Quand « entreprise coopérative », « éco-construction », « économie sociale et solidaire » riment ensemble…

Un modèle à part (égale)

L’idée de départ est de rassembler différentes personnes et professionnel(le)s de l’artisanat du bâtiment, spécialisés de longue date dans l’écoconstruction, pour mutualiser des moyens et des connaissances, s’entraider et partager le fonctionnement d’une entreprise : Jean-François et Soisick s’occupent de la maçonnerie, Sylvain et Rémy sont spécialisés dans la menuiserie et la charpenterie, Bénédicte et Franck se chargent de la peinture, la décoration et des enduits, Marc, lui, de l’électricité bio compatible, et Denis de l’énergie solaire et du bois. Frédéric est responsable des études thermiques, et Fabienne est, quant à elle, responsable de l’administratif et des formations bureautique.
« Il a fallu 3 ans pour l’étude et le montage de ce projet. Ces années passées sont faites, de réflexions, de discussions et de recherche de consensus pour accoucher de ce projet. Chacune des personnes qui a participé a apporté ses idées » explique Franck, et « Il n’y a pas de chef. Trois cogérant(e)s sont élu(e)s pour 3 ans; chaque année, l’un d’entre eux laisse sa place pour que chacun puisse assumer ce rôle. Notre statut de SCIC ressemble à une SCOP, mais parmi les différences, on peut citer le fait que les collectivités peuvent également être sociétaires de notre coopérative et surtout que nous travaillons au développement d’une filière (matériaux locaux, cotraitance, formation par exemple) » complète Fabienne. Ces 12 personnes se sont donc réunies pour mutualiser des moyens, réduire des coûts (assurances, prestataires externes…) et répartir la charge de travail liée au fonctionnement d’une entreprise, mais aussi échanger sur leurs métiers et partager leurs savoir-faire…

Le partage des pouvoirs : un équilibre constant à trouver

Bien différente d’une entreprise classique, le partage des pouvoirs est donc au coeur de ce projet axé vers l’économie sociale et solidaire, où « le but n’est pas celui de l’enrichissement, mais plutôt de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée» relate Soisick. En effet, dans un système coopératif où chaque être humain dispose d’une voix, quel que soit son apport au capital, les décisions individuelles et collectives doivent s’inscrire dans une cohérence participative : « Nous mettons l’humain au centre du projet. Ici l’économie est au service de l’humain et non le contraire : l’argent n’est pas une finalité mais un moyen. Cela implique donc de mettre en œuvre une autre façon d’entreprendre, on ne peut pas appliquer de « recette miracle », car il y a un équilibre à trouver entre le respect de l’humain et celui des besoins de l’entreprise… » On comprend donc que l’aspect social est un point central et essentiel au bon fonctionnement de cette entreprise coopérative, où sont mêlées les différences humaines de chaque personne sociétaire.

En plus d’une activité d’intérêt social au service des personnes, la « Coopérative Le Fil à Plomb » s’inscrit également dans une démarche de circuits de proximité en intervenant sur des secteurs qui favorisent l’économie locale, et des principes écologiques en utilisant des matériaux naturels, tel que la terre ou le bois. S’engager dans l’économie sociale et solidaire, et agir en faveur de principe écologiques est donc possible pour cette entreprise, dans la mesure où tous sont en accord pour affirmer que « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »

En savoir plus :

http://www.lefilaplomb.fr/

Coopérative Le fil à plomb
4 grande rue
22570 Saint Gelven
Tel : 09 80 42 72 82

 




Un Eco-Habitat en chantier de construction à Lanloup (22) : « Maison écologique » kézako ?

 

Les travaux réalisés dans le détail :

– Construction bois sur dalle bois avec bardage, fibre de bois, ossature en pin, ouate de cellulose insufflée, OSB nature+
– Maison en bois (bardage en réifié)
– Toiture ardoise naturelle (pas le choix avec les monuments de France)
– Isolation ouate + Fibre de bois
– Citerne eau de pluie 10m
– Chauffe-eau solaire avec panneaux à tubes sous vides avec appoint poêle bouilleur + VMC double flux
– Production électrique panneaux photovoltaïques sur le garage
– Gaines électriqaues blindées, boîtier électrique blindé
– Cloisons intérieures en bois / fermacell / brique de terre
– Peut-être une petite éolienne à lévitation électromagnétique à un axe verticale

 

 

 

 

Plus d’infos sur l’éco-habitat breton :

Approche Ecohabitat
Association pour la promotion de la construction et de l’habitat écologique
Espace Associatif Quimper Cornouaille
53 Impasse de l’Odet
29 000 Quimper
www.approche-ecohabitat.org

 




Un week-end pour l’éco-construction dans le Trégor

En quoi consiste le salon Ker Ha Terre ?

