1

Tout savoir sur les low-tech avec le livre « Nomade des mers, le tour du monde des innovations »

Pour répondre aux grands enjeux écologiques du XXe siècle, tels que la lutte contre la déforestation, l’accès à l’eau potable, le réchauffement climatique ou la déforestation, le jeune ingénieur Corentin de Chatelperron mise tout sur les low-tech ! Un beau livre à offrir pour les fêtes de fin d’année 

Alors qu’il travaillait au Bangladesh sur un chantier naval, diplôme d’ingénieur en poche, Corentin de Chatelperron a l’idée de remplacer la fibre de verre utilisée dans la construction de bateau par de la fibre de jute. Après avoir mis au point un bateau composé de ce matériau naturel, le Gold of Bengal, il part six mois, seul en mer, pour tester sa résistance. Le but est également de vivre en autonomie.

Faire connaître les low-tech, afin qu’elles deviennent accessibles à tous.

Tout ne s’est pas passé comme prévu, mais, une fois revenu sur la terre ferme, une idée s’immisce dans son esprit et ne le quittera plus : fonder un grand projet sur les low-tech et « les faire connaître partout, afin qu’elles deviennent accessibles à tous ».

Les low-tech, ou « basses technologies » s’opposent aux high-tech. La construction de ces dernières nécessite des ressources naturelles, dont des métaux rares, qui se recyclent mal, alors que les low-tech sont issues de matériaux recyclés et sont peu gourmandes en énergie.

Pour mettre en lumière les low-tech et les documenter, Corentin de Chatelperron est parti en totale autonomie à bord du Nomade des mers, un catamaran de 14 mètres de long. Pour cela, il embarque avec quatre poules et des espaces de stockage, qui serviront à tester différents systèmes de culture hors-sol ou différentes low-tech (un four et un dessalinisateur solaire, par exemple).

Ce périple, relaté dans le livre Nomade des mers, le tour du monde des innovations, débute à Concarneau (Finistère). Accompagné de son équipage, Corentin de Chatelperron fait un état des lieux des low-tech du Maroc au Brésil, de la Thaïlande à l’Indonésie en passant par le Cap-Vert ou Madagascar.

« La quantité de déchets produits dans l’archipel [des Seychelles] a augmenté de 100 % en 15 ans »

Dans Nomade des mers, le tour du monde des innovations, on retrouve tout au long le récit de l’ingénieur, qui retrace les réussites et les désillusions du voyages, ponctué de fiches techniques sur la fabrication de certaines low-tech, comme « l’éolienne 20 watts » ou le « biofiltre ». Toutes les low-tech rencontrées au cours du voyage sont donc reproductibles par le lecteur. À chaque escale, un « éclairage » est apporté, comme des pourcentages ou des chiffres à connaître pour mieux comprendre les problèmes sous-jacents : « La quantité de déchets produits dans l’archipel [des Seychelles] a augmenté de 100 % en 15 ans ».

Illustré à merveille, Nomade des mers, le tour du monde des innovations réussit son pari de faire connaître au grand public les low-tech que l’on peut retrouver un peu partout autour du monde et sensibilise le lecteur aux grands enjeux écologiques du XXe siècle.




Quelles interactions entre innovation publique d’intérêt général et communs de la transition ? interview de Benoît Vallauri

Depuis 5 ans le Ti Lab à Rennes réunit des acteurs des collectivité locales et services autour d’innovation d’intérêt général. Aujourd’hui, les questions de la transition interpellent l’ensemble des politiques publiques, et des liens sont à construire entre cette innovation par les acteurs des services publics et les acteurs de la transition. Interview de Benoit Vallauri en introduction à la conférence atelier « Innovation publique et Transition », qui aura lieu le 17 novembre dans le cadre du Transiscothon à Quimper (29).

 

Peux-tu te présenter ainsi que le Ti Lab ?

