1

« l’Ecole de l’Exploration » embarque à Saint-Malo pour se former aux enjeux du monde marin

Née en 2021 à Saint-Malo (35), l’Ecole de l’Exploration est une association loi 1901, dont l’objectif est « d’explorer le monde depuis la mer ». Une « communauté » ouverte à toutes et tous s’est ainsi constituée, faite de chercheurs et chercheuses, marins, artistes, explorateurs et exploratrices, entrepreneurs et entrepreneuses, citoyen.ne.s…avec en commun l’envie d’agir en collectif et de partager des connaissances, autour de l’océan.

L’Ecole de l’Exploration développe ses actions « selon trois axes », détaille Marie Dautzemberg, fondatrice de l’association : l’apprentissage « tout au long de la vie », la recherche, et la communication auprès du grand public. Tout ceci afin de trouver des réponses à de grands défis, comme par exemple « Avoir un océan en bonne santé ».

L’association organise ainsi des sessions pédagogiques interdisciplinaires, sur des enjeux liés à la mer et aux océans. « Dix rencontres de deux jours ont été déjà organisées », rappelle Marie. Les thèmes abordés sont variés : le futur des algues, l’avenir du transport maritime, les énergies de la mer, les pratiques de pêche… Lors de chaque sessions, « Des personnes-ressources viennent participer, des acteurs et actrices liées au monde de la mer ». Mais également des néophytes. Ce qui d’ailleurs fait « la richesse de l’Ecole de l’Exploration », selon Marie, qui entend bien, avec sa structure, faire connaître « la mer dans toutes ses dimensions, et pas seulement par le prisme des grands cétacés, ou de la pollution plastique, sujets qui sont souvent abordés dans la société . On veut aborder la mer sous son angle politique, scientifique, social également ».

La prochaine « sessions pluridisciplinaire » de l’Ecole de l’Exploration aura lieu les jeudi 15 et vendredi 16 février. Elle a été co-organisée avec Marine Pouchard, qui a créé Octopu’sh, projet qui vise à mettre en réseau des scientifiques, des artistes, des thérapeutes, des citoyen.e.s, qui prennent soin de « l’humain et de l’océan ».

Cette session de février mettra à l’honneur « L’océan et la recherche médicale ». La « suite » d’une précédente session organisée en 2022, qui était consacré à la santé des océans et aux liens entre santé et océan. « Cette fois-ci, nous allons nous interroger sur les ressources qui sont disponibles dans l’océan pour se soigner, sur la création de réseaux de « santé bleue » à l’échelle du territoire, et sur la santé environnementale océanique », précise Marie. Des chercheurs, laboratoires, médecins, stations de recherche, biologistes moléculaires…mais également des artistes, des acteurs associatifs et publics vont embarquer pour ses deux jours. On retrouvera notamment Franck Zal, Président et Directeur Scientifique d’Hemarina, à Morlaix, Julia Morales, directrice de recherche CNRS à la Station Biologique de Roscoff, ou encore Pascale D’Erm, réalisatrice et autrice.

Les inscriptions pour les deux jours à Saint-Malo, ouvertes à toutes et tous, sont encore possibles jusqu’au mercredi 14 février, via la plateforme HelloAsso.

 

Plus d’infos :

Ecole de l’Exploration

 

 




S’entendre comme chiens et oiseaux sur les plages de la Baie de Morlaix

Comment faire cohabiter la présence des chiens sans laisse sur certaines plages, et les oiseaux hivernants qui s’y nourrissent, dans la baie de Morlaix ? C’est là l’enjeu de la campagne de sensibilisation qui vient d’être lancée par Morlaix Communauté. Au programmes : des temps de maraudes auprès des promeneurs, pour les informer sur les oiseaux et leur faire adopter de nouvelles pratiques, grâce à l’expérience des associations Bretagne Vivante, Ulamir-CPIE, Au fil du Queffleuth et de la Penzé et LPO. Sans oublier les Mistoufles, le refuge animal de Saint-Martin-Des-Champs.

