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Deux applis à utiliser au jardin

Reconnaître les plantes de son jardin et les chants des oiseaux qui y viennent, c’est aujourd’hui simple et à la portée de beaucoup de citoyens, grâce à deux applications très pratiques à télécharger sur son smartphone !

PlantNet

PlantNet
est un « système d’aide à l’identification des plantes
par l’image ». En gros, c’est une application qu’on
télécharge sur son smartphone et qui permet, en photographiant une
plante, de l’identifier. C’est aussi un programme de sciences
participatives, qui fait partie du projet Floris’TIC : toutes
les photos téléchargées servent à alimenter une grande banque de
données botanique.

Concrètement,
c’est très simple : une fois l’application téléchargée
et installée sur le téléphone, il suffit, avec celle-ci, de
prendre en photo un élément végétal : plante, feuille,
fleur…La photo va être ensuite comparées aux végétaux présents
dans la base de données, et vous obtiendrez une ou plusieurs
réponses, classées suivant leur pertinence.

Actuellement,
ce sont 27909 espèces qui sont actuellement répertoriées par
PlantNet, issues des quatre coins du monde ! Pratique pour mieux
connaître la flore de son jardin !

Disponible sur IOS et Android, et sur ordinateur : https://plantnet.org/

BirdNet

BirdNet
est une application qui permet de reconnaître les chants d’oiseaux,
développée par le laboratoire d’ornithologie de l’Université
de Cornell aux Etats-Unis, et par l’Université Technologique de
Chemnitz en Allemagne. Si l’application n’est pas spécialement
intuitive, elle n’en demeure pas moins très intéressante :
en quelques manipulations, on peut savoir de quelle espèce provient
le chant qu’on vient d’entendre. En effet, BirdNet enregistre le
son environnant dès que l’application est ouverte. En appuyant
ensuite sur le bouton « analyser », le résultat arrive
assez rapidement, avec une probabilité « certaine ». Un
fonctionnement simple pour une application à utiliser chez soi mais
aussi en balade !

BirdNet,
disponible sur Android

Pour
IOS, il y a l’alternative Cui-cui




Dans le Centre-Bretagne, la Bascule Argoat veut impulser la transition

L’association La Bascule Argoat s’est installée à Plouray (56), en Centre-Bretagne, dans l’ancienne blanchisserie de l’Abbaye de Langonnet, depuis décembre 2019. Elle ambitionne de faire de ce lieu un « carrefour local des transitions », en sensibilisant également les citoyens du territoire. Un financement participatif a été lancé afin de pouvoir poursuivre les travaux et le projet.

A deux pas de l’Abbaye de Langonnet, juste en face des locaux des Apprentis Orphelins d’Auteuil, se dresse un grand bâtiment ancien, surplombant un petit lac. C’est ici, dans ce qui était la résidence des religieuses de la Congrégation de Saint-Joseph de Cluny, et l’ancienne blanchisserie de l’Abbaye, que s’est installé le collectif (ou plutôt « L’ile ») La Bascule Argoat. La Bascule, c’est ce mouvement de « lobby citoyen » qui avait pris ses quartiers dans l’ancienne Polyclinique de Pontivy (56). A l’automne 2019, la Bascule s’est trouvé un nouveau modèle : devenu un archipel, elle défère désormais cinq « îles », aux quatre coins de France : Rennes, Paris, Bordeaux, Fert’îles (qui est virtuel), et donc Plouray, en Centre-Bretagne. Une dizaine de bénévoles, venus d’un peu partout en France, se sont installés et vivent ici, et occupent le bâtiment, mis à disposition gratuitement sans limite de temps en échange de l’entretien et d’une remise en état des locaux. Le tout dans une démarche écologique. Depuis décembre 2019, le collectif a ainsi réaménagé certaines salles, installé un drain afin de réduire l’humidité, notamment lors de chantiers participatifs. Un composteur pour toilettes sèches a aussi été mis en place dans le jardin, de même qu’un « keyhole », un composteur pour les déchets de la cuisine. Le lieu, inoccupé pendant un moment, a retrouvé ainsi un peu de vie et une ambiance chaleureuse.

