De jeunes pousses prometteuses dans les jardins de la « Manu » de Morlaix

Rien de vraiment surprenant à ce que des étudiant.es qui entendent dédier leur future vie professionnelle aux soins du vivant se dirigent vers les Jardins de la Manufacture des Tabacs et leur artiste-jardinier, Tiphaine Hameau, dont l’art et la manière les accompagnent avec autant d’attention que celle accordée à toutes les pousses végétales et animales du lieu.

Nous vous invitons à d’abord emboîter le pas de Raphaël, Alan, Léa et Rachel, qui ont effectué tous les quatre leur stage en ces Jardins, dans le cadre de leur formation de BTS – Gestion et protection de la nature (GPN)du lycée d’enseignement général et agricole de Suscinio à Morlaix et de BTS Aménagements Paysagers (AP)du CFA/CFPPA de Kerliver à Hanvec.

Puis nous nous attarderons sur le projet tutoré* qu’une équipe d’étudiant.es de BTS GPN composée de Arthur, Enora, Léa et Louna, a consacré principalement aux insectes de ces Jardins, en croisant leurs regards scientifique et artistique.

Nous les avons rencontré.es entre l’été dernier et cet hiver.

Troisième et dernier volet du triptyque d’articles consacré aux Jardins de la Manufacture des Tabacs de Morlaix, après avoir rencontré Tiphaine Hameau, l’artiste-jardinier qui en a la charge (1er volet : https://www.eco-bretons.info/a-morlaix-lartiste-jardinier-tiphaine-hameau-un-humain-du-sensible-et-du-geste-compagnon-de-la-plante/) ainsi que d’autres artistes qu’il accueille (2ème volet :https://www.eco-bretons.info/a-la-manu-de-morlaix-ce-que-les-artistes-font-aux-jardins-ce-que-les-jardins-font-aux-artistes/).

D’un format plus long que les sujets habituellement proposés, libre à vous d’effectuer cette promenade jardinière en une ou plusieurs étapes de lecture et d’écoute.

Des Beaux-arts aux aménagements paysagersRencontre avec Raphaël

Raphaël effectue actuellement en un an son BTS Aménagements paysagers en écojardinage au CFA/CFPPA de Kerliver à Hanvec. Début novembre 2024, nous l’avons retrouvé aux jardins, consciencieusement affairé autour de plots en béton qui furent jadis des supports à pommiers, et désormais disposés dans de petits carrés où la terre a été recouverte de marc de café, collecté dans les services de Morlaix Communauté.

Une installation dont l’esthétique, qui n’est pas sans rappeler le jardin japonais, entre en résonance avec le parcours de l’étudiant, titulaire d’un Master en Beaux-Arts effectué à Toulouse durant lequel Raphaël a exploré aussi bien la sculpture, que des installations mêlant le son et l’organique.

Ici, quasiment rien n’a été planté, tout est fait avec l’histoire du lieu, en valorisant du marc de café, répulsif efficace auprès des merles qui entendaient participer à l’installation en y faisant des trous ! Les bordures enherbées sont taillées aux ciseaux.

Outre cette mission, Raphaël a pu effectuer des opérations d’entretien, réduites au strict nécessaire, avec notamment du fauchage à la faucille, le dégagement des alignements de pavés permettant de cheminer, autant de gestes qui s’inscrivent dans le temps long, comme le rappelle Tiphaine Hameau.

De ce dernier, l’étudiant a particulièrement apprécié la précision dans ses explications, toujours très pédagogiques. Et aussi les discussions animées durant les repas autour de la biologie animale, des oiseaux…

Allier, parfaire connaissances botaniques et ornithologiquesRencontre avec Alan

Passionné de botanique et d’ornithologie, Alan Larvor, qui est en 2ème année de BTS GPN, a choisi de réaliser son deuxième et dernier stage dans les Jardins, avec un objectif précis qui est de développer ses connaissances et techniques, notamment de valorisation des déchets organiques, indispensables au futur projet qu’il caresse : s’installer en tant que paysan-herboriste.

Parmi les missions que Tiphaine lui a confiées, qu’il juge répétitives et physiquement éprouvantes mais néanmoins incontournables, Alan s’est livré au très laborieux fauchage tardif à la faucille, en veillant à laisser des zones de repos pour la faune et en utilisant les déchets verts pour le paillage et les installations. Il a également procédé à l’arrachage partiel avec retrait des ronces et autres liserons, érables sycomores dont les feuilles sont ciselées avant de pailler élégamment les cheminements au sein des jardins, tout comme celles des renouées. Renouées dont les rameaux séchés poursuivent leur destinée en habillant la dalle de béton à l’entrée des jardins, ou bien en intégrant le bac à compost pour une mutation en terreau ou bien encore en entrant dans la composition du projet artistique d’Alan.

