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Aller Vert lance la Répar’Action !

(Plume Citoyenne) Le 14 mai prochain à Ti an Oll, le club Aller vert organise un atelier de Répar’Action pour donner une deuxième vie à vos objets. Petit électroménager en panne, vélo à rafistoler… vous avez sans doute un objet à réparer qui traîne dans votre garage. 

 

En quoi cela consiste ?

Des bricoleurs bénévoles et couturières examineront les objets pour identifier le problème, expliquer comment réparer ou ce qu’il faudrait changer. Si la réparation est possible, l’objet sera réparé pendant l’atelier. « L’idée est de dépasser la peur d’ouvrir les appareils et de tenter une réparation plutôt que de jeter »,  explique Catherine Ermeneux, membre du collectif.  « Si vous savez déjà qu’une pièce doit être remplacée, venez avec la pièce de rechange pour que les bricoleurs vous aident à la remplacer ».

Les objets que vous pouvez apporter sont le petit électroménager, les jouets, certains matériels informatiques, les vélos ou les vêtements et textiles.

 

Un test pour commencer

L’atelier se tiendra au centre social Ti An Oll, le dimanche 14 mai de 9h30 à 13h. Il s’agit d’une première expérience amenée à se renouveler. Si le succès est au rendez-vous une seconde édition pourrait avoir lieu à l’automne. Pour cela, des bricoleurs et couturières bénévoles sont recherchés. 

 

La réparation est gratuite mais les bénéficiaires peuvent laisser une contribution libre pour développer ces ateliers. L’APAV (A pied et à vélo en pays de Morlaix) apportera sa contribution pour la réparation de vélos. Les jeunes de Ti an Oll participeront aussi à la manifestation et proposeront des gâteaux et boissons pour financer un voyage en Allemagne.

 

Catherine explique : « Le groupe Aller vert est un club du centre social de Plourin-lès-Morlaix qui organise des actions autour de la transition écologique. Notre première action a consisté à mettre en place un point de livraison de légumes du Lycée de Suscinio chaque vendredi, sans engagement ni minimum de commande. »

 

Pratique : Dimanche 14 mai, de 9h30 à 13h à Ti an Oll – 1 rue des genêts – Plourin-Lès-Morlaix 

Pour tout renseignement : contact.allervert@mailo.com




Le GIEC publie sa dernière synthèse : un changement systémique est nécessaire !

Le groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) a présenté le 20 mars 2023 la synthèse de son sixième cycle de travaux, débuté en 2015. Ce document de 36 pages résume les milliers de pages et d’études contenues dans ce dernier cycle de travaux. Particulièrement destiné aux décideurs, il devrait servir de base à la COP28, le sommet des nations unies sur le climat, qui se tiendra à Dubaï à partir du 30 novembre 2023. Il permet aussi d’apporter une information plus digeste aux citoyens et citoyennes, qui s’emparent de plus en plus de la question climatique.

Ce document fait état de plusieurs constats :

  • Le réchauffement climatique est bien là et il s’est accéléré ces dernières décennies

1,1°C : c’est l’augmentation de température moyenne relevée entre 2011 et 2020 par rapport au début de la période industrielle (1850-1900). Les températures ont été particulièrement élevées à partir des années 1970.

  • La responsabilité de l’Homme dans ce réchauffement est sans équivoque

Si l’effet de serre est à l’origine un phénomène naturel, les émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine ont explosé et sont de loin les principales responsables du réchauffement climatique. Cela est notamment dû à l’emploi non durable de l’énergie, à l’utilisation et au changement d’affectation des terres ou encore aux modes de vie et de consommations de certaines régions du monde.

  • Les impacts du changement climatique sont de plus en plus graves et touchent toutes les zones du monde

Le changement climatique a de nombreux effets non souhaitables pour l’Homme et la biodiversité en général. Des nombreuses espèces terrestres et marines disparaissent. Des phénomènes extrêmes comme des canicules, vagues de chaleur, sécheresse et pluies torrentielles impactent toutes les régions du monde et sont plus graves que ce qui avait été anticipé. Le changement climatique a un impact négatif sur la sécurité alimentaire, l’accès à eau et la santé en général.

