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Les « cigales » cherchent des « fourmis » dans l’entrepreneuriat féminin

Le 8 mars, c’est la journée internationale pour les droits des femmes. A cette occasion, les associations Cigales de Bretagne et Entreprendre Au Féminin en Bretagne co-organisent la cinquième édition de l’opération « Cigales cherchent fourmis », dédiée à entrepreneuriat féminin. Deux événements, l’un en présentiel, l’autre en distanciel, se dérouleront les 9 et 10 mars.

Les Cigales s’activent en Bretagne !…On ne parle pas de l’insecte du Sud de la France, mais des Clubs d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locales de l’Epargne Solidaire. Ils sont nés en 1983 en France, et regroupent des citoyens désireux de financer des projets locaux en économie sociale et solidaire et développement durable, sur une durée de cinq années. Par groupe de 5 à 20 personnes, en indivision volontaire, ils mettent en commun une partie de leur épargne personnelle (30 euros par mois en moyenne). Dans la région, les Cigales sont fédérées au sein d’une association, qui regroupe actuellement une trentaine de clubs. Ils représentant 400 citoyens, qui ont investis entre 2008 et 2020, 2,7 millions d’euros.

Dans le cadre de la Journée Internationale pour le Droit Des Femmes, l’Association des Cigales de Bretagne et Entreprendre au Féminin, réseau de professionnelles qui accompagne les femmes dans leur projet entrepreneuriat, organisent une opération « Cigales cherchent Fourmis spéciale entrepreneuriat féminin » . L’objectif est de rapprocher les porteuses de projets/entrepreneures, qui auront la possibilité de se présenter pendant 30 minutes, et les cigaliers d’un même territoire.

Cette opération, appuyée par le réseau des Pôles ESS bretons, aura lieu cette année le mercredi 9 mars et le jeudi 10 mars, à la fois en présentiel et en distanciel :

 

  • mercredi 09 mars de 16h30 à 19h30 : en physique à :
  • RENNES (15, rue Martenot – Maison de l’économie sociale et solidaire)

  • SAINT-BRIEUC (21, boulevard Clémenceau – Rich’ESS)

  • jeudi 10 mars de 16h00 à 20h30

  • VANNES (1, place Einstein – Le VIPE Vannes)

  • Visioconférence : RENNES, SAINT-BRIEUC, SAINT-MALO, VANNES

 

 

Pour plus d’infos et s’inscrire :

contact@cigales-bretagne.org – 06 81 16 61 73




Le Lieu-Dit à Brest, un collectif des possibles pour les transitions

A Brest, dix associations et une coopérative se sont regroupées pour former Le Lieu-Dit, un collectif qui sensibilise le public aux transitions avec des outils innovants comme une « caravane des possibles » itinérante et une animation « la fresque des possibles ». Le collectif porte un projet de tiers-lieu sur le territoire. Il propose également des conseils et prestations aux entreprises, notamment dans le cadre de la RSE.

Le Lieu-Dit a été créé en 2015. Depuis maintenant six ans, ce collectif d’associations brestoises rejoint par une coopérative mène des projets coopératifs autour des transitions et de l’économie sociale et solidaire. « Il fédère aujourd’hui dix structures », précise Elena Kerrain, coordinatrice du collectif, « On y trouve l’Adess du Pays de Brest, la recyclerie Un Peu d’R, Vert Le Jardin, Brest à Pied ou à Vélo (Bapav), Les Partageurs, le Collectif pour une Transition Citoyenne, la monnaie locale Heol, MadaBrest, La coopérative d’activité et d’emploi Chrysaliade,Les Petits Débrouillards et le Fablab Les Fabriques du Ponant », détaille-t-elle. Le Lieu-Dit est devenu aussi un PTCE, un Pôle Territorial de Coopération Economique (comme c’est le cas également pour le Bois du Barde à Mellionnec dans les Côtes d’Armor, ndlr). « L’idée, c’est de travailler ensemble autour des transitions, sur des thématiques comme le réemploi, l’agriculture, la consommation locale, les circuits-courts…qui sont le cœur d’action des structures du collectif », explique Elena.

