Le Collectif pour la sauvegarde de la vallée du Restic veut peser dans la campagne des municipales

Quel est l’objectif du collectif, à travers l’envoi de ces questionnaires ?

 

Nous avons profité de l’échéance proche des élections municipales pour envoyer un questionnaire à tous les candidats aux élections faisant partie du périmètre de Brest Métropole Océane, soit huit communes. Le projet de voie de liaison Kergaradec-Spernot entre la RD112 et la RD205 à Brest-Lambézellec, qui doit passer par la vallée du Restic, et contre lequel nous nous battons, n’a pas encore démarré. Il pourrait peut-être être remis en cause par certains candidats si ils sont élus.

Et puis cela nous permet également de porter le débat sur ce projet de contournement routier dans la campagne pour les municipales, un thème qui n’est pas assez mis en avant selon nous. Tout comme celui, plus large, de l’étalement urbain.

 

 
Où en est la situation actuellement, concernant le projet de contournement ?

 

C’est le statut quo. Nous sommes entrés dans une phase « juridique », avec le recours contre l’arrêté préfectoral concernant le projet de contournement, qui a été déposé en mai 2013 par le collectif. Depuis, il n’y a rien eu de nouveau. On ne connait pas la date du jugement. Nous avons également saisi la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs), afin d’avoir accès aux études réalisées par Brest Métropole Océane (BMO), concernant la biodiversité de la Vallée du Restic. Nous savons que BMO continue de travailler sur le projet, mais les travaux n’ont pas commencés.

 

 

Qu’attendez-vous, suite à l’envoi du questionnaire ?

 

Nous espérons déjà des réponses bien entendu, et surtout que les candidats se saisissent du sujet pour en débattre. Les questions que nous leurs avons envoyées portent également sur le réseau routier et l’étalement urbain. Nous souhaiterions que certains candidats puissent proposer des alternatives au projet passant par la Vallée du Restic, qui est un projet incompréhensible du point de vue environnemental. Il y a possibilité de davantage mettre en valeur cet endroit, qui est un « poumon vert » au milieu de tout cet étalement urbain.

 

 

Pour lire le questionnaire envoyé auw candidats, cliquez ici




Parc naturel régional du Golfe du Morbihan : Le Parc devrait voir le jour en 2014

Une « feuille de route » pour un développement durable et harmonieux du Golfe

Adoptée à l’occasion de la session budgétaire, la charte propose pour les 12 années à venir un projet de territoire qui engage les collectivités concernées dans une gestion maîtrisée et partagée du Golfe du Morbihan.

Cette « feuille de route », qui définit le champ d’application des orientations et actions du Syndicat mixte du Parc, s’articule selon 3 axes :

– Faire des patrimoines un atout pour le Golfe,
– Assurer un développement durable et solidaire du Golfe,
– Mettre l’homme au coeur du projet de territoire « Golfe du Morbihan ».

Pour y parvenir, le Syndicat mixte devra prendre en compte de nombreux enjeux d’aménagement. Parmi ces paramètres, on peut citer la gestion de la dynamique urbaine, la préservation de l’espace, des paysages et de la nature, l’organisation du développement touristique, ou encore l’articulation de l’ensemble des activités, qu’elles soient agricoles, touristiques, résidentielles ou encore commerciales.
La charte souligne par ailleurs que le Parc doit devenir un territoire de référence en matière d’innovation et d’expérimentation.

 

 




Sur l’Ile Grande (22), la LPO vole au secours des espèces touchées par la pollution et les tempêtes

« Depuis 5 ans, nous recueillons 20 ou 30 oiseaux mazoutés par hiver. En trois semaines, on est déjà à plus du double » déplore Gilles Bentz, responsable de la station ornithologique de l’Ile Grande. Des arrivages fréquents en période de Noël et des tempêtes . Les navires peu scrupuleux profitent de l’agitation des eaux qui dispersent rapidement les traces de pollution pour dégazer. Ainsi, l’avion des douanes a plus de difficultés à les repérer.

