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Brest. Participez au retour d’une plante disparue sur son île !

Il s’agit de collecter au minimum 3 800 € pour multiplier et envoyer par avion 50 plants de Cylindrocline lorencei, un arbuste qui avait disparu de l’île Maurice. Si cette opération est un succès, elle pourrait servir d’exemple pour financer d’autres programmes internationaux. 

 
L’incroyable aventure du Cylindrocline lorencei 
 
Il y a trente ans, un botaniste qui explorait les hauteurs de l’île Maurice découvrit les derniers survivants du Cy­lindrocline lorencei. Il eu l’intuition de récolter quelques graines qui furent alors expédiées dans divers jardins botaniques à travers le monde. Mais aucun ne parvint à les cultiver. Pendant ce temps, les derniers plants de Cylindrocline disparaissaient dans la nature. Heureusement, le CBN avait mis en congélateur les graines récol­tées. Grâce à l’utilisation des biotechnologies, il réussi dans les années 2000 à régénérer des plantes entières.
Depuis 2010, un programme de retour des plantes les plus menacées a été mis en place avec des partenaires mauriciens. Il s’agit de rapatrier 30 espèces mises en collection dans les serres brestoises. Trois envois de plantes ont déjà été réalisés. Cependant, il est nécessaire de renforcer la collection vivante sur place car le nombre d’individus doit être suffisant pour envisager une réintroduction en pleine nature. Parmi ces plantes, se trouve le Cylindrocline lorencei. C’est pour le projet de multiplication de cette espèce et l’envoi de plants à la pépinière Robinson que le CBN fait appel au grand public.
 
3 800 euros à collecter
 
Chacun peut participer en donnant 5 €, 10 €, 25 € ou plus. En contreparties, le CBN inscrira leur nom sur son site web ou leur enverra des entrées gratuites aux serres tropicales de son Jardin à Brest ou encore les accueillera lors d’une visite guidée de ses coulisses. Les 3 800 € recherchés serviront à rapatrier 50 plants de Cylindrocline lorencei dans la pépinière Robinson du National Park Conservation Services à l’île Maurice. Il inclut la multiplication in vitro, la préparation des plants et l’expédition.
Si la totalité du financement (ou plus) est collectée dans les temps, le projet sera lancé à l’automne prochain et la somme dépassée servira au sauvetage de l’une des autres plantes du programme de retour.
 
 
Pratique.
 
Envie de participer ? Il suffit de s’inscrire sur Ulule et de se rendre sur la page : http://fr.ulule.com/cylindrocline 

Sur le web, www.cbnbrest.fr

 




Vent debout contre l’extraction de sable au large de Sein (29)

65 000 mètres cubes. C’est le volume de sable qui doit être prélevé annuellement au large de Sein, à Kafarnao. Du sable coquillier, qui a déjà été extrait par les Sabliers de l’Odet lors d’une première phase d’exploitation entre 1998 et 2008. Cette fois-ci, une nouvelle demande a été déposée en 2011 par la même compagnie, pour continuer l’exploitation de sable sur le banc de sable de Kafarnao. Les règles environnementales ayant changées, la compagnie devait obtenir un « titre minier » afin de poursuivre ses activités d’exploitation en milieu sous-marin. Le conseil de gestion du Parc Naturel Marin d’Iroise a rendu un avis conforme en 2008, concernant cette demande. Cet « avis conforme » devant être suivi, le titre minier a donc été obtenu par les Sabliers de l’Odet. Mais préalablement aux travaux d’extraction, le Parc Naturel Marin a aussi demandé qu’une « étude d’impact approfondie » soit réalisée. Et le Parc Naturel Marin doit également rendre prochainement un avis concernant la demande d’ouverture des travaux. En attendant, une enquête publique dédiée à cette ouverture des travaux a été menée durant un mois, et s’est terminée le 18 avril.

