Chalutier hybride : Les pêcheurs sortent la tête de l’eau

 La goutte d’eau qui fait couler le bateau

 Le projet Fish2éco-energy, ou l’expression du ras le bol d’un secteur délaissé qui décide de reprendre les choses en main. Tel est le sentiment de Thierrry Leprêtre, patron de pêche du projet Fish2éco-energy. Il explique, dans un communiqué : « si jusque 2008, les charges liées au carburant représentaient 20% à 25% du chiffre d’affaire, elles dépassent aujourd’hui les 40% ». Conséquences directes, les salaires des équipages se voient amputés, pour les « chanceux » qui réussissent tant bien que mal à faire perdurer leur activité, qui ne mettent pas pied à terre définitivement.

La pêche artisanale est dans le creux de la vague, et rien ne semble indiquer une quelconque avancée. Certes, les navires évoluent, on peut citer des innovations telles que l’allègement des navires, la conception des coques ou bien les logiciels embarqués, mais cela ne suffit nullement à palier les dépenses en carburant qui se comptent en milliers d’euros (un navire de 25 mètres consomme 10 tonnes de gazole par semaine, soit de 7000 à 9000 euros !) Alors lorsque s’effondrent les prix du poissons et que les quotas de pêche se voient diminuer, cela ne fait que précipiter le naufrage. On comprend mieux la frustration d’un secteur dénigré par l’innovation.

S’attaquer aux causes du problême

 Foucauld Desjonquères, qui contrôle et suit la mise au point de la motorisation hybride sur la Frégate, indique à son tour « pour répondre aux premières urgences, le projet Fish2EcoEnergy s’est fixé comme objectif de départ de baisser les charges liées à la motorisation avec une économie immédiate de 35 à 40% sur le coût du carburant. Concernant l’impact environnemental, la diminution des émissions de CO2 escomptée est fixée à 80%. »

Pour relever le défi, la frégate à été équipée d’une génératrice de 450kw. Alimentée au gazole, elle va laisser place au gaz naturel dès 2014. Des résultats directs, pour un projet évolutif. Jacques Bigot (Président de France Pêche Durable et Responsable) nous annonce que « le chalutier hybride pourra évoluer dans le temps. Il fonctionnera tout d’abord avec 75% de gaz naturel, et demain au moyen de piles combustibles, de l’éolien ? Dès 2014, le gaz sera complémentaire au fuel. Avec le gaz naturel, notre impact carbone est réduit de 90% par rapport au fuel. Il nous témoigne également que l’utilisation du gaz comme alternative au gazole est possible grâce à une «convention signée auprès de GRDF pour une installation de gaz naturel sur le port de Boulogne-sur-Mer qui deviendra un « port vert »

Economie oui , mais pas que…

Car outre l’aspect financier, comme nous l’indique Jacques Bigot, il faut aussi « répondre aux exigences environnementales de plus en plus pointues ». C’est donc également dans un soucis de préservation de l’environnement que le projet a pris le large. Les équipements de pêche, notamment le chalut, ont bénéficier d’améliorations. Il nous confie que « du côté des pertes de poisson, nous faisons en sorte d’instaurer des techniques de pêches alternatives via un programme de formation et communication auprès des pêcheurs. Le but est de rentabiliser l’activité sans pêcher plus, mais autrement. Toute une pédagogie est à développer auprès des professionnels de la mer ». Selon Eric Guyniec, Président de la coopérative maritime lorientaise, « les économies de carburant liées à l’utilisation des seuls nouveaux engins de pêche, évaluées à 15%, permettraient d’améliorer la trésorerie des entreprises. »

Guillaume Loth, jeune ingénieur chargé d’optimiser le rendements de chaluts, précise que « les innovations sur les chaluts permettent de conjuguer meilleure qualité de poisson et économies de carburant. Ces économies viennent s’ajouter à celles réalisées par la propulsion hybride. »

Redonner de l’espoir à tout un secteur

Le projet Fish2EcoEnergy se veut donc révolutionnaire,mais aussi nécessaire et exemplaire, selon le président de FPD&R, « la mission de notre association est, non seulement d’insuffler un nouveau souffle à la pêche française, mais aussi de se démarquer d’une attitude  »victimaire » dont souffre souvent les marins ». Il nous assure également que l’hybridation d’un navire est loin d’être utopiste : « pour les marins qui souhaiteront investir dans un chalutier hybride, il n’y aura pas de surcoût sinon en ce qui concerne la motorisation. Le moteur électrique alimenté par la génératrice fuel-gaz sera amortit sous trois ans. Et l’entretien est très inférieur à celui nécessaire pour les moteurs lambda. »

Né d’une initiative contestataire, ce projet concret de navire hybride ouvre les portes du possible. Il se propose de relancer la pêche artisanale en prenant en compte les contraintes, qu’elles soient économiques ou environnementales. Un coup de maître de la part d’un réseau, qui tourne une page de l’histoire nautique.

