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Portrait de femme n°6. Laëtitia Crnkovic, semeuse de transition joyeuse

Rencontre avec Laëitia Crnkovic, spécialiste du zéro déchet, installée près de Lannion (22). Elle anime des ateliers, des conférences, et est autrice de livres sur le sujet. Elle nous raconte son parcours et son changement de vie pour un quotidien sous le signe de la transition écologique et de la lutte contre les déchets.

L’enthousiasme, la joie, le positif, ce sont les moteurs de Laëitia Crnkovic. Installée en Bretagne près de Lannion depuis deux ans et demi, elle est fondatrice de « Zéro Déchet Trégor », anime des ateliers, des formations autour de l’éco-responsabilité et du zéro déchet, donne des conférences. Et est auteure de deux livres, « Faites l’autopsie de votre poubelle » et « L’éco-Almanach, chaque jour un éco-geste ». Depuis deux ans, elle est « à 350 % dans le zéro déchet ». Le point d’orgue d’un cheminement personnel qui démarre en 2012. A l’époque, Laëtitia est agent de voyage et vit en Suisse. « Je travaillais plus d’une cinquantaine d’heure par semaine, je gagnais bien ma vie, je vivais à 100 à l’heure », se souvient-elle. Durant six mois, elle part sac au dos découvrir l’Amérique latine. Elle arrive alors sur une île « complètement autonome » au Panama : « Les habitants faisaient tout avec ce que la nature leur offrait : ils s’habillaient avec ce qui était disponible sur place, ils construisaient leurs maisons, leurs ustensiles, leurs bateaux, ils avaient de quoi se nourrir et de quoi se soigner… ». Un premier choc pour la jeune femme : « Je me suis rendue compte que moi, je ne savais rien faire avec mes mains, et que si je me retrouvais à leur place, je serais incapable de survivre ». De retour chez elle, elle reprend sa vie quotidienne là où elle l’avait laissée et fait un burn-out. « La distorsion était trop grande entre ma quête de sens et la vie que j’avais ». Dans le même temps, Laëtitia découvre qu’elle est atteinte d’endométriose. « J’ai alors commencé à prendre un virage à 360 degrés », explique-t-elle. Place alors à « l’écologie profonde » et au « retour au calme », avec la découverte de la méditation, du yoga, des fleurs du Bach, des soins énergétiques… Bref, Laëtitia prend le temps de prendre soin d’elle, commence à suivre des formations en aromathérapie, réfléchit à la manière de se soigner naturellement pour sa maladie. Elle adopte une nourriture plus locale et bio, mange moins de viande. Peu après, elle rencontre les Incroyables Comestibles et les Colibris, et commence à s’investir dans ces mouvements. « Ca a été des moments très forts », confie-t-elle. Devenue maman quelques temps plus tard, elle continue son engagement dans la transition, à la fois « écologique » et « intérieure ». S’en suit de nouveau un voyage, durant 9 mois, dont 6 mois en Asie. L’occasion d’une « grosse claque » au sujet des déchets. « Ils étaient là, dehors, comme si la planète vomissait tout : il y en avait partout dans la rue, dans l’eau, sur les plages, dans les sites classés à l’Unesco… ». Avec « sa paille et sa gourde », Laetitia n’en mène pas large, se dit que « ça ne va pas suffire ». Mais opère en même temps une « vraie prise de conscience ». « En France, on a tout ce qu’il faut pour faire correctement. Là bas, ils n’ont pas encore les outils, peut-être que ça viendra, mais nous on les a ! ». Elle se fait alors une « promesse intérieure » : celle, une fois rentrée, se se lancer dans une démarche zéro déchet, à la fois pour elle et pour les autres.

Le zéro déchet sans pression ni culpabilisation

Animation d’ateliers ou de conférences, écriture, communication, accompagnement…toutes ces tâches qui font partie intégrante d’un travail d’auto-entrepreneuse dans l’écologie, rythment désormais la vie quotidienne de Laëtitia. Un sacré programme qu’elle mène tambour battant grâce à son énergie et à son « feu intérieur » comme elle aime le définir. Une vie sous le signe du zéro déchet, qu’elle essaie d’essaimer auprès du plus grand nombre. Mais sans culpabiliser et sans se mettre de pression. Si elle ne jette plus qu’un sac poubelle de tout venant par an et sort sa poubelle de recyclage deux fois dans l’année, elle invite chacun à aller à son rythme. « L’idée, c’est d’y aller petit à petit, progressivement. Il faut toujours un temps pour que toute la famille puisse prendre la démarche en mains ». Tout est une question d’équilibre. « Il ne faut pas qu’il y ait une pression qui devienne insoutenable, et qu’on se sente frustré.e.s, et qu’on se flagelle. Même si le sujet est sérieux et grave, il faut qu’il y ait du plaisir, un challenge, un côté ludique ». Loin d’elle l’idée d ‘une écologie punitive.

