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Portrait de femme n°5. Carole Le Bechec, bien en Cohérence !

Rencontre avec Carole Le Bechec, Présidente du Réseau Cohérence*, et représentante de celui-ci au sein du Conseil Economique, Social et Environnemental Régional (Ceser). Elle évoque son cheminement vers la transition écologique, et son optimisme pour l’avenir, notamment grâce à l’engagement des jeunes.

C’est à Saint-Malo que s’est installée Carole Le Bechec. Une ville qu’elle connaît depuis toujours, berceau de sa famille, lieu de naissance de sa mère. Carole quant à elle est née à Paris et a vécu toute son enfance en Seine-Saint-Denis, en milieu urbain « pas tellement proche de la nature » confie-t-elle. Celle qui est aujourd’hui présidente du Réseau Cohérence et qui le représente au CESER a étudié l’économie industrielle et a obtenu un DEA de finances internationales. « Un monde tout à fait différent de celui dans lequel je préférais évoluer », précise-t-elle, mais qui lui a donné des « clés pour comprendre le monde d’aujourd’hui ». Carole a d’abord commencé par travailler pour une banque et rédigeait des rapports économiques et financiers sur les grands groupes alimentaires mondiaux. « Là aussi, c’est un prisme qui m’a aidée par la suite », raconte-t-elle. Les théories économiques qu’elle a étudiées et vite jugées « hors-sol », complétées par des lectures comme « Printemps silencieux » de Rachel Carson ou le rapport Meadows, lui font prendre conscience progressivement, mais de manière assez forte, que « le monde n’était pas vivable, on connaissait déjà très bien les limites. C’est comme si nous étions dans un train à grande vitesse et qu’on n’arrivait pas à freiner ». Elle part vivre ensuite en Allemagne où elle travaille dans le domaine des coopérations audiovisuelles européennes, et revient en 2005 en France. Petit à petit, elle chemine vers l’idée de transition, de « développement durable » comme on disait à l’époque. « Mon engagement, c’est vraiment tout un parcours », analyse-t-elle. En 2006, elle rencontre Jean-Claude Pierre, l’un des fondateurs de l’association Eau et Rivières de Bretagne et porte-parole du Réseau Cohérence. Une rencontre très importante. « Avec la Jeune Chambre Economique de Saint-Malo, on avait décidé de l’inviter pour une conférence sur le développement durable. J’ai sympathisé avec lui, j’avais trouvé qu’il était dans le positif, qu’il avait compris énormément de choses ». Elle découvre alors le Réseau Cohérence, qu’elle n’a depuis plus quitté.

Il faut agir « à tous les niveaux »

Pour Carole, l’expression « transition » est « assez juste ». « C’est le passage d’un état à un autre, et ça évoque aussi l’adaptation, qui est tout sauf passive. Pour moi, tout le monde est dans sa vie en transition, et il faut qu’il y ait de plus en plus de monde qui participe au mouvement. On n’y arrivera que tous ensemble ». Elle évoque aussi les termes de « résistance », « résilience ». Et insiste sur l’importance de l’échelon local « C’est un autre modèle, à la fois conceptuel mais aussi très pratique. Par exemple l’économie : on est dans une économie certes mondialisée, mais ce qui nous fait progresser maintenant, c’est l’économie du territoire. Il faut revenir vers ce qui n’est plus hors-sol, se raccrocher à ce qu’on a comme ressources, tout en les préservant ». Pour elle, si le changement personnel est « très important », il faut agir à tous les niveaux : « Avec Cohérence, on est en train de se dire qu’on peut être chacun un « héros ordinaire » et donner envie. On a la volonté de dynamiser cette transition et de montrer ce qui marche, grâce à plusieurs outils : le baromètre des transitions, l’agenda des transitions, la caravane des transitions… avec lesquels on essaie de toucher le plus de monde possible, et surtout de relier les citoyens et les élus, pour construire des projets de manière coopérative et efficace et qui puissent mener à des changements sur les territoires ». Elle estime notamment que la Région en tant que territoire économique est « pertinent ».