 

 

 

«On a eu des hivers catastrophiques mais il faut remonter à une quinzaine d’années pour cela. Depuis 2000, la situation s’est nettement améliorée. Nous récupérions environ 10 fois plus d’oiseaux mazoutés avant l’an 2000 » explique Gilles Bentz. Les raisons ? C’était l’année charnière avec la marée noire de l’Erika suite à laquelle il y a eu une prise de conscience et surtout une volonté politique que cela change. La législation européenne et la surveillance en mer on été renforcées. « Si l’on compare les rapports de pollution officiels avant 2000, il n’y en avait presque pas. Et après, il y en a eu beaucoup plus. C’est l’inverse de ce que l’on constatait tout simplement parce qu’avant, la surveillance était quasi-nulle. Il y a aussi eu des procès avec des condamnations. Avant, il y avait des procès sans condamnation. Désormais, les pollueurs polluent moins chez nous. Mais on ne sait pas ce qu’ils font ailleurs ! » fait savoir Gilles Bentz. Il y a quand même quelques couacs. En 2007, suite à l’échouement du porte-conteneur MSC Napoli sur les côtes anglaises, plus de 400 guillemots mazoutés ont été recueillies sur les côtes bretonnes. « C’était une pollution accidentelle. Notre centre de soin a été créé pour faire face à des pollutions chroniques, mais pas à des marées noires » note le naturaliste.

Premiers pas sur l’herbe fraiche après la période de soins

En marche vers le bassin…

Ces deux Guillemots viennent d’arriver dans la volière. Ils prennent leur marque.

Dans la volière, les baignades un signe de rétablissement

Des Guillemots reprennent des forces dans la volière

La station ornithologique de la LPO sur l’Ille Grande (22)

 

 

En ce jeudi particulièrement venté sur l’Ile Grande, deux macareux et trois guillemots sont prêts à être déposés en volière, dernière étape avant leur remise en liberté. « Un bassin naturel leur permet de reprendre leurs marques. Dès qu’ils se jettent à l’eau, c’est bon signe, cela signifie notamment que leur plumage est de nouveau étanche» explique un bénévole. Katrin, une autre bénévole allemande venue prêter main forte au centre pendant une année, se charge de récupérer des poissons dans le bassin. « Il arrive que les petits poissons avec lesquels nous les nourrissons se retrouvent dans le bassin. Cela graisse l’eau, ce n’est pas bon pour leur pelage. » Quelques minutes plus tard, les bénévoles quittent la volière pour laisser les nouveaux pensionnaires s’habituer au lieu. « D’ici quelques semaines, après s’être assuré qu’ils sont prêts à voler de leurs propres ailes, nous leur rendront leur liberté », se réjouit un bénévole.

 

Comment l’extraction de sable notamment le projet en baie de Lannion peut-il porter préjudice aux différentes espèces d’oiseaux ?

 

Gilles Bentz : On voit deux menaces, pour les oiseaux et la réserve naturelle des Sept Iles, notamment pour les ressources alimentaires car beaucoup d’oiseaux de mer se nourrissent de lançons et cette dune de sable coquiller est le lieu de vie et la nurserie des lançons. C’est un écosystème qui alimente toute une zone de très haute importance pour la biodiversité. Le nuage turbide qui va être soulevé par cette extraction va forcément se déplacer. Les courants qui arrivent dans la baie de Lannion ont tendance a remonter au Nord Est vers la réserve naturelle des Sept Iles. Or, on a déjà constaté que dès le lendemain des campagnes de dragage des coquilles saint-jacques, des dépôts sédimentaires se déposaient sur les fonds rocheux de la réserve naturelle et recouvraient la faune fixée : animaux coloniaux, gorgones, anémones, éponges… qui vivent sur ces fonds et qui en sont la richesse. Une extraction permanente apporterait continuellement des dépôts sur les fonds et anéantirait tout vie. Les conséquences seraient dramatiques car les Sept Iles, tout comme la mer d’Iroise ou les Glénants sont considérés en Bretagne comme des spots de haute diversité marine.

 

Quel regard portez-vous sur les projets de parcs éolien en mer ?

 

Gilles Bentz : Le projet se situe en baie de Saint-Brieuc. Pour les oiseaux, c’est tout proche. Le fou de bassan circule dans un rayon de 100 km, une zone qui inclut ce projet de parc écolien marin. Cela peut être un risque potentiel, sachant qu’il y a très peu de retour d’expérience sur ces champs d’éolien. Les oiseaux ont-ils passer au dessus, en dessous, vont-il savoir les contourner ? On en sait rien. Ceci étant, des études sont menées. Nous avons donné nos avis en signalant quels pouvaient être les risques. On contribue a ce projet et la LPO est favorable aux énergies renouvelables, ce afin de mettre un terme à l’exploitation des ressources fossiles qui posent des problèmes climatiques. Si on ne s’oppose pas aux projets de d’éoliennes, terrestres ou marines, mais on demande le plus d’études possibles pour qu’il y ait le moins d’impact possible sur la faune.

