d’enjeu, pas d’objectifs impératifs de production dans ses ateliers. Elle souhaiterait poursuivre dans cette voie en se formant pour travailler avec des publics en situation de handicap ou d’autres éloignés de la vie culturelle. Affaire à suivre chez Boutok !
Julie Dupuy est également désireuse de travailler avec d’autres artisan.es pour sortir parfois du nécessaire travail solitaire de l’atelier. Avec Véronique Couppa, céramiste de Trégunc, elles sont dans la recherche permanente pour lier la terre et le végétal tout comme ils le sont dans la nature. Les deux matières résonnent et dialoguent ensemble dans leurs créations, et l’une comme l’autre s’entremêlent pour s’accueillir, avec une recherche commune sur le jeu des couleurs, sur les matières tout en solidité et souplesse.
Mais que savons-nous faire de nos mains ?
Quand elle parle de son métier, Julie évoque aussi le fait qu’il permet un engagement du corps, engagement pouvant être parfois exigeant. Un ancien vannier lui a d’ailleurs confié, comme une confidence protectrice, qu’il ne fallait pas tresser plus de trois heures d’affilée afin de ne pas s’user trop précocement ! Pour Eco-Bretons, Julie nous parle de ce que lui évoque la notion de transition écologique. Pour elle, la transition emmène à redéfinir la relation entre les êtres humains et leur environnement, et la vannerie répond à un certain nombre d’enjeux soulevés. La vannerie fait partie du mouvement du slow-design, on est sur le temps du végétal, c’est à dire celui des arbres pour l’osier qu’elle a choisi de tresser, l’osier faisant partie de la famille des saules. Tout simplement, il faut que ça pousse, sur un temps que nous ne maîtrisons pas et il faut l’accepter ! Pour la réalisation des objets, il faut d’abord avoir le végétal, le faire tremper plusieurs semaines car tant que la matière n’est pas assouplie, on ne peut la travailler (sauf à travailler en osier frais). Mais ce temps de fabrique permet également de respecter la matière, de ne pas la maltraiter et de prendre aussi le temps de la réflexion nécessaire à la conception de l’objet. Le slow-design permet aussi d’exprimer une certaine volonté de sortir du temps de la rentabilité à tout prix. Cette lenteur certaine permet également d’appréhender celle de la sobriété, de faire un pas de côté avec l’hyperconsommation de matières et d’énergie. La vannerie produit peu de déchets, au demeurant compostables, elle ne nécessite que peu d’outils, il n’y a besoin que d’un sécateur, d’un couteau, d’un peu d’eau, elle n’utilise pas de machines à énergies fossiles et il n’y a pas d’obsolescence programmée, tout est réparable. C’est toute une économie circulaire qui peut être mise en œuvre, circulaire tout comme la rondeur d’un boutok !
L’autonomie est également présente dans la vannerie, avec la possibilité de fabriquer soi-même ses propres outils de travail, Julie nous explique qu’autrefois, il n’était pas rare de voir des oseraies plantées au bout des champs afin que les paysan.nes puissent confectionner, par leurs propres moyens, les paniers nécessaires à leur activité. Elle s’interrompt pour évoquer une chanson de Feu! Chatterton, « Un monde nouveau » dont les paroles l’ont touchée : « Un monde nouveau, on en rêvait tous, mais que savons-nous faire de nos mains… presque rien, presque rien… ». Avec Boutok, ce presque rien se transforme en beaucoup de choses… des paniers bien sûr mais aussi des nichoirs, des lustres, des panières et tant d’autres…
Une relation réciproque avec le vivant
On ne peut finir cette rencontre sans parler un peu plus des arbres, du végétal. Julie Dupuy a planté 600 arbres l’hiver dernier qui sont certes, des puits de carbone, mais aussi un tissage avec le végétal, une attention donnée au vivant. Le soin apporté au végétal fait sens dans la réciprocité que l’arbre lui apporte en lui offrant la matière première à ses ouvrages de vannerie. L’oseraie est sans traitement chimique et en attendant de pouvoir récolter sa propre matière, Boutok se fournit chez deux vanniers en Bretagne qui travaillent dans la même démarche. La nouvelle de Giono, « L’homme qui plantait des arbres », fait non seulement partie des souvenirs anciens de Julie, mais aussi, maintenant, des messages écologistes, humanistes et politiques qu’elle met dans son activité. Rien d’étonnant donc, que Julie prolonge son engagement au travers de mandats électifs, au niveau de sa commune, de l’agglomération et de la région.
