L’idée sortie. Une journée autour de l’eau à Pleumeur-Bodou (22)
Le Conseil de Développement de Lannion Trégor Communauté organise ce samedi 29 mars un événement autour de l’eau, à Pleumeur-Bodou (22). Baptisé « Consom’Acteurs de l’eau : agir pour une consommation responsable », il a pour objectif de sensibiliser à la protection de la ressource sur le territoire de Lannion-Trégor-Communauté. Au programme : tables rondes, forum avec ateliers pratiques, expositions…
Au programme : trois tables-rondes autour des thèmes suivants : « Ressource : vers une gestion durable de l’eau ? », « Les défis de la qualité de l’eau » et « Le juste prix de l’eau », et un espace-forum avec des ateliers pratiques et des stands de sensibilisation.
Programme détaillé :
10h ouverture des portes
10h30 Mot d’introduction et de présentation du Conseil de développement par Gilles Blanschong, co-président du Conseil de développement
10h40 Mot du Président de Lannion-Trégor Communauté, Gervais Egault
10h50 Présentation de la démarche du groupe de travail par Gérard Le Bihan, Coordinateur des travaux
L’animation des débats est assurée par le journaliste et animateur Patrice Gascoin
Table ronde « Ressource : vers une gestion durable de l’eau » Horaire : 11h – 12h30 Les sécheresses récurrentes et aggravées des dernières années ont sensibilisé les populations à l’importance cruciale de la ressource en eau. Bien que notre territoire ait été relativement épargné, sa dépendance aux eaux de surface et les variations saisonnières des besoins nécessitent une gestion proactive et adaptée.
Intervenants : Annie Bras-Denis, vice-présidente Lannion-Trégor Communauté en charge de l’environnement Thierry Burlot, président du comité de bassin Loire-Bretagne Elias Ganivet, lauréat du Prix de thèse 2024 de la Fondation Terre Solidaire Edwige Kerboriou, vice-présidente de la Chambre d’agriculture Bretagne Francis Nativel, président d’Eau et Rivières de Bretagne
Table ronde « Les défis de la qualité de l’Eau » Horaire : 14h – 15h30 Sur notre territoire, l’eau du robinet provient à 26% de nappes souterraines et à 74% des eaux de surface, telles que les rivières, les fleuves et les nappes superficielles. L’eau prélevée est ensuite purifiée en fonction de sa qualité. La qualité du milieu est essentielle pour assurer la qualité de l’eau consommée. Des études sont réalisées au plus près des territoires pour apporter des éléments de connaissances et de méthodes facilitant la gestion de la ressource en eau, dans un contexte d’évolution des besoins et de changement climatique. Certaines eaux nécessitent seulement l’élimination des impuretés naturelles, suivie d’une désinfection. En présence de polluants, des procédés plus complexes sont mis en œuvre. L’eau du robinet fait l’objet d’un suivi rigoureux avec plus de 14 000 prélèvements et 740 000 analyses réalisés en Bretagne par l’Agence Régionale de Santé en 2021, faisant d’elle l’un des produits alimentaires les plus contrôlés.
Intervenants : Cédric Seureau, vice-président de Lannion-Trégor Communauté en charge de l’eau, de l’assainissement et des eaux pluviales urbaines Jean-Yves Le Corre, président du Syndicat intercommunal d’adduction en eau potable de Traou-Long Stéphane Le Goff, Responsable de la cellule technique réglementaire de Lannion-Trégor Communauté Dominique Le Goux, chargée de mission « Santé et Environnement » d’Eau et Rivières de Bretagne
Table ronde « Le Juste prix de l’eau » Horaire : 16h – 17h La tarification de l’eau est une préoccupation majeure pour les usagers. Sur notre territoire, elle reflète une diversité d’histoires locales en matière de gestion de l’eau et d’investissements passés. Avec des réseaux déployés dans les années 60-70, des infrastructures vieillissantes (stations de traitement, canalisations), et la nécessité de modernisation, comment ces enjeux influencent-ils la facture ? Intervenant : Cédric Seureau, vice-président -Lannion-Trégor Communauté en charge de l’eau, de l’assainissement et des eaux pluviales urbaines Yveline Lechenne, Association Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV)
17h : conclusion par Christian Baudu, président de l’association « Les hydrophiles » et auteur du roman graphique « L’urgence de l’eau, enquête à la source » aux éditions locus-solus sera le grand témoin de la journée.