 

Après une première mouture en 2012, le salon repart pour une deuxième édition. Il est proposé par le collectif « Ker Ha Terre », en association avec le CPIE du Pays de Morlaix/Trégor. Le salon sera aussi l’occasion de lancer le programme « Phoenix 2014 », un panel d’animations autour du Pôle Phoenix, porté par Lannion-Trégor-Communauté, qui nous soutient. Durant deux jours, le public pourra découvrir pas moins de 55 exposants, et participer à 19 conférences, sur l’éco-habitat. Cette année, la thématique retenue sera « la transition ». La transition est liée à une vision plus écologique de la construction et de l’habitat, et aussi à changement dans les mentalités, à l’évolution vers des alternatives.

 

 

Quel en est l’esprit?

 

Le salon est l’occasion pour des professionnels et associations du territoire de présenter des solutions pour bâtir, rénover et aménager de manière plus saine et respectueuse de l’environnement et de l’homme, et ce à plusieurs échelles : maison, jardin, quartier, ville…

Nous avons voulu aussi ouvrir le débat, et inviter des artisans locaux, qui ne font pas exclusivement de l’éco-construction, mais qui tendent à se diriger vers ce domaine.

Plusieurs secteurs seront déclinés sur le salon : architecture, rénovation, construction, énergies, paysages, santé dans l’habitat, gestion de l’eau, métiers d’art dans le domaine du batiment. Les stands, animations, conférences traiteront de thèmes en relation avec l’éco-habitat également.

 

 
Quelles sont les grandes lignes du programme ?

 

Vendredi, une conférence aura lieu en préambule, au Lycée Le Dantec. Intitulée « Urbanisme et architecture en transition », elle sera animée par Philippe Madec, architecte et urbaniste, bien connu sur le territoire. Durant le week-end, le public pourra retrouver, outre les stands des exposants, des conférences et ateliers sur des thèmes variés : la géobiologie avec le géobiologue Laurent Maugis, la RT 2012 avec le thermicien Guillaume Tobie, la phyoépuration avec Aquatiris, la création et l’entretien d’un jardin au naturel avec le jardinier Philippe Munier, les bienfaits des produits naturels dans l’habitat avec Régine Quéva… En compagnie du FabLab de Lannion, le public pourra s’initier à la construction d’une éolienne domestique. A noter également, un atelier pour les enfants, où ils pourront faire des réalisations à partir de kaplas et de mandalas géants.

Il y aura aussi un clin d’oeil à l’habitat du passé, avec un focus sur les épis de faîtage dans l’architecture traditionnelle de Bretagne.

Nous allons également inviter les élu-e-s à l’inauguration du salon, qui aura lieu le samedi 17 mai à 10h. Des minis-conférences leur seront proposées, comme par exemple une présentation du projet « Pays de Morlaix en transition », par Michel Clec’h du CPIE du pays de Morlaix/Trégor. L’association Bruded sera également présente, pour leur présenter des exemples de démarche environnementales et d’initiatives à l’oeuvre dans les communes bretonnes du réseau.

 

 

Plus d »infos, et tout le programme sur http://www.ker-ha-terre.com/




Bâtiment durable : le plan breton sur les rails

Pouvez-vous nous présenter ce qu’est le « plan batiment durable breton » ?

 

En Bretagne, la rénovation énergétique des bâtiments publics et privés est un enjeu important, car le secteur du bâtiment représente près de la moitié des consommations énergétiques de la région, et 23% des émissions de gaz à effet de serre. C’est aussi une filière économique source d’emplois pour la Bretagne. Le « plan bâtiment durable breton », démarche collective engagée avec les acteurs du secteur, permet d’apporter une réponse à ces deux enjeux, à savoir le défi de la transition énergétique et le soutien à la filière du batîment, sans oublier la question de la préservation du foncier.

 
 
Moins d’un an après le lancement de la démarche en avril 2013, où en est-on aujourd’hui ?