Pour prolonger littérairement la rencontre avec Boutok, les écrits de la conteuse extraordinaire qu’est Robin Wall Kimmenerer dans son essai « Tresser les herbes sacrées » peut vous emmener à ressentir comment les humain.es sont appelé.es à une relation réciproque avec le reste du monde vivant. Pour elle, ce n’est que lorsque nous entendrons les langues des autres êtres que nous serons capables de comprendre la générosité de la terre et d’apprendre en retour. L’autrice, scientifique de renom et membre de la nation Potowatomi , évoque poétiquement par ces mots, le lien de son peuple avec l’avoine odorante, graminée que les vanniers récoltent avec respect : « Par le biais de l’offrande de tabac et des remerciements, mon peuple dit à l’avoine odorante : « j’ai besoin de toi ». En se régénérant après récolte, la graminée dit à mon peuple : « j’ai besoin de toi aussi ». Mishkros kenomagwen. Ou la leçon de l’herbe ? Grâce à la réciprocité, le don est renouvelé. Toute prospérité est mutuelle. »
Boutok atelier vannerie, 11 rue du port, 29900 Concarneau – 06 61 52 66 64
* « Tresser les herbes sacrées », Robin Wall Kimmererer chez Le lotus et l’éléphant
* « L’homme qui plantait des arbres », Jean Giono chez Gallimard
* « Un monde nouveau », Feu! Chatterton sur l’album Palais d’argile
* la contemplation de l’œuvre « Transition » de Sophie Prestigiacomo et Régis Poisson, dans l’exposition « Métamorphoses » visible jusqu’au 3 octobre 2021 au domaine départemental de La Roche Jagu, Côtes d’Armor.
Portrait de femme n°10. Sur la route du zéro déchet avec Sabrina Toudic.
Rencontre avec Sabrina Toudic, qui vient de lancer son activité d’animatrice zéro déchet sur le territoire de Morlaix. Après 12 ans dans le secteur du marketing et de la communication, notamment dans des entreprises agro-alimentaires, c’est un virage professionnel pour celle qui avait déjà amorcé le chemin vers un mode de vie plus durable dans son quotidien en famille.
Changer de cap professionnel, ça ne fait pas peur à Sabrina. Maman de deux enfants de 11 et 7 ans, la pétillante jeune femme de 37 ans qui habite à Plouegat-Moysan, s’est lancée depuis quelques mois dans un nouveau défi : devenir animatrice « zéro déchet ». Un véritable virage, pour celle qui a travaillé pendant 12 ans dans le secteur du marketing et de la communication. « J’ai occupé des postes dans des entreprises, notamment dans l’agro-alimentaire », détaille-t-elle. C’est lors de la naissance de ses enfants qu’elle commence à s’interroger sur ses pratiques. « J’ai eu de grosses remises en question sur comment consommer, comment les nourrir, comment les soigner…j’avais envie de leur donner le meilleur, je leur faisais des petits pots maison, et je n’ai pas du tout vu ça comme une contrainte, malgré le fait que je travaillais 39 heures par semaine à l’époque ». Un moment qu’elle définit d’ailleurs comme une « porte d’entrée » pour un cheminement vers un mode de vie plus durable.