Le Lieu-Dit, qui veut être un pôle-ressources autour des transitions, a été aussi lauréat de l’AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) « Fabrique de territoire », qui vise à soutenir l’émergence et le fonctionnement de tiers-lieux. En attendant la création d’un lieu physique, le Lieu Dit est en train de développer un tiers-lieu mobile, baptisé « La caravane des possibles ». « C’est aussi un outil d’animation territoriale », souligne Olivier Béon, salarié du Lieu-Dit, et chargé plus spécifiquement de la création de prestations « éco-responsables » à destination d’entreprises, une autre des actions du collectif. Car chaque structure membre a sa spécialité, et peut apporter ses compétences pour proposer des services et prestations aux entreprises du secteur, en lien avec la RSE. « On peut proposer par exemple des cafés mobilités avec l’association Brest à Pied ou à Vélo (Bapav), des ateliers autour de la bicyclette, du compostage avec Vert Le Jardin, du conseil sur les déplacements, le réemploi, les déchets », détaille Olivier Béon.

Autre outil développés par le Lieu Dit : la Fresque des Possibles. Sur un modèle similaire à la célèbre Fresque du Climat, il vise à « échanger autour de la transition avec bienveillance, autour de thématiques telles que se déplacer, s’équiper, se nourrir, travailler. C’est un support qui permet aux participants d’échanger entre eux et d’identifier des acteurs locaux qui peuvent répondre à leurs besoins », souligne Elena. Une fresque qui aide aussi à « montrer que les transitions écologiques permettent d’avoir une meilleure qualité de vie », et qui sera déclinable sur d’autres territoires de Bretagne, et pourquoi pas de France, à partir de cette année 2022.

Plus d’infos : https://www.facebook.com/LieuDitBrest/




Allo le monde, Ici Bazar !

Reportage et interview réalisés par Marie-Emmanuelle Grignon et Laurence Mermet.

C’est au Mélar’dit, le bistrot-épicerie « et pas que.. .» que tiennent Margot Neyton et Florian Jehanno à Locmélar tout près des Monts d’Arrée, que nous rencontrons Cécile Gavlak et Alexis Voelin, les deux fondateurs de Ici Bazar, revue trimestrielle itinérante vraiment pas comme les autres. Ils y sont alors en plein reportage-immersion pour leur prochain numéro dont la sortie est prévue en avril 2022.

Cécile et Alexis font connaissance en 2008 à Genève en Suisse, au sein de la rédaction d’un journal régional. En 2015, ils décident de tout quitter pour partir en camion sur les routes. Au fil de leurs riches rencontres vient l’irrépressible envie de prendre à nouveau la plume et l’appareil photo pour réaliser des reportages, d’abord diffusés sur un blog auprès de leurs proches. Un thème s’impose à eux : le travail. Parcours professionnels, changements de carrières, passions, transmissions, sens du travail surtout, d’autres manières de travailler… sont quelques unes des thématiques qu’ils abordent en allant « à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent pour mettre ce qu’ils font en adéquation avec ce qu’il sont ». Ainsi naît la revue « Ici Bazar, un autre monde du travail », « de manière très spontanée ». Dès janvier 2018 avec le second numéro, elle devient trimestrielle. L’une de ses particularités, outre sa ligne éditoriale, est son itinérance : grâce au camion aménagé dans lequel le couple vit et oeuvre. La rédaction se fait sur la route, et les reportages, que ce soit en Bretagne avec laquelle Cécile et Alexis ont un lien particulier*, en France, en Suisse ou ailleurs, se déroulent en immersion durant dix jours. Et depuis septembre, la revue a intégré le dispositif Tag56, incubateur de l’économie sociale et solidaire à Lorient, afin de consolider son développement et d’étoffer son offre.

Une autre manière de faire du journalisme – narratif – et de voir le monde. C’est ce que Cécile et Alexis nous présentent lors d’un entretien audio que nous vous invitons à écouter. Il a été réalisé au Mélar’dit dont nous vous parlerons aussi prochainement.

* Le siège de l’association Ici Bazar est à Séné dans le Morbihan et la revue est imprimée chez Cloître, dans le Finistère. Plusieurs numéros sont le fruit de reportages en Bretagne dont le dernier paru, « Au souffle du troupeau, avec Marie-Eve et Pierre-Etienne Rault, éleveurs à Bubry dans le Morbihan ».

