Dans le Trégor, à la recherche de la chouette chevêche d’Athéna

La LPO et le Geoca relancent en 2025 dans le Trégor une opération d’inventaire participatif consacré à la chouette chevêche d’Athéna. Ce petit rapace nocturne, anciennement appelé « chouette chevêche », petite chouette aux yeux d’or, est bien connue en Bretagne. Mais on manque d’observations de cette espèce qui est en déclin et qui est classée « vulnérable » dans la liste des oiseaux nicheurs menacés en Bretagne.

Connaissez-vous la chouette chevêche d’Athéna ? Ce rapace nocturne, anciennement appelé « Chouette chevêche » est l’un des plus petits de France. En effet, il mesure environ 22 cm, soit la taille d’un merle, en plus trapu. Présente dans toute la France, cette petite chouette fait aujourd’hui partie de la liste rouge de la faune menacée de France, dans la catégorie « en déclin », et est classée « vulnérable » dans la liste des oiseaux nicheur menacés en Bretagne. Pour expliquer son déclin en France, plusieurs causes sont identifiées : la destruction de ses habitats (arbres à cavités…) et la pollution dues au développement de l’agriculture intensive, les collisions nocturnes avec les voitures, les creux des poteaux non bouchés…

En Bretagne, dans le Trégor, la LPO et le Geoca (Groupe d’Etude Ornithologique des Côtes-D’armor) se mobilisent pour en savoir plus sur cette petite chouette. En 2024, des bénévoles des deux associations ont ainsi participé à une opération d’inventaire participatif, en partant du constat que les données sur sa présence sur ce territoire restaient rares. Objectif : savoir si la chouette chevêche avait déserté le territoire, ou bien si elle était bien présente mais peu observées.

En 2025, l’opération est relancée. Les bénévoles doivent suivre un protocole spécifique. « Le Trégor est quadrillé avec une carte, en maille de 2 km2. On obtient alors 653 carrés », explique Bastien Germaine, coordinateur de l’opération à l’antenne Bretagne Nord de la LPO. « Les bénévoles vont alors choisir un ou plusieurs carrés, dans lesquels ils vont faire deux passages de prospection : le premier entre le 15 février et la fin mars, et le second en avril ». Il faut choisir un jour où il ne pleut pas et ou le vent est faible, et démarrer au moment du crépuscule, jusqu’à 1h du matin. La prospection d’un carré doit durer entre 2 heures et 2h30. Sur chaque carré, on dispose des points d’écoute, au maximum de 10, espacés de 500 mètres, dans des zones propices telles que les hameaux, les verges, les vieilles batisses…en évitant les zones forestières, trop urbanisés, proches d’une route fréquentée, ou d’un cours d’eau. Sur chaque point d’écoute, une « repasse » (bande son avec des cris de chouette chevêche alternant avec des moments d’écoute) est diffusée, afin de simuler le comportement reproducteur de la cheveche et que celle-ci réponde par des cris.

En 2024, 19 bénévoles ont ainsi été mobilisés, 56 carrés prospectés, 327 points d’écoute et créés, ce qui a donné 18 contacts positifs.

Pour participer à ce projet de sciences participatives qui démarre dans quelques jours, on peut créer son espace personnel sur le site de la LPO et ainsi devenir bénévole, puis s’inscrire à l’opération du Trégor : https://www.lpo.fr/lpo-locales/lpo-bretagne/missions-de-benevolat-bretagne/missions-de-benevolat-2025/partez-a-la-recherche-de-la-cheveche-d-athena-dans-le-tregor

Découvrez la chouette chevêche d’Athéna et son cri :

Photo d’illustration : Wikipedia/Peter Church




Ce week-end, observez et comptez les oiseaux dans votre jardin !

Samedi et dimanche, Bretagne Vivante et le Geoca (Groupe d’Etudes Ornithologique des Côtes d’Armor), en partenariat avec la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) proposent aux Bretons de recenser les espèces d’oiseaux présentes autour de chez eux. Le but : sensibiliser, informer, et mieux connaître l’évolution des populations d’oiseaux dans la région.

« Le comptage des oiseaux des jardins est une opération nationale qui vise à recenser de façon ponctuelle, l’abondance des principales espèces d’oiseaux fréquentant les jardins en hiver. Cette opération de sciences participatives se veut à la fois un moment de sensibilisation et d’information sur les oiseaux les plus communs. Elle constitue également un outil de connaissance sur l’évolution des populations de ces espèces qui connaissent, pour certaines, de dramatiques chutes d’effectifs ces dernières années. Elle est donc reconduite chaque année à la même période. », peut-on lire sur le site de Bretagne Vivante.