Benoît Vallauri, je suis le responsable du Ti Lab. Avant d’être responsable du Ti Lab, j’ai commis pas mal de choses, dans la fonction publique ou sur d’autres terrains, qui avaient en commun d’être tout à la fois créatives, de chercher des interstices pour faire des choses intéressantes pour l’intérêt général et de s’intéresser à la question des communs.

Le Ti Lab est un laboratoire d’innovation publique qui agit en Bretagne, qui dépend tout à la fois des services de l’État et des services de la région Bretagne et que l’on définit, comme un laboratoire de recherche et développement de politique publique. En gros, on vient nous voir avec un problème et on essaie, par l’intermédiaire de recherches, d’actions créatives et d’expérimentations à petite échelle, de trouver des solutions. Nous hébergeons également des communautés de personnes qui ont envie de prendre un sujet, de le travailler sur d’échanger sur leurs pratiques ou sur des problématiques retenues en dehors des réseaux habituels.

Porté par la Préfecture de Bretagne et la Région Bretagne, le Ti Lab est un laboratoire territorial (préfecture de région).

  • Conduite de nouveaux projets, de l’exploration à l’évaluation des expérimentation

  • Accompagnement et accélération de projets existants

  • Coopération ouverte et multi-partenariale

  • Animation de communautés

  • Recherche-action en politiques publiques

  • Ethnographie/ Design de politique publique / UXDesign / Co-développemen

  • Facilitation directe / Ateliers coopératifs remix et Hackathon

  • Formations-actions

  • Conseil en Innovation publique et en Participation citoyenne

 

Merci. Qu’est- ce que tu entends par « Innovation publique d’intérêt général » ?

L’innovation publique concerne des éléments qui relèvent des politiques publiques, de ce que la « puissance publique » peut aider à faire ou ne pas faire pour laisser la place aux autres. Et l’innovation publique d’intérêt général, c’est pour moi quand l’innovation publique est au service de l’intérêt général, c’est- à- dire des usagers citoyens pour lesquels elle travaille. On essaie, au sein de la laboratoire d’innovation publique, d’être aussi des porte-parole des citoyens sur des aspects opérationnels ou plus politique, en alliant le côté politique publique et l’intérêt général, qui est particulier aux communs.

Justement, à propos de commun, ce n’est pas très courant que les laboratoires d’innovation publique fonctionnent en privilégiant ces communs. Pourquoi le TI LAB développe ces projets comme des communs ?

Il y a plusieurs raisons.

Déjà parce que ce qu’on essaie de faire a toujours une dimension coopérative. On ne travaille jamais tout seul et on a besoin des autres, de personnes sur le terrain, de citoyens, d’usagers. On a aussi des personnes qui viennent au sein du Ti Lab, parce qu’elles ne trouvent pas d’espaces de coopération au sein de leurs organisations. Lorsqu’elles sont dans des espaces de coopération, elles travaillent ensemble et cela nous semble normal que ce qui sort de ces travaux en communs soit « versé » aux communs, mises en partage et puisse s’enrichir.

Une deuxième raison relève d’un principe du Ti Lab. On considère que la recherche et développement financées par de l’argent public a vocation à être partagée, donc à être des communs. Pour le dire plus simplement, une action expérimentale développée par le Ti Lab qui ne trouve pas sa place en Bretagne peux être développée à l’autre bout de la France, voire même à l’autre bout du monde, parce que justement, c’est un commun qui peut être reproduit, et alors on en est très contents et on pense qu’on a rendu service.

Enfin, une autre raison, c’est aussi que le fait de pouvoir délivrer des communs permet à d’autres personnes que l’on ne connaît pas de pouvoir les reprendre, les réutiliser, les améliorer, les repartager et de bénéficier comme ça de toute la force que donnent les communs.

 

Comment s’organise cette pratique des communs ?

Fondé en 2017, le LabAccèsest un programme de recherche-action collaboratif porté par le Ti Lab (le laboratoire d’innovation publique en Bretagne) sur le thème de l’accès aux droits sociaux dans un contexte de dématérialisation de la relation administrative.

