Le Défi Callacois : un projet d’envergure dans les Côtes d’Armor
(Plume citoyenne) La ville de Callac relève le défi de la transition écologique et solidaire ! D’Avril à Octobre 2022, les callacoises et callacois se verront proposer un court diagnostic de leurs pratiques du quotidien. Le but est d’identifier des pistes d’améliorations possibles sur les thèmes de la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie, pour arriver à une réponse massive et progressive aux enjeux économiques et environnementaux actuels.
C’est dans le cadre du programme de Guingamp-Paimpol agglomération « Le climat change. Et moi ? » que ce projet est né. Ayant pour objectifs de sensibiliser et mobiliser massivement les habitant-es en faveur des transitions écologiques, Guingamp-Paimpol Agglomération a proposé à la commune de Callac de participer à cette expérimentation. C’est dans ce cadre que Cohérence et la société Kovalence ont été missionné par l’agglomération pour accompagner les habitant-e-s.
La démarche est d’accompagner les foyers callacois en les aidant à identifier les points à valoriser et/ou à améliorer dans leurs pratiques quotidiennes. Selon leurs envies et contraintes, les callacois-es seront accompagnés dans leurs démarches, et conseillés sur les alternatives, contacts ou aides publiques possibles pour réaliser leurs transitions.
Cette opération se déroulera d’avril à juillet 2022 et s’achèvera par la tenue d’une fête organisée par la commune le 1er octobre 2022.
Une première expérience, qui si elle réussit, pourrait être étendue à d’autres communes de Guingamp-Paimpol agglomération.
Pssst…nous avons besoin de vous !
Nous sommes un webmédia associatif, basé à Morlaix qui met en avant les actrices et les acteurs des transitions écologiques nécessitant évidemment des transitions sociales, culturelles et solidaires dans nos territoires de Bretagne. Outre, notre site d’information, alimenté par notre journaliste-salariée et par des plumes citoyennes bénévoles, nous menons ponctuellement des actions de sensibilisation aux transitions et de formation aux médias citoyens avec des interventions auprès d’associations et d’établissements scolaires.
Pour tout cela, nous avons le soutien de collectivités territoriales et de l’Etat. Percevoir de l’argent public pour nos activités d’intérêt général fait sens pour nous.
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A Brest, plongée dans les bleus de l’océan, entre requins menacés et requins bien affairés
En apparence seulement, quelques kilomètres séparent le Centre national de culture scientifique Océanopolis et son bassin des requins (entre autres), près du port de plaisance brestois du Moulin blanc, des Ateliers des Capucins, qui abritent notamment 70.8 (pourcentage de mer sur la terre), la galerie des innovations maritimes (on n’arrête pas le progrès, n’est-ce-pas…). Mais la tenue il y a quelques jours du One Ocean Summit, premier Sommet mondial autour de la protection des océans qui s’est déroulé du mercredi 9 au vendredi 11 février dernier, a notamment montré qu’un autre océan séparait ces deux lieux emblématiques brestois, peuplé de requins de natures bien différentes.
A Océanopolis, le jeudi 10 février dernier, l’unique rencontre publique citoyenne ouvrait presque le ban du Sommet. Présentée comme une conférence participative « sous forme de débats mis en scène autour d’un thème capital : “La gouvernance de la haute mer et la protection de sa biodiversité : rendez-vous à New-York”, elle était ainsi présentée : « Grâce à un dispositif ludique original, vous pourrez vous pronocer en direct sur des sujets réels de gouvernance internationale tels que négociés actuellement à l’ONU. Entre discours politiques et plaidoyers, les experts du sujet essayeront de vous convaincre du bien-fondé de leur action. Pour quelle position allez-vous voter ? ». (voir l’article de Marie-Emmanuelle Grignon :https://www.eco-bretons.info/a-oceanopolis-le-public-donne-son-avis-sur-la-protection-de-la-haute-mer/ ).