Aux Jardins, Une gestion et protection artistique de la natureInterview croisée de Léa/Rachel

Rachel et Léa, avec les artistes Emmanuelle Huteau/clarinette et Stéphanie Tesson/écrivaine-comédienne au cours de la lecture-promenade musicale Les monologues en plein champ, l’été dernier.

L’appel des Jardins : comment les Jardins de la Manufacture se sont-ils manifesté auprès de vous pour que vous veniez y effectuer votre stage d’étude ?
Léa : Pour être honnête, je n’étais jamais entrée dans les Jardins avant d’envoyer ma candidature de stage. La seule interaction que j’ai eue avec ces derniers a été lors d’une visite scolaire du SEW en début d’année, où j’ai pu apercevoir un bout des Jardins par une fenêtre. Cela a attisé ma curiosité et après un peu de réflexion, j’ai tout simplement envoyé ma lettre de motivation ! J’aime beaucoup découvrir de nouvelles choses, surtout quand elles ne sont pas accessibles. En clair, j’y suis allée plus par instinct qu’autre chose. J’avais envie de faire un stage original, j’adore la botanique. Alors pourquoi pas ?

Rachel : A force de passages et promenades dans Morlaix, je tombais régulièrement nez à nez avec les Jardins, voilés par les grillages et toujours secrets. Je n’y suis jamais entré jusqu’à mon stage. C’est en juin, après avoir eu une déception quant au lieu de mon stage, que j’ai pensé aux Jardins de la Manufacture : en effet, ma meilleure amie Léa s’y trouvait et le lieu suscitait en moi curiosité et attirance. Nous avions eu l’occasion de rencontrer Tiphaine lors de la présentation des projets tutorés et la façon dont il évoquait le lieu m’avait fait hésiter quant au choix que j’allais faire ; finalement, pas de projet tutoré aux côtés des jardins, mais un deuxième essai de stage qui j’espérais s’annonçait être le bon ! Après en avoir discuté avec Léa, Tiphaine a pris contact avec moi et de là est née ma première rencontre avec les Jardins, le 1er juillet. 


● Quelles ont été vos missions respectives durant votre stage ?
Léa : Nous avons participé à la gestion courante des lieux : arrachage de ronces et de jeunes arbres, transformation des “déchets verts” et revalorisation de ces derniers par divers moyens (paillages, remplissage de chemins..). Notre mission passait aussi par la participation aux animations des Jardins : visites classiques ou encore accueil d’évènements artistiques « Station verger », « Monologue en plein champs »*.
Concernant ma mission spécifique, son but était de créer et d’animer une animation sur les espèces végétales invasives, avec des thématiques allant de la gestion de ces dernières jusqu’aux différentes visions et débats qu’elles causent. Le tout était de créer une discussion perpétuelle et d’opter pour des méthodes pédagogiques ludiques et artistiques dans le but de toucher un maximum de personnes.

Rachel : Les Jardins ont besoin de petites mains pour arracher, ciseler, effeuiller, rencontrer les visiteurs et accompagner le lieu. Dès lors, nous avions d’abord des missions de « gestion » qui permettaient d’épauler Tiphaine dans son travail. S’est ajoutée à cela ma mission principale, sur laquelle je me suis penchée durant 6 semaines : la création d’une animation sur l’ethnobotanique, c’est-à-dire plus simplement, sur la symbolique des plantes et les liens qu’elles ont entretenu avec l’humain au fil du temps. Je devais la présenter la dernière semaine de mon stage, et la nourrir de recherches personnelles, d’échanges avec Tiphaine et Léa. 