Le LabAccès apporte un éclairage concernant les effets de la dématérialisation aux différents niveaux de la relation e-administrative, et mène des expérimentations visant à agir contre le non recours aux droits et aux services publics.
Pour en savoir plus : https://www.labacces.fr

Sur le Labaccès, par exemple, elle s’organise parce qu’on essaye de faire coopérer des acteurs qui ne travaille pas forcément ensemble. Par exemple sur plusieurs échelles territoriales, des associations et des partenaires publics, des organismes dématérialisant comme la CAF et des maisons France Service ou des médiateurs numériques, voire des acteurs qu’on peut qualifier de militants.

Elle s’organise aussi parce qu’on essaye de faire coopérer ensemble différentes professionnalités, différents métiers, qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, par exemple, des chercheurs en sciences sociales et designers. On recherche des solutions communes, des scénarios communs, et en dehors des silos habituels.

Cette pratique est aussi celle de la documentation de tout ce qui est produit au sein du laboratoire. Ces documentations et/ ou ces outils sont délivrés sous des licences ouvertes comme les licences Creative Commons qui permettent la réutilisation. On s’appuie également sur des données ouvertes pour essayer d’avoir des représentations qui soient accessibles.

 

Utilo, une communauté pour connecter les facilitateur.rices d’intérêt général

Tu t’intéresses à la facilitation, tu cherches à travailler différemment, en intelligence collective, tu as envie de rencontrer d’autres personnes qui sont dans le même cas pour recevoir et partager des outils, des conseils, développer d’autres compétences ?
La communauté est composée d’agent.es public.ques mais aussi de personnes issues du milieu associatif, de l’ESS, d’indépendant.es, tou.tes animé.es par l’innovation d’intérêt général.

 

Pour Utilo, ça s’organise encore plus, comme des communs, puisque à l’origine, Utilo, ce sont des personnes qui sont venues au Ti Lab pour ne se rencontrer entre personnes pratiquant de la facilitation, de l’animation, de l’expérience de l’intelligence collective, de la coopération. Des personnes qui se sentaient isolées dans leurs pratiques et dans leurs institutions ou dans leur milieu et qui voulaient partager.

Le Ti Lab les abrite. Le Ti Lab leur permet de faire des choses pour lesquelles elles nous missionnent. Utilo, ce sont les gens qui font Utilo qui gouvernent Utilo eux-mêmes, et qui mandatent le TI LAB pour enrichir Utilo, pour par exemple créer le site Internet d’Utilo. C’est donc eux qui sont à la base de la décision et qui conservent cette gouvernance qui est pour nous un élément clé des communs. Cela existe aussi dans LabAccès, mais plus à titre de co-gouvernance, avec une échelle de décision un peu plus stratégique et un peu plus administrative.

 

Et pourquoi le Ti Lab s’intéresse aujourd’hui à la transition ?

Déjà, il est évident qu’il faut s’y intéresser, cela nous concerne maintenant, c’est un sujet à la fois contemporains, urgent et important.

La deuxième raison, c’est qu’on s’est rendu compte que depuis sa naissance et par les sujets dont on est saisi, le Ti Lab a une entrée justice sociale importante. Or, on a besoin d’inscrire ces éléments de justice sociale à l’intérieur de la transition environnementale ou des transitions plus sociales en termes de pratiques entre les personnes.

On pense que cela peut permettre de résoudre un certain nombre de problématiques ou d’éviter de prendre de mauvaises solutions parce qu’il y a des limites planétaires qu’il va falloir respecter Pour que ces limites planétaires soient respectées, il y a des décisions à prendre, mais pour que ces décisions à prendre soient socialement acceptées, il faut qu’elles relèvent d’éléments de justice sociale. On est aussi déjà des pense être des acteurs de la transition par cette dimension très coopérative qu’on applique dans nos projets et en cherchant à diversifier les acteurs jusque ceux avec lesquels, généralement, la puissance publique ne dialogue pas.

