Les Moyens du Bord, propose jusqu’au 5 novembre prochain à Morlaix, dans la très belle et multiséculaire Maison Pénanault, une sélection d’oeuvres de son artothèque*.
Et au travers de leur performance qui accorde une importante particulière à sa dimension collective, les deux artistes nous permettent, mine de rien, de renouer concrètement et symboliquement avec des rituels païens très anciens de guérison que pratiquaient nos ancêtres pour se connecter aux puissants éléments du vivant.
Laissons Emilie Maréchal et Sylvain Descazot nous en dire davantage sous leur plume et voix numériques :
« Autourdeslavoirsoùlaviesocialefémininedeslavandières s’organisait, La Toute Première Fois interroge savoirs d’antan et matières. Ici l’eau est ambivalente : on peut la voir, s’y mirer, s’y perdre dans la noyade, mais aussi la boire. L’eau nous lie au passé et au futur par ce qu’elle a de constant et de cyclique. Cet élément physique inscrit les mémoires et métamorphoses. L’eau, par son parcourssouterrain,sechargedesondes électromagnétiques diffusées par les objets et supports techniques que l’homme a mis en place et les garde en mémoire. Cette accumulation de fréquences déséquilibre sa structure fondamentale et modifie son harmonie.
Avec l’installation « Que fait-on de l’eau ? » La Toute Première Fois soumet les eaux de 3 lavoirs morlaisiens (Collobert, rue de Ropars et Pouliet) aux résonances de Schumann, les ondes originelles que produit la terre. Les résonances de Schumann sont un ensemble de pics spectraux dans le domaine d’extrêmement basse fréquence (3 à 30 Hz) du champ magnétique terrestre, observées la première fois dans les années 1960. Ces résonances globales sont présentes dans la cavité formée par la surface de la Terre et l’ionosphère qui fonctionne comme un guide d’onde. La principale a une longueur d’onde égale à la circonférence de la planète et une fréquence de 7,8 Hz. Sont présentes, en plus de cette onde fondamentale, des harmoniques à 14,3 Hz, 20,8 Hz, 27,3 Hz et 33,8 Hz.
« »La Toute Première Fois est un binôme : Émilie Maréchal, vivant à Bruxelles est metteure en scène et comédienne, Sylvain Descazot, habitant en Bretagne, est designer. Ils cherchent, depuis plus de deux ans, à construire un propos commun. Ce dernier se développe autour d’axes de recherches plastiques, performatives et d’objets. Ilsdéfinissentdesthèmesetfascinations communes afin de croiser leurs disciplines, apprendre de l’autre. Cette mise en travail commune est déjà en soit une expérience et un défi.
L’attrait de Sylvain Descazot est d’étudier la nature : partir se promener,déambuler,seperdreetreveniravec des intuitions formelles,desrêveriescontemplatives,quisonttoujoursles premiers temps de la mise en place de ses recherches. En parlant de zones, régions, lieux de manière subjective et sensible, il cherche à révéler l’image poétique de la matière et magnifier ce qui, par les valeurs et vertus sociales, se trouve marginalisé ou rejeté.
L’attrait d’Émilie Maréchal est l’Homme. À travers l’écriture, elle met en scène et joue pour faire marcher les gens, les activer, les bousculer. La prise de conscience, le vertige, ne sont possibles que dans le saisissement, dans le choc presque, dans une recherche formelle et esthétique rigoureuse. C’est en comprenant sa nature archaïque, que l’homme s’élève.
Lebinômes’estalorsrenducomptequemalgréleurs « sujets d’études » différents, ils partagent des intérêts, qui sont l’archaïsme (l’essentialitédetouteconstructionetl’histoirecommunede l’humanité), le communautaire et le rituel (un savoir partagé et une action commune reliant à un environnement), le «faire» et l’immersion (la connaissance de la matière et l’«être» en expérience). Par des formes et volumes simples où la matière pauvre est sublimée, par l’inscription d’un protocole et la sublimation des corps, ils développent des bases d’expérimentations communes pour créer et dialoguer. L’acte de création se situe à la jonction de l’objet ou du volume dessiné, de l’expérience physique et de la production de formes performatives. »
Les Moyens du Bord et le binôme La Toute Première Fois proposent de partager et croiser les regards sur la matière eau, à travers une installation et un cycle d’ateliers, tout au long de l’exposition.
