« Portraits de femmes » à la Cop 22

La COP 22 qui se réunit à Marrakech est l’occasion de mettre les parties prenantes face à leurs engagements pris en décembre dernier à Paris. Mais à côté de ces rencontres entre puissants de ce monde, il y a aussi des milliers de personnes qui sont là pour leur dire  : Dépêchez-vous de vous décider car nous nous n’avons pas attendu que vous vous mettiez d’accord pour agir, mais maintenant, nous avons besoin de vous. » Eco-Bretons est allé à la rencontre de ces acteurs du quotidien, qui partout dans le monde essaient de faire bouger les lignes, notamment les femmes, qui sont les principales victimes des changements climatiques dans les régions du monde les plus impactées.

A lire :

Marrakech : impressions bleues

COP 22 « Portraits de Femmes en action » –  Faire pousser des algues dans le désert

COP 22 « portraits de femmes en action » n° 2 :  La permaculture dans les cailloux

COP 22 « Portraits de femmes en action » n°3 : Femmes jusqu’au bout des doigts

COP 22 « portrait de femmes en action » n° 4 : Les femmes semencières

COP 22 « Portrait de femmes en action » :  Retour sur 15 ans de négociations climatiques

COP 22 « portraits de femmes en action » n°6 : les pêcheuses des iles aux coquillages

COP 22 « Portraits de femmes en action » n° 7 : Du soleil dans les arganiers

COP 22 « Portraits de femmes en action » n° 8 : l’eau de Java

Les savoir-faires ancestraux sont-ils l’avenir de la planète ?




Un guide pour associer santé et assiette

« La santé dans votre assiette », par Harmonie Mutuelle, Editions Somogy, 160 pages, 19 euros.




L’idée sortie. Et si on restait au chaud ?

Profiter du weekend pour prendre soin de soi

Le masque anti-imperfections

Le masque hydratant et purifiant

Le gommage corporel

La tisane aux trèfles des prés

Prendre le temps de cuisiner

La compote de coing

Les pommes au four

Le livre : et si on cuisinait bio avec les enfants ?




Les savoir-faire ancestraux sont-ils l’avenir de la planète ?

Le jeudi 17 novembre 2016, l’alliance mondiale des savoir-faire ancestraux pour le climat (AMSAC) a officiellement été lancée sous le haut patronage de Madame Hakima El Haïté , ministre de l’environnement du Maroc . Il s’agit d’une initiative commune de WECF, de Connecting Group et de la fondation Mohamed VI pour l’étude et la sauvegarde de l’arganier.

En commençant son intervention, Madame El Haïté a tenu clairement à préciser : «  Nous savons maintenant que depuis des décennies, le monde s’est trompé de chemin aux dépends des ressources naturelles. » Et elle enchaine, s’agissant des savoir-faire ancestraux : « Ils sont le fruit d’une adaptation lente à un environnement qu’il a fallu domestiquer. Les peuples ont appris beaucoup de la nature. » Et elle conclut en ces termes : « Les savoir-faire ancestraux sont une part importante du patrimoine culturel mondial et ces savoirs sont menacés, la plupart du temps dans des zones elles-mêmes menacées par les effets du changement climatique. Nous avons voulu une COP inclusive et nous sommes contents de constater avec la création de cette alliance mondiale que ces savoir-faire ont trouvé un gardien. »

Les témoignages qui ont ponctué cette cérémonie d’inauguration de l’alliance mondiale ont montré que, loin d’être une tentative passéiste de préserver des pratiques obsolètes, la défense des savoir-faire ancestraux étaient de puissants facteurs de développement dans les zones où ils étaient promus. En effet, toutes les initiatives qui ont été présentées ce jour-là montraient que, loin d’être des éco-musées, les territoires où les femmes avaient pris en main leur destin avec comme seule arme, le savoir-faire qu’elles avaient hérité de leurs mères, montraient une grande résilience, pour peu qu’on ait su marier ces savoir-faire avec des technologies modernes, en l’occurrence l’utilisation de sources d’énergie renouvelables.

D’autres témoignages ont également montré que la combinaison de ces savoirs ancestraux avec quelques outils modernes pouvaient produire de la modernité. Ainsi, les techniques et modes de gestion collectives de l’eau dans le Haut-Atlas ou dans les oasis, pourraient servir de modèle pour les zones où la question de l’accès à l’eau va se poser de façon cruciale dans les années à venir.

Certes, lors du débat on a opposé à ces pratiques ancestrales, le principe de productivité qui semblent les condamner. En écho aux propos de Madame El Haïté, il pourrait être rétorqué que cette recherche ininterrompue de la productivité est la limite ultime d’un modèle à bout de souffle. En effet, ce n’est pas en essayant de développer les capacités lumineuses de la bougie qu’on a inventé la lampe à incandescence.

Les savoir-faire ancestraux sont-ils alors l’avenir de la planète, dans un monde où l’activité économique serait au service du bien-être de tous et non l’inverse ? Nul ne peut le dire mais une chose est certaine, ils nous apportent une vision du monde plus sereine et leur disparition serait une grande perte patrimoniale pour l’humanité.




COP 22 « Portraits de femmes en action » n°3 : Femmes jusqu’au bout des doigts

Dans les couloirs de la COP 22, il n’y a pas que des technocrates qui discutent avec d’autres technocrates, il n’y a pas que des entreprises qui ont flairé le bon filon marketing du climat, il n’y a pas que des militants de la cause environnementale, il y a aussi des artistes qui, chacun à sa façon, et en se servant de son art, entendent montrer qu’ils se sentent concernés par l’avenir de notre planète.

