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Rennes et Ouagadougou, ensemble contre Monsanto

Rennes et Ouagadougou (Burkina-Faso) marcheront ensemble demain, à l’occasion de la « Marche contre Monsanto et pour la souveraineté alimentaire ». La marche sera suivie dans cinquante pays, plus de vingt-cinq villes en France, dont cinq en Bretagne historique (Rennes, Lorient, Brest, Carhaix et Nantes). « Nous défendrons une agriculture relocalisée et écologique permettant d’assurer aux producteurs un revenu juste et aux consommateurs des produits sains. », annonce le collectif organisateur de Rennes. Formé de dix-huit structures, incluant associations, syndicats et partis politiques – tels que Ingalan, Greenpeace et la confédération paysanne – le collectif a décidé cette année de jumeler la marche à celle de Ouagadougou : « Nos marches seront liées dans la lutte contre le dictat de Monsanto et dans l’espoir de voir s’imposer une agriculture paysanne, souveraine et écologique, ici comme là-bas », assure-t-il.

 

Le jumelage a été initié par Ingalan, association bretonne de solidarité internationale, qui travaille avec le Burkina-Faso depuis 2007. Outre les liens avec les paysans brukinabè, l’association a fait le choix de jumelage cette année au vu de la tournure que prend la situation au Burkina-Faso. « Monsanto, qui était déjà bien présent au Burkina-Faso avec le coton BT (variété de coton OGM, NDLR), compte désormais poursuivre son expansion avec la commercialisation d’autres semences OGM comme le maïs et le sorgho», dénonce Florian Constans, promoteur des programmes de développement à l’association Ingalan.

 

Du coton BT au maïs transgénique, la stratégie expansionniste de Monsanto

 

Monsanto a réalisé ses premiers essais de coton BT en 2001, en violation de la convention sur la diversité biologique de 1992 et du protocole de Carthagène sur la biosécurité de 2000. Deux traités internationaux, contraignant les pays à adopter une législation ainsi qu’à prendre les plus grandes précautions avant de commencer la culture d’OGM. En 2008, l’agence nationale pour la biosécurité, chargée de l’évaluation des risques dus à la culture d’OGM, autorise la production commerciale du coton BT pour 2009. Les premières grandes distributions de semences ont alors lieu. Pour séduire les procuteurs burkinabè, la firme fait miroiter son rêve productiviste : augmentation moyenne de rendement de 45 %, réduction des pesticides de six à deux passages et réduction des coûts de 62 %. Mais le climat burkinabé a eu raison de la biotechnologie. La pluviométrie très variable contraint parfois les paysans à ressemer, s’il ne pleut pas. Lorsque des semences à petit prix sont employées, cela a peu d’incidence sur le coût de production. Mais celui-ci devient beaucoup plus fort avec le prix élevé des semences OGM. L’apparition de chenilles et autres ravageurs résistants au gène ont aussi nuancé les promesses de réduction des pesticides.

 

 

Malgré tout, la culture de coton BT a continué son expansion au Burkina-Faso. Une invasion rendue possible par « la complicité du gouvernement de l’époque, sans informer le peuple des risques encourus et bien sûr sans son avis », exprime le Collectif Citoyen pour l’Agro-écologie au Burkina-Faso. Aujourd’hui, le coton BT représente 70 % du coton produit dans le pays. Et ça n’est que le commencement : alors qu’elle reconnaissait, en début d’année, l’échec du coton BT, la firme annonçait l’entrée prochaine du maïs OGM. « La situation du Burkina face aux OGM est exaspérante, s’indigne Ousmane Tiendrébéogo, secrétaire général du SYNTAP (Syndicat National des Travailleurs de l’Agro-Pastoral). Cela traduit un manque de volonté politique de s’en sortir. Du coton au départ, nous déplorons aujourd’hui la modification génétique de nos produits alimentaires ». Le Collectif Citoyen met en garde sur la stratégie expansionniste de la firme Monsanto, qui « entend faire du pays son laboratoire africain et une de ses portes d’entrée des OGM sur le continent. ». Et d’ajouter : « Derrière le maïs attendent le sorgho, le niébé (variété de haricot produit au Sahel, NDLR), l’oignon et la pomme de terre ».