Pour participer à l’opération, c’est simple : il suffit de choisir un lieu d’observation (son jardin, un parc, son lieu de travail, une école…) et de choisir une journée, le samedi ou le dimanche. Il faut ensuite observer durant une heure et noter tous les oiseaux observés dans ce lieu, grâce à un formulaire disponible sur internet. Pour ne pas comptabiliser deux fois le même oiseau, il suffit de ne compter que le nombre maximal d’oiseaux vu en même temps (exemple : si on voit 2 mésanges, puis 4, puis 2, il faut noter 4). Il ne faut compter également que les oiseaux posés, pas ceux en vol au dessus du jardin. Si l’on ne peut pas identifier un oiseau, pas de panique : il ne faut pas le noter, mais on peut néanmoins le prendre en photo et la poster sur la page Facebook de l’opération. Des ressources illustrées sont également à disposition, sur le site de Bretagne Vivante, pour reconnaître facilement les oiseaux.

Une fois les volatiles observés, plusieurs possibilités pour renvoyer les résultats :

– Soit directement en ligne sur le site de Bretagne Vivante

– Soit par mail à enquetes-geoca@orange.fr

– Soit par courrier postal : Geoca, Espace Keraïa, 18c Rue du Sabot, 22440 Ploufragan

L’an dernier, ce sont 3952 personnes qui ont participé à ce grand comptage en Bretagne, dont 40% pour la première fois ! La ville où les participant.e.s ont été les plus nombreux et nombreuses est Brest, avec 120 jardins. 104189 oiseaux ont été dénombrés au total sur la région, soit 27 observés pour 9 espèces en moyenne par jardin. C’est le rouge-gorge familier qui se retrouve en haut du podium en terme de fréquence (0,85%), comme l’année dernière, suivi par la mésange charbonnière et la mésange bleue. Concernant l’abondance, c’est le moineau domestique qui est le vainqueur (4 individus en moyenne par jardin), suivi de l’étourneau sansonnet, et de la mésange bleue. Le podium sera t-il le même cette année ? Pour le savoir il faudra compter !

Plus d’infos : https://www.bretagne-vivante.org/decouverte-de-la-nature/comptage-oiseaux-des-jardins/




Wild Bretagne, l’association qui veut faire pousser des forêts sauvages

L’association Wild Bretagne achète dans la région des parcelles, afin de « faire éclore des forêts sauvages ». Les terrains acquis deviennent ainsi des biens communs, sur lesquels la chasse, la coupe des arbres, la cueillette sont interdites, et le bois mort conservé. Laissés en « libre évolution », ces forêts deviennent ainsi des lieux privilégié pour la faune et la flore locale, qui y est préservée. Une façon aussi pour l’association d’amener à s’interroger sur les relations entre l’humain et le vivant, et notre lien au sauvage. Rencontre et reportage à Plouec-Du-Trieux(22), où se trouvent les premières parcelles acquises.

C’est dans la Vallée du Trieux, à quelques encablures de Saint-Clet (22), que nous rencontrons Pat et Sane. Tous deux font partie de l’association Wild Bretagne, née il y a maintenant 4 ans, et qui a pour but d’agir concrètement pour « faire éclore des forêts sauvages en Bretagne ».Une aventure démarrée par une « bande de copains et copines », qui se rencontrent durant leurs études. « On pratiquait tous et toutes la rando, le stop, le vélo, et on aimait voyager », explique Sane. A force de découvertes, la petite bande commence à se questionner autour de la notion d’espaces sauvages : Est ce qu’il possible d’en avoir encore ? Et en Bretagne. ? Comment peut-on faire ? Sane, Pat et les autres vont alors jusqu’en Pologne, à la découverte de la dernière grande forêt européenne, Bialowesa. Une rencontre va profondément les marquer : celle avec Bogdan Jaroszewicz, directeur de la station géobotanique de la forêt. « Il nous a permis de comprendre comment on pouvait faire revenir une forêt primaire », précise Pat.