 

Une étude d’impacts à revoir

Les habitants du secteur, les pêcheurs et les associations environnementales(Alerte à l’Ouest, Asele (Association pour la sauvegarde de l’environnement et du littoral d’Esquibien), Baie de Douarnenez Environnement, Demel à Plouhinec, Eau et Rivières de Bretagne, Gama (Gardons l’air de la montage d’Audierne), OCE (Ouest Cornouaille Environnement), Sauval, Surfrider, ainsi que Force 5 à Plougasnou, association agréée dans le Finistère), ont déjà fait savoir à l’enquêteur public leur désaccord face à ce projet. « On voit bien que l’ile de Sein est fragile », estime ainsi Yvette Hagege, présidente de l’association Gama, « La dune sous-marine de Kafarnao est située entre l’ile et le littoral, il ne faut pas y faire n’importe quoi », explique-t-elle. L’ensemble des associations, a demandé à Mr Le Commissaire enquêteur, d’organiser une réunion d’information publique. Lors des réunions suivantes il a été créé un collectif « Peuple des Dunes de l’Île de Sein » formé des associations nommées plus haut auxquelles s’est rattaché l’association Force 5 qui se bat contre un projet similaire en baie de Morlaix, qui rejoint ainsi les autres collectifs du même nom qui se battent ou se sont battus contre des projets similaires dans le Trégor et en Morbihan. « Le sable exploité sera utilisé en tant que complément alimentaire, pour les poules pondeuses, afin de renforcer la coquille des œufs. Et il sera utilisé aussi en tant qu’amendement des sols en agriculture », poursuit Yvette Hagege. « Il y a d’autres méthodes que celle-ci, pour les coquilles d’œufs. Pourquoi ne pas récupérer directement les coquilles d’huîtres ou d’autres coquillages et crustacés après leur consommation ? », se questionnent les membres des associations. L’étude d’impact qui a été menée les laisse également sur leur faim. « Il y a des choses à revoir : par exemple, on nous explique que la dune va se reformer en quelques années. Or cela n’est pas possible, il faut des années, voir des siècles, pour reconstituer un tel gisement de sable coquillier ». Sans compter les impacts sur la faune : la zone est considérée par les pêcheurs comme une « nourricerie » pour les poissons, bars et lançons notamment. Le Préfet de région a d’ailleurs demandé de compléter l’étude d’impact « par une analyse affinée des services écologiques rendus par le site et par la levée de toute ambiguïté sur le caractère notable des impacts, afin que les atteintes aux enjeux majeurs relatifs à la biodiversité remarquable, soient en premier lieu évitées ».

 

Un marché « local »

 

Du côté des Sabliers de l’Odet, la compagnie qui exploite le gisement de Kafarnao, on attend le rapport du commissaire enquêteur. « Dès que nous aurons les résultats, nous apporterons des réponses si il le faut », précise Eric Montfort, directeur des opérations. « C’est lui, qui au travers de l’enquête, déterminera la qualité de l’étude d’impact ». Concernant le sable exploité, Eric Monfort confirme qu’il est bien destiné « à la société Carmeuse, basée à Lanester dans le Morbihan, qui élabore des compléments alimentaires à destination des poules pondeuses ». Des coopératives agricoles bretonnes sont également clientes pour le sable, transformé cette fois-ci en amendement agricole. « C’est un marché local, explique Eric Montfort, la Bretagne a besoin de chauler ses terres en permanence car elles sont trop acides. Le sable extrait au large de l’Île de Sein est idéal, car local, et donc les coûts de l’amendement sont moindres. La qualité du produit fait qu’il durera aussi plus longtemps, ce qui est plus rentable pour les agriculteurs », poursuit-il.

En attendant le rapport du commissaire enquêteur, suivi de l’avis du comité de gestion du Parc Naturel Marin d’Iroise, les associations restent mobilisées. « Nous n’allons pas rester les bras croisés ! », annonce le collectif. « Les fêtes de l’été approchent. Ce sera pour nous une occasion de mobiliser les habitants et les touristes, en les informant de la situation. Il faut que les touristes qui viennent à l’Île de Sein sachent ce qui se passe, et en parlent à leur retour chez eux », déclare Yvette Hagege. « Nous allons interpeller les nouveaux élus sur la question. Et en septembre, nous prévoyons encore davantage de mobilisation. Toujours vent debout ! », conclut la présidente de l’association Gama.