D’Octobre à Mars, la baie de Morlaix, dont une majeure partie est classée en Zone Natura 2000, accueille toute une population d’oiseaux hivernants : huitriers pie, bécasseaux variables, chevaliers gambettes, courlis, tadornes de Belon…. Sans oublier les bernaches. Pour celles-ci, la baie accueille d’ailleurs pas moins de 1% de la population mondiale !

Un véritable petit paradis pour la biodiversité. Mais lors de suivis mensuels réalisés par l’association Bretagne Vivante et financés par Morlaix Communauté, des « constats de dérangements liés aux activités humaines » ont été signalés. Une étude a alors eu lieu, menée par l’Office Français de la Biodiversité, Morlaix Communauté et Haut Léon Communauté. « Trois sites sont apparus comme essentiels pour l’alimentation des oiseaux hivernants, qui quittent la Sibérie et autres pays du Nord pour venir ici passer l’hiver : La Grande Grève à Carantec, Trégondern à Saint-Pol-de-Léon, et le Laber à Roscoff », explique Gwladys Daudin, chargée de mission Natura 2000 à Morlaix Communauté. Sur ces trois lieux, de nombreux promeneurs se baladent avec un chien, bien souvent non tenus en laisse. 90% des envols de volatiles avec un abandon total du site d’alimentation sont dûs à ce phénomène ! « Les oiseaux ont un temps très court pour se nourrir, du fait de la marée et des coefficients. S’ils sont dérangés, ils vont quitter le site d’alimentation, et cela leur demander une dépense d’énergie supplémentaire », précise Gwladys.

Questionnaires, jumelles et longue-vue pour engager la discussion

Pour informer les promeneurs sur les effets de ces dérangements sur les oiseaux hivernants, une campagne de sensibilisation vient d’être mise en place sur les trois sites d’alimentation. « Le but, c’est de diffuser un message préventif », rassure Sébastien Marie, conseiller délégué à la biodiversité à Morlaix Communauté. « Les personnes ne sont pas du tout au courant des dégâts qui peuvent être causés par leur animal ». « C’est un vrai sujet, et il faut laisser un espace aux chiens sur le domaine public », abonde Nicole Segalen, maire de Carantec. Pour se faire, des maraudes sont prévues sur les trois plages, dès le 9 février, sur 28 demi-journées de présence, à marée montante. Elles seront réalisées par des membres des association Ulamir-CPIE, Bretagne Vivante, Au Fil du Queffleuth et de la Penzé, et la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux). « Toutes et tous seront équipé.e.s de questionnaires, de jumelles et de longue vue, afin d’engager la discussion, de façon bienveillante et participative, et d’arriver à faire évoluer les pratiques, à savoir tenir son chien en laisse entre novembre et mars sur ces lieux », commente Sébastien Marie. « On n’est pas du tout dans une opération anti-chien ». Les Mistoufles, le refuge animal bien connu dans le secteur de Morlaix, est également partenaire. « On connait beaucoup de promeneurs, donc la sensibilisation sera plus facile », souligne Gwen, bénévole au refuge. « Même si beaucoup sont frustrés par les plages interdites aux chien, et de devoir les tenir en laisse », reconnait-elle. « Ce qu’il faut, c’est composer tous ensemble », ajoute Quentin Rochas, chargée de mission à Bretagne Vivante. «Quand on voit un groupe d’oiseaux, on peut le contourner, et rappeler son chien s’il est divaguant. C’est valable aussi quand on est à pied et seul ! ». A noter que des sorties pour observer et mieux connaître les bernaches, huitriers pies, chevaliers gambettes et autres occupants à plume des plages de la baie de Morlaix seront proposées. Et les chiens y seront acceptés ! (en laisse évidemment).

 

 

 

 

 




Ce week-end, comptez les oiseaux dans votre jardin !

Samedi et dimanche, Bretagne Vivante et le Geoca (Groupe d’Etudes Ornithologique des Côtes d’Armor), en partenariat avec la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) proposent aux Bretons de recenser les espèces d’oiseaux présentes autour de chez eux. Le but : sensibiliser, informer, et mieux connaître l’évolution des populations d’oiseaux dans la région.

