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Contre les dérives de l’économie collaborative, une seule solution, la coopération citoyenne.

Eh oui ! les débats font rage autour du concept d’économie collaborative. S’agit-il d’un mouvement de rupture avec l’économie de marché telle qu’elle fonctionne actuellement ou ne s’agit-il, tout compte fait qu’une façon plutôt futée de faire des affaires en jouant sur des registres de l’âme humaine jusqu’ici peu exploités, comme l’altruisme, le don ou le partage mais aussi sur un registre beaucoup plus commun qui s’appelle « le pouvoir d’achat » ?

J’ai envie de dire un peu les deux. En effet, quand on regarde ce qui se passe dans les territoires en terme d’économie de proximité, il est évident que se mettent en place de nouveaux circuits qui ne sont pas fondés sur la seule rentabilité. Quand on regarde par contre au-delà des frontières de son pays, au sens où on parle du Pays de Morlaix par exemple, on se rend compte que c’est un peu moins vrai. En effet, les médias nationaux mettent sous le vocable d’économie collaborative, des entreprises hautement capitalistes comme Uber, Blablacar ou AIRbnb pour ne citer que les plus connues.

La différence entre les deux tient essentiellement à ce que la même idée de départ, qui pourrait être empruntée à Michel Foucault et son « homme entrepreneur de lui-même », à savoir que nous pouvons tous être les propres acteurs de ce que nous utilisons découle deux conceptions différente du travail collaboratif. Là où, dans votre canton, il s’agit bien d’un échange et d’un partage dans la cadre d’une collaboration bijective, au niveau des entreprises devenues planétaires en moins de 10 ans, il s’agit d’une forme d’auto-exploitation sous couvert de collaboration. Le partage n’est plus totalement bijectif. Et cela fait toute la différence.

Et pourtant, si on prend les expériences françaises les plus emblématiques de cette économie collaborative à sens unique, on se rend compte la plupart du temps que cela a commencé comme une belle aventure humaine, souvent sous forme associative mais parce que le goût de « la gagne », la soif de pouvoir, sont de puissants moteurs pour entreprendre, ces projets ont dérivé vers ce qui est devenu une aventure financière individuelle, de plus engluée le plus souvent dans les exigences de partenaires financiers que l’appât du gain a attiré autour de ces belles « histoires à succès ».

Des utopies créatives comme l’économie du partage émergent en permanence et presque aussi souvent dérapent dans une forme de récupération marchande.

Est-ce inéluctable ? dans l’état actuel de l’organisation de ces projets sûrement. Mais si on levait la tête pour regarder en arrière, on verrait que cela n’est pas aussi irrémédiable que cela. Toute organisation humaine, et une entreprise de l’économie du partage n’échappe pas à cette règle, est la convergence sur un projet, d’intérêts parfois divergents. C’est l’équilibre entre ces projets divergents qui fait la pérennité du projet donc de l’organisation. Mais si dans ce qu’on appelle « la gouvernance », certains intérêts n’ont pas accès aux manettes, ce sont ceux qui les détiennent qui imposent en fin de compte leur intérêts. Et voici comment un projet dérive.

Que faire alors ? Concevoir un mode de gouvernance de l’entreprise collaborative qui ne privilégie aucun de ces intérêts. Dans le langage des entreprises on appelle ces intérêts et ceux qui les portent, les parties prenantes. Dans le cas d’une entreprise collaborative, il y aura donc parmi les parties prenantes, les apporteurs de l’idée, les financeurs de l’idée, les utilisateurs du service et des tiers intéressés par le bon fonctionnement de ce service (ce peut être des associations, des collectivités territoriales, etc…). Pour que l’équilibre se maintienne, il faut donc que toutes ces parties prenantes aient à peu près la même voix au chapitre, afin notamment d’éviter toute dérive, soit vers la marchandisation du don, soit vers la gabegie des moyens, au nom de ce même don . Or en droit français, la solution existe : cela s’appelle les Société Coopératives d’Intérêt Collectif.

En l’état actuel, c’est sûrement un bon outil de développement de l’économie du partage sur un territoire à l’échelle humaine. Au-delà, c’est problématique. Mais justement au-delà, peut-on encore parler d’économie du partage quand le partage se fait avec le monde entier par le truchement de on ne sait plus qui, un intermédiaire dont la rémunération, elle ne ressort plus de la logique du partage ?

C’est pourquoi, il convient pour l’instant de penser l’économie du partage comme une solution locale, avec des acteurs locaux car c’est à ce niveau seulement que le partage est une vraie collaboration

CO LABORARE : travailler avec ce n’est pas loin de CO OPERARE : faire avec

 




Court métrage: Ensemble pour un développement durable !


BDS_nous_allons_le_faire_bien_2015 par ecobretons

 

 

 

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« Faisons changer tous les climats »

Chaque partie engagée l’avait annoncé, la COP 21 devait être un grand rassemblement. Les uns croyaient dans le succès des négociations, les autres dans la force de leur mobilisation suivant la volonté de démocratiser la question climatique.