Un leurre pour adoucir le débat ?

Toutefois, « il ne faut pas se tromper de combat » nous témoigne François Chartier, responsable des campagnes pêches à Greenpeace « Ce projet de chalutier hybride est intéressant si il peut réduire son impact carbone par rapport aux chalutiers existants, grands consommateurs en carburants. Ceci dit, à l’heure du débat sur la pêche en eau profonde: ce chalutier ne réduit pas son impact causé sur les fonds marins. »

France Pêche Durable et Responsable assure, quant à elle, que le nouveau chalut est « sélectif et réducteur de trainée, entraînant une réduction de l’impact sur les ressources »

Le débat sur la pêche en eaux profondes étant engagé, il appartient maintenant aux politiques de trancher. Le projet d’hybridation d’un navire est une révolution technologique, mais son utilisation en tant que chalutier ne fait pas l’unanimité. Affaire à suivre.

 

Plus d’infos :

Site de France Pêche Durable et Responsable :

http://www.francepechedurable.eu/

 

 

 

 




Chalutier hybride : Les pêcheurs sortent la tête de l’eau

 La goutte d’eau qui fait couler le bateau

 Le projet Fish2éco-energy, ou l’expression du ras le bol d’un secteur délaissé qui décide de reprendre les choses en main. Tel est le sentiment de Thierrry Leprêtre, patron de pêche du projet Fish2éco-energy. Il explique, dans un communiqué : « si jusque 2008, les charges liées au carburant représentaient 20% à 25% du chiffre d’affaire, elles dépassent aujourd’hui les 40% ». Conséquences directes, les salaires des équipages se voient amputés, pour les « chanceux » qui réussissent tant bien que mal à faire perdurer leur activité, qui ne mettent pas pied à terre définitivement.

La pêche artisanale est dans le creux de la vague, et rien ne semble indiquer une quelconque avancée. Certes, les navires évoluent, on peut citer des innovations telles que l’allègement des navires, la conception des coques ou bien les logiciels embarqués, mais cela ne suffit nullement à palier les dépenses en carburant qui se comptent en milliers d’euros (un navire de 25 mètres consomme 10 tonnes de gazole par semaine, soit de 7000 à 9000 euros !) Alors lorsque s’effondrent les prix du poissons et que les quotas de pêche se voient diminuer, cela ne fait que précipiter le naufrage. On comprend mieux la frustration d’un secteur dénigré par l’innovation.

S’attaquer aux causes du problême

 Foucauld Desjonquères, qui contrôle et suit la mise au point de la motorisation hybride sur la Frégate, indique à son tour « pour répondre aux premières urgences, le projet Fish2EcoEnergy s’est fixé comme objectif de départ de baisser les charges liées à la motorisation avec une économie immédiate de 35 à 40% sur le coût du carburant. Concernant l’impact environnemental, la diminution des émissions de CO2 escomptée est fixée à 80%. »

Pour relever le défi, la frégate à été équipée d’une génératrice de 450kw. Alimentée au gazole, elle va laisser place au gaz naturel dès 2014. Des résultats directs, pour un projet évolutif. Jacques Bigot (Président de France Pêche Durable et Responsable) nous annonce que « le chalutier hybride pourra évoluer dans le temps. Il fonctionnera tout d’abord avec 75% de gaz naturel, et demain au moyen de piles combustibles, de l’éolien ? Dès 2014, le gaz sera complémentaire au fuel. Avec le gaz naturel, notre impact carbone est réduit de 90% par rapport au fuel. Il nous témoigne également que l’utilisation du gaz comme alternative au gazole est possible grâce à une «convention signée auprès de GRDF pour une installation de gaz naturel sur le port de Boulogne-sur-Mer qui deviendra un « port vert »