Quelques jours auparavant (du 4 au 6 février), à l’Université de Bretagne Occidentale, c’est aux Soulèvements de la Mer qu’était convié le public par un collectif d’associations, sous la forme d’un Contre-Sommet : trois jours de séminaire et de rencontres, très riches, comme le rapporte le magazine Kaizen dans son bel article (1), avec des intervenant.e.s pas dupes des vrais enjeux de ce Sommet mondial prétendûment destiné à« protéger, explorer, exploiter »les océans, c’est-à-dire « parcelliser et privatiser la mer, au nom de l’écologie et de l’économie bleue, et où désormais, banquiers, fonds spéculatifs et industriels promettent de protéger l’océan … avec leurs méthodes. »
Economie bleue : un insoutenable Blue-washing pour les protecteurs des océans
Aux Capucins se jouait une tout autre partition… dans le grand bain des gros poissons et requins d’une autre nature. L’entrée uniquement sur accréditation et le nombre de représentants des forces de l’ordre présents dans le quartier et autour du bâtiment, donnaient le ton : the only place to be pour les délégations des 83 pays participants, institutions internationales, collectivités territoriales bretonnes, quelques ONG et fondations et bien sûr des représentants du monde économique maritime et de la finance. Tout ce beau monde participant à des forums et ateliers, dans et en marge desquels il s’agissait de concilier le « business as usual », sous ses nouveaux apparats de blue-washing, à des engagements communs en faveur de la préservation des océans. Des océans menacés de façon abyssale par l’acidification dûe au réchauffement climatique, la perte de biodiversité causée par la surpêche, l’exploitation des fonds marins dont Bretagne Vivante rappelle les enjeux : » Ils regorgent de ressources minérales (nickel, or, thallium, cobalt, manganèse, argent, lithium, zinc…) et la demande mondiale pour celles-ci ne devrait cesser de croître dans les 20 prochaines années. Annoncé en octobre 2021, le plan France Relance prévoit ainsi 310 M€ dédiés à l’exploration des fonds marins et de ses ressources minérales. Il est ainsi indispensable de s’interroger sur les impacts de l’exploitation des écosystèmes et les habitats profonds (au-delà de 200 milles nautiques, ils représentent environ 66% de la surface de la planète). Loin d’être désertiques comme on l’a longtemps imaginé, ils abritent divers écosystèmes ayant une biodiversité fragile et encore très méconnue. » (2).
En point d’orgue du Sommet, le «Segment à haut niveau » du vendredi 11 février, accueillait une quarantaine de chefs d’État et de gouvernements, de représentants des Nations Unies, de l’Union Européenne et de dirigeants des poids lourds du transport maritime par conteneurs (plus de 80 % des échanges de marchandises, en volume, et plus de 70 % de leur valeur, sont transportés par mer à bord des navires et traités par les ports maritimes du monde entier). Il s’agissait désormais d’acter les résultats de ces ballets aquatiques en eaux bien troubles pour la société civile et ses représentants : avec certes des engagements et promesses, mais surtout trop peu de décisions concrètes selon les ONG (3) et des sujets qui fâchent soigneusement évités, tels que la surpêche, la protection des grands fonds marins des exploitations minières aux conséquences irréversibles (2). Rappelons que, comme l’évoque plus bas dans notre entretien, le conseiller stratégique Rémi Parmentier, la France n’a à ce jour, toujours pas signé l’appel à moratoire contre l’extraction minière en eaux profondes prôné par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en septembre 2021, appel signé par 81 pays et agences gouvernementales ainsi que 600 scientifiques.
Insoutenable exercice d’équilibriste mondial, dans les règles du jeu actuelles, que de s’accorder à résoudre l’équation activités économiques en croissance bleue et protection forte des océans, pourtant vital ? Et puis, comme des chants de sirènes trop lointains pour être entendus et surtout écoutés, les voix des « petits » peuples de la mer, humains et non humains ne sont certainement pas en voie d’extinction. En amont (4), tout au long puis à l’issue de ce Sommet mondial, des représentants de la société civile parmi lesquels l’association Pleine mer (5), Greenpeace, Bloom (6), Robin des bois (7), bien décidés à ne pas y participer, se sont activés dans la rue, les réseaux sociaux, les médias pour alerter l’opinion publique et tenter de peser plus fortement sur les décideurs, en dénonçant notamment «40 ans de meetings internationaux et une situation environnementale qui ne fait qu’empirer », à l’instar des COP climatiques. Ici, un rassemblement public contre le déni océanique « Don’t look down », là un Carnaval de l’océan… des contre-manifestations relayées par RKB que vous pouvez (ré)écouter : http://www.rkb.bzh/emissions/abadennou/one-ocean-summit-plusieurs-contre-manifestations-prevues-a-brest-le-point-sur-ce-sommet-avec-lassociation-pleine-mer/?fbclid=IwAR3xI1TV6FSOKj1Xs0pDtL1aNCd1TLWfT6EPwodOsKil8AEpJVLsN-vLwoo
Paroles d’un conseiller stratégique et d’un océanographe
Impossible de repartir des Capucins, transformés pour la circonstance en îlot artificiel peuplé de récifs arborant moultes bannières à la gloire de la protection des océans, sans avoir recueilli quelques témoignages de participants. En voici deux, Le premier à lire, le second à écouter. Deux questions simples leur ont été posées : qui êtes-vous et qu’attendez vous de ce Sommet ?
Paroles d’un conseiller stratégique, Rémi Parmentier, co-directeur de Varda Group, qui oeuvre depuis des décennies pour des ONG et des décideurs internationaux (9).
