Mobilisation extraordinaire sur les réseaux sociaux contre la pêche destructrice en grande profondeur

Cette méthode de pêche qui ratisse les fonds marins jusqu’à 1800 mètres de profondeur est combattue depuis des années par l’association BLOOM. Une pétition mise en ligne sur le site de BLOOM en juin 2013 avait recueilli 26 000 signatures en cinq mois. Mais depuis lundi 18 novembre, le compteur explose avec plus de 260 000 signatures recueillies au moment où ce mail vous parvient (voir la progression sur : http://petition.bloomassociation.org/). De fait, le serveur de BLOOM n’a pas tenu la charge et pendant 12 heures hier, la pétition n’était plus accessible en ligne.

Quelle est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres des réseaux sociaux ?

Le lundi soir 18 novembre, la dessinatrice Pénélope Bagieu poste sur son blog (http://www.penelope-jolicoeur.com/2013/11/prends-cinq-minutes-et-signe-copain-.html) une planche illustrée, savoureuse et hilarante, qui dénonce le scandale financier, social et environnemental de la pêche profonde réalisée par une dizaine de navires français, dont une majorité appartient à Intermarché. Le Huffington Post et Rue 89 demandent immédiatement à la dessinatrice star des réseaux sociaux s’ils peuvent partager son billet, le buzz prend.

La pétition de BLOOM recueille actuellement 10 signatures par seconde. Cette extraordinaire mobilisation des Français se produit à 19 jours d’un vote décisif du Parlement européen sur l’avenir des pêches profondes : le 10 décembre prochain, les 766 eurodéputés devront décider s’ils acceptent la proposition de la Commission européenne d’interdire la méthode de pêche du chalutage profond, dénoncée par plus de 300 chercheurs comme "la plus destructrice de l’histoire." (Voir : http://www.bloomassociation.org/une-petition-et-la-mobilisation-de-centaines-de-chercheurs-pour-rappeler-a-francois-hollande-dhonorer-ses-engagements/).La Commission européenne ne propose pas l’interdiction de toute pêche en profondeur mais seulement l’élimination des méthodes de pêche les plus destructrices. Elle propose par exemple la conversion à des méthodes de pêche moins impactantes pour l’environnement et plus bénéfiques pour l’emploi comme la palangre.

Une analyse économique de la New Economic Foundation, rendue publique hier (http://s.bsd.net/nefoundation/default/page/-/images/publications/Deep_Trouble_FRENCH.pdf) révèle que le chalutage de fond utilisé par les énormes navires de pêche industrielle est l’une des techniques de pêche les moins performantes du point de vue du nombre d’emplois créés par tonne de poisson capturée. Selon eux, la palangre génère 6 fois plus d’emplois que le chalutage de fond.

"Depuis la sortie de la proposition de règlement par la Commission européenne, les conglomérats industriels impliqués dans la pêche profonde et les élus n’ont fait qu’agiter la grande menace de la perte d’emplois que celle-ci engendrerait, en avançant des chiffres fantastiques qui n’ont fait qu’enfler au fil du temps, sans aucune justification rationnelle. La réalité, c’est que s’ils acceptaient la proposition de la Commission européenne de se convertir à la palangre, ils créeraient des emplois ! Mais cette option n’est jamais mentionnée car ils n’ont visiblement aucune volonté d’alourdir leurs comptes d’exploitation avec des salaires et charges sociales supplémentaires" explique Claire Nouvian, fondatrice de l’association BLOOM. "Le joker "emplois" est donc opportuniste et malhonnête, mais personne n’est dupe au niveau européen. Nous espérons simplement que les Bretons ne se laisseront pas berner par cette construction d’une fausse menace sociale."




Force 5 : « on espère avoir du poids ! »

Jean-Yves Quéméneur est président de l’association Force 5, il revient sur l’historique du projet d’extraction de sable sur le plateau des Duons.

« L’associations Force 5 se félicite de la décision des juges du Tribunal administratif de Rennes du 29 juin 2012 concernant l’arrêté préfectoral du 30 décembre 2009. Entre temps, un décret ministériel du 19 juillet 2011 signé par le Premier ministre François Fillon, le ministre de l’industrie Eric Besson et par le ministre du Budget François Barouin, accordait un titre minier à la Compagnie Armoricaine de Navigation (CAN). Ce décret est contesté par notre association au Conseil d’Etat. Ensuite, le Préfet du Finistère, P. Mailhos, a établi 2 arrêtés préfectoraux les 20 et 21 octobre 2011 autorisant la CAN à reprendre les extractions de sable coquillier. Ces deux arrêtés sont contestés au Tribunal administratif de Rennes, avec l’appui de l’avocat Me Leclercq. Suite à une décision de la commission de suivi scientifique du 13 janvier 2012, en application des arrêtés, Force 5 a appris par le directeur général de la CAN, Sébastien Floch que les extractions de sable coquillier reprenaient le 20 janvier 2012. »

« Beaucoup d’espèces pourraient être impactées »

Pour Jean-Yves Quéméneur, président de Force 5, « Le plateau des Duons est une zone Natura 2000 qui comporte de nombreux bars et lançons. L’extraction va entrainer des turpitudes et panaches dans les fonds marins. » Yves-Marie Le Lay nous parlait des risques de l’extraction de sable il y a quelques mois, concernant le projet en baie de Lannion, à Trébeurden : « Si le projet est mené à terme, beaucoup d’espèces seront affectées. L’extraction de sable si près des côtes entraîne un risque de turbidité : des éléments fins seront rejetés après aspiration par le bateau, et diffusés tout autour. Les fonds-marins risquent ainsi d’être détruits. Des ilots rocheux vont eux-aussi être recouverts de ces sédiments. L’impact économique n’est pas non plus négligeable, l’activité sous-marine comme la plongée est clairement menacée. »

 

Plus web :

3000 personnes contre l’extraction de sable à Trébeurden

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