La Vie en Bulles, Le festival BD qui pense le monde

C’est au bord de la sublime ria d’Etel à Saint-Hélène dans le Morbihan, que nous partons à la rencontre de LaPACH, la Petite Asso Culturelle Hélénoise, qui propose le week-end du 5-6 février, son premier festival bd, « La vie en bulles » tournée vers la bd non fictionnelle, une bd rattachée au réel et qui aborde de multiples sujets de société, qu’ils soient sociologiques, historiques ou encore écologiques .

Nous retrouvons Nancie, Joël et Pascale, trois des bénévoles de l’association créée il y a un an, emmenée par le désir commun de citoyen.nes de la commune d’ouvrir les esprits aux problématiques actuelles, de faire émerger des débats d’idées pour avancer tous et toutes dans un monde de plus en plus complexe.

La bande dessinée s’est imposée comme un parfait médium après que des bd comme « Les algues vertes », qui a circulé entre eux, « La bombe » sur Hiroshima ou encore « L’odyssée d’Hakim » sur les réfugiés, leur ont fait prendre conscience qu’elle était un formidable moyen d’accès au savoir, au partage de connaissances et qu’elle permettait de nombreux débats accessibles à toustes. Le dessin, l’image, véritable création artistique, intègre le réel de ce monde dans son propos et amène à exercer un oeil critique sur la société et aussi à partager de nombreuses émotions . La bande dessinée, autrefois considérée comme un art mineur, se révèle de plus en plus comme un indispensable dans la compréhension du monde.

Ce premier festival est très ancré dans son territoire et d’ailleurs la Ch’patule, sa mascotte, va nous servir de guide pour découvrir quelques temps forts du week-end, où l’on ne manquera pas également d’aller saluer ses congénères, les spatules, oiseaux migrateurs actuellement présents dans la ria. Celui-ci s’articule autour de rencontres avec les auteur/trices et éditeurs, de conférences, d’expositions, d’ateliers de dessin et de concerts.

Pour Eco-bretons, la Ch’patule nous fait quelques propositions de rencontres parmi une riche programmation. Samedi, la table-ronde réunira Désirée et Alain Frappier, duo d’auteurs de romans graphiques dont l’oeuvre montre à voir tout ce que la bd peut apporter aux sciences sociales en mêlant l’intime à d’importantes recherches historiques sur des thèmes comme l’IVG dans « Le choix » ou la politique chilienne sous Allende dans « Le temps des humbles » et Audrey Lebel, journaliste indépendante, notamment dans La revue dessinée.Ils pourront très certainement nous éclairer sur cette nouvelle forme journalistique et documentaire dessinée pour évoquer des faits

d’actualité comme des faits historiques. On peut également noter dimanche, la rencontre entre Gwénola Morizur, autrice de « Bleu pétrole », qui narrait le combat de son grand-père, maire de Portsall, pour obtenir dédommagement suite au naufrage de l’Amocco Cadiz, et The Seacleaners, association proposant des solutions pour protéger l’océan de la pollution plastique . Rencontre autour d’une table-ronde qui traitera des problématiques des marées noires et de l’océan de plastique. Il paraîtrait même qu’une baleine de 9 mètres viendra d’un coup de nageoires rendre visite aux festivalier.es mais chut, gardons la surprise!

 

Un festival engagé sur la forme et sur le fond

Comme le dit si bien LaPACH, le festival est engagé sur le fond mais aussi sur la forme et cela se traduit par de nombreuses actions des personnes organisatrices. Elles ont fait le choix de rémunérer les artistes présent.es en se basant sur la Charte des auteurs et illustrateurs, revendication portée par eux depuis de nombreuses années pour soutenir la création artistique en France. Elles ont également veillé à inviter autant d’autrices que d’auteurs car la question de la visibilité féminine dans le milieu de la bande dessinée, comme dans tant d’autres, est un sujet actuel de société et elles se doivent d’y participer comme le souligne Nancie. On peut d’ailleurs citer la bd « Il est où le patron ? » de Maud Benezit et des Paysannes en polaire chez Marabulles, qui traite de ce sujet dans l’agriculture.