Economie oui , mais pas que…

Car outre l’aspect financier, comme nous l’indique Jacques Bigot, il faut aussi « répondre aux exigences environnementales de plus en plus pointues ». C’est donc également dans un soucis de préservation de l’environnement que le projet a pris le large. Les équipements de pêche, notamment le chalut, ont bénéficier d’améliorations. Il nous confie que « du côté des pertes de poisson, nous faisons en sorte d’instaurer des techniques de pêches alternatives via un programme de formation et communication auprès des pêcheurs. Le but est de rentabiliser l’activité sans pêcher plus, mais autrement. Toute une pédagogie est à développer auprès des professionnels de la mer ». Selon Eric Guyniec, Président de la coopérative maritime lorientaise, « les économies de carburant liées à l’utilisation des seuls nouveaux engins de pêche, évaluées à 15%, permettraient d’améliorer la trésorerie des entreprises. »

Guillaume Loth, jeune ingénieur chargé d’optimiser le rendements de chaluts, précise que « les innovations sur les chaluts permettent de conjuguer meilleure qualité de poisson et économies de carburant. Ces économies viennent s’ajouter à celles réalisées par la propulsion hybride. »

Redonner de l’espoir à tout un secteur

Le projet Fish2EcoEnergy se veut donc révolutionnaire,mais aussi nécessaire et exemplaire, selon le président de FPD&R, « la mission de notre association est, non seulement d’insuffler un nouveau souffle à la pêche française, mais aussi de se démarquer d’une attitude  »victimaire » dont souffre souvent les marins ». Il nous assure également que l’hybridation d’un navire est loin d’être utopiste : « pour les marins qui souhaiteront investir dans un chalutier hybride, il n’y aura pas de surcoût sinon en ce qui concerne la motorisation. Le moteur électrique alimenté par la génératrice fuel-gaz sera amortit sous trois ans. Et l’entretien est très inférieur à celui nécessaire pour les moteurs lambda. »

Né d’une initiative contestataire, ce projet concret de navire hybride ouvre les portes du possible. Il se propose de relancer la pêche artisanale en prenant en compte les contraintes, qu’elles soient économiques ou environnementales. Un coup de maître de la part d’un réseau, qui tourne une page de l’histoire nautique.

Un leurre pour adoucir le débat ?

Toutefois, « il ne faut pas se tromper de combat » nous témoigne François Chartier, responsable des campagnes pêches à Greenpeace « Ce projet de chalutier hybride est intéressant si il peut réduire son impact carbone par rapport aux chalutiers existants, grands consommateurs en carburants. Ceci dit, à l’heure du débat sur la pêche en eau profonde: ce chalutier ne réduit pas son impact causé sur les fonds marins. »

France Pêche Durable et Responsable assure, quant à elle, que le nouveau chalut est « sélectif et réducteur de trainée, entraînant une réduction de l’impact sur les ressources »

Le débat sur la pêche en eaux profondes étant engagé, il appartient maintenant aux politiques de trancher. Le projet d’hybridation d’un navire est une révolution technologique, mais son utilisation en tant que chalutier ne fait pas l’unanimité. Affaire à suivre.

 

Plus d’infos :

Site de France Pêche Durable et Responsable :

http://www.francepechedurable.eu/

 

 

 

 




Un webdoc sur la pêche bretonne

« Il y a des sacrifices à faire, mais c’est le choix d’une vie ». Cette déclaration émane de Yann, jeune pêcheur de 23 ans, objet du webdocumentaire « Yann. Pêche, avenir et crustacés », réalisé par Florent Bouchardeau et Cécile Andrieu. Un projet, qui a duré un an, et qui a vu le jour suite à une balade sur le port du Diben, que les deux réalisateurs connaissent bien pour avoir passé un partie de leurs vacances dans le secteur. « Nous avions vraiment envie de travailler autour de cet endroit », précise Florent Bouchardeau, journaliste spécialisé dans le multimédia. A la recherche d’un sujet autour de la pêche, ils y ont rencontré Yann, 23 ans, le plus jeune pêcheur du port. « Nous avons parlé de son métier, de sa passion pour celui-ci. On s’est dit tout de suite qu’il y avait quelque chose à faire », raconte Florent. De fil en aiguille, le projet prend de l’ampleur. « Son histoire était passionnante, et puis à travers son portrait on pouvait aussi évoquer le secteur de la pêche en Bretagne, la complexité des lois, les quotas, les dfférentes pratiques du métier, les financements, la dimension environnementale… », poursuit-il.

