Relocalisation : « Court-circuiter », ça peut « super-marcher ! « 

Comment fonctionne « Court-circuit en Pays de Brest » ?

Notre fonctionnement prend avant tout racine dans la distribution de produits sains, locaux, biologiques et de saison grâce au travail de nos 25 producteurs. Nous avons 230 familles bénévoles membres de notre association, et une personne permanente de l’association gère aussi toute la partie administrative. Le lien entre les producteurs, les produits proposés et les adhérents consommateurs est direct, car chacun met la main à la pâte. Les familles choisissent une taille de panier de légumes et le maraîcher remplit celui-ci avec des légumes de saison, ou d’autres produits comme des laitages, du pain, des jus… Tout le monde est alors sur un pied d’égalité, car tous sont consommateurs de ces produits locaux.

 
Qu’est-ce que signifie le mot « circuit-court » pour vous ?

C’est un partenariat de promiscuité dans lequel il y a peu d’intermédiaires. Une des premières notions est de raccourcir au maximum le chemin entre la production, la distribution et la consommation. Nous la complétons dans notre localisation au Pays de Brest : nous faisons nos recherches sur le territoire, nous observons les demandes et remontons l’information à la production en leur communiquant les besoins de chacun dans la gamme des produits de saisons. L’objectif final est de développer ce système de circuit court en créant des opportunités pour les personnes souhaitant s’installer en tant que producteurs.

 

Quels sont les moyens d’entretenir ces réseaux ?

Les adhérents qui viennent sont aussi bien consommateurs que producteurs. Nous organisons des visites d’exploitations et des rencontres avec des producteurs. L’idée est d’entretenir ces réseaux, car nous sommes tous des personnes qui réfléchissons, dans le but de promouvoir le modèle biologique et local. Nous voulons recréer des filières sur le territoire.

 

Pensez-vous que le mode de consommation locale peut s’étendre de manière globale ?

On le souhaite et on nous y encourage en ce sens, car il y a une véritable demande croissante avec un nombre d’adhérents toujours plus grand. Pour un mode de consommation locale, les freins des consommateurs sont psychologiques mais aussi financiers. Il y a une vraie volonté pour s’engager dans cette relocalisation et c’est pour cela que nous faisons un effort au niveau des prix de notre côté. Nos paysans sont d’ailleurs mieux rémunérés par rapport à des magasins spécialisés. Nous n’avons pas de stock et donc pas de besoin d’assurer une marge, de frais car notre fonctionnement est sur un montant de panier global. Une participation aux frais de fonctionnement de 25% sur le produit est versée à notre structure associative, à but non lucratif. Dans d’autres systèmes les marges commerciales sont en général comprises entre 40 et 50%.

 

La mise en place des circuits-courts peut-elle durer à terme ?
Si je prends notre exemple, nous avons démarré il y a un an et demi avec quelques paniers. Puis, deux personnes ont été embauchées en tant que chargés de mission. Une personne en service civique va aussi être prochainement recrutée.
En terme de projets, nous souhaitons l’agrandissement de nos champs d’action : remplir les points de distribution en passant de 250 à 400 paniers par semaine avec un objectif de 50 personnes par point de distribution. Les producteurs de notre réseau ont le potentiel pour nous approvisionner. Pour cela, nous misons sur l’augmentation de la communication. Il y a un potentiel à terme, et notre idée est clairement de bâtir un vrai modèle économique qui fonctionne. Nous reprenons le modèle d’Alterconso* à Lyon qui est viable économiquement et rencontre un fort taux de satisfaction.
 
Dans quel état d’esprit sont les personnes s’approvisionnant dans votre association lorsqu’ils viennent vous voir ?

La satisfaction générale des adhérents est au rendez-vous. L’ambiance est conviviale, les gens parlent entre eux et la fréquentation est intergénérationnelle. On voit les progressions, les changements d’états d’esprits, où chacun communique autour de lui : on entend souvent « j’en parle à tout mes amis » ! C’est très bon enfant. Il y a une réelle motivation et les gens sont de plus en plus réceptifs à ce mode de consommation.

 

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez éprouvé le besoin de créer une alternative aux supermarchés ?
Les produits de supermarchés ne prennent pas en compte le coût environnemental et social de leurs modes de productions, que l’on pourrait chiffrer. Tout cela nous paraît primordial. Nous proposons un produit avec un vrai prix, un prix qui est réaliste et significatif.  Il y a une profonde volonté de transparence qui nous tient à cœur. Les conséquences de productions et les pourcentages affichés sont identiques dans tout les produits. Le consommateur n’est pas considéré comme une poule aux oeufs d’or, mais comme un membre adhérent. Que ce soit la confiture, le pain ou les légumes, le taux de participation est le même pour chaque produit. Nous souhaitons maintenir un maillage, et faire en sorte que les petits producteurs aient une place d’honneur. De cette façon nos actions ont un impact fort, autant au niveau local qu’environnemental, avec une offre de produits sains et intéressants remise au goût du jour.