 

« Le comptage des oiseaux des jardins est une opération nationale qui  vise à recenser de façon ponctuelle, l’abondance des principales espèces d’oiseaux fréquentant les jardins en hiver. Cette opération de sciences participatives se veut à la fois un moment de sensibilisation et d’information sur les oiseaux les plus communs. Elle constitue également un outil de connaissance sur l’évolution des populations de ces espèces qui connaissent, pour certaines, de dramatiques chutes d’effectifs ces dernières années. Elle est donc reconduite chaque année à la même période. », peut-on lire sur le site de Bretagne Vivante.

Pour participer à l’opération, c’est simple : il suffit de choisir un lieu d’observation (son jardin, un parc, son lieu de travail, une école…) et de choisir une journée, le samedi ou le dimanche. Il faut ensuite observer durant une heure et noter tous les oiseaux observés dans ce lieu, grâce à un formulaire disponible sur internet. Pour ne pas comptabiliser deux fois le même oiseau, il suffit de ne compter que le nombre maximal d’oiseaux vu en même temps (exemple : si on voit 2 mésanges, puis 4, puis 2, il faut noter 4). Il ne faut compter également que les oiseaux posés, pas ceux en vol au dessus du jardin. Si l’on ne peut pas identifier un oiseau, pas de panique : il ne faut pas le noter, mais on peut néanmoins le prendre en photo et la poster sur la page Facebook de l’opération. Des ressources illustrées sont également à disposition, sur le site de Bretagne Vivante, pour reconnaître facilement les oiseaux.

Une fois les volatiles observés, plusieurs possibilités pour renvoyer les résultats :

Soit directement en ligne sur le site de Bretagne Vivante

Soit par mail à enquetes-geoca@orange.fr

Soit par courrier postal : Geoca, Espace Keraïa, 18c Rue du Sabot, 22440 Ploufragan

L’an dernier, ce sont 3 759 personnes qui ont participé à ce grand comptage en Bretagne. La ville où les participant.e.s ont été les plus nombreux et nombreuses est Brest, avec 152 jardins. 92 747 oiseaux ont été dénombrés au total sur la région, soit 27 observés pour 10 espèces en moyenne par jardin. C’est le rouge-gorge familier qui se retrouve en haut du podium en terme de fréquence, suivi par la mésange charbonnière, et un petit nouveau ex-aequo, le merle noir. Concernant l’abondance, c’est le moineau domestique qui est le vainqueur, suivi du pinson des arbres et de la mésange bleue. Le podium sera t-il le même cette année ? Pour le savoir il faudra compter !

 

Plus d’infos

Comptage oiseaux des jardins

 




Semer des graines pour cultiver nos humanités

Le monopole des semences et de l’agriculture est aux mains de grandes multinationales, ces mêmes grosses firmes qui tentent d’imposer des OGM qui ne disent pas leur nom.

Ce mois-ci (24 janvier) l’UE s’apprête à faire voter une déréglementation totale des nouveaux OGM, les Nouvelles Techniques Génomiques. Ces NTG recouvrent un champ de plus en plus étendu de biotechnologies, et leurs promoteurs veulent les faire échapper à la réglementation européenne en affirmant qu’elles sont sans danger puisqu’elles permettraient de « modifier des séquences génétiques sans introduire de gène étranger dans le génome ». Si cette déréglementation est votée, si ces NTG sont validées, plus rien n’avertirait le consommateur, ni l’apiculteur, de la présence d’organismes modifiés. Et rien ne permet de dire que l’éventualité de leur diffusion dans la nature serait sans effeti.

A l’opposé de ces firmes aux projets fondés sur les biotechnologies, des citoyens, des agriculteurs , de syndicats ou coopératives œuvrent à maintenir l’accès libre aux graines et semences, à leur usage, et à retrouver la diversité plus large qu’elles offrent. Parmi ces coopératives, et en Bretagne, Graines de Liberté – Hadoù ar Frankiz.