Laëtitia admire aussi toutes les créatrices d’épicerie vrac : « C’est très courageux parce que ce sont des projets lourds à porter et qui ont un fort enjeu financier »

Le zéro déchet fait partie chez Laëtitia d’une démarche plus globale qui la mène vers la transition écologique. Pour elle, celle-ci est à la fois « intérieure » et « extérieure ». « A chaque fois qu’on entame une transition écologique, ça vient perturber plein de choses à l’intérieur de soi, on réfléchi à ce qui est important ou pas. On retourne à des plaisirs plus simples, comme la reconnexion à la nature ». « Moi je me suis découverte, j’ai vraiment l’impression que la transition c’est un chemin, un voyage qui va durer toute la vie », poursuit-elle. D’une démarche plus individuelle, faite avant tout pour sa santé, elle est ensuite entrée en réflexion sur son mode de vie : végétarisme depuis trois ans et demi, zéro déchet, déplacement à vélo…font maintenant partie de son quotidien. « Je me découvre au fur et à mesure, je choisis ce qui m’anime et ce que j’ai envie de diffuser », souligne Laëtitia, qui ne prend plus l’avion et est en réflexion sur la manière de concilier sa passion du voyage et les valeurs écologiques. « L’année dernière, on est partis à vélo pendant une semaine. Je trouve d’autres moyens de découvrir et de m’émerveiller, tout en impactant le moins possible », le tout « sans frustration ou culpabilité, juste en voulant essayer autrement, en changeant ses habitudes ». Parmi les initiatives qui l’ont inspirées, on peut citer l’éco-centre du Trégor, son lieu coup de coeur, ou encore la Bascule de l’Argoat. Laëtitia admire aussi toutes les créatrices d’épicerie vrac : « C’est très courageux parce que ce sont des projets lourds à porter et qui ont un fort enjeu financier ». Ou encore, dans un registre plus connu, Julie Bernier, autrice du « Manuel de l’écologie quotidienne », qui, selon elle, « ose montrer sa vulnérabilité et sa sensibilité », et Rob Hopkins, chez qui « on sent une bienveillance et un optimiste, tout en restant réaliste ».

La bienveillance est justement une des valeurs que la jeune bretonne voudrait voir davantage mise en avant. « Le manque de tolérance et les jugements très hâtifs sur les gens, ça me révolte », affirme-t-elle. Ce qui l’enthousiasme ? « La vie », dit-elle en riant. « Je marche aux projets, j’aime les nouveaux challenges, sortir de ma zone de confort régulièrement. J’aime essayer de nouvelles choses, ce que me permet mon travail ». Même si, « Cela peut-être inconfortable », reconnaît-elle. « Il faut accepter l’échec. On ose alors beaucoup plus. Tout ne marche pas comme on voudrait, mais on rebondit ». Voir tout cela essaimer chez les autres la ravit aussi. « C’est agréable de voir tous les gens qui s’éveillent ». Ses projets de formations et les nouveaux livres qu’elle est en train d’écrire lui permettront sans aucun doute de continuer à semer les graines du zéro déchet et de la transition.





Elise Hallab, ou quand l’art se mêle au végétal

Cet été, direction l’ancienne Manufacture des Tabacs à Morlaix pour visiter l’exposition « Riad » de Elise Hallab, dont les œuvres en sérigraphie sont réalisées à partir d’encre végétale.