 

Huit groupes de travail se sont constitués. Les échanges ont permis de déterminer quatre grands chantiers : accélérer la rénovation énergétique, accompagner les mutations de la filière bâtiment, promouvoir une commande publique exemplaire, valoriser les ressources locales et financières des territoires. Nous allons par exemple mettre en place un appel à projet avec l’Ademe pour développer des projets du même type que « virvolt’ ma maison » dans le Pays de Saint Brieuc, mais étendus sur tout le territoire breton. Il s’agit d’impulser la mise en place de « guichets uniques » où l’on trouverait des conseils pour les particuliers, des infos sur les modes de financements, et de la mise en relation avec des artisans formés spécialement en rénovation durable.

Nous voulons également étendre les dispositifs de formation pour les artisans, et leurs formateurs, qu’ils soient justement reconnus garants en terme de rénovation durable et aient un label.

Il faut qu’il y ait une coordination, un travail en commun entre les différents acteurs et corps de métier, afin de déployer des formes de coopération sur tout le territoire, et ceci afin d’avoir des bâtiments performants énergétiquement.

 

 
Quelle importance a aujourd’hui, pour la Région, le secteur du logement, et du batîment, dans la démarche de transition énergétique ?

 

Le bâtiment est un secteur important sur lequel il faut agir, car il est un levier intéressant sur lequel on peut intervenir pour diminuer la production de gaz à effet de serre. Il permet aussi une transition de l’économie bretonne vers une économie plus respectueuse. Le secteur du bâtiment représente pas moins de 80 000 emplois en Bretagne.

Il est aussi lié à la question des ressources foncières, enjeu important pour la région. Il faut rénover ou reconstruire en prenant en compte les notions de redensification des centre bourgs et centre-villes, en évitant l’étalement urbain. L’Etablissement Foncier Public de Bretagne mène notamment actuellement en ce sens des expériences de revitalisation des bourgs, à Mellé (35) et Josselin (56).

Il s’agit de développer, avec tous ces projets, expériences et démarches, de nouvelles manières de construire, rénover, et habiter en Bretagne.

 
Plus d’infos

www.bretagne.fr/internet/jcms/prod_207175/ou-en-est-le-plan-batiment-durable-breton?lg=fr




Eco-quartier de Tréduder : « On apporte de la vie »

Quelle différence y a-t-il entre habiter dans une maison traditionnelle et habiter dans un éco-quartier ?

Bien souvent, dans un lotissement traditionnel les habitants ne se connaissent pas, même s’il peut se créer, au bout d’un certain temps, des liens d’amitiés et d’entraide. Dans un éco-quartier, cette l’idée de partage est primordiale. S’il y a des parties communes (jardin, espace jeux, bâtiments technique…), cet espace partagé conduit à des décisions conjointes ce qui est le cas ici. Ce qui est aussi fédérateur. D’autre part, on ne pense pas les habitations individuellement au départ mais dans une harmonie des formes, des couleurs, ou même des plantations. Dès la construction (si les habitations sont en auto-construction) l’entraide est présente par le biais des coups de mains réciproques, le prêt de matériel, l’achat de matériaux en commun, un espace jeux commun, plutôt que chacun ait une balançoire chez soi et un bac à sable, il peut aussi être intéressant d’avoir cet espace en commun, en limitant les frais, l’entretien, et surtout cette démarche fait plaisir aux enfants qui peuvent jouer ensemble.

Vous pointez les avantages à vivre dans un éco-quartier, mais n’y a-t-il pas aussi des inconvénients à la démarche ?

Vivre dans un éco-quartier ne peut évidemment se faire qu’avec des personnes déjà sensibilisées à cette forme d’échange. A mon sens, une personne trop individualiste y trouverait difficilement sa place et pourrait même y être source de conflits.
Dans la vie de tous les jours, comme on connait un peu la vie et les problèmes de chacun, on reste disponible sans s’imposer. On peut trouver chez ses voisins-amis ce qui nous manque, mais on ne va pas débarquer s’il a de la visite ou si on sait qu’il fait la sieste. L’avantage de vivre en éco-quartier se traduit aussi par les échanges possibles comme la garde d’enfants, les courses, le covoiturage, les légumes, les repas et le potager commun. Voire même nourrir le chat ou arroser les plantes pendant une absence. Cela fait trois ans maintenant que je vis de cette manière et je n’y vois que des avantages ! En ce qui concerne les inconvénients, je n’en ai pas encore trouvés qui soient assez significatifs pour être données. Je parlerais plutôt des obligations que cela implique et qu’il faut accepter au départ, comme le partage de l’entretien des parties communes : plantations, phyto-épuration, espace jeux, chemin d’accès, éventuellement bâtiment-laverie, congélateur ou éolienne…et des frais s’y rattachant qui sont de toutes façons moins onéreux à diviser à plusieurs.