Ce qui peut la révolter, ce sont les « pas en arrière ». « On le voit là avec le retour de l’autorisation des néonicotinoïdes par exemple », souligne-t-elle, en regrettant « la force des lobbys qui est démesurée, car derrière il y a l’argent ». Des mécanismes qu’elle a pu mieux comprendre grâce à ses études en économie complétées par un master en politiques européennes en 2008.

 On peut se lamenter, on peut se révolter, mais je crois qu’il faut aussi essayer de lutter »

Si le constat est sombre, Carole ne se laisse pas pour autant abattre. Pour elle, « On peut se lamenter, on peut se révolter, mais je crois qu’il faut aussi essayer de lutter, il faut résister, proposer, construire, parce que partout il peut y avoir des solutions. On peut déjà agir sur son lieu de vie, sur ses territoires… il y a plein de choses à faire ». Elle apprécie particulièrement l’engagement de certains jeunes, comme c’est le cas à Saint-Malo où un petit groupe s’est mobilisé pour le climat, ou encore de certains sportifs comme l’éco-aventurier Julien Moreau qui réalise des défis pour interpeller la population, et Morgane Ursault-Poupon, skippeuse qui s’engage au quotidien. « Quand je vois tous ces jeunes qui essaient d’agir du mieux possible, cela me fait plaisir, me redonne de la force », confie Carole. Son engagement au sein du réseau Cohérence, qu’elle préside, lui apporte beaucoup : « Je donne beaucoup, mais je reçois aussi beaucoup. Cela me permet d’être au quotidien en accord avec ce que je suis et ce que j’ai envie de faire, à savoir essayer de favoriser la transition à toutes les échelles ». Si elle avait un message à faire passer, notamment aux plus jeunes, ce serait celui-ci : « Venez ! Il faut y aller, on doit vraiment imposer la transition. Il faut qu’il y ait des dizaines, des centaines de milliers, des millions de personnes qui le veuillent, qu’on puisse tous grandir ensemble dans la transition et la réclamer, chacun à son rythme bien sûr. Il ne faut pas se résigner. » Comment faire ? « Grâce au milieu associatif, à des médias, dans son groupe d’amis, sa famille… on a des tas d’exemples de gens qui s’impliquent déjà et qui seront ravis d’accueillir des jeunes dans le mouvement. ». L’important, nous livre Carole en guise conclusion, c’est de participer. « Il faut s’exprimer, en utilisant les cercles qui existent déjà, et pourquoi pas en créer d’autres. Celui qui ne s’exprime pas n’a aucune chance d’être entendu. Il y a de multiples façons de s’impliquer, et d’être dans la joie de partager et de construire ensemble ».

* https://www.reseau-coherence.org/




Une rentrée eco-citoyenne !

Ca y est c’est la rentrée ! Comment retrouver le chemin de l’école et du bureau de façon plus durable et écologique ? Voici quelques astuces.

Au bureau

D’après des chiffres de l’Ademe, 50% des consommations énergétiques au bureau sont générées par le chauffage, et 21% par l’informatique ! Et on estime qu’un salarié du tertiaire produit 120 à 140 kilos de déchets par an, dont les deux tiers de papier !

Quelques
gestes simples permettent de faire baisser la facture et de réduire
l’impact sur l’environnement :

Concernant l’informatique :

  • Paramétrer les ordinateurs pour qu’ils se mettent en veille automatiquement au bout d’un certain temps d’inactivité
  • Utiliser les multiprises munies d’un interrupteur, pour couper par exemples les imprimantes en fin de journée
  • Utiliser internet et sa messagerie électronique à bon escient : en effet, l’envoi de mail, leur stockage, leur réception, la recherche d’informations…entrainent une consommation énergétique importante, souvent insoupçonnée. Ainsi, d’après l’Ademe, envoyer un mail de 1Mo équivaudrait à une heure d’utilisation d’une ampoule de 25 watts !
  • Fermer les onglets qui sont ouverts et non utilisés
  • Stocker les données sur des clés usb ou des disques durs externes plutôt que sur les clouds, qui entrainent des allers-retours entre l’utilisateur et les serveurs.
  • Utiliser des moteurs de recherche plus vertueux, comme Lilo ou Ecosia. Lilo reverse une partie de ses revenus à des projets sociaux ou environnementaux, et Ecosia utilise ses bénéfices pour planter des arbres !