C’est autour d’un délicieux thé hibiscus-pomme, sous l’ombre des agapanthes plantées dans la cour des Artistes de l’ancienne Manufacture des Tabacs de Morlaix, que nous rencontrons Elise Hallab. La jeune femme présente une exposition de ses œuvres dans les locaux de l’association Les Moyens du Bord durant tout l’été. Baptisée « Riad », c’est « sa première exposition personnelle », explique-t-elle. « Elle aurait du être présentée l’année dernière, mais n’a pas pu l’être à cause de la pandémie. Mais cela m’a laissé en fait plus de temps pour la préparer », sourit-elle. La rencontre avec Les Moyens du Bord, association artistique morlaisienne qui œuvre à la promotion de l’art contemporain, s’est faite par le biais du salon de la petite édition Multiples, auquel Elise a participé plusieurs fois, avec des projets étudiants réalisés lorsqu’elle était élève aux Beaux Arts de Brest. Dès 2015, elle découvre les encres végétales et séjourne notamment au Portugal. Elle participe à un stage avec plusieurs sérigraphistes à Porto, et travaille sur un premier projet à base d’encres végétales à Lisbonne, autour d’un livre de recettes destiné aux consommateurs de paniers proposés par une coopérative récupérant des fruits et légumes déclassés. « Depuis, je continue mes expériences, mes recherches », explique Elise, qui est aussi « depuis toujours fascinée par la sérigraphie, car on intervient à chaque étape de l’image ».

Pour réaliser ses encres, Elise part en collecte ou en cueillette. Pendant le premier confinement, elle découvre ainsi les potentialités de l’iris des jardins, d’un beau violet. Elle utilise volontiers les pétales, les feuilles et les écorces. Ses travaux questionnent la notion de saison, de paysage, de couleur… Dans son exposition « Riad », dont le nom est clin d’oeil à son grand-père, on pourra retrouver ce rapport à la nature. « Le riad, c’est aussi l’idée du jardin paradisiaque. J’aime à penser qu’on compose une étendue colorée comme on compose un jardin », souligne la jeune femme, qui participait également à une table-ronde sur la thématique « Art et jardins », en compagnie de l’architecte Sara Kamalvand, le mardi 20 juillet et dont nous vous rendrons compte ultérieurement. Le lendemain, Elise animait un atelier autour des encres végétales (voir l’article dédié). Une visite commentée de son exposition par Les Moyens du bord se déroulera le samedi14 août prochain.

Toutes les infos sont sur le site des Moyens du Bord

L’exposition « Riad » d’Elise Hallab est visible du 17 juillet au 19 septembre dans les locaux des Moyens du Bord, Cour des Artistes, ancienne Manufacture des Tabacs à Morlaix. Entrée libre.




Et au milieu coule Le Léguer…

Dans le Trégor costarmoricain se trouve la seule rivière de Bretagne labellisée « Sites Rivières sauvages » : Le Léguer. Le fruit de nombreuses années de travail des acteurs du territoire, et aussi de l’attachement des habitants à ce cours d’eau.

Le Léguer est une rivière qui se situe dans l’Ouest des Côtes-d’Armor, plus précisément dans le Trégor. D’une longueur d’environ 60 kilomètres, elle prend naissance à Bourbriac, et se jette dans la baie de Lannion. Au total, avec les ruisseaux qui l’alimentent (dont le Guic) et les chevelus, on estime que ce sont 1000 kilomètres d’eau qui coulent dans le bassin versant. « C’est une rivière rocheuse, granitique, dont les eaux ont une couleur particulière de thé », souligne Anne Bras-Denis, maire de Plouaret (22),vice-présidente en charge de l’environnement à Lannion Trégor Communauté et présidente du Bassin Versant « Vallée du Léguer ». La vallée est d’ailleurs classée zone Natura 2000, et on y trouve une biodiversité variée : des truites, mais aussi des saumons migrateurs, des loutres, des lamproies, des tritons…Autant d’indicateurs qui ont contribué à l’obtention en 2017 du label « Sites Rivières Sauvages » d’une partie amont du Léguer ainsi que du Guic son affluent. « Il faut répondre à 47 critères, et le niveau d’exigence est particulièrement haut sur l’aspect hydromorphologique », souligne Samuel Jouan, coordinateur du bassin versant. Actuellement, c’est la seule rivière qui porte le label en Bretagne.

Une labellisation qui vient en quelque sorte récompenser le travail effectué par différents acteurs du territoire. Il y a une trentaine d’années, le tableau était tout autre. Le Léguer et son affluent le Gouic ont été victimes de pollutions accidentelles, liées notamment au développement de l’agro-industrie, et ce dès les années 70. Le début d’une prise de conscience, d’autant plus que la rivière sert aussi à l’approvisionnement en eau potable du territoire. Les pêcheurs ont été très attentifs à la qualité de l’eau, ainsi que l’association Eau et Rivières de Bretagne, dont le Centre Régional d’Interprétation de la Rivière se situe à Belle-Isle-En-Terre, là où se rejoignent le Léguer et son affluent le Gouic. « On a hérité de toute cette culture de la lutte environnementale », estime Anne Bras-Denis.

