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Le Mor Braz : une merveille marine à côté de chez nous Protégeons ce patrimoine naturel

 (Plume Citoyenne) Ce samedi 16 septembre, Bretagne Vivante embarque 70 personnes à bord du navire de la compagnie Navix, au départ de Locmariaquer, afin de sensibiliser le grand public à la richesse naturelle du Mor Braz. En effet, cette zone est un lieu de prédilection pour les oiseaux et les mammifères marins, dont certaines espèces rares. Il est donc essentiel d’expliquer à tous pourquoi il est si important de la préserver.

Aujourd’hui, partout sur la planète, les océans sont menacés. Et les étendues marines bretonnes ne sont pas épargnées. Pollutions, surpêche, réchauffement climatique : les effectifs d’oiseaux, de mammifères marins et de poissons sont en chute libre. Il y a trois ans, un petit groupe de naturalistes a décidé, par curiosité, de partir dans le Mor Braz, <http://www.lesbiodiversitaires.fr/2015/09/aventures-naturalistes-dans-le-mo r-braz.html> afin de voir ce qui se passait en mer. Mais plutôt que d’apporter des réponses, la rencontre avec de fortes densités d’oiseaux et de dauphins a fait naître de nombreuses questions ! Les grands dauphins présents sont-ils sédentaires ou migrateurs ? Le Mor Braz est-il un lieu de présence régulière pour des espèces d’oiseaux considérées jusqu’alors comme très rares en France ? Pouvons-nous observer des impacts du changement climatique sur les espèces marines du Mor Braz ? Etc. Car si des études menées par Bretagne Vivante sont déjà réalisées par sur cette zone, certaines connaissances restaient à approfondir. Le Mor Braz, au sud de la Bretagne Cette zone présente la particularité d’être enrichie toute l’année par les apports nutritifs des eaux de la Loire et de la Vilaine, qui favorisent ainsi une production planctonique lors de la rencontre entre ces eaux douces et les eaux marines. De plus, sa position stratégique dans le golfe de Gascogne, entre les mers boréales et tropicales, en fait un lieu de passage essentiel pour la faune migratrice : oiseaux marins, cétacés et tortues marines. C’est ainsi qu’est née, pour Bretagne Vivante, l’envie d’étudier encore plus précisément le milieu marin du Morbihan, afin de pouvoir par la suite contribuer à protéger cette faune marine. Que pouvons-nous tous faire pour préserver les milieux maritimes bretons ? Bretagne Vivante souhaite prendre le temps de faire découvrir ce lieu au grand public afin de rappeler à tous que chacun peut contribuer, à son niveau, à la préservation de la faune du Mor Braz (et des océans en général). Voici ce que chacun peut faire : -Pour les locaux et les touristes de passage : encourager la pêche durable, notamment en achetant du poissons en priorité aux ligneurs, si possible directement aux pêcheurs ou aux poissonniers locaux. -Même si cela peut être tentant, il ne faut pas nager avec les dauphins, ni les toucher : non seulement c’est potentiellement dangereux (même sans le faire exprès, un coup de nageoire peut être fatal), mais cela dérange fortement ces animaux. Pour les plaisanciers : ne jamais poursuivre un groupe de dauphins pour les voir plus près, c’est un énorme dérangement et, par ailleurs, vous ne réussirez qu’à les faire fuir et plonger. La meilleure façon d’observer les dauphins est de couper le moteur et de les laisser venir. En les respectant, leur curiosité naturelle vous offrira souvent un beau spectacle. -Bien sûr, ne jamais rien jeter à la mer : les oiseaux, mammifères et autres habitants des océans peuvent s’étouffer avec un bout de plastique malencontreux. Nous espérons que cette sortie permettra à chaque participant de se faire le futur ambassadeur de la biodiversité de cette petite portion d’océan Atlantique, très fréquentée par les humains et qui mérite d’autant plus l’attention de chacun.

 

Gwénola Kervingant Présidente de Bretagne Vivante




Le feuilleton de l’été « Les mots valises » : démocratie participative (chapitre 4, épisode 1)

Le feuilleton de l’été « les mots valises » chapitre 4 « démocratie participative », épisode 1 quand les mots-valises sont des « malles »à double fond

