Ecod’O, un programme pour sensibiliser aux économies d’eau en entreprise dans le Morbihan

Sensibiliser le monde économique à la préservation de la ressource en eau et aux bonnes pratiques, c’est l’objectif du programme « Ecod’O », mené par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Morbihan. Du grand groupe à la TPE, ce sont 30 structures de l’industrie et du tourisme qui ont bénéficié d’un diagnostic et de préconisation pour mieux faire face aux enjeux liés à l’eau dans un contexte de réchauffement climatique.

Ecod’O est né il y a presque 4 ans. « C’est un projet qui est né fin 2017. A l’époque, il y avait une forte tension hydrique dans le Morbihan », explique Patrick Le Bourlay, responsable de pôle « conseils aux entreprises » au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Morbihan (CCI). « Le directeur de l’unité départementale de la Dreal Bretagne a tiré la sonnette d’alarme, en disant qu’il fallait travailler notamment sur la problématique de l’eau dans le monde économique. La préfecture et la Dreal souhaitaient mener une opération de sensibilisation et de valorisation sur les économies d’eau et les bonnes pratiques en entreprise », se remémore-t-il. « A partir de là, la CCI du Morbihan est devenu le chef d’orchestre du programme ». Celui-ci, baptisé « Ecod’O », va regrouper au sein de son comité de pilotage acteurs publics et privés : la Dreal, la Région Bretagne, l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, les services de l’Etat (DDPP, DDTM, ARS), Eau du Morbihan, collectivités ayant la compétence production/distribution de l’eau (Ville de Vannes/Golfe du Morbihan Agglomération, Lorient Agglomération), la SAUR, l’Agence de Développement du Tourisme en Morbihan.

L’objectif du programme ? « Sensibiliser le monde économique à la gestion de l’eau et aux bonnes pratiques, et à la disponibilité de la ressource », précise Patrick Le Bourlay. La première session, qui s’est déroulé entre janvier 2020 et fin mars 2021, a permis à 30 entreprises de se faire diagnostiquer (20 industriels et 10 professionnels du tourisme, du grand groupe à la TPE). Un guide comprenant 35 fiches de bonnes pratiques a été réalisé, ainsi que des capsules vidéos, et deux « ateliers renforcés » autour de la thématique de l’eau.

« Le premier conseil qu’on donne, c’est qu’il faut connaître sa consommation d’eau. »

Le diagnostic est la pierre angulaire du programme. « Nous avons monté une méthodologie, avec la création d’un questionnaire », relate Luc Guymare, chargé de projet Ecod’O à la CCI du Morbihan. « Les rapports qui en découlent servent de base aux échanges. Ils comprennent à la fois une composante analytique, avec des indications précises, un état des lieux, et un plan d’action avec ce qu’il faudrait mettre en place au sein de l’entreprise ». « Le premier conseil qu’on donne, c’est qu’il faut connaître sa consommation d’eau. Grâce à cela, on peut déjà envisager des économies de 5 à 10% », ajoute le chargé de projet. Parmi les autres pratiques préconisées, on peut citer aussi le recyclage de l’eau, et l’assainissement de celle-ci directement sur site. « L’un des grands sujets du moment, c’est ce qu’on appelle les « eaux non conventionnelles », explique Luc Guymare. « Ce sont toutes les eaux utilisables, mais qui ne sont pas issues du réseau d’eau potable, comme par exemple l’eau de pluie, ou encore l’eau de mer, dans les ports par exemple. On peut utiliser ces eaux pour le nettoyage, l’arrosage, l’irrigation… ». Des pratiques qui permettent à la fois de réaliser des économies et de diminuer le volume d’eau potable utilisé dans les entreprises. Autre type d’eau non conventionnelle : les eaux usées traitées. Elles sont actuellement rejetées en milieu naturel. La Réutilisation des Eaux Usées Traitées (Reut) est très rare en France : moins de 1% du volume traité est ré-usité. « Les freins administratifs et réglementaires sont encore nombreux », se désole Patrick Le Bourlay. Mais le programme Ecod’O permet de valoriser des expériences dans ce domaine, comme c’est le cas sur le Golf de Rhuys, où l’eau traitée est reliée directement de la sortie de la station d’épuration au green.

