Ille et Bio : un salon, de multiples facettes

Après la pluie, le beau temps…si des averses ont douché le salon hier vendredi, le soleil fait de belles apparitions ce samedi. De quoi réjouir les visiteurs venus nombreux, bravant les chemins boueux subsistant encore, malgré toute la paille déversée par les bénévoles pour rendre le site plus pratiquable. En bottes ou en chaussures de randonnées, en famille, en couples ou en solo, le public arpente les allées, joliment renommées « chemin de traverse » ou « sentier de la terre ». Certains sont venus pour acheter des produits locaux (fromages, cidres, pains…) ou artisanaux (bio-bêche, chaussures, sacs, vêtements…). D’autres pour participer au salon agricole « La Terre est notre métier », dédié aux professionnels de l’agriculture biologique. D’autres encore sont venus pour écouter une ou plusieurs des nombreuses conférences et tables-rondes du week-end, portant sur des thèmes aussi variés que les circuits courts (avec le Gab 35), la transition énergétique (avec Jean-Claude Pierre, porte-parole du réseau Cohérence), l’herboristerie, le paillage avec Denis Papin, l’auto-construction avec Empreinte Eco-habitat…Sans oublier le forum des transitions ! Bref, il y en a pour tous les goûts !

 


L’écopôle construit par l’association Culture Bio, qui sera "un lieu culturel et expérimental sur l’écologie et le développement durable éthique".

 

 

Les races locales sont représentées au salon La Terre est notre métier.

 

 

Cette année, les chants étaient à l’honneur au Forum des transitions. Ici la chorale de chants de marins "Quai de l’oust"

 

 

La solidarité avec les japonais anti-nucléaire est l’un des thèmes dont on a parlé au salon…

 

 

…Tout comme la lutte contre le nucléaire en général.

 

 

 

Photos : MEG-BD

 

Les Cafés de la transition

Retrouvez Bretagne Durable au "bar à parlottes" sur le site du forum des transitions, au coeur du salon Ille et Bio. Des "cafés-transitions" sont organisés et filmés. Chacun est invité à y exprimer ses idées et à échanger autour de ce thème.

 

 

Plus d’infos

www.illeetbio.org




Le Breton sera bientôt enseigné à Harvard !

A en croire le Ouest France d’hier, un accord entre le département de breton et d’études celtiques de Rennes 2 et le département de langues et littératures celtiques de l’université américaine de Harvard vient d’être signé. Nous ne rêvons pas, la prestigieuse université permettra aux étudiants de master et de doctorat de suivre des cours et même de participer à des échanges avec leurs homologues bretons.

L’université Rennes 2 à qui l’on doit ce partenariat hors normes prévoit l’organisation régulière, de séminaires des études bretonnes ! Bien sûr, c’est dans le cadre d’enseignements spécifiques que les étudiants pourront choisir d’étudier le breton.Reste que ce n’est pas rien : l’université d’Harvard a célébré son 375è anniversaire en 2011. Reconnue pour la qualité de son enseignement, et sa stricte sélection d’entrée, sa décision de proposer ces cours aux étudiants jettera forcément un pavé dans la marre, dans la lutte pour sauvegarder notre patrimoine culturel. D’autant plus que la France n’a toujours pas ratifié la Charte européenne des langues régionales.




Jusqu’où pourrait nous mener l’agriculture transgénique et intensive ?

Après l’exposition photo Nouvelles du Gazhistan, qui mettait en lumière les dangers de l’exploitation du gaz de schiste, la photographe Alexa Brunet et Patrick Herman, paysan et journaliste, se réunissent de nouveau pour mettre au point le projet Dystopia. Cette nouvelle exposition photographique légendée nous projette dans ce que pourrait devenir l’agriculture transgénique et ses dérives dans un futur lointain…ou proche.

Du coup, Jeudi soir, des dizaines de figurants volontaires se sont mis en scène, tenue d’agriculteurs, sac vides sur le dos, pour recevoir leurs semences brevetées par des sociétés de biotechnologies végétales. "Monsanto n’est jamais ouvertement visé. Mais c’est notamment contre son hégémonie que l’on se mobilise", souligne Alexa.

La partie rédactionnelle développée par Patrick Herman, rend compte de la situation agricole actuelle, agrémentée de chiffres. "Les légendes expliquent au public de quoi les photographies sont inspirées. Lors d’un premier regard sur une photo, on croit à une pure fantaisie d’interprétation de la réalité. Après avoir lu la légende, on se dit : effectivement, nous ne sommes pas si loin de la réalité, cela pourrait arriver. Et la photo prend tout son sens" Explique Patrick.

Une fois le projet bouclé, il fera l’objet d’un portfolio dans la presse, et pourquoi pas exposé au salon de l’agriculture en 2014? 

