L’éclosion de la révolution verte au Nicaragua.

Et toi qu’imagines-tu quand tu entends le nom de ce pays? Le Nicaragua est ce pays d’Amérique central, voisin du fameux Costa Rica.

Nicaragua…on pense aux forêts vierges, aux fruits exotiques, on imagine une nature exhubérante et un peuple traditionnel resté proche de son milieu environnemental.

C’est ce que je supposais avant de venir ici. Il est vrai que la couleur verte prédomine sur les autres tonalités. Mais hélas tout n’est pas si rose pour les amoureux de la Terre et pour la biodiversité existente.

Effectivement et comme partout, l’agriculture intensive a été développée depuis les années 50 par les divers gouvernements, qu’il s’agisse du gouvernement de Somoza ou du gouvernement révolutionnaire qui pris le pouvoir par la suite en 1979. Si ces derniers révolutionnaires se battaient pour le peuple et la justice sociale, et menèrent à bien une réforme agraire qui partagea plus équitablement les terres cultivées, les préoccupations agroécologiques n’étaient pas encore développées et mises en pratique à cette époque. Pour eux l’agriculture devaient être le socle d’une meilleure répartition économique et il fallait produire pour le pays et pour l’exportation. C’est ainsi que l’agriculture intensive, du coton ou du café, par exemple, détruisit et appauvrit les sols et participa aussi à la deforestation et à l’amoindrissement de la biodiversité.

Aujourd’hui dans nos pays occidentaux les mouvements organiques, biologiques sont de plus en plus répandus et la population, dans sa majorité, qu’elle adhère ou non à ces idées, a connaissance de ces concepts et de ces pratiques. Au Nicaragua, la situation n’en est pas à ce point. La population pense avant tout à survivre chaque jour et la plus grande partie des habitants ne sont pas conscients des problèmes sanitaires et écologiques découlant de ce type d’agriculture intensive et chimique. Or c’est dès à présent qu’il faut agir, alors que le pays est encore riche d’une faune et d’une flore extraordinaire, bien que déjà étiolée. Heureusement des hommes et des femmes ont connaissance de ces dangers et se battent pour la protection des Terres Nicaraguayennes, tels Humberto et Martha, deux sages lumières que j’ai eu la chance de rencontrer lors de ce voyage en tant que volontaire.

 

Humberto et Martha et le Rancho Guadalupe-Tonantzin

C’est effectivement grâce au volontariat dans des propriétés agricoles que j’ai pu me rendre compte que le combat agroécologique n’est qu’à ses balbutiements dans ce pays. Et c’est surtout une rencontre, celle d’Humberto et de sa compagne Marta et de leur Rancho Guadalupe-Tonantzin, qui m’ont permis de comprendre à quel point les concepts de développement durable et de protection de la biodiversité ne sont pas encore assez répandus dans le monde et surtout dans des pays en plein développement, qui se dirigent malheureusement vers un modèle économique et agricole qui, chez nous et ailleurs dans le monde, a déjà prouvé ses faiblesses, ses limites.

