En route pour une semaine consacrée au développement durable

« Consommer autrement », c’est le thème de l’édition 2014 de la semaine du Développement Durable qui se déroule, comme chaque année, durant la première semaine du mois d’Avril. Cette année, un focus particulier sera fait sur « l’économie circulaire » . Cette démarche prend en compte la réduction des ressources utilisées, la réduction de la production de déchets, la baisse de la consommation d’énergie dans le processus de production, et englobe aussi le recyclage.

Associations, collectivités, et professionnels se mobilisent ainsi durant une semaine.

Voici un petit tour d’horizon (non exhaustif) par départements :

Côtes d’Armor :

Le 1er avril est organisé par le cinéma Quai des Images et le Pays de Loudéac un ciné-débat sur le gaspillage alimentaire, à Loudéac (22), autour du film « Super Trash ». A Lanrodec, le 5 avril, c’est un atelier « brico-récup » qui est proposé par « On n’est pas que des cageots », une association qui veut sensibiliser à la réutilisation des déchets. A Dinan, l’association Monnaie Locale de Rance proposera une visite de l’atelier où s’impriment les billets de la Maillette, la monnaie locale qui sera lancée le 17 mai.

Finistère

A Brest, le 2 avril, France Telecom Bretagne propose au grand public un forum intitulé « Enjeux du monde et défis du développement durable », durant lequel des étudiants présenteront des projets qu’ils ont réalisé en équipe. A Briec (29), le jardin partagé de Parc Ar Roz ouvrira ses portes le 5 avril. Le même jour, un forum autour de la nutrition se tiendra à Plounéour-Lanvern, organisé par l’association Tamm Kreiz. Tandis qu’à Plouzané, une conférence autour du thème de la mer et des pressions auxquelles elle est soumise sera organisée le 2 avril. Ce même jour de 9h à midi, le centre de tri de Fouesnant ouvre ses portes au grand public pour une découverte du fonctionnement de l’usine: reception et tri des emballages, conditionnement pour le recyclage…

Ille et Vilaine

Le 3 avril, deux entreprises (Xelis et Od Plast) du Pays de Vitré présenteront lors d’une conférence les démarches environnementales qu’elles mettent en œuvre, à Vitré. L’association « Aux gouts du jour » proposera des animations autour du gaspillage alimentaire le 2 avril à Rennes. Une exposition de photos sur l’eau est proposée à Cancale (35), du 1er au 7 avril, à l’auberge de jeunesse, tandis qu’à Gévézé, le public pourra visiter une installation de pompe à chaleur murale assistée solaire, le 4 avril.

Loire-Atlantique

A Rezé, la commune organise du 1er au 19 avril un concours photo sur le thème de la nature en ville. A Saint-Michel-Chef-Chef, le 3 avril, les citoyens accompagnés de scolaires, sont invités à participer à une opération « plage propre ». Le 5 avril, direction la Chapelle-Basse-Mer pour un inventaire participatif de la biodiversité, dans la coulée verte, un site naturel à proximité du bourg, animé par la LPO. A Derval, la communauté de communes procédéra à une collecte de matériel informatique usagé, du 31 mars au 11 avril. Et le 5 avril, la Scop Araïs, qui édite la plateforme « consommez responsable », propose une balade à vélo dans Vertou à la découverte de lieux alternatifs en matière de consommation et d’alimentation.

Morbihan

Le 5 avril, un atelier spécial « Land’art » sera mis en place à Brec’h, avec l’artiste plasticien Vincent Brodin. Le même jour, un marché de produits fermiers locaux est organisé à Bubry. Et à Auray, une « zone de gratuité » (chacun peut donner ou prendre des objets) sera proposée par l’association Pourquoi Pas ?, à l’espace Athéna. Toute la semaine, le public pourra aussi découvrir le camping La Fontaine du Hallate, premier camping au monde certifié Green Globe, à Plougoumelen.