Les veillées sont toujours pleines de promesses, mais en ce lendemain de signature nous pouvons dénoncer un accord international au rabais sans réel aspect contraignant pour les Etats signataires.

Le 12 décembre est pour la diplomatie une grande date car cet accord met en exergue la leur prise de conscience d’un réchauffement climatique. Et pourtant, depuis plusieurs années maintenant nous parlons bien d’urgence climatique. Nous savons aussi que la planète et ses citoyens sont déjà impactés, cependant il semble que la marche de l’histoire soit toujours à deux vitesses. La tête est tellement éloignée de ses autres membres qu’elle met immanquablement le double de temps pour prendre la mesure des évènements. La close de revoyure dites « d’engagement révisés », chère aux américains, est ai un bon indice de la réelle motivation des puissances de ce monde prêt à créer de nouveaux agenda pour repousser d’avantage l’urgence et ainsi protéger leurs intérêts.

 

 

Les autres membres en question, aussi divers que variés, ont quant à eux bien pris la mesure des choses puisqu’ils se sont rassemblés pour défendre la question du climat. Parmi ces acteurs il y a la Coalition Climat 21 regroupant un ensemble de 130 organisations allant du mouvement social au syndicat en passant par les ONG. Née des déceptions des précédentes conférences des parties, cette coalition tient sa force de la diversité des acteurs qui l’anime animent, proposant un large point de vue au service d’un même thème : La justice climatique.

Car voilà l’enjeu réel de la crise climatique dans laquelle nous entrons : son impact sur les sociétés. Car une chose est certaine, nous serons tous impacté mais différemment selon notre position sur le globe. Les pays du sud l’ont bien compris, le mouvement citoyen aussi. Ainsi, l’ensemble des conférences auxquelles j’ai eu l’occasion d’assister ont toute pointé du doigt cet aspect que ce soit dans l’Espace Génération climat du Bourget, dans l’enceinte Onusienne à l’occasion de l’Université de la Terre ou encore au village alternatif de Montreuil où à la ZAC (Zone d’Action Climat) au 104. Cette convergence des propos a rendu l’ensemble des discours plus retentissant et marque le fait que nous arrivons à un point de bascule entre la société civile et l’Etat. En effet, las d’attendre une réelle évolution de la part de nos représentants, celle-ci s’est déjà activée pour créer des projets d’avenir pour notre planète. Ces micro prises de conscience ont crée des micros luttes qui tendent à se généraliser. Plus encore, elles prennent de l’ampleur et offrent un modèle de lutte basé sur le respect. Le jeu diplomatique aux actions trop lentes a ouvert la porte à l’action citoyenne..

 

 

Si l’on peut douter du succès politique de cette COP 21, nous pouvons néanmoins en retirer une énorme satisfaction sur l’ensemble de sa programmation annexe qui était vaste, parfois foulli fouillis et extrêmement frustrante par sa richesse.

Les mots qui ont peuplé ces conférences étaient du meilleur cru. Nous avons beaucoup entendu parler d’altruisme, de sagesse, de bio mimétisme, de solutions (beaucoup de solution), de projets, d’économie circulaire, d’éco conception des produits, d’action citoyenne collective, d’agir, d’avenir, de donner du sens dans nos achats mais ça marche aussi avec nos vies, de vivre ensemble, de prendre soin des autres et de notre nature, de diversité, de nécessité de cohérence … Tout ces mots, ces concepts et j’en passe et des meilleurs, tout ces yeux qui brillaient, ces mains qui s’agitaient, ces hommes de tous les horizons chef d’entreprise ou indien d’Amazonie si éloigné mais véritable frères de pensée, tout ceci était réuni pour débattre de la question de la justice climatique. Le plus fort dans ces discours c’est que ce ne sont pas que des mots et des concepts car beaucoup d’entre nous sont déjà appliqué à les mettre concrètement en pratique. Nous avons tous des exemples en tête pour nous en convaincre.

Il est intéressant de noter à quel point ce sujet peut être fédérateur malgré sa rudesse, son côté anxiogène et la désagréable impression qu’il nous laisse. Constater une fois de plus que la société dont nous sommes issu valorise un modèle de développement basé sur l’avoir et ceci à n’importe quel prix, ne peux peut pas nous laisser froid.

Dans ce rassemblement aux multiples acteurs il était facile de voir ce qui alimentait le moteur d’action des participants. Force est de constater que ce n’est pas la peur et ses enfants la haine, la vengeance et la stigmatisation, sentiments que quelques uns exaltent et estiment comme une juste répartie face à l’actualité, malgré que ces idées n’ont jamais été fertiles comme l’histoire nous l’enseigne.

Non, non, au contraire Ces gens (d’ici et d’ailleurs) sont à l’image de cette terre qu’ils défendent et chérissent tant, ils sont généreux, la bouche pleine de graines pour planter les mots d’un développement juste et équitable.

