La CFDT, l’ARF et la Fondation Nicolas Hulot portent en commun quatre mesures concrètes pour l’emploi

1. Mieux accompagner les salariés et demandeurs d’emplois, les entreprises et les territoires en mettant en place, dans chaque région, une gestion territoriale des emplois et des compétences «transition écologique» (GTEC TE). Pilotée par l’Etat, les régions et les partenaires sociaux organisés à l’échelle régionale, elle doit être dotée de moyens adaptés et territorialisée en fonction des enjeux locaux. Un diagnostic territorial partagé doit permettre de cibler prioritairement l’identification des secteurs et des compétences qui doivent évoluer. Une volonté d’opérationnalité, la définition de scénarios prospectifs, la mobilisation des dispositifs existants (conseillers en évolution professionnelle, plateformes d’information et d’orientation sur les métiers) sont autant de conditions de réussite de cet exercice.
Dans les cas d’arrêt d’activités, un dispositif de reconversion s’appuyant sur les opportunités de l’économie verte sur les territoires affectés pourrait être systématiquement mis en place, dans le cadre du dialogue social et en utilisant les outils de droit commun.

 

 

2. Changer d’échelle sur la formation des professionnels du bâtiment. Les formations disponibles pour les professionnels du bâtiment (qui sont et seront mobilisés pour répondre aux besoins liés à la réduction de la consommation énergétique des bâtiments) sont aujourd’hui insuffisantes. Un changement d’échelle quantitatif et qualitatif est nécessaire. Le renforcement du dispositif FEEBAT est à envisager à l’aune d’une amélioration du niveau des formations, de la montée en compétence des formateurs et de son inscription dans le processus d’obtention du label RGE qui devient le pivot de l’éco-conditionnalité des aides. Le développement d’une offre adaptée pour les entreprises de la maîtrise d’œuvre est par ailleurs essentiel car elles seront les interlocuteurs privilégiés des ménages sur des chantiers complexes. Les conditions de financement doivent être assurées.

 

3. Accélérer l’évolution de l’offre de formation initiale et continue. L’offre de formation doit être orientée par les besoins de demain, intégrant l’ensemble des domaines concernés par la transition écologique. Pour cela, il sera nécessaire de couvrir tous les niveaux de formation : lycées généraux, professionnels, lycées agricoles, centres de formation d’apprentis, formation continue…
Les Régions devront également mobiliser pleinement le levier de la commande publique de formation pour développer des nouveaux modules ciblés et favoriser un renforcement global de la qualité des formations aux «métiers verts».
Le renforcement et la généralisation des observatoires prospectifs de branche prévus par l’accord interprofessionnel de 2009 contribueront aussi utilement à une meilleure gestion de l’offre. Plus globalement, l’Etat pourrait lancer une dynamique pour inciter les partenaires sociaux à lancer des négociations de branche sur la transition écologique

 

4. Favoriser l’attractivité des métiers de la transition écologique
Une meilleure valorisation des métiers de l’écologie (dont ceux de la biodiversité encore méconnus) est nécessaire. Elle doit faire l’objet de campagnes de communication grand public, par exemple à l’initiative de l’ADEME. Il convient également d’inciter les organismes impliqués dans l’orientation (Pôles Emploi, Missions Locales, Maisons Emploi Formation, PLIE, etc) à mieux appréhender les opportunités offertes par la transition.
Les organismes prescripteurs de formations doivent également mieux intégrer la transition écologique dans leurs référentiels.




Un acteur de la biodiversité : Jean-François Glinec

Tout comme 300 bénévoles sur le grand ouest, il participe à l’inventaire permanent de la flore pour le Conservatoire national botanique de Brest (CBNB). En effet, le conservatoire réalise des études de répartitions qui passent en revue chaque espèce végétale et les localisent. M.Glinec a contribué à l’élaboration du livre La flore en Finistère aux éditions SILOE.

M. Glinec inventorie la flore d’un endroit donné et remplit un bordereau qui est transmis à Brest avec la localisation de l’inventaire, et le tout est saisi dans la bases de données « Calluna » du CBNB qui contient 3 à 4 millions de données concernant 3200 espèces sur le grand-ouest. Les scientifiques du CBN étudient ensuite l’absence, la présence, la rareté, la répartition, la progression ou la régression des espèces. On entend souvent parler du Narcisse des Glénans , ce narcisse vit aux Glénans et on ne le trouve quasiment nulle part ailleurs dans le monde !