 

Graines de Liberté – Hadoù ar Frankiz

Graines de Liberté est à l’origine une association qui rassemble des maraîcher.ères, des céréalier.ères, des pépiniéristes, des éleveurs-éleveuses, des chercheurs-chercheuses, des détaillant.es, des artistes, des habitant.es et amateurs-amatrices de jardins. Cette association est ensuite devenue SCIC, une société coopérative d‘intérêt collectif. Son objet social est de promouvoir l’usage, la production et le travail de sélection de semences « variétés-populations » en Bretagne, et de contribuer à la reconnaissance du métier d’artisan semencier. Il s’agit aussi de considérer les semences de variétés populations comme des biens communs, libres de droit, et à pollinisation libre. L’entreprise basée à Quimper, est jeune. Son idéal n’est rien moins que ce qu’indique son nom : la liberté de promouvoir, proposer, retrouver, travailler à un autre rapport à l’agriculture, et à l’alimentation. De reconsidérer aussi ce qu’est fondamentalement la graine : une puissance en soi qu’un vent libre, qu’un geste libre, transporte et dépose à l’endroit précis où sa force pourra se redéployer et s’adapter. Et cela dans un cycle en théorie éternel. On a tendance à l’oublier. La devise de Graines de Liberté – Hadou ar Frankiz, « Des graines pour cultiver nos humanités » peut intriguer ; mieux (c’est ce qu’elle cherche à faire) elle peut nous interpeller : le jeu sur les mots est on ne peut plus sérieux. Sans doute nous appelle-t-on à la réflexion sur les liens nature-culture en une modernité qui semble vouer un culte à la technologie, c’est-à-dire à elle-même. Et qui oublie ce qui la constitue aussi : le partage des savoirs, la transmission dans le temps, la sagesse qu’il y a à regarder la nature dans ce qu’elle a de stupéfiant : la graine et sa puissance de vie.

« Mais ils avaient la poignée de graines dans leur poing et la graine a une force électrique qui traverse les peaux les plus coriaces et illumine les cœurs les plus sauvages ».

Jean Giono, Que ma joie demeure .

Crédit : Laurent Vanhelle

 

 

Les semences Variétés-populations contre les semences Hybrides F1

Les semences de variétés-populations (ou semences paysannes) sont l’origine de l’agriculture. Les pratiques des agriculteurs ont consisté jusqu’au XXe siècle à choisir une part de leur récolte pour en prélever les graines afin de réensemencer les champs l’année suivante, sélectionnant ces plantes appelées à devenir porte-graines en fonction de leur capacité à s’adapter à un climat, à un milieu, à un territoire, à l’évolution des goûts.

Au XXe siècle, à partir des pays industrialisés, ces semences ont été progressivement remplacées par des semences élaborées en laboratoire pour améliorer la productivité des récoltes et répondre à des exigences industrielles – de rendement, de stockage, de livraison, etc : ce sont les semences dites hybrides F1 en majorité. Ces semences hybrides F1 engendrent des plantes toutes identiques entre elles, homogénéité qui concerne les aspects physiques : taille, forme, couleur des fleurs, goût des fruits etc. Mais elles ont un défaut de taille : si un agriculteur les ressème l’année suivante, la productivité diminue, la plante dégénère et perd ses caractéristiques initiales. Le cultivateur doit donc racheter des semences ou des plants à chaque saison, ce qui conduit à l’érosion de la biodiversité et à la standardisation de l’alimentation, à un appauvrissement du vivant, mais un enrichissement conséquent des « big four », ces grands semenciers que sont Bayer-Monsanto, Corteva, Syngenta et BASF. Cette obsession de l’homogénéité dans la sélection variétale, obtenue par le contrôle de la sexualité et la consanguinité des plantes en vue d’obtenir la « lignée pure » d’une variété, a donc pour conséquence une érosion vertigineuse de la biodiversité cultivée.

Qui connaît encore les Blés poulards ? Ils ont été à la base de la production des pâtes et des biscuits au Nord de l’Europe avant l’importation au XXe siècle des blés durs du sud. C’est une céréale à redécouvrir.

