Avec Bretagne Vivante, observez et comptez les oiseaux de vos jardins !

En quoi consiste l’opération de comptage des oiseaux ?

L’opération, lancée dès 2009 par le Geoca (Groupe d’Etudes Ornithologiques des Côtes-d’Armor) dans les Côtes-d’Armor et étendue ensuite à toute la Bretagne et la Loire-Atlantique ,consiste à compter les oiseaux que l’on voit durant une heure, le 30 ou le 31 janvier. Il s’agit d’abord de choisir un lieu d ‘observation : le jardin, un parc, le lieu de travail, l’école. Il faudra ensuite, pendant une heure, observer et noter tous les oiseaux visibles dans ce lieu, en évitant de compter plusieurs fois les mêmes oiseaux. Toutes les explications et le protocole à suivre, qui est très simple, sont disponibles sur le site de Bretagne Vivante.

 

 
A quoi sert cette opération ? Quelle en est l’utilité pour Bretagne Vivante ?

Ce type d’opération existe depuis une trentaine d’années dans d’autres pays comme le Royaume-Uni. Ici, cela fait 8 ans. Cela nous permet d’avoir des infos sur l’évolution des populations d’oiseaux en Bretagne : si elles progressent, régressent ou se stabilisent, et surtout une idée de l’occupation du territoire par les oiseaux en période hivernale, et la répartition ville/campagne. On manque cependant encore de recul, on ne pourra connaître vraiment bien les évolutions qu’après 10 ou 15 ans de repérage.

Cette opération est également un outil de science participative, qui permet de sensibiliser la population à la question de la protection de l’environnement, de la biodiversité et des oiseaux.

 

 

Peut-on néanmoins déjà dégager des résultats de ces observations citoyennes ?

 

On constate que la population de certaines espèces diminue, comme le verdier d’Europe qui est vraisemblablement confronté à une maladie, le Trichomonosis. Les effectifs de grives musiciennes sont également en baisse, du fait qu’elles trouvent maintenant au Nord des températures aussi douces qu’ici. Elles sont donc moins présentes en Bretagne.

A l’inverse, on note une recrudescence du chardonneret élégant, notamment en ville. On estime que cette augmentation de la population est favorisée par l’abandon de pratiques liées à l’utilisation de produits phytosanitaires.

Concernant la fréquence, qui représente le pourcentage de jardins qu’occupe une espèce, on retrouve à la première place le rouge-gorge familier : il a été vu dans 86% des jardins. Suivent ensuite le merle noir, présent dans 83% des jardins, et la mésange bleue, dans 75%. Et c’est le moineau domestique qui est le plus abondant dans les jardins, avec en moyenne 4 individus par jardin. Ceci peut s’expliquer que le moineau vit en groupe, et qu’on l’observe souvent en bande. Le bilan de l’édition 2015 est d’ores et déjà disponible sur le site de Bretagne Vivante.

 

 

 

Quelques chiffres :

 

  • 5560 participants à l’opération de comptage en Bretagne et Loire-Atlantique

  • C’est le Finistère qui est le département où les participants ont été les plus nombreux, avec 2155 citoyens.

  • 102 espèces ont été observées sur le week-end

  • 167 500 individus ont été recensés

  • Une vingtaine d’espèces apparaissent comme particulièrement abondantes dans les jardins bretons, qui représentent 94% des oiseaux comptés dans le week-end.

 

 
Plus d’infos

http://www.bretagne-vivante.org




Amaru: Quand la communauté s’appuie sur le tourisme pour diffuser ses richesses.

Note préliminaire à propos du tourisme.

Les 3/4 de l’humanité ne parlent jamais de «partir en vacances» ou «d’effectuer un voyage pour le plaisir, la quête de soi-même, la soif d’apprendre…” En quelques décennies,le tourisme s’est pourtant imposé comme la 1ère industrie mondiale. Et l’on ne peut pas franchement parler de business équitable en général. Pour exemple, au Bélize, les infrastructures côtières sont détenues à 90% par des sociétés américaines. Un jeu de spéculation financière débordant parfois sur les populations qui finissent souvent par être déplacées mais ceci est un autre sujet…

Trouver de l’ »authentique » au Pérou dans les alentours de la célébrissime ville-étape qu’est Cusco relève du défi: La culture y est très largement diluée au profit d’un tourisme industriel.