M. Glinec collabore aussi avec le Parc Naturel Régional d’Armorique (PNRA), le Conseil
Général du Finistère (CG29), le syndicat du bassin de l’Elorn, l’association Bretagne Vivante, des étudiants…

 

 J.F Glinec © JS

 

 

Des exemples de ses interventions :

M. Glinec collecte des données plutôt autour de la rade de Brest jusqu’au monts d’Arrées mais intervient de façon plus ponctuelle au moment de projets de création de nouvelles routes (voie de Lanrinou à côté de Landerneau), de zones commerciales (Daoulas), de centres sportifs (Stade Brestois à Plougastel-Daoulas), de lotissements… Il se rend sur place et relève les espèces présentes. Lorsque c’est nécessaire, ceci permet de contrer certains projets qui menacent la biodiversité.

A Daoulas, par exemple, un projet municipal de création d’une zone commerciale et artisanale menace de détruire 20 hectares de terres agricoles cultivées. Dans l’étude environnementale obligatoire que l’on trouve dans le dossier de la municipalité de Daoulas, il est fait état de 30 espèces végétales sur la zone condamnée. En réalité, M. Glinec en a répertorié entre 150 et 170. Au même endroit, l’association Bretagne vivante, qui est spécialisée dans l’ornithologie, a recensé 30 espèces d’oiseaux alors que l’étude officielle n’en compte que 15. Ce type d’exemple est très fréquent et montre bien l’importance du travail des associations et des bénévoles pour lutter contre les dérapages de l’urbanisation.

Il existe des espèces très protégées. Si elles sont présentes sur un site, cela peut bloquer le projet. Les espèces les plus rares bénéficient d’arrêtés de protection régionaux ou nationaux. Des procédures très lourdes sont alors obligatoires pour obtenir des dérogations. Par exemple, à Lanrinou, M. Glinec a découvert une fougère très rare qui pousse sur de la roche. Le fait que cette fougère soit sur un énorme rocher que l’on ne peut pas déplacer, bloque le projet et oblige la commune de Landerneau de l’abandonner ou de trouver un nouveau tracé.

Quels services rend la biodiversité ?

On observe déjà aujourd’hui les conséquences du fonctionnement actuel. Nous pouvons
prendre deux exemples de catastrophes naturelles : la santé et les ravageurs.
On dit qu’il faut manger de tout pour avoir une vie saine et équilibrée. Ceci doit se traduire par une alimentation saine et variée. Pour cela, il faut produire beaucoup d’espèces végétales et animales, qui pour bien se nourrir auront elles aussi besoin d’une multitude d’espèces. Par exemple, pour faire le lait la vache mange la prairie, la prairie pour pousser a besoin d’un sol vivant rempli de micro-organismes, de vers de terres dont le travail servira à nourrir les plantes, etc…
Pour les ravageurs, nous pouvons prendre l’exemple du maïs. Le maïs est attaqué par un insecte ravageur, la pyrale. Pour contrer cela, on utilise des quantités monstrueuses d’insecticides très polluants. Maintenant, l’insecte résiste aux produits et beaucoup de pays se sont engouffrés dans la culture du maïs OGM. Ceci montre bien le danger des monocultures. Aujourd’hui, blé, colza et maïs sont les cultures que l’on voit le plus souvent. Que se passerait-il si par exemple un virus apparaissait au niveau mondial sur le blé ?

Le réchauffement climatique est aussi un exemple de la mauvaise utilisation de la nature. Le pétrole s’est constitué sur plusieurs milliards d’années, et nous allons le brûler en quelques siècles. M. Glinec réfléchit sur la biodiversité et ce qu’elle nous apporte au quotidien. Si l’on ne fait pas attention à la biodiversité, c’est l’uniformisation qui va en prendre la place. Si tout le monde fait pareil, le paysage devient mono spécifique. Et puis mêmes cultures, même alimentation, même modes de consommations pour tous basés sur la grande distribution,… cela veut dire même vie pour tout le monde. Quelle tristesse !

 

 




Se rassembler pour la protection du vivant, qui dit oui?

La Bretagne ouvre la version écolo des journées Européennes de Patrimoine, et pour cause ! Toutes les associations bretonnes de défense de l’environnement seront présentes sur la plage de Grandville dans la baie de Saint-Brieuc, ce dimanche 15 septembre pour la journée du patrimoine naturel et du vivant. Alimentation et santé humaine passent-elles par la protection du patrimoine naturel et de la vie animale ? Quelle économie, quelle agriculture sont-elles possibles sans dégrader le patrimoine naturel ? La destruction du patrimoine naturel est-elle fondée sur l’atteinte aux droits des citoyens ? Voici trois axes sur laquelle la journée se déroulera.