 

Un appel au financement participatif

 

Reste à choisir le bon format pour raconter cette histoire. Le choix de Florent et Cécile se porte alors naturellement vers le webdocumentaire. Un média qui permet de mixer plusieurs supports, comme la vidéo, la photo, l’infographie, ou encore l’audio. « Le webdocumentaire permet un assemblage de tout cela, et de créer un lien narratif », précise Florent. « Et techniquement, cela reste assez simple à réaliser ». Le spectateur embarque donc avec Yann et son patron Yannick, sur le bateau Les tontons flingeurs, et part ainsi à la découverte du métier et du secteur de la petite pêche.

Pour mener à bien leur entreprise, Florent et Cécile ont également fait appel au crowdfunding, c’est-à-dire au financement participatif, par le biais de la plateforme web bretonne « Octopousse » (racheté depuis par Ulule, ndlr). « Cela nous a permis de faire connaître le projet, et de faire participer le public, notamment les habitants du territoire », précise Florent. Une association, « la pile d’assiettes » a été également été créée pour porter le projet de webdocumentaire. Mais pas seulement. «L’idée est de fédérer les habitants de Plougasnou », comment Florent. C’est pour cela qu’elle s’attelle désormais à autre projet : l’organisation d’un festival pluridisciplinaire sur la commune !

 

 

 

 

 

Visionnez dès à présent le webdoc si dessous :

 




Un webdoc sur la pêche bretonne

« Il y a des sacrifices à faire, mais c’est le choix d’une vie ». Cette déclaration émane de Yann, jeune pêcheur de 23 ans, objet du webdocumentaire « Yann. Pêche, avenir et crustacés », réalisé par Florent Bouchardeau et Cécile Andrieu. Un projet, qui a duré un an, et qui a vu le jour suite à une balade sur le port du Diben, que les deux réalisateurs connaissent bien pour avoir passé un partie de leurs vacances dans le secteur. « Nous avions vraiment envie de travailler autour de cet endroit », précise Florent Bouchardeau, journaliste spécialisé dans le multimédia. A la recherche d’un sujet autour de la pêche, ils y ont rencontré Yann, 23 ans, le plus jeune pêcheur du port. « Nous avons parlé de son métier, de sa passion pour celui-ci. On s’est dit tout de suite qu’il y avait quelque chose à faire », raconte Florent. De fil en aiguille, le projet prend de l’ampleur. « Son histoire était passionnante, et puis à travers son portrait on pouvait aussi évoquer le secteur de la pêche en Bretagne, la complexité des lois, les quotas, les dfférentes pratiques du métier, les financements, la dimension environnementale… », poursuit-il.

 

Un appel au financement participatif

 

Reste à choisir le bon format pour raconter cette histoire. Le choix de Florent et Cécile se porte alors naturellement vers le webdocumentaire. Un média qui permet de mixer plusieurs supports, comme la vidéo, la photo, l’infographie, ou encore l’audio. « Le webdocumentaire permet un assemblage de tout cela, et de créer un lien narratif », précise Florent. « Et techniquement, cela reste assez simple à réaliser ». Le spectateur embarque donc avec Yann et son patron Yannick, sur le bateau Les tontons flingeurs, et part ainsi à la découverte du métier et du secteur de la petite pêche.

Pour mener à bien leur entreprise, Florent et Cécile ont également fait appel au crowdfunding, c’est-à-dire au financement participatif, par le biais de la plateforme web bretonne « Octopousse » (racheté depuis par Ulule, ndlr). « Cela nous a permis de faire connaître le projet, et de faire participer le public, notamment les habitants du territoire », précise Florent. Une association, « la pile d’assiettes » a été également été créée pour porter le projet de webdocumentaire. Mais pas seulement. «L’idée est de fédérer les habitants de Plougasnou », comment Florent. C’est pour cela qu’elle s’attelle désormais à autre projet : l’organisation d’un festival pluridisciplinaire sur la commune !