Deuxième édition du Printemps des Transitions le dimanche 23 mars à Saint-Martin-Des-Champs (29)
Dimanche 23 mars, un collectif de huit associations (En Vrac à l’Ouest, Resam, Pôle ESS du Pays de Morlaix, Bretagne Vivante, Héol-Agence Locale pour l’Energie et le Climat du Pays de Morlaix, Au Fil du Queffleuth et de la Penzé, Ulamir-CPIE et Eco-Bretons), en partenariat avec Morlaix Communauté, propose la deuxième édition du « Printemps des Transitions », au Roudour à Saint-Martin-Des-Champs (29). Au programme : des conférences, ateliers, animations, spectacle pour enfants…Ainsi qu’un « village des associations locales » réunissant les acteurs et actrices des transitions sur le territoire.
Cette année, le festival fait peau neuve, organisé par un collectif de huit acteurs associatifs du territoire, en partenariat avec Morlaix Communauté. Objectif de cette deuxième édition : être un événement encore plus ludique et interactif.
Au programme de la journée, qui se déroulera de 10h à 18h : conférences, animations, expos, ateliers, spectacle pour les enfants…
Les grands temps forts :
10 h : Présentation du projet de Sécurité Sociale de l’Alimentation, par le Collectif SSA du Pays de Morlaix.
11h30 : spectacle de la Drim Tim, troupe de théâtre d’impro de Morlaix.
16h : Spectacle pour enfants « le super pouvoir de l’eau », par le Théâtre à Molette.
17h : Conférence de Claire Cariou, alias l’Eclaireuz, fondatrice de l’association « Cote Waste », qui évoquera son tour de Bretagne à vélo à la rencontre de démarches zéro déchet mises en place par les professionnels.
Tout au long de la journée, le « village des associations » proposera des animations en continu. On pourra ainsi découvrir pas moins de 19 structures, et de nombreuses activités autour de la réduction des déchets (faire sa lessive, coudre son sac à vrac, faire un beewrap, découvrir le compost, comparer le poids de sa poubelle…), de l’énergie (décryptage des factures d’électricité, découvrir la production d’énergie citoyenne et renouvelable…), de l’alimentation (quizz sur le gaspillage alimentaire…), de la biodiversité (atelier de fabrication d’hôtel à insectes, découverte des plantes sauvages comestibles…)…Des temps d’échanges autour de l’eau, de l’habitat, de la monnaie… sont également prévus. un « repair café » permettra d’apprendre à réparer ses petits objets du quotidien (petit électroménager, jouets…).
Le jeune public ne sera pas oublié : des ateliers de fabrication d’instruments de musique avec du matériel de récupération, de décoration à partir d’éléments naturels, de pâte à modeler… sont au menu.
Eco-Bretons sera également de la partie, avec un stand partagé avec le Pôle ESS du Pays de Morlaix. Vous pourrez y retrouver notamment une présentation de différents titres de presse alternative et « pas pareille ».
A noter, deux nouveautés cette année : les paiements sur le festival se feront exclusivement en Buzuks, la monnaie locale. Il sera possible d’échanger des euros en Buzuks dès l’entrée, et ce, sans avoir à adhérer à l’association. Les Buzuks restants pourront être échangés en euros à la sortie.
Une « zone de gratuite » sera également installée pour la première fois. Le principe est le suivant : déposez un objet propre, réutilisable, et dont vous ne vous servez plus, et repartez avec un autre (jouet, livre, outil, vaisselle, vêtements…).