  • Les populations sont inégales face au changement climatique

Plus de 40 % de la population mondiale vivent dans des contextes qui les rend particulièrement vulnérables au changement climatique. Bien souvent, ces populations ne sont pas celles qui sont responsables de ce dérèglement : la notion d’injustice est particulièrement présente dans la synthèse.

  • Le réchauffement sera au moins de 1,5°C à l’horizon 2030

Les objectifs nationaux de réduction des gaz à effet de serre ne permettront probablement pas d’arriver à moins de 1,5°C, voire même 2°C à l’horizon 2030. Il est nécessaire de programmer des fermetures anticipées des exploitations de charbon, gaz et pétrole pour envisager de répondre aux objectifs.

  • Il n’est pas trop tard pour agir !

Malgré ces constats alarmants, le GIEC rappelle qu’il n’est jamais trop tard pour agir ! Si certaines conséquences sont inévitables et/ou irréversibles, elles peuvent être limitées par une baisse radicale et rapide des émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, il est nécessaire d’engager un changement systémique de nos sociétés, ce qui va de pair avec une forte volonté politique et un fléchage financier beaucoup plus fort vers le climat.

Et le GIEC de rappeler qu’un changement de mode de vie ne rime pas forcément avec punition, et qu’il peut au contraire être source de bien-être !

L’agence locale de l’énergie et du climat HEOL œuvre pour la transition énergétique et climatique en Pays de Morlaix. Elle offre notamment des conseils neutres et gratuits sur la rénovation thermique et les économies d’énergie. Plus d’infos sur 02 98 15 18 08 et www.heol-energies.org .




Quand des toilettes sèches se font coffer par des apprentis menuisiers…

Nous sommes élèves en 2nde Bac Pro Technicien Menuisier Agenceur au lycée Alphonse Pellé de Dol-de-Bretagne. Cette année, nous allons participer à un projet pédagogique mettant en lien plusieurs acteurs de notre territoire. En effet, nous allons réaliser des éléments de coffrage pour la mise en place de toilettes sèches à L’Ôôôberge, l’habitat participatif de notre commune. Au-delà de la fabrication de ces ouvrages, ce projet sera pour nous l’occasion de faire connaissance avec les différents acteurs et partenaires impliqués dans cette initiative. Nous documenterons ici nos avancées et nos rencontres via une série d’articles.

Article d’ Ugo et Evan, élèves de 2nde Bac Pro Technicien Menuisier Agenceur au lycée Alphonse Pellé de Dol-de-Bretagne.

 

Après avoir rencontré les habitants, pris connaissances des enjeux, découvert le système d’assainissement retenu et visité les appartements, il était temps pour nous d’enfiler nos tenues professionnelles et de débuter le chantier à l’atelier du lycée. Les côtes et les mesures avaient prises durant l’été par Mme Dorchies, notre enseignante de Génie Bois afin de commander les matériaux et d’être dans les délais.

L’étude de chantier, une étape incontournable.

Nous avons commencé le chantier par la lecture de plans. Cette lecture nous aide pour avoir les mesures en tête et pour renseigner la fiche de débit. La fiche de débit est un document de travail qui liste les côtes de chaque pièce à débiter. On y retrouve donc les mesures analysées lors de la lecture de plan. C’est un document qui facilite la fabrication d’un ouvrage. Grâce à la fiche de débit, nous connaissons le nombre exact de panneaux qu’il va nous falloir. Puis nous sommes passés à phase d’optimisation du débit. Celle-ci consiste à savoir le nombre de coupes que l’on peut faire dans un panneau pour ne pas avoir de chutes ou alors très peu. Toutes ces étapes sont primordiales pour la suite du chantier. Il faut être vigilant dès les premières étapes afin de bien démarrer le chantier. L’étude de chantier exige une bonne maîtrise de la lecture de plans. Le plus difficile est de rédiger la fiche de débit car il faut indiquer beaucoup d’informations sur un document très organisé, tout en respectant les nomenclatures.

Les plans et la feuille de débit

Le débit ou l’art de la précision.

Une fois l’étude terminée, nous avons commencé la fabrication. L’ouvrage doit être réalisé en contre-plaqué extérieur (norme NF CTBX, épaisseur de 15 mm, peuplier). Ce type de matériau est adapté à un usage en milieu humide comme les pièces d’eau. En revanche, le dessus de l’ouvrage est prévu en panneau de particules multifonction (MFP, épaisseur 12mm). Le choix des matériaux a été fait par les habitants en fonction du coût, de l’usage et des propriétés de ceux-ci.

