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Bascule Argoat, entre tiers-lieu et éco-lieu des transitions écologiques en Centre Ouest Bretagne (56).

A la suite de la deuxième Edition de son Forum des coopérations, le Réseau Cohérence publie en partenariat avec Eco-bretons une série d’articles sur l’engagement. Chaque article présente une initiative inspirante en Bretagne avec un focus sur sa manière d’accompagner l’engagement dans les transitions : comment sortir de l’entre-soi ; comment toucher de nouvelles personnes ou comment se relier à d’autres initiatives et coopérer ? Des enjeux auxquels nous tentons de répondre au travers de ce dossier. Nous continuons notre présentation avec une initiative du Centre Ouest Bretagne, au cœur de Roi Morvan Communauté : le Tiers-lieu Bascule Argoat. Pour comprendre comment ce lieu à la fois d’habitation, d’accueil et d’expérimentation des transitions écologiques et sociales fonctionne et aborde la question de l’engagement, nous avons interviewé Simon Suire, habitant permanent de Bascule Argoat.

Cohérence : « Pour commencer, pourrais-tu nous en dire un peu plus sur Bascule Argoat ? »

Simon : « Bascule Argoat, c’est un collectif d’une petite quinzaine de personnes, de 24 à 41 ans, qui fonctionne en gouvernance partagée et en auto-gestion [Vous pouvez trouver plus d’informations sur leurs définitions de ces termes par ici : https://argoat.la-bascule.org/notre-mode-de-fonctionnement]. Aujourd’hui nous avons une Raison d’Être posée depuis le début de l’aventure et après deux ans et demi d’existence elle nous paraît trop large et pas assez précise, et nous souhaitons la rafraîchir.

Concrètement Bascule Argoat c’est un grand bâtiment de 800m2 avec un grand jardin de 3500m2 en ruralité, entre Rostrenen et le Faouët. On est plutôt un projet associatif avant d’être un projet d’habitat même si le projet d’habitat est parti intégrante du projet. »

 

 

Cohérence : « Comment parvenez-vous à susciter un engagement à travers vos activités ? »

Simon : « Bascule Argoat suscite l’engagement par deux moyens, tout d’abord sur notre lieu à travers l’accueil et l’expérimentation. Nous expérimentons beaucoup de choses qui sont liées aux transitions et nous ouvrons notre collectif. Concernant l’accueil nous avons une semaine d’accueil par mois qui est dédiée à la découverte de la vie en collectif à Bascule Argoat et de nos outils. Des personnes – que nous ne connaissons pas forcément – nous contactent et peuvent venir découvrir comment on vit, fonctionne, travaille, etc… C’est ce qui selon nous permet de planter des graines en inspirant les personnes. Par exemple pour la gouvernance partagée, cela permet de tester nos modes de fonctionnement et des outils d’intelligence collective car nos réunions sont toutes publiques et ouvertes aux visiteurs et visiteuses qui peuvent y assister (mais pas forcément y participer). Sur l’écologie, concernant notre alimentation ou la question de la sobriété énergétique, on montre également ce qu’il est possible de faire avec peu de moyens et des vertus écologiques, voire sociales ou démocratiques. Ça passe par nos projets dans le jardin, nos projets de bricolage ou de rénovation du bâtiment où tout est axé sur le faire soi-même, les low-techs1 et l’encapacitation individuelle.

Ensuite, nous essayons d’accompagner et de favoriser les transitions écologiques, sociales et démocratiques sur notre territoire. Ça passe par des projets avec les élu-es locaux, on travaille par exemple en ce moment sur le Schéma de Cohérence Territoriale (ScoT) du Centre Ouest Bretagne. On organise des consultations citoyennes sur ce plan qui est un document stratégique d’organisation de territoire sur 20 ans et la communauté de communes doit validé ce projet. C’est un document long et très complet avec du jargon administratif et juridique et donc on organise des séances où on lit ensemble le document, on explicite les termes compliqués, on apprend nous même en le faisant et on anime ces échanges là. L’enjeu est de comprendre le document afin d’avoir les clefs pour pouvoir y réagir.

On participe également à un groupe d’entraide qui fonctionne bien et qui s’est créé peu de temps après notre installation : le « groupe du dimanche ». Ce groupe réunit des personnes, sur un rayon d’une trentaine de km, qui se retrouvent une fois par mois pour échanger leurs besoins, envies et services sur le territoire. Nous participons à ces rencontres et je m’implique notamment dans le groupe de travail de facilitation de ce groupe afin de le dynamiser.