 

Face à cette expansion, des associations, telles que Ingalan et Yelemani (association burkinabé de promotion de l’agriculture biologique), accompagnent les paysans vers une agriculture durable. « Nous développons l’agro-écologie dans le but d’atteindre la souveraineté alimentaire », témoigne Florian Constans, d’Ingalan. Un développement qui ne pourra se poursuivre si Monsanto continue à répandre des OGM dans le pays. « S’engager pour le développement de l’agro-écologie et la souveraineté alimentaire au Burkina-Faso ne peut se faire sans prendre en considération les freins et les obstacles qui se dressent devant cette démarche », soutient le collectif rennais. Les militants espèrent que la marche fera pression tant sur Monsanto que ses consorts et mettra en garde la population sur la réalité des OGM.

 

Le rendez-vous est donné à 14h, place de la mairie, à Rennes.

 

 

Ousmane Tiendrebeogo «  Nous exigeons l’arrêt immédiat et l’annulation des contrats passés entre l’Etat burkinabè et la firme Monsanto »

Secrétaire général du SYNTAP (Sydicat National des Travailleurs de l’Agro-Pastoral), Ousmane Tiendrebeogo lutte contre les OGM, en proposant une agriculture écologique et locale.

 

– Quand et sur quelle initiative a été créé le SYNTAP?

« Le SYNTAP a été créé en 1998. En 2003 nous avons reçu notre récépissé, puis avons décidé d’être autonome. A ce moment les responsables de la filière coton avait entrepris de rendre la vie impossible aux producteurs. Nous avons donc créé ce syndicat pour, d’une manière générale, protéger les intérêts des paysans toutes filières confondues. C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes opposés aux accaparements de terres par les OGM, et contre toute forme d’arnaque, qui conduit à la dépossession de notre agriculture. Nous avons pour mission d’informer, de former, d’alphabétiser, rechercher des partenaires techniques et financiers, organiser des actions de plaidoyer, etc. »

– Quels sont vos liens avec les acteurs de la solidarité internationale et groupes militants Bretons?

« Excellents ! Nous sommes en contact avec Ingalan depuis 2013, année du premier Mamm Douar (festival organisé par Ingalan, NDLR) à St Nolff (56) où nous étions plusieurs invités burkinabè. Je suis intervenu alors dans une conférence débat sur le thème de l’accaparement des terres. Il y a ensuite eu une autre conférence à Morlaix avec Jacques Caplat et Marc Dufumier, là plus sur la problématique des OGM. Depuis les relations entre Ingalan et le Syntap n’ont pas cessé et nous travaillons main dans la main avec d’autres structures pour les marches du 23 mai. »
 

– Pourquoi part
iciper à la marche contre Monsanto de Ouagadougou?

« Parce que la production des OGM va entrainer une catastrophe humaine. 86% de population ne peuvent vivre hors de leurs champs. La société civile burkinabè est debout depuis l’insurrection d’octobre. Si nous voulons bloquer les projets de Monsanto, c’est cette année. La marche mondiale est une bonne occasion à saisir. Nous exigeons l’arrêt immédiat et l’annulation des contrats passés entre l’Etat burkinabè et la firme Monsanto, ainsi qu’un moratoire sur l’importation, la dissémination et la production des OGM au Burkina Faso pendant au moins dix ans. Nous demandons l’élaboration de politiques et de programmes d’appui l’agroécologie, à l’agriculture familiale, à la production des semences locales, à la promotion des produits locaux. »

 

 

 

Les dates clés :

2001, Monsanto réalise ses premiers essais de coton OGM au Burkina-Faso, dans le plus grand secret

2003, les OGM sont introduits officiellement, avec le soutien du gouvernement de Blaise Compaoré

Février 2007, la Coalition pour la conservation du patrimoine génétique africain organise une caravane pour sensibiliser et informer la population sur le danger que représentent les OGM

2008, l’agence nationale pour la biosécurité autorise la production commerciale de coton OGM pour 2009

Octobre 2014, suite au soulèvement populaire, M. Compaoré, président depuis 27 ans, démissionne

2015, Monsanto annonce son projet d’implantation du maïs OGM. Le collectif citoyen pour l’agro-écologie, regroupant organisations et individus de la société civile, appelle à particper à une marche contre Monsanto et pour la souveraineté alimentaire.