Tout le programme de la Semaine du développement durable est disponible sur http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-Semaine-du-developpement,6917-.html

Un ciné-débat autour des circuits courts à Morlaix

A Morlaix, le jeudi 3 avril, l’association Bretagne Durable et Solidaire, animera en partenariat avec Morlaix Communauté et le Cinéma La Salamandre un ciné-débat consacré aux circuits courts. Co-réalisé par Patrick Viron de l’association « Pim’s »et l’Ardear Rhône-Alpes (réseau agriculture paysanne), le film « Cultivez local » présente cinq initiatives de circuits courts et initiatives locales, dans le Rhône, la Drôme et la Mayenne (Distribution de paniers, achats de produits locaux pour une cantine scolaire, magasin de producteurs, coopérative agricole, abattoir vendant directement au consommateur…). Un temps d’échanges aura ensuite lieu avec des pratiquants de vente directe, porteurs de projets, ainsi qu’avec l’association pour le développement d’une monnaie locale dans le Pays de Morlaix.

La bande-annonce du film :

 

Bande annonce « CULTIVEZ LOCAL! » from PIMS association on Vimeo.

 

Pratique : Ciné-débat, dès 20h00, au cinéma La Salamandre à Morlaix. Entrée aux tarifs habituels.

 




Municipales : une abstention durable, soutenable pour la démocratie locale ?

Premier constat, avec un record à la clé : celui de l’abstention qui frise les 39%. Au fil des scrutins de ces dernières années, les électeurs boudent de plus en plus les urnes. Fait nouveau : la Bretagne, région où l’on votait jusqu’à présent traditionnellement beaucoup, n’échappe plus à ce phénomène d’ampleur : en hausse de 10 points, par exemple, dans le département du Morbihan, ou de 7 points dans les Côtes-d’Armor. D’aucuns y voient la confirmation d’un délitement progressif de la démocratie représentative, avec des élus de plus en plus perçus comme coupés des réalités socio-économiques, n’intégrant pas ou mal une demande citoyenne grandissante de nouvelles gouvernances locales. Nos confrères de Reporterre.net quant à eux déclarent sans hésitation : « Face à l’abstention, qui manifeste la crise du politique, l’écologie porte un projet de refonte de la démocratie : le municipalisme libertaire ». (1)

Second constat relatif aux familles politiques :  si la gauche de gouvernement semble en recul ou en difficulté, la droite gagne du terrain, et le Front National fait une percée dès le premier tour. Présent à cette élection dans 10 villes, contre une seule en 2008, le parti se hisse au second tour dans trois villes bretonnes : Lorient, Saint-Brieuc, et Fougères. Mais sur le plan hexagonal, toujours selon Reporterre.net, les écologistes font aussi bien que le Front national (2).

Troisième constat, et non des moins intéressants : la présence inédite de listes « coopératives » ou « citoyennes » ou « en transition » (à Lannilis, par exemple), comme à Pleumeur Bodou (22), Douarnenez (29), Morlaix (29), Plouegat-Guerrand (29), Hennebont (56) ou Pontivy (56), avec le maintien de certaines d’entre elles au deuxième tour.  Si ces dernières ont pour la plupart bien intégré la prise compte du développement durable dans ce srutin, qu’en est-il pour celles des formations politiques traditionnelles ? Trop tôt pour y répondre… Alors qu’une étude réalisée fin 2013 par OpinionWay pour le cabinet de conseil en développement durable Auxilia (3) indique que près d’un Français sur six estime que cela comptera dans son vote.

En attendant de revenir sur ces enjeux à l’issue du deuxième tour, nnous vous proposons une vidéo avec Armina Knibbe, présidente d’honneur du réseau Cohérence, laquelle remet en perspective la transition énergétique des territoires, ainsi que le baromètre du développement durable, un questionnaire que les associations locales peuvent proposer à leurs élus, permettant de mesurer ensemble l’investissement de leur commune en matière de développement durable.

Plus d’infos sur le site www.barometredudeveloppementdurable.org

A lire également : http://www.kaizen-magazine.com/la-politique-de-lessuie-glace/

(3) http://alternatives.blog.lemonde.fr/2014/03/20/le-developpement-durable-passera-t-il-a-la-trappe-du-vote-des-francais/comment-page-1/#comment-1178

(2) http://www.reporterre.net/spip.php?article5599

(1) http://www.reporterre.net/spip.php?article5598

 


Transition: Armina Knibbe du Réseau Cohérence par BD_info




Bonnets Rouges: des revendications ambitieuses et hétérogènes

« C’est une vraie démocratie qui en train de se mettre en place en Bretagne ». Christian Troadec, maire de Carhaix, et Thierry Merret, leader de la FDSEA Finistère, ne sont pas peu fiers de présenter le mouvement des Bonnets Rouges, dont ils sont les têtes de pont. Réunis à Langolvas/Morlaix samedi, près de 3000 participants ont donné le ton dès l’ouverture des portes. Bonnets rouges vissés sur la tête et drapeaux bretons en avant, ils veulent avant tout « Vivre, décider et travailler au pays », selon leur mot d’ordre.