● Y-a-t-il des choses qui vous ont surprises, déconcertées, parues comme évidentes et attirées dans la démarche de Tiphaine Hameau, notamment le fait de rebaptiser GPAN votre formation GPN, pour Gestion et protection artistique de la nature ?
Léa : J’ai été assez surprise par la somme de travail énorme que l’entretien des Jardins et la répétition perpétuelle de certains gestes à l’aide d’outils manuels, Tiphaine se donne beaucoup de mal pour réaliser un jardin tel qu’il l’envisage, avec une immense rigueur. C’est un travail très sisyphéen, mais qui paye ! Les personnes qui visitent les jardins sont assez impressionnées par l’ambiance des jardins. Il me paraissait évident qu’il est important de recycler les déchets verts au maximum et de les réutiliser au sein du jardin, mais le faire de manière artistique est un parti pris très original et inspirant ! Du coup, je n’ai pas vraiment été surprise que Tiphaine renomme notre mission “Gestion et Protection Artistique de la Nature”, tout simplement parce qu’en venant aux Jardins de la Manu faire son stage, l’art
devient un attribut nécessaire pour pouvoir penser les Jardins. Sans poser un certain regard sur ce qui nous entoure, on ne voit pas grand-chose ici ! On le voit bien quand certaines personnes visitent les jardins et commentent “Il n’y a rien à voir ici” ou encore “Quelle friche !”. La beauté est dans l’œil de celui qui regarde !

Rachel : Oui ! Agréablement surprise. Ce qui m’a particulièrement déconcertée est le fait que tout soit fait à la main, que l’usage de machines est secondaire et que même l’effeuillage ou encore la coupe de rameaux se fassent par nous-mêmes ! Mais ce fut un plaisir : la gestion artistique du lieu a tout de suite résonné avec ma vision des choses et la notion spirituelle que j’offre à la Nature. Tiphaine prend soin des jardins et ce fut à notre tour à Léa et moi de poursuivre cet amour qui leur était donné, par le respect de la démarche de Tiphaine et l’intérêt que nous y avons accordé. 

Ce passage dans les Jardins de la Manufacture a-t-il transformé votre « rapport à la nature », de quelles façons ?
Léa : De manière évidente, mon rapport à la nature a évolué après avoir passé deux mois dans les Jardins. Tiphaine nous a initiées à sa vision de la nature, passant par un éloge de la lenteur et de l’observation. Il était aussi très intéressant de voir à quel
point Tiphaine prenait soin de chaque plante des jardins, un type de végétation qui n’a pourtant rien d’exceptionnel de prime abord !
Donc je dirai que d’être passée par les Jardins de la Manu m’a rendue beaucoup plus attentive à ce qui m’entoure et auquel on ne fait en général plus vraiment attention à force de passer devant tout le temps. J’ai compris que ce n’est pas parce qu’une plante est commune qu’elle n’est est pas pour le moins précieuse !

Rachel : Pas transformé, mais éclairé. En effet, avant de rencontrer Tiphaine et les Jardins, mon rapport à la Nature était proche de celui que j’allais découvrir auprès des lieux. Cependant, il a été éclairé par le regard de Tiphaine et les différentes pratiques et démarches qu’il associe aux jardins. Le mantra des lieux : « Faire le plus avec, le moins possible contre » (citation de Gilles Clément que Tiphaine répétait souvent).  Ainsi, c’est la façon dont les Jardins de la Manufacture ont accompagné mon rapport à la Nature et donné des outils et arguments pour le nourrir, qu’ils l’ont d’une certaine façon transformé. 

● Une ou deux anecdote(s) particulière(s) à partager ?
Léa : Je me rappelle avec nostalgie de toutes les fois où nous étions en train de discuter et Tiphaine nous arrêtait dans notre élan pour attirer l’attention sur un jeu de lumière, un oiseau qui se posait ou encore une musaraigne qui passait au loin. On restait sur le qui-vive en silence pendant quelques minutes parfois, puis la vie reprenait !

Rachel : Nos journées furent des anecdotes à elles seules ! Je plaisante, c’est que nous riions beaucoup tous les trois et que les Jardins regorgent de surprises qui n’ont pas fini de nous amuser ou de nous surprendre. Par exemple, j’ai dû rentrer chez moi avec un manteau attaché autour des hanches, car, après m’être assise sur un muret sur lequel se trouvait d’anciennes attaches de grillage, afin de faire ma mission d’effeuillage, je me suis retrouvée une fesse à l’air, mon pantalon déchiré ! Léa et moi étions en fou rire. 