 

 




Immersion dans les andes et rencontre avec une communauté native qui a su donner un second souffle à ses alliés sacrés.

Marcos le yachar, sage de la communauté.

 

Au Pérou, il existe au moins 57 groupes indigènes, ce qui représente plus de 9 millions de personnes. Les « Pueblos Originarios » tels que les Quechua et les Aymara des Andes partagent une cosmogonie riche et unique très éloignée de la vision occidentale contemporaine du monde.

Une cosmologie qui invite à se pencher pour embrasser la terre…

C’est mon intérêt pour les pratiques traditionnelles de guérison qui m’a fait venir jusqu’à lui. Ce séjour aux côtés de Marcos démarre très fort puisque nous allons d’emblée participer à un rituel ancestral célébrant les liens de l’homme avec la Terre.

Arrivés au bord d’une superbe lagune, nous déchargeons nos emplettes rapportées de la ville : sacs remplis à craquer de feuilles de coca, alcool et cigarettes, fruits, bouquets de fleurs, bougies, parfum…le complet nécessaire pour accomplir une cérémonie de remerciement à la Pacha Mama. La préparation est minutieuse: Pour commencer, nous plaçons chaque élément par pair sur une étoffe posée au centre de notre cercle. Marcos prononce à mi-voix une série d’incantations, de paroles magiques en quechua pour entrer en contact avec la terre. Il parle avec elle, lui présente les nouveaux arrivants, lui exprime sa gratitude et sa plus haute considération. Dans un silence religieux, nous faisons passer une cigarette autour du cercle et tour à tour, chacun souffle un peu de fumée sur les offrandes (le tabac est présent dans quasiment tous les rituels, il permet de chasser les mauvais esprits). Une bouteille de vin ainsi qu’un petit verre font leur entrée dans le cercle. Un à un, nous voyons le verre arriver dans nos mains, chacun boit une légère gorgée et projette le reste sur le sol (oui mais non, on n’est pas là pour picoler et puis il est14h!). Ça ne m’était jamais arrivé de littéralement trinquer avec la terre! La brise fraiche souffle à mon oreille: «tu es parfaitement à ta place. Tu fais partie du tout» et je me sens recouverte d’une force indéfinissable. En regardant autour de moi je m’aperçois qu’effectivement tout est à sa place, qu’une complète harmonie règne sur l’endroit. Marcos et Silvestre son assistant me convient à les suivre au bord de l’eau. Ils emportent avec soin le tissu refermé sur les offrandes puis déplacent quelques branches séchées, laissant apparaitre une cavité dans laquelle sont enfouis les restes d’une ancienne cérémonie. Le sac est déposé dans la «bouche de la terre» que les deux hommes recouvrent des mêmes branchages avant de s’éloigner. Ainsi se termine le rituel. Existe-t-il une métaphore plus belle pour illustrer l’intimité du lien que l’être humain est capable d’entretenir avec la terre?

 

Les rituels pour le maintien de l’harmonie entre tous.

Je découvre de l’intérieur une culture millénaire basée sur le respect de la relation sacrée qui règne entre la terre, la culture, la nourriture et la santé. La cosmovision andine est fondée sur la recherche de l’harmonie entre les éléments de la communauté comprise dans son sens large: Cela inclut la nature, les hommes et le sacré (par exemple les dieux des montagnes). Ces trois sphères, rassemblées sous le nom de «Ayllu» dépendent les unes de autres et doivent donc veiller à leur bien-être mutuel. Ce soin de la vie repose sur «l’Ayni» qu’on peut traduire par principe de réciprocité. Ainsi les andins dans leurs célébrations rituelles rendent honneur aux montagnes, à l’eau, aux plantes… Les uns se mettent au service des autres et vice et versa ce qui permet aux trois communautés d´atteindre l´équilibre et l´harmonie au sein de la terre sacrée connue sous le nom de «Pacha Mama».

Les rituels ont pour finalité de remercier les divinités pour les fruits obtenus grâce à l’agriculture. Cultiver son lopin de terre, c´est contribuer à enrichir et régénérer la Pacha locale. C´est un espace privilégié d´interaction entre les êtres vivants qui conversent, s’aident et développent une attention mutuelle.

Pour les communautés andines, le temps est circulaire. Il est directement relié aux rythmes et cycles de la lune, du soleil, du climat, de l’agriculture. De ce fait, les «crianzas» (dons, soins à la vie), rites et festivités suivent le rythme des cycles saisonniers.

 

 

Perdre la notion du temps, et vivre au rythme des éléments.

Les journées s’écoulent paisiblement à Quispillacta et se ressemblent assez.