Maison du voisin d’Annie Bozec à Treduder. © AR_BD

 

Avez-vous eu le sentiment d’être parfois considéré comme des marginaux ?

On a eu le sentiment d’être des extra-terrestres au départ, mais notre implication dans la vie de la commune comme les commissions communales, les fêtes, ainsi que l’ouverture de nos maisons aux visites nous a fait accepter par la majorité de la commune. On apporte de la vie. Ce qui n’est pas toujours le cas des habitants des maisons secondaires. Cette façon de vivre engendre une façon de manger, de se déplacer, de se soigner plus proche de la nature et de l’indépendance par rapport aux systèmes en place. Nous sommes dans l’ensemble impliqués dans la vie associative locale et souvent engagés politiquement. Une forme de citoyenneté découlant l’une de l’autre.

 

Plus d’infos

L’éco-lotissement de Kerdudal est privé. Les éco-batisseurs peuvent cependant accueillir les visiteurs sur rendez-vous.
Contact: Mr Herrou, 02 96 35 60 85.

Lien vers l’article : mieux vivre sans se ruiner

 

Nous ne vivons pas ensemble

On apporte de la vie

Un mode de vie plus soutenable

St Nolff voit vert

L’impossible éco quartier

Mieux vivre sans se ruiner

Quimper se lance dans les éco quartiers

 




Mal-logement en Bretagne : des indicateurs au rouge

Pouvez-vous nous donner quelques éléments sur la situation économique et sociale en Bretagne ?

 

La Bretagne est une région qui a une démographie particulièrement dynamique, qui attire du monde. La population a ainsi augmenté de 10% sur 10 ans. Parmi ces arrivées, on note la présence de jeunes cadres aux alentours de Rennes, ainsi que des retraités sur le littoral sud.

Dans le même temps, on peut faire quelques constats : après avoir été à l’abri quelques temps, le taux de chômage de la région rattrappe la moyenne nationale. Le nombre de demandeurs d’emploi bretons a ainsi augmenté de 16% entre 2012 et 2013. On note aussi une augmentation de la précarité, notamment du nombre de bénéficiaires du RSA, qui a progressé de 6,4% en 2012. Nous sommes au-dessus de la moyenne nationale.

Quelle est la situation globale concernant le mal-logement en Bretagne ?

 

La situation économique n’étant guère brillante, nous sommes entrés dans une dynamique de crise plutôt négative.

La situation de l’hébergement d’urgence en Bretagne est particulièrement critique. Nous n’avons pas de chiffres précis sur le nombre de personnes à la rue, mais nous savons par exemple que la Croix Roige a doublé le nombre de ses contacts auprès de ces personnes l’année dernière. C’est une évolution qui semble importante, surtout en deux ans. Il y a aussi une explosion de la demande dans les structures liées à l’hébergement, notamment concernant les familles et les jeunes. Une explosion qui a du mal à trouver une réponse. On sait ainsi que plus de 80% des demandes d’hébergement d’urgence dans le Morbihan en septembre 2013 n’ont pas trouvé de réponses. Le recours aux nuitées à l’hôtel est pratiqué couramment par les pouvoirs publics: il est en forte hausse. Cette solution est coûteuse et ne règle pas le problème. La situation est préoccupante sur ce point.

La création de logements sociaux en Bretagne est en augmentation de 1,65 % sur un an. Ce qui est bon signe, c’est qu’on commence à construire des logements plus petits, moins chers et mieux adaptés. Par contre, les demandes sont encore trop souvent insatisfaites. On a compté 53 000 demandes par an. En 2013, seulement 23 300 ont été attribuées. Il en manque 30 000, c’est un déficit relativement important. Des communes, qui ne respectent pas les 20% de logements sociaux obligatoires, ont également un effort à faire.