 

Y a t-il des avantages à faire en sorte que l’argent reste sur le territoire breton ?

L’avantage principal est le lien direct avec la monnaie locale alternative Heol sur le pays de Brest, portée par l’ADESS du Pays de Brest. Cet argent qui circule sur le pays Brest n’est pas de l’argent épargné, et on sait pour quel projet porté il est investi.

Que répondriez-vous à une personne qui vous présente la relocalisation de l’économie comme un retour en arrière ?

Ma réponse serait : « Un retour en arrière par rapport à qui, à quoi et à quand ?» C’est un argument que donnent toutes les personnes qui ne veulent pas y croire, et ne croient pas à un mode économique alternatif. Dans les systèmes d’exploitations agricoles intensives ce sont des principes de fertilisation chimiques qui ont été appliqués. Ces utilisations d’engrais, d’insecticides et de pesticides se traduisent par un dopage des cultures où les sols s’épuisent, comme des sportifs trop stimulés par leur drogue : c’est ce mode d’exploitation qui n’est pas durable. De plus, il y a une véritable perte de connaissance et d’expérience dans ces pratiques. Dans notre structure nous sommes tous issus du milieu conventionnel dont nous avons été déçus, et aujourd’hui nous voulons nous battre pour une transition durable.

Cette transition est la remise au goût du jour des pratiques agricoles respectueuses de la connaissance de l’environnement.
Par exemple, plusieurs de nos maraîchers n’ont plus de tracteurs mais travaillent avec des ânes. Or, cette pratique c’est une pratique très technique, qui demande de l’expérience : il y a toute une dimension dans l’approche à l’animal, avec la prise en compte des itinéraires culturaux, des outils à utiliser, du rythme à prendre… Toutes ces pratiques s’enrichissent à partir de connaissances améliorées existantes depuis 50 à 100 ans. Il y a donc une conciliation authentique entre la modernisation et le progrès, vers de meilleurs pratiques toujours durables. Dans ces méthodes alternatives de travail, l’expérience et l
es liens ne se perdent pas…

 

En savoir plus  :
http://court-circuit-ess.infini.fr/

 




Oiseaux mazoutés : La LPO appelle à la mobilisation

La Ligue de Protection des Oiseaux, avec le soutien de l’Agence des aires marines protégées, dresse un nouveau bilan avec des chiffres toujours aussi éloquents.
Du pays Basque au Finistère sud on arrive bientôt à 30 000 échouages. Parmi les espèces les plus touchées : le Macareux moine (12 229 individus), le Guillemot de troïl (5 443 individus) et le Pingouin torda (376 individus). Près de 3 900 oiseaux ont été dénombrés en Loire-Atlantique, 4 557 en Vendée, 6 174 en Charente-Maritime et 3 651 en Aquitaine.
Pour les oiseaux acheminés dans les centres de sauvegarde UFCS, le 24 février 2014 , on en note 2 784 accueillis, des Côtes-d’Armor au Pays Basque.* « Une récente réunion de cellule de crise va permettre de récupérer des bilans dans d’autres de départements » selon Nicolas Gendre, ornithologue à la LPO. Ces bilans établis chaque semaine permettent de réactualiser le bilan national du nombre de cadavres.
Les échouages sont donc essentiellement basés sur la Côte Atlantique, mais l’appel est lancé au niveau européen. Les premiers chiffres que la LPO reçoit proviennent notamment d’Angleterre : 2 578 oiseaux morts. La presse anglophone reprend ces informations de façon régulière. Pour l’Espagne et le Portugal, il faudra encore un peu de patience pour être informé.

 

Un manque de nourriture
 

Malgré de réelles justifications, l’étendue du phénomène laisse perplexe et beaucoup de questions restent en suspend pour la LPO. « C’est le manque de nourriture qui explique essentiellement ces chiffres extravagants » à en croire Nicolas Gendre. La plupart des oiseaux trouvés étaient très amaigris de part leur difficulté à trouver la nourriture nécessaire pour survivre. L’effort qui est leur est demandé dans une houle violente s’avère majoritairement mortel. En effet, leurs plumes engorgées d’eau de mer ne leur permettent pas de maintenir leur température corporelle assez haute pour. Malgré la résistance continue de ceux qui ne font « que » s’échouer, le risque d’hypothermie les mène également à s’éteindre.
L’interrogation subsiste en ce qui concerne des traces de mazout qui ont été observées sur certains individus échoués. Des bateaux qui sortent en mer pendant la tempête pour dégazer pourraient en être à l’origine.