« Rien n’est acquis, il faut continuer les efforts et rester vigilants « 

En 1996, un Comité de bassin a été créé, permettant de réunir autour de la table les différents acteurs du territoire : pêcheurs, collectivités, associations, mais aussi agriculteurs. L’agriculture est en effet une activité majeure sur le territoire du bassin versant, avec en majorité des productions bovines. Confronté ici comme un peu partout ailleurs en Bretagne au problème des taux de nitrates élevés, le Léguer est considéré aujourd’hui comme une « masse d’eau en bon état écologique », avec des taux en dessous de 50 mg/litre, conformément à la réglementation. Des programmes d’actions avec les agriculteurs ont été mis en place. « Un travail a été mené autour du bocage, des plantations de haies, des pratiques mécaniques de désherbage, du regroupement de parcelles. Des groupes techniques d’accompagnement ont été créés, avec la participation de la Chambre d’Agriculture, du Cedapa, ou du Gab », explique Samuel Jouon. « Aujourd’hui, on a 7000 hectares sur lesquels les acteurs sont engagés sur des systèmes herbagers, ou en agriculture biologique ». Mais, prévient Anne Bras-Denis, « Rien n’est acquis, il faut continuer les efforts et rester vigilants ».

Samuel Jouon et Anne Bras-Denis

Assurer la bonne continuité écologique est également un enjeu important pour le Léguer, et pour sa labellisation. Dès 1996, le barrage de Kernansquillec à Trégrom, construit dans les années 20 pour alimenter l’eau les papeteries de Belle-Isle-En-Terre, a été détruit. Aujourd’hui, le site s’est transformé en un spot de pêche où l’on peut pratiquer le « no kill ».

Les habitants sont aussi des acteurs importants pour la préservation de l’eau dans le bassin versant. « L’attachement au Léguer est fort sur le territoire », affirme Anne Bras-Denis. L’opération « Le Léguer en fête », qui se déroule chaque année depuis vingt-cinq ans, permet de les sensibiliser et de les informer sur la rivière et sa biodiversité. Ils sont également conviés à participer à des chantiers bénévoles d’arrachage de la balsamine de l’Himalaya, une plante exotique envahissante. Sans oublier le lancement d’une opération de mécénat, qui permet aux particuliers comme aux entreprises de participer par un don aux financements de différentes actions, comme les chantiers d’arrachage de plantes invasives, ou encore le projet « Redonnons un nom aux ruisseaux », qui a pour objectif l’installation de panneaux d’une signalétique sur les cours d’eau et l’appropriation du réseau hydrographique par les habitants.

Plus d’infos : http://www.vallee-du-leguer.com/

Consultation sur l’eau, tous concernés !

Il est toujours temps de participer à la consultation sur l’eau menée par le Comité de Bassin Loire-Bretagne et l’Etat. Pour cela, direction le site : https://sdage-sage.eau-loire-bretagne.fr/home/consultation-eau/donnez-son-avis—questionnaire.html




« Je n’avais jamais entendu parler du Service Civique », table-ronde avec Maëlle, Sylvano et Théo à Crozon

Lors du nettoyage de la plage de Kerloc’h. De gauche à droite : Théo, Sylvano et Maëlle.

Jeudi 24 juin, à l’occasion de notre avant dernière journée sur la presqu’île de Crozon avec Carré d’As, j’ai échangé avec trois de mes camarades à propos du Service Civique et de notre séjour. Tous trois issus d’associations différentes, ils m’ont offert une interview pleine de fraicheur et de pertinence.

Le « casting » :

  • Maëlle : 21 ans, Morlaix Animation Jeunesse (MAJ).
  • Sylvano : 19 ans, Carré d’As.
  • Théo : 25 ans, ULAMIR-CPIE.

Salut ! Pour commencer parlons de vos engagements : quelles étaient vos missions ? Dans quelle structure étiez-vous engagés ?…

Théo : Mon Service Civique s’est déroulé à ULAMIR-CPIE à Lanmeur. J’étais chargé de mission “animation sur l’environnement”. Donc avec ma tutrice on s’est beaucoup déplacé dans les écoles du canton où l’on mettait en place des animations en lien avec tout ce qui a attrait à la préservation de l’environnement, donc un peu comme ce que l’on a réalisé lors du nettoyage de plage. On a beaucoup travaillé sur des aires marines éducatives, donc observer la faune, la flore, les identifier et répertorier. Ça a duré 6 mois.