Nous faisons également de l’accueil et la préparation de stages sur le lieu. Pour le moment nous organisons nous même deux types de stage : de low tech et de permaculture. Ces stages nous permettent de transmettre ce qu’on a appris et qui fonctionne, et pas que chez nous mais ce sont des éléments de notre lieu de vie. Grâce au stage, au-delà de l’inspiration par l’exemple, cela nous permet de passer dans une dynamique de transmission de ce qu’on fait et ce qu’on sait. »

Cohérence : « Qu’est-ce qui selon toi marche le mieux pour toucher plus de monde ? »

Simon : « C’est difficile à dire car on a parfois du mal à mesurer l’impact qu’on a. J’ai l’impression que les stages et les immersions via l’accueil ça marche bien. Pour l’accueil il y a des gens qui viennent nous voir pour découvrir un truc et souvent on fait parti d’un circuit de ces personnes qui visitent d’autres éco-lieux alors qu’un stage les gens viennent rechercher un savoir précis avec souvent la volonté de l’appliquer directement. Le point commun de ces deux choses c’est que l’immersion marche vraiment bien pour faire évoluer les personnes, faire changer de posture car même si ce n’est jamais parfait on fait une démonstration par l’exemple. D’être en situation dans un lieu qui a des low tech, qui fonctionne en gouvernance partagée, ça permet de les voir fonctionner, de voir leurs apports et leur richesse. Et ce n’est vraiment pas la même chose que de voir une conférence, lire un article, regarder une vidéo… Ce qui touche vraiment les gens c’est qu’on propose des choses fonctionnelles. Par exemple manger végétarien tous les jours ça paraît inaccessible pour beaucoup de gens. Quand on voit le poids d’un régime alimentaire carné vis-à-vis d’un régime alimentaire végétarien sur les émissions de CO2 individuel il y a un vrai enjeu à montrer qu’on peut manger bien et sain en étant végétarien. C’est quelque chose auquel on est super attachés et on fait attention à proposer quelque chose qui donne envie. C’est plein de couleurs, avec des produits de saison… On mange beaucoup de choses de notre jardin, c’est super inspirant et ça nous réjouit beaucoup (hier soir 75 % de notre assiette venait de notre jardin). Ça nous fait réaliser que ça vaut vraiment le coup de mettre de l’énergie dans le jardin. Concernant les low tech on a de tout : des trucs qui fonctionnent bien et qu’on utilise, des choses qu’on a plutôt en « vitrine » et d’autres qui ne marchent pas forcément. On met en avant ce qui marche bien : la marmite norvégienne qui permet de cuisiner en consommant beaucoup moins d’énergie ; les panneaux solaires« low tech » qui permettent de chauffer l’eau en diminuant notre consommation d’électricité (système hybride chaudière à bois, solaire en low tech & électrique si besoin en complément). Le troisième truc qui marche bien c’est qu’on a des vélos donc on peut proposer aux gens d’aller faire des balades à vélos, on ne réinvente rien mais donner la possibilité ça encourage les gens à aller vers une forme de mobilité douce. On a un petit atelier vélo avec de quoi les réparer.

Et le fait d’avoir des regards extérieurs ça nous aide à avancer. Ces personnes qui viennent nous disent ce qui marche mieux ailleurs quand on propose quelque chose qui ne marche pas très bien (ça nous arrive aussi!). »

Cohérence : « L’accueil est donc au centre du projet Bascule Argoat, comment est-ce que ça fonctionne pour bien accueillir aussi souvent ? »