Notre alimentation en question…

Les citoyens seront amenés élaborer une charte contre l’élevage intensif qui sera officialisée le dimanche soir. "Tables rondes, débats, spectacles seront là pour susciter la prise de conscience sur notre mode de consommation d’aujourd’hui" précise André Ollivro, président de l’association Sauvegarde du Penthièvre. A l’heure où la crise porcine plane au dessus de la Bretagne, notamment avec le redressement judiciaire de l’abattoir de porcs GAD, André Ollivro estime que la copie de notre alimentation est justement à revoir car nous mangeons trop de viance et cela entraîne des désagréments pour la santé. A l’époque, nous mangions de la viande qu’une seule fois par semaine. Aujourd’hui nous consommons trop de protéines animales alors que les protéines végétales peuvent aussi bien satisfaire les besoins humains.

Consommer responsable

Durant cette journée, les associations présentes postuleront pour l’hypothèse suivante: la conquête de l’activité humaine passe par la maîtrise de notre consommation, notamment tournée vers des produits locaux issus des circuits courts "et non en mangeant des tomates toutes l’année" estime André Ollivro pour qui "le rôle des associations et des citoyens est de prendre conscience qu’il existe d’autres rapports à la consommation".

Rendez-vous le 15 septembre prochain devant la plage de Granville à Hillion dans la baie de Saint Brieuc pour débattre de ces questions.

Plus d’infos:

http://hillion2013.blogspot.fr/

 

Les algues vertes en question…

La journée du patrimoine naturel et du vivant est aussi l’occasion d’évoquer un sujet qui fâche : les algues vertes. Cette année, elles-auraient diminué sur les côtes bretonnes. Une donnée évidente, pour André Ollivro qui estime qu’on opère de plus en plus tôt dans la saison, à un ramassage des algues. Du coup, les véritables indicateurs ne sont pas sur les plages mais dans le taux de nitrates des rivières et des stocks d’eau de moyenne profondeur.

Autre chose: les algues vertes témoignent d’une pollution évolutive au regard des conditions météorologiques et climatologiques. Les paramètres influents pour expliquer leur présence seraient immensurables.




10 ans au service des semences paysannes !

Depuis sa création en 2003, le Réseau semences paysannes rassemble des organisations paysannes, de jardiniers, et de la société civile pour partager les expériences autour de la biodiversité cultivée, et défendre les droits des paysans et jardiniers sur leurs semences, considérablement menacées par les évolutions réglementaires en cours.

Face aux changements climatiques, aux situations économiques difficiles des fermes, et pour satisfaire les attentes des consommateurs, les variétés de pays sont une solution pertinente et durable et permettent de renforcer la souveraineté alimentaire des populations.

La voix du vent et la fin des haricots !

Pour marquer les dix ans du Réseau semences paysannes, se retrouver avec d’autres acteurs locaux qui agissent autour des semences, et sensibiliser la population et les élus aux enjeux de la problématique semencière, nous organisons deux projections publiques cette semaine:

• Projection du film La voix du vent de Carlos Pons, le mercredi 11 septembre 2013, au bar associatif « le bar d’à côté », à Saint Aubin du Cormier en Ille et Vilaine. Le rendez-vous est fixé à 18h30. La diffusion du film sera précédée d’une « bourse d’échange de semences » et d’ une discussion sur cette problématique sociétale. Le film sera diffusé à 20h.

• Projection du film La fin des Haricots de Anne Butcher, le jeudi 12 septembre, 20h30, au CinéManivel à Redon en Ille-et-Vilaine.

 

Plus d’infos

Ferme de Bobéhec – 56 250 La vraie Croix
Tel : 02.97.67.48.35 les mercredi et jeudi
www.triptoleme.org
 




Une politique de com’ humoristique pour protéger l’environnement à Arradon (56)

Le groupe Eau planche donc sur la campagne, jusqu’à recevoir une proposition originale d’un photographe-graphiste, Olivier Dupont-Deslestrain : des panneaux humoristiques et décalés, qui ne laissent pas de marbre… « Que celui qui jette un papier sur cette plage soit mangé par les crabes ! » « Les chiens, les lamas et les autruches sont interdits sur la plage du 1er juin au 30 septembre ». Le ton décalé des 6 panneaux ne fait tout d’abord pas l’unanimité au sein de la commission et de la municipalité, mais progresse petit à petit dans les esprits et à force de retravail et d’allers-retours, est finalement validé.