Le festival s’engage également auprès de leur communauté de communes , la CCBBO qui est un territoire zéro déchets, en signant la charte pour être labellisé « festival éco-responsable » ( avec des critères incluant par exemple une alimentation bio, locale en circuit court pour les auteur/trices). Il se passe, certes à Saint-Hélène sur le week-end, mais il a souhaité également inclure toutes les communes environnantes par le réseau de leurs bibliothèques qui, grâce à l’aide de la Médiathèque départementale du Morbihan, ont pu augmenter leur stock de bd non fictionnelles au cours du mois de janvier afin de faire découvrir ce genre littéraire à leurs adhérent.es. Le festival a noué des partenariats avec des librairies indépendantes, Coccibulle à Lorient, La Dame blanche à Port-Louis ainsi qu’avec Book Hémisphères à Kervignac qui oeuvre dans le domaine de l’insertion et de la revalorisation de livres. Insertion également présente grâce aux Ateliers ACTE de Merlevenez qui va s’occuper de la scénographie en matériaux de récupération en bois de palette, la Ch’patule devrait y être confortablement installée !

Pour LaPACH, les valeurs de respect des droits humains, de préservation de l’environnement, de vivre-ensemble et de l’éveil culturel sont importantes et elles vont naturellement se retrouver dans « La vie en bulles » . L’entrée abordable à 2 euros y participe également afin que chacun.e puisse y accéder.

Le champ des possibles semble infini en bande dessinée et nul doute que « La vie en bulles » deviendra un festival marquant et incontournable sur les sujets sociétaux et qu’il rayonnera bien audelà de la Bretagne. Le bel enthousiasme et l’audace de tous ceux et celles qui l’ont rêvé et réalisé, ne peuvent que donner envie de venir et d’y revenir ! Alors tous et toutes présent.es le 5-6 février, les yeux et les oreilles grand ouverts et pourquoi pas le crayon à dessin brandi comme Napoléon sur sa Ch’patule à Saint-Hélène, où l’imagination et la réflexion vont pouvoir s’échapper pour se relier au monde qui nous entoure.

A la découverte de quelques bd non-fictionnelles en lien avec les notions de transitions écologiques présentées par une partie de l’équipe de LaPACH :

  • d’Alain Bujak et Damien Roudeau chez Futuropolis

           Bande dessinée retraçant l’histoire méconnue d’un combat citoyen contre la construction d’un barrage à Serre de la Fare dans le but de dompter La Loire et qui montre comment un combat                     local, a pu devenir international grâce aux propositions alternatives du collectif. Propositions qui ont pu être reprises et mises en oeuvre dans d’autres pays en participant ainsi à la préservation               de nombreux écosystèmes bien au-delà de celui de La Loire.

  • Le choix de Nancie : « Comment devient-on raciste? » de Carole Reynaud-Paligot, Ismaël Méziane et Evelyne Heyer chez Casterman

    Bande dessinée explorant les biais développés culturellement et qui amène à comprendre en profondeur les mécanismes menant au racisme et cela par un échange nourri de réflexions entre une historienne et une anthropologue généticienne. On est ici sur une transition personnelle vers le vivre-ensemble , question d’actualité si présente…

    Sur le thème de la différence, on peut noter la venue au festival de Charlotte Mével pour sa très belle bd « La rousseur pointée du doigt ».

 

  • Le choix de Joël : « Deux mains dans la terre » de Laetitia Rouxel et Jacques Caplat chez Actes Sud bd

    Bande dessinée retraçant la transition personnelle d’un agriculteur prenant conscience de l’importance de son métier dans les problématiques environnementales et sociales actuelles et qui va, peu à peu , opérer un changement complet de ses pratiques pour tendre vers une véritable agriculture agroécologique. Cette bd montre son cheminement, ses doutes et interrogations et met magnifiquement en valeur les notions d’entraide paysanne, de partage de connaissances et de générosité du monde paysan envers tout le vivant. Encore un champ des posssibles ouvert qui donne de l’espoir dans l’avenir ! A noter que Laetitia Rouxel sera présente au festival.