Simon : « C’est Ce qui facilite l’accueil chez nous c’est notre système de « boussolage » : les visiteur-euses qui viennent à la maison notamment pour les semaines de découverte, on les appelle les «explorateur.ices». Et un-e bon-ne explorateur.ices se doit d’avoir une bonne boussole. Donc chaque personne qui arrive a une « boussole », c’est une personne qui va lui donner le meilleur cap en fonction de son intention. Il y a une première prise de contact au téléphone ou par mail, en amont de la venue, afin de se présenter et de comprendre au mieux l’intention de la personne pour sa venue afin de mieux la guider dans son séjour. Ensuite quand la personne est sur place, sa boussole est son point de contact privilégié vis à vis du groupe (même si les personnes du reste du groupe peuvent être sollicités bien évidemment). La boussole est référente pour certains sujets en particulier, par exemple, si la personne veut étendre son séjour (c’est sa boussole qui va amener la demande au groupe). Pour faciliter les accueils on a aussi des phases ou temps qu’on appelle d’« inclusion » et de « déclusion ». Donc côté inclusion c’est le moment où la boussole explique comment fonctionne la maison, qui y vit, ce qu’il va se passer pendant le séjour. Et pour le temps de déclusion c’est un temps de bilan avec la boussole pour savoir si la personne a nourri ses intentions, ce que la personne a apprécié ou moins bien vécu puis dans ce temps il y a a aussi une discussion autour de la participation consciente. C’est un modèle économique où on rend visible nos charges, nos besoins, nos investissements éventuels par rapport à ce qu’il se passe (combien coûtent le chauffage, la nourriture, les temps d’accueil…). En face de cette présentation les personnes peuvent contribuer de plusieurs manières (en compétences, en partage, temps, argent, etc…). On a mis un espace pour reconnaître la participation non financière des personnes. On a aussi une culture d’affichage pour fluidifier l’accès à l’information pour les personnes en visite : il y a plusieurs endroits où il y a les informations qui sont un peu partout dans la maison. Par exemple en cuisine des éléments pour guider les personnes (ce n’est pas forcément évident de cuisiner pour beaucoup quand on a pas l’habitude), notre raison d’être et intention de lieu sont affichées dans le couloir, il y a le tableau des participations conscientes, les agendas de la semaine et du mois, les différents lieux autour et où sortir, les marchés, les distances à vélos avec les lieux autour et le tableau d’autogestion des tâches (qui permet d’auto-organiser la vie quotidienne avec les tâches telles que la cuisine, ménage, poules…) où les personnes s’inscrivent à leur convenance. »

 

Cohérence : «Comment est-ce que vous vous connectez à d’autres lieux engagés ? »

Simon : « Bascule Argoat fait parti de l’archipel de la Bascule qui est notre communauté associative, c’est un modèle d’organisation inspiré des écrits d’Edouard Glissant.*1 Bascule Argoat est une île dans un archipel de 5 îles de la Bascule. Nous avons une vision commune, cette orientation autour des transitions et de faire bouger les choses en ce sens mais avec des modes d’action différents. Il y a une île du côté de Rennes qui est plus dans une expérimentation de modèle économique et d’entreprenariat alternatif. En Bourgogne il y a un lieu beaucoup plus tourné vers l’accueil, avec beaucoup plus d’espace pour cela. Il y a une autre île itinérante qui fait de la formation sous forme d’éducation populaire. Et l’un des éléments sur lesquels Bascule Argoat participe activement c’est la recherche de nouveaux lieux. Je pense que ce qui marche le mieux c’est de créer des îles, des ports, des points de contact, des lieux de rencontre et d’expérimentation. Je peux pas donner d’exemple très précis mais on a pas mal de pistes de lieux qui pourraient accueillir d’autres îles plus tard. On est également en contact avec d’autres collectifs pour éventuellement former des regroupements mais aussi avec des Mairies, avec des privés. Des personnes ou des groupes qui cherchent des accompagnements pour créer des collectifs, qui cherchent l’inspiration ou des outils et donc on essaye d’alimenter ces dynamiques de lieux (tiers-lieux, éco-lieux…) car on croit beaucoup dans la force de ces lieux comme points de repères, les îles pour trouver des ressources,… Le fonctionnement de l’archipel se fait par un comité avec des représentant-es de chaque île qui se réunit une fois par mois. Cette réunion est la plupart du temps en format « cockpit », pour garder le lien avec un état d’avancement des différents projets. Pour le moment notre objectif commun est de resserrer les liens entre les projets qui sont éloignés géographiquement. On a mis en place une rencontre tous les 3 mois entre les différents projets pour se retrouver, qu’on appelle « les 4 saisons de la Bascule ». Et on essaye d’alterner les lieux, quand on se retrouve c’est festif, se rencontrer, se retrouver… et c’est aussi des ateliers sur comment trouver d’autres lieux, comment dépasser le cercle des convaincus, comment avancer ensemble, homogénéiser nos pratiques… ou des ateliers du sensible et corporel pour se connecter autrement à l’autre. »

1 La Low-Tech est l’ensemble des technologies qui ont pour caractéristiques leur simplicité de mise en œuvre, leur accessibilité (aussi bien technique que matérielle ou financière), leur réparabilité et leur durabilité.