Et donc, comment faire germer des forêts sauvages en Bretagne ? L’association Wild achète alors des parcelles, qui deviennent ainsi des « biens communs », pour les laisser ensuite en « libre évolution », et exemptes de toutes activités humaines. La chasse et la coupe d’arbres y sont interdites, tout comme la cueillette. Le bois mort est conservé, car il sert d’habitat et de nourriture à de nombreuses espèces. « Les études scientifiques montrent que la non-gestion permet l’augmentation de la biodiversité forestière », soutient Pat. « Cependant, nous ne sommes pas contre l’usage du bois. On essaie juste d’embarquer un maximum de gens dans nos questionnements», précise-t-il. Il faut savoir qu’en Bretagne, qui est l’une des régions les moins boisées de France, les forêts sont toutes très jeunes, et très exploitées. Et en France, seulement 0,14% de celles-ci sont laissées en libre évolution !

Chasse interdite et chevreuils

A Plouëc-Du-Trieux (22) ; l’association a donc acheté 18 000 m2 de forêt, divisé en trois partie. Le tout grâce à un financement participatif, qui a eu un très beau succès. « On avait pour objectif 7500 euros, finalement on en a obtenu 27 000 ! », se réjouissent Sane et Pat. L’une des parcelles se trouve à 30 minutes de marche de la route départementale, en longeant le Trieux, par le GR. Le temps étant clément, nous partons donc à sa découverte avec Pat. L’endroit est idyllique, bordé de quelques chaos rocheux, et de la rivière. Quelques arbres tombés du fait des récentes tempêtes obstruent le chemin, ce qui nous oblige à quelques contournements par les fougères. Nous arrivons finalement après quelques descentes et montées sur le territoire de la réserve. Un panneau signale que la chasse est interdite. Ici, on trouve ce qui fait la biodiversité classique d’une forêt bretonne, à savoir des hêtres, des châtaigniers, des chênes, des ifs, mais aussi du sureau ou des très jeunes érables. Des passages et des empreintes indiquent la présence de chevreuils, qui viennent également s’abreuver dans le Trieux. « On a installé un piège photo et on les a repéré », explique Pat, en chuchotant, pour ne pas les effrayer. Le terrain est à eux, ainsi qu’aux sangliers, pics, chouettes, hiboux…qu’on pourrait y trouver. Mais le sentier reste accessible aux humains, qui « font aussi partie du vivant ».

Des balades botaniques ont déjà eu lieu sur le site. Une manière de sensibiliser le grand public, qui est par ailleurs le second axe d’action de Wild Bretagne. « L’idée, c’est aussi de conscientiser, notamment par l’art et le jeu. Certain.e.s membres de l’association ont une sensibilité plus artistique. On peut proposer des ateliers de peinture, d’écriture…qui permettent une première approche ». L’association a ainsi créé une exposition photo sur la forêt primaire polonaise de Bialowesa, et un jeu de cartes « memory » pour apprendre aux petits et grands à reconnaître les arbres. Elle intervient également dans des écoles, des bibliothèques, des festivals…et souhaite créer du lien avec les habitant.e.s. « Tout ceci permet de croiser les regards et des sensibilités différentes », indique Pat. « Chacun peut réinterpréter sa vision du sauvage, retrouver un lien sensible avec le vivant. Il faut changer de paradigme : nous sommes juste des humains qui habitons un écosystème. Il faut savoir coexister et partager ».

« L’appel du sauvage », de nouvelles parcelles à acheter bientôt

L’équipe de Wild Bretagne a lancé début juillet un nouveau projet, baptisé « L’appel du sauvage ». Trois terrains sélectionnés sont soumis aux votes du public, pour être achetés par l’association, grâce aux dons supplémentaires qui ont été récoltés dans le cadre de la campagne de financement participatif précédente. Un nouvel appel aux dons, pour compléter les fonds, sera lancé également.

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Nous sommes un webmédia associatif, basé à Morlaix qui met en avant les actrices et les acteurs des transitions écologiques nécessitant évidemment des transitions sociales, culturelles et solidaires dans nos territoires de Bretagne. Outre, notre site d’information, alimenté par notre journaliste-salariée et par des plumes citoyennes bénévoles, nous menons ponctuellement des actions de sensibilisation aux transitions et de formation aux médias citoyens avec des interventions auprès d’associations et d’établissements scolaires.
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Plus d’infos :

https://wild-bretagne.fr




500 arbres plantés à Bignan (56) avec Clim’Actions Bretagne

Depuis 2017, L’association Clim’Actions Bretagne réalise des opérations de plantations d’arbres afin de voir pousser de nouvelles forêts pour la biodiversité et le climat. Elu.e.s, entreprises, citoyen.ne.s, élèves… sont invité.e.s à participer collectivement aux projets. C’est le cas à Bignan (56), sur une parcelle de un hectare mise à disposition par la commune, sur laquelle 200 élèves et des adultes ont mis en terre 500 arbres.