Samedi 21 mai, 14h>18h : “Excusez-moi de vous demander pardon” – Le pardon du lavoir – Procession en extérieur
Journées européennes du patrimoine : Madame Propic – Nettoyage d’un lavoir
Réservations auprès des Moyens du Bord : 02 98 88 25 62 – lesmoyensdubord.mdb@gmail.com
DIY : Une table basse sans prétention
Bricoleuses et bricoleurs, munissez-vous d’un peu de vis, d’une palette, d’un serre-joint, d’une scie à bois et à métaux. C’est tout ce qu’il vous faudra pour fabriquer facilement votre table basse.
Durée : 1h30 à 2h00
Difficulté : Débutant
Matériel :
Une palette ( ici 120×80)
16 vis à bois :
Longueur : 2 fois l’épaisseur des planches
Diamètre : 2,5mm (Ni trop petit pour la solidité de l’ensemble et pas trop gros pour ne pas fendre le bois)
Outils :
Une scie à métaux
Une scie à bois (une scie sauteuse pour une coupe plus propre)
Une perçeuse
Un serre-joint
Un foret de diamètre inférieur au diamètre de vos vis
Un foret de diamètre légèrement supérieur a celui de vos vis
C’est parti !
Commencez par retirer les 3 planches inférieures de la palette et mettez-les de cotés. Utilisez une scie à métaux pour scier les clous qui font la jonction. Contrairement à l’utilisation du pied de biche cette méthode permet de ne pas endommager la palette.
Réalisez la même opération pour retirer les 6 cubes en bois. A mettre de côté également !
Si nécessaire, coupez l’excédent de planche à chaque coin afin d’obtenir une surface lisse et sans rebord.
Mesurez l’épaisseur du plateau de votre futur table basse.
Pour réaliser les pieds de la table basse, reprenez les 3 planches que vous avez mises de côté et tracez vos découpes sur deux d’entre elles.
Épaisseur de la palette mesurée précédemment
Milieu de la planche
Contour des pieds de la table basse
Cotation 1 = « Épaisseur de la planche »/ 2
Cotation 2 = « Largeur planche » / 4
Cotation 3 = « Épaisseur planche » /2
Perçages aux cotations 1 et 2
Perçages aux cotations 1 et 3
Procéder à la découpe en s’assurant d’avoir bien fixé votre planche à l’aide d’un serre-joint.
Réalisez le perçage à l’aide du foret légèrement supérieur au diamètre de vos vis.
Nous obtenons donc 8 planches découpées, positionnez-les sur chaque coin afin de reporter vos perçages sur le champ du plateau.
Répétez l’opération aux quatre coins, vissez vos pieds et c’est terminé ! vous pouvez apprécier votre nouvelle table basse ou desserte, c’est vous qui voyez !
Julie sensibilise les enfants à la protection des océans
La costarmoricaine Julie Lostanlen, designer graphique, illustratrice freelance mais aussi surfeuse, a créé son premier livre pour les tout-petits. Objectif : les sensibiliser sans dramatiser à la pollution des océans, grâce à Iris, un pingouin surfeuse et globe-trotteuse.
Iris est un pingouin surfeuse et globe-trotteuse. Elle part avec son ami Tourto le crabe à la découverte de spots de surf, un peu partout sur la planète. Durant leur périple, les deux amis vont faire de nombreuses rencontres, mais vont également prendre conscience de la pollution des océans, à cause notamment du plastique…
Voilà résumé en quelques mots le livre pour enfants « Iris la surfeuse globe-trotteuse », imaginé et conçu par Julie Lostanlen. La jeune costarmoricaine, designer graphique et illustratrice freelance depuis 2 ans, en a eu l’idée suite à la naissance de sa nièce, qui porte le même prénom que l’héroïne du livre. « Je me sentais un peu impuissante, malgré ma conscience écologique, face aux dégradations de l’environnement. Ma nièce Iris est née au début du premier confinement, et j’ai voulu trouver un moyen de la sensibiliser à la protection de la nature, via quelque chose qui lierait le surf et l’illustration », explique-t-elle. Ainsi naît le projet d’un livre, qui intéresse, au fil des discussions, de plus en plus de monde. Julie décide alors de lancer une campagne de financement participatif, qui est un succès, et parvient à auto-éditer son ouvrage à 300 exemplaires. Il est imprimé sur du papier 100 % recyclé, dans une entreprise de travail adapté à Quimper.