Frédérique Naltas est de celles-là. Comme elle le dit « Je suis une artiste, pas nécessairement intéressée par la lumière, même si l’exercice de mon art me met forcément en lumière. Ce qui et une planète mieux respectée. Respecter la planète, c’est en fait se respecter soi-même. »

Mais quand elle parle de l’exercice de son art, elle devrait en parler au pluriel puisque Frédérique est à la fois pianiste et peintre et elle y tient beaucoup au point que ses concerts sont aussi des projections de ses œuvres.

Mais ne lui demandez pas si ce sont ses œuvres picturales qui inspirent le choix de ses morceaux de concert ou l’inverse. C’est tantôt l’un tantôt l’autre mais ce sont toujours ses doigts qui l’inspire puisqu’elle ne peint pas car elle utilise la technique du pastel sec qui se dessine directement avec les doigts.

A la question, quel futur souhaitez-vous pour vos enfants, elle répond «il nous faut  retrouver un peu de l’insouciance des années folles ou des années 60 mais en étant plus conscient. »




Marrakech : impressions bleues

Pour beaucoup, la couleur de Marrakech c’est le vert ces jours-ci. Verte comme le fut la palmeraie dont il ne reste plus que le nom, tant elle a été grignotée par la promotion immobilière des années 90 et 2000. Verte comme les nombreux parcs et jardins qui ponctuent la nouvelle ville et qui feraient presque oublier que Marrakech est aux portes du désert. Verte comme l’économie que les entreprises, venues en masse à cette COP 22, essaient de vendre aux autres parties prenantes à cette réunion annuelle sur le climat. Verte enfin la zone où se retrouvent, sans se mélanger, les ONG d’une part et les entreprises d’autre part. Les unes parlent d’initiatives collectives, de solidarité, de soft technology et d’avenir partagé, les autres parlent de high technology, de climate finance, de nouveaux marchés et d’avenir en croissance.

Mais la vraie couleur de Marrakech, c’est le bleu. Bleu comme le ciel évidemment sauf quand il tombe des cordes comme le lundi 7 novembre qui était la façon du ciel de nous souhaiter la bienvenue. Bleu comme le bleu Majorelle pour nous rappeler que Marrakech a de tous temps était un havre pour les artistes de toutes sortes. Bleue comme la zone où seules ont accès, les personnes accréditées, c’est-à-dire les ministres, les délégations des Etats et les « observateurs » représentant de la société civile ce qui fait quand même quelques milliers de personnes venant de 196 pays. Bleu enfin comme le blues des participants à cette COP 22 .

Il est vrai que les uns et les autres ont des raisons d’avoir des bleus à l’âme. Tout d’abord, il y a eu ce coup de tonnerre incongru dans la nuit du 9 novembre. L’élection surprise d’un climato-sceptique en pleine COP 22, c’est-à-dire la première COP après la ratification ultra-rapide de l’Accord de Paris par les Etats-Unis, était effectivement un symbole lourd de sens. Et les officiels avaient beau die que cela n’était pas grave, que le mécanisme de l’accord-cadre sur le climat était quasiment irréversible, il n’empêche que dans les premières heures l’appréhension était palpable dans les travées de la zone verte, dans l’immense hall de la société civile qui avait toute les raisons de redouter le pire de cette nouvelle administration américaine.

Mais de toute façon, cela n’a fait qu’accentuer le sentiment de frustration et d’impatience des ONG qui ont le plus souvent plus d’idées et de bonnes volontés que d’argent pour les mettre en œuvre. Et quand elles réclament que la COP 22 soit celle de l’action, celle de l’implémentation comme on dit en franglais, c’est bien de cela dont elles parlent : mobiliser l’argent public ET privé, promis à Paris (100 milliards par an pour les seuls Etats) au profit AUSSI de leurs initiatives. Or le nombre d’initiatives dignes d’être soutenues croît plus vite que les financements d’où l’apparition de comportements concurrentiels que les unes et les autres regrettent sans pour autant pouvoir les enrayer.

Les Etats aussi ont le blues, pas tous mais la plupart, à commencer par les plus pauvres, qui, pour les mêmes raisons que la société civile, ont les mêmes impatiences et les mêmes frustrations.

Quant aux diplomates des pays restant, je ne sais pas s’ils ont le blues car n’ayant pas accès à la zone bleue, je ne les côtoie jamais. Ils sont bien trop occupés à rédiger la déclaration finale du 18 novembre pour venir dans la zone verte voir et écouter ce que la société civile du monde entier a à leur montrer et à leur dire. Un strapontin dans la négociation de haut niveau ne permet pas aux « observateurs » des ONG de pouvoir toujours exprimer la diversité et la richesse des mouvements qu’ils représentent.

D’un côté des jeunes pousses privées de nutriment, de l’autre des diplomates hors sol. Cela risque d’être assez stérile. Finalement les seuls qui tireront leurs épingles du jeu sont ceux qui ont les deux pieds dans la réalité et dans l’action et les moyens d’agir, les entreprises. Pour elles, tout est devenu « climate », « climate technology », « climate finance », « climate jobs », « climate products ». J’ai envie de dire que « climate » est surtout marketing. Pour le coup ça me donne le blues.