« Qui veut planter le prochain arbre ? » « Moiii », répondent en chœur les enfants, répartis en petits groupes. La fraicheur de cette matinée de décembre n’arrête pas l’enthousiasme des 200 élèves des écoles Saint-Joseph, Saint-Henri, et Jean Monnet de Bignan, venus planter quelques 560 arbres, sur une parcelle d’un hectare, allée du Pradigo, toute proche du bourg. L’opération se déroule sous la houlette de l’association Clim’Action Bretagne, dans le cadre de son dispositif « De nouvelles forêts pour la biodiversité et le climat en Bretagne ». Cinq animateurs et animatrices, bénévoles et salarié.e.s, sont sur le terrain pour accompagner les jeunes jardiniers en herbe. « C’est important, cela leur permet de remettre les mains dans la terre. Planter un arbre, c’est symbolique », apprécie Dominique Pirio, présidente de l’association.

Lancé en 2017, le programme de Clim’Actions Bretagne a permis la plantation de 20 000 arbres sur 17 parcelles communes, à Ploeren, Saint-Avé, Saint-Congard, Saint-Nolff, Sulniac, Theix-Noyalo, Vannes, Arradon, La Vraie-Croix, Pluherlin, Laillé (35), Livré-Sur-Changeon, Ossé, Vieux-Vy-Sur-Couesnon, et Languidic. En janvier, d’autres opérations auront lieu dans les Côtes-d’Armor, à Plumieux et la Roche-Jaudy. A chaque fois, des professionnels forestiers qui fournissent les plants sont associés, ainsi que des collectivités qui proposent des parcelles, et des entreprises locales qui sont mécènes et dont les salarié.e.s peuvent venir participer. « C’est notre particularité », explique Dominique Pirio. « On réunit les élus, les entreprises, les associations, les habitants, les écoles… tous et toutes autour de la parcelle ». Ici à Bignan, Chantal Bihoès, maire, a tout de suite été partante. « C’est le genre d’actions qui parle à tout le monde. Ici, nos enfants auront appris à planter ». Et auront aussi bénéficié d’animations pédagogiques autour de l’arbre et de la forêt, proposées par Clim’Actions, avec le soutien de l’Europe et de la commune.

Au Pradigo, ce sont ainsi des chênes sessiles, des chênes chevelus, des chênes verts, des chênes pédonculés, mais aussi des merisiers, sorbiers des oiseleurs, tilleuls à petite feuilles et charmes, qui ont été plantés. « Les arbres aident à séquestrer le carbone, on compte aujourd’hui beaucoup sur la forêt pour cela », affirme Dominique Pirio. Ils sont également essentiels pour la préservation de la biodiversité et la qualité de l’eau. « C’est important que la société se réapproprie la forêt, il y a encore trop de méconnaissance sur le sujet ». Ces petites plantations serviront également à observer l’adaptation et la résilience des espèces face au changement climatique et aux maladies.

Sur la parcelle, de nouvelles classes arrivent, pendant que d’autres repartent. Le bruit des maillets résonne. Il faut en effet planter deux piquets de bois afin de faire tenir la protection qui entoure le plan, réalisée, et c’est une autre des spécificités de Clim’Actions, avec des poches d’huitres réutilisées. Grâce à ce système, les petits arbres seront protégés des chevreuils, qui adorent les grignoter.

Après les plantations, la parcelle boisée va poursuivre sa croissance. Un panneau totem sera notamment installé, afin d’expliquer le projet et d’apporter des informations sur les essences plantées et leur développement. « On viendra également mesurer les arbres et observer la biodiversité, sur plusieurs années », explique Aline Vélot salariée chez Clim’Actions, et qui s’occupera du suivi. Des chantiers participatifs pour le désherbage seront organisés, et des référents locaux seront nommés, pour signaler tout problème.