 

 

 

 




Un week-end pour la permaculture

La permaculture a été théorisée dans les années 70 en Australie par Bill Mollison et David Holmgren, deux scientifiques engagés dans la protection de l’environnement. On peut définir la permaculture comme étant un véritable art de vivre, qui mêle art de cultiver la terre avec art d’aménager le territoire. La prise en compte des écosystèmes est également très importante. C’est « une science et un art qui visent à aménager des écosystèmes humains éthiques, durables et robustes qui s’intègreront harmonieusement avec la nature » », selon Steve Read, fondateur de l’Université Populaire de Permaculture.

La permaculture ne se limite pas seulement à l’agriculture, elle rejoint aussi d’autres domaines comme l’économie, la technologie, la santé, l’habitat…

 

Les 12 piliers de la permaculture sont :

Les douze piliers de la permaculture

  1. Observer et interagir

  2. Collecter et stocker l’énergie

  3. Créer une production

  4. Appliquer l’auto-régulation et accepter la rétroaction

  5. Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables

  6. Ne pas produire de déchets

  7. Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails

  8. Intégrer plutôt que séparer

  9. Utiliser des solutions de petites échelles et avec patience

  10. Utiliser et valoriser la diversité

  11. Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordure

  12. Utiliser les changements et y réagir de manière créative

 

En Bretagne, des stages et formation en permaculture sont régulièrement organisés à Plufur, dans les Côtes-d’Armor, avec l’association Dynamie.

http://www.permaculturefrance.org/

 

Des journées d’initiation à la permaculture sont mises en place également à Hénon, toujours dans les Côtes d’Armor, au jardin « La pâture Es Chènes ».

http://www.lapatureeschenes.fr/

 

Pour connaître les animations organisées, ce week-end, rendez-vous sur le site http://www.permaculture-incroyables.org/jip2015/

 

« La même planète, un autre monde – la permaculture et une évolution sociologique », brochure de Steve Read consacrée à la permaculture, est disponible en téléchargement sur son site : http://www.steveread.fr/

 

 

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Une journée consacrée à l’éco-pastoralisme

Le contexte

 

L’éco-pastoralisme est une solution alternative de gestion écologique des milieux par des herbivores issus de races rustiques locales ou non autochtones

La journée est mise en place au Lycée de L’Aulne à Chateaulin (29), par une classe de BTS D.A.T.R (Développement et animation des territoires ruraux). Elle est organisée en partenariat avec le Parc Naturel Régional d’Armorique, et la Fédération des Races Anciennes de Bretagne. Dans le cadre de la Charte 2009‐2021, le Parc Naturel Régional s’intéresse à la conservation et la valorisation de la biodiversité domestique. En partenariat avec la Fédération des Races de Bretagne, il a défini une stratégie et mène un ensemble d’actions dont la valorisation non alimentaire des races domestiques Bretonnes par leur utilisation dans la gestion des espaces naturels sous l’angle de l’éco‐pastoralisme.

La Fédération des Races de Bretagne, elle, fédère l’ensemble des éleveurs de onze races locales bretonnes, dans un but de sauvegarde, promotion et valorisation de ces races et de leurs produits.

 

 

Objectif de la journée

 

« Les rencontres de l’éco-pastoralisme en Bretagne » ont pour objectif de valoriser et mettre en avant les pratiques d’éco-pastoralisme, et de mettre en avant l’utilisation des races locales bretonnes dans les pratiques d’entretien des espaces naturels au sens large. « Nous voulons également mettre en contact entre eux les professionnels du secteur », assure Ange Rollet, étudiant dans la classe qui organise la journée.

 

 

Le programme

 

Au programme de la journée :

  • Pour les professionnels : débats sur l’intérêt de l’éco-pastoralisme dans la gestion des espaces naturels, ainsi que des témoignages sur l’utilisation des races locales. Des ateliers d’échanges entre acteurs seront également organisés.

  • L’après-midi est ouverte au grand public, avec au programme : des expositions, des présentations d’animaux (moutons « lande de Bretagne », de « Ouessant », chèvres des fossés…), présence de fermes pédagogiques, chasse de trésor…

 

 

 

Plus d’infos

www.cmk29.educagri.fr/le-lycee-de-laulne/les-evenements.html

 

 




J’ai mal à notre Trégor, j’ai mal à notre Bretagne!