Pour le dernier mot-valise de l’été, je m’attaque à quelque chose de périlleux, la démocratie, qui plus est participative. Si je m’écoutais, je dirais qu’il s’agit là d’un pléonasme mais ce faisant, je donnerais un avis personnel et , du coup, je ferais preuve d’un manque de rigueur scientifique qui détonnerait dans ce feuilleton qui jusqu’à présent s’est voulu plutôt objectif. S’il est des mots que tout le monde emploie à tout bout de champ, sans forcément qu’on s’accorde sur leur sens, « démocratie » en fait partie, comme « liberté », « bonheur » ou « égalité ». On peut s’en sortir par une boutade, comme l’avait fait Churchill « La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres. » C’est drôle, c’est tellement britannique mais ça n’apporte rien. J’en reviens donc à mon approche classique par le dictionnaire, qui me dit ceci :

a) Système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.

b) État ayant ce type de gouvernement.

c) Système de rapports établis à l’intérieur d’une institution, d’un groupe, etc., où il est tenu compte, aux divers niveaux hiérarchiques, des avis de ceux qui ont à exécuter les tâches commandées.

Il est inutile de s’attarder sur le point b) qui n’apporte rien de concret mais intéressons-nous un instant au point a) et c). La définition a) est explicite dès lors qu’on aura défini ce qu’on entend par souveraineté et elle aurait mérité d’être complétée par ce qu’en disait Abraham Lincoln « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » car en fait il s’agit bien de cela. Et c’est pour cette raison que le point c), que les auteurs du dictionnaire ont cru bon d’ajouter, devient intéressant. En effet, que nous disent-ils ? Primo que la démocratie n’est pas qu’un mode de fonctionnement de la sphère publique puisqu’elle concerne toute forme d’organisations sociales, entreprise, association sans but lucratif ou groupement informel, deuxio qu’il est un système où on demande un avis mais pas où on laisse décider ni agir, et tercio, que dans ces organisations il y a une hiérarchie, des gens qui commandent et des gens qui exécutent. On s’éloigne un peu de la souveraineté populaire. Restons-en là pour le moment et intéressons-nous au qualificatif qui fait de ce mot un mot valise : participatif. Notez que l’adjectif participatif est en soi devenu un mot « passe-partout » puisque non seulement, la démocratie peut être participative, mais le financement peut lui aussi être participatif comme une nouvelle forme d’économie qui peut être soit participative, soit collaborative, selon les auteurs. Le mot a manifestement une charge émotionnelle forte pour avoir autant de succès

Et là, surprise, quand on regarde le dictionnaire, on trouve ceci, dans l’ordre :

1) Qui concerne la participation dans une entreprise.

2) Qui implique une participation active des protagonistes dans une action, une activité.

3) Relatif à la participation, c’est-à-dire l’action de contribuer à quelque chose, d’en faire partie.

Voilà encore l’entreprise qui pointe le bout de son nez, en premier, mais au fait de quoi parle-t-on avec cette « participation dans une entreprise » ? vraisemblablement s’agit-il du mécanisme de répartition d’une partie des bénéfices imposée par le Général de Gaulle au milieu des années 60 et dont les mécanismes ne laissent que peu de marges de décision aux bénéficiaires de ces dites « participation aux bénéfices. C’est donc pour notre démocratie, une fausse piste. Reste les définitions 2) et 3) qui se ressemblent fort ; elles impliquent toutes les deux un apport actif, qu’on suppose positif, à un ensemble dont on fait partie. C’est déjà plus éclairant.

Du coup, on comprend mieux la définition qu’en donnent deux sites qui se sont beaucoup intéressés à cette question :

http://www.participation-et-democratie.fr/it/dico/democratie-participative

La démocratie participative désigne l’ensemble des procédures, instruments et dispositifs qui favorisent l’implication directe des citoyens dans le gouvernement des affaires publiques.

http://www.toupie.org/Dictionnaire/Democratie_participative.htm

La démocratie participative désigne l’ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d’augmenter l’implication des citoyens dans la vie politique et d’accroître leur rôle dans les prises de décision.

Mais dans ces définitions, qu’est-ce qui est important, la démocratie c’est à dire le gouvernement, la prise de décision ou la participation à l’élaboration de la décision et/ou de sa mise en œuvre ? Faut-il alors parler de démocratie participative ou plus simplement de démocratie délibérative ? La première prise dans son sens le plus large implique en effet, une participation à la décision et à sa mise en œuvre alors que la seconde réduit cette participation à l’élaboration d’une décision ou au refus d’une décision prise ailleurs. Dans cette dernière acception, on retrouve la démocratie participative telle que l’avait envisagée Ségolène Royal,et telle que la pratiquent d’ailleurs les partis politiques les plus démocratique lorsqu’ils demandent à leurs militants de prendre part à l’élaboration du programme politique . Dans le premier cas, on retrouve la démocratie active telle qu’elle se pratique dans certaines collectivités qui délèguent à des structures élues (comités de quartier par exemple) une partie du budget de la collectivité pour mettre en œuvre un ou des projets de ces comités. Il serait d’ailleurs intéressant que, dans le cadre de la disparition de la fameuse « réserve parlementaire », les élus de la Nation réfléchissent à un dispositif permettant de remplacer cette aide indispensable à nombre de projets associatifs ou de petites communes, par un dispositif géré localement, en toute transparence par une structure ad hoc élue.