Plus d’infos: 

Alexa Brunet est aussi l’auteure du livre "Habitats Atypiques" aux éditions images en manoeuvres, paru en 2010, et "Post Ex-Yougoslavie"aux éditions Le bec en l’air, paru en 2006.

http://www.alexabrunet.com/

 

 




Plogoff : histoire d’une lutte légendaire

1974 : Le Premier ministre Pierre Mesmer annonce un vaste plan nucléaire pour la France. En Bretagne, les habitants et les élus de Plogoff apprennent par la presse que leur petit village est pressenti pour l’implantation d’une centrale. Tandis que la plupart des hommes, qui travaillent dans la marine marchande ou de commerce, sont au large, les femmes, grâce aux réunions organisées par de jeunes militants de la région, découvrent ce qu’est l’énergie nucléaire. Beaucoup seront en première ligne de la lutte contre le projet de centrale, qui mobilisera les villageois jusqu’à son abandon, en 1981.
Restée comme une légende dans la mémoire bretonne, cette histoire vient d’être mise en bande dessinée par deux jeunes auteurs. Dans un sobre récit en noir et blanc, Delphine Le Lay et Alexis Horellou racontent de l’intérieur la mobilisation au quotidien, en particulier du point de vue des femmes. « J’en avais toujours entendu parler pendant mon enfance », explique Delphine Le Lay. « Quand mes parents faisaient visiter la pointe du Raz à des amis, ils parlaient des habitants de Plogoff qui avaient jeté des cailloux aux CRS. Pour moi, c’était un peu le village d’Astérix ! J’ai découvert ensuite qu’il avait été choisi car il était peuplé de femmes seules et de personnes âgées : on pensait qu’elles ne feraient pas d’histoires. »

« Des militants novices »

Pour écrire le scénario, Delphine s’est plongée dans les archives et s’est longuement entretenue avec des acteurs de la lutte. Inspirés de « rencontres réelles », ses deux personnages féminins sont pourtant fictifs : « Aujourd’hui, chacun reste discret sur ce qu’il s’est passé. Je ne voulais mettre personne dans l’embarras. Et la fiction m’a permis de caricaturer deux points de vue : celui d’une femme qui ne voulait pas de cette centrale chez elle, et celui d’une autre qui était opposée au nucléaire en général.  »
Jean Moalic, le personnage qui explique aux habitants en quoi consiste la production d’énergie nucléaire, est quant à lui bien réel. En 1974, il a 21 ans, habite à 15 km de Plogoff, et vient de terminer des études de math-physique. Membre d’associations écologistes, il crée, avec une dizaine de personnes, l’un des Comités locaux d’information nucléaire qui se forment alors en Bretagne. « On était des militants novices », se souvient-il. « Au début, on faisait des réunions interminables. Les gens venaient nombreux, mais n’étaient pas démonstratifs. On ne savait pas ce qu’ils pensaient. » Les militants tiennent aussi un stand sur le marché du coin. « Au fil des semaines, les habitants ont fini par s’approcher. »
Ce n’est qu’au bout de deux ans que le comité pourra mesurer l’impact de son travail : pour s’opposer à un sondage sur le site où est prévue la centrale, les villageois érigent des barrages sur lesquels ils se relaient trois jours durant. Peu à peu, Jean tisse des liens personnels avec un petit noyau d’habitants et avec le maire, qui jouera un rôle important dans la mobilisation. Comme sur le Larzac, la création d’un Groupement foncier agricole et la construction d’une bergerie donneront une forme concrète aux solidarités locales et extérieures.

« Pas plus loin que le bout de leur nez »

En 1980, la population et ses élus refusent que l’enquête d’utilité publique soit menée dans la mairie. L’Etat dépêche alors pour plusieurs semaines, sous la surveillance de nombreux gardes mobiles, un camion muni d’un panneau « Mairie annexe ». De cette période douloureuse, que le village vit comme une occupation, il reste un précieux témoignage : auteurs de diaporamas sur la Bretagne, Nicole et Félix Le Garrec en ont fait leur premier film. Durant le tournage, les jeunes réalisateurs, qui ont hypothéqué leur maison pour payer la pellicule, sont adoptés par Plogoff. « On n’avait rien demandé mais quand on projetait les rushs, les gens mettaient un seau pour récolter de l’argent. »
La sortie en salles du documentaire est un succès : « Les images des violences policières créaient un choc chez le public », se souvient Nicole. « Les luttes n’étaient pas médiatisées comme aujourd’hui. On entendait des choses comme : « Les Bretons ont peur du nucléaire comme les Gaulois avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête », ou bien « la Bretagne est le nez de la France, et les Bretons ne voient pas plus loin que le bout de leur nez ». Moi, la moutarde me montait au nez ! »
Dans cette guerre psychologique, l’Etat trouve à qui parler. Les femmes déstabilisent les jeunes militaires en les interrogeant sur les raisons de leur présence. « Les hommes ont été étonnés de les voir prendre le taureau par les cornes de façon si déterminée », témoigne Nicole. « Elles ont trouvé une attitude qui leur convenait : ne pas jeter de pierres, mais interpeler. Plus tard, un ancien garde mobile m’a dit : « On nous avait formés à nous battre contre des étudiants, pas à mettre des gaz lacrymo à une grand-mère. On était mal. »