Devant le succès de la première édition, la deuxième saison du programme, baptisée Ecod’O2, est lancée, et va se déroulée jusqu’en avril 2022. « Toujours sur le territoire du Morbihan, on reste dans la continuité, mais il y a deux nouveautés : la création d’un « club des bonnes pratiques », et un accompagnement renforcé pour aller au delà du diagnostic », ajoute Luc Guymare, pour qui le monde économique semble avoir pris conscience de l’importance de préserver la ressource eau, ne serait-ce que pour des raisons de « garantie de l’activité en place et de potentiel de croissance ». « Le message que nous faisons passer, c’est aussi que les impacts du réchauffement climatique ne sont plus sur un horizon lointain et flou. C’est maintenant qu’il faut prendre les choses en mains ».

Plus d’infos :

https://www.morbihan.cci.fr/developper-votre-entreprise/accompagner-vers-le-developpement-durable/optimiser-la-ressource-eau

Le guide des bonnes pratiques : https://www.morbihan.cci.fr/developper-votre-entreprise/accompagner-vers-le-developpement-durable/optimiser-la-ressource-eau/guide

En vidéo :

Consultation sur l’eau, tous concernés !

Il est toujours temps de participer à la consultation sur l’eau menée par le Comité de Bassin Loire-Bretagne et l’Etat, qui se déroule jusqu’au 1er septembre. Pour cela, direction le site : https://sdage-sage.eau-loire-bretagne.fr/home/consultation-eau/donnez-son-avis—questionnaire.html




Economiser l’eau, ça coule de source

150 litres d’eau par jour et par personne, c’est la consommation d’eau estimée en France. Un chiffre important, et qu’il va falloir nécessairement faire diminuer, alors que les scientifiques du GIEC alertent sans relâche sur les effets du réchauffement climatique et ses conséquences néfastes pour cette ressource indispensable (pénurie, pollution…).

Comment réaliser dès à présent des économies d’eau chez soi ? Zoom sur quelques solutions avec Nolwenn Ragel, chargée de mission lutte contre la précarité énergétique chez Héol, l’agence locale de l’énergie du climat du Pays de Morlaix.

  • Traquer les fuites

On a tendance à ne pas trop y faire attention, mais les fuites d’eau peuvent être la source de plusieurs dizaine de milliers de litres d’eau gaspillés ! Un robinet qui goûte entraînerait ainsi sur un an la fuite de 35 000 litres ! Pour détecter une possible fuite, « Il faut surveiller son compteur d’eau le soir au coucher, et le lendemain matin, en n’utilisant pas d’eau la nuit », explique Nolwenn. Si les chiffres ont changé, c’est que de l’eau s’échappe quelque part. « On peut aussi mettre une coupelle sous chaque point d’eau, cela permet de détecter les éventuelles gouttes qui tombent », ajoute la chargée de mission.

  • Réduire sa consommation d’eau dans la salle de bains

La salle de bains, c’est le lieu par excellence d’utilisation de l’eau dans la maison. 39% de la consommation d’eau part dans les douches et bains. Dans cette pièce, on peut agir sur plusieurs leviers. « Déjà, il faut préférer les douches aux bains », rappelle Nolwenn, et couper l’eau pendant qu’on se savonne ou qu’on se lave les dents. On peut utiliser également pour la douche un petit sablier, qui se fixe avec une ventouse sur le carrelage, et qui permet de voir en temps réel la durée de sa douche. On peut aussi installer un pommeau économe, qui réduit le débit de l’eau, ou avec un système de « start and stop » permettant d’arrêter l’eau momentanément sans avoir à toucher à la température ou aux robinets. Ou encore des robinets mitigeurs thermostatiques, qui gardent constante la température pendant toute la durée de la douche.