Surfeuse depuis 14 ans, Julie a vu au fil des années la pollution des mers par le plastique s’accentuer. « En surfant, on la voit. On a toujours vu des bidons en plastiques dans l’eau après des tempêtes. Mais aujourd’hui, il y a de plus en plus de microplastique, dans le sable par exemple ». Elle a été particulièrement marquée par la situation lors d’un voyage au Maroc, où une décharge « se déversait littéralement dans l’océan ». Grâce à son livre aux jolies couleurs, Julie espère ainsi aider à sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge, de manière pédagogique, sans dramatiser et sans culpabiliser, en présentant les faits. « Iris la surfeuse globe-trotteuse » aura peut-être une suite, qui sera quant à elle consacrée aux solutions pour lutter contre le fléau de la pollution plastique.
Plus d’infos
www.lost-graphic-design.com/livre/
A Brest, plongée dans les bleus de l’océan, entre requins menacés et requins bien affairés
En apparence seulement, quelques kilomètres séparent le Centre national de culture scientifique Océanopolis et son bassin des requins (entre autres), près du port de plaisance brestois du Moulin blanc, des Ateliers des Capucins, qui abritent notamment 70.8 (pourcentage de mer sur la terre), la galerie des innovations maritimes (on n’arrête pas le progrès, n’est-ce-pas…). Mais la tenue il y a quelques jours du One Ocean Summit, premier Sommet mondial autour de la protection des océans qui s’est déroulé du mercredi 9 au vendredi 11 février dernier, a notamment montré qu’un autre océan séparait ces deux lieux emblématiques brestois, peuplé de requins de natures bien différentes.
A Océanopolis, le jeudi 10 février dernier, l’unique rencontre publique citoyenne ouvrait presque le ban du Sommet. Présentée comme une conférence participative « sous forme de débats mis en scène autour d’un thème capital : “La gouvernance de la haute mer et la protection de sa biodiversité : rendez-vous à New-York”, elle était ainsi présentée : « Grâce à un dispositif ludique original, vous pourrez vous pronocer en direct sur des sujets réels de gouvernance internationale tels que négociés actuellement à l’ONU. Entre discours politiques et plaidoyers, les experts du sujet essayeront de vous convaincre du bien-fondé de leur action. Pour quelle position allez-vous voter ? ». (voir l’article de Marie-Emmanuelle Grignon :https://www.eco-bretons.info/a-oceanopolis-le-public-donne-son-avis-sur-la-protection-de-la-haute-mer/ ).