Après le départ des CRS, la tension et l’incertitude restent fortes. Lors d’une manifestation à Quimper devant les locaux d’EDF, les opposants trouvent les bureaux ouverts et sans protection. A l’intérieur, dans les registres posés en évidence sur les tables, figurent les noms de villageois qui ont vendu des parcelles à EDF… « C’était un piège. Le soir même, une chasse aux sorcières commençait dans le village », se souvient Jean Moalic. « Cette anecdote montre qu’il est important, dans une lutte, d’avoir un noyau dur de personnes qui se font totalement confiance, à l’exemple des 102 du Larzac qui ont prêté serment. »

La lutte, et les divisions qui l’ont suivie, ont laissé des cicatrices à Plogoff. Aujourd’hui encore, les acteurs de cette mobilisation peu ordinaire ont du mal à en parler. Mais la bande dessinée et le cinéma le font pour eux : le film « Plogoff, des pierres contre des fusils » n’en finit pas de tourner dans toute la France, et ses auteurs d’être invités par des associations, des facultés… « Il est beaucoup piraté », confie Nicole. « Ça me réjouit que les jeunes s’y intéressent, qu’il y ait cette transmission.  »

 

Plogoff, de Delphine Le Lay et Alexis Horellou, Delcourt, 2013, 14,95 euros.

 




L’art de vivre au bout du monde

C’est un Ovni dans la planète festivals. Tentez le coup, vous ne serez pas décus ! 2 familles, dont 4 adultes et 6 enfants, 1 poussette, 1 cariole bi-place… et pas de stress. Le festival du bout du monde en famille, c’est sans problème. Peut-être d’ailleurs est-ce l’un des seuls festivals de l’été à vous proposer autant de solutions pour répondre à vos appréhensions…

Pas d’agression sonore

Vous craignez pour les oreilles de vos bambins. Pas de souci. A l’espace "enfants", situé au milieu du festival, vous pourrez louer des casques de chantier pour les équiper contre les agressions sonores. Pour les moins jeunes, des boules quies sont également à disposition au stand de l’orange bleue, où des bénévoles vous proposeront de vous protéger les tympans.
Toujours sur le stand "enfants", profitez-en pour proposer à vos bambins des ateliers découverte entre 2 concerts. Et s’ils ont plus de 6 ans, vous pourrez même les confier une heure ou deux aux sympatiques bénévoles qui s’occuperont d’eux comme des chefs, pour le plaisir des petits comme des grands !

Gastronomie en musique

Une fois la question sonore réglée, vous pourrez vous diriger vers les nombreux stands qui proposent de manger bio, local et de saison. Notre coup de coeur : la saucisse de Molène. Imbattable ! Les pâtes bio sont aussi franchement délicieuses avec un bonne bière bretonne ou un bon vin sous le chapiteau. Et des fruits de saison comme dessert, parfait ! Ca change des éternelles frites et kébabs des vieilles charrues qu’on a toujours pas digérés (oups, on avait dit pas de comparaison surtout qu’on aime bien les charrues…).

Accessibilité pour tous

Autre point fort : zéro déchet sur le site. Et les déchets sont triés. Ca fait plaisir de voir qu’il est clairement possible de concilier écologie et évènement festif. On a beau chercher un point faible, une critique… rien ! Tout le monde peut accèder au site : familles, personnes handicapées, personnes âgées,.. (elles étaient nombreuses ce we à profiter du bout du monde et on s’en réjouit !). Le bout du monde : c’est vraiment de 7 à 77 ans.

 

Plus d’infos

www.festivalduboutdumonde.com/

 

 

 




Il tisse leurs toiles

Bruno Mével s’intéresse de près, de très près même aux minuscules gouttes d’eau suspendues sur les toiles d’araignées « comparables aux mandalas indiens, ces motifs avec des figures géométriques qui sont utilisées pour la méditation chez les hindous » raconte le photographe poète. Il s’agit, avec ces photos, de « découvrir différentes textures, lignes, motifs, que l’on peut voir régulièrement dans la nature, quelquechose de commun ». Depuis son adolescence, Bruno Mével est un passionné de photographie. L’idée d’immortaliser des toiles d’araignées lui est venue un matin, en découvrant l’effet étonnant que pouvaient provoquer les gouttes d’eau sur celles-ci. Un travail d’image, qui au delà de l’esthétisme, exprime un lien avec l’écologie selon lui : «Tout cela nous ramène à l’instant présent. Il faut regarder ce qu’il y a autour de nous. Ca, c’est la base de l’écologie, il faut déjà s’occuper de ce qui se passe près de nous. Et pour cela, il faut juste prendre le temps de s’arrêter et de contemple pour s’émerveiller! ».

Plus d’infos : exposition de Bruno Mével, au Bar le Tempo à Morlaix, du lundi 1er mars au vendredi 5 mars. Entrée gratuite. Tout le programme du festival Li’Voir disponible ici