Arrivée sur leur propriété en janvier, j’ai découvert un monde protégé, une atmosphère sereine et des personnes riches intellectuellement et sentimentalement. Leurs terres se situent à l’ouest du Nicaragua, près d’un village nommé Diriamba et à une dizaine de kilomètres de l’océan. Le climat, en ce mois de janvier 2015, y est chaud et sec et un vent, tantôt fort, tantôt léger souffle dans cette finca (terre agricole) de 38 hectares. En ce lieu, le couple cultive des fruits et des légumes, pastèques, coriandre, citrons, oranges, bananes, mangues et encore bien des fruits et légumes selon la saison et l’envie. Evidemment, leur travail n’a rien à voir avec l’agriculture intensive, mais suit plutôt les principles de la permaculture. Mais il ne s’agit pas que de végétaux puisque des vaches, des chevaux, des lapins, des poules et un cochon cohabitent avec eux et profitent chaque jour de leurs soins, sans oublier une femelle singe bléssée, qu’ils soignent avant de la relâcher. Et certains visiteurs plus sauvages sont aussi présents et se baladent tranquilement sur ce territoire où ils se sentent en sécurité ( serpents, iguanes, renards, oiseaux…). Humberto a observé la présence de plus d’une centaine de types d’animaux différents. Effectivement le mot sécurité n’est pas anodin, puisque des pratiques barbares et gratuites ont lieux au Nicaragua de la part des humains. Par ignorance, par inconscience, les enfants comme les adultes s’amusent à chasser les iguanes, les renards et tous types d’animaux, que ce soit par simple distraction ou pour les manger ( l’iguane ou la tortue sont des plat très appréciés par les Nicaraguayens, qui ne se soucient malheureusement pas du fait qu’ils soient en voie de disparition…). Le combat est donc le suivant : agir maintenant avant de détruire peu à peu la diversité végétale comme animale.

 

Humberto fait partie d’un mouvement qui lutte pour cela. La coopérative agroécologique du Nicaragua est née officiellement en 2009. Mais certains de ses membres se connaissaient et agissaient déjà ensemble depuis 2004. Ils se rencontrèrent lors de conférences organisées au Nicaragua mais par des personnes étrangères, par des associations internationales. Ces conférences ou réunions traitaient évidemment de l’agroécologie. Ils se rendirent compte que leur vision était partagée par d’autres et décidèrent de créer un mouvement national, dont les protagonistes seraient les agriculteurs natifs du pays. Aujourd’hui, en 2015, ils sont presque 20000 adhérents. Cela est déja beaucoup mais représente peu face à la population du Nicaragua qui atteint quasiment 7 Millions. Leurs buts sont divers; consommer, produire et vendre des produits dénués de toute trace d’engrais, pesticide ou fongicide chimiques et cultivés sur des terres vierges, débarassées de tout reliquat d’agriculture intensive et donc de substances chimiques. De plus ils promeuvent ce type d’agriculture auprès de communautés agricoles, auprès des agriculteurs Nicaraguayens et les aident à trouver des solutions naturelles pour produire mieux tout en assurant leur propre subsistance . Aujourd’hui ils cherchent aussi des partenaires afin d’exporter leurs produits.

Ce type d’agriculture ne représente que 20 % de la production nationale et ils souhaitent arriver à 50 %. Ils souhaitent que la population ait le choix et puisse décider de ce qu’ils consomment. Cela induit une promotion et une éducation à ces concepts trop peu connus dans le pays pour le moment. Leurs objectifs rejoignent les mouvements agroécologiques internationaux: reminéralisation des sols endommagés, conservation des graines et de la biodiversité, diversification et rotation des cultures, solutions naturelles pour lutter contre les insectes ou les maladies attaquant les plantes (Leur principale référence: los guerreros Verdes)

La cause est noble mais les difficultés multiples. Le problème majeur est le manque de soutien de la part du gouvernement et par conséquent un manque de soutien économique. Si le gouvernement a déja reçu et écouté la coopérative, leur promettant de l’aide et des actions, la pratique ne rejoint pas le discours. Effectivement si le gouvernement Nicaraguayen est le résultat d’une révolution à laquelle ont d’ailleurs participé les membres de la coopérative, aujourd’hui ce n’est qu’un gouvernement comme tant d’autres, un gouvernement dont les décisions sont régies par les apports financiers et donc par les lobbys; lobbys exercés par ces producteurs de fertilisants
chimiques bien connus de tous.

Ainsi par exemple l’INTA ( Institut National des technologies agricoles et de la pêche) a publié un petit livret pour mieux utiliser les pesticides, dans lequel ils recommandent de limiter leur utilisation tout en autorisant leur utilisation. Ce double discours est omniprésent. Et la coopérative doit se débrouiller pour assurer sa promotion, les politiques n’apportant aucun soutien économique.