Concernant le chauffage / l’éclairage

  • Fermer les volets, les stores, les rideaux pendant la nuit pour l’imiter l’infiltration du froid
  • Ne pas encombrer les radiateurs pour permettre une bonne diffusion de la chaleur
  • Utiliser des ampoules peu énergivores, basse consommation
  • Installer les bureaux près des fenêtres pour profiter de la luminosité naturelle

Concernant le papier/les déchets

  • Imprimer
    recto-verso les documents
  • Réutiliser
    les feuilles en brouillons ou en cahier, en les agrafant
  • Installer
    une poubelle dédiée au papier près des imprimantes et des
    photocopieurs
  • En
    cas de panne de matériel, penser « réparation » plutôt
    que déchetterie
  • Acheter
    du matériel d’occasion, reconditionné, plutôt que du neuf, qui
    sera en plus moins cher.
  • S’équiper
    avec des meubles d’occasion, de recup’, ou fabriqué soi-même :
    on peut faire de beaux bureaux avec de vieilles portes et des
    palettes !

  • Penser
    au recyclage des cartouches d’encre, des piles
  • Faire
    un point régulier sur l’état des fournitures pour voir ce qui peut
    être réutilisé (stylos, correcteurs, trombones…), cela évite
    les achats non nécessaires !
  • Acheter
    du café/thé en vrac, un filtre permanent pour la cafetière, et
    amener des tasses/mugs lavables et réutilisables !

A l’école

La
rentrée des plus jeunes peut se faire aussi de façon plus durable !
Achat groupé, fournitures écologiques, ré-emploi…les solutions
sont nombreuses.

Pour les fournitures scolaires :

  • Faire un état des lieux de ce qui peut être réutilisé : cartable, trousse, compas, équerre, stylos…peuvent facilement être gardés et servir pour la nouvelle rentrée
  • Acheter d’occasion les livres, cartables, dictionnaires…permet de faire des économies et de limiter sa consommation
  • Faire des achats groupés, entre plusieurs familles, parfois directement auprès de l’établissement, ou après de certains sites spécialisés comme Scoleo
  • Préférer le papier recyclé, les crayons en bois naturel, le matériel de géométrie en métal plutôt qu’en plastique, et de manière générale les produits avec labels environnementaux.

Pour les vêtements/l’équipement de la personne

  • Fréquenter
    les « trocs partys », vide-grenier, bourse aux
    vêtements, site de vente d’occasion qui permettent d’acquérir
    vêtements ou chaussures en bon état à prix réduits
  • Choisir
    des habits conçus avec des fibres plus écologiques et/ou
    naturelles : coton bio, lin, chanvre…ou des fibres recyclées,
    comme par exemple le polaire pour l’hiver, réalisé à base de
    bouteilles plastiques recyclées.

Pour le goûter

  • Préférer des fruits, secs ou frais, du pain, de la brioche ou de la compote maison…plutôt que des produits industriels qui contiennent du sucre en grand quantité et des additifs.
  • Pour un goûter zéro déchet, on adopte la gourde ou la boite réutilisable ! Et pour les emballages, pour remplacer les feuilles d’aluminium, on passe au « Bee Wrap », des emballage à base de cire d’abeille, réutilisables.

Pour les transports

  • Pour le bureau, on pense covoiturage ! Certaines entreprises organisent elles-mêmes ce service, certains salariés le pratiquent de façon informelle, et des plateformes spécialisées existent comme Ouestgo, pour les trajets du quotidien.
  • On peut aussi prendre le vélo ! Actuellement , seuls 5% des travailleurs français utilisent la bicyclette pour se rendre au boulot !
  • Pour les enfants, outre les transports scolaires classiques qui sont mis en place lorsqu’ils habitent à plusieurs kilomètres des écoles, différentes solutions alternatives à la voiture ont vus le jour ces dernières années : pédibus, transport en calèche, ou encore le Sc’ool Bus, vélo collectif à assistance électrique piloté par les enfants !