A l’intérieur, de grands tableaux sont disposés en différents endroits stratégiques , afin d’organiser au mieux le projet et la vie du lieu. « Gouvernance partagée », « démocratie participative », sont les maitres-mots du collectif. « Nous avons également mis en place un atelier vélo, et il y a une zone de gratuité à l’intérieur », expliquent Agnès et Marion, deux des « basculeuses », qui assurent l’accueil aujourd’hui. « Créer, incarner et expérimenter un lieu de vie collectif ouvert, engagé, résilient, épanouissant, ancré sur le territoire pour impulser, mettre en œuvre ou accompagner des projets de transition démocratique, écologique, sociale et intérieure », voilà ce qui est donc la raison d’être de la Bascule Argoat. L’objectif ici n’est pas d’être un « écolieu », mais « un projet de territoire », soulignent Agnès et Marion. « On travaille sur un diagnostic, afin de comprendre quels sont les défis en terme de transition ici, dans des domaines tels que la mobilité, l’énergie, l’agriculture, la politique, l’éducation populaire… », détaille Agnès. Le but est aussi de travailler à la sensibilisation des citoyens, notamment des habitants du secteur, aux enjeux environnementaux et démocratiques, et à l’engagement.

Afin de mener à bien le projet, la Bascule Argoat a lancé une opération de financement participatif. Objectif : 20 000 euros, qui serviront à poursuivre les travaux : installation d’une chaudière bois, d’un système de ventilation, assainissement de la charpente, changement des fenêtres, aménagement d’une salle selon les normes ERP (Equipement Recevant du Public, ndlr)… Le chantier est vaste. En contrepartie, les donateurs pourront, en fonction du montant de leur don, participer à une ou plusieurs journées au sein de la Bascule Argoat, voire à une formation. Il reste 13 jours pour participer à la cagnotte sur le site Kengo. Rendez-vous sur https://kengo.bzh/projet/2593/transitions-en-centre-ouest-bretagne

Plus d’infos :

Le site de la Bascule Argoat

La page Facebook de la Bascule Argoat

Le site de la Bascule




Portrait de femme n°3. Anne-Laure Nicolas, Domaine du Bois du Barde à Mellionnec (22)

Rencontre avec Anne-Laure Nicolas, co-fondatrice et coordinatrice du Domaine du Bois du Barde à Mellionnec (22), un Pôle Territorial de Coopération Economique (PTCE) sur lequel on trouve une ferme, un camping, et deux associations. Un éco-domaine dédié à la transition, qui prend tout son sens dans le parcours de vie d’Anne-Laure.

Mellionnec. Situé en plein cœur du Pays Pourlet, entre Rostrenen et Guémené-Sur-Scorff, le petit bourg de 430 habitants du Kreiz Breizh est connu pour son dynamisme. Notamment grâce à Ty Films, association qui travaille autour du film documentaires et qui organise des rencontres annuelles sur ce thème, à la librairie-café « Le Temps qu’il Fait », mais aussi grâce au Domaine du Bois du Barde. C’est dans cet éco-domaine que nous retrouvons Anne-Laure Nicolas, co-fondatrice et coordinatrice du domaine. Un lieu qu’elle a « imaginé depuis très longtemps, depuis toute jeune ». Une aventure qui a démarré en 2006, en construisant la maison familiale. Petit à petit, l’endroit est devenu un « lieu économique, de transmission et de partage, à partir de 2011 », explique Anne-Laure. Aujourd’hui, le Domaine du Bois du Barde est devenu un Pôle Territorial de Coopération Economique (PTCE). Un statut qui fait partie du champ de l’Economie Sociale et Solidaire, mais bien connu que les Scop ou les Scic. « Il y a cinq PTCE en France basés sur des fermes comme ici », précise Anne-Laure. Au Bois du Barde, on trouve ainsi plusieurs structures : la ferme sur 24 hectares, où sont récoltés des pommes à cidre et de la sève de bouleau ; le camping avec ses hébergement insolites qui bénéficie de l’Ecolabel Européen ; l’association Koed Barz qui s’occupe de la partie pédagogique et des événements culturels du lieu ; et une autre association, Breizh Cooperation, qui transmet la manière de travailler au Bois du Barde pendant des stages, des week-ends…

« Je ne vais pas parler de « mission de vie », mais c’est quelque chose qui est ancré en moi depuis toujours »

Un riche projet qui fait sens dans le parcours d’Anne-Laure. « Je ne vais pas parler de « mission de vie », mais c’est quelque chose qui est ancré en moi depuis toujours», confie-t-elle. Issue du milieu rural, titulaire d’un bac agricole, son premier travail a été dans l’animation, avec le poney comme outil pédagogique, auprès des enfants, des adultes et des personnes en situation de handicap. Bretonne d’adoption, elle est tombée amoureuse de la région et a choisi de déménager ici à 24 ans. « Dès mon arrivée, je voulais créer un lieu comme le Bois du Barde, je ne me voyais pas faire ça ailleurs », évoque Anne-Laure. « Le projet a pris une tournure précise grâce aux personnes rencontrées, qui m’ont enrichie. Au fur et à mesure, il est devenu de plus en plus écologique, avec notamment la maison en paille ou encore les bassins en phytoépuration. Les gens que j’ai rencontrés ont enrichi ce projet à leur manière. Et je pense que je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui, et le Bois du Barde ne serait pas ce qu’il est, sans ces personnes, qui parfois n’ont fait que passer ».