 

 

Programme du festival :

site internet: https://lavieenbulles.com/programme-2022/

facebook: https://www.facebook.com/lapetiteassoculturellehelenoise/

instagram: https://www.instagram.com/lavieenbulles_festival/

L’équipe de LaPACH est très active et vous pouvez suivre leurs recommandations de lecture sur leur blog régulièrement alimenté ainsi qu’une bibliographie de BD par thèmes (géopolitique, environnement,chroniques sociales, histoire..)

blog : https://lapach.over-blog.com/2021/02/des-bd-pour-tous-les-apaches.html

bibliographie : https://lapach.over-blog.com/2021/02/en-creation.html




Vers des conventions citoyennes locales pour le climat ?

Depuis la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) d’autres expériences de ce type ont vu le jour en France : une Convention citoyenne (« pour réinventer notre modèle de société ») par la Région Occitanie en septembre-octobre 2020 et une Convention Citoyenne locale pour le climat en septembre 2021 par Est ensemble (9 villes à l’est du Grand Paris). Récemment, la région Bretagne a annoncé, à la suite de la Breizh Cop, le lancement d’un Haut Conseil pour le climat et d’une chambre citoyenne.

Ce débat a été l’occasion de s’interroger avec les intervenant-es convié-es, les membres du Réseau et d’autres sur la pertinence de décliner cette expérience à un niveau local (régional ou intercommunal) et sur l’implication que pourrait porter le réseau dans de tels processus.

Vous pouvez retrouver l’ensemble du débat en vidéo ci-dessous ainsi qu’un résumé des éléments qui ressortent de ces échanges.

Merci aux trois intervenant-es qui ont permis un débat de haute qualité :

    • Grégory Dos Santos, citoyen tiré au sort de la CCC et membre de la commission « Se nourrir »
    • Romane Rozencwajg, doctorante en Sciences Politiques et observatrice accréditée de la CCC
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      Un bilan mitigé de la Convention Citoyenne pour le Climat

       

      Le groupe des 150 tire une conclusion mitigée de cette aventure. En effet, le processus a pu être décevant et contre-productif car le gouvernement est revenu sur l’engagement d’adopter sans filtre l’ensemble des propositions de la CCC. De plus, les mesures prises suite aux propositions de la CCC restent insuffisantes au regard des enjeux climatiques et des bouleversements déjà en cours2. Cependant l’association des 150 reconnaît que la CCC a renforcé la présence du sujet du changement climatique dans le quotidien des français et que ce type de processus serait pertinent à réitérer afin d’améliorer la vie démocratique du pays.

      Les Conventions Citoyennes : de quoi parle-t-on ? Quels enjeux, quelles limites et comment les dépasser ?

      La démocratie participative vise à associer les citoyen-nes aux processus de décisions politiques. La Convention Citoyenne prend place dans un contexte de déconnexion et de désintérêt des français-es avec la politique et de délégitimation des représentant-es. La participation ou non à la vie politique est dépendante de l’âge, du genre, du niveau d’étude et de nombreuses personnes restent en dehors des processus politiques, dans lesquels un groupe spécifique est sur-représenté : les hommes blancs, âgés et éduqués. Les décisions, même si elles sont sensées être prises dans le sens de l’intérêt général, vont donc être biaisées de par cette sur représentation. Les Conventions permettent de réunir des citoyen-nes ordinaires et des personnes habituellement éloignées de la politique, des personnes n’ayant pas le réflexe de s’investir dans les Conseils de développement, de quartier…

      Le processus de construction de l’action publique inclus non seulement les élu-es mais aussi la société civile organisée (associations, lobbyistes, …). La Convention permet au groupe participant de se former et de délibérer afin d’arriver à une décision commune allant le plus dans le sens de l’intérêt général. Au niveau local l’avantage est que les personnes sont directement concernées et « expertes » de leur territoire.

      Certaines conditions sont nécessaires pour qu’une Convention Citoyenne soit un outil efficace pour faire émerger des décisions partagées qui vont dans le sens de l’intérêt général :

      le mandat doit être limité à un objet, une question, un enjeu en lien avec une décision politique

      Avoir un minimum de 100 citoyen-nes tiré-es au sort représentatifs de la population

      Former les citoyen-nes participant-es et les aider à s’investir dans la Convention

      Avoir un engagement des élu-es : politique à adopter des propositions ou à soumettre par référendum les propositions.

      Soumettre une délibération aux élu-es qui doivent être intégrés dans le processus.