Paysâmes

Oui. Dis. C’est quoi l’agriculture de 2020, celle de cette époque 2.0, à la fois hyper et déconnectée, des contingences naturelles ? Qui sont-elles, celles qui font l’agriculture – ou plutôt nos agricultures ? Qui sont ces femmes qui ont choisi d’épouser la Terre – pour le meilleur et pour le faire ?

Alors, allons à leur rencontre. Vas-y, dis-moi, raconte-toi, raconte-moi. Elle se livre pour ce livre à venir : Paysâmes. Etre femme et paysanne – qui pense son métier -, ça appelle forcément un joli mot.

Elles, disons-les, je les connais, depuis quelques heures ou 20 ans, d’avant ou d’après que j’ai raccroché ma pelle de boulangère et laisser tomber les bottes de paille.

Envie de croiser le regard et le faire avec ces femmes paysannes, agricultrices, éleveuses, peu importe.

Elles ? Leurs épousailles avec la Terre ? Ce sont des histoires, d’amour ou de raison, le fruit des hasards ou de la réflexion. Elles sont en agriculture depuis hier ou depuis toujours. En bio, en durable, ou en rien. Par choix ou absence de choix – c’est emmerdant. Parce que. On l’expliquera.

Elles ? Ce sont qui. Aujourd’hui, j’ai envie de les dire comme ça.

Gene. Gen’œuf, qui fait des œufs – enfin, ce sont ses poules font les oeufs. Gene mire, numérote, étiquette et colise. Le labo à la ferme, c’est son domaine. Et puis elle livre, elle comptabilise. Et elle rit au marché. « Les marchés, c’est ma bouée d’oxygène ! ». Gene raconte qu’elle a été une des premières techniciennes porcs de la région. Rare, une femme dans ce milieu masculin, encore plus au début des années 80. Elle a écumé la campagne, de fermes en fermes, avec dans le coffre des produits phytos. Jusqu’au jour où ce n’a plus été tenable. Pas en phase avec ses convictions. Elle se décide à rejoindre son mari, devenu paysan – elle rêvait d’épouser un paysan ! Ils élèvent des chèvres jusqu’à « une » crise. Changement de production. Des poules donc. En bio, ça va de soi, même s’ils se gardent bien de s’en vanter.

Enora, elle, fait dans le cochon. Ça lui est tombé, pfff, presque comme ça, sur le coin du nez. Improbable succession d’événements qui l’a convaincue, avec son compagnon, de trouver une production qui permettrait de faire vivre leur lieu, un héritage de famille. Et c’est vrai que c’est beau, ce bâti, cette grange, ce granit, ces arbres et ces talus. La jeune mamani s’est donc lancée, engraissant 100 porcs. Des porcs blancs de l’Ouest et des conventionnels, qu’elle nourrit de ses céréales, produites sur ses terres, certifiées bio. Pourquoi pas bio, les cochons alors ? Parce que la jeune femme veut privilégier le local.

Elle interroge. Quel sens que d’importer des porcelets bio de 300 km ? Et de ne pas pouvoir travailler avec les voisins ? Peut-être un jour s’installera un naisseur en bio, dans cette Bretagne qui compte 7,5 millionsii de têtes de porcs. Enora l’espère. En tout cas, elle assume la finalité de son élevage. Oui, elle nourrit les autres de protéines animales – ici, on ne parle pas de « minerais » en parlant des bestiaux. Elle veut le faire au mieux son boulot et aller jusqu’au bout. Elle apprend la découpe de la viande avec des ex-éleveurs, qui ont accepté de partager leur savoir-faire. La jeune femme veut tout savoir faire pour savoir tout expliquer à ses clients. Exigeante.

Chez Christiane, l’attention portée à l’animal est la même. On est en centre Bretagne. Des mastodontes dans les prés. Surprenant dans le paysage breton. Imposants, cornus – très. Placides aussi, je l’espère, en passant sous le fil du champ.