Pour les robinets des lavabos, l’idéal pour diminuer sa consommation est la mise en place d’un « mousseur », qui mélange l’air à l’eau et permet de réduire le débit à environ 7 litres/minute. « On en trouve en magasin de bricolage ou en grande surface, à des prix assez modiques » précise Nolwenn. « Encore faut-il avoir des robinets qui soient pas trop anciens, pour qu’on puisse les installer dessus ».

Réducteur de débit pour douchette et mousseur pour robinet
  • Réduire sa consommation d’eau dans les toilettes

En moyenne, 9 à 10 litres d’eau sont évacués à chaque chasse d’eau. Si désormais les toilettes les plus récentes sont équipées de chasse à double bouton, permettant des flux d’eau plus légers, un tiers des wc français serait encore équipés d’un système classique. On peut donc soit opter pour une chasse double flux, soit faire appel au système D et « placer dans le réservoir une bouteille remplie de sable », suggère Nolwenn. Il est aussi possible d’y mettre des « éco-plaquettes » qui se fixent sur le bord du réservoir.

Autre option, un peu plus radicale cette fois : passer des toilettes à eau aux toilettes sèches. Au lieu de l’eau, on utilise le plus souvent de la sciure de bois, qu’on ajoute le plus souvent après son passage, et on envoie le tout au compost. (Eco-Bretons vous proposera bientôt un article sur le sujet, ndlr). A noter qu’il existe des modèles de toilettes sèches séparant à la source l’urine des matières fécales, et qui ne nécessitent pas de matière carbonées.

Exemple de caravane toilettes sèches
  • La récupération d’eau de pluie

Pour arroser le jardin ou laver la voiture, rien de tel que la récupération d’eau de pluie. Un récupérateur mural fera l’affaire, qui récoltera l’eau provenant des gouttières. On peut aussi utiliser cette eau pour des usages domestiques, mais seulement ceux qui ne nécessitent pas l’utilisation d’eau potable (toilettes, lessive, lavage des sols, pas les douches ou la cuisson). Dans ce cas, il est préférable d’installer une cuve souterraine de grande capacité avec une pompe, et qui pourra être reliée directement à la maison et aux endroits concernés. L’eau dans ce cas sera rejetée dans le réseau d’assainissement collectif (en cas de raccordement à celui-ci), et il sera nécessaire de faire une déclaration d’usage auprès de la mairie. De même, il faudra aussi entretenir régulièrement les installations et tenir à jour un carnet d’entretien. Attentionil est interdit d’utiliser à l’intérieur de votre habitation l’eau de pluie qui a ruisselé sur un toit contenant de l’amiante-ciment ou du plomb.

Pour toutes les informations réglementaires, rendez-vous sur le site https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31481

Un article de Système D explique bien toutes les démarches et les procédés techniques : https://www.systemed.fr/materiel-outillage-jardinier/recuperation-l-eau-pluie-quelles-solutions,2251.html

Héol est l’Agence Locale de l’Energie et du Climat (Alec) du Pays de Morlaix. Sous forme associative, elle accompagne la transition énergétique sur les territoires de son secteur d’implantation. Ses 9 salariés conseillent les collectivités, les professionnels et les particuliers dans plusieurs domaines : construction et rénovation thermique de l’habitat,énergies renouvelables, mise en place des politiques énergétiques du territoire, précarité énergétique…

Pour plus d’infos : http://www.heol-energies.org/

Consultation sur l’eau, tous concernés !

Il est toujours temps de participer à la consultation sur l’eau menée par le Comité de Bassin Loire-Bretagne et l’Etat, qui se déroule jusqu’au 1er septembre. Pour cela, direction le site : https://sdage-sage.eau-loire-bretagne.fr/home/consultation-eau/donnez-son-avis—questionnaire.html




Une application pour connaître la qualité de l’eau des rivières et des plages

L’application « Qualité rivière », proposée par l’Agence Française pour la Biodiversité et les Agences de l’Eau, permet d’avoir accès à la qualité des cours d’eau près de chez soi. Depuis 2016, on peut également savoir quels sont les poissons qui les peuplent. Et depuis peu, la qualité des eaux de baignade est disponible, ainsi que l’accès via un ordinateur.