Participatif mot valise lui-même financement participatif, économie participative ?




Forum Nomad’s Land, Habitat léger et du voyager autrement

Une Kerterre ? Une écoquille ? On en entend de plus en plus parler. L’habitat alternatif se développe, Nomad’s Land, forum de l’habitat léger et du voyager autrement, ouvre ses portes pour vous faire découvrir les procédés de fabrication et de mise en œuvre de divers habitats le 15 et 16 septembre à Bazouges-sous-Hédé (35), au nord de Rennes. L’occasion de découvrir les formes d’habitations légères et économiquement accessibles en rencontrant des constructeurs, des artisans, en écoutant les conférences et en partageant vos attentes avec les autres qui se questionnent tout comme vous.

Organisé par le café Bar’zouges/Ce qui nous lie avec le soutien de la ville d’Hédé-Bazouges et BRUDED, le forum met un point d’honneur à structurer une pensée de « l’habitat alternatif » qui doit apporter aux communes rurales en permettant de les repeupler et d’y insuffler une nouvelle dynamique. Cependant le développement de cet autre type d’habitat ne doit pas conduire à un « habitat anarchique ». C’est à dire, comme les organisateurs le rapportent si justement, il s’agit d’apprendre à « s’installer sur une terre, la faire vivre, y vivre, en vivre, sans que cela coûte à la collectivité et à l’environnement.».

Vous retrouverez les exposants : Tiny House, roulotte, écoquille, kerterre, contenair, solaire (électricité, cuisson…) phytoépuration, filtration, toilettes sèches, plants bio, associations. Par ailleurs des conférences auront lieu de 10h à 18h30 sur les différents types d’habitats, les aspects juridiques, la vision sociale de ce type de logement et de nombreux témoignages sur le voyage et l’habitat comme celui en roulotte et voilier à pédale avec Jan Brattinga, à pied avec âne avec Frédéric, en cyclo avec Hubert et Françoise, en woofing avec Benoït, en autostop, à pied (Compostelle), échange de maison, route des SEL.. N’hésitez pas à consulter le programme détaillé du forum qui comprends également des animations toute la journée, des ateliers enfants et familles ainsi qu’un espace pour se restaurer.

Attention le forum ne commence véritablement qu’à partir du samedi 16 septembre, néanmoins le vendredi 15 septembre sera l’occasion de partager des mets et des lectures sur le concept « d’Auberge Espagnole littéraire et gustative » à partir de 20h puis d’écouter des récits de voyages mis en musique à partir de 21h30.

Programme détaillé 
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Climate Chance 2017 Agadir : Plongée centenaire dans l’innovation énergétique

Il y en a qui s’ingénient à réinventer la roue et qui en plus s’en vantent. Quelle perte de temps et d’énergie !

Justement à propos d’énergie, lors du 2° Sommet Climate Chance d’Agadir, on pouvait rencontrer sur le site du comité 21 les animateurs de Paléo-Energétique et découvrir la frise qui illustrait leur démarche.

De quoi s’agit-il ? Comme ils le disent eux-même, il s’agit de recherche participative. Mais au-delà des mots, il s’agit d’abord et avant tout d’un outil de connaissance mis à disposition d’ universitaires qui, souvent, dans le cadre de leur projet de recherche, veulent trouver LE truc qui va sauver le monde et ce faisant, la plupart du temps, ne font que réexplorer une piste qui avait été largement défrichée par leurs aînés, il y a parfois plus d’un siècle.

Pourquoi s’agit-il alors de science collaborative ? La plupart des inventions qu’on retrouve dans la frise ont été signalées par des gens comme vous est moi qui en avaient entendu parler et trouvaient vraiment dommage que ces trouvailles, souvent géniales, soient restées dans l’oubli.