Quelques jours auparavant (du 4 au 6 février), à l’Université de Bretagne Occidentale, c’est aux Soulèvements de la Mer qu’était convié le public par un collectif d’associations, sous la forme d’un Contre-Sommet : trois jours de séminaire et de rencontres, très riches, comme le rapporte le magazine Kaizen dans son bel article (1), avec des intervenant.e.s pas dupes des vrais enjeux de ce Sommet mondial prétendûment destiné à« protéger, explorer, exploiter »les océans, c’est-à-dire « parcelliser et privatiser la mer, au nom de l’écologie et de l’économie bleue, et où désormais, banquiers, fonds spéculatifs et industriels promettent de protéger l’océan … avec leurs méthodes. »
Economie bleue : un insoutenable Blue-washing pour les protecteurs des océans
Aux Capucins se jouait une tout autre partition… dans le grand bain des gros poissons et requins d’une autre nature. L’entrée uniquement sur accréditation et le nombre de représentants des forces de l’ordre présents dans le quartier et autour du bâtiment, donnaient le ton : the only place to be pour les délégations des 83 pays participants, institutions internationales, collectivités territoriales bretonnes, quelques ONG et fondations et bien sûr des représentants du monde économique maritime et de la finance. Tout ce beau monde participant à des forums et ateliers, dans et en marge desquels il s’agissait de concilier le « business as usual », sous ses nouveaux apparats de blue-washing, à des engagements communs en faveur de la préservation des océans. Des océans menacés de façon abyssale par l’acidification dûe au réchauffement climatique, la perte de biodiversité causée par la surpêche, l’exploitation des fonds marins dont Bretagne Vivante rappelle les enjeux : » Ils regorgent de ressources minérales (nickel, or, thallium, cobalt, manganèse, argent, lithium, zinc…) et la demande mondiale pour celles-ci ne devrait cesser de croître dans les 20 prochaines années. Annoncé en octobre 2021, le plan France Relance prévoit ainsi 310 M€ dédiés à l’exploration des fonds marins et de ses ressources minérales. Il est ainsi indispensable de s’interroger sur les impacts de l’exploitation des écosystèmes et les habitats profonds (au-delà de 200 milles nautiques, ils représentent environ 66% de la surface de la planète). Loin d’être désertiques comme on l’a longtemps imaginé, ils abritent divers écosystèmes ayant une biodiversité fragile et encore très méconnue. » (2).
En point d’orgue du Sommet, le «Segment à haut niveau » du vendredi 11 février, accueillait une quarantaine de chefs d’État et de gouvernements, de représentants des Nations Unies, de l’Union Européenne et de dirigeants des poids lourds du transport maritime par conteneurs (plus de 80 % des échanges de marchandises, en volume, et plus de 70 % de leur valeur, sont transportés par mer à bord des navires et traités par les ports maritimes du monde entier). Il s’agissait désormais d’acter les résultats de ces ballets aquatiques en eaux bien troubles pour la société civile et ses représentants : avec certes des engagements et promesses, mais surtout trop peu de décisions concrètes selon les ONG (3) et des sujets qui fâchent soigneusement évités, tels que la surpêche, la protection des grands fonds marins des exploitations minières aux conséquences irréversibles (2). Rappelons que, comme l’évoque plus bas dans notre entretien, le conseiller stratégique Rémi Parmentier, la France n’a à ce jour, toujours pas signé l’appel à moratoire contre l’extraction minière en eaux profondes prôné par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en septembre 2021, appel signé par 81 pays et agences gouvernementales ainsi que 600 scientifiques.
Insoutenable exercice d’équilibriste mondial, dans les règles du jeu actuelles, que de s’accorder à résoudre l’équation activités économiques en croissance bleue et protection forte des océans, pourtant vital ? Et puis, comme des chants de sirènes trop lointains pour être entendus et surtout écoutés, les voix des « petits » peuples de la mer, humains et non humains ne sont certainement pas en voie d’extinction. En amont (4), tout au long puis à l’issue de ce Sommet mondial, des représentants de la société civile parmi lesquels l’association Pleine mer (5), Greenpeace, Bloom (6), Robin des bois (7), bien décidés à ne pas y participer, se sont activés dans la rue, les réseaux sociaux, les médias pour alerter l’opinion publique et tenter de peser plus fortement sur les décideurs, en dénonçant notamment «40 ans de meetings internationaux et une situation environnementale qui ne fait qu’empirer », à l’instar des COP climatiques. Ici, un rassemblement public contre le déni océanique « Don’t look down », là un Carnaval de l’océan… des contre-manifestations relayées par RKB que vous pouvez (ré)écouter : http://www.rkb.bzh/emissions/abadennou/one-ocean-summit-plusieurs-contre-manifestations-prevues-a-brest-le-point-sur-ce-sommet-avec-lassociation-pleine-mer/?fbclid=IwAR3xI1TV6FSOKj1Xs0pDtL1aNCd1TLWfT6EPwodOsKil8AEpJVLsN-vLwoo
Paroles d’un conseiller stratégique et d’un océanographe
Impossible de repartir des Capucins, transformés pour la circonstance en îlot artificiel peuplé de récifs arborant moultes bannières à la gloire de la protection des océans, sans avoir recueilli quelques témoignages de participants. En voici deux, Le premier à lire, le second à écouter. Deux questions simples leur ont été posées : qui êtes-vous et qu’attendez vous de ce Sommet ?