Et puis enfin, la troisième raison, c’est que les institutions avec lesquelles on travaille souhaitent avancer sur ce sujet sans savoir forcément comment faire. Elles ont besoin d’être un peu aiguillonnés pour pouvoir le faire plus fortement au-delà des lieux communs ou du « greenwashing » Pour rentrer dans des choses dures, c’est certainement plus facile à faire dans un laboratoire en avance de phase que directement dans une administration, vu les changements qui sont à opérer, tant en termes de pratique qu’en termes de manière de décision publique. Ensuite, ces changements peuvent être diffusés.

 

Merci Benoît. Et puis, si les communs et la transition sont au cœur de l’action de Transiscope, peut- être deux mots un sur le sujet de la conférence du 17 novembre, qui sera l’interaction entre Innovation publique et acteurs des transitions.

La première chose, à laquelle je pense que c’est déjà d’avoir des espaces sur lesquels on puisse « s’interconnaître », s’apprivoiser et dialoguer. On a des pratiques en commun, mais parfois, effectivement, ce n’est pas toujours évident lorsqu’on on travaille pour des administrations, de pouvoir le faire aussi un peu librement avec d’autres acteurs. On peut nous dire que c’est trop politique, que ça relève trop de la militance. Or, il y a des choses aujourd’hui qui sont complémentaires, qu’on peut faire ensemble d’ailleurs, et qui nous permettent aussi d’identifier des interstices. C’est dans ces interstices que les actions porteuses de futurs et peut-être les plus intéressantes, vont pouvoir se situer.

Donc, apprendre à travailler ensemble.

Et puis on est déjà un acteur de la transition en accompagnant ou hébergeant des actions comme Utilo, ou lorsque dans Labaccès, on interroge des élus, des acteurs politiques ou sociétaux, sur le techno-solutionnisme qui est aussi présent dans la problématique des transitions.

Enfin, pour l’équipe du TI LAB, la transition concerne les personnes qui y sont embarquées, mais également les gens avec qui on travaille. On a vraiment besoin de jeter des ponts avec tout le monde.

 

Interview réalisée par Michel Briand




Trophées Bretons des Transitions : Huit initiatives récompensées

Cette année encore, Les Trophées Bretons des Transitions ont récompensés huit initiatives bretonnes en matière de transition écologique Pour cette dix-septième édition, ils ont été remis à Quimper, à l’occasion du salon régional Breizh Transition. Economie circulaire, emballage consignés, éco-festival ou réemploi en informatique ont ainsi été mis à l’honneur.

« Encourager et valoriser les bonnes pratiques ». Tel est l’objectif des Trophées bretons du Développement Durable, remis tous les ans depuis 2005 à l’initiative de l’Etat, l’Ademe et de la Région Bretagne. Cette année, 152 candidatures ont été déposées, dans quatre catégories : association, entreprise, acteurs publics, établissements d’enseignement, et dans trois catégories thématiques : santé-environnement, mobilité, et innovation. Un « prix du public » a été également décerné, après un vote citoyen en ligne.

Les lauréats 2023 sont :

Catégorie Entreprise : Unik Informatique

L’entreprise finistérienne, qui est une société à mission, a mis en place une filière de réemploi de pièces et de composants informatique depuis 2020. Plus de 40 000 pièces sont à disposition des réparateurs, pros et particuliers, et ce à destination du monde entier.

Plus d’infos : unik-informatique.com

Catégorie Association : Pakadur

L’association Pakadur est basée à Rennes. Elle a mis en place le projet « En boîte le plat » : 70 commerçant.e.s partenaires ont à disposition des contenants consignés, réutilisables et mutualisés. Ils sont utilisés pour les ventes à emporter, et les client.e.s peuvent les ramener chez n’importe quel commerce partenaire.

Plus d’infos : enboiteleplat.fr

Catégorie « Acteur Public » : Guingamp-Paimpol Agglomération et Lannion Trégor Communauté.

Les deux communautés de communes des Côtes-d’Armor se sont associées pour mettre en place une expérimentation sur les filets de pêche usagés. Elle consiste en l’élaboration et la mise en œuvre sur plusieurs mois d’un schéma-test de collecte sélective, et leur valorisation locale, notamment en filament pour les impressions 3D.