 

 

 

Des documents concernant l’étude d’impact, l’autorisation de la demande d’exploiter, l’avis d’enquête publique sont disponibles ici : https://sites.google.com/site/alertealouest/home/extraction-de-sables-coquilliers-a-l-iele-de-sein

 

 

Plus d’infos

http://peupledesdunesiledesein.blogspot.fr/2014/04/2eme-reunion-des-associations-audierne.html




Natura 2000 : l’union fait la force !

Qu’est ce qu’une zone « Natura 2000 » ?

 

Une zone Natura 2000 est un secteur géographique dans lequel on va trouver des espèces animales ou végétales, ou des milieux, protégés à l’échelle de l’Europe. Une zone Natura 2000 en Bretagne comprend en moyenne 2000 à 3000 hectares, dans laquelle il peut y avoir aussi des habitats, des routes, des champs…

Dans ces zones, il est essentiel de restaurer, ou de maintenir suivant les cas, la présence des espèces rares au niveau européen. Pour cela, il est important de trouver un consensus entre les acteurs du territoire, les convaincre de l’intérêt de participer à la démarche, pour que les activités se maintiennent (par exemple, la pêche, la chasse, l’agriculture…) tout en assurant le respect du milieu.

Les zones Natura 2000 bénéficient d’outils tels que des « contrats Natura 2000 », et des plans de financements au niveau européen.

Concernant la gouvernance, chaque site dépend d’une structure. Un document est élaboré par un Comité de Pilotage, composé d’acteurs du territoire, d’associations, d’élus…qui définit des objectifs à atteindre et des actions à mettre en œuvre. En Bretagne, qui compte 40 sites classés Natura 2000, on est actuellement à 90% sur des phases d’actions.

 
Pourquoi et comment s’est constituée une association de chargés de mission Natura 2000 au niveau régional ?

 

Le réseau s’est constitué en 2011, une première en France. En tant que chargés de mission Natura 2000, nous sommes tous employés par une collectivité territoriale. Mais dans notre métier nous sommes un peu isolés du reste des salariés de la structure, car nous travaillons sur des projets très spécifiques. Il y a trois ans, nous nous sommes rendus compte que si nous nous regroupions dans l’année, c’était avant tout pour refléchir à des points techniques, plutôt que sur des problématiques concernant notre métier et la manière dont il était perçu. Pour mieux travailler avec l’Etat, qui est un de nos partenaires et interlocuteur privillégié, il vaut mieux parler d’une seule voix, d’où la création de l’association.

Nous nous sommes aussi consitués en réseau car les zones Natura 2000 sont encore mal appréhendées. Il faut davantage communiquer auprès du grand public et des élus.

 

 
L’actualité semble chargée pour le réseau. Vous allez à Bruxelles dans quelques jours, et vous préparez un séminaire à destination des élus pour septembre. Pouvez-nous en dire plus ?

 

En Janvier, nous avons déposé un dossier pour concourir au « Prix Natura 2000 européen ». La Commission Européenne a lancé un nouveau prix autour de Natura 2000, le « European Natura 2000 Award ». Cette initiative, inspirée de la démarche française, a pour objectif de valoriser le réseau auprès du grand public. Ce nouveau prix vise notamment à mettre en avant la variété des sites Natura 2000 et à récompenser l’excellence dans un large éventail d’activités. Cinq prix seront décernés chaque année dans différents domaines, à savoir la communication, les actions de protection, les avantages socio-économiques, la conciliation des intérêts et des perceptions ainsi que la mise en réseau et la coopération transfrontière. Nous concourons dans la catégorie « Mise en réseau », et nous avons appris que nous faisions partie des 22 projets finalistes, parmi 163 projets. Le 21 mai, nous nous rendrons auprès de la Commission Européenne de Bruxelles. Ce sera aussi l’occasion pour nous d’échanger avec d’autres représentants français et européens sur nos pratiques.