Paroles d’un conseiller stratégique, Rémi Parmentier, co-directeur de Varda Group, qui oeuvre depuis des décennies pour des ONG et des décideurs internationaux (9).
« Je passe ma vie de sommet en sommet, comme un montagnard… mais des sommets politiques. Je suis conseiller stratégique dans le domaine de l’environnement et spécialement dans le domaine de la gouvernance et de la protection de l’océan. J’ai été invité à participer à ce sommet en particulier sur la nature de la protection des océans et ce qu’elle devrait recouvrir. Il y a actuellement une campagne internationale, connue sous le nom de 30 par 30, c’est-à-dire protéger 30% des océans d’ici l’année 2030 (10), et mon message c’est « réfléchissons aussi sur les 70% restants» ! Ma proposition qui reviendrait à ce que la protection de l’océan soit la norme et non l’exception, qu’elle se fasse par le renversement de ce que l’on appelle la force de la preuve. En plus de créer des aires marines protégées, on créé des aires marines exploitables, et par définition tout ce qui ne serait pas aire marine exploitable serait protégé. Donc, la protection comme norme et non comme exception.
Actuellement, les défenseurs de l’océan doivent se battre pendant des années pour prouver, démontrer, convaincre que la protection d’une fraction de l’océan est possible et nécessaire. Et ce sont des discussions qui n’arrêtent pas… Ce que je propose, c’est que ce soient les usagers de l’océan, les industriels, les grandes compagnies de pêche, etc. qui, elles, doivent prouver que leurs propositions, leurs activités ne causent pas de dommages irréversibles à l’environnement, et que des mesures d’atténuation soient en place avant d’entreprendre des activités qui ont une empreinte écologique importante sur l’environnement. C’est ça, le renversement de la force de la preuve : que ce soit ceux qui veulent exploiter les ressources de l’océan qui doivent faire la démonstration et non pas ceux qui veulent protéger l’océan. Il devrait y avoir un consensus là-dessus car l’océan, c’est la base de la vie sur notre planète.
Ce Sommet devrait être l’occasion que les défenseurs des océans soient écoutés par les pouvoirs publics français et internationaux. Et il y a un dossier très chaud qui a émergé cette année, c’est celui des projets d’exploitation minière dans les grands fonds sous-marins. Le Président de la République a fait quelques couacs dernièrement, en déclarant que la France devrait être un leader dans l’exploitation des ressources minières sous la mer, pour ensuite rétropédaler en parlant d’exploration seulement, « parce que c’est important pour les voitures électriques ». Il ne s’agit donc pas simplement d’exploration ! Mais ce qui est intéressant, c’est que le fabriquant automobile Renault a déclaré que sous aucun prétexte il n’utiliserait des ressources minières issus des fonds marins (11). J’espère que cela peut être un encouragement pour le Président de la République pour qu’il se joigne à l’effort de beaucoup des 81 pays et agences gouvernementales qui ont demandé, à l’occasion du Congrès de L’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) en septembre 2021 à Marseille, un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. On risque de détruire des écosystèmes vulnérables et des espèces dont on n’a même pas la connaissance. »
Paroles audios d’un océanographe ardent défenseur des requins (les vrais, les menacés), François Sarano a accepté d’être l’un des « Ambassadeurs de l’océan » lors de ce Sommet pour tenter de faire entendre « la Voix de l’océan ».
(10)Parmi les engagements pris officiellement lors du Sommet : « 84 pays portent l’objectif de protéger 30% des terres et des mers du monde d’ici à 2030. ».
Arrêter de faire ses courses dans la grande distribution pendant un mois pour privilégier les circuits courts et les producteurs locaux, voilà l’objectif du défi « Février sans supermarché» qui aura lieu durant tout le mois de février, pour la sixième année consécutive, en France, Suisse, Belgique, Quebec, Espagne et Suède !