Dès 15 heures, les onze renvendications issues de « 15 000 doléances recueillies auprès des comités locaux », selon les organisateurs, sont présentées sur scène, devant la salle. Différents intervenants se succèdent, notamment des grands patrons bretons (Britanny Ferrie, Queguiner..). L’accumulation de taxes, ils n’en veulent pas, et notamment l’écotaxe, symbole de la colère bretonne et revendication principale et fondatrice du mouvement. « De toute façon, il n’y aura pas d’écotaxe. Nous prenons notre destin en mains et nous le ferons sans écotaxe, évidemment », lance ainsi Jean-François Jacob, président de Combiwest, opérateur privé de transport combiné rail-route, acclamé par la salle.

Pour le développement des énergies renouvelables

Pas d’écotaxe, mais les doléances ont révélé la volonté de développer des énergies renouvelables. Ainsi que l’appropriation par les Bretons du domaine de l’énergie en général. « On veut casser le dispositif d’accès à l’énergie qui est très étatique. Pourquoi les Bretons ne seraient pas précurseurs dans la création de filières énergétique moins coûteuse et plus proches des consommateurs ? », se demande Jean-Marc Roué, président de Brittany Ferries.

Bruno Rosec, entrepreneur dans le photovoltaïque, a quant à lui rappelé les contraintes administratives qui pèsent sur la filière, issues notamment de l’Union Européenne. « Bruxelles a demandé à Paris de suspendre l’arrêté déposé l’année dernière par la France visant à valoriser les panneaux solaires français et européens. Cet arrêté instaurait  une taxe sur les panneaux solaires venus de Chine notamment, et majorait le tarif de rachat de l’électricité produite par des panneaux français ou européens », explique-t-il. « Cela pourrait entrainer la suppression de 12 000 emplois en France, dont 4 à 5000 en Bretagne ». « Ici, dans la région, nous produisons des panneaux solaires, il faut travailler pour nous », affirme-t-il.

La relocalisation de la finance est également une des revendications du mouvement, notamment via le financement par les banques de projets locaux, l’investissement sur le territoire, la création d’une monnaie régionale, la mise en place d’un « crowdfunding breton », et la volonté de créer des échanges sans argent.

Reste à savoir maintenant ce que vont devenir toutes ces propositions, très hétérogènes et qui visent, pour la majeure partie, une plus large autonomie pour la région. Les Bonnets Rouges ont appelé le président de la république François Hollande à venir en Bretagne les rencontrer et entendre leurs doléances. Mais le mouvement, assez hétéroclite, a perdu de son souffle, passant de manifestations regroupant 17 000 personnes en octobre à un rassemblement de 3000 citoyens ici en mars. Continuera-t-il sur sa lancée dans les mois à venir ? Les leaders annoncent d’ores et déjà un « printemps breton »…

 

Les 11 revendications des Bonnets Rouges

  • Maintenir la gratuité des routes en Bretagne et supprimer définitivement l’écotaxe.
  • Libérer les énergies et soutenir l’emploi par l’allègement des charges et des contraintes administratives.
  • En finir avec le dumping social et les distorsions de concurrence en Europe
  • Relocaliser les décisions et les pouvoirs économiques en Bretagne
  • Développer des infrastructures et des modes alternatifs de transport avec un rééquilibrage Ouest/Est
  • Appropriation par les Bretons de la filière énergie et développement des énergies renouvelables
  • Relocaliser la finance
  • Officialiser la langue et la culture bretonnes
  • Renforcer l’expérimentation, le dialogue, la transparence et le « vivre ensemble » en Bretagne
  • Doter la Bretagne de ses propres médias audiovisuels et numériques
  • Une Bretagne forte à 5 départements avec relocalisation des décisions politiques

 

 

A lire aussi : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/070314/les-bonnets-rouges-une-double-manipulation

« Au moment où les « comités des Bonnets rouges » tiennent leurs « États généraux » à Morlaix, samedi 8 mars, l’essayiste Françoise Morvan revient sur les faits pour expliquer comment la « révolte des Bonnets rouges » a été, selon elle, organisée et résulte, au total, d’une manipulation de l’opinion reposant sur l’invention d’un symbole, le bonnet rouge. Chronologie et analyse. »




Réseaux et développement durable : du local au global

Peut-on définir ce qu’est un réseau ?