Les Sables d’Olonne, samedi 4 avril au Remblais, 1500 personnes défilent contre un projet de maternité porcine de 23 000 cochons par an en amont à Poiroux. La quasi-totalité des organisations politiques, syndicales, associatives y participent, Confédération Paysanne en tête. Le député-maire local UMP annonce la couleur : « Après avoir saturé et pollué la Bretagne, l’agriculture industrielle porcine cherche à tout prix à s’installer en Vendée, deuxième département touristique français. Nous ne nous laisserons pas faire (….) Comment l’Etat et Mme (Ségolène) Royal peuvent-ils laisser reproduire le dramatique exemple breton ».

Terrible constat, en Vendée comme partout en France, voilà l’image de la Bretagne, le cochon, le lisier, les algues vertes… On comprend mieux pourquoi, il en faut des Pig Parades pour la chasser des esprits, mais en Bretagne seulement, puisqu’ailleurs, ça ne marche plus depuis longtemps. En d’autres temps, sous d’autres cieux, on appellerait tout simplement cette opération de la propagande… ! ! Comment est-ce possible ? Qui mène cette mascarade cochonnière ? Bien sûr, les groupements d’éleveurs porcins hors-sols et toute la filière agroalimentaire. Ils ne font que leur sale boulot de pollueurs, en y rajoutant une bonne dose de cynisme. Mais rien de tout cela ne serait possible, sans tous les moyens et toute la logistique apportés par les élus des collectivités locales. Perros-Guirec d’abord, avec la mise à disposition gratuite des services municipaux. Surtout, alors que cette commune se débat avec ses emprunts toxiques, son maire et son conseil n’hésitent pas à trouver 8 000 euros pour financer cette opération dont on cherche vainement en quoi elle serait utile à la vocation touristique de la commune. Pas sûr que les touristes de Vendée ou d’ailleurs trouvent très attractifs la promotion du lisier et des marées vertes que lui rappelleront nécessairement cette Pig Parade…! !

Ensuite, ajoutons à cette longue liste de donateurs généreux, les milliers d’euros des villes qui la reçoivent : Quimper, Brest, Pontivy, Fougères, Rennes. Enfin, les Conseils Départementaux des Côtes d’Armor, du Morbihan, de l’IIle et Vilaine. Que d’élus en situation de gouvernance, de tous bords politiques, pour encourager la pollution et se moquer de notre santé avec l’argent de nos impôts ! Où sont ceux qui défendent à juste titre le Trégor contre les extractions de sable en Baie de Lannion ? Invisibles dès qu’il s’agit de la pollution de l’agriculture hors-sols. Il est visiblement plus facile et plus glorieux de se battre contre un Grand Satan qui vient de là-bas aux confins de la Bretagne que contre mille petits satans bien de chez nous qui empoisonnent notre environnement.! !

Devant tant d’irresponsabilité et de lâcheté, j’ai mal à notre Trégor, j’ai mal à notre Bretagne.

Pourquoi mériterions-nous cela ? Pour la défense d’une économie précaire qui ne fonctionne qu’à coups de casse et de subventions, qu’à coups de bas salaires et de conditions de travail déplorables ? Tout cela pour le profit de quelques banques, de coopératives, de dirigeants du syndicat agricole majoritaire ? ! !

Fort heureusement, dans la cité, aucun mal n’est incurable. Des citoyennes et des citoyens, des associations répondent à cette Pig Parade par une Pig Mascarade. Vendredi à Trestraou, une artiste a inauguré le début de toute une série de manifestations pour dénoncer cette mauvaise farce. Elle a dessiné sur la plage une fresque éphémère parsemée de ces queues de cochon coupées, symbole de cette industrialisation du vivant et de sa maltraitance, symbole d’un territoire souillé. Tous les artistes sont sollicités pour prendre le relai et opposer à ces cochons de béton des oeuvres qui disent la pollution dont nous sommes victimes. Pour que nous n’ayons plus honte d’être bretons, levons-nous de ville en ville pour dire tout haut avec la Pig Mascarade que nous ne voulons plus être les sacrifiés de l’agriculture industrielle porcine.! !

 

Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor membre de la Coordination Verte et Bleue.