Nous sommes aussi en train de préparer un séminaire pour septembre, en partenariat avec la Dreal Bretagne, à destination des élus. Nous espérons que ce rassemblement, où nous mettrons en valeur des exemples concrets d’actions, soit le point de départ d’une dynamique lancée par les élus, autour des sites Natura 2000. Pour l’instant, nous avançons lentement, mais sûrement !

 

 

Plus d’infos

http://bretagne-asso.n2000.fr/

 




Sur la piste des loutres

Ils s’appellent Alicia, Jonas, Mathieu et Cyril. Tous les quatre sont étudiants en section « gestion et protection de la nature », au lycée agricole de Suscinio. Dans le cadre de leurs études, ils ont été amenés à s’intéresser de près à un animal qu’on ne voit pas souvent, mais qui est bel et bien présent auprès des cours d’eau bretons : la loutre. « Notre BTS est axé sur la gestion, l’aménagement, la protection de l’environnement et de la biodiversité », explique Alicia. « Pour notre seconde année de formation , nous devions répondre à une commande professionnelle autour de la prospection de la Loutre d’Europe sur le bassin Versant du Léguer en Côte d’Armor en partenariat avec le C.R.I.R ( centre régional d’initiation à la rivière) basé à Belle-Isle-en-Terre », poursuit-elle. C’est ainsi que le groupe des quatre a réalisé une étude sur l’état de la population des loutres sur le bassin versant du Léguer. Un projet qui aura duré en tout quatre mois, en collaboration notamment avec le Comité de bassin versant du Léguer, le Centre Régional d’Initiation à la Rivière de Belle-Isle-En-Terre, le Groupe Mammologique Breton et l’association Vallée du Léguer.

Une population stable, un vivier de petits

Chaussés de bottes, la petite équipe a alors réalisé des prospections sur les bords des cours d’eau, et ce durant 30 jours. « Il s’agissait de relever les traces de la présence de la loutre, par l’observation notamment d’indices », rapporte Jonas. « Nous travaillions par groupe de 2, en suivant le même protocole que celui utilisé lors de précédentes études, et en explorant des portions des cours d’eau », commente-il. Même si les étudiants n’ont pas pu observer de loutres en vrai, ils ont néanmoins pu constater la présence d’empreintes, notamment d’empreintes de petits. « C’est le signe que le bassin du Léguer est un bassin de colonisation pour la loutre. Les individus jeunes qui y vivent partent après vers d’autres secteurs », commente Alicia. D’après les relevés du groupe d’étudiants, la population de loutre sur le bassin du Léguer reste stable, par rapport aux relevés réalisés lors de l’étude précédente. Et l’animal couvre 86% du territoire du Léguer. Toutes les données recueillies ont par ailleurs été transmises au Groupe Mammologique Breton (Gmb), qui étudie de près la population des mammifères sur le territoire breton. « Et puis, le travail sera sûrement poursuivi l’année prochaine, via un autre projet tutoré », espèrent les étudiants, pas peu fiers d’avoir contribué à enrichir les connaissances au sujet de la loutre, animal encore bel et bien présent sur le territoire breton .

 

 

                                                    




La commission européenne va enquêter sur le projet d’extraction de sables coquillers en baie de Lannion

Le 14 février 2014, la présidente de la commission nous informe que notre pétition a été « jugée recevable conformément au réglement du Parlement Européen, puisque les questions soulevées relèvent de l’activité de l’Union Européenne. Nous avons demandé à la Commission Européenne de procéder à une enquête préliminaire sur les différents aspects du problème. »

Par notre courrier du 27 avril 2013, nous avions attiré l’attention de la Commission des Petitions sur les conséquences si ce projet est adopté :

– l’absence et/ou l’insuffisance globale des études produites au dossier d’enquête publique

– Les impacts environnementaux irréversibles et exhorbitants, notamment sur les deux zones Natuea 2000 de Côte de Granit Rose et de Morlaix distantes de 1 km chacune.