« Si on avait fait du blé de notre race, du blé habitué à la fantaisie de notre terre et de notre saison, il aurait peut-être résisté. Tu sais l’orage couche le blé ; bon, une fois. Faut pas croire que la plante ça raisonne pas. Ça se dit : bon on va se renforcer, et, petit à petit, ça se durcit la tige et ça tient debout à la fin, malgré les orages. Ça s’est mis au pas. »

Jean Giono, Regain – 1930.

http://informations-documents.com

Des Graines d’un Paris et d’une Bretagne d’avenir

Avant Graines de liberté, il y avait eu la campagne Graines d’un Paris d’avenir, joli nom à tiroirs pour raconter la première aventure des graines libres sur le territoire parisien : douze variétés populations issues du patrimoine alimentaire avaient pu être réintroduites, à la place des fameuses F1 ou autres CMSi. Cette opération était portée par l’association Mingaii, par l’Alliance des cuisiniers de SlowFood en Franceiii, et l’OPASE, organisation professionnelle des artisans semenciers. Ont pu être ainsi recultivés l’oignon jaune paille des Vertus, le poireau de Gennevilliers, le chou de Milan de Pontoise, la betterave crapaudine, la laitue batavia blonde de Paris, et quelques autres légumes oubliés.

Le pari suivant, Graines d’une Bretagne d’avenir, est lui aussi le fruit d’un partenariat, qui regroupait Minga, l’Alliance SlowFood des cuisiniers, le Groupement des agriculteurs biologiques du Finistère et le Syndicat des artisans semenciers grâce auxquels ont pu être remis sur les étals le melon petit gris de Rennes, la tomate précoce de Kemper, l’avoine panache de Daoulas, et le fameux piment de la frite ar Faouiv (jolie histoire que celle de cette « frite ») !

De Graines d’une Bretagne d’avenir à «Graines de liberté – Hadoù ar frankiz»

La création en 2019 de l’association Graines de Liberté a été suivie de sa transformation en société coopérative d’intérêt collectif qui regroupe 17 producteurs bretons associés, le siège social est à Quimper. Elle travaille avec des chercheuses de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) en remettant en culture des variétés anciennes. À la base de ces filières, ces semences sont essentielles pour développer une alimentation moins riche en viande, plus nutritive, plus goûteuse et plus accessible. Comme l’indique leur présentation : « La promotion de semences de variétés populations et la reconnaissance du métier d’artisan semencier sont indissociables de la bataille contre les anciens et nouveaux OGM, contre l’artificialisation et la privatisation du vivant. Parce que c’est un enjeu de territoire, le développement de la production de ces semences est aussi étroitement lié au renforcement des services public en milieu rural. Parce que la semence de variétés populations est un bien commun qui nous permet de mieux comprendre notre rapport aux autres espèces vivantes, la promotion du métier d’artisan semencier a besoin d’une recherche publique indépendante. » C’est donc bien un projet politique, au sens noble du mot, c’est-à-dire qui concerne la vie, dans la Cité, des individus et de leurs biens communs.

Un savoir, un savoir-faire : un métier

Le travail d’un artisan-semencier  est fondamental : il consiste à suivre de près la vie des plantes, jusqu’au moment de la récolte des graines, et à appliquer alors les protocoles stricts nécessaires pour les sécher, trier, tester, conserver, ensacher, commercialiser. L’artisan semencier détient et met en œuvre un savoir-faire qui lui permet d’accompagner le développement de populations de végétaux sur leur cycle complet, de la graine à la graine selon un mode de culture inscrit dans un écosystème. L’artisan-semencier est un chercheur producteur de biens communs mais il affronte ces nouvelles formes d’enclosuresv que représente aujourd’hui la privatisation des gènes via la production de brevets, le tout sous la pression des financeurs.

Les deux campagne qui ont précédé Graines de Liberté promouvaient l’usage des semences variétés-populations auprès des maraîchers, des jardiniers, des paysagistes ; la reconnaissance des qualités des légumes qui en sont issus auprès des cuisiniers, des transformateurs, des épiciers, des mangeurs ; la création d’un catalogue de semences produites en Bretagne, issues de la diversité des sols, des goûts, des modes de culture, des climats et des écosystèmes du territoire ; la reconnaissance du métier d’artisan semencier dans le respect de tous les travailleurs des filières alimentaires, et la création d’établissements coopératifs d’artisans semenciers en Bretagne.