Du coup l’objectif de Paléo-Energétique est double. Le premier est d’inciter des étudiants à revisiter certaines de ces innovations et voir comment, remises au goût du jour, elles pourraient avoir une nouvelle vie et pourquoi pas trouver leur marché. Le second objectif est plus de vulgarisation;il s’agit donc de montrer à un plus large public qu’il ne faut pas se laisser prendre au miroir aux alouettes de ces innovations qui n’en sont parfois pas et que beaucoup de choses ont déjà été testées qui, si elles étaient réellement développées pourraient changer bien des choses dans notre quotidien. C’est dans cet objectif de vulgarisation que la présentation de toutes les inventions est volontairement limitée à 1.500 signes. C’est aussi pour cela que la présentation du site est sous la forme d’une frise qui invite donc à la flânerie.

En flânant, on peut ainsi découvrir

  • le bacille perfringens du Dr Jean Laigret qui transformait les déchets carnés en pétrole brut
  • le camion à hydrogène de Messieurs Hubault et Dubled ou la voiture à hydrogène de Mr Perrier
  • les concentrateurs solaires de Auguste Mouchot ou de Padre Hymalaya
  • le mur à pêche de Montreuil
  • qu’il se fabriquait plus de voitures électriques que voitures thermiques en 1900

Le fait que ces inventions n’aient pas connu le succès interroge. Néanmoins, sans tomber dans un excès de suspicion, on peut penser que des intérêts économiques puissants militaient à l’époque contre leur généralisation. Incidemment, maintenant que le contexte économique a changé, voilà une raison de plus pour aller revisiter cette frise

Pour aller plus loin :

la frise de paléo-energétique https://paleo-energetique.org/

le site des initiateurs du projet : l’association atelier 21 qui’ n’en est pas à son coup d’essai dans la sensibilisation du grand public mais qui utilisent généralement des voies plus ludiques et artistiques https://atelier21.org/

L’association suisse d’où a émergé l’idée ADER http://ader.ch/

le site du comité 21 qui hebergeait la frise à Agadir http://www.comite21.org/




Climate Chance 2017 Agadir : une chance pour la planète

Il y a un an s’est tenu, à Nantes, dans notre région donc, une réunion préparatoire à la COP 22 de Marrakech, qui ne rassemblait que des acteurs non étatiques (Organisations non gouvernementales, collectivités territoriales, entreprises petites et grandes).

Nous ne savions pas alors que s’enclenchait un mouvement de fond.

Un an après, à Agadir dans le Sud du Maroc, sur la côte Atlantique, le deuxième sommet de Climate Chance se réunit du 11 au 13 septembre. Plus de 5.000 personnes sont là, représentant des centaines d’associations, des dizaines d’entreprises et autant de collectivités territoriales .

La multiplicité et la diversité des stands installés dans les allées et le village de tente attenant au Sommet montrent avec force que la Région d’Agadir, pour ne prendre qu’elle, s’est largement mobilisée pour la lutte contre le changement climatique, dans une démarche de transition pragmatique, prenant en compte tous les aspects que cette lutte induit : gestion de l’énergie, gestion de l’eau, de nouveaux modèles de développement agricole, la prise en compte de la problématique du genre dan la gouvernance de ces transitions.

Tout cela a été réaffirmé par les participants à la plénière inaugurale, le président de la Région Souss Massa (Agadir), les ministres marocains de mines, de l’énergie et du développement durable, de l’agriculture, de la pêche, du développement rural, de l’eau et des forêts, la secrétaire exécutive de la Conférence de Nations Unies sur le Réchauffement Climatique, le Président de la COP 22 et le président de Climate Chance.

Tous ont souligné le rôle que les acteurs non étatiques (les ANE) ont joué et continuer à jouer dans la mobilisation planétaire. Ainsi, la secrétaire exécutive de la CNUCC, Patricia Espinosa a témoigné du rôle d’aiguillon qu’avaient joué les ONG en apportant des solutions pratiques et réplicables mais aussi en mettant sur la table de nouvelles interrogations nées des observations qu’elles font sur le terrain. Elle a également témoigné du rôle de contre-poids que jouent les collectivités territoriales quand elles refusent l’inertie de leurs Etats, citant en exemple l’initiative américaine « We are still in » qui regroupent toutes collectivités territoriales des Etats -Unis, Etat comme la Californie mais aussi plus de 300 villes, qui refusent d’admettre que la foucade du Président Trump mette un coup d’arrêt aux dynamiques à l’œuvre sur le territoire américain depuis parfois des décennies.

Comme l’a souligné le président de la COP 22, Mr Mezouar, la COP de Marrakech fut un formidable catalyseur local des énergies et a permis de développer une méthodologie qui s’applique maintenant aux nombreux projets qui émergent dans les différentes régions du Maroc : étape 1, on structure, étape 2, on mobilise, étape 3 on accompagne. Cette approche des choses illustrent bien l’esprit de ce sommet des ANE. L’initiative vient des ONG, des entreprises ou des collectivités territoriales et l’Etat n’est là que pour ce soutien en trois temps, chacun ayant autant d’importance que les autres.