« Je passe ma vie de sommet en sommet, comme un montagnard… mais des sommets politiques. Je suis conseiller stratégique dans le domaine de l’environnement et spécialement dans le domaine de la gouvernance et de la protection de l’océan. J’ai été invité à participer à ce sommet en particulier sur la nature de la protection des océans et ce qu’elle devrait recouvrir. Il y a actuellement une campagne internationale, connue sous le nom de 30 par 30, c’est-à-dire protéger 30% des océans d’ici l’année 2030 (10), et mon message c’est « réfléchissons aussi sur les 70% restants» ! Ma proposition qui reviendrait à ce que la protection de l’océan soit la norme et non l’exception, qu’elle se fasse par le renversement de ce que l’on appelle la force de la preuve. En plus de créer des aires marines protégées, on créé des aires marines exploitables, et par définition tout ce qui ne serait pas aire marine exploitable serait protégé. Donc, la protection comme norme et non comme exception.
Actuellement, les défenseurs de l’océan doivent se battre pendant des années pour prouver, démontrer, convaincre que la protection d’une fraction de l’océan est possible et nécessaire. Et ce sont des discussions qui n’arrêtent pas… Ce que je propose, c’est que ce soient les usagers de l’océan, les industriels, les grandes compagnies de pêche, etc. qui, elles, doivent prouver que leurs propositions, leurs activités ne causent pas de dommages irréversibles à l’environnement, et que des mesures d’atténuation soient en place avant d’entreprendre des activités qui ont une empreinte écologique importante sur l’environnement. C’est ça, le renversement de la force de la preuve : que ce soit ceux qui veulent exploiter les ressources de l’océan qui doivent faire la démonstration et non pas ceux qui veulent protéger l’océan. Il devrait y avoir un consensus là-dessus car l’océan, c’est la base de la vie sur notre planète.
Ce Sommet devrait être l’occasion que les défenseurs des océans soient écoutés par les pouvoirs publics français et internationaux. Et il y a un dossier très chaud qui a émergé cette année, c’est celui des projets d’exploitation minière dans les grands fonds sous-marins. Le Président de la République a fait quelques couacs dernièrement, en déclarant que la France devrait être un leader dans l’exploitation des ressources minières sous la mer, pour ensuite rétropédaler en parlant d’exploration seulement, « parce que c’est important pour les voitures électriques ». Il ne s’agit donc pas simplement d’exploration ! Mais ce qui est intéressant, c’est que le fabriquant automobile Renault a déclaré que sous aucun prétexte il n’utiliserait des ressources minières issus des fonds marins (11). J’espère que cela peut être un encouragement pour le Président de la République pour qu’il se joigne à l’effort de beaucoup des 81 pays et agences gouvernementales qui ont demandé, à l’occasion du Congrès de L’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) en septembre 2021 à Marseille, un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. On risque de détruire des écosystèmes vulnérables et des espèces dont on n’a même pas la connaissance. »
Paroles audios d’un océanographe ardent défenseur des requins (les vrais, les menacés), François Sarano a accepté d’être l’un des « Ambassadeurs de l’océan » lors de ce Sommet pour tenter de faire entendre « la Voix de l’océan ».
(10)Parmi les engagements pris officiellement lors du Sommet : « 84 pays portent l’objectif de protéger 30% des terres et des mers du monde d’ici à 2030. ».
La Vie en Bulles, Le festival BD qui pense le monde
C’est au bord de la sublime ria d’Etel à Saint-Hélène dans le Morbihan, que nous partons à la rencontre de LaPACH, la Petite Asso Culturelle Hélénoise, qui propose le week-end du 5-6 février, son premier festival bd, « La vie en bulles » tournée vers la bd non fictionnelle, une bd rattachée au réel et qui aborde de multiples sujets de société, qu’ils soient sociologiques, historiques ou encore écologiques .
Nous retrouvons Nancie, Joël et Pascale, trois des bénévoles de l’association créée il y a un an, emmenée par le désir commun de citoyen.nes de la commune d’ouvrir les esprits aux problématiques actuelles, de faire émerger des débats d’idées pour avancer tous et toutes dans un monde de plus en plus complexe.
La bande dessinée s’est imposée comme un parfait médium après que des bd comme « Les algues vertes », qui a circulé entre eux, « La bombe » sur Hiroshima ou encore « L’odyssée d’Hakim » sur les réfugiés, leur ont fait prendre conscience qu’elle était un formidable moyen d’accès au savoir, au partage de connaissances et qu’elle permettait de nombreux débats accessibles à toustes. Le dessin, l’image, véritable création artistique, intègre le réel de ce monde dans son propos et amène à exercer un oeil critique sur la société et aussi à partager de nombreuses émotions . La bande dessinée, autrefois considérée comme un art mineur, se révèle de plus en plus comme un indispensable dans la compréhension du monde.