Catégorie « Etablissement d’enseignement » : Cité scolaire Beaumont à Redon (35)

La Cité Scolaire organise un éco-festival durant deux jours, à destination des élèves. Ce temps fort leur permet de participer à des ateliers variés : concours d’éloquence sur le thème de l’égalité, atelier de confection sur le thème de l’upcycling, fresque du climat…D’autres actions sont aussi organisés dans l’année.

Catégorie « Santé-Environnement » : Mairie de Laillé (35)

La commune de Laillé s’est lancée dans un projet de verdissement et de végétalisation des cours du restaurant scolaire, du centre de loisirs, et des écoles publiques. Un jardin éducatif et solidaire, soutenu par la mairie, a été aussi installé sur des terrains communaux adjacents, par l’association « Un pt’it coin de parapluie ». Une micro-forêt et un « sanctuaire » de biodiversité vont aussi être créés sur des espaces enherbés, par les enseignants. Une chaufferie bois, une centrale photovoltaïque ainsi que des travaux de rénovation énergétiques des batiments ont été réalisés.

Catégorie « Mobilité » : La navette de Cornouaille – Kerne kas digas »

La navette de Cornouille est un système de transport collectif à la demande, pour les salarié.e.s des entreprises clientes, sur leur trajet domicile-travail. Fonctionnant à n’importe quelle heure, elle utilise un véhicule électrique de 9 places.

Catégorie « Innovation »

L’entreprise Cool Roof France, basée dans le Finistère, propose des solutions pour rafraîchir les bâtiments, en peignant par exemple les toits en blanc grâce à un revêtement éco-conçu, bio-sourcé et non polluant. Une recette DIY (à faire soi-même) a également été mise au point par Cool Roof France, et est en accès libre.

Notre article sur Cool Roof France : http://www.eco-bretons.info/pour-lutter-contre-la-chaleur-repeignons-nos-toits-en-blanc/

Catégorie « Prix du public » : L’Eclaireuz

L’Eclaireuz, c’est le nouveau projet de Claire Cariou, initiatrice de l’association Cote Waste, qui a aussi réalisé en 2021 un « Tro Breizh » à vélo du zéro déchet. Au sein de la Coopérative d’Activité et d’Emploi Chrysalide, elle propose désormais ses services auprès des entreprises et professionnel.le.s, en les formant pour diminuer leur volume de déchets.

Notre article sur L’Eclaireuz : http://www.eco-bretons.info/leclaireuz-montre-la-voie-de-la-reduction-des-dechets-aux-entreprises-et-aux-pros/




« La Nature en héritage » pour les 20 ans du Festival La Gacilly Photo

Jusqu’au 1er octobre 2023, La Gacilly (56) vous accueille pour une expérience photographique immersive et déambulatoire, dédiée aux grands enjeux environnementaux de nos sociétés. Une visite gratuite en plein air.

« En 2004, les premiers artistes photographes, pionniers talentueux, venaient offrir au public leur vision singulière sur une nature qu’ils voulaient magnifier, comme une ode à respecter la fragilité de notre monde », écrit Cyril Drouhet, Commissaire des expositions dans son éditorial 2023. « C’était hier, et nous n’avons toujours pas tiré les leçons de ce passé proche. Combien faudra-t-il de cris d’alarme scientifiques de plus en plus apocalyp-tiques pour que l’humanité comprenne qu’en éradiquant la vie sur Terre, elle programme aussi son autodestruction ? « 

Ces quelques mots introductifs expriment l’esprit et la quête que se sont fixés les organisateurs de ce festival très engagé, qui chaque année met à l’honneur des images puissantes sur l’état du monde et du vivant. Il s’agit de « faire prendre conscience, par la force de la photographie, de ce lien vital qui unit les Hommes à leur terre. Pour continuer d’alerter sur les dangers qui nous guettent, pour réveiller nos consciences et garder intacte notre capacité d’émerveillement ».  