Christiane a opté pour l’élevage des Highlands. Un ami lui avait fait découvrir la viande – et l’animal. Elle avait aimé, les deux. Et un jour où il a fallu décider de l’avenir de la ferme – qu’elle menait seule désormais -, elle a cherché une production rémunératrice, enfin potentiellement. Sûrement, çà aurait été trop simple. Elle a parié sur l’Ecossaise. C’était ça ou laisser mourir la ferme. Pari relevé.

Quelques crises du lait plus tard – c’est cyclique -, Christiane interroge sur le devenir des éleveurs, de tous les éleveurs. Alors, des vaches, oui, mais jusque quand dans les champs ?

L’éleveuse, pour sa part, avait considéré que le lait, c’en était fini pour elle.

D’autres estimaient alors (et continuent d’ailleurs de le proclamer) que la filière lait peut être rémunératrice. Et ils sont parvenus à faire leur beurre, au sens propre et figuré. Tant mieux. Leur système ? Celui du tout herbe. « Les vaches, c’est une barre de coupe à l’avant et un épandeur à l’arrière », rigolait très sérieusement Pochoniii, le chantre de l’agriculture durable.

Audrey, qui vient de s’installer avec sa compagne Lauriane, explique. Dans ce système où les charges sont minimées, les vaches se débrouillent : elles mangent au champ (ici, des prairies de 20 ans qui grouillent de sauterelles et de trèfles) et déjectent au champ. Trivial ? Peut-être. Oui et rentable. Restera à faire comprendre que dans un bilan comptable, le bénéfice n’est pas forcément proportionnel aux investissements. Les éleveuses mènent leur troupeau de 40 vaches. Leur ambition ? Passer à 30.

Elles, visiblement à peine revenues de leur installation, m’ont dit « avoir eu le cul bordé de nouilles » : une installation facile, simple. Décidément, rien n’est jamais pareil, pour personne.

Ça me touche, moi qui ai tant d’années à trouver des terres, qui ai dû me battre pour pouvoir prétendre à conforter une toute petite ferme de 4 ha. S’entêter ? Renoncer ? Foncer ? … Ça me chamboule. Pourquoi faut-il parfois que ce soit si rude ? Pourquoi trouver des terres se transforme-t-il en un chemin de croix ? Pourquoi alors qu’il faut renouveler les paysans qui partent massivement à la retraite ?

Et je pense à Aziliz, qui ne sait pas si dans ses Monts d’Arrée, terre que j’imaginais éloignée de ces enjeux de terriens, elle trouvera une parcelle bien à elle. Mais elle, elle s’en fout. Elle composera avec sa santé et tout le reste, demain. Elle se débrouille. Assez pour trouver de quoi nourrir ses chèvres – ses « amies » -, ses moutons et ses poneys. Chez elle, les animaux sont d’agrément et elle est sacrément fière de montrer les naines, les mottes et les marbrées. Sacré bout de femme, qui fait la transhumance, sous des yeux incrédules ou impatients.

Les terres en agriculture ? Un sujet brûlant. La consommation des terres, leur artificialisation : les enjeux sont multiformes. Et les appétits souvent voraces, entre ceux qui veulent plus pour en avoir juste toujours plus et les autres, les élus, ceux qui veulent leur zone d’activité ou commerciale.

Avec Cathy, le sujet avait été abordé quand j’apprenais la boulange, il y a 13 ans. « La Terre appartient à nos enfants, elle ne nous appartient pas », citait-elle. Je m’interrogeais alors beaucoup : quel statut choisir ? Acheter, louer des terres ?

Cathy, je la retrouve un matin chaud et sentant bon le pain, quand « tout est réuni pour laisser croire que c’est un métier cooool et facile ! », plaisante-t-elle. Elle revient sur son installation. Avec des copains et son mari, ils avaient réussi à monter leur activité en s’appuyant sur la création d’un Groupement Foncier Agricole. C’était novateur (l’un des premiers en France après celui du Larzac) et tout réfléchi : les copains de voulaient pas s’endetter au-delà du raisonnable. « La vie, c’est tout le temps, pas à la retraite ! », sourit-elle. 20 ans plus tard, le GFA vit encore. Il lui permet aujourd’hui d’envisager de lever le pied et de transmettre plus facilement.