Mais tout n’a pas été un long fleuve tranquille. Au tout début de son aventure bretonne, lorsqu’elle a voulu s’installer, on la dissuade « On m’a dit : tu as 24 ans, va te marier, fais tes gosses et on reparlera plus tard ». De même, en 2001, les projets de diversification agricole « étaient impossibles » se souvient-elle. « Ca n’a pas été facile pour moi d’accepter ça, parce que je suis arrivée pleine d’idéaux, avec toute mon énergie ». Changement de décor alors pour Anne-Laure qui quitte le Trégor pour Rennes. Elle y rencontre le milieu bretonnant : musiciens, organisateurs de Fest Noz, démarrage du festival Yaouank… En parallèle, elle est formatrice Bafa-Bfd en bénévole. Elle se lance dans un Brevet d’État d’Animateur Professionnel (Bejeps aujourd’hui), pour se professionnaliser. Au même moment, Anne-Laure rencontre le père de ses enfants, qui lui lance « Viens passer un hiver en Kreiz Breizh et après on verra ». Un test réussi. « J’ai beaucoup aimé, le Centre-Bretagne m’a reconnecté à la nature ». Elle devient alors directrice d’un centre de loisirs dans le Morbihan, du côté du Pays du Roi Morvan. Elle commence à construire son projet de famille, et emménage dans une longère sur la ferme de ses beaux-parents. Un enfant, puis deux, puis trois naissent. Le projet de création du Bois du Barde est alors relancé, Anne-Laure ayant toujours « l’idée en tête ». Gilles, le père de ses enfants, poursuit son activité de technicien du spectacle, sur des festoù-noz ou des grands festivals. Il se lance aussi dans une formation pour être meneur de tourisme équestre, voulant changer d’activité par la suite. Mais tout ne se passe malheureusement pas comme prévu. « Il y a des choses qui arrivent, ce n’est pas pour rien, même si c’est dur à vivre », lâche Anne-Laure. Gilles fait une rupture d’anévrisme, alors qu’il allait s’installer et acheter les vergers. « J’étais enceinte de notre dernière », explique Anne-Laure. « Sur le coup, c’est dur à vivre. Là ça fait 10 ans, on est ressorti grandis. Il a un handicap cognitif à 80 %. Mais grâce à lui, je grandis aussi. L’accompagner dans son handicap, ce n’est pas facile, au quotidien, ce sont des épreuves, des remises en question. Malgré tout le Bois du Barde c’est aussi lui, car il l’a façonné avec moi. Il a sa place ici, c’est important ». Dans l’adversité, Anne-Laure peut s’appuyer sur des personnes ressources qui l’entourent, qui font partie du projet. Elle a « aussi appris à demander de l’aide, ce qui n’est pas facile ».

« Déjà, pour moi, tout est lié. Ce n’est pas un travail. Tous les jours, quand je me lève, ce que je fais, je sais que ça a du sens pour moi »