Ce premier festival est très ancré dans son territoire et d’ailleurs la Ch’patule, sa mascotte, va nous servir de guide pour découvrir quelques temps forts du week-end, où l’on ne manquera pas également d’aller saluer ses congénères, les spatules, oiseaux migrateurs actuellement présents dans la ria. Celui-ci s’articule autour de rencontres avec les auteur/trices et éditeurs, de conférences, d’expositions, d’ateliers de dessin et de concerts.
Pour Eco-bretons, la Ch’patule nous fait quelques propositions de rencontres parmi une riche programmation. Samedi, la table-ronde réunira Désirée et Alain Frappier, duo d’auteurs de romans graphiques dont l’oeuvre montre à voir tout ce que la bd peut apporter aux sciences sociales en mêlant l’intime à d’importantes recherches historiques sur des thèmes comme l’IVG dans « Le choix » ou la politique chilienne sous Allende dans « Le temps des humbles » et Audrey Lebel, journaliste indépendante, notamment dans La revue dessinée.Ils pourront très certainement nous éclairer sur cette nouvelle forme journalistique et documentaire dessinée pour évoquer des faits
d’actualité comme des faits historiques. On peut également noter dimanche, la rencontre entre Gwénola Morizur, autrice de « Bleu pétrole », qui narrait le combat de son grand-père, maire de Portsall, pour obtenir dédommagement suite au naufrage de l’Amocco Cadiz, et The Seacleaners, association proposant des solutions pour protéger l’océan de la pollution plastique . Rencontre autour d’une table-ronde qui traitera des problématiques des marées noires et de l’océan deplastique. Il paraîtrait même qu’une baleine de 9 mètres viendra d’un coup de nageoires rendre visite aux festivalier.es mais chut, gardons la surprise!
Un festival engagé sur la forme et sur le fond
Comme le dit si bien LaPACH, le festival est engagé sur le fond mais aussi sur la forme et cela se traduit par de nombreuses actions des personnes organisatrices. Elles ont fait le choix de rémunérer les artistes présent.es en se basant sur la Charte des auteurs et illustrateurs, revendication portée par eux depuis de nombreuses années pour soutenir la création artistique en France. Elles ont également veillé à inviter autant d’autrices que d’auteurs car la question de la visibilité féminine dans le milieu de la bande dessinée, comme dans tant d’autres, est un sujet actuel de société et elles se doivent d’y participer comme le souligne Nancie. On peut d’ailleurs citer la bd « Il est où le patron ? » de Maud Benezit et des Paysannes en polaire chez Marabulles, qui traite de ce sujet dans l’agriculture.
Le festival s’engage également auprès de leur communauté de communes , la CCBBO qui est un territoire zéro déchets, en signant la charte pour être labellisé « festival éco-responsable » ( avec des critères incluant par exemple une alimentation bio, locale en circuit court pour les auteur/trices). Il se passe, certes à Saint-Hélène sur le week-end, mais il a souhaité également inclure toutes les communes environnantes par le réseau de leurs bibliothèques qui, grâce à l’aide de la Médiathèque départementale du Morbihan, ont pu augmenter leur stock de bd non fictionnelles au cours du mois de janvier afin de faire découvrir ce genre littéraire à leurs adhérent.es. Le festival a noué des partenariats avec des librairies indépendantes, Coccibulle à Lorient, La Dame blanche à Port-Louis ainsi qu’avec Book Hémisphères à Kervignac qui oeuvre dans le domaine de l’insertion et de la revalorisation de livres. Insertion également présente grâce aux Ateliers ACTE de Merlevenez qui va s’occuper de la scénographie en matériaux de récupération en bois de palette, la Ch’patule devrait y être confortablement installée !
Pour LaPACH, les valeurs de respect des droits humains, de préservation de l’environnement, de vivre-ensemble et de l’éveil culturel sont importantes et elles vont naturellement se retrouver dans « La vie en bulles » . L’entrée abordable à 2 euros y participe également afin que chacun.e puisse y accéder.
Le champ des possibles semble infini en bande dessinée et nul doute que « La vie en bulles » deviendra un festival marquant et incontournable sur les sujets sociétaux et qu’il rayonnera bien audelà de la Bretagne. Le bel enthousiasme et l’audace de tous ceux et celles qui l’ont rêvé et réalisé, ne peuvent que donner envie de venir et d’y revenir ! Alors tous et toutes présent.es le 5-6 février, les yeux et les oreilles grand ouverts et pourquoi pas le crayon à dessin brandi comme Napoléon sur sa Ch’patule à Saint-Hélène, où l’imagination et la réflexion vont pouvoir s’échapper pour se relier au monde qui nous entoure.