 
Comment agir ?

La récupération et l’acheminement des oiseaux encore vivants vers les centres de sauvegarde les plus proches est donc prioritaire. Comment faire pour participer à cette mobilisation, ? Il suffit d’examiner une partie de littoral et d’y recenser les oiseaux échoués, tout en prenant des photos d’oiseaux mazoutés est nécessaire. Ils peuvent être porteur d’organismes pathogènes, il est donc très important d’utiliser une paire de gants jetables lors d’un contact. Prochaine étape, le marquage des cadavres à l’aide d’une ficelle à la patte, pour finalement informatiser les données.
Pour cela : il vous faut saisir vos données sur « Faune Bretagne », un site qui permet de rassembler et diffuser des données faunistiques sur la région. À l’aide de votre adresse e-mail et de la création d’un mot de passe, vous pouvez vous identifier. Il n’y a plus qu’à marquer le comptage des espèces trouvées. Si les oiseaux sont porteurs de bague métallique autour de la patte, cela signifie qu’ils appartiennent au Centre Ornithologique « British Trust for Ornithology » de Londres.

Un appel est donc lancé à la mobilisation le week-end prochain sur tout le littoral.

 

 

Plus d’infos

www.lpo.fr/

 




Oiseaux mazoutés : La LPO appelle à la mobilisation !

La Ligue de Protection des Oiseaux, avec le soutien de l’Agence des aires marines protégées, dresse un nouveau bilan avec des chiffres toujours aussi éloquents.
Du pays Basque au Finistère sud on arrive bientôt à 30 000 échouages. Parmi les espèces les plus touchées : le Macareux moine (12 229 individus), le Guillemot de troïl (5 443 individus) et le Pingouin torda (376 individus). Près de 3 900 oiseaux ont été dénombrés en Loire-Atlantique, 4 557 en Vendée, 6 174 en Charente-Maritime et 3 651 en Aquitaine.
Pour les oiseaux acheminés dans les centres de sauvegarde UFCS, le 24 février 2014 , on en note 2 784 accueillis, des Côtes-d’Armor au Pays Basque.* « Une récente réunion de cellule de crise va permettre de récupérer des bilans dans d’autres de départements » selon Nicolas Gendre, ornithologue à la LPO. Ces bilans établis chaque semaine permettent de réactualiser le bilan national du nombre de cadavres.
Les échouages sont donc essentiellement basés sur la Côte Atlantique, mais l’appel est lancé au niveau européen. Les premiers chiffres que la LPO reçoit proviennent notamment d’Angleterre : 2 578 oiseaux morts. La presse anglophone reprend ces informations de façon régulière. Pour l’Espagne et le Portugal, il faudra encore un peu de patience pour être informé.

 

Un manque de nourriture
 

Malgré de réelles justifications, l’étendue du phénomène laisse perplexe et beaucoup de questions restent en suspend pour la LPO. « C’est le manque de nourriture qui explique essentiellement ces chiffres extravagants » à en croire Nicolas Gendre. La plupart des oiseaux trouvés étaient très amaigris de part leur difficulté à trouver la nourriture nécessaire pour survivre. L’effort qui est leur est demandé dans une houle violente s’avère majoritairement mortel. En effet, leurs plumes engorgées d’eau de mer ne leur permettent pas de maintenir leur température corporelle assez haute pour. Malgré la résistance continue de ceux qui ne font « que » s’échouer, le risque d’hypothermie les mène également à s’éteindre.
L’interrogation subsiste en ce qui concerne des traces de mazout qui ont été observées sur certains individus échoués. Des bateaux qui sortent en mer pendant la tempête pour dégazer pourraient en être à l’origine.

 

Comment agir ?