Comment fait-elle pour arriver à tout concilier ? « Déjà, pour moi, tout est lié. Ce n’est pas un travail. Tous les jours, quand je me lève, ce que je fais, je sais que ça a du sens pour moi », analyse Anne-Laure. Mais attention à la contrepartie. « J’ai fait une grosse fatigue cérébrale », confie-t-elle. Entre la gestion du quotidien avec des enfants « zèbres » et le handicap de Gilles qui au début ne pouvait pas conduire, la charge mentale a été lourde. « Ça a été très dur à vivre, mais aujourd’hui avec le recul, je me dis que si je n’avais pas eu ça, je ne serais pas qui je suis aujourd’hui. Les épreuves, elles te façonnent ». Des épreuves qui ont influé sur le Bois du Barde, mais en bien. « Ca a permis de poser le cadre qui est celui d’aujourd’hui, que ce soit au niveau de la coopération économique ou de l’habitat participatif. On utilise la sociocratie notamment ». Un mode de gouvernance partagée, une sorte de démocratie qui ne fonctionne pas en système pyramidal avec un chef unique, mais avec une place pour chacun. « On fonctionne en cercle », déclare Anne-Laure. «Il y a un cercle stratégique qui va réunir un représentant de chaque cercle opérationnel. Il y a aussi des « référents intellectuels », des « sages », qui sont au-dessus de moi et qui apportent leur regard, par exemple si quelqu’un veut entrer dans la coopération économique ou l’habitat participatif ». La sociocratie, ce sont aussi des protocoles de réunion spécifiques : pas de table, en cercle, avec un facilitateur/animateur, où chacun peut faire des propositions (information, réaction, avec besoin de prise de décision derrière). « L’avantage, ce sont que les introvertis peuvent aussi avoir toute leur place ». Autre principe de la sociocratie : les élections sans candidats. « On fait un profil de poste comme si on cherchait un employé, avec des compétences et des qualités. Ensuite, on cherche dans le groupe qui est capable de faire ça ».

« Les femmes ont une place à prendre, les hommes doivent leur laisser la place et être attentifs à elles »

Un fonctionnement qui sied bien au Bois du Barde, qui est un lieu dédié à la transition écologique. Pour la fondatrice, la transition écologique est « un mot récent, qu’on emploie davantage depuis la démission de Nicolas Hulot sur France Inter. Je pense qu’il y a eu un déclic à ce moment-là de la part du grand public, qui a commencé à se poser des questions ». Pour elle, la permaculture est une belle grille de lecture pour la transition. « Rob Hopkins en parle très bien, Damien Carême à Grande-Synthe aussi ». Revenir au local , développer l’habitat écologique, les énergies vertes, l’autonomie… sont autant de thématiques qui intéressent Anne-Laure. Elle donne d’ailleurs des « causeries » et conférences sur la permaculture, ou encore sur la place du féminin dans la transition. « Aujourd’hui, le constat que j’ai fait avec d’autres femmes, c’est que les « têtes de gondole » sont des mecs. Même dans le milieu alternatif, on doit travailler sur notre égo, sur notre légitimité et notre envie de dire les choses. Peut-être que les mecs devraient laisser la place aux femmes aussi », exhorte Anne-Laure, qui pense aussi que « Les femmes ont une place à prendre, les hommes doivent leur laisser la place et être attentifs à elles ». Si elle ne remet pas en question l’engagement d’hommes tels que Cyril Dion ou Maxime De Rostolan, Nicolas Voisin, ainsi que leur mouvement, elle s’interroge « Où sont les nanas ? ». « Je pense qu’on a un gros problème de sentiment d’illégitimité ». Face à une planète en danger, Anne-Laure constate cependant que les femmes n’ont plus « peur d’y aller ». « En tant que femme, on a la capacité de donner la vie, qu’on décide de le faire ou pas. Et là, l’humanité est en péril. C’est pas la planète qu’on doit sauver là, c’est nous. C’est pour ça que les femmes sortent de l’ombre. C’est long, ça prend du temps, on a besoin de travailler sur nous. Mais on y va parce qu’on doit le faire », déclare-t-elle.

Pour Anne-Laure, l’important est de trouver l’équilibre masculin-féminin qui est en chacun, afin de « mieux aller vers l’autre ». « Pour moi, aujourd’hui, la transition passe par là. » Le défi du 21ème siècle selon elle ? « L’humain face à lui-même ».

Ecoutez l’entretien avec Anne-Laure :






Rob Hopkins : L’imagination au pouvoir !

(Rediff) Samedi 28 septembre 2019, Rob Hopkins était présent à Hanvec, au Domaine de Menez Meur, dans le cadre d’une journée proposée par le Conseil Départemental du Finistère autour de l’environnement. Il est venu évoquer, outre le mouvement des Villes en Transition dont il est l’initiateur, le rôle primordial de l’imagination dans la transition. Interview.

On utilise énormément le mot « transition » aujourd’hui. Mais pour vous, quel est le sens ce de terme ?

Nous avons commencé à utiliser le mot « transition » pour décrire le mouvement que développions, parce que c’est un mouvement de transition de notre monde actuel, qui utilise beaucoup d’énergies fossiles, où il y a beaucoup d’anxiété et de solitude, vers un monde qui lui n’utilise pas pas d’énergie fossile, et meilleur que le monde où nous sommes aujourd’hui.