Et d’interroger : « peut-être que les gens feraient davantage attention s’ils étaient seulement locataires de leur terres » ? Peut-être.

Je la regarde faire et je pars. Pas le temps. Je ne croquerai pas de son pain fait de blés anciens cette fois. Je reviendrai. Je n’ai pas plus de place ici pour vous raconter Stéphanie, aussi douce dans ses gestes que ses pains sont ronds, et Cilou, qui fait dans les petits fruits rouges. Rouges comme sa peau quand elle récolte au soleil de juillet. Et je vous dirai les joues rouges de Fabienne quand elle confiture. Bref, je vous raconterai, en images, en mots, leurs vies de Terriennes.

i Le jour où je la rencontre, elle garde – et compose – avec ses deux fillettes (confinement).

ii Source : Agreste – DRAF Bretagne – Memento 2019

iii fervent défenseur du système herbager, fondateur du CEDAPA (Centre d’Etude pour un Développement Agricole Plus Autonome), auteur entre autres de « les sillons de la colère », 2001.




Ce week-end, partez à la découverte des chauve-souris

Ce week-end, c’est la 24ème édition de la Nuit Internationale de la Chauve-Souris. L’occasion de découvrir cet animal nocturne encore mystérieux et méconnu. Des balades nocturnes sont notamment organisées en Bretagne pour partir à sa découverte.

Depuis plus de 20 ans, la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères organise la Nuit Internationale de la Chauve-Souris, afin de « faire découvrir à un large public la biologie, le mode de vie, les menaces mais aussi les actions de protection mises en place pour préserver les Chiroptères », peut-on lire sur le site de l’événement. Cette année, les 29 et 30 août sont dédiés à ce petit animal nocturne, encore trop peu connu. L’espèce mise à l’honneur cette année est la Barbastelle d’Europe, chauve-souris de taille moyenne qu’on peut rencontrer dans toute l’Europe, mais dont la population est en déclin.

Partout sur le territoire français sont ainsi proposées diverses animations : rencontre avec des spécialistes, sorties nocturnes, conférences, expositions, ateliers…le tout gratuitement et ouvert à tous.

En Bretagne, quelques événements sont programmés pour ce week-end, mais aussi sur les jours suivants, car les animations sont programmées en France métropolitaine jusqu’au 20 septembre, et jusqu’à la mi-octobre dans les Dom-Tom ! D’autres ont lieu dès demain, comme c’est le cas par exemple dans le Finistère au Domaine de Menez Meur à Henvec, où une soirée spéciale d’observation est organisée avec le Parc Régional d’Armorique.

Et si vous souhaitez vraiment en savoir plus sur ces demoiselles de la nuit, rendez-vous à la Maison de la Chauve-Souris. Elle est basée à Kernascléden, dans le Morbihan, commune où l’une des plus importantes colonies de Grands Rhinolophes a été repérée dans les combles de l’église. Ouverte toute l’année, elle permet de découvrir la vie étonnante de ces petits animaux nocturnes, et notamment la colonie de Grands Rhinolophes de l’église, grâce à des caméras infrarouges ! Tout l’été, elle propose des « nuits de la chauve-souris » les mardis et vendredis (réservations obligatoires)

Pour prendre connaissance du programme de la Nuit Internationale de la Chauve-Souris : https://www.nuitdelachauvesouris.com/

Et pour apprendre plus, notamment sur le Grand Rhinolophe, visionnez le film de Tanguy Stoecklé, « Une vie de Grand Rhinolophe « , disponible actuellement en libre accès sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=tNpSfanm1io&vl=fr




JARDINS DE L’IMAGINAIRE – ÉTATs D’ESPRITs L’expérience photographique sensorielle et sensible de leur lieu par des écoliers du Cloître Saint-Thégonnec

Dans un récent article, nous vous présentions le travail mené il y a quelques mois par le photographe morlaisien Gérard Rouxel, en résidence à l’école publique Cragou-Monts d’Arrée sur la commune du Cloître-Saint-Thégonnec, afin d’initier les élèves du CP au CM2 à sa pratique artistique en croisant son propre projet avec celui des enfants.