Afin de poursuivre son opération de plantation ailleurs dans la région, Clim’Actions Bretagne a lancé un financement participatif. Chacun.e peut participer suivant ses possibilités, sur la plateforme bretonne Kengo. Objectif : 5000 euros, pour pouvoir planter 5000 arbres : https://kengo.bzh/projet/4826/plantations-de-forets-pour-la-biodiversite




L’Arbre, élément essentiel en Bretagne

(Plume citoyenne) Quelles relations et quels liens avec l’arbre, la forêt et le bois voulons-nous aujourd’hui et demain en tant que société ? Pour creuser ce sujet, Fibois Bretagne avait organisé à Saint-Brieuc le 15 novembre un forum pour l’avenir de la forêt bretonne. Une invitation à questionner notre relation en tant que citoyens-consommateurs-utilisateurs et professionnels.

L’arbre, c’est une question politique, économique, écologique, culturelle, humaine mais avant tout, c’est une question de notre relation avec le vivant. « L’arbre est notre assurance-vie » évoque Carole Le Béchec, élue au Conseil régional de Bretagne, présidente de la commission climat, transitions et biodiversité, en début de cette journée autour de l’arbre, la forêt et du bois. Le Plan arbre de la région prévoit de planter, d’ici 2028, 5 millions d’arbres en Bretagne pour répondre aux enjeux de la biodiversité, de la gestion de l’eau et de la tenue des sols. L’idée, c’est de concilier les usages et de réconcilier la société et la filière, car l’arbre et la forêt touchent aux âmes dans un monde où nous sommes de plus en plus déconnectés du vivant.

Le message des intervenants est clair : Il faut réunir tous les acteurs autour de l’arbre. Le besoin de se reconnecter à la nature est aussi important que la bonne valorisation du bois.

Comment concilier les besoins de notre société en matériaux et en loisirs avec les besoins du vivant autre-que-humain ? De plus en plus de citoyens préfèrent ne plus toucher aux forêts sans connaissances de l’utilité et des options de gestion, mais aussi sans questionner notre demande croissante des produits en bois ou l’effet de notre présence en forêt – la biodiversité souffre de la sur-utilisation des bois dans des zones urbaines. De moins en moins de jeunes ont envie de travailler la terre et la forêt ou de s’investir dans les filières qui en dérivent. Aujourd’hui, 23’000 personnes travaillent dans les filières autour de l’arbre en Bretagne, demain nous aurons besoin de plus. Ces problématiques ne sont pas uniques à la Bretagne – on en discute un peu partout en Europe.

Dans le contexte du réchauffement climatique, l’arbre est vu comme la technologie principale pour décarboner l’environnement bâti ainsi que d’autres secteurs industriels. La demande est en pleine croissance, la disponibilité de la ressource précieuse, limitée. Ici comme ailleurs la notion d’économie circulaire et d’usage en cascade est proéminente dans le discours. Comme chez soi, comme dans l’entreprise…

La forêt bretonne se compose au trois quart de feuillus, mais aujourd’hui la valorisation du bois se focalise sur l’utilisation des résineux. Le réchauffement climatique veut aussi dire se poser la question sur l’arbre de demain et apprendre à valoriser le bois de différentes qualités pour des usages à plus long terme. En Bretagne, on se sent encore à l’abri. Loin sont les images de l’est de la France et de l’Allemagne où les forestiers ont du mal à préserver le hêtre ou bien le chêne, l’arbre qui nous servait de symbole de résilience et de robustesse. Mais le climat change aussi en Bretagne et les hommes et les femmes qui travaillent les forêts en ont bien conscience. On commence à expérimenter à petite échelle avec l’introduction de nouvelles essences qui viennent des climats plus proches de ce qu’on attend ici dans l’avenir.

Ainsi, l’arbre et ses filières sont emblématiques du besoin de travailler vers de nouveaux modèles économiques. La spécificité de la Bretagne pourra devenir un atout dans cette quête, propose le géographe Jean Ollivro : Le mode de fonctionnement breton repose sur l’entraide, la coopération et la mutualisation dans une culture individualiste : l’esprit indépendant, la vie en commun. La capacité de travailler ensemble et le principe fondamental de prendre soin de la terre afin qu’elle nous nourrisse sont au cœur de l’identité bretonne. Depuis la nuit des temps, la forêt en Bretagne a été un élément de ressources et de mythes.