Savoir quelle est la qualité des rivières près de chez soi et connaître quels sont les poissons qui les peuplent… Toutes ces informations sont disponibles désormais via l’application « Qualité Rivière », éditée l’Agence Française pour la Biodiversité et les Agences de l’Eau. Depuis 2013, cette application permet aux possesseurs de smartphones d’être informés de la santé et de la qualité des cours d’eau situés près de chez soi, sur trois années, grâce à des cartes détaillées interactives et un code couleur : bleu pour « très bon état », vert pour « bon état », et rouge pour « mauvais état ». Le tout grâce à 5000 stations de suivi des cours d’eau. L’application propose également un « quizz » avec 20 questions pour tester ses connaissances sur l’eau, ainsi qu’une rubrique « le saviez-vous ? ». En 2016, elle s’est enrichie de données sur les poissons qui peuplent les cours d’eau, avec une photo pour chaque espèce, et une fiche avec des informations sur sa répartition géographique, son habitat, sa nourriture, et son classement (« en danger critique d’extinction », « vulnérable », « en préoccupation mineure »). Les données ont été fournies par l’Onema (Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques), remplacée depuis 2017 par l’AFB (Agence Française pour la Biodiversité).

Disponible sur tablette et smartphones, on peut utiliser l’application Qualité Rivière dès cet été sur ordinateur. Autre nouveauté, on peut aussi visualiser la qualité des eaux de baignades du littoral, classées selon un pictogramme et une couleur (bleu : qualité excellente, vert : bon, orange : suffisant, rouge : insuffisant). Les données proviennent du Ministère de la Santé.

Pour télécharger l’application sur téléphone, rendez-vous sur Google Play (pour les possesseurs d’un téléphone fonctionnant sous Android) ou sur App Store (pour les possesseurs d’un téléphone Apple). Pour consulter Qualité Rivière depuis un ordinateur, direction le site https://qualite-riviere.lesagencesdeleau.fr/app/tabs/viz-map

Eaux de baignade : Eau et Rivières de Bretagne s’interroge sur les données fournies par l’ARS

Dans la région, la plupart des eaux de baignades sont estimées en état au moins « satisfaisant » par l’Agence Régionale de Santé Bretagne. Mais l’association Eau et Rivières tire la sonnette d’alarme : elle s’interrroge sur le fait que «  les risques de pollution de diminuent pas (en témoignent le nombre élevé de fermetures préventives de plages) alors que les classements s’améliorent ». En cause selon elle : la fermeture préventive des plages en cas d’épisodes pluvieux, qui souvent donnent lieu à des épisodes de pollution, et le fait de fait de supprimer du classement des prélèvements réalisés lors de pollution ponctuelle (ce qui est autorisé par une directive européenne). Selon Eau et Rivières de Bretagne, on ne peut cependant pas qualifier ce type de pollution de « ponctuelle », car ils sont « systématiques. Chaque fois qu’il pleut ou presque, il y a pollution , et elles concernent plusieurs plages simultanément». En outre, ces épisodes sont le reflet de « problèmes systémiques » de gestion, « et donc dans ce cas là la directive interdit explicitement l’élimination de ces analyses », poursuit l’association dans son communiqué. L’association a porté plainte auprès de la Commission Européenne à l’été 2020, ce qui a entrainé la fin de cette pratique. Elle a aussi demandé en mai 2021 à l’ARS de corriger rétroactivement les classements. (car ceux-ci portent sur les quatre dernières années). Faute de réponse de l’ARS, Eau et Rivières a enfin décidé de saisir le tribunal administratif afin de rétablir « les véritables classements des plages bretonnes ».

Plus d’infos : Le site de l’association Eau et Rivières de Bretagne

Consultation sur l’eau, tous concernés !