      Avoir une transparence du processus et des débats.

      Connaître et débattre dans le périmètre de compétences de l’organe politique qui porte le processus.

      Quelle forme d’activisme est nécessaire aujourd’hui pour faire bouger les lignes ?

      Il faut de tout pour avancer :

      Les deux formes d’activisme sont complémentaires et s’articulent très bien.

      Il est intéressant également de penser la manière de faire archipel entre les processus d’assemblées, les différentes expérimentations. Si des assemblées citoyennes locales qui fonctionnent se pérennisent, il faudra discuter de la manière dont ces assemblées pourront être connectées entre elles. Cela amène à se reposer la question de l’utilité de ces assemblées. Par exemple dans le cadre du Confédéralisme démocratique, la vie locale est gérée par des Assemblées auto-gérées, par des citoyen-nes qui désignent des représentant-es pour les échelons supra locaux. Dans ces processus il faut en tout cas faire attention au renouvellement des citoyen-nes qui interviennent pour éviter une forme de professionnalisation. En comparaison avec les Conseils de Développement, ces derniers sont consultatifs et les personnes qui participent sont les gens déjà intéressés et impliqués dans le territoire, on peut donc reprocher à ce qui en sort d’être biaisées. C’est une différence fondamentale avec les Conventions qui sont délibératives pour soumettre des propositions avec des personnes tirées au sort légitimes car représentatives et choisies au hasard.

      Les Conventions citoyennes ou Assemblées sont un outil, notamment à disposition des élu-es, qui permet d’amener des grands changements car lorsque c’est trop difficile de répondre aux enjeux, ces processus donnent du poids en légitimant des mesures radicales.

      CONCLUSION

      En remerciant les intervenant-es et participant-es à ce débat, nous souhaitons aussi nous adresser aux représentant-es élu-es des Territoires, et plus particulièrement des intercommunalités ainsi qu’au Conseil Régional. Ce dernier a su faire preuve d’audace en proposant dans la précédente mandature la Breizhcop à l’occasion du Sraddet, en s’inspirant des moyens et méthodes de la COP21.

      Si les associations environnementales et de biodiversité, non sans appréhension, ont répondu présentes et se sont engagées dans la démarche, elles n’ont pu que constater les résistances du monde agricole et industriel. A l’heure où les élu-es prennent conscience d’une nécessaire revitalisation de la décision politique, cela donnerait l’occasion d’organiser à l’échelle intercommunale ou régionale un processus de décision qui associe les citoyen-nes sur le modèle de la Convention Citoyenne. Le Réseau Cohérence souhaite continuer à travailler sur ce sujet et notamment dans la perspective de réussir à tenter une expérience de Convention Citoyenne locale dans un territoire en Bretagne avec des élu-es audacieux.

      1 Site officiel de la Convention Citoyenne pour le Climat https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr

      2 Avis remis par le Haut Conseil sur le Climat sur le projet de loi Climat et Résilience rendu le 23 février 2021  : https://www.hautconseilclimat.fr/actualites/le-hcc-presente-un-avis-portant-sur-le-projet-de-loi-climat-et-resilience

       

       

       

       




L’établi des mots, une librairie rennaise de quartier coopérative

Rencontre avec Nadège Lucas, libraire à l’Établi des mots, une structure rennaise née de l’ambition de créer une librairie à la fois intégrée dans son quartier et dans laquelle les habitants participent pleinement à la vie du projet.

Située à Rennes, dans le quartier populaire du Blosne, et plus précisément au Quadri (lieu dédié à l’Économie Sociale et Solidaire), l’Établi des mots est une agréable librairie indépendante, généraliste et surtout coopérative. Le principe de cette dernière est d’être ancrée dans son quartier et d’être participative : les coopérateurs et coopératrices peuvent s’impliquer facilement et de la façon dont ils le souhaitent dans le fonctionnement de la librairie.