A la découverte de quelques bd non-fictionnelles en lien avec les notions de transitions écologiques présentées par une partie de l’équipe de LaPACH :
d’Alain Bujak et Damien Roudeau chez Futuropolis
Bande dessinée retraçant l’histoire méconnue d’un combat citoyen contre la construction d’un barrage à Serre de la Fare dans le but de dompter La Loire et qui montre comment un combat local, a pu devenir international grâce aux propositions alternatives du collectif. Propositions qui ont pu être reprises et mises en oeuvre dans d’autres pays en participant ainsi à la préservation de nombreux écosystèmes bien au-delà de celui de La Loire.
Le choix de Nancie : « Comment devient-on raciste? » de Carole Reynaud-Paligot, Ismaël Méziane et Evelyne Heyer chez Casterman
Bande dessinée explorant les biais développés culturellement et qui amène à comprendre en profondeur les mécanismes menant au racisme et cela par un échange nourri de réflexions entre une historienne et une anthropologue généticienne. On est ici sur une transition personnelle vers le vivre-ensemble , question d’actualité si présente…
Sur le thème de la différence, on peut noter la venue au festival de Charlotte Mével pour sa très belle bd « La rousseur pointée du doigt ».
Le choix de Joël : « Deux mains dans la terre » de Laetitia Rouxel et Jacques Caplat chez Actes Sud bd
Bande dessinée retraçant la transition personnelle d’un agriculteur prenant conscience de l’importance de son métier dans les problématiques environnementales et sociales actuelles et qui va, peu à peu , opérer un changement complet de ses pratiques pour tendre vers une véritable agriculture agroécologique. Cette bd montre son cheminement, ses doutes et interrogations et met magnifiquement en valeur les notions d’entraide paysanne, de partage de connaissances et de générosité du monde paysan envers tout le vivant. Encore un champ des posssibles ouvert qui donne de l’espoir dans l’avenir ! A noter que Laetitia Rouxel sera présente au festival.
L’équipe de LaPACH est très active et vous pouvez suivre leurs recommandations de lecture sur leur blog régulièrement alimenté ainsi qu’une bibliographie de BD par thèmes (géopolitique, environnement,chroniques sociales, histoire..)
Vers des conventions citoyennes locales pour le climat ?
Depuis la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) d’autres expériences de ce type ont vu le jour en France : une Convention citoyenne (« pour réinventer notre modèle de société ») par la Région Occitanie en septembre-octobre 2020 et une Convention Citoyenne locale pour le climat en septembre 2021 par Est ensemble (9 villes à l’est du Grand Paris). Récemment, la région Bretagne a annoncé, à la suite de la Breizh Cop, le lancement d’un Haut Conseil pour le climat et d’une chambre citoyenne.
Ce débat a été l’occasion de s’interroger avec les intervenant-es convié-es, les membres du Réseau et d’autres sur la pertinence de décliner cette expérience à un niveau local (régional ou intercommunal) et sur l’implication que pourrait porter le réseau dans de tels processus.
Vous pouvez retrouver l’ensemble du débat en vidéo ci-dessous ainsi qu’un résumé des éléments qui ressortent de ces échanges.
Merci aux trois intervenant-es qui ont permis un débat de haute qualité :
Grégory Dos Santos, citoyen tiré au sort de la CCC et membre de la commission « Se nourrir »
Romane Rozencwajg, doctorante en Sciences Politiques et observatrice accréditée de la CCC
Un bilan mitigé de la Convention Citoyenne pour le Climat
Le groupe des 150 tire une conclusion mitigée de cette aventure. En effet, le processus a pu être décevant et contre-productif car le gouvernement est revenu sur l’engagement d’adopter sans filtre l’ensemble des propositions de la CCC. De plus, les mesures prises suite aux propositions de la CCC restent insuffisantes au regard des enjeux climatiques et des bouleversements déjà en cours2. Cependant l’association des 150 reconnaît que la CCC a renforcé la présence du sujet du changement climatique dans le quotidien des français et que ce type de processus serait pertinent à réitérer afin d’améliorer la vie démocratique du pays.
Les Conventions Citoyennes : de quoi parle-t-on ? Quels enjeux, quelles limites et comment les dépasser ?