2 https://la-bascule.org/larchipel




Une première journée pour l’éco-parentalité dans le Morbihan

Samedi, futurs et jeunes parents (ainsi que les enfants!) et acteur.rice.s de la parentalité seront à l’honneur à Guidel (56) pour la première Journée de l’Eco-Parentalité. Au programme: stands, ateliers, animations pour les petits…autour du zéro déchet, des produits respectueux de l’environnement et de bébé, des déplacements doux, de l’allaitement…Un événement organisé par TikoAntik, plate-forme de revente et d’achat de matériel de puériculture d’occasion, créé par Séverine Inkerman.

 

Comment peut-on définir « l’éco-parentalité » ?

Pour Séverine Inkerman, l’éco-parentalité « regroupe des thèmes et/ou des actions liées à la fois à la parentalité, à l’accueil de l’enfant, et aux transitions écologiques ». Comment produire moins déchets, se déplacer avec un bilan carbone moindre, accéder à une alimentation plus durable, quand on devient parents ? Comment prendre soin de son bébé au quotidien tout en respectant sa santé et sa planète? De nombreux parents se questionnent aujourd’hui sur ces sujets, et peuvent avoir des difficultés à avoir accès à des informations. « Beaucoup vont sur internet, sur les réseaux sociaux, en quête de témoignages directs. Mais les éléments restent encore très dispersées, les démarches existantes sont assez diffuses », explique Séverine.

Quel est l’objectif de la journée ?

La journée « éco-parentalité » a donc pour but de permettre aux parents de s’informer de manière globale, et sur un même lieu, sur la parentalité et les transitions écologiques. « L’idée, c’est de faire réseau, de mieux connaître les possibilité locales d’accompagnement sur ces thèmes », souligne Séverine, qui espère pouvoir faire essaimer l’événement sur d’autres territoires bretons à l’avenir.

Quel est le programme ?

Au menu de cette journée inédite en Bretagne : des ateliers, des stands, des table-rondes, sur des thématiques écologiques très concrètes comme le zéro déchet, les couches lavables, le déplacement avec bébé, la fabrication de matériels Montessori, les produits d’hygiène respectueux de la santé, l’achat de matériel de puériculture de seconde main, la diversification alimentaire… mais pas seulement. « Pour nous,  La transition est aussi sociétale, nous avons donc prévu un atelier consacré à l’égalité et à la lutte contre les stéréotypes de genre », souligne Séverine. Des animations pour les enfants sont également prévues, ainsi qu’un « café des parents », pour que ceux-ci puissent échanger sur les sujets abordés au fil de la journée. Le soir, un ciné-débat est proposé par l’association carhaisienne « Preparons demain », autour du film « Dans l’intimité du lien ».

Pratique :

La journée se déroulera sur le site de l’Ilot Kergaher, à Guidel (56), de 9h30 à 18h

L’entrée est à prix libre

Inscription pour les ateliers : https://www.helloasso.com/associations/tikoantik/evenements/journee-de-l-ecoparentalite

Attention, certains sont déjà complets !

Tout le programme est disponible sur https://tikoantik.com/journee-eco-parentalite/

 

A lire aussi : TikoaAntik veut développer l’achat de matériel reconditionné pour les bébés




Les Aventuriers De La Mer jettent l’ancre à Lorient

Depuis mardi 12 octobre, et jusqu’au 16, se déroule à la Base et à la Cité de la Voile Éric Tabarly, à Lorient la septième édition du festival des Aventuriers de la mer. L’occasion d’aborder plusieurs sujets liés au monde marin, autour d’une question centrale : l’océan, un monde à explorer. Avec de la part des organisateurs, la volonté de mettre en avant des hommes et des femmes de tous horizons maritimes, qui cherchent des solutions, innovent et, par leurs visions et leurs actions, ré-enchantent notre monde, face aux défis climatiques et sociétaux.

Mettre la mer en valeur, permettre à tous de transmettre son savoir, voilà l’ambition de ce festival. Depuis hier, l’événement invite à « Découvrir les aventuriers d’aujourd’hui et construire le monde de demain ». Rencontres, expositions, visites de bateaux, projections de films, spectacles sont ainsi au programme. Cette édition 2022 a été organisée en collaboration avec la Fête de la Science – Morbihan, et la Fondation Tara Océan (car la goélette revient d’expédition ce week-end à Lorient!)

L’inauguration officielle du festival a lieu ce jeudi 13 octobre, avec une rencontre « Océans et climat : le rôle des océans dans le changement climatique », avec le climatologue Jean Jouzel et la Fondation Tara Océans.