Autre petite anecdote qui n’en est finalement pas vraiment une : nous avons eu la chance de rencontrer plusieurs artistes et de découvrir un monde artistique encore différent de ceux que nous croisons au théâtre, au cinéma, au musée… Aux Jardins, ce sont des personnalités singulières et sensibles qui viennent rencontrer les lieux et Tiphaine. Nous avons fait la rencontre de Stéphanie Tesson, Emmanuelle Huteau et Olivier Depoix, dans le cadre des « Monologues en plein champ », concert proposé dans les Jardins. De ces rencontres ont ainsi découlé diverses anecdotes, propres aux personnalités de chacun et à la rencontre avec les nôtres : échanges, discussions, aide au spectacle et répétition. En effet, un jour avant le spectacle, Léa et moi avons vécu l’effeuillage d’une façon différente de d’habitude : les musiciens répétaient et Stéphanie incarnait ses personnages juste à côté de nous. Ce fut particulièrement agréable de ressentir les jardins vibrer sous cette musique et rayonner différemment ce jour-là. 

*Parmi les rencontres artistiques au cours de l’été 2024 figuraient Station verger, entresort sonore, manuel, ludique et poétique du collectif Les Aimants et Les monologues en plein champ, lecture-promenade musicale de l’écrivaine-comédienne Stéphanie Tesson accompagnée par Olivier Depoix/accordéon, et Emmanuelle Huteau/clarinette-tuba-chant qui ont enchanté les participant.e.s.

Quand un projet tutoré allie regards scientifique et technique à l’expression créative sensible

Arthur, Léa, Louna, Nonna et Enora ont effectué leur projet tutoré de BTS GPN autour d’un inventaire des insectes et des plantes invasives auprès de Tiphaine Hameau. Ce projet a été l’occasion d’étudier durant huit mois les dynamiques de ces populations dans les Jardins de la Manu et d’y porter un autre regard, notamment artistique, sur quelques mal-aimés ou mal-menés de nos jardins. C’est en s’appuyant sur un livret de 70 pages, rigoureux et soigné, concocté par l’équipe étudiante que celle-ci a présenté fin décembre son projet tutoré devant un jury composé de professionnel.les et d’enseignant.es. Un livret récapitulant le contexte de leur projet avec : ses objectifs, la détermination des méthodes employées, les résultats et leur analyse, les fiches-espèces de trois plantes présentes dans les Jardins (la Grande Berce, la Renouée du Japon, le Buddléia de David, la présentation succincte de quelques insectes hôtes (papillons Moro-Sphinx, Vulcain, Aurore ; Abeilles cotonnière, domestique, charpentière ; cétoine dorée, Oedémère noble, Lepture tacheté). Un livret dans lequel on peut également glaner des citations d’Albert Einstein, Victor Hugo, Henry David Thoreau, Jean-Henri Fabre (humaniste-poète-artiste-éthologue), Baptiste Morizot, Gilles Clément ainsi que des dessins du botaniste Xavier Jaouen.

Parmi leurs objectifs, l’inventaire et les résultats des insectes pollinisateurs (choisis en raison de l’abondance des plantes à fleurs), l’analyse de leurs interactions avec les plantes, le suivi d’orthoptères (sauterelles et criquets) et de coléoptères ainsi que l’élaboration d’une cartographie des différentes parties des Jardins mettant en avant les massifs de plantes inventoriés, font partie des attendus « classiques » d’une formation en gestion et protection de la nature.

Avec un élément important à souligner, à savoir des considérations éthiques quant au respect des êtres vivants du lieu qui on amené l’équipe à mettre en place « un procédé expérimental ayant pour avantage de ne tuer aucun des insectes capturés, même si cela affectait le degré de précision dans leur identification. »

L’équipe a également choisi d’adjoindre à son projet un volet artistique qui a amené ses membres à créer des œuvres en s’appuyant sur leurs savoir-faire respectifs en dessin, vannerie et sculpture pour « donner à voir » les insectes des Jardins tout en respectant leur esprit, avec le choix de matériaux naturels.

Dans ce domaine, l’approche socioculturelle dispensée dans le cadre de leur formation permet à n’en point douter d’allier leur rigueur scientifique et technique à l’expression créative de leur sensibilité, au service de la sensibilisation d’un public plus grand et non spécialiste.

Mission brillamment accomplie puisque le groupe d’étudiant.es a reçu les félicitations du jury, à la fois pour les qualités de présentation de leur exposé, de réalisation du carnet et de leur outil ludico-pédagogique.

Tiphaine Hameau prévoit, au sortir de l’hiver, une restitution publique aux Jardins de la Manu et probablement dans la Galerie du Léon du SEW, avec une exposition des différentes contributions (dessins, sculpture, vannerie…): « L’occasion de célébrer le retour à la vie chantante, bourdonnante dans les Jardins! ».