La récupération et l’acheminement des oiseaux encore vivants vers les centres de sauvegarde les plus proches est donc prioritaire. Comment faire pour participer à cette mobilisation, ? Il suffit d’examiner une partie de littoral et d’y recenser les oiseaux échoués, tout en prenant des photos d’oiseaux mazoutés est nécessaire. Ils peuvent être porteur d’organismes pathogènes, il est donc très important d’utiliser une paire de gants jetables lors d’un contact. Prochaine étape, le marquage des cadavres à l’aide d’une ficelle à la patte, pour finalement informatiser les données.
Pour cela : il vous faut saisir vos données sur « Faune Bretagne », un site qui permet de rassembler et diffuser des données faunistiques sur la région. À l’aide de votre adresse e-mail et de la création d’un mot de passe, vous pouvez vous identifier. Il n’y a plus qu’à marquer le comptage des espèces trouvées. Si les oiseaux sont porteurs de bague métallique autour de la patte, cela signifie qu’ils appartiennent au Centre Ornithologique « British Trust for Ornithology » de Londres.

Un appel est donc lancé à la mobilisation le week-end prochain sur tout le littoral.

 

*Dans les centres de sauvegarde de l’UFCS (Union française des Centres de Sauvegarde de la faune sauvage – http://uncs.chez.com/) – et celui d’Audenge géré par la LPO Aquitaine des Côtes-d’Armor au Pays Basque.
 




Procès pour la viticulture biologique : « Il faut avancer dans nos pratiques »

Deux jours après votre jugement, comment vous sentez-vous ?

Je me sens plus serein aujourd’hui. La pression a été très forte. Lundi a été une journée assez exceptionnelle pour moi avec une mobilisation inattendue. Il y a eu des pétitions dans toute la France et la Belgique, et cela s’est fait sans que l’on soit consultés, avec des initiatives individuelles. Les gens ont spontanément voulu faire quelque chose. C’était une première surprise.

 

Qu’est-ce qui a inspiré votre mode d’agriculture biologique ?

C’était pour moi une chose presque normale. Originaires de la Plaine, mon père a démarré dans les systèmes de viticulture et d’agriculture classiques. À l’époque, il intensifiait sa ferme, son élevage et ses vignes, car il possédait une ferme en plus du domaine viticole. Il était le premier à désherber et à introduire beaucoup d’engrais dans son l’exploitation. À la fin des années 60, il a participé à une conférence sur l’agriculture biologique. Suite à cela, il s’est converti à l’agriculture biologique sur sa ferme. A cette époque, il faisait partie des premiers à se lancer.

Lorsque j’ai repris la ferme, le bio est naturellement devenu un mode de production qualitatif et une identité de terroir pour moi. La dimension environnementale dans le respect du vivant participe à ce type de production que j’applique.
Nous sommes plusieurs personnes à être passées en bio en Bourgogne. Je considère que ce n’est pas parce qu’on est dans le système conventionnel qu’on est un mauvais agriculteur, ou qu’on est dans le système d’agriculture biologique qu’on est bons. Nous sommes certainement dans un moment où l’aspect culturel et sociétal peut faire qu’on va avoir du mal à passer au bio de façon globale.

 

Quelle était votre démarche en refusant l’introduction de ce pesticide ?

La démarche dans laquelle je suis est surtout une question de cohérence globale. Je ne pouvais pas comprendre que dans le cadre d’une lutte collective, on soit amenés à faire un traitement qui était imposé à toute la région. Il y avait une règle qui était d’effectivement appliquer un traitement si besoin lorsqu’un foyer en danger, comme cela a été le cas en Saone-et-Loire en 2011. Dans cette situation un traitement est justifiable. Mais cela a une action sur l’équilibre sur la faune auxiliaire que l’on cherche à maintenir ainsi que dans l’environnement. Quand on peut se passer de traitements, on le fait. Le produit est toxique et il a des conséquences sur différents insectes pollinisateurs notamment.
La maladie n’était pas présente dans notre département. C’était un principe de précaution qui pour moi est pris à l’envers. D’un coté, il y a un préfet qui nous impose des arrêts préfectoraux pour un traitement sur tout notre département, via les Services Région de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Forêt, sous prétexte que nos écosystèmes pourraient être touchés par la maladie. Dans cette dimension, on considère alors que le traitement n’a pas d’impact sur le citoyen et sur l’environnement. C’est une pensée banalisatrice qu’on ne peut plus se permettre de défendre. Selon moi, le débat qui est posé tourne autour de la question: Est-ce que le fondement de cet arrêté préfectoral qui a imposé le traitement s’appuie sur une notion juste ?

 

 

Pourquoi êtes-vous le seul à avoir refusé catégoriquement l’application de ce produit ?