– Les impacts économiques et touristiques désastreux sur les emplois non délocalisables

C’est une première victoire de notre collectif qui confirme tous les élements que nous soulevons depuis le dossier d’enquête publique qui s’est déroulé du 25 octobre au 25 novembre 2011.

Notre pétition est inscrite à l’ordre du jour de la réunion de la commission, qui se tiendra le 1er avril 2014 à Bruxelles vers 10h.

Il convient que rappeler que tous les élus et parlementaires concernés ont émis un avis défavorable à ce projet et soutiennent l’action de notre collectif.

 

 




Journée Internationale de la Forêt : Quelles menaces pèsent sur les forêts bretonnes ?

Comment sont gérées les forêts bretonnes et quel est votre rôle ainsi que celui de l’ONF ?

En France, pour les forêts publiques et privées, il y a un code forestier qui détermine la façon dont on gère les forêts et notamment leur aménagement, les actions et les travaux à réaliser pour cela. La volonté de l’ONF est de s’inscrire sur du long terme, avec une vérification effectuée tous les 20 ans du renouvellement de ce plan d’aménagement en fonction de la surface de la forêt. On détermine les endroits où on fera des coupes d’arbres en fonction des essences. Nous devons respecter un code de développement durable intégré au code forestier. En tant que responsable des services forestiers, mon rôle est d’assurer la mise en oeuvre de ces aménagements forestiers et de synthétiser les actions entrant dans les travaux forestiers. Cela concerne notamment les améliorations pour renouveler la forêt, pour qu’il y ait davantage d’éclaircies par exemple, ainsi que les aménagements des routes forestières, les coupes de bois morts ou trop vieillissants et le renouvellement des plantages. Je travaille par ailleurs sur les aspects budgétaires de ces actions.

Y a-t-il des dangers qui pèsent sur les forêts bretonnes ?

Nous avons rencontré certains problèmes de dépérissements, où des larves d’un insecte attaquent une essece de l’espèce d’arbre épicéa sitka qui meurent. L’insecte ravageur est le dendroctone qui attaque les peuplements d’arbres généralement sains et il y a très rapidement de fortes mortalités. On ne peut pas prévoir le fait qu’un peuplement dépérit et que beaucoup d’arbres meurent, et on se retrouve donc obligés de couper ces arbres. Dans les forêts de Loudéac, de Montauban et de Poncalec par exemple, de grandes surfaces de plusieurs dizaines d’hectares ont été coupées car elles mourraient petit à petit. Pour éviter cela, les forêts françaises sont gérées de manière à produire du bois. Après le début d’une attaque, où l’on coupe le bois restant, il peut être utilisé dans des projets de constructions ou pour le chauffage, et donc être revaloriser. Cela évite également d’importer du bois de l’étranger, où des forêts sont menacées de déforestation.

Quelles protections sont mises en place pour faire face à cet insecte ?

D’abord, il n’y a aucun traitement chimique. La seule possibilité d’essayer de réduire son impact est d’introduire un insecte déjà présent en France. Ce prédateur du dendroctone est le rhizophagus grandis, qui mange les larves des dendroctones. Un laboratoire belge nous a aidé à les produire et les élever. Les dendroctones sont présents dans d’autres régions, ils viennent progressivement de l’Est vers l’Ouest. Leur prédateur les suit mais moins rapidement que ce qu’on aimerait, on a fait en sorte qu’il aille plus vite pour les éradiquer et en atténuer ses ravages.

Quelles autres menaces pèsent sur la biodiversité ?

Les épicéas sitkas ne viennent pas de France et ne sont pas considérés comme une espèce patrimoniale. D’un point de vue paysager on peut considérer comme gênant le fait qu’ils dépérissent. Mais d’un point de vue naturaliste, son introduction en France peut être remise en question quant au déséquilibre qu’ils peuvent créer pour les écosystèmes.
Nous prenons également en compte les sites Natura 2000 : lorsque nos forêts s’y trouvent, on en tient compte dans notre gestion. Si nous avons connaissance d’espèces menacées, nous mettons en place des mesures pour ne pas leur porter atteinte.

Quels sont les risques liés à l’exploitation forestière ?