Dans le prolongement de cet article, nous vous invitons à écouter nos deux entretiens effectués dans les Jardins de la Manu, le premier avec trois des étudiant.es sur leur projet tutoré, le second avec Tiphaine Hameau.

*Le projet tutoré de la formation BTS vise à instruire une réponse à une commande professionnelle de gestion environnementale et de valorisation de la nature. Durant plusieurs mois, il s’agit de rendre autonome les étudiant.es dans leurs investigations de terrain tout au long de leur démarche, accompagné.es par un tutorat commanditaire professionnel/enseignant.es.




Une appli pour connaitre la qualité des eaux des rivières

L’application « Qualité rivière », proposée par L’office Français de la Biodiversité et les Agences de l’Eau, permet d’avoir accès à la qualité des cours d’eau près de chez soi. Depuis 2016, on peut également savoir quels sont les poissons qui les peuplent. La qualité des eaux de baignade est disponible, ainsi que l’accès via un ordinateur. Les données ont été actualisées avec les états écologiques de 2023.

Savoir quelle est la qualité des rivières près de chez soi et connaître quels sont les poissons qui les peuplent… Toutes ces informations sont disponibles via l’application « Qualité Rivière », éditée par l’Office Français de la Biodiversité et les Agences de l’Eau. Depuis 2013, cette application permet aux possesseurs de smartphones d’être informés de la santé et de la qualité des cours d’eau situés près de chez soi, sur trois années, grâce à des cartes détaillées interactives et un code couleur : bleu pour « très bon état », vert pour « bon état », jaune pour « état moyen », orange pour « état médiocre » et rouge pour « mauvais état ». La qualité est établie grâce à 11 paramètres dont la température de l’eau, la présence de diatomées (micro algues très sensibles au pollution), les nutriments (azote et phosphore…). Le tout grâce à un réseau de 12000 stations de suivi des cours d’eau. L’application propose également un « quizz » avec 20 questions pour tester ses connaissances sur l’eau, ainsi qu’une rubrique « Bon à savoir ». Depuis 2016, elle s’est enrichie de données sur les poissons qui peuplent les cours d’eau, avec une photo pour chaque espèce, et une fiche avec des informations sur sa répartition géographique, son habitat, sa nourriture, et son classement (« en danger critique d’extinction », « vulnérable », « en préoccupation mineure »).

Disponible sur tablette et smartphones, on peut utiliser l’application Qualité Rivière dès cet été sur ordinateur. Autre nouveauté, on peut aussi visualiser la qualité des eaux de baignades du littoral, classées selon un pictogramme et une couleur (bleu : qualité excellente, vert : bon, orange : suffisant, rouge : insuffisant). Les données proviennent du Ministère de la Santé.

Pour télécharger l’application sur téléphone, rendez-vous sur Google Play (pour les possesseurs d’un téléphone fonctionnant sous Android) ou sur App Store (pour les possesseurs d’un téléphone Apple). Pour consulter Qualité Rivière depuis un ordinateur, direction le site https://qualite-riviere.lesagencesdeleau.fr/




Les bienfaits des enduits chaux chanvre sur des murs en pierre

Elément incontournable du patrimoine bâti de la Bretagne, les maisons en pierre n’en sont pas moins sujettes aux remontées capillaires et aux transferts de vapeur d’eau de l’intérieur vers l’extérieur du bâtiment. Conséquence : les murs peuvent être très humides et apporter une sensation d’inconfort thermique voire même constituer une menace pour la santé des occupants et du bâti.

Si les murs intérieurs et/ou extérieurs sont recouverts d’enduits ciments, ces derniers doivent être dans la mesure du possible enlevés avant d’envisager des travaux d’isolation. En alternative à une isolation classique (laine de bois, laine de roche…), il est possible d’utiliser un enduit perspirant tel qu’un enduit chaux chanvre. Celui-ci possède en effet de nombreuses qualités, et constitue un choix idéal pour rénover des murs anciens en pierre.

Il s’agit d’une couche de béton de chanvre (chaux additionnée de chènevotte : intérieur de la tige de chanvre) déposée sur un mur intérieur propre et humidifié. Son épaisseur est généralement comprise entre 3 et 6 cm.

De par son effusivité, l’enduit chaux chanvre supprime l’effet paroi froide, responsable d’inconfort thermique pour les occupants. Il permet également de conserver l’inertie thermique du mur, très intéressante pour le confort d’été, puisqu’il garde la fraicheur naturelle des constructions en pierre.