Botmeur se lance à son tour dans un projet d’éco-hameau d’habitats réversibles
La petite commune de Botmeur (29), dans les Monts d’Arrée, se lance dans un projet de création d’un éco-hameau d’habitat léger, accompagné par l’association Hameaux Légers. Sur un terrain de 5790 m2 vont pouvoir s’installer 8 foyers. Un appel est lancé pour trouver le collectif d’habitant.e.s qui occupera le lieu.
Après Commana et Plouigneau, c’est au tour de la commune de Botmeur, 225 habitants au cœur des Monts d’Arrée, de lancer un appel pour la création d’un éco-hameau d’habitats réversibles, « à faible empreinte écologique et sans imperméabilisation des sols ».
Un terrain communal de 5790 m2 va être aménagé et loué grâce à un bail emphytéotique de 99 ans, pour permettre l’installation de huit foyers dans des habitats réversibles. Particularité de ce qu’on appelle des « habitats réversibles » : ils doivent être mobiles, biodégradables, transportables ou démontables, et sans fondation en béton, comme par exemple les tiny house, yourte, Kerterre, Ty Paille…
Si chaque foyer possédera son habitation, il faudra aussi partager« des espaces communs avec
ses voisins (buanderie, chambre d’amis, salle commune, etc) afin de réduire les coûts et l’impact
écologique tout en créant du lien. », précise l’association Hameaux Légers, qui accompagne le projet de Botmeur.
Pour trouver les habitant.e.s, de l’éco-hameau, un appel est lancé aux groupes constitués d’au moins trois foyers, et ce jusqu’au 16 juin 2025, pour une installation dès l’été 2026. L’association Hameaux Légers organise des temps de rencontres pour former des groupes, à distance. La prochaine visioconférence aura lieu le 17 mars, de 18h à 20h.
Un week-end spécial sera aussi organisé, les 5 et 6 avril, à Botmeur. Les groupes seront ensuite accompagnés par l’association pour monter leurs projets à remettre au plus tard le lundi 16 juin par mailet en papier en mairie.
A Morlaix, entre Argentine et Viêtnam, deux soirées au chevet du vivant menacé
Dans le cadre du Festival des Solidarités du Pays de Morlaix, qui programme depuis novembre 2024 des temps forts consacrés aux droits environnementaux des peuples,deux soirées sont proposées en clôture durant ce mois de mars 2025, autour des dégâts causés aux vivants depuis des décennies par la face très sombre de l’industrie chimique et ses entrelacs militaires et civils. Un premier volet de ce diptyque « Nos droits environnementaux/Nos corps empoisonnés », se décline avec un ciné-rencontre « Le grain et l’ivraie », le 18 mars à La Salamandre/SEW, puis avec un spectacle de Marine Bachelot Nguyen. « Nos corps empoisonnés », au Théâtre de Morlaix le 1er avril. Deux événements qui sont le fruit d’un partenariat avec Le cinéma La Salamandre/SEW, le Théâtre du Pays de Morlaix, le Lycée Agricole de Suscinio – avec son projet DRAC/KARTA Région Bretagne/Théâtre autour de l’engagement en matière d’écologie – et Eco-Bretons.
La première soirée à laquelle participeront des élèves du lycée en bac Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant/STAV ainsi que des étudiant.es en BTS gestion et protection de la nature/GPN, nous donne à voir, avec le film de Fernando Solanas « Le grain et l’ivraie », les conséquences néfastes sur les plans sociaux et environnementaux du modèle agro-industriel argentin. En plus de le dénoncer, le réalisateur nous montre qu’un autre modèle, inspiré de pratiques séculaires en harmonie avec le vivant, est possible.
Après la projection, une discussion nourrie sera animée par Eco-Bretons, avec :
Veronica Gomes Tomas*, juriste spécialiste en droit international de l’environnement qui allie engagement associatif et expertise juridique en France et en Argentine ;
Marine Bachelot-Nguyen, metteuse en scène franco-viêtnamienne de la pièce « Nos corps empoisonnés », retraçant l’histoire exemplaire de la journaliste Tran To Nga** et de son combat depuis les années 1960 auprès des victimes de l’agent orange ;
Rachida Collet, professeure en agronomie/biologie/écologie au lycée agricole de Suscinio qui enseigne notamment l’agro-écologie.