Ce nouveau monde est un monde qui est plus nourrissant, plus connecté, dans lequel la nourriture est meilleure, l’air est pur……mais nous utilisons le mot « transition » parce que ce qui est le plus important, c’est la manière dont on atteint ce nouveau monde, le « pari » entre les deux, et la façon dont y arrive.

Désormais,
nous pensons le mouvement de la transition comme un mouvement de
communautés en train de ré-imaginer et de reconstruire le monde. On
doit rêver de ce que nous voulons que l’avenir soit, et le créer
par la suite.

Le
mouvement de la transition a démarré dans ma petite ville, en
Angleterre. Désormais, il y a des groupes de transition dans 50 pays
à travers le monde, et une centaine de groupe en France ! C’est
un mouvement qui s’organise de lui-même, du bas vers le haut,
centré sur des solutions très positives.

L’imagination est quelque chose de très important, dans ce mouvement ?

Oui, je le pense. Je viens justement de passer les deux dernières années à écrire un nouveau livre qui va sortir dans quelques semaines, qui traite de l’imagination. Je pense que nous vivons actuellement dans une période où le réchauffement climatique pourrait être considéré comme étant un échec de l’imagination. Notre imagination est confrontée à une déferlante de défis sans précédent. Au moment même de notre histoire où nous devons être les plus imaginatifs, elle est confrontée à de très grandes difficultés. Pour moi, la transition est un vrai travail d’imagination, quand nous essayons de créer les conditions pour que les gens puissent se rencontrer et imaginer le monde de différentes manières. Les gens se sentent en sécurité, avec d’autres personnes qui soutiennent leurs idées. il y a des événements ou des endroits où ils peuvent commencer à rêver, à envisager les choses de manières différentes…Mais c’est toujours à base de « Ok, allons y et faisons quelque chose  samedi prochain à 15h ». C’est très concret. Ca combine cela, la ré-imagination et le « faire », mais avec le livre que j’ai écrit, j’ai essayé de démontrer qu’il fallait donner de nouveau une valeur à l’imagination.

Que pensez-vous de la collapsologie ?

Je suis assez partagé sur la collapsologie. Je pense que ce qui est bien avec la collapsologie, c’est qu’on a conscience que le monde, qui semble permanent et solide, est en fait très fragile.. C’est une bonne chose d’avoir ça en tête, c’est comme dans le bouddhisme où les gens méditent sur l’impermanence et sur le fait qu’on peut mourir à chaque instant, ce qui amène à vivre davantage dans le présent. Je pense qu’il y a des outils très utiles en collapsologie. Je crains par contre que certains messages et la manière dont la collapsologie se diffuse, ne rendent les gens désespérés, leur donnent l’impression qu’il est trop tard, et que le collapse est inévitable.

Ma
principale préoccupation par rapport à ce sujet, c’est que je
vois des gens qui sont très absorbés par l’effondrement, qui
perdent beaucoup de temps et beaucoup d’espoir, et je ne pas sûr
de savoir à quel point c’est une bonne idée. Mais il y a beaucoup
de gens supers en collapsologie, qui font un super travail. Je pense
quand même si vous voulons réussir, et nous devons réussir, nous
devons croire que c’est possible de le faire. Et parfois,
j’ai le sentiment que certains messages font que les gens ont
l’impression que c’est trop tard…

Quel conseil pouvez-vous donner à quelqu’un qui veut s’engager dans le mouvement des transitions ?

Je lui dirais « inspire toi » ! , lis des choses, regarde des films comme par exemple « Demain », ou d ‘autres œuvres du même style, qui sont pleines de solutions et d’idées. Il y a un très bon guide sur le site internet de Transition France, qui s’appelle « Le guide essentiel pour participer à la transition », et qui peut vous apporter tout ce dont vous avez besoin pour commencer, réunissez un groupe là où vous vivez, trouvez des gens autour de vous qui partagent le même intérêt, même si vous n’êtes pas nombreux, envisagez la façon dont vous pourrez travailler ensemble et commencez à faire des choses rapidement, des choses concrètes. C’est un équilibre entre ré-imaginer et reconstruire, prendre le temps de rêver avec d’autres personnes mais aussi « faire ».

Je pense que le pessimisme est un luxe que je n’ai pas!

Rob Hopkins

Comment faites vous pour être si optimiste ?

Je ne pense pas être optimiste tout le temps. Je suppose que j’ai foi en les êtres humains, ils sont capables de choses incroyables.