Cette édition 2023 frappe une nouvelle fois par la beauté et la force des clichés exposés.

A commencer par la magnifique série de photos en noir et blanc « Amazônia » du célèbre Sebastião Salgado (Brésil). Coup de coeur évident du festival. Il nous dévoile un éco-système avec qui l’humain fait corps. « Pendant six ans, il a sillonné cette région tropicale de son Brésil natal : la forêt, les cours d’eau, les montagnes, les derniers peuples indigènes qui vivent en harmonie sur ce « Paradis sur Terre », selon les mots du photographe. Son vœu le plus cher : « que d’ici à cinquante ans, ces images ne ressemblent pas au registre d’un monde perdu ». Car ces milieux végétaux sont menacés ainsi que ces peuples de la forêt.

© Sebastiao Sagaldo

© Sebastiao Sagaldo

Après cette immersion dans la plus grande forêt primaire du monde, nous poursuivons notre périple avec l’exposition « L’immortalité des arbres » de Beth Moon (Etats-unis), dédiée aux plus anciens spécimens, méconnus et isolés, qui vous étourdiront par leur majesté et leur immensité. « C’est le travail de toute une existence, au fil des années, elle a parcouru le monde à la recherche de ces géants de bois, des dragonniers de Socotra aux baobabs de Madagascar. Des êtres vénérables, derniers et frêles témoins de l’immortalité« .

L’exploration nous mène ensuite à la rencontre de sociétés matriarchales, sour l’objectif de Nadia Ferroukhi (France) et son exposition « Au nom de la mère ». Elle s’est penchée, de l’Inde au Kenya, sur ces sociétés qui, en bouleversant l’ordre établi, ont su développer un monde plus harmonieux. « Des sociétés où certains pouvoirs clés, tels que la gestion des richesses, l’organisation des cérémonies et les arbitrages importants qui concernent la famille ou le village… sont aux mains des femmes « . Parmi elles, une société bretonne « les ouessantines ».

© Beth Moon

© Nadia Ferroukhi

La visite met également en exergue les espèces animales en danger. Les Orangs-outans sous le regard d’Alain Schroeder (Belgique) sur l’île de Sumatra (Indonésie), menacés en raison de l’exploitation des champs de palmiers pour l’huile de palme et les mines de charbon à ciel ouvert pour l’exportation en Chine. La forêt tropicale se réduit, ils n’ont plus de nourriture. Les jaguars qui trouvent refuge dans la réserve naturelle du Pantanal au Brésil, leur dernier sanctuaire (Brent Stirton – Afrique du sud). Et encore, la faune marine illustrée dans l’exposition « Les voix de l’eau » de David Doubilet (Etats-Unis / France). Auteur de 12 livres et de plus de 70 articles dans le National Geographic, l’artiste a notamment participé à sensibiliser l’opinion publique sur plusieurs sujets comme la fragilisation de la banquise par l’accélération du réchauffement climatique ou encore, la très controversée chasse aux dauphins de Taiji et Futo au Japon.

© Alain Schroeder

Dans un autre registre, vous serez saisis par ces clichés du monde moderne, nourri aux technologies sans limite. « C’est déjà demain » de Luca Locatelli (Italie) dévoile, dans ses essais photographiques, cette folie des Hommes qui idéalisent la nature mais l’effacent au fil du temps.

Une destruction humaine également dépeinte sous le regard du photojournaliste Pascal Maître (France) dans « Metropolis ». Les mégalopoles où la population explose et où l’urbanisation s’impose en tous lieux avec des dégâts irréversibles sur l’environnement et une paupérisation galopante effrayante des habitants.

Ce tableau n’est pas exhaustif, étant le fruit d’une sélection. D’autres expositions vous attendent pour un voyage en images saississant.

A découvrir absolument !