Mais son atout majeur réside dans sa perméance (capacité à laisser passer la vapeur d’eau) et ses qualités hygroscopiques (capacité à absorber l’humidité de l’air). Il régule ainsi le taux d’humidité du mur et de l’air ambiant, améliorant la sensation de confort thermique.

On citera également d’autres atouts, tels que ses qualités phoniques, le côté « assainissant » pour le mur grâce aux qualités fongicides de la chaux, ou encore l’atténuation du rayonnement électro-magnétique des fils électriques lorsqu’ils sont noyés sous l’enduit. Enfin, il est esthétique et permet de maintenir le caractère naturel et ancien du bâti en pierre, véritable richesse architecturale de notre région.

L’agence locale de l’énergie et du climat du Pays de Morlaix HEOL œuvre pour la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique. Elle offre notamment des conseils neutres et gratuits sur la rénovation thermique, les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Plus d’infos sur 02 98 15 18 08 et www.heol-energies.org .




Les coups de cœur littéraires d’Eco-Bretons de décembre

Eco-Bretons vous propose en ce mois de décembre ses coups de cœur littéraires. Au programme, deux livres : un récit autobiographique d’une jeune ornithologue britannique, et un roman graphique sur l’Amoco Cadiz.

« Birdgirl » de Mya Rose Craig , éditions Actes Sud, par Marie Jaouen, administratrice d’Eco-Bretons

Récit autobiographique absolument passionnant d’une jeune ornithologue britannique.

On suit l’autrice, Mia Rose Craig, dans sa découverte des oiseaux autour du monde et dans son engagement dans la protection de la nature qu’elle souhaite la plus inclusive possible. Parce que voir le monde au travers des yeux d’ornithologues privillégiés lui a toujours semblé injuste – elle est d’origine bangladaise- Mia Rose nous décale le regard en toute simplicité vers un regard plus généreux envers les oiseaux et tous les humains de cette planète. S’émerveiller de la beauté du monde, la partager dans le respect de celui-ci permet aussi à la jeune autrice de faire famille. Famille dont la sienne confrontée à la bipolarité de sa mère qui ne s’apaise que lors de leur contemplation commune des oiseaux du monde.

Ornithologie, écologie, santé mentale, voyage, engagement de la jeunesse, émerveillement…C’est tout ce que vous retrouverez dans ce roman à offrir à toutes les personnes autour de vous qui aiment contempler les oiseaux ou la nature plus largement…Vous y découvrirez des oiseaux du monde entier, du continent africain, comme ceux d’Asie ou d’Antarctique, et je vous conseille d’avoir à portée de main un guide ornithologique pour mettre sur votre rétine les merveilleuses espèces que Mia vous décrit.

Bleu Pétrole, de Gwénola Morizur et Fanny Montgermont, éditions Bamboo – par Marie-Emmanuelle Grignon, journaliste à Eco-Bretons

 L’Amoco Cadiz. Ce nom évoque encore bien de tristes souvenirs chez les habitants de la côte nord de la Bretagne. Le pétrolier s’est échoué en face de Portsall, dans le Finistère, le 16 mars 1978. Ce sont plus de 60 000 tonnes de pétrole, sur les 220 000 que transportait le navire, qui vont alors souiller les côtes, provoquant l’une des pires catastrophes écologiques du siècle. Le maire de Ploudalmézeau (où se situe Portsall), Alphonse Arzel, entre dans l’histoire en fondant le Syndicat Mixte de Protection et de Conservation du Littoral du Grand Ouest (devenu Vigipol), et en menant le combat contre le géant Amoco, qui s’est soldé par un procès à Chicago au terme duquel la firme a été condamnée et a dû procéder à  l’indemnisation des collectivités victimes.

C’est la petite-fille d’Alphonse Arzel, Gwénola Morizur, qui a écrit le scénario de la bande dessinée « Bleu Pétrole ». Dans celle-ci, elle mêle fiction et réalité, pour raconter l’histoire de sa famille : comment les différents membres ont vécu la catastrophe et le long chemin vers la condamnation d’Amoco. La « petite histoire » se mêle à la grande et permet de mieux saisir l’extraordinaire engagement du grand-père de Gwénola (ailas Léon Larzé), qu’il a partagé avec sa femme et ses enfants. Un très bel hommage au combat mené contre les marées noires, avec un angle original. Ecologie, famille, handicap, politique…sont notamment au cœur de ce beau roman graphique, sorti en 2017 mais qui bénéficie d’une nouvelle édition en cette fin d’année 2024, et illustré par des dessins très doux de Fanny Montgermont.