Je suis inspiré par les temps anciens, où les gens faisaient les choses très rapidement et étaient très concernés. Je vais visiter beaucoup d’endroits où les gens font des projets incroyables, cela m’a beaucoup inspiré.

Je
pense que si vous observez les signes du changement climatique et que
vous ne vous sentez pas terrifié, c’est que vous n’avez pas observé
correctement. Il faut donc le faire de nouveau. Mais
si vous passez du temps avec le mouvement de ceux qui agissent, vous
devez vraiment vous sentir optimistes parce qu’il y a une incroyable
énergie qui monte dans le monde entier.

J’ai
participé aux grèves du climat organisés par les jeunes, ça m’a
rendu très optimiste. J’ai aussi de l’espoir parce que je crois
que si je me sens désespéré, je ne réussirai pas grand-chose. Je
pense que le pessimisme est un luxe que je n’ai pas!

Crédit photo : Léonore Virion




Portrait de femmes N°2. Solen de Mars, l’Effet Papillon à Baud (56)

Rencontre
avec Solen de Mars, fondatrice de la recyclerie-tiers lieu « L’Effet
Papillon » à Baud (56), et créatrice de bijoux. Dans son
riche parcours, transition, rencontres et « faire ensemble »
tiennent une place majeure.

Direction Baud pour rencontrer Solen, à l’Effet Papillon. Un tiers lieu, dans lequel se trouve une partie recyclerie. Une structure que Solen a montée avec Virginie, une amie. « L’idée de la recyclerie, c’était de financer un espace collectif, associatif évidemment. On a 300 mètres carrés d’espace partagé, on a un salon de thé, il y a des ordinateurs à disposition. On essaie aussi de faire de l’accompagnement au développement de projets personnels, professionnels ou collectifs ». L’objectif, explique Solen, était « d’avoir un lieu à partager, qui soit différent de la salle associative gérée par la mairie, et différent de la bibliothèque. Qui soit vraiment un lieu associatif où l’on pourrait être qui on est. Un axe nous paraissait important : le fait d’être un lieu qui accepte tout le monde. On a pensé à un bistrot, mais on n’avait pas forcément envie de gérer la partie fête. L’essentiel pour nous était que les gens puissent travailler, réfléchir ensemble à des solutions pour eux et pour les autres ».

Un projet qui fait sens dans le parcours de la morbihannaise. Née « anarchiste » par ses parents, dans une famille sans grands moyens financiers, elle a connu très tôt « la débrouille ». Les rencontres au fil du temps avec des gens « qui n’avaient plus de sens dans leur vie » la marquent. « A un moment, ça me rendait malade », confie-t-elle. « Je me suis dit qu’il fallait trouver des solutions, car je suis plutôt d’un naturel optimiste et idéaliste ». « Mais pas bisounours ! », précise-t-elle en riant.

Très vite, elle embraye sur un métier créatif, à savoir costumière de théâtre. Puis, direction l’événementiel. Mariée à un musicien, elle devient manageuse de groupes, et organisatrice de concerts un peu partout en Bretagne. « Je m’occupais déjà beaucoup des autres à l’époque », se remémore-t-elle. Bricoleuse, elle travaille également un temps dans le bâtiment. Habitant à un moment donné à Rochefort-En-Terre, à l’Est du Morbihan, elle se lance alors dans la céramique et lance avec des amies une bijouterie de terre cuite dans la commune. Sans oublier l’ouverture d’une boutique de bonbons dans un local attenant ! « J’ai essayé pleins de trucs », explique cette touche-à-tout.

Il y a neuf ans, Solen se lance dans son activité de bijoutière, formée par un maitre colombien. Cela lui permet de mieux gagner sa vie et d’être indépendante financièrement, ce qui lui offre alors la possibilité de travailler sur d’autres projets en parallèle. Après la création d’une première association sur Baud, qui avait pour objectif de « créer des prétextes pour que les gens se rencontrent », vient, de fil en aiguille, la création de l’Effet Papillon, et la volonté de s’impliquer sur des sujets « sur lesquels il y a matière à bouger » selon elle. C’est ainsi que Solen devient porte-parole de la Marche contre Monsanto. « Mais là j’ai flippé, j’ai angoissé en fait, parce que tous les dossiers qu’on ouvre sont pires que ce qu’on imagine. ». Elle préfère se concentrer alors sur la mise en œuvre de solutions.