La fabrication a débuté par le pré-débit des pièces à la scie verticale. Pour cette étape, les pièces ont été surcotées car la scie verticale n’est pas une machine de précision. Après cette opération, les pièces sont référencées à l’aide d’étiquettes roses avant d’être emmenées à la scie a format. C’est avec cette machine que les pièces seront « mises au format », c’est-à-dire découpées aux côtes finales. Les pièces sont ensuite étiquetées en vert ce qui signifie qu’elles sont terminées et donc prêtes à être assemblées.

Découpe à la scie verticale

Découpe à la scie à format

Vérification des pièces

A la suite au débit, l’une des pièces est passée à la commande numérique pour l’usinage de « la poche » pour l’encadrement du tapis roulant des toilettes sèches. Nous avons rencontré quelques difficultés lors de cette étape en raison d’un problème de paramétrage du centre d’usinage.
Nous sommes satisfaits d’avoir pu commencer la fabrication de l’ouvrage car ce projet nous tient à cœur et nous avions hâte de le débuter pour aider et accompagner les habitants de L’Ôôôberge.

 

 




Kergrist 2030 : des propositions concrètes pour un futur souhaitable

Après une première séance visant à mieux comprendre les grands enjeux sociaux-écologiques de notre époque, cette deuxième séance a permis aux habitants de se projeter dans un futur souhaitable et d’en tirer des propositions concrètes pour leur commune.

 

Dimanche 26 Février dernier avait lieu le deuxième acte de la démarche Kergrist 2030. Cette initiative, proposée par Bertrand Coupet et soutenue par la municipalité, vise à inviter Kergristoises et Kergristois à contribuer à construire la commune de demain, en intégrant les grands enjeux sociaux-écologiques de notre époque (déclin de la biodiversité, inégalités, pollutions, emploi, dérèglement climatique, convivialité, vivre ensemble…)

Animée par Julien Fortel, cette deuxième séance a permis à 18 participants d’embarquer pour un « voyage en 2030 glorieuses ». Cet atelier, conçu par Julien Vidal, invite chaque participant à se projeter dans un futur proche où ses aspirations individuelles se sont réalisées et où la société s’est profondément transformée pour répondre à ces aspirations. La conversation entre les participants mets ainsi résolument l’accent sur tout ce que le futur a d’enthousiasmant à nous offrir, à contre-courant des discours anxiogènes sur l’avenir.

« Il ne s’agit pas de fuir la réalité du présent, ou d’occulter les défis et les menaces du futur, mais bien de choisir de porter notre attention sur tout ce que nous avons à gagner, plutôt que sur ce que nous risquons de perdre. Cet état d’esprit me semble plus susceptible de donner envie de s’investir, en mettant la joie et l’optimisme au cœur de la démarche. » Julien Fortel, facilitateur de Kergrist 2030

Après avoir exploré ce futur désirable, les participants ont pu découvrir de nombreuses initiatives qui contribuent dès aujourd’hui à transformer nos différents secteurs d’activité : agriculture et alimentation, mobilité, logement, biodiversité, cohésion sociale, éducation, santé…

La dernière partie de l’atelier a quant à elle permis aux participants de formuler des propositions concrètes pour leur commune : partage et réparation des outils et appareils entre habitants, accompagnement de l’habitat léger, tendre vers zéro logement vacant sur la commune…

« Nous avons étudié l’ensemble des propositions en conseil municipal et, pour chacune d’entre elles, une réponse détaillée sera faite aux participants afin d’aiguiller et d’accompagner les habitants désireux de s’impliquer, le cas échéant, dans leur mise en œuvre. » Arnaud David, adjoint en charge de l’environnement et de l’urbanisme.

Un bien bel exemple de participation citoyenne, ingrédient indispensable à la prise en compte des grands défis de notre époque, qui devrait très certainement inspirer d’autres communes à l’avenir.