En effet, le sociétaire peut décider de s’impliquer en soutenant financièrement le projet (la part sociale s’élève à 20 euros) et en participant s’il le désire, aux commissions mises en place. Celles-ci traitent de l’animation, de la communication et de l’activité au jour le jour de la structure. Ainsi, les sociétaires peuvent s’impliquer aux côtés des 3 salariés en prenant part à des actions telles que : la tenue d’un stand sur un salon, l’organisation logistique d’une rencontre avec un auteur, la rédaction de coups de cœur, la décoration du lieu… Mais ils peuvent également choisir eux-mêmes certains livres proposés à la librairie. C’est le principe même de la « Table des Coop’s », située à l’entrée de la librairie, sur laquelle sont mis en avant des livres sélectionnés par les coopérateurs sur des thématiques diverses qui changent tous les trois mois (ex : la danse, le sport..).

La « Table des Coop’s »

L’un des principes fondateurs de L’établi des mots repose sur le respect d’une la ligne éditoriale qui a été établie avec les collaborateurs. En effet, les libraires sélectionnent les livres en essayant toujours de respecter les six thématiques relatives à cette ligne éditoriale, à savoir :

  • « Jeunesses plurielles » : pour proposer aux jeunes et aux enfants des livres valorisant la pluralité des enfances et des structures familiales,

  • « D’ici » pour soutenir et diffuser la création artistique et littéraire locale,

  • « Faire soi-même et ensemble » pour promouvoir des livres qui ont pour objectif l’apprentissage et la transition de connaissances,

  • « Multiculturalisme » car la librairie a à cœur de bâtir un espace où tout le monde peut s’exprimer,

  • « les Renversants » qui regroupent des livres tous aussi faciles qu’agréables à lire et qui sont proposés à des prix abordables,

  • « Le monde qu’on veut » pour mettre en avant des ouvrages qui ont vocation à penser et à questionner le monde d’aujourd’hui pour mieux préparer celui de demain.

La librairie tient également à adapter son offre au quartier dans lequel elle est implantée. C’est pourquoi dès le départ, la structure a souhaité créer un rayon petits prix (notamment en littérature et en jeunesse). De plus, en jeunesse, les sociétaires et libraires souhaitent proposer des livres disposant d’une diversité culturelle, familiale et sociale afin que tous les enfants puissent se sentir représentés dans leurs lectures.

Toujours dans l’optique d’accompagner le plus grand nombre sur les chemins du livre, la librairie développe des actions culturelles à destination du jeune public. Elle travaille notamment avec les écoles et les Centres de Documentation et d’Information des collèges alentours ainsi qu’avec leurs professeurs. Elle est également partenaire du Pass Culture et participe au programme régional d’éducation artistique et culturelle « Jeunes en librairie » qui a pour ambition de sensibiliser les élèves à l’ensemble de la chaîne du livre car le biais de partenariats entre des classes et des librairies.

Outre la volonté de L’établi des mots d’offrir à ses clients une grande diversité dans son offre, la structure a également à cœur de les accueillir dans un espace agréable, propice à la détente et respectueux de valeurs écoresponsables. Ainsi, la librairie a choisi de travailler avec une décoratrice d’intérieur et une graphiste pour remplir cet objectif. L’aménagement de la boutique a été pensé autour de l’éco-construction et de l’éco-aménagement et utilise donc des matériaux écologiques et recyclés. Les coopérateurs, guidés par la décoratrice, ont également pu s’impliquer dans la décoration en confectionnant les lustres, en construisant des meubles de rangement en palettes avec l’entreprise Boby and Co, en contribuant à la peinture (dont la composition est à base d’algues) ou encore en créant des poufs avec des chutes de tissus de voiles et de montgolfières. L’aspect écologique de l’aménagement et le goût avec lequel il a été pensé ont été récompensés récemment par le prix honorifique de l’aménagement intérieur de la revue Livres Hebdo. Pour la libraire, « il s’agit là d’une vraie reconnaissance ».

Cadre du prix honorifique de l’aménagement intérieur de la revue Livres Hebdo

Nous l’aurons donc compris, l’Établi des Mots est un projet coopératif qui tient à promouvoir la diversité et la multiplicité à la fois sociale et culturelle, tout en transmettant des valeurs écologiques et en faisant de son ancrage local une véritable force.

Le récent Coup de cœur de Nadège:

Le Grand Procès des Animaux, de Jean-Luc Porquet et illustré par Jacek Wozniak, éditions du Faubourg, octobre 2021, 14€90.