 

 

La réserve naturelle des sept îles et la maison de la réserve. Deux initiatives de la LPO

 

La LPO a créé la réserve naturelle des Sept Iles en 1912, l’année de naissance de l’association. C’est la première action de la LPO pour protéger les spet iles et les Macareux y étaient massacrés. Voilà pourquoi le Macareux est resté l’emblème de la LPO
. En 1984, LPO crée la maison de la réserve avec l’aide du ministère de l’environnement. Celle-ci avait été fortement menacée par les marées noires et certaines colonies d’oiseaux de mer avaient subi des conséquences néfastes suite à ces marée noires. La réserve sert à la fois de maison de la réserve, de base technique pour l’équipe scientifique, de centre d’information pour le public. Et de centre de soin pour les oiseaux mazoutés. L’association départementale de la LPO se situe en Ille et Vilaine son seul centre de soin se situe à l’Ile Grande (22). L‘association volée de piaf à Languidic (56) a également un centre de soin.

Plus d’infos:

http://www.lpo.fr/centres-de-sauvegarde/ile-grande

sept-iles.lpo.fr

http://voleedepiafs.eklablog.com/volee-de-piafs-a64233621

 




Le Festival Natur’Armor prend ses quartiers à Saint-Brieuc (22)

Comment est née l’idée d’un tel festival ?

 

Le festival Natur’Armor est né en 2006, à l’initiative de l’association Viv’Armor. L’idée était de créer une fête annuelle consacrée à la biodiversité bretonne, et qui permettrait également de mettre en valeur le travail accompli au quotidien par les associations naturalistes sur le terrain. Ce qui nous a amené à l’idée d’organiser un tel événement est un simple constat : nous collections énormément d’informations et de chiffres concernant la richesse de la biodiversité bretonne, mais le public n’en avait pas connaissance. Qui sait qu’il y a des requins de 12 mètres dans la mer d’Iroise, et des mygales dans les jardins de la région ? Aujourd’hui, beaucoup en connaissent davantage sur la faune de l’autre bout de monde que celle du territoire.

 

 

Quel est en l’objectif ?

 

L’objectif d’un tel festival est de faire connaître au maximum la biodiversité de la région Bretagne au grand public, de faire avancer les connaissances sur le patrimoine naturel et la biodiversité. Le fait que le festival soit itinérant est un élément extrêmement important. Il y a près de 75% de turn-over dans le public, ce qui signifie qu’à chaque édition nous touchons de nouveaux visiteurs. Cela nous motive toujours plus, d’année en année !

 

 

Quels seront les grand temps forts cette année ?

 

Cette année, parmi les expositions présentées, le Museum d’Histoire Naturelle de Paris proposera une exposition sur les amphibiens de Bretagne. Il y aura également pour la première fois un stand consacré aux cinéastes animaliers bretons. Le Centre de découverte du son de Cavan (22) proposera également une « sieste sonore » en compagnie de bruits de la nature. Des ateliers de découverte pourront accueillir pas moins de 800 enfants, dont du maquillage pour les plus petits. Enfin,, six conférences sont proposées au public, sur des thèmes variés tels que « découvrir les trames vertes et bleues », «  les fourmis », « cohabiter avec la faune sauvage au quotidien », « c’est quoi un oiseau », « belles étrangères ou méchantes invasives » ou encore « les vers de terre, pourquoi sont-ils super importants ». Et le samedi soir aura lieu une conférence spéciale autour du thème « toutes les bêtises sur la nature que les grands racontent aux enfants ». Le tout dans une ambiance que nous voulons familiale et intergénérationnelle !

 

 

Tout le programme détaillé est disponible sur www.vivarmor.fr/nos-actions/decouvrir-la-nature/le-festival-naturarmor.html




Révision du Sdage : l’action locale au cœur d’un schéma global

Sdage. Derrière cet acronyme quelque peu mystérieux se cache en réalité le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau, un outil qui permet d’établir la politique de gestion de l’eau au niveau d’un bassin, comme celui de Loire-Bretagne par exemple. L’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, établissement public qui œuvre à l’échelle de ce bassin, le définit comme « un véritable programme de reconquête de la qualité de l’eau sur le bassin Loire-Bretagne qui fixe des objectifs, des échéances, des orientations et des dispositions à caractère juridique pour y parvenir.