On peut voir deux dimensions dans le terme « réseau ». C’est à la fois un terme utilisé par les acteurs, les mouvements sociaux, voire même les entreprises, et un terme qu’on utilise aussi en sciences politiques comme une « notion ». On a observé ainsi une « mise en réseau » d’acteurs juste après le Sommet de la Terre en 1992 à Rio.

C’est un mot qui donne également une impression de « dynamique », qui renvoie à la mise en contact de personnes.

Mais le terme « réseau » est compliqué à définir, il peut être aussi récusé, voire connoté péjorativement. Cela renvoie également à un côté « non transparent », le terme peut être discrédité. On a vu, notamment dans le domaine des ONG, des réseaux qui ne se connaissaient pas, qui avaient des difficultés à se comprendre entre eux.

Quels sont les modes de fonctionnement des réseaux ?

On observe deux types de fonctionnement. Premièrement, les réseaux anciens, ceux qui ont toujours existé. Ils sont basés sur du millitantisme de longue durée, des réunions où les personnes échangent… ils peuvent avoir aussi une activité d’expertise. Une forme de réseau, plus jeune et récente, a émergé, avec l’utilisation d’Internet. Parfois ce sont des individus qui se sont connus via la Toile, et arrivent à mettre en place ensuite des actions dans l’espace public. Là, nous sommes davantage dans l’action ponctuelle, symbolique, avec des personnes qui aiment l’action, qui veulent interpeller et faire parler. Les actions, les attentes, les façons de travailler ne sont pas les mêmes entre les deux types de réseaux, même s’il peut y avoir des rapprochements.

Comment s’inscrivent ces réseaux dans le milieu associatif, et plus spécifiquement dans le domaine du développement durable ?

Le Sommet de la Terre à Rio en 1992 a été un moment phare pour beaucoup d’individus et d’associations. Ils ont eu l’occasion de se rencontrer là-bas, et par la suite ont voulu garder le contact, à travers le monde. Au départ, le réseau servait essentiellement à diffuser l’information, à faire savoir ce qui se passait dans le monde, notamment au sein de sphères de décisions qui sont de plus en plus éloignées. De même, l’avènement de grandes problématiques telles que le changement climatique ou les OGM a demandé aussi une organisation au niveau mondial.

Il est souvent admis que les environnementalistes, les écologistes ont été les premiers à se servir d’internet pour se mettre en réseau, d’autant plus qu’ils raisonnent souvent au niveau mondial. Alors que d’autres mouvements, par exemple les syndicats, restent davantage ancrés au niveau national.




Open Coffee à Morlaix : le rendez-vous mensuel des férus du web

Qu’est ce qu’un open Coffee ?

 

C’est un rendez-vous ponctuel organisé une fois par mois ou tous les deux mois (en général le 3è mercredi), depuis presque deux ans au Pays de Morlaix. Chaque réunion consiste à réfléchir sur une thématique proposée et liée aux usages des nouvelles technologies. Par exemple, en septembre, nous avons mis à l’honneur le Fablab de Lannion. En novembre, nous avons parlé du e-learning avec Jean-François Le Cloarec, directeur d‘E-learning Touch’. Ce soir, notre invité est Jean-Luc Baradat, le fondateur de l’entreprise 450 qui propose un compte épargne CO2 que l’on souscrit en ligne.

 

L’Open Coffee vise quel public ?

 

Il s’adresse aux professionnels du numérique, développeurs, entrepreneurs dans les TIC, agence de communication web ou encore bloggeurs…Le but est de faire en sorte que ces personnes se rencontrent et échangent leurs expériences, leurs connaissances des TIC. Le Pôle innovation du Pays de Morlaix est rattaché au Technopôle de Brest-Iroise, en partenariat avec l’Afeit (Association des Filières de l’Electronique, de l’Informatique et des Télécommunications ndlr).