 

 

 

 

 

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Un webdoc sur la pêche bretonne

« Il y a des sacrifices à faire, mais c’est le choix d’une vie ». Cette déclaration émane de Yann, jeune pêcheur de 23 ans, objet du webdocumentaire « Yann. Pêche, avenir et crustacés », réalisé par Florent Bouchardeau et Cécile Andrieu. Un projet, qui a duré un an, et qui a vu le jour suite à une balade sur le port du Diben, que les deux réalisateurs connaissent bien pour avoir passé un partie de leurs vacances dans le secteur. « Nous avions vraiment envie de travailler autour de cet endroit », précise Florent Bouchardeau, journaliste spécialisé dans le multimédia. A la recherche d’un sujet autour de la pêche, ils y ont rencontré Yann, 23 ans, le plus jeune pêcheur du port. « Nous avons parlé de son métier, de sa passion pour celui-ci. On s’est dit tout de suite qu’il y avait quelque chose à faire », raconte Florent. De fil en aiguille, le projet prend de l’ampleur. « Son histoire était passionnante, et puis à travers son portrait on pouvait aussi évoquer le secteur de la pêche en Bretagne, la complexité des lois, les quotas, les dfférentes pratiques du métier, les financements, la dimension environnementale… », poursuit-il.

 

Un appel au financement participatif

 

Reste à choisir le bon format pour raconter cette histoire. Le choix de Florent et Cécile se porte alors naturellement vers le webdocumentaire. Un média qui permet de mixer plusieurs supports, comme la vidéo, la photo, l’infographie, ou encore l’audio. « Le webdocumentaire permet un assemblage de tout cela, et de créer un lien narratif », précise Florent. « Et techniquement, cela reste assez simple à réaliser ». Le spectateur embarque donc avec Yann et son patron Yannick, sur le bateau Les tontons flingeurs, et part ainsi à la découverte du métier et du secteur de la petite pêche.

Pour mener à bien leur entreprise, Florent et Cécile ont également fait appel au crowdfunding, c’est-à-dire au financement participatif, par le biais de la plateforme web bretonne « Octopousse » (racheté depuis par Ulule, ndlr). « Cela nous a permis de faire connaître le projet, et de faire participer le public, notamment les habitants du territoire », précise Florent. Une association, « la pile d’assiettes » a été également été créée pour porter le projet de webdocumentaire. Mais pas seulement. «L’idée est de fédérer les habitants de Plougasnou », comment Florent. C’est pour cela qu’elle s’attelle désormais à autre projet : l’organisation d’un festival pluridisciplinaire sur la commune !

 

 

 

 

 

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Pêche en eau profonde: l’Europe saura-t-elle trancher?

La Scapêche (Société Centrale des Armements mousquetaires à la Pêche, flotte d’Intermarché engagée dans la pêche en eau profonde), ne s’était encore jamais lancée dans une campagne de communication d’une si grande ampleur. C’est que son intérêt est grand, dans cette affaire de pêche en eau profonde. En juillet 2012, la Commission Européenne a en effet proposé de supprimer progressivement des surfaces de pêche les chaluts et filets maillants de fond. Dès lors, la Scapêche dénonce une lois destructrice, pointant tantôt 600 emplois locaux supprimés non substitués, notamment sur le port de Lorient, l’un des trois plus grands ports de pêche français. Tantôt 3000 postes liés de près ou de loin à la pêche en Bretagne, en comptant marins, mareyeurs, criées..

La pêche la plus encadrée d’Europe

Pour Fabien Dulon, directeur général de la Scapêche « la pêche de grands fonds est la plus contrôlée et encadrée des pêches. Si cette loi est votée, elle anéantirait l’activité de pêche en eaux profondes, entraînant des importations massives. Ce qui ne ferait que déplacer le problème ». La pêche au chalut est en effet suivie et contrôlée de près grâce à une géolocalisation 24h/24 par le CNSP (centre national de surveillance des pêches ndlr). Par ailleurs, son RMD (rendement maximum durable, ndlr) pour les espèces fragiles a été atteint en 2012. La réaction de l’association Bloom (pour la protection marine) ne s’est pas fait attendre. Elle dénonce le chantage à l’emploi. La Commission Européenne propose une pêche moins agressive, utilisant la palangre*. Cette méthode serait d’ailleurs créatrice de 6 fois plus d’emplois, compte tenue de ses besoins en main d’œuvre, selon l’association Bloom.

Le gel des chalutiers pour quel impact économique ?