Le milieu montagnard est générallement plus épargné que le littoral mais il n’en est rien dans le cas de la région de Cusco…Une affluence de 3000 touristes par jour sur le Machu Picchu: Rien qu’à l’évocation de ce chiffre, on comprend ce qui a pu pousser les investisseurs à s’installer confortablement dans le paysage…

 

Vue sur les ruines du Machu Picchu

 

Mais heureusement, il reste quelques villages peuplés d’irréductibles andins qui résistent encore et toujours à l’envahisseur!

 

Amaru : la communauté où les femmes s’activent pour valoriser leurs coûtumes.

C’est au coeur des montagnes à l’est de Pisac que je pars à la rencontre d’une petite communauté qui va m’accueillir les bras grand ouverts.

Implanté dans la vallée sacrée non loin des prestigieux vestiges du Machu Picchu, le district de Pisac est connu pour son temple construit au 15è siècle par Pachacutec, 9ème empereur de la civilisation inca.

Sur la place principale du hameau, un joli marché d’artisanat que je balaye du regard sans chercher à acquérir de jolis souvenirs autrement que dans ma tête, mon dos étant devenu une bascule précise qui tique désormais sur le moindre gramme supplémentaire…

J’ai rendez-vous avec Carlos, un contact établi grâce au réseau “couchsurfing”. Dès le 1er coup d’oeil, je peux sentir l’authenticité qui émane de lui et l’échange qui va suivre ne fera que me conforter dans cette bonne vibration.

Carlos et sa compagne ont fondé une école visant à promouvoir et même à réhabiliter la langue quechua. Tous les enseignements se font dans cette langue. Le nom de l’établissement: Kusikawsay, vie heureuse en Quechua…

Jusqu’ici, au travers de mes discussions avec des quechuas j’avais perçu l’évidente difficulté qu’ils avaient à faire perdurer leurs traditions, mais je croyais leur langue épargnée. Il y avait encore 10 millions de locuteurs à ce jour dans les différents pays andins et le Pérou, son pays originel, reconnaissait par ailleurs le Quechua comme langue officielle…

Carlos va droit au but et m’expose les ombres de la situation: les jeunes du moment sont la génération charnière, celle par laquelle le trésor du language natif se perd. Mon interlocuteur se bat pour la survivance d’un trait fondamental de sa culture millénaire sans pour autant nier le caractère fonctionnel de l’espagnol. Il surfe sur l’idée de la double culture, celle qui permet de communiquer avec le plus grand nombre tout en restant fidèle à son identité profonde.

Nous nous quittons au terme d’une longue et foisonnante discussion. Que des croisements de pensées puissent être tout aussi éphémères qu’alchimiques me colle des frissons. C’est très puissant de savoir qu’on a des frères d’âme dans tous les recoins du monde.

Suerte tio, sigue la lucha, cuidate y que Dios te bendiga!”

 

L’école Kusikawsay vue du ciel (photo extraite du site web).

 

Sans me retourner – mais ensoleillée par cette rencontre si spéciale-, je poursuis mon chemin.

La seule façon d’arriver au village Amaru est de se chauffer pour entreprendre une grimpette de quelques dizaines d’heures ou de sauter dans un taxi. L’option n°2 l’emporte, moins aventureuse pour sûr mais humainement plutôt marrante car, preuve flagrante que nous sommes dans un patelin, le chauffeur est un cousin de ma future hôte, Rufina…Il me dépose sur le pas de sa porte et sort pour m’introniser auprès d’elle pendant que je m’extasie sur des constructions de terre aux accents de modernité. Dans le registre des mélanges, on n’est certainement pas la meilleure des espèces mais l’homme dispose quand même d’une belle capacité d’adaptation! On garde ce qu’on a fait de mieux par le passé, on le fusionne avec de nouvelles trouvailles, on tâtonne, on perfectionne…Bazar savant, subtil dosage…

Rufina et ses copines à tresses qui tombent jusqu’aux fesses: Un accueil de choc!

L’endroit est joli, chaleureux…Il l’est encore plus quand une quinzaine de paires de tresses laisse apparaitre un lot de petits yeux curieux dans l’encadrure de porte; Rufina s’avance vers moi, elle a le même air mutin que ses congénères et son enthousiasme me donne envie de chialer d’émotion. Elle m’invite à entrer et me voilà catapultée au beau milieu d’un cours magistral de cuisine. Un grand chef est venu exprès de Lima pour donner des tuyaux à ces dames sur d’innombrables recettes un peu “fancy trendy” qui permettent d’accomoder ans une tonalité gastronomique cochons d’inde, mais, quinoa et autres produits locaux.