Photos : Le Mélar’dit et Ici Bazar.

Pour en savoir plus :

Le site de la revue Ici Bazar

https://www.facebook.com/revueicibazar

Le site du Melar Dit




A Morlaix, Le Buzuk passe au numérique

Depuis le 13 novembre, le Buzuk, la monnaie locale complémentaire du Pays de Morlaix, peut s’utiliser en version numérique, en complément ou à place du paiement en billets, grâce à une application gratuite pour smartphone. Un nouveau défi pour la monnaie qui fête ses 5 ans.

Depuis octobre 2016, on peut régler ses achats dans le Pays de Morlaix avec des billets de Buzuk, dans les commerces qui l’acceptent. Désormais, on peut utiliser également la monnaie locale complémentaire en version numérique ! Une nouvelle aventure pour l’équipe de bénévoles de l’association et pour son salarié, Nicolas Makeiew. Le Buzuk est devenue ainsi la deuxième monnaie locale bretonne à se lancer, après l’Héol à Brest-Landerneau. Cela fait plusieurs années que le lancement du paiement numérique était en gestation. « On est partis du constat que d’autres monnaies étaient passées au numérique, et cela avait permis de développer leur réseau », déclare Nicolas. D’autant que les paiements par espèces sont en perte de vitesse, au profit de ceux effectués par carte bancaire. « Notamment chez les jeunes », note le chargé de développement. « On espère ainsi que l’utilisation de la monnaie locale sera facilitée, pour ce type de public ». Les professionnels acceptant le Buzuk étaient également demandeurs. « Certains accumulaient les billets de monnaie locale, et cela devenait compliqué pour eux de payer leurs fournisseurs avec tout ce liquide. Et le numérique leur apporte aussi une sécurité en plus, et davantage de fluidité dans les échanges monétaires, car les virements sont désormais possibles », précise Nicolas. Le système qu’utilise la devise locale morlaisienne est celui qu’ont choisi une dizaine de monnaies en France, dont le célèbre Eusko au Pays Basque.

Concrètement, comment le Buzuk numérique fonctionne ? Il faut tout d’abord se créer un compte, via le site internet de la monnaie locale, et ne pas oublier d’adhérer à l’association. Ensuite, on doit définir un montant de change automatique mensuel, c’est-à-dire la somme en euros qui sera convertie en Buzuk chaque mois, et qui sera disponible sur le compte numérique. Pour utiliser la monnaie locale chez les professionnels qui l’acceptent, il faut alors installer l’application Buzuk (qui est gratuite) sur son smartphone, et pour payer, flasher le QRCode qui est disponible près de la caisse. « Le virement se fait alors instantanément sur le compte du commerçant, qui peut d’ailleurs suivre la transaction en direct »,souligne Nicolas. Une phase de test auprès de 30 prestataires, débutée en juin, a précédée le lancement officiel. Et les retours semblent positifs. Selon Nicolas, « Ce qui plait beaucoup aux commerçants, c’est le côté instantané de la transaction ». Reste maintenant à transformer l’essai auprès des utilisateurs du Buzuk. « Le plus gros défi, c’est d’avoir un nombre croissant de fidèles, tout va dépendre de notre capacité à fédérer ». Pour rassurer les plus frileux ou réfractaires à l’utilisation du Buzuk numérique, les billets sont et seront toujours en circulation. Car tout le monde n’est pas équipé de smartphone ou à l’aise avec ces nouvelles technologies, et d’autres tout simplement préfèrent utiliser les billets de la monnaie locale. Pour les personnes intéressées par le numérique, l’équipe du Buzuk sera présente sur le marché de Morlaix le samedi, jusqu’au 11 décembre, pour renseigner et procéder aux créations de comptes. Des animations sont aussi organisées, comme par exemple ce samedi 27, dans le cadre du week-end de collecte nationale des banques alimentaires. On pourra déposer au stand des fruits, légumes, produits frais ou secs, ou encore d’hygiène, qui seront ensuite redistribués à Roul’Paniers, l’épicerie sociale ambulante morlaisienne.