Maëlle : Moi mon Service Civique c’était au pôle gare EVC (Espace de Vie Sociale) de MAJ où mes missions étaient de suivre et aider ma tutrice. Donc je contactais les familles pour les prévenir qu’on faisait une permanence le vendredi et les inscrire aux activités qu’on proposait. Je suis très polyvalente, je n’avais pas vraiment de mission spécifique, j’aidais à toutes les activités : cuisine, création d’objets… Je me chargeais aussi de tout ce qui est papier : fiche de présence et d’inscription. J’ai commencé en novembre et je finis le 30 juin.

Sylvano : Moi j’étais en Service Civique à Carré d’As à Morlaix, j’étais avec Wilbert et Patrice. Nous c’était vraiment polyvalent, on pouvait choisir nos missions. Le mardi c’était plutôt un temps de regroupement où l’on faisait un point sur la dernière semaine et sur nos ressentis. J’étais beaucoup en binôme avec Maéva, quasiment tout le temps. Le mercredi nous étions tous les deux à la Ferme des enfants, moi le matin jusqu’à 15h et elle l’après-midi de 11h à 18h. Après le jeudi nous allions faire l’aide au devoir tous les deux le soir à MAJ. On a commencé en octobre. On a présenté aussi la précarité alimentaire chez les jeunes au cours des Assises départementales en novembre 2020.

Que vous ont apporté vos engagements ?

Théo : Ça m’a permis de mieux connaître le milieu et l’environnement car je ne suis pas d’ici. De plus m’impliquer dans l’associatif et de découvrir le réseau. Cela m’a aussi appris comment rédiger des courriers officiels. J’ai pris plus d’initiatives. Et j’ai un peu aidé les collègues de ma tutrice. J’ai pu découvrir le milieu marin de la baie de Morlaix, ce qui est très instructif.

Maëlle : La première chose que cela m’a apporté c’est de combler une année sabbatique. J’ai pu faire mon BAFA car on me l’a proposé. Ça m’a permis de devenir très autonome et de comprendre la société, de travailler dans une structure associative, de comprendre tous les engagements qu’il y a, etc.

Sylvano : Ça m’a apporté beaucoup d’autonomie parce qu’avant j’étais à la Garantie Jeunes. Pendant 6 mois on devait développer notre projet professionnel mais à cause de la pandémie ça a été quelque peu gâché. J’ai pu découvrir le milieu associatif, je n’avais jamais fait de ma vie des missions avec des partenaires. J’ai donc appris du monde du travail. J’ai pris des initiatives. Par exemple avec Maéva nous avons monté des projets : pendant la semaine de la petite enfance, pendant 1 mois, tous les mercredis et jeudis, on changeait de thème, ce qui nous poussait à aller plus loin dans nos recherches de livres. Le fait d’être un peu rémunéré c’est aussi une sorte d’autonomie dans le sens où je n’avais plus à me demander “comment vais-je payer ça ?”. Cela m’a vraiment aidé à avancer dans mes petits projets personnels.

Ça m’a permis de devenir très autonome et de comprendre la société.

Maëlle à propos de son engagement

Maëlle et Sylvano, vous m’avez dit que cela vous avait apporté de l’autonomie… est-ce qu’avant vous aviez déjà eu des expériences professionnelles ?

Maëlle : Moi j’avais travaillé dans un hôtel, en tant que femme de ménage, et avec mes études (accompagnement sur les services à la personne) j’ai fait plein de stages dans des EPHAD, des hôpitaux, des écoles primaires…

Sylvano : Moi j’étais en alternance dans 2 entreprises en horticulture : les plus grosses Roué Pépinières à Garlan et à Plouganou. J’étais en production et aussi en cours à Plabennec.

Théo : J’ai 25 ans et j’ai pas mal baroudé ! Dans l’animation, en classes découverte… j’ai commencé par deux années où j’étais animateur périscolaire au sein d’une collectivité et je faisais aussi des heures de ménage car j’ai un CAP Petite enfance. C’est l’animation qui m’a fait entrer dans l’autonomie car il faut suivre, il faut mettre en place des activités.