Et les consommateurs en manque d’information et désintéressés par ces thème écologiques, choisissent encore rarement d’acheter des produits bio. C’est pourquoi les bénéfices et les moyens de la coopérative restent superficiels.

Le combat écologique et organique de ces producteurs est une lutte constante, semée d’embûches mais leur volonté est de fer et peu à peu leurs actions prendront de l’importance. Ils ont tout de même la chance de se développer en parallèle avec d’autres mouvements internationaux agroécologiques qui peuvent et doivent communiquer et s’entraider. Ils s’inscrivent dans cette mouvance globale qui prône le respect de la Terre mère et un retour à des valeurs simples, authentiques, à une sobriété heureuse.

Si un volontariat ou un échange avec la coopérative vous intéresse, vous pouvez contacter le Rancho Guadalupe et la coopérative à l’adresse suivante: nicaragua.tonantzin@gmail.com.

 




Pesticides : une semaine pour s’en passer et découvrir des alternatives

La France, avec 62700 tonnes de produits utilisés, est le premier pays européen utilisateur de pesticides, et le troisième au monde. 90% des pesticides utilisés le sont dans le domaine de l’agriculture, et 10% concernent les particuliers ou les collectivités locales. Le plan Ecophyto de réduction des pesticides a, quant à lui, vu ses objectifs revus en janvier par le ministre de l’agriculture : une réduction de 20% de l’usage de pesticides à l’horizon 2020 et de 50% d’ici 2025 (l’objectif de 2018 a été abandonné). Ces chiffres montrent bien l’ampleur du phénomène en France, alors que démarre la Semaine pour l’Utilisation des Pesticides, qui a lieu du 20 au 30 mars, et qui en est aujourd’hui à sa dixième édition. Objectif de l’opération, cordonnée par l’association Génération Futures, et à laquelle participent une quarantaine de partenaires : «  informer sur l’impact des pesticides sur la santé et l’environnement », « promouvoir les alternatives aux pesticides » et « fédérer un réseau d’acteurs et mobiliser un large public ».

 

De nombreux événements sont ainsi organisés dans le pays, et aussi en Bretagne : Conférences, débats, ateliers de jardinage au naturel, marchés bio, visites d’exploitations, expositions…Pour les 10 ans, un Tour de France des alternatives aux pesticides a été mis en place, avec 10 événements phares. En Bretagne, le Tour fera étape le 27 mars à Quimper (29), ville où l’association Eau et Rivières de Bretagne organise une conférence autour des arrêtés pris par les préfets bretons stipulant l’interdiction de l’utilisation des pesticides à moins d’un mètre des fossés et cours d’eau. Elle organise également une opération « j’aime mes fossés au naturel », dans toute la Bretagne du 20 au 27 mars. Les citoyens sont invités à aller planter des panneaux vantant les 10 ans de ces arrêtés préfectoraux. Parmi les autres événements organisés sur le territoire breton (une trentaine au total), on peut citer : une bourse aux plantes avec démonstration de matériels de désherbage alternatif à Lannion (22) le 29 mars de 10h à 12h, une porte-ouverte aux Jardins Solidaires de Morlaix (29) le dimanche 29 de 10 h à 17 h, avec troc et vide-jardin, visite des jardins, ateliers, animations familiales… ; une sortie autour des « mauvaises herbes » dans la ville de Brest (29) le 24 mars ; une Conférence « Polluants Chimiques danger ! Retrouvons le goût en cultivant sans ajouts » le vendredi 20 mars à 19h à Rennes avec Gilles-Eric Seralini ; une exposition « la vie des abeilles » du 17 au 28 mars à la médiathèque Le Pré Carré à Kervignac ; une soirée-débat autour du film « la ligne de partage des eaux » au CinéRoch à Guéméné-Sur-Scorff le jeudi 26 mars à 20h…

Tout le programme en Bretagne est disponible sur le site d’Eau et Rivières de Bretagne, sur le site de la Semaine des Alternatives aux Pesticides, et retrouvez également des événements dans l’agenda sur notre site !