Un Sdage est établi pour une durée de 6 ans. « En effet, il dépend de la directive cadre sur l’eau, qui est un cadre européen.et qui organise la gestion de l’eau par cycle de six années » explique Ingrid Ingrid Hermiteau, chef du service économie et gestion des eaux, direction de l’évaluation et la planification agence de l’eau Loire-Bretagne. En 2015, un nouveau Sdage sera donc instauré, jusqu’en 2021. Pour se faire, deux étapes, « piliers » du schéma, ont déjà été validées. Il s’agit de l’élaboration des « questions importantes », ainsi que l’adoption d’un état des lieux du Sdage actuel.

« Les questions importantes tournent autour de quatre grands enjeux : la qualité de l’eau, les milieux aquatiques, la quantité d’eau et la gouvernance », précise Ingrid Hermiteau. Le public a d’ailleurs été consulté sur ces questions importantes. Pas moins de 2400 remarques ont ainsi été collectées, qui ont contribuées à faire évoluer la rédaction de ces questions. « Il y a eu une demande de meilleure prise en compte des aspects économiques, ainsi que de l’anticipation face aux changements climatiques », raconte Ingrid Hermiteau.

Le Sdage 2014-2020 sera aussi construit sur un « état des lieux ». « Nous savons que 31% des eaux de surface du bassin Loire-Bretagne étaient en bon état écologique en 2011 », note Ingrid Hermiteau. Mais ce chiffre doit être doublé d’ici 2015, d’après les objectifs fixé par le Sdage en 2010. « Depuis 5 ans, l’état de l’eau se stabilise », d’après Ingrid Hermiteau, « Mais cette statbilité cache néanmoins un certain nombre d’hétérogénéité », notamment concernant la pollution par toxiques, encore mal appréhendée.

 
« Plus réalistes sur les objectifs à atteindre »

 

« Notre priorité est de diminuer les pollutions diffuses, qu’elles viennent de l’agriculture, de l’assainissement, ou des eaux pluviales », déclare quant à elle Virginie Dumoulin, sous-directrice de l’action territoriale, à la direction de l’eau et de la biodiversité, au Ministère de l’Ecologie. « Les premiers Sdage ont permis d’établir des connaissances sur les masses d’eau. Mais nous avons sous-estimé le temps de réaction des milieux », explique-t-elle. « Nous sommes désormais beaucoup plus réalistes sur les objectifs à atteindre, et pour cela, nous comptons beaucoup sur l’action locale, à savoir notamment les Sage (Schémas d’Aménagement et des Gestion des eaux, déclinaison à l’echelle locale d’un Sdage, ndlr), et sur l’aspect participatif dans les comités de bassins ».

« Il faut être réaliste et tirer les enseignements de ce qu’on a fait », commente Noël Mathieu, directeur général de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. « Il faut prendre la mesure de la difficulté, ainsi que les moyens mis en oeuvre », poursuit-il.

 

Préserver les zones humides

 

Et concernant la région Bretagne, première région de France a ête entièrement couverte par les Sage ? Thierry Burlot, vice-président au conseil régional, chargé de l’environnement, affirme que « La Région s’inscrira pleinement dans le travail autour du Sdage, mais revendiquera ces spécificités régionales ». « Aujourd’hui, nous avons fait du chemin », reprend-il. « Il ne s’agit pas de nier nos responsabilités. Nous alons essayer de poursuivre le dialogue avec es acteurs économiques et sociaux, notamment les agriculteurs ».

Quelles perspectives alors pour la suite, et le prochain Sdage ? Pour Thierry Burlot, « Chaque Sage devra s’inscrire dans le Sdage, avec ses propres ambitions. Le Sdage doit être l’émanation des Sage ». « Maintenant, nous allons essayer d’atteindre au moins la barre des 61% de masses d’eau en bon état écologique », souhaite Joël Pelicot, président de la commission plannification au comité de bassin Loire-Bretagne. « Les zones humides sont également un élément extrêmement important. Il faudrait amener tous les départements du bassin à réaliser un relevé exshaustif de celles-ci, pour l’élaboration du Sdage », ajoute-il. « Les problème que nous avons, c’est l’affirmation d’une forte ambition », résume René Régnault, président de la commision locale de l’eau (Cle) du Sage Rance-Frémur-Baie de Beaussais. « Il faut conjuguer ambition globale et spécifificité locales, être ambitieux et pragmatiques », conclut-il.