La situation des locataires s’est par ailleurs considérablement dégradée. Leurs ressources sont de plus en plus faibles, beaucoup n’ont aujourd’hui que le RSA, le logement pèse énormément dans les budgets.

Dans le parc privé, on constate que la production de logements est en recul de 6% sur un an. Les difficultés financières, combinées au durcissement des conditions bancaires, expliquent cela. Même chose chez les investisseurs institutionnels, qui se lancent moins dans les constructions. Mais dans le même temps, du côté des résidences secondaires, la situation est plutôt bonne, notamment dans les zones littorales sud.

L’habitat des gens du voyage est aussi à prendre en compte. Il manque des places et des aires d’hébergement, notamment dans le Finistère et le Morbihan. Leurs aspirations, différentes selon les personnes, ne sont pas assez prises en compte, par les municipalités notamment.

Et concernant « l’habitat indigne ? »

 

C’est une préoccupation essentielle dans la région. On estime en gros qu’il y aurait 70 000 logements insalubres en Bretagne. Il y a des incitations financières, notamment pour la rénovation. C’est pertinent lorsqu’il n’y a pas de gros travaux à faire. Mais lorsque les travaux sont plus importants, ces incitations sont insuffisantes, les propriétaires-bailleurs notamment ne les réalisent pas. En Bretagne, nous n’atteignons que 9% des objectifs fixés dans ce domaine.

Cela s’explique aussi du fait qu’il y ait un manque de personnel dans les services de l’état dédiés à ce domaine. Il y a peu d’arrêtés préfectoraux concernant l’insalubrité. L’action publique est encore trop faible dans ce domaine. Les Caisses d’Allocations Familiales pourraient aussi être plus présentes sur ce terrain, à l’image de ce que réalise celle d’Ille-Et-Vilaine qui contôle la décence de certains logements. Il faut mettre des moyens, et des outils.

Y-a-t-il des disparités concernant ces problèmes de mal-logement, et d’habitat indigne, sur le territoire breton ?

 

Saint-Brieuc et Lorient sont deux villes où l’on note une concentration plus remarquable de fragilités. La part de logements sociaux dépasse par exemple les 25% à Saint-Brieuc. Dans des agglomérations comme Brest, Vannes, ou Rennes, la concentration est moindre, il y a plus de mixité.

On note aussi qu’en milieu rural, le « mal-logement » est plus important. Il ya beaucoup de personnes âgées, isolées, aux ressources limitées, qui sont très attachées à leurs habitations, et qui ne vont pas voir les travailleurs sociaux pour demander de l’aide, car ce n’est pas dans leur culture. Des jeunes arrivent en zone rurale également, car ils ne peuvent pas rester en ville. Bien souvent ils investissent à la campagne, veulent faire des travaux. Certains calculent mal leur coup, et se retrouvent en difficulté financière, donc ne peuvent pas continuer ces travaux, notamment si leurs revenus diminuent. On voit des familles vivre alors dans une seule pièce, ou dans un mobil-home à côté de la maison.

En ville, le problème est différent. Il y a une inadéquation entre ressources financières et le coût du logement, notamment chez les jeunes, qui veulent habiter au centre-ville. Certains vont alors accepter des conditions de vie particulièrement précaires, dans des caves ou combles aménagés par exemple. On observe le même phénomène chez les travailleurs saisonniers venus sur le littoral.

Beaucoup de crédits sont mis sur les villes, alors qu’il y en a également besoin en zone rurale, notamment dans le Centre-Bretagne, qui semble un peu oublié. On risque de voir arriver une région à deux vitesses.

Avez-vous formulé des propositions suite à ce rapport ?

Nous avons émis quelques préconisations, comme par exemple la création et le renforcement des passerelles entre hébergement et logement, grâce à l’action d’associations qui pourraient sous-louer des logements par exemple. Cela permettrait de fluidifier les parcours résidentiels.

Il faudrait aussi davantage de production de logements sociaux, de plus petite taille, et à loyers abordables, et inciter les communes à remplir leurs obligations en
la matière.

Il serait nécessaire aussi de renforcer le volet coercitif dans la lutte contre l’habitat indigne, en donnant plus de moyens aux services de l’Etat chargés de le combattre. Sans oublier de porter des efforts envers l’hébergement des gens du voyage.

 

Plus d’infos

www.fondation-abbe-pierre.fr/