 

 

 

La journée mondiale de l’eau

Dimanche 22 mars, c’est la journée mondiale de l’eau. L’évenement, institué chaque année par l’ONU, se déroule autour d’un thème différent chaque année. Pour cette édition 2015, c’est la thématique « l’eau et le développement durable » qui a été retenue.

A l’occasion de cette journée, l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne a lancé la diffusion dans les écoles, collèges et lycée, une affiche de sensibilisation baptisée « il y a de la vie dans l’eau », issue d’un concours lancé en septembre auprès des scolaires. L’opération sera renouvelée en 2016.

A noter également que la consultation publique sur l’eau, les inondations et les milieux marins se poursuit jusqu’au 18 juin 2015. Le public est invité à y participer en consultant la page : http://www.eau-loire-bretagne.fr/sdage/sdage_2016_2021/consultation_2014_2015

Plus d’infos sur le site de l’Agence Loire-Bretagne : http://www.eau-loire-bretagne.fr

 

 

 

 




Il faut sauver la poule Coucou de Rennes !

De la première mention de son existence, en 1858, au lancement de l’association des producteurs en 1997, en passant par l’ouverture de l’Ecomusée en 1987, c’est toute l’histoire de la poule Coucou de Rennes qui est racontée dans le livre « La poule Coucou de Rennes – patrimoine vivant de la Bretagne », écrit par François de Beaulieu et édité par l’Ecomusée du Pays de Rennes. Une saga qui a pourtant bien failli s’arrêter dans les années 80. En 1985, la race est alors donnée pour « disparue ». C’était sans compter la ténacité de l’Ecomusée du Pays de Rennes, ouvert en 1987, et qui travaille dans le domaine de la préservation du patrimoine vivant. Ses responsables découvrent un dernier éleveur historique, en Maine-Et-Loire. C’est ainsi que dès 1989, un réseau d’une vingtaine d’éleveurs va être mis sur pied, avec une population de 200 Coucous de Rennes reproducteurs.

Aujourd’hui, on compte une quinzaine d’éleveurs qui produisent autour de 25 000 Coucous par an. Et la race bénéficie de mesure de protection. « Les souches de Coucou sont désormais conservées dans le cadre du programme de conservation de semence dans de l’azote liquide de la « Cryobanque » nationale », explique dans l’ouvrage François de Beaulieu. Les Coucous sont élevés selon un cahier des charges strict : élevage en plein air, en parcours herbeux, pendant 130 jours, avec une alimentation qui doit être à 100% végétale et sans OGM. Un gage de qualité qui fait que des cuisiniers bretons se sont emparés volontiers de l’animal pour le proposer sur leur table : le livre propose d’ailleurs le portrait de quelques uns d’entre eux, accompagnés de deux recettes.

Richement illustré, avec de nombreuses photos d’hier et d’aujourd’hui, « Le poule Coucou de Rennes » est un ouvrage qui s’avère particulièrement intéressant, même pour le néophyte. Agréable à lire, il constitue un bel hommage à une race de volaille ancienne du terroir breton, et nécessaire au maintien de la biodiversité de la région.

 

 

« La poule Coucou de Rennes – patrimoine vivant de la Bretagne », de François de Beaulieu, photographies d’Hervé Ronné, éditions Presses Universitaires de Rennes, 128 pages, 18 euros.




A la rencontre des indiens Mapuches du Chili en lutte pour récuperer leurs terres

En prenant contact avec l’association Ingalan Bro An Alre avant notre départ, nous ne connaissions que peu de chose sur l’existence des indiens Mapuches.

Accompagnés de Gurvan Nicol, co-président d’Ingalan Bro An Alre, et de Patricio Rivera-Millapan, observateur international des droits des peuples originels pour les Nations-Unies, nous avons pu rencontrer quelques unes de ces communautés amérindiennes du Sud du Chili et de l’Argentine.