Est-ce que vous avez aimé vous engager ?

Sylvano : J’ai bien aimé m’engager auprès de structures et plusieurs personnes parce que je sentais que j’étais en peu redevable envers eux car ils m’accueillaient. Donc je ne m’engageais pas uniquement car j’avais un contrat mais parce que je devais aussi prendre du temps, être actif, je devais prendre des initiatives. Ce Service Civique m’a poussé à aller plus loin, même si je n’ai pas peur d’aller vers les gens.

Maëlle : Oui ça m’a plu, sachant que je vais à MAJ depuis que je suis toute petite. Donc quand j’ai eu l’opportunité, je me suis dit que c’était le moment de les remercier pour tout ce qu’ils m’ont apporté avant ce Service Civique. Et même je trouve que c’est une belle chance quand on ne sait pas trop quoi faire ou bien où aller. C’est un engagement qui nous servira plus tard.

Théo : Je les remercierai car ils m’ont accueilli alors que je viens de loin (Toulouse) et l’ambiance était bonne. Un peu comme ce que mes deux camarades ont dit !

Ce Service Civique m’a poussé à aller plus loin.

Sylvano sur son expérience

Rebondissons sur ce qu’a dit Maëlle : que pensez-vous du Service Civique en lui-même ?

Maëlle : Je pense que quand tu ne sais pas quoi faire, c’est un bon tremplin pour un futur proche. Et comme tu l’as dit Sylvano, l’aspect financier aide. Tu commences à rentrer dans une vie active, même si plus tard tu reprends les études ou fais complètement autre chose. Ça peut convenir à tout le monde !

Théo : Oui exactement !

Sylvano : Quelqu’un qui a Bac+3, des grosses études et qui se dit qu’il a envie de voir autre chose… Mais il faut vraiment de la motivation ! C’est un engagement auprès de quelqu’un, mais aussi avec nous-même ! Sauf que n’est pas tout le monde malgré tout qui va se lever et aller aider les autres. Donc pas forcément pour tous…

Pensez-vous que certaines choses pourraient être améliorer dans les Service Civique ?

Sylvano : Le renseignement ! (Maëlle et Théo approuvent unanimement) Avant que j’aille en mission locale, je n’avais jamais entendu parler du Service Civique de ma vie, alors que c’est quelque chose d’important. Ça te pousse dans la vie active, c’est un pilier important pour certaines personnes ! Et le fait qu’on ne t’en parle pas, je trouve ça nul. C’est quelque chose d’important, ça peut être un bon tremplin dans ta vie et c’est une chance d’avoir ça. Plus en parler ce serait bien mieux parce qu’aujourd’hui c’est un peu “c’est bien, faites-le” mais on nous dit pas trop qu’il y a ça.

Théo : J’allais dire la rémunération ! (Rires) Non mais je rejoins clairement mes deux camarades. Comme eux, je n’en ai pas entendu beaucoup parler quand j’étais scolarisé.

Ça te pousse dans la vie active, c’est un pilier important pour certaines personnes !

Sylvano à propos du Service Civique

Pensez-vous continuer à vous engager dans le cadre associatif ou autre après ?

Théo : Oui, peut-être dans le culturel, pas forcément dans l’environnement. J’avais déjà un peu cette envie avant.

Maëlle : Moi je vais continuer à MAJ. J’y suis engagée, je compte y rester !

Nous sommes donc à la fin de notre projet “D’une mer à l’autre”, comment l’avez-vous vécu de l’annonce à aujourd’hui ?

Sylvano : Cela a été plein de rebondissements ! De base c’était l’année dernière qu’ils devaient partir à la Réunion mais ça a été annulé à cause du coronavirus. Ensuite on nous a dit qu’on irait “probablement” à la Réunion. Puis ça a été annulé et donc au final on est allé à Crozon. Mais c’est tout aussi bien, je n’avais jamais été dans ce coin-là et je trouve que c’est très joli et que ça change de Morlaix ! Même si ce n’est pas la Réunion “l’île paradisiaque”, ça me plaît d’être ici et je suis avec des gens gentils et sympas !

Maëlle : Moi je suis d’accord avec toi Sylvano ! Je suis contente d’être là et pourtant j’étais un peu réticente face au projet parce que je devais venir seule. Même pour le celui de base parce que je ne connaissais personne et donc je me disais “mince, je vais partir loin avec des gens que je ne connais pas… si ça ne se passe pas bien, comment est-ce que ça va se passer pour moi ?”. Mais au final, je ne regrette pas d’avoir continué.