On aurait pu croire que ce sommet des ANE à moins de trois mois de la COP n’était fait que fourbir les arguments qui permettront de faire pression lors des négociations à Bonn en novembre 2017. C’est en partie vrai puisque les organisateurs reconnaissent qu’ils espèrent obtenir de cette COP 23 des engagements concrets et irréversibles. Mais selon le président de Climate Chance, les vrais enjeux ne sont peut-être pas là ; ils sont aussi de faire en sorte que ce rassemblement, qui est probablement le plus grand forum non étatique consacré au changement climatique permettent l’émergence d’initiatives concrètes entre ONG, entreprises et collectivités. Il est aussi de fourbir les arguments pour affronter des partenaires autrement redoutables que les Etats, les bailleurs de fond, dont les logiques échappent largement aux accords passés lors des COP.

C’est peut-être le début d’une maturité institutionnelle de ces acteurs non étatiques.




#7 Portraits d’équipe : Laurence Mermet, secrétaire de l’association

Laurence Mermet est actuellement enseignante dans les lycées agricoles du Finistère, un métier qui lui apporte beaucoup. Femme affirmée, engagée dans ses choix personnels et envers les autres, Laurence a passé la majeure partie de sa carrière à côtoyer des militants écologistes : du côté civil et associatif comme du côté politique. De France Nature Environnement à Greenpeace en passant par le parti des écologistes, Laurence nous parle de son apprentissage, des valeurs qu’elle défend aujourd’hui et de ce en quoi elle croit.

Tu es secrétaire de l’association Eco-bretons, tu as également été présidente, si je ne me trompe pas, peux tu nous parler de ton histoire avec l’association ?

Je suis toujours dans la dynamique du CA de l’association. Mon histoire avec l’association a démarré au tout début, avec ceux qui avaient initialement porté le projet . Ils étaient venus me voir en me faisant part de leur intention et je trouvais que c’était une super idée de créer un média régional dédié au développement durable avec un statut associatif. Ce n’était pas gagné d’avance, mais je leur ai apporté un soutien ponctuel au début, plus fréquent ensuite.

Ton investissement dans des structures liées à l’écologie, à l’environnement, au développement durable, ne date pas d’hier. On peut dire que ça prend une grande place dans ta vie.

Adolescente j’étais déjà pas mal préoccupée par la question animale, nos rapports complexes et hélas de plus en plus insupportables avec les animaux. J’ai été végétarienne quelques années et abonnée à l’« Action zoophile », une petite feuille de chou antivivisectionniste. Je suis de nouveau végétarienne depuis 5/6 ans maintenant. Je constate avec espoir que cette problématique émerge avec force dans notre société depuis quelques années.

Ensuite j’ai fait des études qui m’ont conduite aux métiers de l’information et de la communication et mon premier boulot, c’était dans un groupe pétrochimique, au service communication, j’y avais effectué un stage. Il s’agissait de faire de la comm’ sur la pétrochimie, les produits organochlorés, la belle chimie, magnifique ! A un moment donné, il était question que je sois embauchée, mais ça ne faisait pas sens pour moi.. Il y’a eu un rejet intérieur. Et à ce moment-là, j’ai trouvé un boulot dans les petites annonces de Libé, à l’époque la FFSPN (Fédération française des sociétés pour la protection de la nature) qui par la suite est devenue France Nature Environnement cherchait sa chargée d’information et puis de coordination rédactionnelle de sa revue La lettre du hérisson . J’ai postulé et je suis entrée à la FFSPN. Les locaux étaient situés dans le Jardin des plantes, c’était chouette. Et à partir de ce moment là, ça a été une prise de conscience, j’ai eu l’énorme privilège de travailler en militant. C’est à dire que j’ai pu travailler en cohérence avec des convictions qui a un moment donné se sont révélées très fortes. J’y suis restée 5 ans.

Ensuite je suis devenue attachée de presse à Greenpeace France, au moment de la reprise des essais nucléaires français durant l’été 1995.