Il est toujours temps de participer à la consultation sur l’eau menée par le Comité de Bassin Loire-Bretagne et l’Etat, qui se déroule jusqu’au 1er septembre. Pour cela, direction le site : https://sdage-sage.eau-loire-bretagne.fr/home/consultation-eau/donnez-son-avis—questionnaire.html




Tantinotte, les produits ménagers naturels made in Plouguerneau

La Finistérienne Elsa Maurel-Lebrun propose avec « Tantinotte » des produits ménagers à base d’ingrédients naturels, qu’elle fabrique elle-même dans son atelier de Plouguerneau (29).

Tantinotte, en hommage à sa grand-tante. C’est ainsi qu’Elsa a baptisé sa marque de produits ménagers naturels. Celle qui se définit comme « Fabricante-artisane » a commencé, il y a quelques années, par réaliser elle-même occasionnellement ses produits à partir de recettes glanées ici et là, notamment sur internet. A la faveur d’un déménagement de la région parisienne vers la haute montagne, « la fabrication est devenue plus intense ». « Lorsque je suis tombée enceinte, j’ai voulu bannir de chez moi un maximum de produits chimiques, de perturbateurs endocriniens », explique-t-elle. De fil en aiguille, on la sollicite de plus en plus pour avoir ses produits, notamment en plus grosse quantité. « J’avais de moins en moins de temps disponible pour le faire. Finalement, mon mari m’a suggéré de m’installer et de créer mon activité ». Ce qu’Elsa va faire en se lançant dans l’aventure Tantinotte, à Plouguerneau dans le Finistère Nord.

Elle propose aujourd’hui plusieurs produits, uniquement ménagers : lessive naturelle à faire soi-même, pain solide pour la vaisselle, tablettes pour lave-vaisselle, pastilles WC effervescentes, lessive en poudre, nettoyant multi-usages, poudre pour aspirateur, éponges naturelles en lufa ou fibre de sparte…Tous sont réalisés par Elsa elle-même, chez elle, dans son atelier, à partir d’ingrédients naturels, à 98 % d’origine française. « J’utilise du bicarbonate, du savon noir ou de Marseille, de l’acide citrique…ce sont des recettes basiques », précise-t-elle. Le tout dans une démarche qui se veut aussi économe en énergie et zéro déchet : utilisation de quelques gouttes d’eau de pluie afin de fabriquer la pâte pour les pastilles pour le lave-vaisselle, séchage des produits à l’air libre, système de consigne, de recharge en poche kraft biodégradable avec de l’encre à base d’eau…

On peut trouver les produits de Tantinotte directement en ligne, mais aussi dans certaines épicerie vrac en Bretagne (Les Bocaux d’Ana à Brest, Epicerie de Jeannettes à Morlaix, Epicerie En Vrac à Auray…) et dans d’autres régions de France. Par la suite, Elsa envisage de lancer un financement participatif, afin de lui permettre d’agrandir son atelier, où, au vu du succès de ses produits, elle commence à être à l’étroit.

Pour en savoir plus : https://www.tantinotte.bio




Kokozenn, les vêtements engagés pour les océans à Trébeurden (22)

Créée par Valentin Renon et Marion Creignou, la marque Kokozenn propose des vêtements en textile 100% recyclés. Le duo recycle également les déchets marins qu’ils ramassent sur les plages en bracelets, grâce à des machines fabriquées par leur soin en matériaux de récupération.

C’est à Trébeurden, au bord de mer, dans les Côtes-d’Armor, qu’est ancré désormais l’atelier de Kokozenn La marque de vêtements écologique et engagée a d’abord pris naissance au Relecq-Kerhuon, près de Brest, en 2018, sur une idée de Valentin Renon. « J’avais passé 10 ans dans la Marine Nationale, et j’avais envie de changer de voie et de créer une marque qui soit tournée vers l’océan » explique-t-il. Le projet Kokozenn (qui signifie « cocotier » en breton) est alors lancé, et Marion Creignou, compagne de Valentin, rejoint l’aventure de la marque de vêtements « surfwear ».