Le Comité National des Pêches annonce à son tour que l’impact économique de la diminution progressive des chalutages dépasse les frontières de la Bretagne : « 400 navires français sont concernés pas cette décision. Il convient de noter que plus de 50% des espèces dites d’eau profonde vivent au-dessus de 200 mètres de profondeur ». Les fonds marins seraient donc épargnés. Le comité ajoute que, « pour maintenir cette pêche déjà très fortement encadrée, les pêcheurs ont proposé des mesures de protection des zones récifales. Ces propositions ont été votées par la Commission Pêche du Parlement Européen ».

« Des autoroutes dans les récifs »

Après l’emploi, autre argument développé, le faible impact environnemental des chalutiers. Jeudi 21 novembre, lors de la conférence de presse de la Scapêche intitulée « journée vérité sur la pêche profonde », une vidéo tournée à partir d’une caméra embarquée sur le filet d’un chalutier montre qu’aucune poussière de sable n’est provoquée par le passage de l’engin, de même qu’aucun corail n’est arraché des profondeurs : le filet ne fait que survoler des fonds sablo-vaseux. Ainsi, pour Jean-Pierre Le Visage, responsable d’exploitation de la Scapêche, l’impact environnemental des chalutiers est limité.

Un argument démenti par la New Economics Foundation (Nef, un groupe de réflexion britannique qui promeut la justice sociale, économique et environnementale ndlr), qui explique que « les écosystèmes d’eau profonde présentent une biodiversité extrêmement riche, à la fois précieuse et vulnérable, et le chalutage de fond a d’importants impacts négatifs sur ces écosystèmes. Cela en partie a cause de la faible sélectivité de l’engin qui racle le sol sur son passage ». Sophie Arnaud-Haond, chercheuse à l’Ifremer (l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer ndlr), estime de son côté que le passage des chaluts dans les fonds marins provoque des « autoroutes dans les récifs ». Et Jean-Pierre Le Visage de considérer finalement « qu’aucune pêche n’est zéro impact. Toute activité a un effet plus ou moins variable selon les écosystèmes concernés ».

Quelle est la part concernée par les espèces pêchées en eau profonde ?

Trois espèces sont principalement visées par la pêche profonde : le grenadier, la lingue bleue et le sabre noir. Et ils représenteraient, pour la Scapêche, les trois-quarts des captures. Mais l’association Bloom souligne, quant à elle,  qu‘« environ 18% de tous les poissons vendus à la criée de Lorient sont des poissons d’eaux profondes. Ces dernières ne représentent que 3% de tous les poissons qui sont débarqués à Lorient, qui y transitent et y sont transformés. »

Autre chose, à en croire un rapport de la New Economics Foundation,  une quinzaine d’espèces peuvent être capturées dans un trait de chalut pour seulement trois recherchées…. Pour Jean-Pierre Le Visage, « la pêche de grands fonds enregistre 20% de rejets seulement, contre 13% pour les pêches de surface ce qui en fait une pêche plutôt vertueuse ».

De son côté, Alain Biseau, responsable de l’expertise halieutique pour l’Ifremer reconnaît la surexploitation passée des populations d’eaux profondes, mais il tempère : « aujourd’hui, on peut dire que ces trois espèces ( le grenadier, la lingue bleue et le sabre noir) sont exploitées de manière durable ». Un plaidoyer pour une pêche au chalut raisonnée à l’instant démenti par un communiqué de presse publié par l’association Bloom: "l’Ifremer retire sa caution scientifique aux lobbies de la pêche profonde". (CF fichier rattaché en fin d’article).

La pêche à la palangre, une alternative ?

Pour François Chartier, responsable des campagnes pêches à Greenpeace, « Personne ne parle d’arrêter complètement la pêche en eaux profondes. Ce qui est sur la table, c’est le changement de technique des moyens les plus destructeurs, comme le chalutage. Cela passe notamment par l’arrêt de la pêche des espèces menacées. De plus, la part de la pêche profonde à Lorient n’est pas majoritaire. Le chalutage est un outil mécanisé. A l’inverse, le développement de la pêche à la palangre est créatrice d’emplois sur le territoire, elle nécessite plus de main-d’oeuvre »

Toujours à en croire le rapport de la New Economics Foundation, le chalutage fait partie des méthodes de pêche les moins performantes du po
int de vue du nombre d’emplois rapporté au tonnage de captures. Côté rendements, la Nef estime que "les chalutiers capturent 52% de l’ensemble des espèces d’eau profonde dans l’Atlantique Nord-Est, tandis que les palangriers en capturent 38% et les navires pêchant au filet maillant seulement 2%". La pêche à la palangre serait donc une alternative, non seulement moins impactante mais aussi  créatrice d’emplois…

Lobbying ou défense d’une pêche responsable ?