C’est
ainsi qu’elle participe à la création d’un GFA (Groupement
Foncier Agricole). Dix hectares de terres ont été achetés pour un
paysan-boulanger. Quelques hectares restent disponibles pour un
maraicher. Solen est aussi secrétaire du Pôle de développement de
l’Economie Sociale et Solidaire du Centre Bretagne. Elle anime une
émission de radio, baptisée « Qu’ESS », sur la radio
associative Radio Bro Gwened.

Autre projet : la création d’une pépinière d’activités agri-culturelles. « A l’Effet Papillon, on reçoit tout type de personnes, on est plutôt sur un axe de sensibilisation pour montrer aux gens qu’on peut faire autrement, petit à petit, et réfléchir ensemble. Avec la Pépinière, l’idée est de créer quelque chose qui soit plus axée sur la transition réelle : travailler sur les low techs par exemple », explique Solen. « Mais avec toujours le même concept, c’est-à-dire mettre à disposition des outils et des espaces de travail pour des gens qui voudraient monter des projets, comme par exemple une épicerie vrac, une maison des semences paysannes… » poursuit-elle. Un atelier « bois » et un atelier « métal » sont déjà prévus, ainsi qu’une forge. En réflexion, l’installation de ruches, ou encore l’accueil de stages. « Toujours des choses très sérieuses, et d’autres qui le sont moins, comme l’organisation d’une Nuit de la Soudure, ou d’une Fête Foraine ! ». La philosophie du projet, c’est aussi de faire diminuer, dans l’approche économique, la partie argent : pas d’emprunt, « on fait avec ce qu’on a, on imagine », affirme Solen. «Par exemple sur la partie low techs, l’idée est de pouvoir fabriquer des outils qui permettent de vivre confortablement, mais pas au détriment de notre environnement ».

« L’idée n’est pas de gommer, de repartir à zéro mais de partir de nos connaissances actuelles pour transformer les choses.« 

La transition écologique, qui anime tous les projets dans lesquels Solen s’investit, est pour elle « Nécessaire. On vit dans une société qui est arrivée à sa fin. Je ne m’inscrit pas dans la collapsologie, parce qu’on ne sait pas… C’est comme l’effet papillon, on ne connaît pas les conséquences demain de ce qu’on fait aujourd’hui. Si on devait tout effacer aujourd’hui le tableau de notre histoire, on referait les mêmes erreurs. L’idée n’est pas de gommer, de repartir à zéro mais de partir de nos connaissances actuelles pour transformer les choses. », analyse-t-elle. « Et puis être sobre, on est entourés d’un tas de choses dont on n’a pas besoin. Revenons à l’essentiel, proches les uns des autres, respectueux de notre environnement, non énergivores. Et puis pensons à nous faire du bien ! ». Elle explique : « J’ai vécu pendant 8 ans dans la forêt, sans raccordement aux réseaux d’eau et d’électricité. Je m’étais dit que j’aurai l’électricité le jour où je serais capable de la produire. A un moment donné, on a toutes les connaissances pour ça. Et donc j’avais une rivière qui passait à côté, j’ai utilisé le concept des vases communicants pour ramener l’eau dans ma cabane. J’avais du confort, j’avais un poêle à bois… Il y a en fait des solutions pour tout ». Selon elle, chacun a un rôle à jouer au quotidien, notamment du point de vue de la consommation. « On voit bien que les gens maintenant font beaucoup plus attention, se posent des questions, regardent la provenance des produits, la composition… ils n’ont plus confiance, ils cherchent des solutions ». C’est peut-être donc « le moment » pour « monter des projets qui leur donnent des solutions ».

« On est potentiellement toutes mamans, et donc on a cette conscience vitale qui nous oblige à trouver des solutions aujourd’hui parce qu’on veut pas laisser un monde de m…. à nos gamins.« 

Justement, beaucoup de projets porteurs de solutions sont lancés par des femmes, notamment en Bretagne. Un constat qu’elle partage « C’est là qu’il faut qu’on soit un petit peu délicates. Pendant 2000 ans les hommes ont dirigé le monde, et on s’est laissées faire. Aujourd’hui, il ne faut pas qu’on fasse comme eux, il faut réussir à les intégrer. Mais je pense qu’ils n’ont pas encore atteint la maturité nécessaire ! C’est comme s’ils se faisaient déposséder de leur pouvoir. Il faut alors réussir à les embarquer avec nous, c’est pas évident », reconnaît-elle. « Les hommes ont encore du mal à avoir la vision globale qu’on a, ou qu’on essaie d’avoir. On est potentiellement toutes mamans, et donc on a cette conscience vitale qui nous oblige à trouver des solutions aujourd’hui parce qu’on veut pas laisser un monde de m…. à nos gamins. ».