L’avenir de la bio, entre dérégulations et promesses

   Depuis ce mercredi 1er Avril, il n’y a plus de quotas laitiers en Europe. Cette nouvelle étape de libéralisation du marché agricole place les agriculteurs face à des choix de restructurations, à l’heure où la politique agricole du gouvernement est des plus incertaines. La décision, prise dans le cadre de la réforme de la PAC (Politique Agricole Commune) met fin à un système mis en place en 1984. A l’époque, les quotas avaient été créés pour endiguer le problème d’éxcédents chronique de lait. En effet, les subventions accordées aux agriculteurs depuis la création de la PAC avaient engendré une augmentation de la production. L’Europe devait alors racheter le surplus, pour garantir la demande, afin d’empêcher les prix de trop baisser. Ce système a cependant trouvé ses limites et l’Europe, dans l’incapacité de continuer à racheter les surplus, avait finalement décidé de limiter la production par l’instauration des quotas.

 

L’agriculture bio et les circuits courts comme alternative à la compétitivité mondiale

 

   Ces dernières années, avec la mondialisation et l’arrivée, sur le marché des produits laitiers, de nouveaux concurrents, les prix du lait sont devenus de plus en plus sensibles à la conjoncture internationnale. Exemple marquant avec la crise du lait de 2009 : La très forte augmentation de la production en Australie et Nouvelle-Zélande a fait exploser l’offre mondiale. Dans le même temps, la crise économique a entraîné une baisse de la demande. L’Europe commence alors à revoir ses quotas, en les augmentant de 1 %. Le tout avait entraîné une chute de 30 % du prix du lait.

 

   La suppression définitive des quotas européens met aujourd’hui un terme à la garantie des prix du lait. Placés en concurrence directe sur le marché mondial, les agriculteurs ont alors des choix à faire, pour survivre à la course à la compétitivité. Selon Elsa Chanel, coodinatrice de la Frab (Fédération Régionale des Agrobiologistes de Bretagne), beaucoup d’agriculteurs réfléchissent à deux possibilités : « Soit intensifier la production, pour produire plus de lait, ou bien adopter un système de production durable et plus autonome ». Alors que l’Europe voit dans la demande asiatique croissante, de nouvelles ouvertures de marché pour les producteurs Européens, l’agriculture bio et les circuits courts se posent comme une alternative au grand marché mondial et à la compétitivité.

 

« Ce n’est pas une décision prise à la légère et les agriculteurs ont besoin d’être rassurés »

 

   Mais le passage à l’agriculture biologique est une décision importante pour un agriculteur conventionnel, qui nécessite une restructuration de l’exploitation. « Ce n’est pas une décision prise à la légère et les agriculteurs ont besoin d’être rassurés », explique Elsa Chanel, qui craint que « le manque d’assurance du gouvernement sur les aides à l’agriculture biologique contribue à diriger les agriculteurs conventionnels sur de l’intensif ». Il faut dire que l’implication du gouvernement dans l’aide à la bio s’avère plutôt bancale. Le 7 mars dernier, le ministère de l’agriculture annonçait une diminution de 25 % de l’aide aux agriculteurs bio, explicant aux réseaux bio que l’enveloppe prévue était trop petite : le montant de l’aide, passant de 87 millions d’euros en 2013 à 103 millions en 2014, n’avait pas suivi l’augmentation des surfaces cultivées. L’annonce avait provoqué la colère des argiculteurs bio qui ont manifesté le 17 mars, en vue d’obtenir des aides. A Rennes, ils étaient plus de 200 dans les rues. Le gouvernement a finalement annoncé qu’une aide complémentaire, qui viendra compenser les 25 % de réduction, sera versée cet été.

 

La transition, c’est maintenant !

 

   « Le gouvernement semble avoir du mal à tenir ses engagements », fait remarquer la coordinatrice de la Frab. Ainsi, en 2013, le gouvernement s’engageait dans le développement de la bio, avec le « plan ambition bio ». Lancé par le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll, le plan prévoyait de doubler, d’ici 2017, les surfaces en bio. Celles-ci étaient déjà en forte progression depuis plusieurs années. Ainsi, la part de marché du lait bio, en volume, en France, a été multipliée par 4,3 en 12 ans, atteignant 8,2% au premier semestre 2013, selon le baromètre de la consommation de l’agence bio. La même année, 49 % des français consommaient des produits bio au moins une fois par mois contre 37 % dix ans auparavant. Toujours selon le même baromètre, en Bretagne, entre 2008 et 2013, le nombre de fermes bio a augmenté de 75 %. « La demande de produits bio en France est de plus en plus forte, des agriculteurs sont prèts à se convertir, tous les signaux sont au vert, il faut maintenant que le gouvernement suive », défend Elsa Chanel.