Concernant la Bretagne, on trouve 5 groupes départementaux :
Il suffit de s’inscrire sur le groupe correspondant à son département d’habitation pour pouvoir échanger ensuite avec les autres participants. Les groupes sont ouverts toute l’année, de quoi permettre de passer le cap et de prolonger le défi après février !
Dans l’infusoir d’Albertine, du côté de Concarneau
(Plume Citoyenne) A quelques encablures de sa célèbre ville close, Concarneau possède un nouvel abri pour les pêcheurs de mots et autres amoureux d’aventures littéraires. La librairie Albertine a ouvert ses portes en 2019 et se sent bien ancrée au cœur de la ville bleue. Un lieu qui participe à la transition écologique grâce à l’engagement de ses propriétaires.
Par un vendredi de marché, partons à la rencontre de Jean-Baptiste et Héloïse qui nous accueillent dans ce lieu qu’ils ont créé et pensé autour de valeurs de partage et de transmissions. Albertine est une librairie généraliste mais la balade entre ses rayons révèle le choix et les goûts de ses libraires pour les sciences humaines, l’écologie, le féminisme et bien sûr la littérature. Des sensibilités marquées qui diffusent dans tous les domaines comme va nous l’évoquer Héloïse qui nous reçoit. Ouvrir une librairie était pour ces deux passionnés aux racines bretonnes comme un rêve, un fantasme qu’ils se racontaient… Quand le décalage entre ses convictions personnelles et sa profession est devenue trop insupportable, Jean-Baptiste, ancien contrôleur de gestion notamment dans le domaine militaire, a décidé de sauter le pas et de se lancer avec sa compagne, ancienne professeure de philosophie, dans l’ouverture d’Albertine.
Albertine, référence proustienne pour le côté littéraire et poétique mais aussi référence à Albertine Sarrazin pour le côté politique, écrivaine et femme indomptable ayant connu la prison et la prostitution au cours de sa vie intense.
Les personnalités, les engagements des libraires se dessinent dans leurs différents rayons où l’on peut apercevoir les bandes dessinées d’ Alessandro Pignocchi qui relient l’Amazonie aux ZAD ou encore dans le rayon jeunesse où ils ont à cœur d’éveiller la sensibilité des enfants.
Au delà du plaisir pur de la littérature, très présent chez eux, Héloïse évoque les prises de conscience que certaines lectures ont eu sur eux comme celle de « Saison brune » de Philippe Squarzoni sur le dérèglement climatique ou « La bombe »d’Alcante, Bollée et Rodier qui narre l’histoire de la bombe atomique.
En cette drôle de période épidémique, le confinement n’a fait que renforcer la conviction d’Héloïse sur l’importance des rapports humains dans son métier, et même si le click and collect a été salutaire pour les soutenir, elle laisse volontiers cela aux plates-formes numériques désincarnées. Une autre forme de résistance au monde voulu par celles-ci…
L’originalité d Albertine réside aussi dans « L’Infusoir », moment de rencontre autour de livres de sciences humaines où les lecteurs viennent partager leurs lectures, nourrir leurs réflexions au monde et tisser des liens. Des livres comme ceux de l’anthropologue Nastassja Martin ou du philosophe Baptiste Morizot y ont notamment été évoqués. Les livres sont librement choisis par les participants et tous les 3, 4 mois, un thème peut aussi être établi comme celui des « vivants »lors d’une précédente rencontre. Le choix du mot « Infusoir » est expliqué par Héloïse par l’importance de la lenteur, du besoin de ralentir. « La pensée prend du temps et ce temps est nécessaire véritablement…surtout quand il s’agit deprise de conscience qui vont affecter aussi notre manière de vivre…Pour que ce soit véritablementpensé et intériorisé, il faut ce temps, ce n’est pas juste une compréhension intellectuelle…L’Infusoir,c’était l’idée que les idées, elles vont rester avec nous après, faire leur chemin petit à petit… »