« La simplicité de faire soi-même »
Autre déclic pour Sabrina : sa participation au « défi Familles Zéro Déchet », organisé par Morlaix Communauté, en 2019. « Une sacrée révélation, une superbe expérience », se souvient-t-elle. C’est l’occasion pour la finistérienne, même si elle était déjà assez avancée dans la démarche au quotidien, de découvrir « de vraies belles alternatives, et la simplicité de faire soi-même ». « Ca a changé toute ma vie, ma façon de voir les choses », avoue-t-elle en riant. Vient alors le temps de la réflexion sur son parcours et sa vie professionnelle : a-t-elle encore envie de travailler dans le marketing ? « Le communication m’intéressait toujours, mais le marketing, secteur dans lequel on travaille sur les emballages, non. Quand on est famille Zéro Déchet, ou en tout cas quand on tente d’aller vers ça, ce n’est plus trop raccord ! ». Sabrina s’oriente alors vers des structures plus vertueuses, davantage en cohérence avec ses convictions, pour exercer son métier. Mais cela va être un passage de courte durée. « J’ai finalement dit stop, ça ne me correspondait plus ». Elle va entrer également pendant un an au sein de l’Adess (Association de Développement de l’Economie Sociale et Solidaire) du Pays de Morlaix, pour travailler sur un projet en lien avec la RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale) des entreprises. Mais, « La petite envie d’entreprendre qui me trottait dans la tête depuis pas mal de temps est revenue à moi », confie Sabrina, titillée aussi par les rencontres qu’elle fait après les porteurs de projets du territoire. « Je me suis dit qu’il fallait que je me lance, c’était le moment ». Surtout que, après sa participation au défi famille zéro déchet, il était « difficile de faire marche arrière. Ca incite à vouloir aller plus loin, à s’informer encore plus, et à raisonner plus globalement, on essaie d’avoir une logique dans notre façon de consommer ». C’est ce qu’elle applique d’ailleurs chez elle, avec sa famille. Elle a ainsi réussi à entraîner sa tribu dans son sillage. « On diminue aussi nos achats inutiles, on essaie d’éviter d’acheter du neuf. Finalement, c’est du bon sens. Et on fait aussi des économies non négligeables. Je fais par exemple les produits d’entretien et les cosmétiques moi-même ». Et tout le monde s’y est mis. « Même mon mari s’est pris au jeu du fait maison : il fabrique du jus de pommes, du cidre, des bocaux de légumes, de la lessive de cendre ou lierre. Le côté expérimentation lui plaît », s’amuse-t-elle. Après les tâtonnements inévitables du début, la famille est aujourd’hui bien rodée et a su trouver son organisation.
Partage et transmission
Aujourd’hui, Sabrina s’est pleinement lancée dans sa nouvelle activité professionnelle, suite logique de son cheminement personnel et de sa quête de sens. Elle a suivi une formation autour de « l’animation éco-responsable », mise en place par Laetitia Crnkovic (dont nous avons fait également le portrait, ndlr), la spécialiste trégoroise du zéro déchet. « Moi, ça m’a fait tilt », explique-t-elle, « car le côté animation, dans le sens « partage », transmission m’intéressait ». Mais dans son approche, Sabrina préfère parler de « réduction des déchets », plutôt que de « zéro déchet », synonyme d’un but bien souvent trop difficile à atteindre, et de pression. Si le cœur de son projet reste encore à affiner, elle envisage son métier de façon ludique et autour de la transmission et de la formation, auprès de différents publics, tels que les écoles, les communes, les entreprises. « On parle beaucoup de développement durable ou de Rse, mais la vraie porte d’entrée, ou en tout cas la première préoccupation, c’est surtout la réduction des déchets. C’est concret, c’est palpable ». L’idée pour Sabrina n’est pas d’être une experte ni de transmettre des notions très complexes, parce qu’elle estime qu’ « il faut que chacun à son échelle fasse des petits gestes». Le tout sans contrainte et sans jugement, pas à pas, toujours avec la bienveillance qui la caractérise. Elle se jettera dans le grand bain de l’animation et des premiers ateliers, avec les habitant.e.s et les écolier.ère.s de Plouégat-Moysan, qui auront lieu lors de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets, du 20 au 28 novembre.