Guidée par la recherche de solutions, elle a un coup de cœur pour une commune comme Tremargat (22), « Sans les idolâtrer, ils ont une longueur d’avance sur plein de points, c’est un modèle de réussite. » Ou encore Langouët (35) « Je trouve intéressant le processus que le Maire et son équipe ont utilisé pour faire changer les choses, petit à petit, comme par exemple les poules en liberté dans le village pour que les voitures roulent moins vite ! ». Autant d’initiatives, sans compter toutes les autres qui naissent sur le territoire, qui font dire à Solen « de ne pas désespérer et de rester déterminés ».

Ecoutez l’entretien avec Solen :

Pour en savoir sur l’Effet Papillon : https://www.facebook.com/danslensemble/




« Âmes de Bretagne » : une expo itinérante se construit sur les routes

Le projet vidéo « Ames de Bretagne » se déploie sur les routes bretonnes, grâce à la création d’une exposition itinérante co-construite avec les habitants et acteurs locaux. Exemple à Morlaix, où la petite troupe a fait escale et a réalisé, outre de nouvelles vidéos, des supports en matériaux recyclés, avec l’association Le Repair et le peintre Charles Vergnolles.

A l’intérieur du 2D, à Morlaix, ça papote, ça bricole et ça peint. Ça filme également. Une petite ruche d’une dizaine de personnes, qui s’active autour d’un grand support d’exposition. Tous se sont retrouvés pour travailler sur l’étape morlaisienne du projet d’exposition itinérante de l’association « Âmes de Bretagne ». Une initiative d’Anne-Laure et Kevin, frère et sœur. Tous deux se sont rendus compte qu’en parlant de leur région d’origine, la Bretagne, notamment lorsqu’ils étaient à l’étranger, ils en connaissaient au final peu de choses. Ils souhaitent alors monter un projet qui permettrait de revaloriser l’attachement au local. Âmes de Bretagne propose donc de valoriser le témoignage des habitants via la vidéo. « L’objectif, c’est de montrer que s’intéresser à son territoire n’est pas synonyme de replis sur soi », explique Anne-Laure. Elle se lance alors avec son frère dès 2016 pour recueillir la parole de « tous ceux qui font l’âme de la Bretagne ». Le résultat : plus de 150 témoignages vidéos, une websérie, des partenariats comme par exemple avec le webmédia KuB… « La Bretagne racontée par les gens en vidéo ». Et une association qui comprend une quinzaine de bénévoles.

Fort de cette expérience, Ames de Bretagne propose donc cette année un nouveau projet avec une exposition itinérante à travers la région. Il en résultera une « œuvre participative », co-construite avec les habitants et les acteurs locaux.

Sur la première étape Saint-Brieuc- Morlaix, Âmes de Bretagne travaille de concert avec l’association Le Repair, qui porte un projet de recyclerie de matériaux sur le territoire morlaisien. « L’idée est vraiment de co-construire ce « road-trip », et de travailler à chaque fois les différents supports de l’expo avec des matériaux issus du ré-emploi » précise Anne-Laure. C’est ainsi qu’un premier support a été créé, à base de panneaux issue d’une précédente exposition qui avait eu lieu à l’écomusée des Monts d’Arrée. « A l’exception des charnières, tout a été récupéré. Les tasseaux proviennent d’une rénovation HLM », ajoute Damien Le Magoariec, de l’association Le Repair. Le tout illustré par l’artiste Charles Vergnolle, habitué des peintures de décors de théâtre (et qui expose en ce moment au Ty Coz à Morlaix, ndlr!)

Après Morlaix, le tour d’Âmes de Bretagne poursuivra sa route, passant notamment par Brest et Vannes, ou encore le Bois du Barde à Mellionnec, avant d’arriver à Carhaix en fin d’année. Tout au long du parcours, à chacune des étapes, de nouveaux témoignages seront collectés, illustrant cette fois la façon dont les habitants perçoivent la transition et leur futur, et les supports seront travaillés avec la recyclerie du Centre-Bretagne Ti-Recup. A Carhaix, à l’espace Glenmor, on pourra alors admirer le fruit de ce « Tour de Bretagne » durant un mois, avant que l’expo ne se déplace dans différentes villes en 2021.

Pour suivre le Tour d’Ames de Bretagne :

www.amesdebretagne.bzh

La page Facebook « Âmes de Bretagne »

Le compte Instagram Âmes de Bretagne