"Les panneaux ne laissent pas indifférents"

9 panneaux sont ainsi disposés sur 5 sites emblématiques de la commune, et font sensation : « Les touristes se prennent en photos devant, les publient sur internet et sur les réseaux sociaux… », commente Dominique Pirio, adjointe à l’environnement. Victimes de leur succès, certains ont même été volés ! Devant la demande, la municipalité a édité des cartes postales dérivées des panneaux. 300 ont été vendues cet été. Malgré le trait d’humour, le message n’en demeure pas moins très sérieux. Difficile cependant d’estimer l’efficacité d’une telle campagne sur le comportement des usagers… « Une chose est sûre, les panneaux sont lus et ne laissent pas indifférents ! » conclut D. Pirio.

Contact Mairie : Arradon / 02 97 44 01 56




Attention ! Biodiversité ! Ne pas toucher ?

En effet, aménager les zones d’activités humaines c’est souvent faire propre, enrober, bétonner, ce qui implique une déconnexion du vivant. Par ailleurs, les usages récréatifs humains dans les espaces aux caractéristiques naturelles sont souvent en conflit avec le rôle écologique de l’espace et les lieux de préservation sont en général écartés de toute fréquentation.

Comment faciliter la reconnexion? Multiplier les actions visant à se réapproprier la nature (rendre visite à la biodiversité et puis rentrer chez soi) où se pencher dès en amont de l’aménagement sur la réconciliation de la société avec le biotope ?

Cheminement avec Jean-Pierre Ferrand, conseil en environnement à Hennebont (Morbihan) et promoteur de la Méthode des Sociotopes …

Une méthode d’analyse qui relie deux dimensions

Cette méthode a été créée en 2000 par deux architectes paysagistes suédois: dans le cadre d’un processus d’aménagement de la ville de Stockholm, après avoir identifié une trame verte, basée sur des considérations écologiques, les ingénieurs se sont rendus compte qu’ils avaient effectivement des éléments de connaissance sur l’écosystème (biotope) mais aucune indication sur la façon dont les gens utilisaient les espaces autour de chez eux (sociologie). Alexander Ståhle et Anders Sandberg ont alors développé une méthode d’analyse qui permettent de relier ces deux dimensions, .

Elle part du principe que les espaces ouverts (librement accessibles par les habitants), qu’il s’agisse d’espaces verts, de nature , bâti ou non ont de multiples fonctions sociales qu’il est possible de mettre en évidence à partir d’un protocole d’observation élaboré. Les politiques d’urbanisme et d’environnement alors mises en place peuvent s’appuyer sur le potentiel de développement de ces fonctions sociales. La Méthode des Sociotopes est particulièrement approprié au modèle français, fortement hiérarchisé et centralisé, et organisé sur la base d’un contrat social qui définit où se trouve le savoir d’une part (chez les techniciens) et qui décide d’autre part (les élus), avec une faible implication des citoyens et une faible notion de communauté. L’apport de l’ingénieur sera technique, celui de l’architecte esthétique, celui de l’élu économique. Seule une analyse des sociotopes permettra au vécu des habitants de contribuer au projet et de définir la valeur d’usage des lieux.
Prenons l’exemple d’un espace public non aménagé mais qui visiblement joue un rôle social : un étroit passage au milieu d’une haie, un chemin creusé à force de fréquentation; le phénomène sera sans intérêt pour le technicien, peu esthétique par l’architecte, qui, dans leurs projets d’aménagement clôtureront ou bitumeront ; l’analyste des sociotopes préservera.

Une vision à deux faces

Dans toutes les civilisations, la vision des rapports entre homme et nature a eu deux faces : d’un côté, l’homme fait partie de la nature au même titre que le reste du règne vivant et s’inscrit pleinement dans ses lois, doit participer à son harmonie. De l’autre, l’homme utilise la nature à ses propres fins et se distingue précisément par sa capacité à mettre forces naturelles, plantes et animaux, à son service.

La singularité de la société occidentale à partir du XIIIe siècle n’est donc pas de s’être perçue comme extérieure à la nature mais plutôt d’avoir fait de cette perception la dimension exclusive de sa relation avec elle.