En interaction avec le public, ces échanges permettront de mettre en lumière une continuité dans l’utilisation de molécules chimiques de synthèse fabriquées pour tuer le vivant, que ce soit en temps de guerre, comme ce fut le cas de « l’agent orange », herbicide épandu massivement sur les sols et les populations durant la guerre du Viêtnam, entre 1962 et 1971, comme en temps de paix où la guerre aux vivants se poursuit, en Argentine comme partout ailleurs dans le monde où le « business as usual » de l’industrie agrochimique mondialisée prend le dessus sur nos intérêts communs vitaux.
« Le grain et l’ivraie » : une autre vision de l’Argentine
« Pour ces maudits haricots ( le soja), l’Argentine s’est vendue, a dépeuplé son territoire, a détruit son écosystème et a ruiné sa biodiversité »
Jorge Rulli, expert en eco-agriculture
Le documentaire « Le Grain et l’ivraie » produit et réalisé en 2017 par Fernando Solanas nous montre une autre vision de l’Argentine. Culture de soja expansive, agriculture transgénique, épandages et fumigations abondants d’agro-toxiques sur les cultures… voilà aujourd’hui le modèle de l’agro-industrie du pays. Ce modèle, bien que très productif et économique pour les grandes industries et multinationales a provoqué de nombreux effets néfastes aussi bien sur l’environnement que les populations locales. En effet, l’implantation toujours plus grande de soja transgénique a entrainé, en plus d’une déforestation massive, l’expulsion des populations aborigènes de leurs propres terres ancestrales ainsi que la destruction de leurs ressources alimentaires vitales, ce qui est contraire à la loi internationale de protection de la forêt primaire. De plus, l’épandage et les fumigations d’agro-toxiques à proximité des lieux de vie ont provoqué, en plus d’un exode rural, la multiplication de maladies respiratoires ainsi que de cancers et de malformations.
Des témoignages poignants mais aussi… des alternatives qui existent et peuvent s’appliquer
Avec une atmosphère parfois sombre, «le Grain et l’Ivraie » met en lumière les témoignages authentiques et poignants des populations locales intoxiquées, des agriculteurs ruinés par l’achat d’intrants chimiques provenant de l’agro-industrie ainsi que des chercheurs universitaires ayant prouvé le lien entre l’utilisation de produits chimiques dans l’agriculture et le taux de maladies élevé. Une note d’espoir vient montrer qu’une autre agriculture, écologique est possible et qu’il est possible de produire de manière saine des aliments sans pesticides pour régénérer la biodiversité perdues sans pour autant détruire des forêts primaires.
Nos corps empoisonnés : L’histoire vraie d’une héroïne des temps modernes
« Nos corps empoisonnés retrace l’histoire de Tran To Nga, viêtnamienne engagée toute sa vie dans de multiples combats et plus particulièrement dénonçant les ravages de l’agent orange, un poison pour les organismes vivants, humains et pour la terre.
Jeune résistante dans le maquis pendant la guerre du Viêtnam, Tran To Nga est exposée comme des milliers d’autres civils aux épandages de l’agent orange commandé par l’Armée et le gouvernement américain aux firmes multinationales de la chimie. Depuis la France, elle poursuit aujourd’hui sa lutte en assignant devant les tribunaux une quinzaine de sociétés agro-chimiques responsables de la production de ce produit qui contamine la terre et les corps sur plusieurs générations. Son existence et ses combats s’inscrivent dans les pages de l’Histoire contemporaine, dans leur dimension politique, économique, humaine et écologique. Un crime contre le vivant, qui entre en résonance avec d’autres entreprises de dévastation passées et en cours.