Plus d’informations sur le site internet : https://www.festivalphoto-lagacilly.com/




De A à Z. Préparer un baume Après-soleil

C’est l’été, et même si le soleil n’a pas encore vraiment pointé le bout de son nez, il peut encore taper fort en août! Veillez à ne pas vous exposer aux heures chaudes, et si malgré les précautions vous attrapez un vilain coup de soleil, Eco-Bretons vous propose de réaliser rapidement votre baume après-soleil.

Composition 

  • 45 g de beurre de karité (100 % et bio)
  • 30 g d’huile de carotte (bio)
  • 1O g d’huile de noix de coco (100 % et bio)

Préparation 

Mettre les trois composants au bain-marie. Puis verser dans un pot en verre, laisser refroidir et conserver au frais et à l’abri de la lumière. Privilégier un application nocturne, le mélange peut laisser des traces sur les vêtements.




A la découverte des trésors de la biodiversité dans la Réserve Naturelle Régionale de Plounérin (22)

Connaissez-vous le campagnol amphibie ? Le sympètre noir ? La fauvette pitchou ? Le damier de la Succise ? Ces espèces remarquables sont présentes sur la Réserve Naturelle Régionale des Landes, prairies et étangs de Plounérin. Un territoire de 160 hectares, géré par Lannion Trégor Communauté, qui se situe à la limite ouest des Côtes-d’Armor, à quelques kilomètres du Finistère. Labellisé également Espace Remarquable de Bretagne (RNR-ERB), le site comprend aussi bien des landes humides, des tourbières, qu’un un étang, des prairies, ou encore une hêtraie…Une mosaïque de milieux qui entraîne la présence d’une biodiversité très riche, malgré la présence de la RN 12 qui la traverse ! Afin de découvrir ce site et certaines des espèces qui le peuplent, Lannion-Trégor-Communauté (LTC) a organisé une sortie nature, dans le cadre d’un cycle consacré à la Journée Mondiale des Zones Humides, qui a lieu chaque année le 2 février. Reportage.

En ce mercredi après-midi de vacances scolaires, la température est fraîche et les nuages gris apportent quelques gouttes, bienvenues en cette période de sécheresse hivernale atypique. Muni.e.s de bottes, et pour certain.e.s de jumelles, les participant.e.s se regroupent sur le parking de Kerliziri autour de David Menanteau, du service Espaces Naturels de LTC, conservateur du site, et de Eric Poulouin, son collègue. Les deux spécialistes vont accompagner le groupe. « Le site où nous trouvons a été classé Réserve Naturelle Régionale en 2016 », explique David. « La démarche est originale, puisque le projet de labellisation s’est fait avec 37 propriétaires privés, dont des agriculteurs et la société de chasse, ainsi que la commune de Plounérin. Tous avec des profils et des objectifs différents, qui ont été réunis autour de la table des discussions », poursuit-il. Une diversité qu’on retrouve aussi dans ce qui fait l’essence de ce site remarquable. « On est dans le Trégor rural, avec un milieu qui se porte bien, constitué de petites parcelles et de haies bocagères ». Mais ce qui explique la richesse de la faune et de la flore, c’est aussi l’acidité des terrains, « pauvres en éléments nutritifs », qui a engendré des stratégies d’adaptation. « On trouve par exemple des plantes carnivores, comme la drosera », illustre David. Sur la réserve, on compte aujourd’hui 1500 espèces répertoriées, avec par exemple pas moins de 35 espèces de papillons, et 34 de libellules ! Et la loutre y a élu domicile, et est devenue l’espèce « emblématique » du lieu.

Les présentations faites et le décor planté, direction un premier « spot » au bord de l’étang du Moulin Neuf, à savoir l’observatoire à oiseaux. En chemin, le groupe fait une petite pause devant des chevaux, des camarguais. Ils appartiennent au Conseil Départemental, et servent à entretenir les milieux. « Si on ne fait rien dans les prairies et les landes, elles vont finir par se boiser, car ce sont des milieux ouverts », précise David. En été, des chevaux de traits et des Highland Cattle, ces vaches à grosses cornes et aux poils longs qui descendent sur leurs yeux, viennent prêter main forte.