En tant qu’estomac sur pattes et amatrice de bonne boustifaille, je suis vraiment contente d’arriver pile à ce moment! Et il faut dire que le climat étant vraiment peu alléchant, je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de mieux que se remplir la panse!!

Mais revenons à la scène de l’atelier gastro s’il vous plait! Les petits bonnes femmes aux longues nattes luisantes s’affairent aux fourneaux dans une délectation contagieuse et toutes les deux minutes, elles ont un nouveau met de fin gourmet à me faire goûter; Todo bueno, je veux bien être leur cobaye pour les 50 prochaines années!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est pas tout ça mais je me rendrais bien utile quand même! Comme ces bonnes dames sont d’humeur taquine, elles me sortent de derrière les fagots une montagne de patates désydratées à éplucher: un enfer mais je ne veux pas passer pour un bleu alors je garde un air digne en m’arrachant les doigts…et d’observer du coine de l’oeil leur épatant petit ballet… Elles sont pleines de vie, si jolies dans leurs rondeurs et visages émaciés réhaussés de ces deux petits perles noires qui brillent, brillent à tout va. Chouette moment…

Ici toutes les familles possèdent une ou plusieurs “dépendances” pour recevoir des hôtes. Je serais logée chez Rufina qui est la représentante de la communauté. Elle me laisse prendre mes quartiers dans une de ses chambres et me convie à la rejoindre un peu plus tard chez elle pour faire plus ample connaissance.

À peine arrivée dans sa pièce principale, Rufina me tend un petit “flyer” présentant l’activité de tisseuse qu’elle et ses compagnonnes font découvrir aux visiteurs.

Afin que je comprenne comment elle est entrée dans l’aventure du “tourisme” rural et communautaire, toute en sourires elle déroule le fil de sa vie et l’oeil qui frise me narre son histoire. Un père qui buvait beaucoup, 8 frères et soeurs…Elle arrête l’école à 10 ans pour travailler avec ses parents et quitte la maison familiale 5 ans plus tard le jour où elle se marie.

 

La famille de Rufina.

 

Dans les années 2000, Rufina et d’autres femmes de sa communauté ont l’idée de lancer leur propre activité génératrice de revenus en invitant les voyageurs à découvrir l’héritage de leur culture ancestrale. Elles créent une association de tisseuses pour montrer et vendre leur artisanat: Un focus sur le tissage pour commencer et puis progressivement, leur domaine d’activités s’étend à la découverte des plantes qui soignent, de l’agriculture et de la gastronomie andine. Notamment, elles ne manquent jamais de servir à leurs hôtes la chicha de jora, une boisson sucrée à base de mais qui peut aussi être faiblement alccolisée quand on la laisse fermenter; Delicioso!

En 2007, elles sont contactées par Tierra de los yachars, une association péruvienne soutenue par la fondation espagnole CODESPA (ONG de développement assez généraliste puisque basée sur le principe de respect de la dignité humaine).

À partir de 2010, l’association intervient dans la communauté afin de renforcer leur organisation autour du tourisme rural et communautaire. Tierra de los yachars mène aujourd’hui le même type de mission au sein de 8 communautés de la vallée. Au total, 200 familles -ce qui revient à 2000 personnes environ- bénéficient de ces programmes.

L’objectif de l’association Tierra  est d’améliorer la qualité des activités touristiques qu’offrent les différents villages et de les faire travailler ensemble. Pour que les communautés ne deviennent pas dépendantes de l’association, une fois le travail terminé, c’est en complête autonomie qu’elles continuent d’administrer leur structure.

Un des principes-clé pour aider les communauté à se renforcer est classiquement celui de l’équité dans la distribution des bénéfices. Les effets sont parfaitement visibles: Amélioration de la qualité de vie des bénéficiaires, valorisation de leurs traditions et conservation de la variété d‘espèces vegétales disponibles sur leur territoire.

Plus précisément, Tierra de los yachars travaille sur les 3 axes suivants: la formation, l’accès au marché et l’octroi de microcrédits.