Incarné et porté admirablement par la jeune comédienne Angélica-Kiyomi Tisseyre Sékiné, ce récit théâtral entrelace texte et images d’archives se tissant avec la vie de cette femme hors normes. Il raconte la vitalité de corps blessés et contaminés par les tragédies de l’Histoire, toujours en lutte et en résilience.
Débat- table ronde au lycée de Suscinio, mardi 18 mars à 18h avec la metteure en scène Marine Bachelot Nguyen, en partenariat avec Festisol. »
Distro, la coopérative bretonne qui développe le réemploi des bouteilles en verre
La coopérative bretonne Distro travaille au développement du réemploi du verre en Bretagne. Dans la campagne de Grand-Champ, non loin de Vannes, elle trie les bouteilles en verre consignées, qu’elle collecte auprès de distributeurs et producteurs bretons, avant de les envoyer dans deux centres près de Nantes pour être lavées. Depuis 2021, plus de 400 000 bouteilles ont ainsi été réemployées. Distro s’apprête à l’expérimentation nationale lancée par Citeo, qui aura lieu dans trois régions françaises, dont la Bretagne. Rencontre.
Située dans la campagne de Grand-Champ, non loin de Vannes (56), la Ferme de l’Oncle Patate est un lieu atypique. De par son nom, déjà. Mais aussi par ses trois activités. La ferme n’est pas seulement un lieu de production de pommes de terre bio, on y trouve aussi la plateforme de la filière « légumes bio » du Morbihan, et, plus étonnant, la coopérative Distro. Celle-ci y a pris ses quartiers « depuis avril 2024 » raconte Robin Langiano, responsable logistique.
La Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) Distro est née en 2022, après avoir été pendant quelques années une association. Son objectif : développer le retour de la consigne du verre en Bretagne. Elle structure une filière composée « de producteurs, de points de vente, d’imprimeurs, de citoyen.ne.s… », explique Robin.
Distro gère ainsi la collecte des bouteilles consignées dans une soixantaine de points de distribution (cavistes, réseau Biocoop…), dans le Finistère, les Côtes-d’Armor et le Morbihan. « La collecte se fait également chez certains brasseurs ou cidriers », précise Robin. Dans le hangar de Grand-Champ, elles sont triées et « massifiées », c’est-à-dire stockées par format différent, avant de prendre la route pour deux centres de lavages situés à Clisson et Carquefou en Loire-Atlantique. « La rotation est rapide pour les bouteilles de 75 cl, les plus courantes, mais un peu plus longue pour les bouteilles de vin », analyse le jeune homme. Dans le hangar, des « pallox » sorte de grands casiers, permettent de stocker les bouteilles de bières, de cidre, de vin, de jus…, qui, pour celles du Morbihan, arrivent par casiers, du fait de collectes plus fréquentes. Entre 8000 et 10000 bouteilles transitent ainsi ici chaque mois.
Hormis la collecte et le lavage, Distro accompagne également les producteurs qui souhaitent se lancer dans l’aventure. La coopérative distille des conseils sur le contenant (choix de bouteilles pouvant résister à plusieurs dizaines de cycles) et sur les étiquettes, un enjeu important, car il faut qu’elles puissent se désagréger facilement dans le bain de lavage. Elle travaille pour cela avec des imprimeurs pour trouver la bonne formule.
S’installer à Grand-Champ est un choix intéressant du point de vue logistique, d’après Robin. « Distro collecte les bouteilles chez Biocoop, où sont livrés aussi les légumes via la plateforme de la filière légumes bio. Ceci nous permet de mutualiser les trajets des camions, car les points de livraisons de légumes sont également les points de collectes des bouteilles ». Un avantage économique et environnemental non négligeable pour la coopérative, qui est cohérent avec les valeurs qu’elle porte. « L’économie circulaire et les circuits courts font partie de l’ADN de Distro », affirme Robin. Sans oublier que « l’un des enjeux dans le réemploi est d’optimiser les boucles logistiques. L’objectif in fine est que les bouteilles réemployées reviennent moins cher, ce qui peut être aussi une incitation à y recourir pour le producteur ».