Réveillée à 5h30 par le large sourire de Silvestre qui vient prendre des nouvelles, mon air zombifié en réponse lui glisse un imperceptible “j’aurais bien dormi plus longtemps”…Traversée du village pour rejoindre la maison de Marcos et le suivre dans ses activités : Semis de patates -2 des 4000 variétés que compte le pays dont le tubercule est originaire- . Préparation et utilisation d’explosif artisanal pour casser des pierres et monter des murets afin de séparer les parcelles (ha, l’inoubliable air mutin de Marcos à chaque retentissement!). Et bien sûr les innombrables virées sur le versant des montagnes où le yachar me montre les espèces végétales qu’il utilise à des fins médicinales.

Selon la perspective andine, tout est animé de force spirituelle, toutes les espèces ont des esprits tutélaires avec lesquelles la société humaine est reliée en permanence. On accorde beaucoup d’importance aux éléments naturels pour expliquer l’origine de certains maux. De nombreuses plantes soignent contre le très répandu «mal aere» (mauvais vent), un courant énergétique produisant un déséquilibre et donc un mal-être chez celui qui l’attrape. Souvent, les remèdes sont simples à préparer mais Marcos est rigoureux sur l’indication de la posologie (par exemple à quelle fréquence prendre telle infusion) appropriée et une même plante peut soigner plusieurs maladies. Il insiste beaucoup sur l’alimentation et la papa – pomme de terre- tient une place de choix dans ses prescriptions! Mon esprit d’occidentale note que la foi de l’individu affectée conditionne l’efficacité des traitements et le lâcher-prise aidant, je me surprends à ressentir un réel soulagement après que Marcos m’ait simplement soumis à une petite séance de purification en m’aspergeant d’eau de fleurs tout en récitant ses incantations. Le pouvoir de la «crianza», l’attention, le soin porté au vivant. L’intime liaison corps/esprit que les progrès de la médecine conventionnelle nous ont fait oublier mais qui ressurgit dans nos sociétés à l’heure où notre psyché est plus que jamais trouble, déboussolée…

Au cours de ce séjour, je passe beaucoup de temps avec la douce Ilda et son fils Jon, super berger et karatéka autodidacte de surcroit. Je les accompagne quand ils amènent les bêtes en pâture et nous marchons plus de 3 h
eures pour arriver au petit champ où broutent paisiblement les quatre
vaches de la famille. Ilda entame alors sans empressement sa ritournelle quotidienne car elle connait par cœur le moindre geste à effectuer: traire les vaches, laisser reposer le lait 1 heure à peine, puis préparer le fromage pendant que Jon s’en va gambader sur des pentes abruptes avec le troupeau de chèvres. Il est dur à suivre le petit, je m’agrippe aux eucalyptus pour ne pas glisser! Nous rentrons juste avant la tombée de la nuit parce que souvent pour ne pas dire tous les jours,c’est le moment que choisit l’orage pour éclater. S’en suit l´averse qui tourne au déluge et pendant que le tonnerre gronde, nous mangeons papas y queso (le quotidien repas patate-fromage) à la lumière du feu qui flambe et fait office de four. L’orage tonne encore quand j´entre dans mon lit, chargée de la bonne fatigue que ressentent les gens passant leurs journée dehors. «Nous on vit d’air pur!», aere puro comme dit Ilda,

Une vie simple, d’une lenteur infinie. Les éléments sont trop présents, imprévisibles et puissants pour qu’on néglige l’ordre naturel.

Une vie de labeur aussi: Joues tannées par un soleil de plomb, pieds qui vivent mal les écarts de température et craquèlent sous les sandales en pneu, corps abimés par la rigueur des tâches du quotidien. Des vies rugueuses auxquelles viennent se greffer les atteintes du monde extérieur.

Yon

 

 

Préparation du fromage

 

 

Celles qui aux fourneaux font le lien entre la nature et l’homme

 

 

Berger

 

 

Un monde rural fragilisé.

Jusque dans les années 80, les paysans vivant dans la sierra d’Ayacucho ont été particulièrement touchés par des vagues de violence politique. Comme c’est souvent le cas, les civils se sont retrouvés pris au piège d’une guerre opposant l’armée péruvienne au sentier lumineux – mouvement maoïste fondé dans la région et qualifié d’organisation terroriste par la communauté internationale – Beaucoup de paysans furent chassés de leurs terres et les guérisseurs, accusés de sorcellerie, furent persécutés.

À la même époque, le monde agricole connut l’apogée de la révolution verte jusque dans les villages les plus reculés. Impuissants, les petits producteurs ont alors assisté à la destruction de leurs parcelles familiales, c’est-à-dire de leurs seuls moyens d’existence.

Parallèlement, le changement climatique a contribué à la dégradation des conditions de vie des populations paysannes. Il suffit de mentionner que le dernier glacier de la région a disparu en 2005.

ABA, un projet de développement global crée par et pour les membres des communautés de Quispillacta.