Gérard Rouxel joue avec l’imaginaire que le site de l’Abbaye du Relec peut dégager, appréhendant l’esprit du lieu par des assemblages numériques de photographies, prises à différents moments de l’année. Son travail photographique a été mené d’octobre 2019 à mars 2020 (il devait se poursuivre jusqu’en mai… un virus en a décidé autrement) sur l’ensemble du lieu. Parallèlement les enfants de l’école du Cragou du Cloître-Saint-Thégonnec ont réalisé avec lui un «portrait imaginaire» de leur commune, pendant la même période.

Récit de cette expérience singulière avec les mots de l’artiste qui a accompagné les élèves dans leur démarche créative, les laissant choisir ou être choisi par les lieux.

La résidence avec l’école du Cragou au Cloître-Saint-Thégonnec a permis aux enfants et à la communauté éducative, sur une période de six mois, de participer à une expérience de création photographique personnelle et collective en lien avec des lieux de la commune, où il fallait mener de front un projet artistique (sensibilité du regard, approche et représentation du paysage, rapport à la nature…) et technique (prise de vue, assemblage sur ordinateur, montage de l’exposition).

Le photographe a accompagné cette mise en relation des enfants avec la et leur nature, ces rencontres entre ÉTATs D’ESPRITs photographié/ photographiant, en les compilant, comme dans un dialogue.

Par groupe de quatre ou cinq, les enfants ont choisi de façon collective un lieu, un espace de la commune qui «leur parle» et qui permet de venir le voir et le prendre en photo chaque premier mardi du mois, quelles que soient les conditions climatiques. Le seul moyen d’expression est l’écriture photographique (photographier : écrire avec la lumière), elle permet de raconter une histoire de rencontre entre un être humain et un lieu. Une écriture servant à transmettre l’expérience. Chaque photographie de chaque enfant est ensuite assemblée par ordinateur et représente ainsi «la vision» de chaque groupe sur le lieu choisi. Les enfants en prenant la photographie se mettent en relation avec leurs cinq sens (voir, écouter, sentir, goûter, toucher). Une présence, une conscience, un respect est ainsi établi entre êtres humains et ensemble du lieu.

Ce qui est montré ici, est l’assemblage de toutes les photographies prises groupe par groupe chaque mardi (il manque évidemment la prise de vue du mois d’avril), laissant place à l’imaginaire du visiteur. Les enfants invitent les visiteurs à s’immerger dans leurs images. Les regarder, y écouter le chant de l’oiseau, ressentir le goût du nombril de Vénus, sentir l’odeur de la terre que vous touchez avec vos mains. Vous verrez que l’on redevient vite un enfant.

«Mon groupe et moi, nous avons choisi un ruisseau. Il est magnifique. L’eau est transparente et j’aime bien l’écouter couler. Il y a ce sable en dessous avec des reflets. Ça donne l’impression qu’il y a plein d’or dedans. Au-dessus du ruisseau, il y a un arbre perché et il y a de la mousse dessus. Elle est humide, elle sent bon et ça lui donne sa splendeur. Ce qui rend cet endroit majestueux aussi, c’est ses branches toutes fines qui tombent en plein milieu de l’endroit. Sur le chemin qui mène au ruisseau, il y a comme des cordes de lierre qui tombent. Cet endroit est majestueux et marcher dans les feuilles est agréable. En gros, c’est superbe !!!» L…

«On a choisi notre lieu. C’est la rivière. On a utilisé deux sens : la vue et l’ouïe. On a entendu des voitures au loin et les oiseaux. On a vu les feuilles tomber. Elles faisaient des galipettes, tournaient et tombaient dans l’eau. J’ai vu que l’eau était plus haute que la dernière fois. On a pris des photos.

Quand j’ai appuyé sur le bouton… j’ai senti comme un clic à l’intérieur de mon cerveau. J’ai senti plein de sensations dans mon corps.» L…

C’est une expérience extraordinaire pour un auteur photographe de partager un processus de création en cours, de faire voler en éclats ses doutes en voyant les enfants s’immerger totalement dans ce projet. Merci à eux et à l’équipe pédagogique qui a largement contribué à la réussite de cette résidence, malgré l’arrivée de l’inattendu virus. Merci à toute l’équipe de l’Abbaye du Relec d’avoir mis en relation ce lieu culturel départemental, des enfants d’une école publique primaire élémentaire d’un territoire rural et un projet régional de création artistique.