Et de plus en plus de professionnels semblent avoir recours au réemploi. Depuis 2021, ce sont ainsi 400 000 bouteilles qui ont été réemployées grâce à Distro.
A partir de mai, les chiffres devraient s’envoler, du fait du lancement avec Citeo d’une grande expérimentation nationale sur la consigne, dans trois régions de France, dont la Bretagne. Distro se prépare au changement d’échelle. Une activité d’achat groupé de verre neuf réemployable devrait également être lancée dans l’année.
Dans les papiers végétaux et cartes du vivant de Laura Conill
Originaire de la région lyonnaise, Laura Conill, est une artiste-designeuse-papetière au sourire radieux, passionnée du vivant, qui s’est établie depuis quelques années en Bretagne, à Morlaix précisément. Cette diplômée en archéologie et philosophie de l’art s’est ensuite tournée vers une pratique plastique en se formant à la Haute école des arts du Rhin. « Dans ce mélange de formations, je trouve une méthodologie commune et hybride entre la recherche de récits, d’inventions d’histoires à partir de fragments et expérimentations, pour proposer d’autres modes de vie possibles », dit-elle.
Laura Conill fait de son récent lieu de vie finistérien, un terrain de découverte, d’expérimentation et de création, entre terre et mer, résolument sous le signe du lien, de là-bas – Indonésie, Vietnam, Mexique, Etats-Unis, Inde… – à ici, dans un esprit low-tech : « ma démarche évolue différemment selon le projet, pour construire des projets incrémentalistes (ndlr : qui se construisent petit à petit, par des ajouts continuels), des toiles d’araignées tissées entre personnes, lieux, matières et techniques. La création engagée est ce qui me fait voyager plusieurs mois en Asie et à Détroit à la recherche de créateur.trices impliquées dans des questions environnementales et sociales, et créer en rentrant en Alsace un collectif, avec trois autres designeuses – Chloé, Morgane et Louna – nommé Bouillons (voir encadré au bas de l’article). »
Laura n’est pas arrivée seule en Bretagne, une autre membre du collectif Bouillons, l’artiste-céramiste Morgane Lozahic à laquelle nous consacrerons également un sujet, s’est établie non loin de Morlaix, à Plougasnou. Parallèlement à leurs projets respectifs, elles travaillent ensemble et toujours avec le collectif Bouillons.
Les projets de Laura Conill se conjuguent toujours en mode collaboratif, avec les habitants humains et non-humains, avec des artistes, des associations : « à travers la coopération et la collaboration avec des métiers différents, mais aussi via le partage de savoir-faire du papier artisanal, de techniques de valorisation des rebuts de matières et du végétal, je crée des objets et des événements qui rassemblent, questionnent et sensibilisent. ».
Cartoletto ou carte-lit, carte qui se lit, carte qui nous relie aux vivants
C’est ainsi qu’en mai 2024, à la faveur d’un appel à projets de la Région Bretagne, « Aide aux jeunes artistes plasticien·ne·s en Bretagne », auquel a répondu l’association Les Moyens du bord, Laura Conill s’est installée en résidence de création aux Chiffonniers de la Joie pour un projet artistique de cartographie géante qui fait actuellement l’objet de l’exposition Cartoletto, jusqu’au 9 mai 2025, à l’espace du Roudour de Saint-Martin-des-Champs.
Sur la page de couverture du petit livret d’accompagnement de l’exposition Cartoletto, concocté par l’artiste et sobrement intitulé Cahier de terrain, s’y déplie dans tous les sens, ce mot italien : « La carte-lit, de l’italien « carta » : carte, papier, et « letto » : lit. La carte comme une image qui se lit, la carte lue. La carte comme feuille de papier artisanal. Le lit en tamis papetier géant. Le lit comme le point d’ancrage d’un lieu de vie. Le lit de la rivière de Morlaix. »
A l’intérieur de ce Cahier de terrain, « des nourritures livresques et notes de carnet » où se côtoient des extraits d’ouvrages tels que « Le patrimoine culturel de la calligraphie et de l’impression du Gansu » par Yi Xumei, Liu Xiumen ou encore d’archives Archimer « Le microplancton des rivières de Morlaix et de la Penzé » de Gérard Paulmier. Et aussi des citations du philosophe Baptiste Morizot, de l’écrivaine-plasticienne Claudie Hunzinger, de l’écrivaine Juliette Rousseau… des croquis, de la rivière de Morlaix, qui accompagnent la liste des algues et plantes marines et celle des planctons et animalcules de la baie de Morlaix, ainsi qu’un lexique des couleurs végétales des pâtes à papier.