 

Quels sont les projets du Pôle Innovation du Pays de Morlaix ?

 

Nous travaillons sur 3 thématiques : l’Open Coffee, un moment pour se rencontrer et approfondir ses connaissances numériques. Les matinales numériques qui se déroulent sous forme de petits déjeuners/séances découverte de 8h30 à 10h30 un jeudi dans le mois. Leur but est d’aider à la compréhension des nouvelles technologies afin de créer ou adapter sa stratégie d’utilisation d’Internet. Les séances sont accessibles à tous publics, élus, personnel des communes et des communautés de communes, partenaires institutionnels, associations, entreprises…Elles sont animées par la Tiriad, une association brestoise qui propose des accompagnements et des formations pour les associations, entreprises, collectivités et grand public sur le numérique.

Sans oublier des conférences autour des usages numériques, qui s’adressent surtout aux professionnels utilisateurs (entreprises, associations, commerçants, collectivités…). La première, qui traitait du cloudcomputing (archivage et données dématérialisées) a eu lieu en décembre.

 

Quel sera le prochain rendez-vous de l’Open Coffee ?

 

Le 3è mercredi de février à 18h00, nous serons au bar du Ty Coz à Morlaix pour parler des MOOCS, des cours en ligne totalement ouverts !

 

…C’est à dire ?

 

Cette nouvelle approche de l’enseignement est née aux Etats-Unis. Les participants aux cours, étudiants et professeurs, sont dispersés géographiquement. Grâce au web, ils peuvent accéder à leurs cours à distance : ils visionnent des conférences animées par leurs professeurs, accèdent à leurs cours en ligne… Les professeurs eux-mêmes peuvent donner une conférence depuis un autre lieu que la faculté. Cela décloisonne les universités tout en permettant à un grand nombre d’étudiants de suivre une formation !




Paul Ariès : « Il faut une décroissance matérielle mais une croissance en humanité »

Vous vous définissez comme un « objecteur de croissance amoureux du bien-vivre ». Qu’est ce que cela veut dire exactement ?

Je suis pour une décroissance qui n’est pas l’austérité. Il ne s’agit pas d’apprendre à se serrer la ceinture un peu, beaucoup, ou à la folie…mais plutôt d’essayer de changer de style de vie. Il n’y aura pas d’alternatives si on ne suscite pas le désir de changer. Etre un « amoureux du bien vivre » est un clin d’oeil à l’Amérique du Sud, où l’on parle de « buen vivir », de « bien vivre », un concept né là bas, qui renvoie à des alternatives, à « l’écologie des pauvres », à de nouveaux chemins d’émancipation. Je suis très à l’écoute de tous ces nouveaux « gros mots » qui germent à l’échelle mondiale, notamment dans les pays du sud. Je suis convaincu que les principaux « cadeaux théoriques » nous viennent de là-bas.
La planète est actuellement assez riche pour permettre à 7 milliards d’être humains de bien vivre. C’est déjà une bonne nouvelle ! L’ONU ne cesse de répéter qu’il faudrait mobiliser 40 milliards de dollars supplémentaires par an pour régler le problème de la faim dans le monde. Dans le même temps, 1400 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour l’armement, et 800 milliards pour la publicité. Il n’y a pas de problème de finances, c’est juste un problème de choix. Il faut changer le modèle, sortir du toujours plus. Il faut donner aux responsables politiques l’envie de penser la transition. Il faut une décroissance matérielle mais une croissance en humanité. Nous ne sommes pas démunis pour cela, il existe une foule d’outils.

Comment peut-on y arriver ? Quels sont ces outils ?

Il est nécessaire de sortir du « toujours plus », en lui opposant quelque chose qui soit aussi fort, comme par exemple le don, le partage, la gratuité des services publiques…On voit actuellement l’émergence de tout un mouvement à ce propos : gratuité dans la restauration collective, la culture, les transports, l’eau. L’essentiel est de s’engager, d’être du côté de la création de lien social. De grands principes structurants sont également nécessaires, comme par exemple la relocalisation, le ralentissement, la désobéissance…L’économie sociale et solidaire peut être aussi un outil extraordinaire. La grande force du système est de rendre ces alternatives, ainsi que la pauvreté, invisibles. L’un des grands enjeux est aussi la mutualisation, accompagnée d’une forte démocratie. Plus la crise s’aggrave, plus on aura besoin d’un surcroît de démocratie. Il faut miser sur l’intelligence collective, et cesser de croire que « plus égal mieux ». Constituer un grand projet collectif, qui redonne espoir.