La lutte des indiens Mapuches pour récupérer leurs terres

Les violences policières semblent courantes au Chili et sont régulièrement dénoncées par les associations de défense des droits humains. Parmi les populations visées, outre les étudiants dont les manifestations sont durement réprimées, les peuples originels subissent le recours a la force par la police.

Les Mapuches, littéralement « Peuple de la terre » en mapudungun (langue mapuche), réputés pour leur vaillance, ainsi que pour l’amour de leurs terres, forment aujourd’hui encore la communauté la plus importante du Chili. Leur territoire est divise en deux, entre la partie chilienne où ils seraient plus d’un million et argentine avec quelques 200 milles Mapuches.

Au Chili, les Mapuches sont les seuls à avoir résisté aux Incas, puis aux conquistadores espagnols. Mais leur histoire est loin d’être un long fleuve tranquille. Après avoir luttés pendant de nombreuses années contre les envahisseurs européens, l’arrivée au pouvoir du président Allende ne leur laissera que peu de répit. La dictature de Pinochet sonne bientôt la reprise des répressions et des agressions que subissent les Mapuches. En 2009, le Chili signe l’article 169 de l’Organisation Internationale du Travail, avec pour obligation de consulter les peuples originels avant tout projet sur leurs terres. Malheureusement, cette signature ne semble pas déboucher sur des mesures concrètes, et aucune concertation n’a lieu avec les populations concernées.

Leur vaste territoire est régulièrement grignoté par des firmes minières, forestières, pétrolières et des grands projets d’infrastructure. Outre leurs terres, c’est aussi des écosystèmes entiers, pourtant ressources du Chili, qui sont mis à mal. Ici, comme bien trop souvent, la course à la croissance prime sur l’environnement et le social.

Ce qui frappe, en rencontrant des Mapuches, c’est leur détermination, leur proximité avec la nature et leur volonté de vivre en paix. Ceci reflète l’incohérence avec l’image que les médias renvoient de ce peuple et que nombre de chiliens ont fini par prendre pour vrai. Les Mapuches sont en effet décrits comme des terroristes qui n’hésiteraient pas à mettre le feu à des forets, agresseraient civils et force de l’ordre, etc.

 

Juana, une vie à lutter pour sa terre

Longko Juana Calfunao de la communauté Juan Paillalaf est un personnage emblématique de la lutte Mapuche. Il y a une dizaine d’années, lors d’une manifestation contre un projet de route qui menaçait les terres de cette communauté, Juana et toute sa famille, y compris sa mère de 71 ans et plusieurs jeunes enfants, sont arrêtés sans ménagement. Juana, alors enceinte, perd son bébé compte tenu des nombreux coups qu’elle reçoit. Les carabineros (police chilienne) détruisent tout dans leur maison, aspergeant de javel la nourriture, déchirants les rideaux et les vêtements… ils ont tout perdus !

Traduit en justice, Juana est accusé de rébellion contre les forces de l’ordre. Excédée lors du procès elle en vient aux mains contre le juge qui lui inflige 4 ans et demi de prison.

 

 

La route ne s’est finalement pas faite mais un nouveau projet menace la communauté : la construction d’un barrage électrique en amont de la rivière passant sur leurs terres.

Aujourd’hui, c’est une femme révoltée qui veut faire de son cas (loin d’être isolé) un témoignage politique. Elle parle avec force et conviction et se battra toute sa vie pour défendre les droits de son peuple.

Nous avons rencontré d’autres mapuches lourdement condamnés, comme Emilio Berkhof, parfois même sans preuves tangibles.