Le vendredi 14 octobre, place à une après-midi autour des initiatives maritimes, réunies en forum au Karré de la Cité de la voile, de 14h30 à 17h30. A partir de 17h30, un temps d’échange aura lieu, autour de la question : Et si le transport à la voile était le futur de la course au large ? Dès 20h se déroulera la soirée « Prix des initiatives maritimes », animée par Anthony Serazin de la Compagnie Orange Givrée, au cours de laquelle 9 porteurs de projets sélectionnés seront auditionnés en public devant un jury.

Samedi 15 octobre, on pourra célébrer dès 15h30 le retour à Lorient de la goëlette Tara, après trois années d’expédition autour du monde sur la mission « Microbiomes : comprendre le peuple invisible de l’Océan ».

Le festival se clôturera le dimanche 16, avec notamment une performance chorégraphique in-situ de la chorégraphe catalane Aina Alegre dans le Bunker K3 et la rencontre avec l’équipe d’expédition Endurance 22, qui a découvert plus 100 ans après, l’épave du navire l’Endurance de l’explorateur Schakleton qui fit naufrage en 1915 dans les glaces de l’Antarctique.

Tout au long du festival, on pourra également visiter différents bateaux, assister à des projections de films, des spectacles pour petits et grands, visiter des expositions, découvrir des acteurs du monde maritimes… un programme riche et vaste comme l’océan !

 

Plus d’infos : https://aventuriersdelamer.fr/

 




A Gâvres (56), Maison Glaz, havre de transition écologique et citoyen

A la suite de la deuxième Edition de son Forum des coopérations, le Réseau Cohérence publie en partenariat avec Eco-bretons une série d’articles sur l’engagement. Chaque article présente une initiative inspirante en Bretagne avec un focus sur sa manière d’accompagner l’engagement dans les transitions : comment sortir de l’entre-soi ; comment toucher de nouvelles personnes ou comment se relier à d’autres initiatives et coopérer ? Des enjeux auxquels nous tentons de répondre au travers de ce dossier. Nous continuons notre présentation avec une initiative au cœur du pays de Lorient : le tiers lieu éco-breton Maison Glaz, situé sur la pointe des saisies à Gâvres. Pour en faire sa présentation, nous avons rencontré Akira Lavault, co-fondatrice de Maison Glaz et encadrante technique d’insertion espaces verts et bâtiments du site.

Cohérence : « Peux-tu nous présenter Maison Glaz ? »

Akira : « Maison Glaz est un tiers lieu situé à l’entrée de la rade de Lorient. Il s’agit d’une reconversion d’un ancien centre de vacances de l’armée qui a été abandonné dans les années 2010. Cette ancienne zone militaire date d’il y a plus de 300 ans et a été démilitarisée il y a 3 ans. Le site fait 1 hectare et demi et comporte près de 750m2 de bâtiments. En reconvertissant ce site, on s’est donnés pour mission de remettre de la vie sous toutes ses formes sur la pointe de Gâvres et de travailler également à l’adaptation de ce petit caillou aux effets du dérèglement climatique. Donc c’est à la fois, un projet de revitalisation territoriale sur une presqu’île assez vieillissante et d’action climat par suite de l’érosion du trait de côte. »

Cohérence : « Comment pensez-vous arriver à répandre cette envie de s’engager dans une transition écologique autour de vous ? En somme, arrivez-vous à faire tâche d’huile ? »

Akira : « Je dirais d’abord que tout dépend du niveau d’engagement que l’on vise. Ce que nous essayons de faire à Maison Glaz c’est de susciter l’envie chez les gens. En travaillant sur l’inspiration et en essayant de montrer que c’est désirable d’agir, d’abord parce que c’est bon pour soi. Par exemple à Maison Glaz, on vend des produits au bar qui sont sains pour la santé mais également respectueux de la planète. Nos espaces sont également pensés pour être ludiques, dans le style guinguette. Il faut du récréationnel ou du sport comme notre espace yoga, et aussi de la culture ! On a besoin de faire appel à la détente, à l’imaginaire, au bien-être. Il est essentiel de montrer que la transition n’est pas contradictoire avec le plaisir et le confort mais sont au contraire, intimement liés. Il me semble par ailleurs essentiel d’adopter une posture bienveillante et de d’accueil inconditionnel des personnes, quel que soit leur niveau d’engagement, plutôt que des discours alarmistes ou culpabilisants. Et c’est ce que l’on essaie d’incarner à Maison Glaz. En effet, glaz en breton, c’est la couleur de la nature. C’est un nuancier de couleurs indéterminées entre le bleu, le vert et le gris, c’est une couleur indéfinie, changeante au gré des saisons et de la météo. Cela représente le nuancier de toutes les approches possibles pour aller vers la transition écologique et sociale.»