La démocratie participative vise à associer les citoyen-nes aux processus de décisions politiques. La Convention Citoyenne prend place dans un contexte de déconnexion et de désintérêt des français-es avec la politique et de délégitimation des représentant-es. La participation ou non à la vie politique est dépendante de l’âge, du genre, du niveau d’étude et de nombreuses personnes restent en dehors des processus politiques, dans lesquels un groupe spécifique est sur-représenté : les hommes blancs, âgés et éduqués. Les décisions, même si elles sont sensées être prises dans le sens de l’intérêt général, vont donc être biaisées de par cette sur représentation. Les Conventions permettent de réunir des citoyen-nes ordinaires et des personnes habituellement éloignées de la politique, des personnes n’ayant pas le réflexe de s’investir dans les Conseils de développement, de quartier…
Le processus de construction de l’action publique inclus non seulement les élu-es mais aussi la société civile organisée (associations, lobbyistes, …). La Convention permet au groupe participant de se former et de délibérer afin d’arriver à une décision commune allant le plus dans le sens de l’intérêt général. Au niveau local l’avantage est que les personnes sont directement concernées et « expertes » de leur territoire.
Certaines conditions sont nécessaires pour qu’une Convention Citoyenne soit un outil efficace pour faire émerger des décisions partagées qui vont dans le sens de l’intérêt général :
– le mandat doit être limité à un objet, une question, un enjeu en lien avec une décision politique
– Avoir un minimum de 100 citoyen-nes tiré-es au sort représentatifs de la population
– Former les citoyen-nes participant-es et les aider à s’investir dans la Convention
– Avoir un engagement des élu-es : politique à adopter des propositions ou à soumettre par référendum les propositions.
– Soumettre une délibération aux élu-es qui doivent être intégrés dans le processus.
– Avoir une transparence du processus et des débats.
– Connaître et débattre dans le périmètre de compétences de l’organe politique qui porte le processus.
Quelle forme d’activisme est nécessaire aujourd’hui pour faire bouger les lignes ?
Il faut de tout pour avancer :
Les deux formes d’activisme sont complémentaires et s’articulent très bien.
Il est intéressant également de penser la manière de faire archipel entre les processus d’assemblées, les différentes expérimentations. Si des assemblées citoyennes locales qui fonctionnent se pérennisent, il faudra discuter de la manière dont ces assemblées pourront être connectées entre elles. Cela amène à se reposer la question de l’utilité de ces assemblées. Par exemple dans le cadre du Confédéralisme démocratique, la vie locale est gérée par des Assemblées auto-gérées, par des citoyen-nes qui désignent des représentant-es pour les échelons supra locaux. Dans ces processus il faut en tout cas faire attention au renouvellement des citoyen-nes qui interviennent pour éviter une forme de professionnalisation. En comparaison avec les Conseils de Développement, ces derniers sont consultatifs et les personnes qui participent sont les gens déjà intéressés et impliqués dans le territoire, on peut donc reprocher à ce qui en sort d’être biaisées. C’est une différence fondamentale avec les Conventions qui sont délibératives pour soumettre des propositions avec des personnes tirées au sort légitimes car représentatives et choisies au hasard.
Les Conventions citoyennes ou Assemblées sont un outil, notamment à disposition des élu-es, qui permet d’amener des grands changements car lorsque c’est trop difficile de répondre aux enjeux, ces processus donnent du poids en légitimant des mesures radicales.
CONCLUSION
En remerciant les intervenant-es et participant-es à ce débat, nous souhaitons aussi nous adresser aux représentant-es élu-es des Territoires, et plus particulièrement des intercommunalités ainsi qu’au Conseil Régional. Ce dernier a su faire preuve d’audace en proposant dans la précédente mandature la Breizhcop à l’occasion du Sraddet, en s’inspirant des moyens et méthodes de la COP21.
Si les associations environnementales et de biodiversité, non sans appréhension, ont répondu présentes et se sont engagées dans la démarche, elles n’ont pu que constater les résistances du monde agricole et industriel. A l’heure où les élu-es prennent conscience d’une nécessaire revitalisation de la décision politique, cela donnerait l’occasion d’organiser à l’échelle intercommunale ou régionale un processus de décision qui associe les citoyen-nes sur le modèle de la Convention Citoyenne. Le Réseau Cohérence souhaite continuer à travailler sur ce sujet et notamment dans la perspective de réussir à tenter une expérience de Convention Citoyenne locale dans un territoire en Bretagne avec des élu-es audacieux.
L’établi des mots, une librairie rennaise de quartier coopérative
Rencontre avec Nadège Lucas, libraire à l’Établi des mots, une structure rennaise née de l’ambition de créer une librairie à la fois intégrée dans son quartier et dans laquelle les habitants participent pleinement à la vie du projet.
Située à Rennes, dans le quartier populaire du Blosne, et plus précisément au Quadri (lieu dédié à l’Économie Sociale et Solidaire), l’Établi des mots est une agréable librairie indépendante, généraliste et surtout coopérative. Le principe de cette dernière est d’être ancrée dans son quartier et d’être participative : les coopérateurs et coopératrices peuvent s’impliquer facilement et de la façon dont ils le souhaitent dans le fonctionnement de la librairie.