Le peuple breton s’est organisé de manière dispersée car il y avait de l’eau partout. La Bretagne, c’était une terre riche et fertile. L’arbre était un élément important et résilient. Statistiquement, la forêt ne couvre que 16% de surface en Bretagne, mais l’arbre est partout. Jean Ollivro et le forestier Hervé Le Bouler nous invitent à honorer l’originalité du territoire si nous voulons trouver de meilleures valorisations pour l’arbre feuillu qui n’a pas les qualités demandées par l’industrie aujourd’hui. L’arbre est depuis toujours omniprésent et fondamental dans tous les aspects de la vie bretonne, que ça soit dans les forêt ou sur des talus au bord des champs. La notion de « Coat » se trouve partout sur le territoire. Autrefois, c’était une source de nourriture, de bois-énergie et aussi du bois d’œuvre. Nous vivions avec la forêt. Aujourd’hui notre société se retourne contre la gestion et les gestionnaires de la forêt. Aujourd’hui l’arbre devient sacré – une vision idéalisée, selon Jean Ollivro, et qui oublie que nous faisons partie de la nature et avons un rôle à jouer dans son évolution. Notion confirmée par les experts forestiers. Comme l’exprime Laurent Le Mercier : il ne faut pas compartimenter nature et homme, c’est un tout dans lequel le travail du forestier s’inscrit. Est évoquée aussi la tendance de notre société à se pencher sur des dogmes au lieu de penser pour nous-mêmes, ce qui nous empêche d’agir avec responsabilité et nuance.

L’invitation au dialogue en forêt autour de ces questions est proposée par plusieurs intervenants. Hervé Le Bouler souligne l’importance de l’ancrage de l’arbre dans les territoires et évoque l’idée des arbres à palabre – de créer des espaces de rencontre autour de l’arbre comme le fait aussi l’association Clim’Action. Un appel à l’action qui vise autant les forestiers que les élus dans les territoires.







« La nuit des dragons », à la recherche des salamandres en Bretagne

Cet automne, on part à la recherche des salamandres, avec « La nuit des dragons » ! L’animal, espèce protégée, mérite toute notre attention, car son habitat est menacé. Dans le cadre de l’Observatoire Herpétologique de Bretagne, animé par Bretagne Vivante et Vivarmor, on peut collaborer à cette grande opération de science participative, et ainsi contribuer à mieux connaître cette espèce.

Salamandra Salamandra, alias la salamandre. Cet animal est une espèce d’urodèle, comme les tritons, qui ont eu aussi la particularité de garder leur queue à l’âge adulte. Les salamandres tachetées sont facilement reconnaissables à leur couleur noire et jaune. On les trouve dans toute la France. Elle aime les sous bois, les massifs forestiers, les landes, le bocage, là où il y a des points d’eau et des cachettes humides. La journée, elle reste discrète, préférant sortir la nuit. Elle se nourrit de cloportes, de vers luisants, ou encore d’araignées.

Elle n’a pas de prédateur. Son ennemi est l’homme. Car celui-ci dégrade son habitat (disparition des zones humides, des haies…). Le trafic routier est également l’une des principales menaces qui pèse sur la salamandre. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a d’ailleurs évalué la salamandre tachetée comme étant une espèce « en régression ».

Dans le cadre de l’Observatoire Herpétologique de Bretagne, Bretagne Vivante, Viv’Armor et l’URCPIE (Union Régionale des CPIE, Centre Permanents d’Initiatives pour l’Environnement) ont lancé « La nuit des dragons ». Objectif de cette opération de science participative, qui se déroule de septembre à fin novembre : repérer les salamandres près de chez soi, sur un parcours établi, la nuit, afin « d’estimer les tendances temporelles (occurrence et abondance) des populations de salamandre tachetée », précise l’association Bretagne Vivante sur son site. « Cette connaissance permettra d’identifier les facteurs qui influencent le statut des populations, et donc de proposer des mesures adaptées afin de renforcer leur protection. »

Le protocole est simple, tout le monde peut y participer : Il suffit de s’inscrire via un bulletin à envoyer à la Société Herpétologique de France par mail, de télécharger le protocole, de choisir ensuite un parcours en 10 et 1000 mètres (chemin forestier, bord de ruisseau, jardin, chemins bocagers…) où l’on est susceptible de trouver des salamandres, et de faire au moins en automne le trajet pendant 30 minutes maximum, à marche ralentie, dans des conditions météo favorables, en comptant toutes les salamandres vues. Les observations seront ensuite envoyées via la fiche « sur le terrain ».

Mais attention ! Les salamandres étant une espèce protégée, il est interdit de les manipuler et de les capturer. Il faut seulement les observer !

Plus d’infos ici : https://www.mce-info.org/la-nuit-des-dragons-avec-bretagne-vivante/