Théo : C’est très bien, c’est très vrai ce que tu dis Maëlle ! Parce que ça s’est senti, au début tu étais plus réservée et là ça va hyper bien ! Moi je m’étais un peu préparé car ils nous avaient répété que ce n’était pas sûr pour la Réunion. Même si je suis très déçu… c’était bien qu’on puisse quand même partir. Et finalement c’est bien qu’on ne soit pas tant que ça car si on avait un peu plus nombreux peut-être que cela aurait été moins bien. J’ai trouvé que quand on était plus, on avait du mal à s’organiser, notamment au niveau de la prise de parole. Je l’ai beaucoup ressenti quand on discutait sur Discord pour organiser les activités. J’ai remarqué que certains avaient du mal à exprimer ce qu’ils voulaient faire.

C’était bien qu’on puisse quand même partir.

Théo sur le changement de destination

Avez-vous bien aimé le principe qu’il y ait plusieurs jeunes de différentes associations invités dans le projet ?

Théo : Complètement ! On a pu découvrir ce qu’ils faisaient dans leur structure et c’est très intéressant !

Sylvano : Ça apporte de la fraicheur, on est neuf mois avec toujours les mêmes personnes et partir avec des nouveaux ça change la chose !

Théo : On apprend à se connaître !

Qu’avez-vous aimé et moins apprécié au cours de cette semaine ?

Théo : Le baptême de plongée était excellent ! Je n’avais jamais fait ça. C’est vrai qu’au début j’étais un peu en galère, je n’arrivais pas trop à marcher… mais ça aide beaucoup à contrôler sa respiration, même si je n’ai pas vu beaucoup de poissons. Sinon le kayak je n’ai pas trop aimé ! Ça tanguait pas mal ! Dans mes souvenirs ce n’était pas comme ça, c’était plus tranquille ! Et en plus je suis allé plusieurs fois dans les rochers, ce n’était pas très agréable ! (Rires)

Sylvano : Moi j’ai adoré le kayak ! C’était la première que j’en faisais, tout comme le reste des activités nautiques. La plongée j’ai adorée aussi, j’ai vu plein de poissons !

Maëlle : Moi la chose que j’ai le moins apprécié c’était la plongée parce que je n’ai pas réussi et en plus la météo était mauvaise. Et le truc que j’ai le plus aimé… bah j’ai tout aimé ! Surtout la visite d’hier de toute la presqu’île, le kayak aussi et les jeux de société !

Sylvano : C’était trop bien !




A Augan dans le Morbihan, 80 associés lancent une librairie coopérative

A Augan dans le Morbihan, 80 associés vont lancer une librairie coopérative, sous forme de Scic. Baptisée « La Grange aux livres », elle doit ouvrir ses portes mi-septembre. Un financement participatif est en cours pour aider à l’aménagement du lieu.

Décidément, ça bouge à Augan ! Après l’épicerie-auberge-microbrasserie en coopérative Le Champ Commun, la radio associative Timbre Fm, voilà qu’une nouvelle page s’écrit dans la petite commune morbihannaise qui jouxte la forêt de Brocéliande : une librairie coopérative.

Tout est parti d’une idée de Carole et Damien, deux habitants d’Augan. Carole, formée au métier de libraire, travaille en bibliothèque universitaire. Damien quant à lui est spécialiste des projets en économie sociale et solidaire. « Nous faisions le constat qu’il n’y avait pas de librairie indépendante sur notre territoire », raconte-il. Pourquoi ne pas alors en créer une ? Ils choisissent alors de lancer le projet, mais pas tous seuls. D’autres embarquent dans l’aventure, et c’est l’idée une librairie coopérative qui se dessine. En Scic (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) plus précisément, ce qui en fait la seconde de Bretagne a avoir adopté ce modèle, après l’Etabli des Mots à Rennes. Aujourd’hui, ce sont 80 associés qui ont rejoint le projet, « chacun apportant ses compétences », souligne Damien. Cinq commissions, regroupant une trentaine de personnes, ont été créées, pour plancher sur la ligne éditoriale, les travaux, la logistique, les finances, et les ressources humaines.