L’association ABA nait officiellement en 1991. Parmi les 5 membres d’une fratrie originaire de Quispillacta, 2 d’entre eux, Magdalena et Marcella ont eu l’opportunité d’étudier l’agronomie. Elles se retrouvent vite en désaccord avec cet enseignement qui prône une agriculture mécanisée détruisant leurs traditions, et plus particulièrement la relation affective avec la semence et tous les éléments vivants reliés à la terre. Les 2 sœurs en arrivent au constat suivant: Envisager l’agriculture sans culture provoque la détérioration d’un processus qui a plus de 10000 ans. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les thèses de fin d’étude de Magdalena et Marcella ne plaisent pas à leurs professeurs.

Le contexte de violence politique et la modernisation agricole des années 60 pousse la fratrie à booster le potentiel de sa communauté. L’association ABA décide de relever le défi de la lutte contre l’abandon des terres. Elle se fixe pour objectif de récupérer les chacras («fermes» en espagnol) familiales de Quispillacta. Et décide bientôt de concentrer son travail sur les problèmes de désertification dûs au manque d’eau.

Renforcement des ressources naturelles…

L’équipe d’ABA est confrontée à un phénomène d’homogénéisation qui a peu à peu marginalisé les communautés paysannes et notamment leur langue, le quechua; La cosmovision d’un peuple étant directement visée, il s’agit pour l’association de la réintroduire au centre des programmes qui vont progressivement être mis en place.

ABA a tenu à monter un projet transversal et participatif. Tous les habitants de la communauté ont donc été impliqués dans les 2 principaux axes de travail que sont la lutte contre la sécheresse et la récupération de la biodiversité.

La construction de canaux d’irrigation et de lagunes artificielles a permis d’augmenter la disponibilité en eau dans le sol et d’obtenir une récupération rapide de la couverture végétale. À ce jour, 71 lagunes ont été formées et 19 nouvelles sont en cours d’élaboration. Ces lagunes ont pour fonction de remplacer les glaciers. Ce programme d’Aba est nommé «siembra y cosecha del agua» (semis et récolte de l’eau). Les membres de la communauté évoquent souvent la gestion de cette ressource naturelle comme on parlerait d’un enfant: «criar el agua con cariño y respecto», l’élever avec soin et tendresse.

 

Groupe d’hommes de la communauté travaillant à la construction d’une lagune.

 

 

 

et réaffirmation culturelle de la communauté.

Les violences visant la cosmovision andine ont également eu pour effet de discriminer tous les paysans et ceux parmi eux qui exerçaient la médecine traditionnelle furent accusés de sorcellerie. Les Yachars ont fait l’objet de persécution jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Avec lui, ABA va commencer à former de nouveaux guérisseurs par la voie ancestrale de la transmission orale: Marcos est l’un d’entre eux. Grâce à l’intervention d’ABA, il est parti faire de nombreuses retraites à Tarapoto dans la selva (forêt amazonienne) péruvienne, effectuant parfois des diètes de plusieurs mois.

Après plus de 20 ans d’un
travail holistique qui s’est décuplé dans de nombreuses communautés de la région, ABA constitue aujourd’hui un modèle de développement rural apparaissant comme une référence pour les politiques publiques. Cette reconnaissance s’est confirmée lors de la COP20 -conférence annuelle de l’ONU sur le climat- qui se déroulait en décembre dernier dans la capitale. ABA y a remporté le 1er prix environnemental de l’année dans la catégorie des bonnes pratiques face au changement climatique.

Un projet ambitieux et intelligent qui s’est montré capable de restaurer un écosystème conditionnant l’existence de communautés dont l’identité est basée sur les richesses de son environnement.

Cette expérience humaine me montre à quel point les éléments nature et culture sont interdépendants, s’absorbant l’un et l’autre parfois jusqu’à complete fusion. Et si la nature se suffit à elle-même, la culture andine nous rappelle combien nous ne pouvons pas nous passer d’elle.

 

La femme du sage.

 

 

 

Point sur la révolution verte.

Ses origines remontent aux années 40. À l’issue d’une conférence panaméricaine jetant les bases de la gouvernance mondiale d’après-guerre, la Fondation Rockefeller incite l’administration du Mexique à créer sur son territoire l’Office of Special Studies, un centre de recherche agronomique. Ces investigations seront encadrées par Henry Agard Wallace, ministre de l’agriculture sous la présidence Roosevelt mais également fondateur en 1926 de Pioneer Hi-bred, la plus grande firme mondiale de semences de maïs hybride à l’époque et qui pratique encore aujourd’hui son activité dans la plus parfaite hégémonie.

La fondation Rockfeller embauchera ensuite l’agronome Norman Borlaug (prix nobel en 1970 pour ses fameuses trouvailles…) afin d’approfondir les études au Mexique sur l’augmentation du rendement des semences et le croisement des espèces. Ces découvertes technologiques seront ensuite testées au début des années 60 au Pakistan, en Inde et aux Philippines et mèneront à la création d’un réseau de centres de recherches et banques de semences sur les 5 continents.

1960/90: l’apogée d’une révolution verte par les dollars qu’elle engrange.

L’énorme bond technologique réalisé en agriculture au cours de la période 60-90 va avoir entre autres effets:

– L’effondrement de la diversité génétique des espèces végétales.