Une fable satirique et une réjouissante leçon d’écologie qui invite le lecteur à porter un autre regard sur le monde animal.Un véritable plaidoyer pour la biodiversité.

Jean-Luc Porquet sera en rencontre à la librairie L’établi des mots le vendredi 21 Janvier 2022 à 19h.

 

 

 

 

 

 

L’auteur préféré  de Nadège :

Nadège Lucas a un véritable faible pour le talent de l’auteur japonnais Haruki Murakami. « Dans ses œuvres, Haruki Murakami est très direct, presque cru. Il a un certain détachement et la dimension quelque peu fantastique qui plane dans ses ouvrages instaure une ambiance unique. », affirme-t-elle.

L’établi des mots

51 avenue des Pays-Bas

35200 Rennes

https://www.facebook.com/letablidesmots/

Lilou Guitton.




Balade en campagne vers une amoureuse des livres et de nature…

L’association « Projet échanges et développement » (un espace de vie social agrée par la CAF sur la commune de Plougasnou) propose chaque mois « Une balade pour marcher ensemble à la rencontre de notre territoire et de ses habitants. » C’est ainsi que Solenn Hémart, animatrice pour PED, a préparé un parcours riche par la diversité des actions humaines dont il pouvait témoigner dans cette partie peu connue du territoire de Saint-Jean-du-Doigt, et le pont qui pouvait être fait avec l’une de ces habitantes, Kirsi Kinnunen, traductrice finlandaise qui a plongé ses racines arctiques dans le sol finistérien il y a 14 ans.

Cette proposition de balade attira du monde.. .voilà donc une quinzaine de personnes en route pour deux heures de marche et d’exploration, réalisant une boucle en passant par la campagne et ses fermes de « Kersco », la forêt de Mesquéau pour revenir par « Kermabon » et atterrir chez Kirsi au lieu-dit « La Salle Granet ».

échangé sur les informations et expériences que ces paysages leur rappelaient. Les discussions ont beaucoup tourné autour des relations entre biodiversité et activités humaines mais il y eu aussi de jolis échanges plus personnels entre tous…

La boucle se fermera en beauté. Le groupe est accueilli chaleureusement par Kirsi dans un très joli lieu de vie, un vieux corps de ferme en forme d’U, plutôt atypique pour la région, habité de son univers, ses chats, ses poules et ses deux ânes pour la ménagerie et les plantes aromatiques et médicinales à côté des légumes pour le potager… La situation sanitaire obligeant et le soleil radieux le permettant, on décide de rester discuter dans la cour. Kirsi apporte une pile de bandes dessinées finlandaises en français sur la table. « J’en ai traduit environ 70 et je démarche aussi les éditeurs pour la vente des droits. En l’espace de 20 ans, je suis devenue ‘la plaque tournante’ de la BD finlandaise en France ! » rigole-t-elle.

Un bon vin chaud et des biscuits aux épices, préparés à la finlandaise, ont de quoi réchauffer et mettre à l’aise ses hôtes. Les langues se délient, on découvre les BD, on parle d’humour, du métier de traducteur très joliment nommé par Kirsi comme « passeur de culture ». Des questions fusent : « Comment fait-on pour faire entrer la traduction dans la bulle ? » Pas évident car le taux de foisonnement du finnois vers le français multiplie le volume de signes du texte par 1,6 ! « La traduction la plus difficile ? » Ce n’est pas la bande dessinée, quand bien même le dialogue est considéré comme l’un des exercices présentant le plus de défis à une bonne traduction du registre, du style, des idées, de toute la culture derrière les mots… mais les articles du Monde diplomatique, qui sont « mortellement compliqués » ! Le groupe hoche la tête quand Kirsi explique que le finnois est une langue concrète qui a besoin de mots « ancrés dans la réalité tangible » alors que le français grouille de concepts abstraits qui font « juste appel à l’esprit »… On apprend aussi que Kirsi a reçu en 2021 le Prix d’État finlandais de la traduction non seulement pour ses traductions mais pour sa persévérance pour faire connaître la bande dessinée finlandaise en France.

Alors lorsqu’elle se tourne vers les participants afin de savoir un peu d’eux, chacun se présentera à sa façon et naturellement partagera son lien à la Bretagne. Car c’était bien ce qui nous réunissait ici tous, en dehors de l’appétit de la rencontre… Ce fût un beau moment où chacun est reparti réchauffé par le vin chaud et la chaleur humaine !