L’association a proposé aux femmes d’Amaru de parfaire leur projet en y apportant un double soutien technique et financier. Cette démarche leur a donné la possibilité de participer à différents ateliers en fonction de leurs besoins: “liderazgo” (leadership) , comptabiité-gestion (pour l’hébergement et l’accueil des visiteurs), langues, cuisine.

Pareille initiative a permis à Rufina d’apprendre à lire et écrire l’espagnol même si entre elles, les femmes continuent tout naturellement de communiquer en quechua…

L’activité de tourisme dit “vivencial” permet à la communauté de dégager des ressources complémentaires mais son économie demeure essentiellement basée sur l’agriculture et l’élevage. Parmi les cultures vivrières locales, la papa – ou pomme de terre, plus de 4000 variétés au pérou – est la star mais une place pondérante est également accordée aux fèves, maîs, haricots ou blé qui se déclinent eux aussi en différentes variétés…La règle d’or : On n’achête au marché que ce qu’on ne peut pas produire sur les terres de la communauté.

 

Toutes les remèdes sont dans le jardin de Carmen!

Dès mon arrivée, j’ai remarqué Carmen, une toute petite femme à la silhouette de jeune fille. Elle ne parle pas beaucoup mais son allure ainsi qu’un regard percutant trahissent en elle une incroyable force de vie.

 

 

La jolie Carmen au milieu de ses plantes chéries.

 

Carmen est la spécialiste des plantes médicinales. Elle me fait visiter son jardin et me montre avec plaisir toutes les ressources qu’elle utilise pour fabriquer des soins. Cataplasmes de feuilles pour désinfecter les blessures, pommades contre les coups, infusion pour la toux…Tous les remèdes sont dans le jardin de Carmen. Je lui propose de se livrer à une petite démonstration, elle se prend au jeu, toute pleine de trac et d’exaltation, le tout en quechua, de bout en bout! J’apprends que la dent de lion – communément appelée pissenlit – se dit «pili pili», Carmen me présente aussi le “michi michi”, la “ccaya ccaya” et Rufina à ses côtés traduit de temps en temps “langue de vache”, “queue de cheval” et pleins d’appellations qui titillent mon hilarité!

 

Carmen en pleine préparation de pommade.

 

 

Ici personne ne se shoote à l’aspirine; Pour chaque petit tracas, il existe une solution naturelle et on n’adopte qu’elle: tisanes de mélisse ou de camomille pour la détente, fenouil et menthe pour digérer. Pas mal de point communs avec nos recettes de grand-mère effectivement, mais il y des préparations que l’on utilise moins en occident comme les “emolientes” , boissons chaudes matinales énergisantes à base d’orge, de quinoa ou de luzerne ou encore l’infusion de muna, sorte de menthe andine utilisée pour combattre les nausées et le sorroche– le tristement fameux mal de l’altitude.

Je resterai bien plus longtemps avec cette joyeuse bande de drôlettes mais c’est le jeu ma Lucette, à peine le temps de se poser qu’il faut déjà refaire son paquetage, 6 mois ça parait long comme ça mais…il faut toujours aller de l’avant, s’habituer à d’autres sourires, d’autres tranches de vie, d’autres visages, mesdames concentré de bonheur et de courage, je n’oublierais pas les vôtres en tous cas…

Quelques femmes de la communauté avec Pilar coordinatrice de Tierra de los yachar.

 

 
Plus d’infos

Site de l’ONG Tierra de los Yachaqs: http://www.yachaqs.com/about-us/communities/amaru/

Site d’Echoway, guide d’écotourisme solidaire: http://www.echoway.org/page12.php?ct=8&py=471&li=322




A la découverte du potager d’Aliette

 

L’idée du projet de web-tv « Bobine en bourg » est de construire collectivement avec les habitants de Plougasnou un média qui parle de la commune et des gens qui y vivent.

 

Plus d’infos sur le site de l’association Projets Echanges et Développement : http://projets-echanges-developpement.net/site/

 




A la découverte du potager d’Aliette

 

L’idée du projet de web-tv « Bobine en bourg » est de construire collectivement avec les habitants de Plougasnou un média qui parle de la commune et des gens qui y vivent.

 

Plus d’infos sur le site de l’association Projets Echanges et Développement : http://projets-echanges-developpement.net/site/

 




Changement climatique et eau au menu de notre colloque régional

Un colloque suivi par de nombreux adhérents et responsables d’associations locales, qui ont d’abord entendu Daniel Le Bras, adjoint au maire de Quimperlé et président de la commission locale de l’eau du SAGE Ellé Isole Laïta, souligner l’intérêt obligé de la ville de Quimperlé très concernée par les risques de submersion marine et d’inondations.