Une première collection de 15 variétés de légumes et céréales a été mise au point, qu’on peut découvrir dans un livre édité par Locus Solus (Graines d’une Bretagne d’avenir). Cette collection s’est depuis bien agrandie et dispose d’un stock de 80 variétés, disponibles sur le marché de Quimper, et dans de nombreux points de vente (voir la liste plus bas) mais aussi dans des librairies indépendantes.

«  Nous avons été trop longtemps gouvernés par l’uniformité, et l’uniformité est un indicateur du fascisme. Nous devons maintenant nous orienter vers la célébration de la diversité, symbole de liberté. Ensuite, vous pouvez agir à votre échelle : même avec un petit pot de plante dans votre salon. Un basilic, un romarin, peu importe… Sauvez cette graine et sa liberté. Et en sauvant sa liberté, sauvez la vôtre ».

Vandana Shivai

Il s’agit d’essaimer … et de disposer d’un capital qui permette la production, la diffusion, l’information, et la formation.

Les mots choisis pour la communication de Graines de liberté l’indiquent assez, on ne peut pas privatiser une graine, sauf à s’accaparer l’avenir et la vie . Graines d’un Paris d’avenir, d’une Bretagne d’avenir, Hadoù ar Frankiz : la semence reste un bien commun libre, et prépare ou assure en quelque sorte l’avenir dans un contexte et en un temps où il peut paraître redoutable à bien des égards.

Il faut ainsi encourager sa diffusion, et pour cela, transmettre les expériences et réalisations convaincantes, comme à Penmarc’h par exemple. La ville a signé une convention de partenariat avec la SCIC Graines de liberté. « Les jardiniers municipaux expérimentent les semences de Graines de liberté à la serre municipale depuis maintenant deux ans. L’idée est de “sélectionner des variétés adaptées au climat et à la terre, de retrouver des semences dites “population” ou paysannes qui s’adaptent et qui résistent plus facilement que les plants hybrides F1” »

Et l’expérience rencontre un succès certain auprès de la population. Elle s’adresse aussi aux enfants des écoles avec lesquels sont menés des ateliers autour de la graine, et du semis (par ex la luffa qui fournira de belles éponges écologiques et efficaces).

 

Crédit : Laurent Vanhelle

 

 

La communication de Graines de liberté – Hadoù ar Frankiz – le partage des informations et des principes fondateurs – se fait aussi, peut-être avant tout, par les choix graphiques et d’images particulièrement esthétiques. C’est tout le talent du graphiste Laurent Vanhelle, partenaire indispensable de Graines de Liberté  de savoir transmettre le message par des réalisations aux lignes et signes clairement évocateurs, et d’inscrire ainsi le message de Graines de Liberté dans la liaison toute philosophique qu’il a avec le beau-et-bon – le « kalos kagathos » – des Grecs anciens.

Soutenir Graines de Liberté – Hadoù ar Frankiz

On trouvera ici la liste de points de vente où trouver les sachets de graines

https://www.grainesdeliberte.coop/qui-sommes-nous-/nos-points-de-vente/

Pour pérenniser le projet, la SCIC a besoin de capitaux afin de valoriser le travail de celles et ceux qui produisent et sélectionnent ces semences.
Tous les renseignements sont sur https://www.grainesdeliberte.coop/qui-sommes-nous-/

 

 


 

« Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait pas de modification génétique : des gènes peuvent être ainsi « allumés » ou « éteints », « suractivés » ou « effacés », ce qui en fait bien des OGM, comme l’avait jugé la Cour de justice de l’Union européenne dans un arrêt du 25 juillet 2018. Mais l’oligopole de l’agrochimie, Bayer-Monsanto, Corteva, Syngenta et BASF, les « Big Four » des semences, ainsi que les syndicats agricoles productivistes comme la FNSEA sont montés au créneau dès cet arrêt, avec la rhétorique habituelle : « résoudre le problème de la faim dans le monde » et « adapter les variétés végétales à des conditions climatiques de plus en plus difficiles ». Les dangers sont immenses. Tout d’abord, les consommateurs ne pourront plus savoir ce qu’ils mangent, et les labels AB, AOC, AOP, etc. n’auront plus aucun contenu. Ensuite, la dispersion de ces NTG dans la nature est irréversible, et ses effets sur la biodiversité complètement inconnus. Enfin, les OGM-NTG relèvent du droit des brevets : les « Big Four » pourront ainsi s’approprier la base de la chaîne alimentaire mondiale. Il est urgent d’arrêter cette catastrophe annoncée » Hélène Tordjman, dans Politis, le 10 janvier 2024