Deux colverts et une sarcelle d’hiver

Après une légère descente sur le chemin rendu boueux par les averses, nous arrivons à l’observatoire. Basé tout au bord de l’eau, tout en bois, il permet de voir les oiseaux tranquillement, sans être vu. Une paire de jumelles est même à disposition à l’intérieur ! David et Eric sortent les longues-vues, et ceux et celles qui ont leur propre équipement font de même. Le groupe écoute attentivement les explications d’Eric. « D’octobre à mars, les oiseaux qui sont présents sont le plus souvent hivernants, donc ils viennent plutôt du Nord de l’Europe. Pour eux, l’étang du Moulin Neuf peut être considéré comme une halte migratoire ». Sur un des murs de l’observatoire sont dessinées quelques unes des espèces qu’on peut retrouver ici : bécassine des marais, vanneau huppé, courlis cendré…Pour le moment, peu d’oiseaux sont présents sur l’eau, à part deux couples de colverts. Et une sarcelle d’hiver. « Les zones les plus intéressantes, ce sont celles qui font la jonction avec les berges », conseille le spécialiste. « C’est là qu on va retrouver des échassiers, comme le héron cendré, et certains canards ». Un grand cormoran noir, espèce qu’on retrouve fréquemment en eau douce, part à la pêche. Une mouette rieuse, plus habituée au littoral, fait également un passage.

Après une séance de questions des participant.e.s, portant notamment sur les oiseaux des jardins, nous repartons sur le chemin qui serpente le long des berges. Deux circuits de randonnées sont proposées sur la réserve : une grande boucle de 3,5 kilomètres qui permet de faire le tour du site, et une autre plus petite (1 kilomètre), qui traverse les landes. Soudain, David stoppe la progression du groupe. Il en profite pour évoquer la loutre d’Europe, qui fréquente l’étang, où elle se nourrit. Nous n’en verrons pas aujourd’hui, puisque c’est un animal essentiellement nocturne, qui se cache et se repose en journée. Afin qu’elle rejoigne facilement la zone située de l’autre côté de la RN12 qui traverse la réserve, des aménagements spécifiques ont été réalisés, avec un grillage et des « passages canadiens ». « Et une petite banquette a été installée dans la buse qui passe sous la voie express, qu’elle utilise pour aller et venir », précise David, qui nous présente également, dans un petit bocal, quelques crottes de loutre, dont l’odeur, étrangement, rappelle le miel !

A la pêche aux tritons

La balade se poursuit avec un focus sur les amphibiens qui peuplent le site. Le conservateur de la réserve a pour cela disposé des systèmes artisanaux de « nasses », qui permettent de collecter quelques spécimens. Il est habilité et autorisé pour faire ce type de prélèvement. Dans une première mare, David récupère ainsi un très joli triton marbré. L’animal fait partie de la famille des « urodèles », avec sa cousine la salamandre. « On le trouve surtout en milieu forestier », explique le conservateur, en le prenant délicatement dans sa main, pour que tout le groupe puisse observer au mieux. Il le relâche ensuite tout doucement, et le joli triton reprend le cours de son aventure en se faufilant et s’enfonçant au cœur de la végétation qui peuple le petit point d’eau. Dans une autre mare située à quelques minutes de marche, ce sont trois jeunes tritons palmés qui ont été recueillis. C’est l’espèce qui est la plus commune, et qui est la plus aquatique. Elle est de petite taille, et son ventre est jaunâtre. On peut trouver également le triton alpestre, qui est une espèce protégée. Il est reconnaissable à sa petite crête chez le mâle, en phase aquatique, et à son ventre orangé.

Il est désormais temps de terminer ce beau parcours au sein de la Réserve Naturelle. Revenu au point de départ, le groupe se voit remettre des documents de présentation de l’endroit. De quoi revenir une prochaine fois en autonomie, pour (re)découvrir les mille et une richesses de cette mosaïque de milieux, et pourquoi pas cette fois apercevoir une loutre !

 

Plus d’infos

https://reserve-naturelle-regionale-plounerin.n2000.fr/