Le passage à la vie politique avec les écologistes

Au bout de cinq ans passés avec Greenpeace, qui m’ont à jamais marquée, le cabinet de la ministre Dominique Voynet m’a approchée. Cette dernière entamait sa cinquième année au Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, à l’époque ça s’appelait comme ça, et elle cherchait une nouvelle attachée de presse. Passer de l’autre côté de la barrière après avoir été avec ceux qui exercent un indispensable contre-pouvoir, celui de la société civile, ça a été extrêmement intéressant ; découvrir ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire quand on est un.e politique dans les rouages du pouvoir; comment une ministre écologiste minoritaire au sein d’un gouvernement qui s’affichait de gauche plurielle peut-elle travailler en bonne intelligence avec les associations, les ONG, sachant sa marge de manœuvre extrêmement limitée. Il fallait apprendre à jouer fin sur certaines thématiques, notamment le nucléaire qui était sous la tutelle du ministère de l’industrie. Je suis restée avec elle près d’un an et ensuite elle a passé la main à Yves Cochet qui a pris sa suite en tant que ministre jusqu’aux élections présidentielles où le candidat socialiste Lionel Jospin fut éliminé au 1er tour, le 21 avril 2002.

Ensuite j’ai travaillé à la Mairie de Paris, au service communication de la Direction de la Voirie et des déplacements, pour un élu écologiste. Tout ça était extrêmement intéressant, voir comment un maire socialiste, puisqu’il s’agissait de Bertrand Delanoë, avec une équipe là aussi gauche plurielle dont des écologistes, allait réussir à transformer Paris et notamment verdir la politique des déplacements dans une capitale telle que Paris !

Ça, ça a été toute ma vie parisienne, en train de défendre la cause écologique mais en mode intensif et un peu hors-sol. C’était un métier très très prenant. A un moment donné, ça ne faisait plus sens non plus de défendre ces questions en vivant de cette façon là. L’écologie urbaine bien sûr c’est important mais moi, j’avais envie de devenir rat des champs, plus rat des villes. J’ai donc franchi le pas pour la Bretagne, au fin fond du Finistère, dans le Pays de Morlaix où je me plais tant. Ensuite, j’ai travaillé pour le réseau associatif Cohérence, toujours avec une certaine cohérence !

J’ai également travaillé comme collaboratrice de conseillers régionaux écologistes durant un mandat. J’ai ainsi découvert l’échelon régional, ça aussi c’était instructif. C’est important de comprendre les différentes strates politico-administratives françaises, c’est même incontournable. Voir où sont les freins, comment on peut travailler en bonne intelligence avec notamment les agents de la fonction publique, tous grades confondus. Ils sont incontournables, au service des élus certes mais le pouvoir passe et les fonctionnaires restent. Le pouvoir des fonctionnaires est en fait important, ils connaissent les dossiers et les suivent, ce n’est pas toujours facile d’ailleurs pour eux quand il y a un changement de couleur politique de devoir s’adapter. Il y a parfois des résistances.

« En politique il n’y a que des coups à prendre (…) et en particulier quand on est écologistes »

Ça a été très dur, c’est toujours complexe et si je peux retenir une leçon de mon compagnonnage avec des écologistes politiques c’est d’avoir pu pénétrer dans la complexité des situations, des choses. Devoir satisfaire tout le monde, ce n’est pas possible… donc c’est un monde très particulier, écologiste ou pas. Une certaine idée du bien commun, du service publique, heureusement beaucoup d’élus l’ont. Des limites. Parce que je trouve qu’en politique il n’y a que des coups à prendre, on n’arrive jamais à satisfaire qui que ce soit, en particulier quand on est écologiste… et minoritaire. On doit apprendre à composer, à être en permanence dans le compromis, nos propres militants et sympathisants nous renvoient en plus une image négative « Mais c’est plus du compromis, c’est de la compromission ! ». C’est une marge de manœuvre extrêmement compliquée et je trouve qu’il y a des élu.e.s écologistes de terrain qui ont réussi à faire bouger les choses, sur le bio dans les cantines, sur le mariage gay… quand on voit ce qu’a fait Noël Mamère sur la commune de Bègles, quand on voit ce que fait Damien Carême avec les réfugiés à Grande-Synthe. Là franchement, sur le terrain… ils assurent ! Mais il faut redoubler de force, c’est deux fois plus compliqué que lorsque l’on est issu d’une grande formation politique. Le bipartisme a hélas dominé la vie politique de notre pays durant de longues années.

Tu y crois encore ?

J’en suis sortie désenchantée, désabusée sur la difficulté à assumer notre nature humaine dans toutes ses dimensions, mais je garde du respect pour certain.e.s élu.e.s écologistes parce que je trouve que c’est courageux de s’y coller. Un homme comme Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, qui se bat bec et ongle contre les pesticides, pour sauver les abeilles, entre autres, fait un travail remarquable au Sénat. Donc voilà je garde de l’admiration et de la sympathie.