Mais faisons ensemble un petit bond en arrière, jusqu’à la genèse de ce projet.
Collaborer pour créer
Collaborer pour créer, c’est précisément le fil rouge choisi par Les Moyens du bord pour la programmation de ses événements tout au long de cette année 2025, à commencer par l’exposition Cartoletto de Laura Conill. Et cet article lui-même est le fruit d’une collaboration puisque ce sont les mots de l’artiste qui prennent maintenant le relai pour vous relater les coulisses du projet.
Cartoletto s’est imaginé en collaboration avec plusieurs acteurs du territoire pour créer des cartes d’écosystèmes, géographiques et sensibles, des cartes géantes aussi, créées en papier artisanal, qui traduisent l’histoire du lieu et de ses habitant.e.s, du vivant, dans la baie de Morlaix, en mer, et des imaginaires noués autour. « Ces grandes cartes en papier artisanal sont des cartes qui racontent, sensibilisent, informent, traduisent et sentimentent, qu’on ne peut créer qu’à plusieurs mains. »
Parmi ces acteurs : Les Chiffonniers de la joie, comme lieu de création des outils papetiers et des grandes feuilles ; Les Moyens du Bord, pour le lieu d’atelier, l’accompagnement artistique, et pour la teinture végétale du papier avec des plantes locales ; Gladenez, association de préservation du patrimoine de l’île de Batz, comme lien avec les fours à goémons et goémoniers, la récolte de laminaires et de cendres de laminaires ; l’association Traon Nevez, pour la récolte de fibres sur le site ; les deux créateurs de microscopes à plancton à Morlaix, pour l’utilisation de leur microscope afin de lire les cartes à l’eau de mer.
Le projet a été collectif et s’est articulé autour des personnes qui gravitent aux Chiffonniers de la joie. En effet, il s’agissait d’installer un atelier saisonnier de fabrique de papier artisanal, avec les personnes-ressources (équipe, bénévoles, public) et les ressources-matières des Chiffonniers. Cet atelier est une fabrique où les outils papetiers sont à l’échelle du lieu, fabriqués sur place, pour ensuite créer les cartes géantes.
A l’aide de sommiers de lits réassemblés, de grillages, mais aussi de l’atelier bois et métal des Chiffonniers, il s’agit de construire des tamis papetiers géants, et créer des grandes compositions de papier artisanal, ces grandes feuilles de papier recyclé ou végétal qui sont devenues des cartes à lire. Pour créer de telles feuilles, il y a eu tout un processus collaboratif, car la feuille nécessite d’être soulevée et balancée à plusieurs mains, dans une harmonie et une coordination des gestes, qui suit le savoir-faire papetier mais en créant des feuilles de géant.e.s. Il y avait aussi d’autres outils de création liés au papier à construire, comme une pile hollandaise. Les grandes cartes créées sont en lien avec l’écosystème de Morlaix, son contexte, ses lignes du territoires de la mer et de la terre, et ses plantes qui créent les couleurs et les fibres du projet.
Tamis géant utilisé dans le cadre d’un des ateliers de fabrication de papier que Laura anime depuis son arrivée, dans le lavoir du site de Traon-Nevez (Dourduff-en-mer/Plouézoc’h) où elle exposait également quelques-unes de ses créations de papier végétal.