En effet, le sociétaire peut décider de s’impliquer en soutenant financièrement le projet (la part sociale s’élève à 20 euros) et en participant s’il le désire, aux commissions mises en place. Celles-ci traitent de l’animation, de la communication et de l’activité au jour le jour de la structure. Ainsi, les sociétaires peuvent s’impliquer aux côtés des 3 salariés en prenant part à des actions telles que : la tenue d’un stand sur un salon, l’organisation logistique d’une rencontre avec un auteur, la rédaction de coups de cœur, la décoration du lieu… Mais ils peuvent également choisir eux-mêmes certains livres proposés à la librairie. C’est le principe même de la « Table des Coop’s », située à l’entrée de la librairie, sur laquelle sont mis en avant des livres sélectionnés par les coopérateurs sur des thématiques diverses qui changent tous les trois mois (ex : la danse, le sport..).
La « Table des Coop’s »
L’un des principes fondateurs de L’établi des mots repose sur le respect d’une la ligne éditoriale qui a été établie avec les collaborateurs. En effet, les libraires sélectionnent les livres en essayant toujours de respecter les six thématiques relatives à cette ligne éditoriale, à savoir :
« Jeunesses plurielles » : pour proposer aux jeunes et aux enfants des livres valorisant la pluralité des enfances et des structures familiales,
« D’ici » pour soutenir et diffuser la création artistique et littéraire locale,
« Faire soi-même et ensemble » pour promouvoir des livres qui ont pour objectif l’apprentissage et la transition de connaissances,
« Multiculturalisme » car la librairie a à cœur de bâtir un espace où tout le monde peut s’exprimer,
« les Renversants » qui regroupent des livres tous aussi faciles qu’agréables à lire et qui sont proposés à des prix abordables,
« Le monde qu’on veut » pour mettre en avant des ouvrages qui ont vocation à penser et à questionner le monde d’aujourd’hui pour mieux préparer celui de demain.
La librairie tient également à adapter son offre au quartier dans lequel elle est implantée. C’est pourquoi dès le départ, la structure a souhaité créer un rayon petits prix (notamment en littérature et en jeunesse). De plus, en jeunesse, les sociétaires et libraires souhaitent proposer des livres disposant d’une diversité culturelle, familiale et sociale afin que tous les enfants puissent se sentir représentés dans leurs lectures.
Toujours dans l’optique d’accompagner le plus grand nombre sur les chemins du livre, la librairie développe des actions culturelles à destination du jeune public. Elle travaille notamment avec les écoles et les Centres de Documentation et d’Information des collèges alentours ainsi qu’avec leurs professeurs. Elle est également partenaire du Pass Culture et participe au programme régional d’éducation artistique et culturelle « Jeunes en librairie » qui a pour ambition de sensibiliser les élèves à l’ensemble de la chaîne du livre car le biais de partenariats entre des classes et des librairies.
Outre la volonté de L’établi des mots d’offrir à ses clients une grande diversité dans son offre, la structure a également à cœur de les accueillir dans un espace agréable, propice à la détente et respectueux de valeurs écoresponsables. Ainsi, la librairie a choisi de travailler avec une décoratrice d’intérieur et une graphiste pour remplir cet objectif. L’aménagement de la boutique a été pensé autour de l’éco-construction et de l’éco-aménagement et utilise donc des matériaux écologiques et recyclés. Les coopérateurs, guidés par la décoratrice, ont également pu s’impliquer dans la décoration en confectionnant les lustres, en construisant des meubles de rangement en palettes avec l’entreprise Boby and Co, en contribuant à la peinture (dont la composition est à base d’algues) ou encore en créant des poufs avec des chutes de tissus de voiles et de montgolfières. L’aspect écologique de l’aménagement et le goût avec lequel il a été pensé ont été récompensés récemment par le prix honorifique de l’aménagement intérieur de la revue Livres Hebdo. Pour la libraire, « il s’agit là d’une vraie reconnaissance ».
Cadre du prix honorifique de l’aménagement intérieur de la revue Livres Hebdo
Nous l’aurons donc compris, l’Établi des Mots est un projet coopératif qui tient à promouvoir la diversité et la multiplicité à la fois sociale et culturelle, tout en transmettant des valeurs écologiques et en faisant de son ancrage local une véritable force.
Le récent Coup de cœur de Nadège:
Le Grand Procès des Animaux, de Jean-Luc Porquet et illustré par Jacek Wozniak, éditions du Faubourg, octobre 2021, 14€90.