Alors, quel intérêt pour la Scapêche, de poursuivre son activité de chalut en eaux profondes ? « Tant qu’on a affaire à un système subventionné, un gazole déclassé, l’activité perdure. C’est une vitrine pour Intermarché qui est le seul groupe qui possède sa propre flottille. » déplore François Chartier.

Fabien Dulon souligne au contraire que « la pêche en eaux profondes est une activité rentable, avec un chiffre d’affaire 2012 de près de 43 milions d’euros et un poids économique considéreable en Europe. Elle est aussi durable car elle respecte des quotas et géolocalisée 24h/24 par le CNSP (centre national de surveillance des pêches ndlr) ».

Pour Alain Le Sann, secrétaire du Collectif Pêche et Développement, « la pêche au chalut est nécessaire, déjà parce qu’elle est complémentaire à la pêche artisanale, elle ne la menace en rien : au contraire son interdiction risque d’augmenter la pression sur les stocks du plateau continental avec le risque d’une compétition entre les pêcheries artisanales. La pêche de grands fonds assure aussi la viabilité des armements et des ports et une diversité avec des espèces bon marché, ce qui favorise l’activité des artisans pêcheurs. La pêche qu’il faut condamner aujourd’hui n’est pas le chalut, mais la pêche minotière* ».

Quant à Francois Chartier, il souligne : « nous condamnons la pêche minotière autant que la pêche en eau profonde à partir du moment où ces techniques vont à l’encontre d’une gestion durable des ressources naturelles ».

Rendez-vous le 10 décembre prochain pour la délibération du conseil des Etas membres, et du Parlement, où le texte voté en Commission sera présenté en séance plénière.

Derrière minute:

Un article de l’Express paru ce jeudi 28 novembre 2013:

http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/le-chalutage-en-eaux-profondes-est-il-dangereux_1303105.html

Un communiqué de presse de l’association Bloom, vient de paraître: "l’Ifremer retire sa caution scientifique aux lobbies de la pêche profonde". Se référer au fichier rattaché.

Plus d’infos:

www.scapeche.fr/

http://ec.europa.eu/fisheries/index_fr.htm

http://www.bretagne-durable.info/ecoclub/biodiversite/p%C3%AAche-chasse/nicolas-hulot-lance-un-appel-politique-fr%C3%A9d%C3%A9ric-cuvillier-sur-p%C3%AAch

http://www.bretagne-durable.info/ecoclub/biodiversite/p%C3%AAche-chasse/mobilisation-extraordinaire-sur-r%C3%A9seaux-sociaux-contre-p%C3%AAche-destr

http://www.bloomassociation.org/download/2013_28%20mars_CP_Spi_Ouest_France_Intermarche.pdf

http://www.bloomassociation.org/wp-content/uploads/2013/05/Comptes_Scapeche_FR.pdf

Lexique :

Le chalutier : un bateau de pêche qui doit son nom au filet qu’il utilise : le chalut. En forme d’entonnoir, le filet est trainé via des cables d’acier par un, ou parfois deux chalutiers à plus ou moins grande profondeur. On parle alors de chalut ou chalut de fond. (Wikipedia)

Le filet maillant de fond : est conçu pour piéger le poisson par la tête en le retenant prisonnier par les ouïes. Il est posé sur le fond sous-marin car son lestage est supérieur à sa flottabilité. Il est mis à l’eau depuis le navire en plusieurs sections de quelques mètres, jusqu’à une cinquantaine de kilomètres. Selon la profondeur de la mer à l’endroit où il est posé et selon la taille des mailles du filet, diverses espèces de poissons sont ciblées. (Wikipedia)

Pêche minotière : activité de pêche en mer dont les captures sont transformées en farine essentiellement comme aliment sec pour l’élevage du porc et de la volaille, mais aussi en huile et autres sous-produits. (définition : aquaportail.com)

La Palangre : un engin de pêche dormant qui se présente sous la forme d’une ralligue sur laquelle on bague des cordage se terminant par un hameçon. (Wikipedia)

New Economics Foundation : Premier groupe de réflexion britannique à promouvoir la justice sociale, économique et environnementale. Il se donne l’objectif d’amener à la grande transition, de transformer l’économie au service des individus et de la planète.