Plus d’infos : https://www.buzuk.bzh




En Bretagne, l’édition du Mois de l’ESS 2021 est lancée

C’est parti pour le mois de l’Economie Sociale et Solidaire ! Comme tous les ans, novembre lui est dédié. De nombreuses manifestations sont organisées un peu partout dans la région à cette occasion.

« L’économie sociale et solidaire n’est pas un secteur d’activité, mais une façon de faire et d’entreprendre qui rassemblent des organisations alliant performances, démocratie et utilité sociale ». Telle est l’ESS définie par la Cress (Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire) de Bretagne. Elle repose sur des principes forts : une utilité collective ou sociale, un fonctionnement démocratique, et un modèle économique spécifique (pas d’actionnaires à rémunérer, les excédents sont prioritairement destinées au développement de l’activité).

Dans la région, l’ESS est un secteur fort puisqu’elle représente près de 15% des emplois bretons. Elle est même la première région de France pour la place de l’ESS dans l’économie, avec la présence de nombreuses associations, coopératives, mutuelles et fondations.

Durant tous le mois de novembre, l’ESS est à l’honneur, dans toute la France, avec « le mois de l’économie sociale et solidaire ». En Bretagne, 240 manifestations sont ainsi organisées, afin de sensibiliser le grand public à cette économie plus respectueuse de l’humain, et de montrer la diversité des acteurs de l’ESS dans la région. Cette année, le mois de l’ESS est partenaire du Festisol et du festival Alimenterre, deux autres temps forts de Novembre qui permettent ainsi de lier solidarité et transitions écologiques, économiques et sociales.

Dans les Côtes d’Armor, on pourra ainsi participer à une réunion d ‘information sur les opportunités d’emploi dans l’ESS au Pôle Emploi de Guingamp le 9 novembre à partir de 9h30, à un « apéro-papote » autour de la résillence du modèle de l’économie sociale et solidaire à Saint-Brieuc à la Biocoop La Gambille le 30 novembre dès 12h15, à une réunion d’information sur la création d’un groupement d’employeurs non fiscalisé en Centre-Bretagne, à la Maison de l’Emploi de Loudéac le 23 novembre à partir de 18h30.

Dans le Finistère, on pourra visiter Valouest, une structure de l’économie circulaire qui propose un service de collecte et recyclage des menuiseries extérieures en fin de vie, à Landerneau le 9 novembre. A Morlaix, l’association Luska organisera un groupe de parole de parents « Chantier parentalité », au centre social Carré d’As, le 20 novembre à partir de 10h. A Botmeur, on pourra randonner sous la lune, entre les crêtes de l’Arrée et les marais du Yeun-Elez, le 20 novembre.

En Ille-Et-Vilaine, on pourra assister tous les samedis à des « cafés-découverte » de la Breizhicoop, l’épicerie coopérative et participative de Rennes. A Guipry-Messac, un « café-installation » autour de la transmission agricole est proposé le 23 novembre, tandis que le même jour, une projection du film « Premier de cordée » est organisée à Saint-Méen-Le-Grand.

Dans le Morbihan, une braderie solidaire sera mise en place le 28 novembre à Kervignac, dans les locaux de Book Hémisphères. A Auray, une conférence sur l’écologie en Bretagne sera donnée le 18 novembre. Et à La-Roche-Bernard, on pourra découvrir le café associatif Le Pisse-Mémé, lors d’un café-atelier le 23 novembre.

Tout le programme du mois de l’ESS en Bretagne est disponible sur le site https://www.ess-bretagne.org/mois-de-less-2021-plus-de-230-evenements-en-bretagne-




Le Chemin du Don à Emmaüs

Il y a plus de 70 ans, l’abbé Pierre ouvrait sa « trop grande » maison à Autrui et lançait ainsi son mouvement : Emmaüs. Aujourd’hui, l’association est une pionnière de l’économie sociale et solidaire. Meubles, livres, vêtements et autres objets du quotidien transitent par milliers sur ses sites. Ils sont triés puis vendus pour faire vivre les communautés des Compagnons.  Nous les avons rencontrés à Brest pour comprendre le chemin du don à Emmaüs.