« J’avoue que je rêvais d’une participation plus importante des habitants de Kergrist dans la démarche. Mais je comprends que ce genre de proposition n’embarque pas les foules, chacun ayant déjà fort à faire avec les différentes activités de son quotidien. Je suis particulièrement reconnaissant vis-à-vis de l’équipe municipale qui m’a soutenu et accompagné pour que cette proposition puisse voir le jour. Nous avons pu formuler des propositions très concrètes en seulement 2 réunions, c’est une vraie réussite ! Place à la mise en œuvre maintenant, tous les Kergristoises et Kergristois sont les bienvenus pour contribuer à la suite de l’aventure ! » Bertrand Coupet, habitant et initiateur de la démarche Kergrist 2030.




A Callac (22), D2, « La maison pour tous et la maison vers tous »

(Plume citoyenne) A la suite de la deuxième Edition de son Forum des coopérations, le Réseau Cohérence publie en partenariat avec Eco-bretons une série d’articles sur l’engagement. Chaque article présente une initiative inspirante en Bretagne avec un focus sur sa manière d’accompagner l’engagement dans les transitions : comment sortir de l’entre-soi ; comment toucher de nouvelles personnes ou comment se relier à d’autres initiatives et coopérer ? Des enjeux auxquels nous tentons de répondre au travers de ce dossier. Nous finissons notre tour des initiatives avec une association, D2 (pour « Dynamique et développement »), développement de l’animation de la vie sociale en milieu rural sur le bassin de vie de Callac, dans le sud-ouest des Côtes d’Armor. Pour comprendre comment cette initiative fait pour mettre en place des actions qui répondent aux besoins des habitant-es, nous avons interviewé Sylvie Montaland, salariée de l’association.

 

Peux-tu nous présenter l’association ?

Sylvie : Je résume généralement l’association par une phrase simple qui est « la maison pour tous et la maison vers tous », qui peut résumer autant l’association que le local qui est un point d’ancrage de nos activités et qui est situé sur l’espace Kan an Dour, à Callac. C’est un espace ouvert à tou-tes : cet aire constitué d’un étang, avec des halles et des tables de pique-nique. C’est là que se trouve notre local, ouvert également à tou-tes et c’est le cœur de notre posture : ici nous accueillons tout le monde, quelque soit son âge, son genre, sa religion… c’est un espace où tout le monde va pouvoir trouver sa place et c’est ça qui permet une réelle mixité sociale et à faire ensemble. Nous avons une action qui rayonne sur le bassin de vie de Callac, soit 15 communes.

 

Comment est née cette initiative ?

Sylvie : On a fait un diagnostic sur le territoire pendant plus d’un an, en rencontrant les habitant-es, les élu-es, structures et institutions qui agissent sur le territoire. Suite à ces nombreux échanges nous avons organisé un temps de restitution à Kan an Dour dans l’idée de présenter et de construire la suite ensemble, avec les personnes présentes : qu’est-ce que l’on fait à partir de tout ça ? Quels sont les besoins et freins identifiés, quelles sont les forces vives ? A partir de là trois axes ont été définis : 1/ Créer une maison pour tous et maison vers tous, un lieu du faire ensemble ; 2/ la question de l’accès au services ; 3/ La valorisation du territoire : il y a plein de gens ici avec des envies, des compétences. Comment est-ce qu’on met ça en valeur, on met du positif sur le territoire et on valorise ce qu’il s’y passe (et il se passe plein de choses ici!) et ses habitant-es. On s’appuie toujours sur ce qu’il existe déjà et on oriente, car nous n’avons pas pour mission de répondre directement aux besoins.

 

En juin 2021 l’association organise un théâtre-forum animé par la troupe « Si les sardines avaient des ailes ». Cet atelier a permis de faire ressortir les atouts et fragilités du territoire avec plus de 80 acteurs présents à l’événement.

Comment est-ce que vos activités font que des personnes s’engagent ?