L’association PED continuera à proposer des balades permettant de se réapproprier son territoire dans la douceur des rencontres, la beauté de notre paysage et les réalités qui le façonnent. En mars, une proposition d’exploration « entre réel et imaginaire vers une autre pointe de Primel » à Plougasnou, menées par « l’institut de Géographie imaginaire » proposé par Elsa et Martin et suivi d’un pique-nique. Contact : 06 51 11 94 20 / projets-echanges-developpement.net

 

 

 




A Dinan, une Scop s’investit dans des projets d’énergies renouvelables portés par des citoyens

La Scop Dynalec, spécialisée dans les solutions électrotechniques pour les professionnels, est basée à Dinan, dans les Côtes d’Armor. Elle participe à des projets de développement d’énergies renouvelables portées par des citoyens, dans l’éolien et le photovoltaïque.

Dynalec SCOP SA est une Société Coopérative et Participative (SCOP) , basée à Dinan, avec un Conseil d’Administration, ou tous ses salariés sont présents, car Tous Associés au Capital & au projet de l’Entreprise : Devenir une entreprise actrice de la transition, qui cherche à replacer son entreprise Semi Industrielle face à ses Responsabilités Sociétales, Economiques & Environnementales au service d’un monde plus Convivialiste. Côté savoir-faire, Dynalec SCOP SA est spécialisée dans l’ingénierie électrotechnique au service des besoins des Thermodynamiciens.

Devenue SCOP en novembre 2012 (tiens tiens, c’est notre 9e anniversaire) … nous sommes passés de Dinalec à dYnalec en 2013, avec l’ambition clairement affichée de placer toujours l’humain, le vivant au cœur de notre processus. Les collabor’acteurs de Dynalec Scop SA, se sont ainsi engagés à accompagner leur société, la faire grandir, pour devenir une entreprise dite libérée et en faire autre chose qu’un simple outil générateur de dividendes. Entreprise du 21e siècle, libérée et sans tabous, dYnalec veut aujourd’hui faire valoir ses convictions, pour parvenir au centre des 3 sphères du développement durable et devenir une véritable actrice de la transition sociale et énergétique.

L’essence du statut SCOP est de permettre la résilience des activités économiques d’un territoire en soutenant les investissements de façon durable.

C’est ainsi que Dynalec SCOP SA a intégré le projet Plélan Éolien Citoyen. Ce collectif constitué en 2004 a déjà œuvré pour la mise en place de 6 éoliennes installées en 2008 sur la commune de Plélan le Grand. Ce projet participatif a été un des premiers de France. Une nouvelle société a été créée en 2019 PEC (Plélan Eolien Citoyen) afin de construire un second parc d’éoliennes. Dynalec SCOP SA est partenaire et associé de ce projet à hauteur de 10 % du capital et un membre de la SCOP s’investit dans le comité de pilotage. Le projet final, à hauteur de 7 millions d’euros, est de construire entre 3 et 5 nouvelles éoliennes. Déjà 653 000 € ont été réunis pour ce projet, preuve de l’engouement des citoyens et des entreprises pour les énergies renouvelables.

Dynalec est également entrée au capital de la SAS Kerwatt à hauteur de 40 000€ pour financer la première phase de déploiement. Kerwatt est une Société coopérative d’énergie renouvelable par actions simplifiées, initiée par le réseau Taranis et quatre associations locales ainsi que des citoyen-ne-s du territoire breton.

La S.A.S Kerwatt s’inscrit dans la nécessaire adaptation collective aux urgences climatiques. Elle s’est donnée comme objectifs de promouvoir la sobriété énergétique, les économies d’énergie et de permettre au plus grand nombre de s’approprier la production d’une énergie renouvelable et locale sur le territoire breton, dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. Kerwatt veut montrer l’exemple et encourager le développement d’autres projets du même type.

Pour Dynalec il est essentiel d’être aux côtés des porteurs de projets afin de les accompagner dans la phase de construction, et veiller à ce que la gouvernance reste bien dans les mains des citoyens.