Dans la très paisible commune du Relecq-Kerhuon, en périphérie de Brest, des poules nous accueillent à la Communauté locale d’Emmaüs. Un petit village nous fait face où l’effervescence de l’entrepôt central contraste avec le calme des lotissements alentours. Tel est le cadre que les donateurs des environs découvrent en arrivant avec leurs objets.

Claire (50 ans) par exemple vient donner deux sacs-poubelle pleins de vêtements que son fils « a conservé depuis qu’il est tout petit ». « Ça me fait beaucoup de bien d’alléger mon intérieur ! » sourit-elle avant de confier plus sérieusement qu’il ne lui « serait même pas venu à l’idée de les mettre en vente »… « autant que cela profite ». Mais ces habits, comme le reste des dons, n’arriveront pas directement, ou même jamais, dans les salles de vente connues du grand public… c’est tout une chaîne du don qui se forme à chaque donation.

Au dépôt, une vie bouillonnante

Ce chemin commence au dépôt où tous les objets sont redirigés vers les ateliers spécifiques dans lesquels compagnons et bénévoles s’attellent à les trier, avant d’éventuellement les envoyer en magasin. À la Communauté du Relecq-Kerhuon, c’est Saliou (26 ans) qui dirige avec aplomb le premier tri des arrivages. Avec son chariot élévateur, il « fait la réception des donateurs » puis oriente les articles vers les sections du site leur correspondant.

Originaire de Guinée, Saliou dirige le premier tri au dépôt.

« C’est une véritable fourmilière, ça ne s’arrête jamais ! » s’enthousiasme Marie Raoul, encadrante technique et salariée d’Emmaüs qui nous fait le tour de la communauté. Voitures et camionnettes défilent en effet tout au long de la matinée, se mêlant aux véhicules et engins contrôlés par les compagnons. Et malgré tout ce chahut constant, Saliou & Cie parviennent à maintenir un espace de travail bien ordonné. On parcourt les divers rayons sans mal et on s’y retrouve aisément.

Ce qui frappe le plus en entrant dans le Dépôt, c’est certainement la « Montagne de linge », surnom donné par Marie à l’immense amas de vêtements que doit traiter l’équipe dédiée aux textiles. « C’est génial que les gens pensent à nous comme ça » commente-t-elle, « c’est très bien parce qu’on est toujours une référence en termes de dons et donc de recyclage ».

Les dons de vêtements ne manquent jamais !

Un tri primordial

De là, le tri commence. Il s’opère en trois étapes qui sont identiques pour chaque atelier du site. D’abord, on doit bien évidemment vérifier l’état de la marchandise. S’il est correct, direction les deuxièmes mains pour une mise au propre, voir raccommodage, avant d’être en attente pour un envoi en magasin. Mais si un produit n’est pas en condition de vente, il doit alors être mis de côté dans l’optique d’être malgré tout valorisé.

Pour cela des « accords de filières travaillés par Emmaüs France »  sont en place pour aider les Communautés dans leur démarche écologique. Ainsi, nous retrouvons Guyot environnement et son agence affiliée Estève, que nous avions rencontrée lors de l’opération ferrailles du FCCL, qui s’occupent de récupérer ferrailles et gravats. Autre partenariat important : Retritex. Cette « entreprise d’insertion » aide Emmaüs à garder les habits en mauvais état dans le cycle du textile. Ils sont notamment recyclés en fibre isolante ou envoyés vers l’Afrique pour aider les plus démunis.

Un des nombreux conteneurs remplis de vêtements pas en état de vente.

À l’atelier textile nous rencontrons Annick, 61 ans et bénévole à Emmaüs depuis « plus de 5 ans ». Elle s’épanouit au tri des vêtements qui représente « la source de revenu la plus profitable » pour l’association. Engagée de longue date dans l’économie sociale et solidaire, elle estime que « c’est assez égoïste de faire du bénévolat » plaisante-t-elle. « C’est qu’on se sent bien, sinon on ne resterait pas là. Le fait d’être utile, de rencontrer, que ce soit d’autres bénévoles ou des compagnons… On se sent valorisé à savoir qu’on fait une action utile à la société ». Pleine d’entrain, Annick est heureuse de donner de sa personne dans un cadre qui « évolue beaucoup ».