Sylvie : Nous sommes au cœur de la question de la rencontre, du faire ensemble et du vivre ensemble : on dynamise le territoire avec ses forces vives, nous n’inventons rien en partant de ce qui existe déjà et en étant facilitatrices et facilitateurs de démarches. Comme par exemple dans la logistique d’un projet, premièrement on fournit un lieu où les gens se rencontrent et peuvent construire ensemble des projets et on aide également à amener ce qui est nécessaire à sa réalisation. Tout cela n’existe que s’il y a une relation de confiance, et c’est notre posture vis-à-vis de l’accueil qui permet cela, en accueillant tout le monde de façon inconditionnelle et en partant des besoins, on peut être sûr que chacun-e trouve sa place, quelque soient les différences. Nous avons le projet d’avoir une « maison vers tous » et de trouver des fonds pour acheter une « tiny house »1 et développer notre activité sur d’autres communes alentour afin d’accueillir dans un espace mobile et neutre, ouvert à tou-tes.

Cet espace où l’activité de l’association se passe est très important : il y a beaucoup de circulation autour, c’est un lieu de passage pour des personnes qui se baladent autour de l’étang, avec des familles qui emmènent leurs enfants jouer au City Park, plein de gens viennent se balader ici même des personnes qui habitent au-delà de Callac. Et le local que l’on utilise a une histoire : ça a été une classe dans laquelle des gens ont été scolarisés, le local des chasseurs, un bar lorsqu’il y avait encore la foire aux veaux. Donc c’est un lieu avec une histoire multiple et ça reste un lieu neutre.

Nous avons construit le programme des activités de l’été dernier avec tout le monde, afin d’avoir des propositions qui correspondent à un maximum de monde. Une fois que les besoins ont été exprimés on a rendu tout cela possible avec les habitant-es. Par exemple il y a avait l’envie de faire une sortie dans un parc de loisirs en Bretagne, c’est assez conséquent en terme de budget du coup certaines personnes ont proposé de faire des ventes de gâteaux et de crêtes. Nous avons acheté une caravane que les gens ont repeint et aménagé, elle a été ouverte tous les mercredis de l’été pour vendre de la nourriture. Cette caravane a du coup servi à d’autres événements où nous avons été invités sur le bassin de vie comme pour le marché à Carnoët, il y avait des spectacles et animations proposés par l’association Nature de Belle-Île-en-Terre ou des animations à Bullat et les habitant-es ont proposé la caravane pour faire le goûter.

 

Réception de la caravane en juin 2022 qui sera ensuite repeinte et aménagée  par les habitant-es avant d’être utilisée sur diverses activités au cours de l’été

 

Comment est-ce que vous permettez à tout le monde de participer à la coordination ?

Sylvie : Nous avons différentes commissions et un Conseil d’Administration (CA) composé de 15 personnes de 16 ans à 77 ans de tout le territoire, ce CA est donc assez représentatif de la mixité de public du territoire. Certaines Commissions sont plus permanentes que d’autres comme la Commission famille ou la commission gouvernance. Mais la plupart des Commissions ne sont pas fixes, elles se créent en fonction des besoins puis portées par le CA et les habitant-es : nous avons récemment créer une Commission travaux, le temps de la rénovation de notre local. Nous faisons une invitation des habitant-es à y participer et une fois que des projets / envies / besoins sont annoncés on réfléchit ensemble à comment est-ce que c’est possible ? On voit que lorsqu’on laisse la place aux gens ils ont plein de compétences et d’envies… Ça structure et en même temps ça reste ouvert entre celles et ceux qui proposent, portent et profitent. Les Commissions servent à structurer l’action et les 3 salariées sont animatrices et animent ces temps-là.

CA de l’Association Décembre 2022

 

 

Comment est-ce que vous faites tâches d’huile ? Comment est-ce que vous vous agrandissez, vous touchez plus de monde… ?

Sylvie : Le fait qu’on soit ouvert-es à tou-tes avec de l’accueil inconditionnel est pour moi le facteur de réussite. Ce n’est pas un espace d’entre soi et identifié comme réservé à tel type de public. C’est un espace de bienveillance, plein de personnes différentes se retrouvent sur un objectif commun et donc ça va de soit qu’il faut faire des compromis pour s’entendre. Dans les espaces privés ces personnes peuvent avoir des positions différentes mais elles se rencontrent dans un espace de dialogue bienveillant où chacun-e peut s’exprimer et éventuellement remettre en question son avis, c’est inhérent au fonctionnement de ce groupe. Nous permettons ça avec cette posture d’accueil inconditionnel. Ça fabrique le respect et l’écoute de l’autre et de la différence. Nous avons beaucoup de retours et d’expressions sur le fait qu’à D2 on se sent, on est écouté et entendu, ce fonctionnement possible le fait que chacun-e puisse s’exprimer et qu’on considère sa parole, d’où il viennent, d’où qu’il soit.