Algues vertes : la jeunesse s’empare du sujet avec un fanzine

Avec son fanzine baptisé « Algues vertes, on peut gagner », Evariste Le Vot, artiste de 21 ans habitant à Plougasnou (29) à côté de Morlaix, donne un coup de jeune à la lutte. Via ses textes et dessins, il met en lumière les revendications des associations de lutte contre les algues vertes. Le fanzine sera présenté vendredi soir à partir de 19h au 2D à Morlaix, dans le cadre du Festisol.

Donner un coup de jeune sur la mobilisation contre les algues vertes, et rendre la communication sur celle-ci plus esthétique. C’est l’objectif d’Evariste Le Vot, jeune artiste de 21 ans, habitant Plougasnou à côté de Morlaix. Il a pour cela imaginé et créé un Fanzine, baptisé « Algues vertes, on peut gagner ». Le fruit d’une réflexion menée depuis cet été. « Avec un copain, on avait lu un tract sur les algues vertes. C’était un peu complexe à comprendre. On s’est dit qu’on pouvait rendre l’information et la communication plus claire, faire un support plus joli », explique Evariste. « C’est aussi une cause qui m’intéresse, donc autant travailler sur le sujet, et faire profiter de mes recherches le plus grand nombre ». Car le jeune homme a rencontré les associations locales et a mené de nombreux entretiens avec certains de leurs militants, comme Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor, ou encore Jean-Yves Quémeneur, président de Force 5. « J’avais de quoi faire 25 pages ! », sourit Evariste, qui décide alors de se concentrer sur les revendications portées par les associations.

Résultat : un fanzine de taille A3, replié en 8 pages, avec textes et dessins d’Evariste aidé des associations, et un collage de l’artiste morlaisien Elso. On y retrouve les demandes des associations pour « contrer efficacement la prolifération des algues vertes » : renforcement des contrôles et des sanctions, responsabilisation des autorités, réduction drastique des rejets d’azote, plan d’urgence pour la santé publique, transition agricole massive, mises en place de zones tampons… ainsi que de nombreux chiffres. « Cela permet d’avoir une vision globale du phénomène, de savoir pourquoi on se bat, qu’est ce qu’on demande et à qui on le demande », précise Evariste, qui espère ainsi que les lecteurs et lectrices « auront les clés pour s’engager ».

Le fanzine sera distribué aux associations, et disponible gratuitement dans différents lieux morlaisiens, comme par exemple le 2D, où aura lieu la présentation du travail d’Evariste le samedi 7 décembre à 19h. Le vernissage sera suivi d’un DJ Set de Maricela Lixa et d’autres invité.e.s.

Photo : Evariste Le Vot (à gauche) et Elso.







L’Arbre, élément essentiel en Bretagne

(Plume citoyenne) Quelles relations et quels liens avec l’arbre, la forêt et le bois voulons-nous aujourd’hui et demain en tant que société ? Pour creuser ce sujet, Fibois Bretagne avait organisé à Saint-Brieuc le 15 novembre un forum pour l’avenir de la forêt bretonne. Une invitation à questionner notre relation en tant que citoyens-consommateurs-utilisateurs et professionnels.

L’arbre, c’est une question politique, économique, écologique, culturelle, humaine mais avant tout, c’est une question de notre relation avec le vivant. « L’arbre est notre assurance-vie » évoque Carole Le Béchec, élue au Conseil régional de Bretagne, présidente de la commission climat, transitions et biodiversité, en début de cette journée autour de l’arbre, la forêt et du bois. Le Plan arbre de la région prévoit de planter, d’ici 2028, 5 millions d’arbres en Bretagne pour répondre aux enjeux de la biodiversité, de la gestion de l’eau et de la tenue des sols. L’idée, c’est de concilier les usages et de réconcilier la société et la filière, car l’arbre et la forêt touchent aux âmes dans un monde où nous sommes de plus en plus déconnectés du vivant.

Le message des intervenants est clair : Il faut réunir tous les acteurs autour de l’arbre. Le besoin de se reconnecter à la nature est aussi important que la bonne valorisation du bois.