 

L’organisation des communautés

Il y a plus de 360 communautés Mapuches qui s’autogèrent entièrement !  C’est à la fois leur force et leur faiblesse. Cette organisation a notamment surpris les conquistadors espagnols habitués à couper la tête du chef-unique pour gagner la guerre. Les mapuches n’ont pas un grand chef mais près de 360. Mais leurs divisions et leur éloignement géographique leur porte aussi préjudice.

Au sein d’une communauté il y a tout de même des rôles définis :

  • Le Longko est le chef de la communauté formée de plusieurs familles. Il ou elle est désigné(e) par filiation. Il est en charge des tâches administratives et de la bonne organisation au sein de la communauté.
  • Le Werkén est l’homme de confiance et messager personnel du Longko, qui facilite les relations et les alliances entre les familles de la communauté. C’est en général lui qui gère la communication extérieur.
  • Le Machi est le guérisseur traditionnel et le chef spirituelle garant du savoir de la communauté.  Il joue un rôle significatif dans la culture Mapuche. Les femmes sont plus généralement machis que les hommes.

 

Le drapeau Mapuche, symbole de la lutte d’un peuple

 

Le drapeau Mapuche a été dessiné au tout début des années 1990, impulsé notamment par Longko Juana Calfunao (que nous avons eu la chance de rencontrer) et avec la participation de plus de 350 Mapuches.

De haut en bas, on retrouve les couleurs bleu (pour le ciel), vert (pour la terre, littéralement le terme Mapuche désigne le « peuple de la terre ») et rouge (pour dénoncer les arrestations et les assassinats). Au centre, le ñimin, est l’instrument spirituel des Mapuches.

Ce drapeau, qui flotte fièrement dans certaines campagnes chiliennes, dénonce la lutte d’un peuple pour la reconnaissance de leurs terres et de sa culture, et rappelle aussi qu’il préfère mourir debout que vivre à genoux.

Durant toutes les manifestations (pour la terre, pour l’eau, pour demander une assemblée constituante, etc.) aucun drapeau chilien ne flotte au dessus de la foule. Seuls les drapeaux Mapuches ou d’autres communautés sont de rigueur, ou encore le drapeau chilien avec l’étoile vers le bas en signe de protestation.

 

 

 

Pour en savoir plus : 

 

 

Pour suivre les aventures d’Antoine et Johanna, visitez leur blog : https://onpartalaventure.wordpress.com/

 

 




A la rencontre des indiens Mapuches du Chili en lutte pour récuperer leurs terres

En prenant contact avec l’association Ingalan Bro An Alre avant notre départ, nous ne connaissions que peu de chose sur l’existence des indiens Mapuches.

Accompagnés de Gurvan Nicol, co-président d’Ingalan Bro An Alre, et de Patricio Rivera-Millapan, observateur international des droits des peuples originels pour les Nations-Unies, nous avons pu rencontrer quelques unes de ces communautés amérindiennes du Sud du Chili et de l’Argentine.

La lutte des indiens Mapuches pour récupérer leurs terres

Les violences policières semblent courantes au Chili et sont régulièrement dénoncées par les associations de défense des droits humains. Parmi les populations visées, outre les étudiants dont les manifestations sont durement réprimées, les peuples originels subissent le recours a la force par la police.

Les Mapuches, littéralement « Peuple de la terre » en mapudungun (langue mapuche), réputés pour leur vaillance, ainsi que pour l’amour de leurs terres, forment aujourd’hui encore la communauté la plus importante du Chili. Leur territoire est divise en deux, entre la partie chilienne où ils seraient plus d’un million et argentine avec quelques 200 milles Mapuches.

Au Chili, les Mapuches sont les seuls à avoir résisté aux Incas, puis aux conquistadores espagnols. Mais leur histoire est loin d’être un long fleuve tranquille. Après avoir luttés pendant de nombreuses années contre les envahisseurs européens, l’arrivée au pouvoir du président Allende ne leur laissera que peu de répit. La dictature de Pinochet sonne bientôt la reprise des répressions et des agressions que subissent les Mapuches. En 2009, le Chili signe l’article 169 de l’Organisation Internationale du Travail, avec pour obligation de consulter les peuples originels avant tout projet sur leurs terres. Malheureusement, cette signature ne semble pas déboucher sur des mesures concrètes, et aucune concertation n’a lieu avec les populations concernées.