Après un peu plus de deux ans de travail, l’équipe a enfin pu prendre possession du local, un ancien restaurant, en plein cœur du bourg d’Augan, qui a été racheté par une SCI (Société Civile Immobilière). Actuellement en pleins travaux, l’ouverture de la Grange aux Livres est prévue pour mi-septembre. L’embauche de Carole est prévue, en tant que libraire. L’idée est d’avoir « une librairie de territoire, et par le territoire », affirme Damien. « On veut que le lieu soit ouvert à tous ». La Grange aux Livres sera ainsi généraliste : on y trouvera aussi bien des livres jeunesses, des BD, de la fiction, des guides pratiques, que des essais, et des ouvrages en sciences humaines et sociales. Des ouvrages d’occasion seront disponibles. « Des animations seront aussi organisées, comme par exemple des ateliers, des rencontres avec des auteurs, des projets avec les écoles », indique Damien, qui imagine la librairie comme la première étape d’un projet plus large de « pôle » autour du livre. Et pour aider à aménager le lieu, un financement participatif est en cours, sur la plateforme associative bretonne Ekoki. Objectif : collecter 5000 euros afin de réaliser des étagères en bois, poser du parquet et une enseigne. L’opération prendra fin le 13 juillet.

Plus d’infos :

La page Facebook de la Grange aux Livres

La page du financement participatif




Dernier jour à Crozon pour le groupe emmené par Carré d’As

Le vendredi 25 juin, la troupe morlaisienne concluait son séjour de fin de mission de Sevice Civique par une belle randonnée d’environ 9 km entre la pointe de Lostmarc’h et l’île Vierge. L’occasion pour moi de faire un bilan personnel de ce séjour, dernière mission pour Eco-Bretons.

Une légère bruine nous accueille à Lostmarc’h, de quoi susciter quelques râles au sein de notre groupe. Certains sont assez frileux à l’idée de marcher les 15 km prévus sous cette météo. Fort heureusement pour eux, Andrea Lauro – l’organisateur de cette randonnée – annonce d’entrée que le chemin sera réduit au possible pour que chacun y trouve son bonheur.

De la pointe de Lostmarc’h à l’entrée de l’île Vierge (fermée aux visiteurs pour la préserver), en passant par les chemins exotiques qui longent l’immense plage de la Palue, tous sont finalement heureux de découvrir (ou retrouver) ces magnifiques paysages crozonnais. 3 heures et demie de marche plus tard, aux portes de l’île Vierge donc, c’est l’heure de la fin et du pique-nique.

Sur la plage de Lostmarc’h

La fin du voyage

L’occasion pour chacun de donner sa « pépite » (meilleur moment) et son « râteau » de la semaine passée. Kayak, plongée, jeux de société, sorties sur la presqu’île… les « pépites » sont nombreuses et tout le monde souligne la qualité des cinq jours passés ensemble. Mais côté « râteaux », c’est avec hésitation que l’on pointe le ou les moments un peu moins agréables du séjour.

Une preuve que ce voyage est une réussite. Chaque participant s’est bien intégré au projet et est satisfait de son séjour et de ses rencontres. Tout est passé très vite et tout le monde conclut son Service Civique sur une très belle note.

Mon ressenti :

Tout au long de la semaine j’ai recueilli les ressentis de chaque jeune ayant participé à ce projet pour les relayer au fil de mes articles. Le projet étant arrivé à son terme, je pense qu’il est temps pour moi de vous donner le mien.

Je suis donc très heureux de cette opportunité offerte par mon Service Civique à Eco-Bretons. Ce séjour à Crozon est selon moi une réussite. Nous donner les clés du projet à la suite de l’annulation de la destination Réunion était une belle décision de la part de l’équipe encadrante de Carré d’As. Et bien que l’organisation, à distance la plupart du temps, n’a pas été simple avec un groupe de plus de dix jeunes, tout s’est au final parfaitement déroulé.

Je pense que le groupe entier a trouvé son compte dans cette aventure et en est ressorti enrichi culturellement et humainement. Je suis personnellement très content des rencontres que j’ai faites, que ce soit avec mes camarades volontaires, les encadrants ou nos divers hôtes sur place. J’ai noué d’excellentes relations et je ne peux que m’en réjouir. Je suis aussi ravi d’avoir découvert un nouveau territoire. En tant que Francilien de naissance, je suis constamment émerveillé par les côtes bretonnes et les terres crozonnaises n’ont pas fait exception à la règle.

Merci Crozon !