Une exposition mêlant étroitement art et sciences
Il s’agissait de comprendre le territoire ensemble et voir quelles plantes de terre ou de mer locales pouvaient teinter naturellement les pâtes à papier, fabriquer des encres pour l’impression sur les cartes. La recherche prévue était aussi de prélever des échantillons d’eau de mer dans la baie de Morlaix, pour créer des feuilles à l’eau de mer, et collecter dans chaque feuille de papier formée une cartographie minuscule de cet écosystème : les planctons, les micro-plastiques, les algues récoltés : toutes non visibles à l’oeil nu. C’est avec l’organisation Plankton Planet – œuvrant pour une océanographie internationale et citoyenne dédiée au plancton – et les scientifiques de Fairscope que l’artiste a effectué ces échantillonnage d’eau de mer.
Chaque feuille assemblée avec les autres feuilles/échantillons compose ainsi une grande carte de la zone, une grande cartographie merrienne et terrienne, toujours avec les plantes tinctoriales du territoire de la baie de Morlaix. Laura Conill aimerait aussi poursuivre ses recherches entamées avec des personnes de l’île de Batz : faire du papier de laminaires, en lien avec les fours à goémons et la soude de laminaires.
Il y a plusieurs degrés, didactiques, de lecture dans les cartes créées : à parcourir du regard et y voir les détails d’espèces rencontrées, flux de migrations, villes, plantes, par des traits et formes colorées, créées avec une technique d’impression papetière et par l’impression en gravure. L’autre niveau de lecture est possible avec un microscope parcourant toute la carte, et voir la vie minuscule figée dans le papier, enserrée dans ses fibres. Les planctons sont là, visibles, comme un herbier du vivant, avec les débris d’algues, et les poussières de plastique, reflétant ainsi la globalité des prélèvements à cet instant donné.
Les compositions finales sont à parcourir avec ces deux dimensions, comme une grande carte de navigation qui aurait des mystères et trésors cachés à l’intérieur, une carte sensible aussi, qui signifie, montre à un instant T son état, et comment elle peut encore changer. Les grandes compositions sont vouées à changer de lignes de territoire dans quelques années, et donc c’est un travail vivant qui continuera dans le changement des couleurs et le rajout de pâte à papier sur les cartes. Il s’agit donc de sensibiliser par ce prisme art/science aux changements des écosystèmes, à ce qu’on doit protéger autour de nous et ce qui ne doit pas disparaître.
Laura Conill organise des ateliers d’initiation à la technique papetière, pour créer des feuilles de papier artisanal aux couleurs de saison. Par le biais d’une cueillette de plantes locales et de la technique de l’inclusion végétale, des compositions sont ainsi réalisées dans les papiers créés, en jouant sur les couleurs, tailles et épaisseurs des papiers fabriqués.
Et pour celles et ceux qui souhaitent parfaire leurs connaissances et pratiques, elle a publié en juin 2024, un livre intitulé « Faire son papier – recyclé, artisanal, végétal » (ulmer éditeur)
Interview de Laura Conill effectuée à Traon Nevez, l’été dernier :
Bouillons, Un atelier de création engagée pour le vivant
« Nous sommes Bouillons, un atelier de création engagée pour le vivant regroupant quatre designeuses-artistes. Au sein de cet atelier, nous travaillons sur les problématiques écologiques actuelles, qu’elles soient environnementales ou sociales. Nous maîtrisons des compétences
artisanales variées et complémentaires dans cet atelier : le papier artisanal, la teinture naturelle, la céramique, le tissage manuel, la couture et l’illustration. Nous investissons ces savoir-faire dans
des moments de création, de rencontres, de partage et de transmission, que nous mettons en place dans différents cadres et avec des publics variés.
Nous aimons introduire la création dans des secteurs qui ne pensent pas y être destinés, tout comme nous aimons que d’autres univers et métiers s’introduisent dans notre activité. Nous souhaitons mêler nos compétences à celles d’autres personnes d’un écosystème local.
Bouillons est aussi un atelier de production d’objets et d’idées : nous partons des rebuts de matières, mais aussi du vivant, pour créer du beau, et sensibiliser différents publics.»