Leur vaste territoire est régulièrement grignoté par des firmes minières, forestières, pétrolières et des grands projets d’infrastructure. Outre leurs terres, c’est aussi des écosystèmes entiers, pourtant ressources du Chili, qui sont mis à mal. Ici, comme bien trop souvent, la course à la croissance prime sur l’environnement et le social.

Ce qui frappe, en rencontrant des Mapuches, c’est leur détermination, leur proximité avec la nature et leur volonté de vivre en paix. Ceci reflète l’incohérence avec l’image que les médias renvoient de ce peuple et que nombre de chiliens ont fini par prendre pour vrai. Les Mapuches sont en effet décrits comme des terroristes qui n’hésiteraient pas à mettre le feu à des forets, agresseraient civils et force de l’ordre, etc.

 

Juana, une vie à lutter pour sa terre

Longko Juana Calfunao de la communauté Juan Paillalaf est un personnage emblématique de la lutte Mapuche. Il y a une dizaine d’années, lors d’une manifestation contre un projet de route qui menaçait les terres de cette communauté, Juana et toute sa famille, y compris sa mère de 71 ans et plusieurs jeunes enfants, sont arrêtés sans ménagement. Juana, alors enceinte, perd son bébé compte tenu des nombreux coups qu’elle reçoit. Les carabineros (police chilienne) détruisent tout dans leur maison, aspergeant de javel la nourriture, déchirants les rideaux et les vêtements… ils ont tout perdus !

Traduit en justice, Juana est accusé de rébellion contre les forces de l’ordre. Excédée lors du procès elle en vient aux mains contre le juge qui lui inflige 4 ans et demi de prison.

 

 

La route ne s’est finalement pas faite mais un nouveau projet menace la communauté : la construction d’un barrage électrique en amont de la rivière passant sur leurs terres.

Aujourd’hui, c’est une femme révoltée qui veut faire de son cas (loin d’être isolé) un témoignage politique. Elle parle avec force et conviction et se battra toute sa vie pour défendre les droits de son peuple.

Nous avons rencontré d’autres mapuches lourdement condamnés, comme Emilio Berkhof, parfois même sans preuves tangibles.

 

L’organisation des communautés

Il y a plus de 360 communautés Mapuches qui s’autogèrent entièrement !  C’est à la fois leur force et leur faiblesse. Cette organisation a notamment surpris les conquistadors espagnols habitués à couper la tête du chef-unique pour gagner la guerre. Les mapuches n’ont pas un grand chef mais près de 360. Mais leurs divisions et leur éloignement géographique leur porte aussi préjudice.

Au sein d’une communauté il y a tout de même des rôles définis :

  • Le Longko est le chef de la communauté formée de plusieurs familles. Il ou elle est désigné(e) par filiation. Il est en charge des tâches administratives et de la bonne organisation au sein de la communauté.
  • Le Werkén est l’homme de confiance et messager personnel du Longko, qui facilite les relations et les alliances entre les familles de la communauté. C’est en général lui qui gère la communication extérieur.
  • Le Machi est le guérisseur traditionnel et le chef spirituelle garant du savoir de la communauté.  Il joue un rôle significatif dans la culture Mapuche. Les femmes sont plus généralement machis que les hommes.

 

Le drapeau Mapuche, symbole de la lutte d’un peuple

 

Le drapeau Mapuche a été dessiné au tout début des années 1990, impulsé notamment par Longko Juana Calfunao (que nous avons eu la chance de rencontrer) et avec la participation de plus de 350 Mapuches.