 

L’association Eau et Rivières de Bretagne vigilante

 

L’association Eau et Rivières de Bretagne était présente cette année encore au Carrefour de la gestion locale de l’eau, où elle tenait un stand auprès des collectivités locales bretonnes. Sa présidente, Pascale Le Coustumer, a également participé à la séance pleinière du jeudi, sur le thème « La gouvernance de l’eau, quels enjeux et quelles pistes de réflexions en Europe, en France, en Bretagne ? ». Elle y a défendu 2 points : « D’abord, si une nouvelle forme de démocratie, qui rapproche les décisions concernant l’eau des territoires et des citoyens, voit le jour en Bretagne, alors cela doit nécessairement passer par un rééquilibrage dans les instances de décisions (comité de bassin, CLE des Sages, Coderst…) où les industriels et tenants du modèle agricole industriel sont sur-représentés et les usagers et simples citoyens bien impuissants. Ensuite, améliorer la formation des citoyens et des acteurs (élus notamment) impliqués dans la construction des schémas d’aménagement, aux enjeux environnementaux du 21ème siècle, pour leur permettre de résister aux pressions extérieures. », peut-on lire sur le site internet de l’association.

 

 
Plus d’infos

www.eau-loire-bretagne.fr/sdage

www.eau-et-rivieres.asso.fr/




OGM et Roundup : la poursuite des recherches est indispensable !

Nous le savons, l’OGM est un gêne d’une espèce introduit dans une cellule d’une autre espèce pour conférer des propriétés nouvelles. Pour le Pr Robert Bellé, il est efficace en médecine, dans le cas par exemple, de la production d’insuline pour le traitement de certains diabètes. Mais dans le cas de la modification génétique des plantes, le risque est mal évalué. « Aujourd’hui, nous n’avons pas de technique pour analyser ni prévoir les conséquences d’une protéine OGM sur les protéines des cellules receveuses du gêne» souligne-t-il. Dans le monde, il existe 170 millions d’hectares de plantation d’OGM (de maïs, soja, colza, coton…). Cela représente 10% des terres cultivées sur la planète. Et 80% des OGM sont rendus tolérants à l’herbicide Roundup. La question des OGM pose ainsi 3 types de problèmes : dans le domaine de la santé, car une protéine ou un produit inattendu et toxique pourrait être généré et dans le domaine de l’éthique du fait des brevets déposés sur du matériel vivant. Enfin, dans le domaine environnemental, car la biodiversité se voit menacée. Robert Bellé ne traite dans son exposé que des questions relatives à la santé en distinguant clairement les deux problèmes: celui du pesticide et celui de l’OGM dans le cas des OGM tolérants au Roundup. Il a expliqué à l’auditoire les domaines clefs de maladies chroniques (à effets non immédiats) dans lesquels les peptides et/ou les OGM pourraient avoir des effets nocifs liés à la santé humaine.

Concernant le Roundup, il a rappelé ses propres résultats et fait mention de très nombreuses études dans le monde démontrant la toxicité du pesticide et/ou du produit actif qu’il contient (le glyphosate, principe actif du Roundup). A ce jour, il existe près de 500 publications dans les journaux scientifiques internationaux, relatives à l’impact du Roundup ou du glyphosate. Selon le biologiste, 80 % d’entre elles en démontrent la toxicité.

Et les OGM… ?

Robert Bellé a ensuite exposé clairement les expériences de l’équipe de Gilles Eric Séralini qui ont fait un buzz médiatique mondial en septembre 2012. Sans entrer dans les détails, des lots de rats nourris pendant 2 ans avec le maïs OGM NK 603 de Monsanto ont fait plus de tumeurs et plus rapidement que les rats témoins. Le plus surprenant, y compris pour les auteurs de l’article, ont été les résultats du lot de rats qui avaient consommé le mais NK 603 non exposé, pendant sa culture, à du Roundup. Robert Bellé partage la conclusion de l’agence nationale (ANSES) qui, dès novembre avait souligné l’originalité du travail, mais aussi l’impossibilité de conclure de façon définitive du fait du nombre réduit de rats par lots. Ces études, pour le moment les seules disponibles sur une vie entière d’animaux, apportent une présomption de toxicité qu’il faudra ou confirmer, ou infirmer sur le plan scientifique. Le conférencier a indiqué sa préférence pour des études sur des cellules qui donneront une réponse bien plus rapide que les expériences de 2 ans avec des rats. Si le maïs OGM fabrique un produit toxique il existe des méthodes cellulaires et/ou moléculaires qui permettent de le mettre en évidence.