En matinée, les exposés très pédagogiques des spécialistes de Météo-France, de l’Onema, et de Laurent Labeyrie, ont permis de fixer les enjeux : la Bretagne sera incontestablement concernée par une hausse des températures, l’évolution de la pluviométrie et celle des évènements extrêmes (tempêtes, fortes précipitations) étant plus incertaine. « Les populations de truites et de saumons, espèces piscicoles des eaux froides, devraient pâtir de ce réchauffement » a affirmé Nicolas Poulet, spécialiste de ce sujet à l’ONEMA. Il recommande une action dans quatre directions : restaurer la continuité écologique, respecter les régimes hydrologiques, limiter le réchauffement des rivières, maintenir ou restaurer une bonne qualité des eaux. Des mesures intégrées dans la directive cadre sur l’eau qui fixe un objectif de bon état écologique à atteindre en 2027, lequel nécessite de prendre en compte les impacts du changement climatique.

Que faire face au changement climatique ? C’est la question à laquelle ont répondu tour à tour, Genéviève Chaulny de la Direction Régionale de l’Environnement de Bretagne, Laurence Ligneau de la Chambre Régionale d’Agriculture et Nicolas Gérard Camphuis, de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Des débats qui ont suivi les exposés, on retiendra la question de la protection des zones humides, la nécessité d’anticiper l’augmentation de la population sur la frange littorale bretonne en termes de capacité de traitement des effluents et de consommation d’eau, et celle de l’évolution de l’agriculture régionale. A propos des zones humides, le représentant d’Eau & Rivières de Bretagne au SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) Sud Cornouaille a vivement dénoncé l’attitude des services de l’Etat dans le Finistère, refusant que des mesures de protection de toutes les zones humides, et pas seulement de celles de plus de 1000 m2, soient inscrites dans ce Sage.

En conclusion de cette journée, Jean-Claude Pierre, un des fondateurs de notre association, qui remplaçait au pied-levé le Président de France Nature Environnement retenu au dernier moment, a rappelé que le dérèglement climatique n’était qu’une des impasses auxquelles étaient confrontées nos sociétés. Insistant sur l’actuelle érosion de la biodiversité mondiale, il a affirmé avec force : « la manière dont les hommes traitent la nature n’est pas sans influence sur la façon dont ils traitent leurs semblables« .




Climat, transition : quelle Bretagne en 2050 ?

Le Ceser est composé d’acteurs du tissu économique, social et environnemental de Bretagne, représentant tous les courants de la société civile. Il a une fonction consultative, émet des avis sur le budget du Conseil Régional et sur les grandes politiques de la région, et établit des rapports, réflexions et propositions sur des sujets d’intérêts régionaux. C’est dans ce cadre que la Commission Prospective du Conseil s’est interrogée sur la manière de vivre en Bretagne à l’heure de la transition. «  Serons-nous capables d’y parvenir ? Et quels changements cela impliquera-t-il concrètement pour un territoire comme la Bretagne ? », s’est ainsi demandé le Conseil, en se questionnant notamment sur les évolutions à venir sur la vie quotidienne des bretons : dans l’habitat, la santé, l’aménagement du territoire, l’emploi, l’alimentation, la production d’énergie, la qualité de vie…« Il y a la certitude que le changement climatique se poursuivra, et la Bretagne ne sera pas épargnée », affirme le Conseil. En Bretagne, la température va elle aussi s’accroître. C’est dans les villes que le phénomène sera le plus important. Tout ceci aura un impact sur la ressource en eau, et la biodiversité. Sans oublier des impacts également sur les littoraux : on prévoit ainsi une augmentation du niveau de la mer de 17 à 36 centimètres à l’horizon 2050. La Bretagne est une région qui est, et sera, particulièrement vulnérable aux risques de submersion marine. C’est en prenant compte ces évolutions inéluctables que quatre scénarios prospectifs ont ainsi élaborés, décrivant la Bretagne en 2050.  Il s’agit d’ « explorer les évolutions de la société qui pourraient accompagner cette transition ». « Ces récits du futur sont une réponse à une question toute simple : que pourrait-il se passer demain en Bretagne ? Ces scénarios tendent à représenter, de manière la plus objective et rationnelle possible, des hypothèses de l’évolution de la société. », explique le Ceser.