Des participations à d’autres projets citoyens sont actuellement à l’étude chez Dynalec SCOP SA, autour du photovoltaïque, l’hydrogène ou des problématiques agricoles, afin de rester fidèle à ses piliers fondateurs : Une entreprise libérée au cœur des 3 sphères du développement durable.

Voici le chemin parcouru par Dynalec en seulement 9 ans. Le système alternatif ainsi proposé par Dynalec SCOP SA se veut comme un retour aux sources, la création d’un troisième monde plus convivialiste. Sachez que des solutions existent et que si vous voulez d’ores et déjà passer à l’action vous pouvez dès maintenant mettre vos toitures à disposition pour accueillir des panneaux photovoltaïques et devenir acteur de la transition énergétique.

 

Plus d’infos

Le site de la Scop Dynalec

www.kerwatt.bzh 

 




Rendons nous la beauté

Cela fait 3,5 milliards d’années que les êtres vivants interagissent et modifient leur environnement. L’apparition de la photosynthèse chez les bactéries a permis la production d’oxygène et est à l’origine de la première crise du vivant. Toujours mouvantes, toujours en évolution, les espèces forment une tapisserie dans laquelle nous sommes tous liés les uns aux autres dans des écosystèmes.

Une vingtaine de crises biologiques plus tard l’histoire se répète et le cycle continue. En 1896, le scientifique Svante August Arrhenius constatait que les activités humaines émettant une grande part de CO2, influaient sur le climat. En 1950, il était prouvé que le changement climatique si rapide était bien le fait d’une espèce : l’Homme.

Ce changement climatique nous divise, nous angoisse, nous fragilise. Il nous met face à la complexité de notre monde et réinterroge notre rapport à la nature, au temps qui passe, à nos valeurs… et depuis 1896 : la procrastination !

« Nous émerveiller, apprendre, sentir, toucher et partager »

Or, si les trente prochaines années sont signe d’incertitude totale et peut-être d’extinction de notre espèce, elles sont aussi une formidable opportunité pour ré-habiter le monde, le réenchanter. Après avoir décrit « des paysages qui ne ressemblent à rien » et « des rayons de bêtes congelées », Dominique A chante  « Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté ». C’est en les rendant belles que nous préparons nos rivières, nos villes et nos campagnes au futur qui nous attend. Comment faire ? Nous émerveiller, apprendre, sentir, goûter, toucher, écouter et partager ce qui nous entoure. Non seulement la nature, mais aussi l’humanité, la diversité et pourquoi pas l’adversité. Sans jamais perdre une occasion de s’enrichir et de devenir quelqu’un de plus compréhensif.

Si chacun se préoccupe du capital économique qu’il laissera à ses enfants, préoccupons-nous collectivement du capital naturel et humain, fruit de milliards d’années d’évolution, qui restera après notre passage sur terre. Les décisions politiques et les choix de société des 30 prochaines années auront des conséquences sur les milliers d’années qui suivront. Alors soyons simples et créatifs. Inspirons-nous de la biodiversité pour trouver les clés de la transition : elles sont là, sous nos yeux. La tâche est rude mais terriblement enthousiasmante : rendons à la Terre sa beauté !

Une Plume Citoyenne de Anouck Bonjean, chargée de mission Biodiversité à Eau & Rivières de Bretagne.

Nous reproduisons ce texte éditorial du magazine spécial sur le changement climatique* de l’association Eau & Rivières, avec son aimable autorisation ainsi que celle de son auteure.

La magnifique image en Une a été créée par une jeune artiste brestoise, Charlène, alias « Chacha linogravure ». Il est possible de commander un exemplaire de ce tirage limité (24 X 32 cm) : https://www.eau-et-rivieres.org/magazine-194?fbclid=IwAR1iof7rk60aZQEEwRA1G3TyXndRy2kq17cIWgsWtGiZWm5XKAfKlAO4hIo

* « Rivières et climat : la beauté pour résister. Pour ce numéro 194, Eau & Rivières a décidé de traiter d’un thème central : le changement climatique. Au sommaire : une enquête sur l’adaptabilité des rivières aux bouleversements qui nous attendent, les impacts sur la faune et la flore, la gestion de l’eau potable dans les années à venir, le trait de côte en constante évolution, les villes à l’épreuve du changement climatique… »

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