Au départ, les premiers t-shirts et sweats sont réalisés en coton bio certifié GOTS, provenant du Bangladesh. « On avait un fournisseur dans le Gard qui gérait toute la fabrication », précise le couple. De fil en aiguille, ils décident d’aller plus loin dans la démarche en proposant des vêtements fabriqués à base de textile à 100% recyclés, plus conformes à leur idée de départ. Après un an de recherche, ils découvrent une fibre espagnole, composée « pour moitié de coton recyclé, et pour moitié de PET (le plastique des bouteilles) recyclé », détaille Valentin. Le tissage et la fabrication des vêtements est réalisé au Portugal, et l’impression des logo dans l’atelier de Trébeurden. Afin de pouvoir lancer cette gamme, un financement participatif a été lancé, qui a permis de récolter plus de 29 000 euros pour 700 pré-commandes !

La boutique en ligne de Kokozenn (capture d’écran)

Des déchets marins valorisés

En parallèle de leur ligne de vêtements, Valentin et Marion s’engagent dans la protection des océans, en mettant en place un partenariat, dès les débuts du projet, avec l’association Surfrider Foundation, et en lui reversant une partie de leur chiffre d’affaire. Rapidement ils organisent également des opérations de ramassage de déchets sur les plages. Ils ont alors un déclic, lorsqu’ils apprennent, au détour d’une émission du journaliste Hugo Clément, qu’il est difficile de savoir où part tout ce plastique par la suite. En effet, il est souvent revendu dans des pays étrangers, comme par exemple en Malaisie. Ils décident alors de monter leur propre filière de recyclage, et créent leur propres machines, afin de valoriser ces déchets marin, « Les machines ont elle même été créée à partir de matériaux de récupération, grâce à des plans en open source », souligne Valentin. Des bracelets, à base de cordage notamment, voient ainsi le jour en 2019.

On peut retrouver ces bracelets et les vêtements de Kokozenn sur internet, ainsi que dans une boutique de créateurs sur Vannes. Le duo propose aussi une gourde isotherme, afin de remplacer au quotidien l’usage des bouteilles plastiques. Et envisage de lancer prochainement une nouvelle opération de financement participatif afin de compléter la gamme textile par un article typiquement breton : la marinière. Toujours en tissu recyclé !

Plus d’infos : https://www.kokozenn.com/




Portrait de femme n°6. Laëtitia Crnkovic, semeuse de transition joyeuse

Rencontre avec Laëitia Crnkovic, spécialiste du zéro déchet, installée près de Lannion (22). Elle anime des ateliers, des conférences, et est autrice de livres sur le sujet. Elle nous raconte son parcours et son changement de vie pour un quotidien sous le signe de la transition écologique et de la lutte contre les déchets.