Cohérence : « Quelles sont pour toi les clés de la coopération pour une transition écologique ? »

Akira : « De manière générale, je pense qu’il faut porter une attention très profonde à l’intégration des gens et au ressenti des personnes dans un groupe. Pour moi, la clé de la coopération réside d’abord dans le fait d’avoir un cadre d’écoute assez fin. C’est ce qui permet d’établir la confiance. Deuxième élément : une raison d’être claire, une direction qui donne envie de s’engager. Si la cause est juste et que la confiance est présente, les choses peuvent aboutir. L’enjeu est alors que le projet se déroule dans les meilleures conditions possibles pour chacun. Bien sûr, tout le monde ne répond pas aux mêmes règles uniformes. Par exemple, certaines personnes dans un collectif vont demander plus d’autonomie que d’autres qui auront besoin d’un cadre plus sécurisant et déterminé. En fin de compte, il faut surtout que soient réunis ces éléments : un cadre d’écoute, sécurisant et une direction claire. Ce sont à mon sens, les clés de la coopération. »

Cohérence : « Aurais-tu un événement en tête qui a suscité un certain engouement et engagement à Maison Glaz ? »

Akira : « Bien sûr. Je pense à l’événement du Grand Bain qui a eu lieu début juillet. C’est la jonction entre deux dynamiques, le Festival des Tiers-Lieux de Bretagne et la Tournée des Tiers lieux organisée par l’association des 150 délégués élus de la convention citoyenne pour le climat. Cet événement a suscité un engagement fort, tant de la part des organisateurs, des partenaires que du public. Y ont été abordées les thématiques de l’océan, du climat, des Humains au XXIème siècle avec une focale sur le rôle des tiers-lieux dans la transition écologique, sociale et solidaire. Cet événement a été très partenarial, ce qui en a fait un véritable défi mais également tout son succès. Cela nous a permis de réunir assez de moyens financiers pour organiser une programmation culturelle de qualité. En termes d’engagement, on peut dire que celui-ci a pris multiples formes. On a en effet eu des personnes motrices de la dynamique mais aussi des personnes plus ponctuelles dans leur engagement. Dans tous les cas, il me semble important de se figurer que l’engagement n’est pas un trait permanent, mais qu’il va varier, selon les personnes, mais aussi, pour une même personne, selon les moments de sa vie. »

Cohérence : « Comment Maison Glaz accueille-t-elle les nouveaux porteurs de projets ? »

 Akira : « Avec un café (rire). Non, en fait c’est surtout faire en sorte de pouvoir arrimer le projet ou le porteur en question dans le projet Maison Glaz. Notre tiers-lieu est comme une sorte de coquille, et en règle générale, les choses sont assez ouvertes et libres tant qu’elles intègrent la question du lien social, du vivant et du climat. Par exemple, des jeunes artistes du coin sont venus nous voir pour avec un projet qui nécessitait une structure associative du territoire pour se concrétiser. On a écouté leur projet, puis on a tout de suite accepté de porter l’idée avec eux, car ce qui nous intéressait c’était d’apporter un nouveau regard sur le patrimoine du territoire.

Cohérence : Et comment est-ce qu’on fait pour créer du lien autour de l’engagement et pour le maintenir dans le temps ? »

Akira : « En faisant des projets. Les grandes conventions de partenariat que l’on peut signer entre acteurs sur le territoire ont le mérite d’exister mais ce qui compte avant tout, c’est de faire ensemble plutôt que d’avoir l’intention de coopérer. Et puis, ce n’est pas grave si le lien se détend un peu à un moment. Si celui-ci peut se renouer plus tard lors de nouveaux projets, c’est l’essentiel. »

Cohérence : « Enfin, penses-tu que l’on puisse parler d’un archipel de la transition sur le territoire de Lorient ? »

Akira : « Oui et pas que sur le pays de Lorient ! J’aime beaucoup cette expression d’archipel car on est sur une presqu’île ici et j’ai moi-même des origines japonaises. Un archipel possède comme caractéristique de réussir à créer une connexion forte entre toutes les îles qui le composent, tout en respectant l’autonomie de chacun. Sur certains projets, parfois on agit seul, parfois on mobilise les autres de son archipel. Je crois qu’il y a un archipel de la transition et qu’il est à l’échelle de la Bretagne, de la France, de l’Europe et même du monde ! C’est comme ça que se construit le changement, en travaillant chacun sur nos territoires, mais reliés ensemble par une membrane invisible. »




Quand culture, art et nature dialoguent sur le littoral morbihannais

Un «campement artistique » provisoire et collectif est actuellement installé jusqu’au 18 septembre, sur la commune de Locmiquélic dans le Morbihan, sur le site des marais de Pen Mané. Un projet original qui permet de faire cohabiter artistes, associations locales, et biodiversité.