L’exposition de leur travail et de celui de Gérard Rouxel est à voir dans le jardin potager de l’abbaye jusqu’au 31 octobre prochain.




L’Aventure au Coin du Bois, une maison d’édition bretonne pas comme les autres

« L’Aventure au coin du bois » est une maison d’édition indépendante, basée à Dinan dans les Côtes-d’Armor. Fondée par un collectif de cueilleurs passionnés d’ethnobotanique, elle a pour volonté de transmettre les savoirs-faire et connaissance autour des plantes sauvages, grâce à des publications. Adepte des circuits-courts, elle pratique la vente directe sur son site, et auprès de diffuseurs locaux.

Tout commence en 2008, par la rencontre de Caroline, alias « Calendula » et Elsa, alias « Linaigrette ». Toutes étaient alors « en recherche de transition » se souvient Elsa. Via internet, elles échangent beaucoup sur le sujet. En 2010, Caroline démarre ses premières balades botaniques, auxquelles elle associe une lettre d’information dont les illustrations graphiques sont réalisées par Elsa. L’année suivante, Caroline, alors en formation au Collège Pratique d’Ethnobotanique de François Couplan, demande à ses collègues si certains veulent participer et faire partager leur expérience par le biais de publications. De fil en aiguille, un groupe se constitue, et commence à auto-éditer les premiers cahiers de la série des « Cahiers pratiques & sauvages ». Et en juillet 2018, la maison d’édition est créée. « Maintenant, nous sommes à la fois auteur et éditeur, c’est plus simple administrativement », explique Elsa. Désormais, elles sont trois à s’occuper de la partie éditoriale : Caroline, Elsa, et Emilie alias « Pimprenelle ». La petite maison d’édition, qui est financée de façon indépendante, ne pratique que de la vente directe. « Les points de vente sont démarchés directement, et nous vendons aussi directement par internet, en boycottant Amazon », déclare Elsa. L’envie de rester en auto-diffusion s’explique par la volonté de rester « proche du lectorat et du réseau, en circuit court, et au plus près de la demande ». « On avait envie de garder un format artisanal, de tester le modèle à petite échelle », ajoute Elsa. L’impression est quant à elle réalisée chez un imprimeur labellisé Imprim’Vert, de Combourg, juste à côté de Dinan, où est basé le siège social. Les encres utilisées sont végétales, et le papier est recyclé.

Transmettre des savoir-faire et des connaissances lié.e.s aux plantes sauvages locales, et à leur utilisation au quotidien.

L’Aventure Au Coin Du Bois propose plusieurs collections : des cartes illustrées, des marque-pages « mémo botanique », des dépliants quatre volets « Premières cueillettes », les « Cahiers pratiques & sauvages » (28 pages en format A4), et des grandes affiches illustrées « abondance sauvage ». A chaque fois, la volonté est la même : transmettre des savoir-faire et des connaissances lié.e.s aux plantes sauvages locales, et à leur utilisation au quotidien. Dans le très joli livret « Je cuisine le pissenlit » de la collection « Premières cueillettes », on trouve par exemple des informations pour identifier la plante, les dates idéales de cueillette, les propriétés et bienfaits du pissenlit, ainsi que des recettes.

Hormis ces publications, certains auteurs du collectif organisent également, à travers des structures locales en régions, des stages et ateliers : cuisine sauvage, balade d’identification, cueillette, peinture végétale, artisanat…. Ils rencontrent un public de plus en plus nombreux selon Elsa « Le confinement a donné à certains l’envie de voir l’environnement autrement, d’être plus autonome, d’être plus dans le local. Beaucoup ont envie de « fait maison », de découvrir des saveurs, des plantes ». Pour en savoir plus, découvrir les prochaines dates de stage et les publications, direction le (joli) site internet de la maison d’édition : https://www.laventureaucoindubois.org/