 

 

Les scénarios :

 

 

Scénario 1 : « Transition technologique »

 

« Dans les années 2020, face à l’échec répété des négociations climatiques intergouvernementales, ce sont surtout les villes, organisées en réseaux internationaux, qui prennent les devants. Leur objectif est de favoriser l’atténuation et l’adaptation au changement climatique avant tout par le développement et la diffusion de nouvelles technologies ». Dans ce scénario, les territoires veulent développer l’implantation d’entreprises innovantes, et les habitants sont toujours plus connectés et équipés, et disposent chez eux d’appareils de mesure et de « pilotage des consommations ».

« L’importante évolution du mix énergétique en Bretagne, ainsi que les progrès effectués en terme de pilotage des consommations ont permis de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre », selon ce scénario du Ceser. Néanmoins, tout ceci a pris du temps, temps durant lequel les émissions ont continué à augmenter. Et certains citoyens, s’opposant au recours aux nouvelles technologies par principe et conviction, ou par manque de moyens, décident de proposer des alternatives.

 

 

Scénario 2 : « Transition négociée »

 

« Les pouvoirs publics s’engagent sans attendre, dès 2015, dans une dynamique de transition. »

Ils agissent essentiellement au travers de politiques d’information et d’accompagnement à l’éco-citoyenneté. De nombreux investissements « bas carbone » sont effectués, des aides financières et des formations sont proposées aux professionnels.

La mise en œuvre est lente, mais « l’engagement des citoyens et des acteurs économiques étant fondé sur l’information et le volontariat, cette politique parvient à remporter l’adhésion du plus grand nombre et permet à beaucoup d’y trouver satisfaction. »

 

 

Scénario 3 : « Transition citoyenne »

 

Les citoyens, effrayés par les conséquences concrètes du réchauffement climatique et l’inaction des pouvoirs publics depuis des années, se mobilisent à l’orée des années 2040. Des collectifs se créent, et expérimentent un nouveau mode de vie : développement de l’achat local, réemploi/recyclage, développement des « low techs », végétarisme, permaculture, micro-production énergétique.

On assiste à une transition tardive, peu favorable à la baisse de l’émission de gaz à effet de serre. Le changement des pratiques conduit à une baisse des impacts environnementaux, mais les investissements sont trop faibles. De plus, « Ces évolutions, vécues comme des contraintes, sont rejetées par une partie de la population ».

 

 

Scénario 4 : « Transition dirigée »

 

Durant la troisième décennie des années 2000, les états européens signent un accord concernant le climat. A l’échelle du continent, des engagements chiffrés sont mis en œuvre. « En France, l’Etat, résolu à atteindre ses engagements, prend appui sur les moyens financiers dont il dispose et mobilise essentiellement les leviers réglementaires et fiscaux ». En Bretagne, les efforts portent sur le logement, le transport et l’agriculture, les secteurs les plus émetteurs.

Cette transition est plutôt efficace. Elle divise cependant une partie de la population, qui n’accepte pas toute cette réglementation.

 

 

Ces différents scénarios doivent avoir pour objectif de susciter des questionnements, et de provoquer le débat, avec la participation des citoyens. Et pour réussir la transition, le Ceser préconise également de relever six défis :

 

  • Mobiliser l’ensemble de la société, des citoyens, des acteurs économiques et sociaux dans la transition en Bretagne

  • Accompagner la transition en région par une action volontariste et coordonnée des acteurs publics

  • Développer des outils de solidarité pour une transition équitable

  • Analyser les besoins de financement et mobiliser les moyens nécessaires

  • Conjuguer innovations technologiques, économiques et sociales pour mener la transition sur le territoire

  • Appréhender la transition comme un enjeu structurant et transversal

 

 

Pour le Ceser, un scénario de transition réussie est possible en Bretagne, mais il faut pour cela « être déterminé et avoir une attitude de combat », comme l’affirme l’astrophysicien Hubert Reeves. Reste que la région, et les territoires, ont et auront un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique, et que les initiatives locales seront importantes, que la transition soit essentiellement portée par les pouvoirs publics ou bien par les citoyens.

 

 

Pour télécharger le rapport du Ceser : http://www.bretagne.bzh/jcms/TF071112_5042/fr/le-ceser