Dans le cadre du Plan de Relance, le gouvernement avait choisi de dédier une enveloppe de 30 millions d’euros pour un programme de soutien à la conception et la réalisation de projets artistiques, baptisé «Mondes Nouveaux», avec une attention particulière pour les jeunes créateurs et créatrices. 264 projets ont ainsi été soutenus dans toute la France. En Bretagne, à Locmiquélic dans le Morbihan, le Conservatoire du Littoral propose dans ce cadre l’événement « Campement artistique pour le littoral », qui se déroule depuis le 20 août et jusqu’au 18 septembre, sur le site de Pen Mané.

Imaginé par Amélie-Anne Chapelain, productrice artistique, Guillaume Jouin, architecte, et Ola Maciejewska, danseuse et chorégraphe, le projet consiste en la création d’un « campement » pour littoral, « provisoire et collectif », « dédié à l’art et à la nature environnante », peut-on lire dans le dossier de presse dédié. « Architectural et chorégraphique, le programme propose une cohabitation douce avec la faune du site, une réflexion sur le « conservatoire du vivant » et des rencontres entre danseurs, scientifiques et naturalistes ».

On pourra ainsi assister à différents rendez-vous : des ateliers quotidiens pour les enfants et les familles autour du « faire soi-même », des rencontres quotidiennes « Art du littoral » qui permettent de donner la parole à un ou une usager/usagère du site (artiste, botaniste, architecte…), des « évents » et veillés le week-end avec des concerts, performances, DJ set, projection de film…en compagnie d’associations du territoire…Des aménagements spécifiques et temporaires ont été prévus : un « espace-café » en collaboration avec le tiers-lieu de Gâvres « Maison Glaz », un belvédère pour les observations, et un « laboratoire », abri pour les artistes en résidence.

De quoi permettre, outre la découverte artistique, celle du marais de Pen Mané, qui abrite une riche biodiversité sur 65 hectares et qui abritait par ailleurs il y a quelques années…un camping municipal. La boucle est bouclée !

 

Plus d’infos

https://campementartistique.camp.bzh/

 


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La P’Art Belle, l’autre possible des festivals bretons

Les 3 et 4 septembre, le festival La P’Art Belle investit de nouveau le domaine de Kerlevenan à Sarzeau, sur la presqu’île de Rhuys (56). Cette année, c’est le thème de l’océan qui a été retenu. Petite jauge, artistes « découvertes », ateliers, table-ronde…tout est fait pour faire de l’événement un moment convivial à taille humaine durant lequel on se divertit et on réfléchit sur les transitions écologiques. Présentation avec Louise Robert, fondatrice de ce micro-festival engagé.

Cette année, la thématique du festival est l’océan. Pourquoi ce choix ?

Cela nous a semblé une évidence, dans le sens où l’une des caractéristique de la région Bretagne est d’être entourée par la mer. C’est parfois méconnu, mais les océans sont notre « deuxième poumon », ils nous permettent de respirer sur terre. C’est important de comprendre ce qui s’y passe et comment les protéger, car ils sont nécessaires à notre survie. Avec le festival, nous proposons d’aller à la découverte de l’océan, et que chacun et chacune puisse repartir avec des informations et l’envie de s’engager. L’idée, c’est vraiment d’explorer ce milieu. On retrouve cela par ailleurs via l’affiche, qui met en scène deux personnes qui plongent dans ce qui semble être les abysses…

Comment s’articule le programme sur les deux jours ?

Il y aura des spectacles, des ateliers, des expositions…le tout autour de l’océan.

Le samedi, on pourra ainsi découvrir un conte tout public, « Hector Le Pêcheur », en prélude à une table-ronde sur la pêche responsable, avec un représentant des pêcheurs-ligneurs du Morbihan, Claire Nouvian de l’ONG Bloom, une restauratrice rennaise spécialisée, un représentant de la plateforme Poiscaille qui développe le circuit court autour du poisson…Les enfants de l’école Vert Marine du Hézo viendront aussi présenter ce qu’est une Aire Marine Educative et leur travail autour.