Il aura pourtant fallu près de 10 000 ans à l’humanité pour accumuler une grande diversité de plantes comestibles, originaires pour la plupart des régions tropicales et subtropicales. Les migrations de population notamment ont amené des espèces dites alimentaires dans les pays du Nord qui jusqu’à ce jour continuent de dépendre des matériaux génétiques du Sud. Révolution biologique dès 1492, les conquistadores espagnols et portugais ramenèrent virus, germes et bactéries qui décimèrent les populations natives mais y introduisirent aussi riz, blé, canne à sucre, chevaux, vaches…Ils ramenèrent en Europe la pomme de terre, la cacahuète, tomate, mais, quinoa, tabac, coca et bien d’autres espèces…

En Europe et en Amérique du Nord, sous prétexte de développement urbain, plus qu’un style de vie l’agriculture va devenir une science et entrainer l’introduction de machines, engrais minéraux,produits phytosanitaires…De nouvelles variétés à haut rendement vont être mises au point grâce à la sélection variétale. Dans le but d’accroitre la productivité, les fondateurs de la révolution verte vont donc opter pour une uniformisation des espèces comestibles. Ils prétendront contrer cette érosion génétique par l’installation de banques de germo-plasma ainsi qu’une nouvelle génération de variétés crées en laboratoire. Pourtant, les 16 centres du Groupe Consultatif International d’Investigation Agricole (CGIAR) qui existent à l’heure actuelle se sont toujours concentrés sur un petit nombre d’espèces commerciales comme le blé, le riz et le maïs. Poussés par les donations et pressions commerciales, ils ont causé d’importantes altérations dans les habitudes alimentaires de nombreuses populations dans le monde.

En résumé, les anciennes régions d’approvisionnement de comestibles hautement diversifiés sont à ce jour inondées des semences génétiquement uniformisées qu’offre un marché international dominé par les consortiums agroalimentaires. La sécurité alimentaire de l’ensemble de l’humanité s’en trouve menacée.

– Les impacts sociaux, politiques et environnementaux découlant des réformes agraires.

«Les structures sociales coopératives du Tiers-Monde doivent être réduite en faveur d’une orientation agressive du marché.» Ces mots ont été prononcés par le président de l’Agriculture Development Council de la fondation Rockfeller. La population-cible des programmes de la révolution verte: les moyennes et grandes unités de production capables d’acheter des agents externes -semences modifiées- et produits chimiques allant de pair. Les conséquences ne se sont pas faites attendre: Destruction des structures agraires ↠ élimination des unités familiales de production ↠ exode rural ↠ augmentation de la faim.

Et l’Union Européenne dans tout ça? Soucieuse de booster sa productivité, elle va créer en 1961 la Politique d’Agriculture Commune (PAC). Initialement prévu pour stabiliser les prix et assurer la régulation des marchés, le dispositif va instaurer un système d’aides à l’exportation fonctionnant selon le mécanisme suivant: Incités à vendre à un prix inférieur à leurs couts de production, les bénéficiaires des subventions vont écouler leurs stocks -en Afrique par exemple- où ils vendront à perte ce qui va avoir pour effet d’écraser la concurrence. Les prix vont alors chuter, ce qui sera forcément fatale pour les petits producteurs locaux. Puis, ils vont remonter en flèche ce qui aura des répercussions sur toute la population locale.

Notons que cette pratique commerciale dite de «dumping agricole» est considérée comme de la concurrence déloyale et qu’elle est donc interdite…

Les organisations internationales accordent des crédits aux gouvernements pour développer une agro-industrie orientée sur l’expansion et exportation des productions agricoles primaires. En accord avec le modèle européen et nord-américain, les pays du Sud dépensent leurs rares ressources publiques en subvention pour de grosses firmes au détriment du soutien aux petites et moyennes unités de production. Les seules aides dont bénéficient ces derniers sont alors des paquets technologiques qui contribuent à la disparition des techniques ancestrales.

En 50 ans, la population agricole en France est passée de 20% à 2%.

Les années 90: Une seconde révolution, celle des biotechnologies.

Si l’on ne peut nier l’immense potentiel de la microbiologie pour la médecine et l’agriculture, les avancées récentes en ce domaine constituent une arme dangereuse une fois aux mains des multinationales de l’agrochimie.

L
es variétés hybrides à haut rendement obtenues par croisement d’espèces ont été éclipsées par des semences transgéniques obtenues au moyen de l’introduction du code génétique d’une espèce dans une autre.

Grâce à un savant système de brevetage, un petit nombre d’entreprises va bénéficier d’un monopole sur ces OGM et les produits chimiques dont ils dépendent. Détenant un droit exclusif de propriété, ces consortiums vont contraindre les agriculteurs à utiliser des semences «terminator» stériles et leur interdire de semer les graines de leurs propres récoltes.