Une fable satirique et une réjouissante leçon d’écologie qui invite le lecteur à porter un autre regard sur le monde animal.Un véritable plaidoyer pour la biodiversité.
Jean-Luc Porquet sera en rencontre à la librairie L’établi des mots le vendredi 21 Janvier 2022 à 19h.
L’auteur préféré de Nadège :
Nadège Lucas a un véritable faible pour le talent de l’auteur japonnais Haruki Murakami. « Dans ses œuvres, Haruki Murakami est très direct, presque cru. Il a un certain détachement et la dimension quelque peu fantastique qui plane dans ses ouvrages instaure une ambiance unique. », affirme-t-elle.
Balade en campagne vers une amoureuse des livres et de nature…
L’association « Projet échanges et développement » (un espace de vie social agrée par la CAF sur la commune de Plougasnou) propose chaque mois « Une balade pour marcher ensemble à la rencontre de notre territoire et de ses habitants. » C’est ainsi que Solenn Hémart, animatrice pourPED, a préparé un parcours riche par la diversité des actions humaines dont il pouvait témoigner dans cette partie peu connue du territoire de Saint-Jean-du-Doigt, et le pont qui pouvait être fait avec l’une de ces habitantes, Kirsi Kinnunen, traductrice finlandaise qui a plongé ses racines arctiques dans le sol finistérien il y a 14 ans.
Cette proposition de balade attira du monde.. .voilà donc une quinzaine de personnes en route pour deux heures de marche et d’exploration, réalisant une boucle en passant par la campagne et ses fermes de « Kersco », la forêt de Mesquéau pour revenir par « Kermabon » et atterrir chez Kirsi au lieu-dit « La Salle Granet ».
échangé sur les informations et expériences que ces paysages leur rappelaient. Les discussions ont beaucoup tourné autour des relations entre biodiversité et activités humaines mais il y eu aussi de jolis échanges plus personnels entre tous…
La boucle se fermera en beauté. Le groupe est accueilli chaleureusement par Kirsi dans un très joli lieu de vie, un vieux corps de ferme en forme d’U, plutôt atypique pour la région, habité de son univers, ses chats, ses poules et ses deux ânes pour la ménagerie et les plantes aromatiques et médicinales à côté des légumes pour le potager… La situation sanitaire obligeant et le soleil radieux le permettant, on décide de rester discuter dans la cour. Kirsi apporte une pile de bandes dessinées finlandaises en français sur la table. « J’en ai traduit environ 70 et je démarche aussi les éditeurs pour la vente des droits. En l’espace de 20 ans, je suis devenue ‘la plaque tournante’ de la BD finlandaise en France ! » rigole-t-elle.
Un bon vin chaud et des biscuits aux épices, préparés à la finlandaise, ont de quoi réchauffer et mettre à l’aise ses hôtes. Les langues se délient, on découvre les BD, on parle d’humour, du métier de traducteur très joliment nommé par Kirsi comme « passeur de culture ». Des questions fusent : « Comment fait-on pour faire entrer la traduction dans la bulle ? » Pas évident car le taux de foisonnement du finnois vers le français multiplie le volume de signes du texte par 1,6 ! « La traduction la plus difficile ? » Ce n’est pas la bande dessinée, quand bien même le dialogue est considéré comme l’un des exercices présentant le plus de défis à une bonne traduction du registre, du style, des idées, de toute la culture derrière les mots… mais les articles du Monde diplomatique, qui sont « mortellement compliqués » ! Le groupe hoche la tête quand Kirsi explique que le finnois est une langue concrète qui a besoin de mots « ancrés dans la réalité tangible » alors que le français grouille de concepts abstraits qui font « juste appel à l’esprit »… On apprend aussi que Kirsi a reçu en 2021 le Prix d’État finlandais de la traduction non seulement pour ses traductions mais pour sa persévérance pour faire connaître la bande dessinée finlandaise en France.
Alors lorsqu’elle se tourne vers les participants afin de savoir un peu d’eux, chacunse présentera à sa façon et naturellement partagera son lien à la Bretagne. Car c’était bien ce qui nous réunissait ici tous, en dehors de l’appétit de la rencontre…Ce fût un beau moment où chacun est reparti réchauffé par le vin chaud et la chaleur humaine !
L’association PED continuera à proposer des balades permettant de se réapproprier son territoire dans la douceur des rencontres, la beauté de notre paysage et les réalités qui le façonnent. En mars, une proposition d’exploration « entre réel et imaginaire vers une autre pointe de Primel » à Plougasnou, menées par « l’institut de Géographie imaginaire » proposé par Elsa et Martin etsuivi d’un pique-nique. Contact : 06 51 11 94 20 / projets-echanges-developpement.net