Le dimanche, place au spectacle participatif « La pirate écologique », parrainé par Yann Arthus Bertrand. Une table-ronde évoquera le transport à la voile comme alternative au transport maritime, avec notamment la présence de l’entreprise Grain de Sail, et un autre temps d’échange  aura lieu avec le navigateur Yvan Bourgnon pour évoquer son engagement autour de la protection de l’océan. L’association Escale Bretagne viendra présenter le projet « Strollad Cezembre », un projet qui consiste à former des personnes en situation de handicap pour que celles-ci puissent animer des animations à la découverte du milieu marin. Autre atelier proposé: de la sérigraphie autour du thème de la mer, avec Octopus.

Sans oublier durant tout le week-end une librairie éphémère avec des ouvrages en lien avec le thème du festival, ou encore une exposition photos avec les associations Ar’Images” et “Image sans frontière” (les festivaliers pourront par ailleurs acheter les clichés exposés).

Et bien entendu des concerts : Gaël Faure avec un projet inédit et des invités surprises le samedi, la chanteuse November Ultra, et un spectacle à danser « Les Rendez-vous du Tout Monde ». Le dimanche, le groupe rennais Mermonte se produira, tout comme la chanteuse d’origine grecque Daphné Kritharas. Nous voulons faire découvrir au public des artistes encore peu venus dans le secteur, et sensibles à notre démarche.

Hormis dans la programmation, comment la transition écologique infuse-t-elle dans l’organisation du festival ?

Avec la P’Art Belle, on se propose d’expérimenter, de tester des choses, qui marchent, ou pas. C’est un espace à la fois collectif et créatif. On veut aller de l’avant sur la limitation de notre empreinte écologique en terme d’organisation d’événement. Nous nous sommes vraiment construits sur cette idée de créer un autre type de festival, mais cela ne va pas sans certaines contraintes techniques encore présentes : comment accueillir des groupes ou des projets artistiques dans un cadre prônant la sobriété ? On ne dit pas qu’on a la solution, mais on essaie en tout cas de limiter notre consommation, notamment énergétique, avec l’utilisation par exemple d’enceintes solaires. Il faut beaucoup de sensibilisation et de pédagogie.

Est-ce que tu sens le public davantage réceptif à ce type d’événement ?

C’est encore les prémices, mais on sent qu’il a envie d’avoir une expérience qui soit davantage à taille humaine. A la P’Art Belle, on peut venir en famille, le côté intergénérationnel plaît, de même que la dimension « multiforme ». Aborder une thématique à la fois sociétale et mondiale par le prisme artistique permet de se questionner et de s’interroger, et de revenir chez soi avec des pistes d’actions.

Dans un article publié dans le journal Le Monde du 17 août, le Prodiss (Syndicat National du spectacle et de la variété) évoque, pour septembre « un bilan financier des festivals, et une réflexion sur un modèle économique qui semble « arriver en fin de cycle ». Comment vois-tu la situation ?

On voit que certains « gros » festival sont en difficulté, et doivent arriver à des taux de remplissage de 90 ou 95% pour atteindre l’équilibre, ce qui est énorme. Dans ce cas, un grain de sable peut faire vite dérailler la machine. A l’inverse, sur des petits formats comme le nôtre, l’action citoyenne et bénévole est très importante, c’est aussi compliqué à péréniser… Il faut tester, expérimenter, ouvrir le cadre. Et il faut aussi que les élus soient mobilisés dès aujourd’hui sur la culture, afin d’aider des associations et acteurs qui peuvent être en situation de fragilité.


Pratique :

Le programme est disponible sur le site https://www.lapartbelle.bzh/

Les tarifs : 15 euros la journée, 10 euros tarif réduit, gratuit pour les moins de 10 ans

Offre Duo (deux billets pour une journée) : 25 euros / Offre duo week-end : 45 euros

Opération « Sors tes couverts » : Ramenez vos gobelets et votre vaisselle

Pour venir : à vélo avec 50% de réduction sur la location avec Veloc’Ouest, bus, train ou co-voiturage encouragé.

Restauration et buvette locale

Accès personnes à mobilité réduite

 

 

Retrouvez le portrait de Louise Robert ici : http://www.eco-bretons.info/portrait-de-femme-n8-louise-robert-lexploratrice-de-la-transition/

 

 


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