Parallèlement,au début des années 2000, on assiste à la flambée des biocombustibles et les terres arables sont envahies de monoculture intensive de canne à sucre pour l’éthanol, soja et palme pour l’agrodiesel, le tout génétiquement modifié bien sûr.

Outre la détérioration des sols et les impacts sur la santé des producteurs (on peut citer le cas du glyfosate ou RoundUp, désherbant de synthèse crée par la firme Monsanto, récemment classé dans la catégorie des pesticides cancérigènes par l’OMS), cette nouvelle vague d’agriculture extensive détournant les denrées alimentaire de leur vocation 1ère creuse encore davantage le fossé existant entre ceux qui souffrent de la faim et ceux qui en font un business.

L’ agriculture “moderne” était censée nous nourrir tous alors comment se fait-il que le monde ait traversé une crise alimentaire majeure en 2008 ?

Les mexicains ont été les 1ers à descendre dans la rue pour protester contre l’explosion soudaine du prix du maïs (40% d’augmentation en quelques mois). Un an plus tard, l’inflation du prix des denrées alimentaire de base fera éclater des émeutes de la faim partout en Afrique.

Parmi le nombre incalculable de causes de cette crise également énergétique et financière: les agrocarburants, l’homogénéisation des habitudes alimentaires (la demande croissante en viande de la Chine par exemple), l’abandon des cultures vivrières, la volatilité des prix sur le marché international…

Autre phénomène qui gangrène aujourd’hui le monde rural, celui de la privation des terres arables: Chaque année, des millions d’hectares se retrouvent aux mains des spéculateurs, multinationales et capitaux étrangers investissant dans la monoculture, la construction d’aéroports …

La dynamique d’ accaparement des terres et de concentration foncière sévit désormais sur tous les continents.

Le combat pour faire reconnaitre l’évidence: la terre est un bien public et non une marchandise, ce combat est le même pour tous les petits producteurs du monde menacés dans leur organisation économique et sociale et dans leurs traditions millénaires.

Mais en fait la résistance n’est pas seulement l’affaire des sans terre, de via campesina ou de toute autre organisation paysanne, il s’agit du combat de tous pour tous et pour ce grand tout qu’on peut rassembler sous le nom de biodiversité: le combat des consommateurs qui se soucient de leur santé, et sans nécessairement être militant écologiste, celui de tous ceux qui ne peuvent tolérer la destruction de l’environnement, maison de l’humanité.




La Caravane des Transitions en escale à Plourin-Les-Morlaix

« La Caravane regroupe en son sein des « caravaniers », qui sont des porteurs de projets aboutis, tous s’inscrivant dans la thématique des transitions. Une étape tous les mois et demi est prévue, dans toute la région Bretagne, avec une soirée grand public ouverte à tous. Lors de cette soirée, après une introduction concernant la transition écologique, et la présentation des caravaniers, des ateliers sont organisés, autour de chaque initiative présentée. Chaque participant est invité à assister à trois ateliers de son choix. On est vraiment, avec la Caravane, dans des démarches de « consolidation » d’initiatives et aussi de transmission. », explique Julian Pondaven, directeur du Réseau Cohérence, qui fédère une centaine d’associations bretonnes.

 

 

Les six initiatives présentées :

 

La permaculture dans son jardin

 

la permaculture (Permanent Agriculture (agriculture permanente), développée dans les années 1970 par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren, est une méthode systémique et holistique de conception d’habitats humains et de systèmes agricoles inspirés des écosystèmes naturels et des pratiques traditionnelles. Elle donne les clés pour concevoir et « designer » des systèmes de cultures agricoles, des lieux de vie et des échanges humains dans le but de protéger et préserver la diversité naturelle, la stabilité et la résilience des écosystèmes. Les 3 piliers de base sont : le respect de la Terre ; le respect de l’homme et ses peuples ; la création abondante et la redistribution du surplus.

 

Caravanier :Université Populaire de Permaculture

www.permaculturefrance.org

 

 

 

Initier une Amap pour des paniers paysans

 

Aujourd’hui en France, 2000 Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (Amap) soutiennent une production saine, adaptées aux terroirs et aux saisons. En supprimant les intermédiaires et les transports inutiles, elles créent un lien social et solidaire entre ville et campagne, entre amapiens et paysans.

L’Amap de Landerneau a donc pour but de soutenir une agriculture biologique de proximité afin de promouvoir un commerce local équitable entre agriculteurs et consommateurs et de promouvoir une alimentation saine et diversifiée accessible à tous.

 

Caravanier : Prends-en de la Graine, Landerneau, http://amaplanderneau.blogspot.fr

 

 

 

Investir dans les énergies renouvelables citoyennes

 

Il existe une place pour les actions citoyennes en lien avec les énergies renouvelables.

Taranis est un pôle régional de promotion et de diffusion du modèle d’énergie citoyenne en Bretagne. Le réseau Taranis fédère une trentaine de porteurs de projets – associations, sociétés d’exploitation coopératives et collectivités – ayant des projets éoliens, photovoltaïques, bois-énergie, micro-hydrauliques et de maîtrise de l’énergie en Bretagne.