 

Rendez-vous est donné tous les samedis matins de 10h30 à 12h30 pour partager un moment et faire ensemble au gré des envies

 

 

Peux-tu nous illustrer cela en exemple de projets que vous avez portés les plus inspirants ?

Sylvie : Tout d’abord il y a le nombre de personnes et la mixité du public qui se retrouvent le samedi matin. Tous les samedis matins de 10h30 à 12h30 le local est ouvert et comme pour le reste plein de personnes différentes s’y retrouvent. Mais ce qu’il s’y passe ça dépend de qui est là. Par exemple au moment de l’été on a passé 4 séances à peindre la caravane mais il y a aussi des gens qui passent prendre un café et d’autres qui construisent le mobilier palettes. Il va y avoir des chantiers collectifs et participatifs pour les travaux. Les samedis matins vont sans doutent être mobilisés pour la préparation du carnaval début 2023.

Ça nous ait arrivé de proposer un barbecue et qu’en fait on a une cinquantaine de personnes sans s’y attendre et du coup on se rend compte que le fait qu’on ait prévu pour 30 ou 100 ne change rien car les habitant-es s’organisent (s’il manque des tables, dix minutes après des tables débarquent). Quand on a voulu monter le mobilier en palette, nous n’avions pas forcément le matériel et tout a été ramené par les habitant-es (le matériel, les outils…) et ce sont eux qui ont décidé des plans. Nous avons juste ouvert la porte du local et offert le café. Ce n’était pas une proposition sortie de nulle part donc ils se sont auto-organisés pour le faire et s’il y a des besoins on achète pour compléter si c’est nécessaire. Par exemple je suis allée chercher les premières palettes puis tout le monde s’est mis à en récupérer au final il y en avait presque trop. On est plutôt débordées par l’énergie des habitants que par le manque de personnes, on a passé notre été à courir derrière eux pour les suivre dans la course joyeuse des activités tout l’été dernier.

La prochaine grande activité prévue c’est le Carnaval intercommunal qui est une proposition des habitant-es. Nous sommes dans la préparation de cet événement qui concerne tout le bassin de vie et embarque dans son élan plein de structures, c’est prévu le dimanche 2 avril.

A ce jour, l’ensemble des communes participe à ce projet, certaines ce sont regroupées pour mutualiser leurs énergies. Des groupes se sont constitués et se retrouve le mercredi ou le samedi dans souvent dans un hangar prêté par un habitant, un ancien garage… C’est une dynamique fantastique, parents, enfants, grands-parents, personnes isolées s’active pour construire ensemble un char, des costumes.

« Dimanche 2 avril 2023, une pesée du carnaval sera faite sur la balance de Kan an Dour, avec un concours pour deviner son poids, sur le modèle de pesée de la bourriche.

Un concours décalé des chars offrira l’opportunité aux vainqueurs de remporter le prix du carnaval, un totem en bois ou en métal qui sera remis en jeu chaque année. Pinata géante, jongleurs, flashmob, reportage photo, scène ouverte, restauration… Les idées ne manquent pas pour faire de cette journée du 2 avril un grand moment festif » 

 

 

 

 

1Littéralement « minuscule maison » ou « micro-maison » : petite maison en bois sur remorque, donc déplaçable.

Elles sont conçues de manière à être autonome et permettre un mode de vie écologique tout en étant très fonctionnelle avec toutes les commodités de base.




Quand « toilettes sèches » rime avec innovation et initiative collective.

(Plume citoyenne) Nous sommes élèves en 2nde Bac Pro Technicien Menuisier Agenceur au lycée Alphonse Pellé de Dol-de-Bretagne. Cette année, nous allons participer à un projet pédagogique mettant en lien plusieurs acteurs de notre territoire. En effet, nous allons réaliser des éléments de coffrage pour la mise en place de toilettes sèches à L’Ôôôberge, l’habitat participatif de notre commune. Au-delà de la fabrication de ces ouvrages, ce projet sera pour nous l’occasion de faire connaissance avec les différents acteurs et partenaires impliqués dans cette initiative. Nous documenterons ici nos avancées et nos rencontres via une série d’articles.