L’exploitation forestière est nécessaire puisque les Bretons utilisent du bois pour permettre de se chauffer et de construire des maisons. Si l’on veut avoir une gestion durable de la forêt bretonne, il faut utiliser des ressources locales, durables et renouvelables. Notre plan de gestion doit mettre en valeur les aspects durables de nos aménagements et de nos reboisements, qui ont des avantages au niveau la durabilité.

Les risques se situent dans les dégâts que l’homme peut infliger à la forêt, alors que notre rôle est de réduire justement les impacts sur la biodiversité les paysages, l’eau et les sols.

On doit faire attention à ne pas polluer les nappes phréatiques, à être délicat dans notre utilisation des gros engins dans les zones humides, car c’est important pour la santé des racines de ne pas tasser le sol. Il y a également une forte demande de la population afin de ne pas modifier les Paysages.
Lorsque l »ONF réalise une exploitation forestière, un contrat avec des obligations et des règles à respecter est mis en place. S’il n’est pas respecté, il y a des obligations de remises en état et des amendes.
 

Quels sont les chiffres concernant l’évolution de la surface des forêts, en France et en Bretagne ?

10% de la surface des forêts sont des forêts publiques et 90% sont des forêts privées. Globalement la surface des forêts bretonnes augmente et gagne sur les terrains agricoles tout en suivant la moyenne française.

Quelle place ont les citoyens dans la prise de conscience de l’importance de nos ressources forestières ?

Ils sont peu impliqués à part quand ils sont propriétaires. Dans ce cas ils y trouvent un intérêt personnel. Les personnes du milieu associatif, elles, travaillent pour l’intérêt général donc chaque acteur porte un regard différent sur nos ressources forestières.
Cependant le regard des citoyens est faussé car ils se basent sur l’image qu’ils ont de la surexploitation des arbres dans les forêts tropicales selon moi. Celle-ci n’est pas comparable avec l’exploitation de notre région.

De quelle manière êtes-vous engagés dans une logique de Développement Durable dans la gestion des forêts bretonnes ?

L’ONF est engagée de part son rôle dans la réalisation des plans durables. Au bout de la filière bois, les forêts des collectivités sont certifiées par le label PEFC (Pan European Forest Certification). C’est une certification qui vient du code forestier en garantissant une authenticité dans la revente de bois et la garantie d’une traçabilité. Le citoyen peut acheter du bois avec cette garantie de gestion durable. Sans cela, il n’y en a aucune façon de savoir si une forêt est massacrée dans l’autre bout de monde.

L’ONF met en place des contrats d’approvisionnement, dont l’objectif est d’éviter que tous les bois partent en Chine et n’alimentent pas les filières françaises. On contractualise directement avec les utilisateurs des scieries françaises dans le respect des règles du marché de manière à assurer un approvisionnement français. Avec l’augmentation des prix il y a des tensions qui se font sur le matériau bois. Il y a des jeux d’acteurs entre les négociants, car lorsqu’on vend du bois à un exploitant forestier, on ne sait pas où il va et on ne maîtrise pas du tout où va la ressource. L’état nous a donc demandé de prendre des mesures face à cette gestion du bois.

 

A voir / écouter également :

Article du média « Reporterre » et Pétition pour une gestion durable des forêts françaises : SOS FORÊT FRANCE

Une interview sonore de Louis-Marie Guillon, ingénieur agronome au Parc Naturel Régional d’Armorique, à propos de la charte forestière du Parc Régional d’Armorique

Une interview sonore de Marc Pasqualini, responsable régional sylviculture à l’ONF, sur l’importance de développer la culture de l’épicéa Sitka en peuplement mélangé

« Les Monts d’Arrées, dernier refuge de l’épicéa Sitka face au réchauffement climatique », interview sonore d’Hervé Le Bouler, directeur du Conservatoire National de la Biodiversité Forestière
 

Ces interviews sonores ont été réalisées dans le cadre du dossier « Peut-on reboiser durablement le Centre-Bretagne? », publié dans le numéro 5 du magazine Bretagne Durable.