ii. CMS : La stérilité mâle cytoplasmique est un phénomène que l’on trouve à l’état naturel chez certaines plantes(betterave, carotte, oignon, orge, panais, tabac, radis notamment) : quelques individus d’une population sont mâles stériles. Cette aptitude peut être transférée chez une espèce ne la possédant pas naturellement via la fusion entre deux cellules.

iii. Cf https://minga.net/

 

Iv. Cf https://slowfood.fr/alliance-slow-food-cuisiniers-france/

 

V.. Le piment de la Frite ar Faou, symbole de la collection « Graines d’une Bretagne d’avenir » est un piment ramassé un jour en pays basque par Tonton Roger (dit « la frite ») qui  depuis 1970, le fait se reproduire et s’acclimater à Châteauneuf du Faou.

Vi. Terme anglais désignant la clôture d’une terre et, par extension, l’évolution qui, à partir du XVIIe siècle, conduisit à la privatisation des terres communales, provoquant du même coup la paupérisation d’une masse de paysans sans terre, dont les animaux se nourrissaient dans ces pâtures communes. Marx a fait des enclosures le début de la prolétarisation qui a permis à la révolution industrielle naissante de trouver sans difficulté la main-d’oeuvre bon marché et exploitée dont le capitalisme avait besoin.

 

Vii. https://www.plantes-et-sante.fr/articles/rencontres/223-vandana-shiva-sauver-les-grainescest-sauver-notre-liberte

 


A noter : Graines de Liberté organise une rencontre/réunion d’information le mardi 5 mars à 14h, à La Ronce, herboristerie-café, à Rostrenen




Devenez enquêteur/enquêtrice et dénichez les « arbres remarquables » de Bretagne !

[Rediff] La biodiversité vous intéresse ? Les arbres sont pour vous comme des amis ? Vous avez envie de contribuer à leur préservation ? Alors pourquoi ne pas participer à l’inventaire régional des « arbres remarquables » de Bretagne, en devenant enquêteur ou enquêtrice bénévole sur le terrain, avec la Maison de la Consommation et de l’Environnement, basée à Rennes.

 

Le projet « Arbres remarquables » a été lancé en 2007. Cet inventaire participatif, piloté par la Maison de la Consommation et de l’Environnement (MCE) de Rennes et des partenaires dans les différents départements, a pour objectif de « préserver et valoriser le patrimoine des arbres remarquables sur le territoire breton par la réalisation d’un inventaire régional, informer et sensibiliser le public sur les enjeux liés à ce patrimoine : développer sa connaissance de l’arbre, de son rôle dans l’écosystème, des techniques de plantations, d’entretien, et proposer aux éducateurs un outil de découverte et de valorisation de l’arbre, adapté aux spécificités de la Bretagne », peut-on lire sur le site de l’opération.

Mais qu’est ce qu’un arbre remarquable ?

C’est un arbre qui est « remarquable » de par ses dimensions, sa morphologie, son âge, sa rareté, son emplacement, son histoire, sa situation géographique… « Il faut cependant distinguer un arbre « spécial » ou « intéressant » d’un arbre « remarquable » Le sentiment de « remarquabilité » qu’il éveille doit être perçu par tous », précise cependant la Mce sur son site.

Depuis le lancement de l’opération, près de 2000 arbres ont été signalés, et 1600 « contrôlés ». Des comités d’homologation constitués de passionnés et professionnels en ont retenus 400, qu’on peut retrouver sur une carte disponible ici : https://arbresremarquablesbretagne.gogocarto.fr/

Chacun.e est invité.e à participer à cette grande opération participative, en envoyant un formulaire d’ajout d’un arbre à la carte.

Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin et s’investir davantage, il est possible de devenir « enquêteur » ou « enquêtrice ». Il s’agit de se déplacer pour voir l’arbre in situ, afin de valider ou non l’ajout de celui-ci à la base de donnée. Un comité d’experts se réunira ensuite pour évaluer les arbres ajoutés l’année passée et les catégoriser en « arbres remarquables » en respectant des critères de notation.

Pour participer en tant qu’enquêteur ou enquêtrice, il suffit de s’inscrire auprès de la MCE, par mail : arbres@mce-info.org / 02.99.30.35.50

Une formation sera ensuite organisée, avec un partenaire de la MCE spécialiste du sujet.

 

Plus d’infos

https://www.mce-info.org/




Les quatre saisons du vivant se découvrent dans Cui-Cui

Collaboratif, associatif et saisonnier, le fanzine rennais Cui-Cui fait la part belle au vivant. La faune, la flore, les paysages qui nous entourent sont mis à l’honneur dans ce support «pop », grâce à des nouvelles, contes, poésies, illustrations…Deux numéros sont d’ores et déjà disponibles.

Faire se croiser le vivant et la pop culture, tel est l’objectif du fanzine « Cui-Cui ». Un projet lancé par l’association Faon/Zine, coordonnée par Marine Litou et Timothée Cantard, et qui propose également des ateliers et animations pour sensibiliser à la protection du vivant. « En créant Cui-Cui, on avait envie de travailler sur un format qui combine à la fois l’art et le naturalisme, et d’embarquer le lecteur.rice dans un imaginaire », explique Timothée, qui est naturaliste. « Le fanzine est un support beaucoup lu, créé par des passionnés, ce qui nous correspondait bien ». Les formats proposés dans le fanzine sont variés : portrait, poésie, contes, nouvelles…La réalisation est aussi participative.

Le premier numéro de Cui-Cui, qui a pour particularité de paraître à chaque saison, est sorti en mai. Au programme de ce numéro de printemps, réalisé en collaboration avec l’association Printemps Bruyant : l’histoire de l’herbe d’or, plante des légendes d’Armorique, des portraits d’animaux et végétaux (huppe fasciée, Lychnis fleur de coucou…), des histoires d’interactions entre non-humains, une recette…32 pages qui marient textes et illustrations. « On monte une équipe, et on se répartit les sujets », précise Timothée. « Les artistes qui illustrent et ceux qui écrivent se rencontrent autour d’un sujet, pour un travail à quatre mains. Cela permet d’ouvrir les champs de l’imaginaire ».

Un deuxième numéro, consacré à l’automne, est paru en novembre. L’équipe des contributeurs.rices s’est étoffée, passant de 9 à 16 . On trouve dans ce second numéro l’histoire de la grue cendrée qui nous rend visite l’hiver, les aventures de truites de rivière, de citrons et de grands rhinolophes, un « pacte de cohabitation » avec le loup, et deux rubriques réalisées avec l’association La-Haut, qui a proposé un séjour « perché » dans les arbres pour des jeunes rennais. (expérience qui a donné naissance au documentaire « Les Barons Perchés », ndlr). « Nous avons écrits des textes avec eux en haut des arbres », souligne Timothée.

Pour chaque sortie de numéro, une soirée de lancement est organisée. « Le fanzine devient aussi un support d’animation. Cela permet également de faire se rencontrer divers publics, de décloisonner et de croiser les approches, en invitant d’autres associations par exemple ». Pour le numéro d’hiver, Wild et les Soulèvements de la Terre étaient conviées.

Indépendant et non subventionné, édité à 750 exemplaires, Cui-Cui, qu’on peut se procurer en pré-vente avant sa sortie, est disponible dans plusieurs librairies bretonnes, essentiellement sur le secteur de Rennes. Mais on peut le trouver également à Douarnenez ou à Port-Louis. Si d’autres librairies sont intéressées, elles peuvent contacter le fanzine. De même pour celles et ceux qui veulent contribuer au prochain numéro (qui sera celui de l’été 2024) !

 

Plus d’infos et pour commander Cui-Cui en ligne : https://faonzine.fr/