De haut en bas, on retrouve les couleurs bleu (pour le ciel), vert (pour la terre, littéralement le terme Mapuche désigne le « peuple de la terre ») et rouge (pour dénoncer les arrestations et les assassinats). Au centre, le ñimin, est l’instrument spirituel des Mapuches.

Ce drapeau, qui flotte fièrement dans certaines campagnes chiliennes, dénonce la lutte d’un peuple pour la reconnaissance de leurs terres et de sa culture, et rappelle aussi qu’il préfère mourir debout que vivre à genoux.

Durant toutes les manifestations (pour la terre, pour l’eau, pour demander une assemblée constituante, etc.) aucun drapeau chilien ne flotte au dessus de la foule. Seuls les drapeaux Mapuches ou d’autres communautés sont de rigueur, ou encore le drapeau chilien avec l’étoile vers le bas en signe de protestation.

 

 

 

Pour en savoir plus : 

 

 

Pour suivre les aventures d’Antoine et Johanna, visitez leur blog : https://onpartalaventure.wordpress.com/

 

 




Les circuits-courts se développent au Gallo en Pays de Fougères !

Cela fait maintenant sept mois que l’association « Saveurs au Gallo » a germé dans le Pays de Fougères. Le fruit d’un travail entamé il y a un an et demi. « C’est le Pôle ESS du Pays de Fougères, EcoSolidaireS, qui a coordonné le projet, soutenu par la Région Bretagne, le Conseil Général d’Ille-Et-Vilaine et le Pays de Fougères », explique Gwendal Evenou, chargé de mission au pôle ESS. Porté par des acteurs d’origine diverses au sein d’un Comité de Pilotage (Producteurs, Civam, Agrobio35, Région, Conseil Général 35, acteurs associatifs, Chambre d’Agriculture…), le projet a eu dès le départ pour objectif de « créer un outil mutualisé pour les producteurs, afin de développer localement les débouchés de ces derniers, et aussi de faire connaître la production locale et les circuits courts », ajoute Gwendal.

Ce sont donc aujourd’hui 15 producteurs qui se sont regroupés au sein de l’association (ouverte aussi aux acteurs de la société civile), et qui proposent leurs produits aux consommateurs, mais aussi aux professionnels (restauration collective par exemple, commerces de proximité, restaurateurs…), sur le Pays de Fougères. Les commandes peuvent se faire grâce à un site internet, qui permet aussi de choisir le lieu de retraits des produits (viande, légumes, miel, pain, oeufs…) qui sont « disséminés tous les 10 ou 15 kilomètres, sur le territoire du Pays de Fougères, et ouvert du mardi au samedi pour un maximum de flexibilité », précise Gwendal.

 

Vers une agriculture raisonnée

 

Si toutes les productions ne sont pas issues de l’agriculture biologiques, elles doivent en tout cas répondre à une charte, qui interdit notamment l’utilisation des OGM, demande l’utilisation limitée et raisonnée des pesticides, et d’une alimentation animale saine et limitée en antiobiotiques . « L’idée est de valoriser la production issue d’une agriculture artisanale et autonome », commente Gwendal. Participer à l’aventure des circuits-courts peut justement être un levier pour avancer vers une agriculture plus durable. « On veut également montrer que les circuits-courts et l’agriculture raisonnée sont en cohérence, qu’il est possible, de par la progression des pratiques agricoles, de bénéficier de nouveaux débouchés en circuits courts », précise Gwendal.

Saveurs au Gallo a pour ambition également de sensibiliser les habitants du territoire et de favoriser leur accès à une alimentation de qualité et issue de produits locaux. Des actions de sensibilisation à l’alimentation seront organisées, notamment « des formations auprès du personnel de restauration collective ainsi que des ateliers d’exploration culinaire, afin d’apprendre à manger autrement et à utiliser davantage les circuits courts », souligne Gwendal. En attendant, un site web à destination des professionnels devrait ouvrir ses portes dans le courant du mois. 

 

 

Plus d’infos

http://www.saveursaugallo.fr/