La salle de tri des vêtements est celle qui nécessite le plus de main-d’œuvre. Compagnons et bénévoles y coopèrent avec sérieux et efficacité. Une entraide nécessaire tant la tâche est longue et minutieuse. Marie explique qu’au-delà de la perpétuelle « Montagne de linge », « au niveau du rangement c’est un peu plus complexe parce que rien ne ressemble à rien ». Ensuite, Annick et ses camarades décident vers quelle salle de vente les articles doivent être orientés. La branche Finistère Nord d’Emmaüs a effectivement la chance de disposer de trois surfaces de vente sur son territoire : Brest, Morlaix et Plougastel. « On peut se permettre s’il y a quelque chose qui ne marche pas à un endroit, on peut l’essayer sur un autre… on peut essayer à droite à gauche » se réjouit l’encadrante technique.

Une multitude d’ateliers…

Mais Emmaüs, ce n’est pas seulement les fripes, c’est aussi des meubles, des bibelots, des bicyclettes, de l’électronique… L’association reçoit tout type d’objet, ce qui offre de nombreuses opportunités d’activités aux compagnons. Chacun peut ainsi exprimer ses compétences comme bon lui semble au service de la Communauté, à l’image de Daniel qui est aujourd’hui en charge des jouets après avoir été, à son arrivée, assigné à l’atelier des bibelots. « J’arrive à m’adapter partout » s’enorgueillit-il, « j’ai terminé ma carrière en tant que soignant en psychiatrie, puis l’heure de la retraite a sonné et je ne voulais pas me retrouver seul donc j’ai fait ma valise et je suis venu ici en 2018 ». Un parcours parmi tant d’autres à Emmaüs qui en fait sa richesse.

Daniel, « Notre plus grand enfant ! »

Un véritable archipel d’ateliers se dessine au fil de notre visite toujours guidée par Marie qui nous présente à Nico aux bibelots et instruments, à Gabriel au « petit électro » ou encore à Omar et Alex à l’atelier des vêtements. Mais certains îlots de l’archipel tournent régulièrement au ralenti, faute de bras. À l’atelier vélo, l’habituel « titulaire » du poste est en arrêt maladie et les nouveaux arrivages commencent à s’accumuler à la porte. L’occasion de rappeler qu’Emmaüs a toujours besoin de bénévoles !

… et de profils !

Mais comment faire vivre une telle collectivité ? À l’heure actuelle 41 adultes et 6 enfants, issus de 17 nationalités différentes, vivent sur le site du Relecq-Kerhuon. Avec tant de cultures diverses, il y a de quoi créer de nombreuses divergences au quotidien lorsqu’on partage des lieux de vie importants tel que le réfectoire. Mais ouverture d’esprit, bienveillance et organisation règnent. Marie nous explique ainsi que chaque semaine les « rôles ménagers » (cuisine, service, nettoyage…) sont répartis entre les compagnons de manière à ce que chacun soit impliqué dans la vie collective.

De plus, le cadre offert est des plus agréable : à quelques centaines de mètres, la rade de Brest s’étend donnant une très belle vue et un air vivifiant. Les compagnons sont aussi logés dans un petit village confortable : un ensemble de bungalows encadre un jardin très convivial, en face, le « Château » (une ancienne bâtisse à deux étages)accueille huit personnes et une famille qui auront bientôt la chance de déménager dans la nouvelle « résidence sociale » en construction. Un « gros projet » qui va permettre à la communauté d’ensuite rénover le « Château » explique Marie, heureuse de bientôt pouvoir proposer de meilleures conditions de vie aux compagnons.

Le « Château » trône majestueusement à l’entrée de la Communauté.

La Communauté du Relecq-Kerhuon est l’une des 119 réparties partout en France. Ces sites sont l’essence du mouvement Emmaüs, au sein duquel le don se vit intensément et se décline sous plusieurs formes. Que ce soit en donnant de sa personne, de son temps ou plus simplement un objet, chacun peut contribuer à faire vivre l’idéal de l’abbé Pierre.