Le biologiste a insisté sur la distinction entre le débat scientifique qui se poursuit et le débat médiatique fortement influencé par des groupes d’intérêt. L’article de l’équipe de Gilles-Eric Séralini vient d’être « rétracté » (par l’éditeur) du journal scientifique dans lequel il était publié. La procédure est exceptionnelle mais ne change rien au débat scientifique. L’éditeur affirme qu’il n’y a ni fraude, ni erreur de calculs, ni intention de manipulation des résultats expérimentaux mais bien une incertitude du fait du nombre réduit de rats par lots. Le conférencier souligne que le protocole de l’étude était calqué sur celui des fabricants avec les mêmes rats, les mêmes lots et une durée d’expérience de trois mois. Il pose la question de la correcte évaluation des risques par les agences avec les mêmes incertitudes sur les tests statistiques.

L’étude de Gilles-Eric Séralini a des conséquences très positives: des appels à projets à partir de fonds publics ont été lancés et des réflexions sur les réglementations sont engagées. « Par exemple, il y a quelques jours, la commission européenne a refusé l’autorisation de mise sur le marché d’un OGM estimant qu’il avait une mauvaise évaluation du bénéfice et du risque » note Robert Bellé. Il ajoute : « Un programme national a été lancé : risk’OGM, qui consiste à créer un comité qui sera un peu comme le GIEC en matière de climat ».

Et le 26 novembre 2013, l’ANSES) a lancé un appel à projet, sur le thème : environnement, santé, travail, à partir de fonds publics.

« 37 projets viennent d’être retenus pour une première sélection avec une enveloppe globale de 5,5 millions d’euros. Cependant, dans la liste des projets retenus disponibles sur le site de l’ANSES, aucun ne semble pouvoir infirmer ou confirmer les études de Séralini ». Robert Bellé se demande si les équipes de recherches craignent de s’engager dans cette voie par peur de pressions. Il montre une grande confiance dans l’ANSES, (créée en 2008 à partir de l’ancienne agence l’AFSSA) qui de son point de vue, examine les propositions avec le plus grand sérieux et la plus grande objectivité, ce qui n’a peut être pas toujours été le cas. Il fonde son opinion sur sa rencontre avec les agences à l’occasion d’un débat parlementaire le 19 novembre 2012. Lors de cet événement, il a expliqué pourquoi la toxicité des pesticides était sous-évaluée dans la toxicologie « réglementaire » réalisée par les firmes elles mêmes.

Le public a posé de nombreuses questions au conférencier

L’occasion d’évoquer les inquiétudes des citoyens : dans la salle, on met le doigt sur la dangerosité de l’accumulation de petites doses ingérées, en buvant l’eau du robinet par exemple. Robert Bellé rappelle que la toxicité est bien sûr liée à la dose. Il souligne ainsi que personne n’a encore démontré que le glyphosate (principe actif du Roundup), présent dans l’eau du robinet provoque des problèmes, car personne ne l’a jamais étudié par défaut de contrats de recherche et d’argent. En revanche, le biologiste souligne que l’existence d’OGM tolérants au Roundup, fait consommer aux animaux ou humains s’en nourrissant, des concentrations de Roundup supérieures aux doses toxiques connues. En effet, par définition, ces plantes ne sont pas éliminées mais consommées avec le Roundup qui a servi à les traiter dans les champs.

Autre question. Des critiques envers les recherches de Séralini estiment que les rats utilisés sont naturellement propices aux tumeurs. Est-ce une erreur de les avoir utilisés ? « Séralini a délibérément travaillé avec des rats commerciaux, les mêmes utilisés par les fabricants et avec le même protocole (à l’exception du temps plus long). Ces rats ont effectivement tendance à faire des tumeurs. La nouvelle question devient pourquoi les autorisations de mises sur le marché des produits, réalisées avec ces tests courts ne sont-ils pas remis en cause dès maintenant ? »

Cette conférence s’est achevée sur une interogation fondamentale : demain, pourra-t-on nourrir le monde sans OGM, à un prix abordable ? « Un gros débat persiste. Je dirais qu’il n’y a pas de réponse claire : si on veut ne produire que par une agriculture « biologique » en conservant le modèle actuel, il est peu probable que cela suffise. En revanche, si cela
est associé à un changement de pratiques, alors certains spécialistes affirment que c’est possible. La faim dans le monde aujourd’hui touche plus de 840 millions d’êtres humains. Elle ne résulte pas d’un problème scientifique et aucune évidence scientifique ne vient confirmer que l’existence des OGM contribue à solutionner le problème.