C’est pour répondre à la fois à un besoin d’échanges, d’interconnaissance, et à un besoin d’accompagnement et de formation de ces porteurs de projets que le réseau Taranais a été créé. Réseau d’innovation sociale, Taranis est le premier réseau régional de ce type en France.

 

Caravanier : Taranis, http://www.reseau-taranis.fr

 

 

 

 

Le Baromètre du développement durable des communes

 

Le baromètre du développement durable est un outil mis en place par le réseau Cohérence depuis 2008. Cet outil a pour objectif de permettre aux communes de se situer dans leur prise en compte du développement durable et solidaire au regard d’une centaine de questions.

 Caravanier : Réseau Cohérence

A lire aussi

Appel à contribution pour co-construire un baromètre du développement durable pour les intercommunalités

A Saint-Malo, Horizons Solidaires démocratise le développement durable

 

 

 

L’agenda 21 du citoyen

 

Afin d’encourager et d’inciter tout un chacun à modifier ses pratiques et ses comportements susceptibles de répondre aux enjeux du développement durable et solidaire, l’association Nature et Culture et le réseau Cohérence se sont engagés depuis 2010 dans un projet visant à décliner la démarche d’agenda 21 à l’échelle du citoyen ou d’un foyer. 

 Caravanier : Réseau Cohérence

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Un réseau social pour le développement durable

 

 

 

 

Vivre ensemble en habitats groupés

 

L’habitat groupé rassemble les personnes qui veulent sortir des solutions individuelles de logement et concevoir collectivement des habitats groupés préfigurant des éco-quartiers. Animées par des valeurs humaines et écologiques, ces personnes développent dans ce cadre un nouvel art de vivre ensemble.

L’habita groupé tend à promouvoir des solutions d’éco-habitat, une simplicité ainsi qu’une autonomie des habitants et du lieu, le tout contribuant à réduire leur empreinte écologique.

Ekoumène est une Société Civile Immobilière mais aussi une association qui concerne 6 foyers (10 adultes et 9 enfants) de Brest. Beaucoup de principes et de valeurs fortes dans ce projet, comme l’écologie (une orientation plein sud et un triple vitrage), la convivialité (de grands paliers et des espaces d’échange) ainsi que de la démocratie participative, l’autonomie énergétique ou encore la solidarité…

Un mode de vie qui se veut positif aussi bien d’un point de vue énergétique qu’humain.

 

Caravanier : Association/Sci Ekoumène

www.ekoumene.org

 

 

 

 

 

 




L’économie collaborative, est-ce encore de l’économie ?

Mais en fait, il a été surtout question d’autres choses . En effet, l’association Colporterre 1 qui animait cette réunion a présenté un panorama des 950 initiatives d’économie collaborative ( par souci de simplification, c’est l’appellation que je vais retenir, bien que je préfère la notion de partage à celle de collaboration) qui ont émergé dans la Bretagne historique. Or surprise ! 80% des projets sont portés par des associations et d’après la typologie des entrepreneurs et des consommateurs qui a été présentée, j’ai cru comprendre que l’emploi n’était pas l’enjeu majeur de ces projets, faire fortune encore moins.

On peut alors se poser la question : mais est-ce encore de l’économie ? Si on prend comme système de référence l’économie de marché, c’est peu vraisemblable, si on prend comme critère d’appréciation les emplois générés ou les richesses créées, c’est aussi peu vraisemblable, du moins pour le moment. Mais alors qu’est-ce ? C’est toujours, d’une façon ou d’une autre, une manière de satisfaire un besoin social, de répondre à une demande domestique ou sociale à laquelle justement le marché n’a pas apporté de réponse, qu’il s’agisse de promener le chien des voisins pendant leurs vacances (exemple cité lors du débat) ou d’apprendre à réparer les petits objets de la vie quotidienne que l’obsolescence programmée par l’économie de marché a condamné (autre exemple présenté lors du débat).

Si on se réfère à la signification première du mot économie (oïkos, foyer et nomos la règle), ce dont nous parlons est bien de l’économie puisqu’il s’agit d’un mode d’organisation permettant d’améliorer la sphère domestique . Mais c’est une autre forme d’économie que ce qu’on appelle communément « l’économie » qui se fonde avant tout sur un échange monétaire, alors que cette économie, dont il est ici question, se traduit le plus souvent par un partage ou un don, en tout cas un échange non monétaire, dans lequel l’aspect financier n’est qu’anecdotique quand il existe.

Mais il arrive parfois que cette sphère de l’économie du don rencontre la sphère de l’économie marchande et c’est là que les choses se compliquent. Mais ceci nous renvoie à d’autres débats dont ceux qui n’ont fait que s’ébaucher hier à la CCI de Morlaix.

 

1 http://www.collporterre.org/wakka.php?wiki=PagePrincipale