Je n’étais pas le seul à avoir refusé ces traitements. En agriculture, que ce soit dans le modèle conventionnel ou biologique, entre 20 et 30% des professionnels n’ont pas traité leurs exploitations et leurs domaines. En disant ce chiffre, je m’appuie sur le témoignage des distributeurs qui le soulignent. Je suis le seul à avoir été contrôlé et à ne pas avoir pu justifier la facture, mais d’autres ont adopté ce même refus dans la non-application du traitement.

 

Comment qualifieriez-vous le climat de la profession viticole biologique aujourd’hui ?

Le sujet fait débat dans la profession. Aujourd’hui, je pense qu’il nous faut tracer un chemin pour avancer dans nos pratiques. En Bourgogne, nous sommes dans une situation paradoxale où depuis 15 ans on avance dans ces pratiques alternatives biologiques. Mais en définitif, avec cette affaire, il y a comme un focus sur notre région avec une impression reçue qu’elle traite ses plants plus que les autres régions. Or, nous avons besoin de nous mettre autour de la table pour continuer d’avancer dans nos pratiques individuelles et collectives respectueuses de l’environnement. Il faudrait trouver des accords généraux pour avancer et sortir la tête haute de tout cela.

 

Qui est-ce qui vous a aidé ? (Avocat, pétitions, manifestations, associations…)

Avant que la presse s’en mêle, il y a eu des témoignages individuels exprimés assez rapidement de la part de mes collègues viticulteurs biologiques. Il y a également des ONG et d’autres structures de tout les bords, qui se sont manifestées à travers des lettres de soutien. La CAPN de Saone- et Loire a fait un communiqué de presse concernant ma situation, puis le magazine « Basta ! » a fait suivre l’information. Vient ensuite l’AFP, et ainsi de suite…Sandrine Bellier (députée euripéenne EELV ndlr) m’a également soutenu depuis le début en écrivant des courriers aux ministres de l’environnement pour demander le levage des poursuites à mon encontre.

 

Comment peut-on arriver à risquer la prison en appliquant des principes biologiques ?

La réponse se trouve dans la hiérarchisation des étapes qui se succèdent dans notre système, où chaque administration a sa place. C’est une machine en route où tout avance de fil en aiguille. La réponse, nous l’aurons lors de la délibération des jurys, le 7 avril prochain.

 

Vous-êtes vous senti forcé d’appliquer les règles cette loi ? Suite à ce procès, êtes-vous contraint d’utiliser cet insecticide et allez-vous le faire ?

On ne m’a pas obligé à l’utiliser. Fin juillet 2013, la date du contrôle étant à une période où les stades larvaires étaient dépassés. Le PV de contrôle nous a alors dit qu’il n’était pas nécessaire de traiter.

 

Pensez-vous que l’on avance vers une transition agricole ?

Je pense qu’il est évident que l’on avance.
Mais vers quelle transition ? D’un côté, notre ministre de l’agriculture s’est lui-même engagé dans cette transition, et de l’autre côté il y a des services de l’Etat qui agissent à l’envers. C’est incohérent. C’est donc au sein de notre profession que l’on doit essayer de se concilier pour se rassembler et faire avancer cette transition.
 

 

 
Le regard de Jacques Carrojet, viticulteur biologique en Loire-Atlantique :

 

 

Qu’est-ce qui vous a inspiré votre mode d’agriculture biologique ?

Nous sommes passés en mode biologique en 1997, suite à des problèmes d’érosion du sol. Nous avions une maladie de la vigne qui s’appelle la drosophile: lorsqu’elle se développe sur la vigne elle
donne de la pourriture acide. Dans la viticulture « conventionnelle » il n’y avait pas de solution. Nous mangions également bio depuis les années 80, ma mère a fait partie de ceux qui ont créé les premières Biocoop en Semy en 1944. On voulait se mettre en accord avec notre consommation journalière et notre métier.

 

Quelles sont les contraintes d’un agriculteur biologique aujourd’hui, par rapport à un viticulteur conventionnel ?

Cela peut nous ramener à « l’affaire Giboulot » dans le sens où la viticulture biologique vient d’un mode de pensée lié à la protection des végétaux. Celui-ci provient de concepts formalisés lors de la guerre 1914, dans l’utilisation du gaz moutarde dans les Landes. C’est à dire que la décence des végétaux vient du milieu militaire: nous l’avons copié avec l’application du gaz moutarde dans nos cultures. Nous nous basons aujourd’hui sur d’autres traitements, avec lesquels nous essayons de nous défendre d’une attaque en faisant en sorte que le milieu ne soit pas réceptif à la maladie.Des études agronomiques ont déjà été mises en place pour prouver l’efficacité de ces traitements biologiques. Elles ont été passées sous silence. Nous nous inspirons donc de la conscience du milieu dans lequel nous sommes. En ce sens, on peut dire que nous sommes de pensée holiste (ndlr, la pensée qui tend à expliquer un phénomène comme étant un ensemble indivisible)

 

Qu’est-ce qu’engendre l’application du produit imposé par l’arrêté préfectoral dans le traitement de vos cultures ? Est-il vraiment inoffensif ?