Comment concilier les besoins de notre société en matériaux et en loisirs avec les besoins du vivant autre-que-humain ? De plus en plus de citoyens préfèrent ne plus toucher aux forêts sans connaissances de l’utilité et des options de gestion, mais aussi sans questionner notre demande croissante des produits en bois ou l’effet de notre présence en forêt – la biodiversité souffre de la sur-utilisation des bois dans des zones urbaines. De moins en moins de jeunes ont envie de travailler la terre et la forêt ou de s’investir dans les filières qui en dérivent. Aujourd’hui, 23’000 personnes travaillent dans les filières autour de l’arbre en Bretagne, demain nous aurons besoin de plus. Ces problématiques ne sont pas uniques à la Bretagne – on en discute un peu partout en Europe.

Dans le contexte du réchauffement climatique, l’arbre est vu comme la technologie principale pour décarboner l’environnement bâti ainsi que d’autres secteurs industriels. La demande est en pleine croissance, la disponibilité de la ressource précieuse, limitée. Ici comme ailleurs la notion d’économie circulaire et d’usage en cascade est proéminente dans le discours. Comme chez soi, comme dans l’entreprise…

La forêt bretonne se compose au trois quart de feuillus, mais aujourd’hui la valorisation du bois se focalise sur l’utilisation des résineux. Le réchauffement climatique veut aussi dire se poser la question sur l’arbre de demain et apprendre à valoriser le bois de différentes qualités pour des usages à plus long terme. En Bretagne, on se sent encore à l’abri. Loin sont les images de l’est de la France et de l’Allemagne où les forestiers ont du mal à préserver le hêtre ou bien le chêne, l’arbre qui nous servait de symbole de résilience et de robustesse. Mais le climat change aussi en Bretagne et les hommes et les femmes qui travaillent les forêts en ont bien conscience. On commence à expérimenter à petite échelle avec l’introduction de nouvelles essences qui viennent des climats plus proches de ce qu’on attend ici dans l’avenir.

Ainsi, l’arbre et ses filières sont emblématiques du besoin de travailler vers de nouveaux modèles économiques. La spécificité de la Bretagne pourra devenir un atout dans cette quête, propose le géographe Jean Ollivro : Le mode de fonctionnement breton repose sur l’entraide, la coopération et la mutualisation dans une culture individualiste : l’esprit indépendant, la vie en commun. La capacité de travailler ensemble et le principe fondamental de prendre soin de la terre afin qu’elle nous nourrisse sont au cœur de l’identité bretonne. Depuis la nuit des temps, la forêt en Bretagne a été un élément de ressources et de mythes.

Le peuple breton s’est organisé de manière dispersée car il y avait de l’eau partout. La Bretagne, c’était une terre riche et fertile. L’arbre était un élément important et résilient. Statistiquement, la forêt ne couvre que 16% de surface en Bretagne, mais l’arbre est partout. Jean Ollivro et le forestier Hervé Le Bouler nous invitent à honorer l’originalité du territoire si nous voulons trouver de meilleures valorisations pour l’arbre feuillu qui n’a pas les qualités demandées par l’industrie aujourd’hui. L’arbre est depuis toujours omniprésent et fondamental dans tous les aspects de la vie bretonne, que ça soit dans les forêt ou sur des talus au bord des champs. La notion de « Coat » se trouve partout sur le territoire. Autrefois, c’était une source de nourriture, de bois-énergie et aussi du bois d’œuvre. Nous vivions avec la forêt. Aujourd’hui notre société se retourne contre la gestion et les gestionnaires de la forêt. Aujourd’hui l’arbre devient sacré – une vision idéalisée, selon Jean Ollivro, et qui oublie que nous faisons partie de la nature et avons un rôle à jouer dans son évolution. Notion confirmée par les experts forestiers. Comme l’exprime Laurent Le Mercier : il ne faut pas compartimenter nature et homme, c’est un tout dans lequel le travail du forestier s’inscrit. Est évoquée aussi la tendance de notre société à se pencher sur des dogmes au lieu de penser pour nous-mêmes, ce qui nous empêche d’agir avec responsabilité et nuance.

L’invitation au dialogue en forêt autour de ces questions est proposée par plusieurs intervenants. Hervé Le Bouler souligne l’importance de l’ancrage de l’arbre dans les territoires et évoque l’idée des arbres à palabre – de créer des espaces de rencontre autour de l’arbre comme le fait aussi l’association Clim’Action. Un appel à l’action qui vise autant les forestiers que les élus dans les territoires.