L’éclosion de la révolution verte au Nicaragua.

Et toi qu’imagines-tu quand tu entends le nom de ce pays? Le Nicaragua est ce pays d’Amérique central, voisin du fameux Costa Rica.

Nicaragua…on pense aux forêts vierges, aux fruits exotiques, on imagine une nature exhubérante et un peuple traditionnel resté proche de son milieu environnemental.

C’est ce que je supposais avant de venir ici. Il est vrai que la couleur verte prédomine sur les autres tonalités. Mais hélas tout n’est pas si rose pour les amoureux de la Terre et pour la biodiversité existente.

Effectivement et comme partout, l’agriculture intensive a été développée depuis les années 50 par les divers gouvernements, qu’il s’agisse du gouvernement de Somoza ou du gouvernement révolutionnaire qui pris le pouvoir par la suite en 1979. Si ces derniers révolutionnaires se battaient pour le peuple et la justice sociale, et menèrent à bien une réforme agraire qui partagea plus équitablement les terres cultivées, les préoccupations agroécologiques n’étaient pas encore développées et mises en pratique à cette époque. Pour eux l’agriculture devaient être le socle d’une meilleure répartition économique et il fallait produire pour le pays et pour l’exportation. C’est ainsi que l’agriculture intensive, du coton ou du café, par exemple, détruisit et appauvrit les sols et participa aussi à la deforestation et à l’amoindrissement de la biodiversité.

Aujourd’hui dans nos pays occidentaux les mouvements organiques, biologiques sont de plus en plus répandus et la population, dans sa majorité, qu’elle adhère ou non à ces idées, a connaissance de ces concepts et de ces pratiques. Au Nicaragua, la situation n’en est pas à ce point. La population pense avant tout à survivre chaque jour et la plus grande partie des habitants ne sont pas conscients des problèmes sanitaires et écologiques découlant de ce type d’agriculture intensive et chimique. Or c’est dès à présent qu’il faut agir, alors que le pays est encore riche d’une faune et d’une flore extraordinaire, bien que déjà étiolée. Heureusement des hommes et des femmes ont connaissance de ces dangers et se battent pour la protection des Terres Nicaraguayennes, tels Humberto et Martha, deux sages lumières que j’ai eu la chance de rencontrer lors de ce voyage en tant que volontaire.

 

Humberto et Martha et le Rancho Guadalupe-Tonantzin

C’est effectivement grâce au volontariat dans des propriétés agricoles que j’ai pu me rendre compte que le combat agroécologique n’est qu’à ses balbutiements dans ce pays. Et c’est surtout une rencontre, celle d’Humberto et de sa compagne Marta et de leur Rancho Guadalupe-Tonantzin, qui m’ont permis de comprendre à quel point les concepts de développement durable et de protection de la biodiversité ne sont pas encore assez répandus dans le monde et surtout dans des pays en plein développement, qui se dirigent malheureusement vers un modèle économique et agricole qui, chez nous et ailleurs dans le monde, a déjà prouvé ses faiblesses, ses limites.

Arrivée sur leur propriété en janvier, j’ai découvert un monde protégé, une atmosphère sereine et des personnes riches intellectuellement et sentimentalement. Leurs terres se situent à l’ouest du Nicaragua, près d’un village nommé Diriamba et à une dizaine de kilomètres de l’océan. Le climat, en ce mois de janvier 2015, y est chaud et sec et un vent, tantôt fort, tantôt léger souffle dans cette finca (terre agricole) de 38 hectares. En ce lieu, le couple cultive des fruits et des légumes, pastèques, coriandre, citrons, oranges, bananes, mangues et encore bien des fruits et légumes selon la saison et l’envie. Evidemment, leur travail n’a rien à voir avec l’agriculture intensive, mais suit plutôt les principles de la permaculture. Mais il ne s’agit pas que de végétaux puisque des vaches, des chevaux, des lapins, des poules et un cochon cohabitent avec eux et profitent chaque jour de leurs soins, sans oublier une femelle singe bléssée, qu’ils soignent avant de la relâcher. Et certains visiteurs plus sauvages sont aussi présents et se baladent tranquilement sur ce territoire où ils se sentent en sécurité ( serpents, iguanes, renards, oiseaux…). Humberto a observé la présence de plus d’une centaine de types d’animaux différents. Effectivement le mot sécurité n’est pas anodin, puisque des pratiques barbares et gratuites ont lieux au Nicaragua de la part des humains. Par ignorance, par inconscience, les enfants comme les adultes s’amusent à chasser les iguanes, les renards et tous types d’animaux, que ce soit par simple distraction ou pour les manger ( l’iguane ou la tortue sont des plat très appréciés par les Nicaraguayens, qui ne se soucient malheureusement pas du fait qu’ils soient en voie de disparition…). Le combat est donc le suivant : agir maintenant avant de détruire peu à peu la diversité végétale comme animale.