Ce n’est pas un produit inoffensif, d’ailleurs il n’y en a jamais pour éradiquer une maladie. Nous recherchons l’équilibre, à partir du moment ou l’on met un insecticide, biologique ou non, une grande partie des insectes présents dans l’écosystème dont nous disposons disparaitront. On risque un déséquilibre et l’arrivée de pathogènes crée une situation difficile à gérer. C’est lorsque l’on tient un équilibre que l’on se rend compte qu’il faut tout faire pour le conserver. En ce sens nous entretenons la vie bio-diversifiée, en installant des haies ou des plantes dans le milieu naturel par exemple.
 

 

Comment en arrive-t-on à la situation que vit Emmanuel Giboulot d’après vous ?

Je pense que cela va plus loin que le militantisme. C’est une réaction par rapport à la cicadelle (ndlr, insecte suceur qui se nourrit de la sève des végétaux grâce à leur rostre. Il est vecteur de la mortelle flavescence dorée. C’est cet insecte que l’arrêté préfectoral ordonnait d’éradiquer en arrachant l’ensemble les plants et en traitant l’ensemble des sols de la région).
Selon moi, il faudrait désinfecter les plants avant leur contamination, au lieu de les traiter après. Nous ne sommes pas protégés par rapport à elle. On sait qu’on est souvent capable de savoir d’où vient la maladie. On savait que la cicatelle était dangereuse mais elle n’était pas présente dans le domaine viticole d’Emmanuel Giboulot. Il n’y avait donc pas de raison de remettre en cause l’équilibre systémique déjà en place. Son action est extrêmement intéressante, et elle nous questionne dans l’ensemble de la profession viticole biologique et sur la façon d’utiliser des traitements. Il s’est mis en danger lui même.  Cela doit nous permettre de remettre sur la table les méthodes imposées.

Est-ce qu’Emmanuel Giboulot est le seul à avoir refusé catégoriquement l’application du produit ?

Il y a 10 ans déjà, des gens refusaient les traitements mais ils ont perdu leur agrément bio. Il y a des zones très bien organisées dans la maitrise de la maladie. À Saint-Emilion par exemple, un réseau d’observation des vignes est en place pour repérer les maladies dont les cèpes sont porteurs.

 

Dans une France où l’on connait de grandes figures de l’agriculture biologique, je pense au philosophe et paysan Pierre Rabhi et son mouvement des Colibris, aux AMAP, à José Bové et son engagement politique… Comment en arrive-t-on à risquer la prison en appliquant des principes biologiques ?

Le respect et l’amour du vivant fait qu’on refuse ses éléments chimiques mortels. Cette sensibilité devient viscérale : on en vient à ne plus le supporter pour soi-même !
Emmanuel Giboulot n’est pas parti en croisade pour dire aux autres de le suivre dans son action. Il a simplement dit « non ». C’est une force pour le respect du vivant qui a motivé son refus.

 

Est-ce que, selon vous, on avance sur la transition agricole ?

Il est vrai qu’on ne nous rend pas le chemin facile par rapport à notre volonté de transition agricole et viticole. Cependant, il y a eu une évolution générale dans la population. Il y a 4-5 ans, les gens achetaient des produits biologiques pour la santé. On nous a présenté un mode d’alimentation où la quantité prime sur la qualité avec une propagande consumériste. On a aussi dit que l’agriculture biologique était chère, alors qu’elle ne l’est pas tant que cela. On ne peut pas comparer nos produits avec ceux des supermarchés ! Les acteurs des AMAP sont dans une démarche de responsabilité qualitative individuelle. On a de multiples réseaux qui nous permettent de trouver des produits avec un excellent rapport qualité prix. Selon moi, c’est l’écologie qui va être l’avenir de notre pays en terme économique et en terme de santé publique. À mon avis, nous allons retrouver des valeurs intrinsèques à notre espèce en terme de plaisir et de respect du vivant. Par rapport à cela, beaucoup de personnes nous barrent la route, mais nous sommes dans une démarche individuelle qui collectivement, se répandra…

 




 Exposition: plus que 7 jours pour embarquer sur Terre Ouessantine

« Tout amour est dernier amour »