Aujourd’hui je crois beaucoup plus dans la capacité de la société civile, et du local à se mobiliser. C’est comme ça qu’on arrive à déplacer le curseur, et les politiques suivent…

L’enseignement en lycée agricole : Les jeunes, priorité au projet de vie avant le projet professionnel

J’ai sauté à pieds joints dans l’enseignement, et je suis vraiment contente d’avoir mis les deux pieds dans l’enseignement agricole parce que quand on vit dans une région rurale comme la Bretagne, qui plus est avec des enjeux agricoles énormes, je trouve que c’est une bonne façon de découvrir et faire découvrir les enjeux de notre région, de ses territoires et aussi de mieux connaître et comprendre les jeunes. Le changement que nous voulons voir en ce monde, il part de la pédagogie auprès des jeunes générations. J’ai évidemment une réputation de militante écolo que j’assume et qui irrite parfois certains jeunes issus de milieux agricoles conventionnels mais c’est justement très intéressant de discuter avec eux, leur apprendre à argumenter, accepter des points de vue divergents (idem pour moi !). Tu dois pouvoir justifier pourquoi tu dis ça, pourquoi tu penses ça. C’est important d’avoir une pensée structurée parce que cela offre une liberté d’action et de l’autonomie.

Et je ne suis pas là pour faire du prosélytisme, je distingue parfaitement ma casquette de militante écologiste de ma casquette d’enseignante avec laquelle je dois apprendre aux jeunes à développer une pensée critique par eux même. C’est essentiel. Je suis rassurée de voir qu’il y a quand même une prise de conscience dans les jeunes générations. Certains s’en foutent, ils sont hélas déjà désabusés. En même temps, je trouve que c’est une époque difficile pour la jeunesse, très anxiogène. Nous les adultes, on leur met la pression « et quel métier tu vas faire ?! » et « les études, les études, les études ». Alors évidemment que le projet professionnel c’est quelque chose d’important, mais j’ai encore l’idée un peu désuète que l’école c’est quand même un sanctuaire où on doit aussi les aider dans l’accompagnement d’un projet de vie, avec des désirs, des rêves, des valeurs ! Cela comprend bien sûr le développement d’un projet professionnel. Autant la génération de nos grands-parents pouvait exercer le même métier toute sa vie, c’était possible, depuis le monde a tellement changé et ses mutations s’accélèrent. Alors quelle responsabilité c’est d’accompagner une orientation professionnelle ! Cela existe, des gens qui se sont sentis coincés toute leur vie du fait d’erreurs d’orientation. Il y a aussi parfois des maladresses, malheureusement, au sein du corps enseignant, des collègues qui considèrent qu’une filière pro c’est pour les jeunes qui ne sont pas bons scolairement. Je ne peux pas concevoir qu’on puisse penser ça. Une filière pro ça doit correspondre à quelqu’un qui a envie de rentrer rapidement dans la vie active. Quel que soit leur choix il faut accompagner au mieux ces jeunes gens malgré la pression des adultes. Et en même temps il y a plein de choses encourageantes, toujours.

Des gens qui t’inspirent, des lectures ?

D’abord au-delà de l’écologie, d’une manière plus large il y a Edgar Morin. L’entrée dans sa pensée complexe. Nous avons un mode de fonctionnement complexe, dans un monde complexe et notre nature humaine fait que l’on a besoin de simplifier les choses pour pouvoir les appréhender, pour pouvoir avancer. Au risque de la simplification qui ne rend pas justice à la complexité des situations. C’est pour ça d’ailleurs que je trouve toujours difficile d’arriver à prendre parti complètement pour quelque chose, quelqu’un, un parti, un point de vue…
On fait des choix, il faut certes les assumer à un moment donné de la compréhension que nous avons d’une situation, mais en ne perdant pas de vue que celle-ci est complexe, et moi petit individu, je ne peux absolument pas embrasser la totalité de cette complexité. D’où la nécessité de penser et de faire avec les autres : la belle et difficile aventure de l’intelligence collective !

Intégrer et assumer la lenteur pour mieux comprendre, donc, la complexité des situations. Je le dis notamment aux copains qui ont la dent très dure à l’égard de Nicolas Hulot. Certains lui reprochent son parcours et le fait d’avoir finalement franchi la ligne politique en rejoignant l’équipe gouvernementale de l’actuel président de la République. Il est vrai que moi-même, devant certaines décisions prises, comme par exemple la récente autorisation de tuer des loups, la colère me fait les rejoindre ! Mais je pense qu’il fait ce qu’il peut là où il est. J’aime bien la notion de « faire de son mieux », c’est à dire « je fais ma part du mieux que je peux avec toutes les limites que j’ai et que les structures m’imposent ». C’est tellement facile de plaquer un jugement définitif. La complexité, si on veut lui rendre justice, mérite que l’on prenne du recul, que l’on ne condamne pas péremptoirement l’action d’une personne, comme si d’ailleurs pouvait à elle seule sauver une situation globale. Un Zorro, ça n’existe pas.