 

Humberto fait partie d’un mouvement qui lutte pour cela. La coopérative agroécologique du Nicaragua est née officiellement en 2009. Mais certains de ses membres se connaissaient et agissaient déjà ensemble depuis 2004. Ils se rencontrèrent lors de conférences organisées au Nicaragua mais par des personnes étrangères, par des associations internationales. Ces conférences ou réunions traitaient évidemment de l’agroécologie. Ils se rendirent compte que leur vision était partagée par d’autres et décidèrent de créer un mouvement national, dont les protagonistes seraient les agriculteurs natifs du pays. Aujourd’hui, en 2015, ils sont presque 20000 adhérents. Cela est déja beaucoup mais représente peu face à la population du Nicaragua qui atteint quasiment 7 Millions. Leurs buts sont divers; consommer, produire et vendre des produits dénués de toute trace d’engrais, pesticide ou fongicide chimiques et cultivés sur des terres vierges, débarassées de tout reliquat d’agriculture intensive et donc de substances chimiques. De plus ils promeuvent ce type d’agriculture auprès de communautés agricoles, auprès des agriculteurs Nicaraguayens et les aident à trouver des solutions naturelles pour produire mieux tout en assurant leur propre subsistance . Aujourd’hui ils cherchent aussi des partenaires afin d’exporter leurs produits.

Ce type d’agriculture ne représente que 20 % de la production nationale et ils souhaitent arriver à 50 %. Ils souhaitent que la population ait le choix et puisse décider de ce qu’ils consomment. Cela induit une promotion et une éducation à ces concepts trop peu connus dans le pays pour le moment. Leurs objectifs rejoignent les mouvements agroécologiques internationaux: reminéralisation des sols endommagés, conservation des graines et de la biodiversité, diversification et rotation des cultures, solutions naturelles pour lutter contre les insectes ou les maladies attaquant les plantes (Leur principale référence: los guerreros Verdes)

La cause est noble mais les difficultés multiples. Le problème majeur est le manque de soutien de la part du gouvernement et par conséquent un manque de soutien économique. Si le gouvernement a déja reçu et écouté la coopérative, leur promettant de l’aide et des actions, la pratique ne rejoint pas le discours. Effectivement si le gouvernement Nicaraguayen est le résultat d’une révolution à laquelle ont d’ailleurs participé les membres de la coopérative, aujourd’hui ce n’est qu’un gouvernement comme tant d’autres, un gouvernement dont les décisions sont régies par les apports financiers et donc par les lobbys; lobbys exercés par ces producteurs de fertilisants
chimiques bien connus de tous.

Ainsi par exemple l’INTA ( Institut National des technologies agricoles et de la pêche) a publié un petit livret pour mieux utiliser les pesticides, dans lequel ils recommandent de limiter leur utilisation tout en autorisant leur utilisation. Ce double discours est omniprésent. Et la coopérative doit se débrouiller pour assurer sa promotion, les politiques n’apportant aucun soutien économique.

Et les consommateurs en manque d’information et désintéressés par ces thème écologiques, choisissent encore rarement d’acheter des produits bio. C’est pourquoi les bénéfices et les moyens de la coopérative restent superficiels.

Le combat écologique et organique de ces producteurs est une lutte constante, semée d’embûches mais leur volonté est de fer et peu à peu leurs actions prendront de l’importance. Ils ont tout de même la chance de se développer en parallèle avec d’autres mouvements internationaux agroécologiques qui peuvent et doivent communiquer et s’entraider. Ils s’inscrivent dans cette mouvance globale qui prône le respect de la Terre mère et un retour à des valeurs simples, authentiques, à une sobriété heureuse.

Si un volontariat ou un échange avec la coopérative vous intéresse, vous pouvez contacter le Rancho Guadalupe et la coopérative à l’adresse suivante: nicaragua.tonantzin@gmail.com.