Les rencontres avec les auteur.trices sont quelque peu suspendues en ce moment mais les projets se déploient toutefois chez Albertine. Notamment celui porté par Héloïse autour du papier et de l’objet livre en lui-même. Une classe de CM2 le réalise avec elle avec la fabrication d’un livre de A à Z par le biais d’ateliers d’écriture, de fabrication du papier, de reliure japonaise et d’illustrations en linogravure. Chaque atelier est l’occasion d’un moment d’éducation populaire comme celui autour de la fabrication du papier, atelier sensoriel et manuel, qui amène des réflexions autour du recyclage, du gaspillage et des enjeux environnementaux. Elle aspire également à monter un petit laboratoire qui permettrait la fabrication de papier, papier qui pourrait être utilisé par des artistes locaux et pourquoi pas aller même jusqu’à trouver de la cellulose locale grâce aux plantes cultivées dans un jardin collectif ? Toujours ces notions de liens et de réflexions qu’amènent le livre…
La librairie Albertine est un lieu incarné par ses libraires, où il fait bon se poser, flâner et prendre le temps d’y découvrir les ouvrages patiemment sélectionnés et duquel il est difficile de ressortir les mains vides ! Les conseils d’Héloïse et Jean Baptiste élargiront sans nul doute, bien des horizons.
Pour Eco-bretons, Héloïse nous a sélectionné quelques ouvrages symbolisant pour elle la notion de transition. Elle nous les présente et nous explique les raisons de ses choix
« L’ ours et le rossignol » de Katherine Arden éditions Folio SF
Ce livre de science-fiction raconte l’histoire de Vassia, petite fille grandissant dans une Russie médiévale, récit imprégné par les traditions et les légendes russes. Vassia, qui possède la capacité de communiquer avec les esprits de la forêt, des animaux et ceux protecteurs des maisons, est confrontée à l’arrivée d’une belle-mère et d’un prêtre cherchant à évangéliser son village et s’opposant aux traditions ancestrales.
Pour Héloïse, l’écologie invite à déployer des imaginaires et la littérature y participe pleinement.
Ces imaginaires permettent de ne pas se représenter la nature comme intouchable et extérieure à nous mais au contraire d’y être pleinement intégré et d’imaginer d’autres manières de vivre en relation avec le reste du vivant.
« Au bois »de Charline Collecte éditions Les fourmis rouges
L’autrice nous emmène découvrir la forêt dans 12 petites histoires mélangeant bande dessinée et illustrations sublimes, au travers d’un regard d’enfant comme de celui d’une grande personne.
Histoires racontant par exemple les ressentis autour des saisons, des animaux de la forêt ou encore la coupe du bois ou la déforestation. Les niveaux de lecture y sont multiples, pour les petits comme pour les grands.
Pour Héloïse, un des enjeux est d’apprendre à regarder autrement, à percevoir et à s’interroger différemment sur nos milieux de vie, ici la forêt, pour éveiller, toujours, notre regard au monde.
Et le dernier choix d’Héloïse, dont on soupçonne qu’il y en aurait eu beaucoup d’autres, se porte sur :
« Fracture » d’Eliza Griswold éditions Globe
Cet essai écrit par une journaliste d’investigation, poétesse et traductrice de pachtoune, retrace 7 ans d’enquêtes implacables sur les pratiques des entreprises d’extraction du gaz de schiste. On y suit l’histoire de Stacey et de sa famille dans les Appalaches, région fortement touchée par la crise économique et dans laquelle l’espoir renaît avec l’arrivée d’entreprises minières. Mais les belles promesses de celles-ci se heurtent très vite aux conséquences écologiques, sanitaires et sociales, conséquences que ces entreprises font tout pour dissimuler. Enquête et roman où tout est factuel, on pense au « Printemps silencieux » de Rachel Carson qu’Eliza Griswold cite dans ses pages et à son combat contre les pesticides. Fracture de la Terre, fracture des hommes et fracture de ce qui fait société…
Encore un récit permettant de mieux appréhender ce qui se déroule sur notre planète afin de la conserver en meilleur état.