Cette reprise du titre d’un poème de Gérard le Gouic illustre bien le coeur de cette exposition. Un coup de foudre pour Helena Zemánková qui a encadré ses élèves depuis plus de 20 ans pour étudier les constructions traditionnelles de cette terre entourée par les eaux. C’est donc dans la logique d’un aboutissement que Frédéric Bioret lui donne carte blanche pour laisser parler son imagination et son ressenti, avec le projet d’une exposition depuis septembre 2013. L’association du Centre d’Etudes du Milieu d’Ouessant dont il est le président, édite également les « cahiers du CEMO » dont un cinquième ouvrage issu de cette colaboration pourrait voir le jour. L’architecte fait ensuite connaissance avec Gérard Le Gouic. Ce poète mettra son âme à l’ouvrage pour créer l’harmonie avec ses photographies et ses dessins. Un travail qui prend ses racines dans la rencontre de ces 3 protagonistes avec un point commun: l’amour de la pointe bretonne. Les habitants eux-mêmes ont trouvés l’angle des prises de vues original. On suppose alors que ce regard nouveau sur les constructions et les paysages est lié à la vision extérieure de cette artiste venue de loin. Elle a d’ailleurs réussi à nouer d’autres liens d’amitiés durant ses allées et venues.

Une vie insulaire expressive par la création
 

Elle serait un lieu propice à l’art et l’inspiration, on s’y sentirait protégés comme dans un cocon. La beauté, le climat et l’ambiance permet aux artistes de s’y retrouver pour créer dans tout les domaines: peinture, photos, écriture, musique. Sur l’Île d’Ouessant, beaucoup de manifestations sont liées à l’art, et des artistes comme Yann Tiersen et Miossec y passeraient également du temps. La particularité de l’habitat ouessantin, les rochers de formes uniques du fait de l’érosion et de l’eau, les paysages littoraux et la présence de vie maritime… Dans ce cadre, il est vrai que nombreux sont ceux qui ne résistent pas à prendre des photos de Ouessant. Les touristes comme les riverains…
 

*2 rue Théodore Le Hars, Conseil général – hall de la DAEEL,Quimper.
Dates et horaires : 2014-01-01 au 2014-02-28, du lundi au vendredi, 09h00-12h, 13h30-17h30. Gratuit et ouvert à tous.

 


Dessin © Helena Zemankova

 




Des animations high-tech pour réduire la facture énergétique ?

En quoi consiste « Ludikénergie » ?

Ludikénergie est une entreprise qui organise des événements publics et privés: à travers diverses animations et spectacles interactifs, nous voulons sensibiliser et accompagner chaque consommateur dans le contexte d’une transition énergétique qui est déjà en marche. C’est un concept qui se base sur l’humain, le jeu et la technologie pour faire adopter de nouveaux comportements dans la réalisation d’économies d’énergie.
Dans un premier temps, les « Ateliers Ludik » organisent et animent des ateliers destinés à des événements grand public (salons, festivals, rencontres sportives, manifestations culturelles…), ou privés lors de séminaires d’entreprise et de rencontres étudiantes. Dans un second temps, « Ludik Solution », accompagne des entreprises et des bailleurs sociaux dans leur politique d’économies d’énergie, avec des mesures de consommation individuelle jusqu’au changement effectif des comportements des collaborateurs ou des résidents.
 

Comment vous y êtes vous pris pour monter ce projet ?

Ce projet est parti de l’événement associatif « Tous pleins d’énergie » organisé par l’ADEME, la Jeune Chambre Économique de Rennes, la région Bretagne et ses partenaires. Dans le cadre de la Fête de l’Énergie en 2011 à Rennes, des challenges sportifs étaient mis en place afin de sensibiliser les Bretons à la maîtrise d’énergie.
Depuis septembre 2013, j’ai décidé de quitter mon ancienne activité salariale pour me consacrer entièrement à « Ludikénergie » avec Laëtitia Rouffart, ma collaboratrice comédienne et plasticienne.
 

Vous mettez à disposition de vos publics des outils high tech souvent conçus par des « jeunes talents » de l’École Supérieure d’Ingénieurs de Rennes . Quelle place ont les nouvelles technologies informatiques et électroniques dans votre projet ?

Elles sont un moyen de créer de l’interactivité entre les gens, dont la participation aux jeux crée des moments de rire et de partage, mais suscite aussi leur curiosité.
 

Quels sont les outils que vous utilisez au sein de ces activités participatives ?