La désobéissance civile et la vie en retrait dans les bois de Henry David Thoreau, La voie de la non-violence de Gandhi, celle de Martin Luther King, avec aussi la défense des droits civiques et Vandana Shiva, cette personnalité indienne que je trouve très inspirante. Je prends en ce moment un peu plus le temps de découvrir l’éco-féminisme. Savoir qu’il y a des éco-féministes notamment aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France qui depuis les années 70, ont associé la cause féministe à la cause écologiste qui n’est qu’une seule et même chose, qu’elles ont mis et continuent de mettre la puissance féminine au service de la Vie. Je trouve ça magnifique.

Tu as participé à l’initiative  Vertes de rage , on peut faire un rapprochement avec l’Eco-féminisme.

Oui, alors Vertes de rage, effectivement, c’était au départ une initiative de quelques copines journalistes parisiennes, avec une belle sensibilité à l’écologie. Nous avons éprouvé le besoin de pousser un grand coup de gueule. L’une d’entre nous, Pascale d’Erm, vient d’ailleurs de publier un très beau livre, Sœurs en écologie  dans lequel elle raconte justement l’histoire des éco-féministes à travers le monde. Nous voulions manifester avec force notre inquiétude et faire bouger les choses car nos enfants, petits à l’époque, étaient comme tous les enfants en contact avec des substances chimiques présentes absolument partout dans la vie quotidienne. Nous avons publié une retentissante et éphémère tribune. Nous avions aussi la chance d’avoir accès à certains médias nationaux. Lorsque l’on peut faire passer des messages pour être entendu par une audience la plus large possible, on le fait. C’était une action ponctuelle qui voulait donner plus d’échos à cette grave problématique. Une association comme Générations futures mène, avec d’autres, depuis des années un travail de longue haleine qui porte ses fruits, timidement mais assurément. Il ne faut rien lâcher face aux menaces qui pèsent sur la santé du vivant dont nous faisons partie !

Ta vision de la transition dans ton quotidien, ce dans quoi tu t’évertues à agir

Vers 13 ans, j’avais décidé de devenir végétarienne suite à un incident alimentaire, l’absorption de viande avariée. Aujourd’hui, j’aimerais bien mener ma cohérence alimentaire vers le végétalisme, mais pas le véganisme qui exclut également tout produit d’origine animale parce que je veux pour le moment encore continuer de porter de la soie, de la laine, du cuir, en étant attentive à leur mode de production, mais bon… cela ne me satisfait pas encore. Disons qu’au niveau alimentaire, je suis en transition. C’est un cheminement long, se nourrir, et c’est quelque chose d’extrêmement politique. On le constate dans les choix agro-industriels, là où ça mène la planète, et les traitements que nous animaux humains infligeons aux animaux non humains, ça m’est aujourd’hui insupportable.

Des actions me semblent également essentielles à mener, en particulier auprès des jeunes dont les cerveaux sont de plus en plus soumis à la dispersion et à l’hyper-sollicitation (le fameux temps de cerveau disponible !). On ne le voit que trop bien avec le monde du numérique que je ne condamne pas pour autant. Il y a du meilleur comme du pire. Et ces jeunes sont assaillis d’informations qui arrivent en flux incessants, sans hiérarchisation, avec très peu de capacités à en vérifier l’origine, la validité, la pertinence…Hélas tout les pousse à la dispersion mentale alors qu’il y a une impérieuse nécessité à se mettre dans l’attention, à réduire tous ces flux envahissants. Et là on rejoint le politique, la nécessité du vivre et du faire ensemble pour les biens communs. Nous ne savons que trop combien il est difficile de résister aux pouvoirs financiers qui règnent en maîtres quasi absolus si nous n’y prenons pas garde aujourd’hui. Et ils ont tout intérêt à avoir à faire à des populations qui réfléchissent le moins possible. Il faut donc au contraire être extrêmement vigilant. Nos démocraties sont plus que jamais fragiles sur une terre en proie à des désordres multiples. Il va nous falloir beaucoup, beaucoup d’attention les uns pour les autres… et laisser enfin nos esprits, si créatifs lorsqu’ils sont libres et autonomes, bâtir les utopies pour demain.

Merci !