Article de Lucas, élève de 2nde Bac Pro Technicien Menuisier Agenceur au lycée Alphonse Pellé de Dol-de-Bretagne.

 

L’Ôôôberge est un habitat participatif de 23 logements situé à Dol-de-Bretagne et construit par les résidents et par Emeraude habitation, l’Office Public de l’Habitat du Pays de Saint-Malo Agglomération. Ce projet basé sur le voisinage collectif et l’idée de « vivre ensemble, chacun chez soi » a permis aux résidents de penser coopérativement leur logement et leurs espaces communs. Dès le début, ils ont souhaité réfléchir à la question de l’assainissement afin de trouver des alternatives au tout-à-l’égout. En installant des toilettes sèches dans leurs habitations, les résidents de L’Ôôôberge ont ainsi poursuivi de façon logique leur démarche collective et écologique.

Dans un premier temps, ils ont d’abord réfléchi tous ensemble à l’équipement le plus adapté aux exigences de chacun et aux contraintes techniques de l’habitat collectif. Les résidents souhaitaient que les toilettes sèches ressemblent le plus possible aux toilettes à eau, qu’il n’y ait pas d’odeurs, qu’ils soient faciles à nettoyer, que les excréments ne soient pas visibles et que l’installation soit accessible aux personnes à mobilité réduite. Tout cela en facilitant le mode d’évacuation. Mais ce que les habitants avaient surtout à cœur, c’était de penser l’ensemble de la filière d’assainissement : de la fabrication des toilettes à la valorisation des déchets en passant par l’usage quotidien de l’installation.

Un système ingénieux pensé collectivement

Le système retenu est celui développé par l’entreprise Ecodemeo. C’est un système avec séparateur fonctionnant donc sans eau et sans sciure. Un tapis roulant entraîne les matières fécales vers un bac de collecte situé à l’arrière des toilettes. L’urine, quant à elle, coule par gravité vers l’avant du tapis pour ensuite descendre dans trois cuves de 5m3 enterrées dans le jardin. Ainsi, l’urine et les matières fécales peuvent être traitées distinctivement. Afin d’en faciliter l’usage, le tapis roulant fonctionne grâce à un moteur électrique de 12 volts, le même moteur que celui utilisé pour les essuie-glaces d’une voiture. Ce fonctionnement rappelle le principe de la chasse d’eau : en appuyant sur un bouton les excréments disparaissent. La VMC des habitations est connectée au bac de collecte situé à l’arrière des toilettes afin d’aspirer les mauvaises odeurs et d’assécher les matières fécales. Ce bac a d’ailleurs été pensé pour éviter les manipulations inutiles, pour préserver l’intimité de chacun grâce à son couvercle et aussi pour sécuriser le travail de collecte du maître composteur (poids du bac, pénibilité, risques professionnels…). Il permet de recueillir les matières fécales d’un foyer de quatre personnes générées sur un mois. Le maître composteur de l’association Compost’tout, récolte donc le contenu des bacs 1 fois par mois. En évitant l’ajout de sciure, ce système facilite le travail du maître composteur et réduit les contraintes et les manipulations pour les usagers.

Nous avons été agréablement surpris par ce système qui a fait évoluer positivement notre regard sur les toilettes sèches car oui, nous avions tous des aprioris. Le fonctionnement est ingénieux et respecte les souhaits des habitants tout en dépassant les contraintes techniques. Nous sommes admiratifs du fait que les résidents de L’Ôôôberge se soient regroupés pour réfléchir ensemble à ce système afin qu’il puisse convenir à tous.

Notre découverte du système de toilettes sèches avec séparateur

Source des photos : Lycée Alphonse Pellé

Le système installé dans une habitation

Source des photos : L’Ôôôberge, Expérimentation d’un assainissement cyclique sans eau, au sein d’un projet d’habitat participatif social, 2022, disponible en ligne : http://www.loooberge.org/?AssainissementEcologique

Schémas du système de toilettes sèches avec séparateur

Source de l’image : L’Ôôôberge, Expérimentation d’un assainissement cyclique sans eau, au sein d’un projet d’habitat participatif social, 2022, disponible en ligne : http://www.loooberge.org/?AssainissementEcologique