Pour l’animation Trans’danse, par exemple, nous mettons à disposition des ceintures « Energiemètre » et un casque individuel, où les participants accumulent de l’énergie à chaque pas de danse et découvrent l’énergie produite au quotidien.
Pour l’atelier « La battle énergétique », il y a d’un côté, différents types et modèles d’équipements électriques du quotidien, de l’autre un vélo générateur. Puis, les participants découvrent en mouvement les notions de puissance et d’énergie.
Avec l’exemple des vélos multimédias, les participants se lancent le défi d’une course. Ainsi, ils sont directement sensibilisés au gaspillage d’énergie en investissant celle de leur propre corps.
 

L’outil est donc sensé leur donner le pouvoir de s’impliquer dans leur réduction de consommation d’énergie ; énergie dont l’aspect fondamental est d’être irremplaçable. Afin de déclencher une prise de conscience, comment trouver l’équilibre entre modernité et citoyenneté ?
Quand on entend « Trans’Danse », « bicyclettes intelligentes », « système de mesure Monitoring Ludik »… Est-ce que les gens n’oublient pas vite les économies d’énergies pour l’attractivité de ces innovations ?

Modernité et citoyenneté ne s’opposent pas ! Pour moi, il n’y a aucune contradiction entre les deux, cependant l’outil ne doit pas remplacer l’humain. On peut le voir comme le « côté froid » de nos animations. Pour le « côté chaud », Laëtitia est présente en endossant différents costumes. L’alliance des deux est un moyen de créer du lien. On ne veut pas transformer les gens en machines, mais leur montrer qu’ils ont une responsabilité dans leur consommation d’énergie.
 

 Vous êtes par ailleurs investi dans l’économie locale en étant membre de la Jeune Chambre Économique de Rennes. Dans la présentation de ce mouvement, on peut lire qu’il souhaite développer les talents de leaders chez les jeunes.
Quelle est la place du monde de l’entreprise dans votre vision de l’écocitoyenneté ?

Je pense que pour que l’écosystème fonctionne on a besoin de tout le monde: des collectivités, des associations et des entreprises. C’est en partenariat que nous pourrons trouver une complémentarité. Le terme d’écocitoyenneté dans lequel plusieurs choses sont implicites ne me convient pas exactement, mais je pense qu’il y a une place pour des entreprises comme la nôtre. On part du principe qu’on ne va pas sauver la planète, mais qu’elle se sauvera toute seule, et qu’à partir de là c’est à nous de nous adapter à ses écosystèmes. Nous sommes face à un défi qui est de changer le comportement des gens face à notre mode de consommation et nous défendons les valeurs de l’homme.
 

Vous organisez également des manifestations privées. À quoi ressemblerait un événement « Ludikénergie » dans un séminaire d’entreprise ?

Cela peut prendre plusieurs formes. On peut intégrer un événement dans un séminaire avec des ateliers qui sont créés en partenariat avec l’entreprise par exemple. Donner une dynamique optimiste, dans la joie et la participation, grâce aux outils technologiques d’une part, et susciter l’intérêt par l’humour du spectacle vivant d’une autre part. Le moteur de nos actions reste le partenariat et la dé-culpabilisation. L’enthousiasme est donc au rendez-vous à chaque événement !
 

Quelles sont les entreprises et les organisations présentes lors de ces événements organisés pour le grand public ?

Il y a principalement des collectivités. Les entreprises que l’on retrouve font majoritairement parties de «Cluster Ecorigine», un nouvel outil au service des entreprises bretonnes pour relever les défis de l’économie verte.
 

Dans le contexte de l’économie verte, qu’est-ce que signifie la croissante verte selon vous ?

C’est la création de la richesse autrement qu’en exploitant nos ressources naturelles. Je prendrais l’économie circulaire pour exemple, où la croissance ne repose pas uniquement sur l’exploitation des ressources, mais sur leur réutilisation.
 

Vos actions sont-elles sollicitées par un seul modèle d’« entreprise écologique » ?

Celles qui font appel à nous sont plutôt des grandes entreprises, dotées d’une direction RSE (ndlr, « Responsabilité Sociale des Entreprises », elle peut se définir comme la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable, par l’intégration des préoccupations sociales, économiques et environnementales dans leurs activités.)
Elles viennent de tout type de secteur: industrie, service… Des cabinets ou des agences d’événementiel qui réalisent des journées de sensibilisation peuvent aussi nous solliciter.
 

Selon vous, est-ce que l’écologie doit être au service de l’économie, ou l’économie au service de l’écologie ?

Je pense que les deux devraient être au service de l’homme !