Quel regard portez vous sur la situation que connait la Bretagne actuellement, secouée par une crise du secteur de l’agroalimentaire ? Que diriez-vous aux salariés qui manifestent ?

Il n’y a pas de réponses, de solutions, dans le cadre du système actuel. Tout doit être fait de façon à ce que ce ne soit pas les salariés qui aient à payer la facture. La Bretagne est la première victime du productivisme agricole, un modèle qui court à la catastrophe. Elle doit devenir maintenant un véritable laboratoire de reconversion dans les domaines économique, écologique, et social. Il est urgent de penser à un plan de reconversion pour la région. S’imaginer qu’on va pouvoir continuer comme ça, ce n’est pas possible. Les politiques doivent penser aux transitions. Comment va-t-on alors vivre ? Instaurer un revenu pour tous est une solution, comme diminuer le temps de travail, et redistribuer les revenus.
Les circuits courts, la relocalisation, peuvent être également d’excellents leviers. Pourquoi ne pas imposer dans les cahiers des charges le recours aux circuits courts ?

 

Votre conférence s’inscrit dans un Forum de l’Economie Responsable. Qu’est ce qu’une « économie responsable » pour vous ?

Je ne suis pas un fétichiste du vocabulaire. Le terme « économie responsable » est symptomatique, cela sous-entend que l’économie n’est pas responsable, sur les plans économique, écologique et humain. Dire qu’il faut construire une économie responsable, c’est avoir une économie qui soit socialement profitable, humainement généreuse et écologiquement responsable. Il est nécessaire de repenser notre façon de produire, ainsi que l’économie politique. Un levier sur lequel il faut s’appuyer pour cela est notamment l’économie sociale et solidaire.

Etes-vous optimiste pour l’avenir ?

Je crois que pour la première fois, le temps de la nature va plus vite que le temps politique. Si l’on ne réagit pas face à la crise, nous allons vers des lendemains qui déchantent. La société est comme un vélo : si on arrête de pédaler, on tombe. Dans le système actuel, si on arrête de produire et consommer toujours plus, on entre en récession, on se casse la figure. Nous devons sortir de ce système. Il faut penser la transition dès maintenant, et montrer que c’est plaisant, qu’on a tout à y gagner, tous. J’ai l’habitude de dire « je ne crois plus aux lendemains qui chantent car je veux chanter au présent ». Il faut montrer qu’on peut y arriver, sans culpabiliser, en donnant envie, en suscitant le désir. La culpabilisation à outrance est injuste et contre-productive. La société du « toujours plus » n’est pas si jouissive que cela, et en face, il faut des réponses qui soient positives.

 

 

Au programme du Fer

 

Jeudi 17 octobre : Conférence de Paul Ariès à 20h30, au Roudour à Saint-Martin-Des-Champs (29) – entrée : 5 euros. Réservations conseillée auprès du Roudour.

 

Vendredi 18 : Concert du trio Signard/Adelen/Besco au bar le Ty Coz à Morlaix (29), dès 20h30.

 

Samedi 19 : 14 h : Table-ronde « Produire et travailler autrement : les formes collectives du travail »

16 h : Table-ronde « Les finances autrement : quels outils pour la finance solidaire, quelle appropriation citoyenne? »

19h30 : Apéro chanté au bar Le Tempo avec le Trio Devojke et Les Vocales Têtues

 

Dimanche 20 : 11 h : table-ronde « commercer et échanger autrement : quel développement des circuits-courts ? »

14 h : table-ronde « Les énergies autrement »

16h30 : Conférence de clôture « Alternatives et territoires : quelles reprises en main citoyenne de l’économie ? Quelles mises en réseaux pour changer d’échelle ? »

 

Et tout au long du week-end à l’Auberge de jeunesse (où se déroule le Fer), des stands d’informations et d’échange, un espace presse et librairie, restauration/buvette…

Plus d’infos et programme détaillé sur http://forumeco.wordpress.com/