L’enthousiasme, la joie, le positif, ce sont les moteurs de Laëitia Crnkovic. Installée en Bretagne près de Lannion depuis deux ans et demi, elle est fondatrice de « Zéro Déchet Trégor », anime des ateliers, des formations autour de l’éco-responsabilité et du zéro déchet, donne des conférences. Et est auteure de deux livres, « Faites l’autopsie de votre poubelle » et « L’éco-Almanach, chaque jour un éco-geste ». Depuis deux ans, elle est « à 350 % dans le zéro déchet ». Le point d’orgue d’un cheminement personnel qui démarre en 2012. A l’époque, Laëtitia est agent de voyage et vit en Suisse. « Je travaillais plus d’une cinquantaine d’heure par semaine, je gagnais bien ma vie, je vivais à 100 à l’heure », se souvient-elle. Durant six mois, elle part sac au dos découvrir l’Amérique latine. Elle arrive alors sur une île « complètement autonome » au Panama : « Les habitants faisaient tout avec ce que la nature leur offrait : ils s’habillaient avec ce qui était disponible sur place, ils construisaient leurs maisons, leurs ustensiles, leurs bateaux, ils avaient de quoi se nourrir et de quoi se soigner… ». Un premier choc pour la jeune femme : « Je me suis rendue compte que moi, je ne savais rien faire avec mes mains, et que si je me retrouvais à leur place, je serais incapable de survivre ». De retour chez elle, elle reprend sa vie quotidienne là où elle l’avait laissée et fait un burn-out. « La distorsion était trop grande entre ma quête de sens et la vie que j’avais ». Dans le même temps, Laëtitia découvre qu’elle est atteinte d’endométriose. « J’ai alors commencé à prendre un virage à 360 degrés », explique-t-elle. Place alors à « l’écologie profonde » et au « retour au calme », avec la découverte de la méditation, du yoga, des fleurs du Bach, des soins énergétiques… Bref, Laëtitia prend le temps de prendre soin d’elle, commence à suivre des formations en aromathérapie, réfléchit à la manière de se soigner naturellement pour sa maladie. Elle adopte une nourriture plus locale et bio, mange moins de viande. Peu après, elle rencontre les Incroyables Comestibles et les Colibris, et commence à s’investir dans ces mouvements. « Ca a été des moments très forts », confie-t-elle. Devenue maman quelques temps plus tard, elle continue son engagement dans la transition, à la fois « écologique » et « intérieure ». S’en suit de nouveau un voyage, durant 9 mois, dont 6 mois en Asie. L’occasion d’une « grosse claque » au sujet des déchets. « Ils étaient là, dehors, comme si la planète vomissait tout : il y en avait partout dans la rue, dans l’eau, sur les plages, dans les sites classés à l’Unesco… ». Avec « sa paille et sa gourde », Laetitia n’en mène pas large, se dit que « ça ne va pas suffire ». Mais opère en même temps une « vraie prise de conscience ». « En France, on a tout ce qu’il faut pour faire correctement. Là bas, ils n’ont pas encore les outils, peut-être que ça viendra, mais nous on les a ! ». Elle se fait alors une « promesse intérieure » : celle, une fois rentrée, se se lancer dans une démarche zéro déchet, à la fois pour elle et pour les autres.

Le zéro déchet sans pression ni culpabilisation

Animation d’ateliers ou de conférences, écriture, communication, accompagnement…toutes ces tâches qui font partie intégrante d’un travail d’auto-entrepreneuse dans l’écologie, rythment désormais la vie quotidienne de Laëtitia. Un sacré programme qu’elle mène tambour battant grâce à son énergie et à son « feu intérieur » comme elle aime le définir. Une vie sous le signe du zéro déchet, qu’elle essaie d’essaimer auprès du plus grand nombre. Mais sans culpabiliser et sans se mettre de pression. Si elle ne jette plus qu’un sac poubelle de tout venant par an et sort sa poubelle de recyclage deux fois dans l’année, elle invite chacun à aller à son rythme. « L’idée, c’est d’y aller petit à petit, progressivement. Il faut toujours un temps pour que toute la famille puisse prendre la démarche en mains ». Tout est une question d’équilibre. « Il ne faut pas qu’il y ait une pression qui devienne insoutenable, et qu’on se sente frustré.e.s, et qu’on se flagelle. Même si le sujet est sérieux et grave, il faut qu’il y ait du plaisir, un challenge, un côté ludique ». Loin d’elle l’idée d ‘une écologie punitive.

Laëtitia admire aussi toutes les créatrices d’épicerie vrac : « C’est très courageux parce que ce sont des projets lourds à porter et qui ont un fort enjeu financier »

Le zéro déchet fait partie chez Laëtitia d’une démarche plus globale qui la mène vers la transition écologique. Pour elle, celle-ci est à la fois « intérieure » et « extérieure ». « A chaque fois qu’on entame une transition écologique, ça vient perturber plein de choses à l’intérieur de soi, on réfléchi à ce qui est important ou pas. On retourne à des plaisirs plus simples, comme la reconnexion à la nature ». « Moi je me suis découverte, j’ai vraiment l’impression que la transition c’est un chemin, un voyage qui va durer toute la vie », poursuit-elle. D’une démarche plus individuelle, faite avant tout pour sa santé, elle est ensuite entrée en réflexion sur son mode de vie : végétarisme depuis trois ans et demi, zéro déchet, déplacement à vélo…font maintenant partie de son quotidien. « Je me découvre au fur et à mesure, je choisis ce qui m’anime et ce que j’ai envie de diffuser », souligne Laëtitia, qui ne prend plus l’avion et est en réflexion sur la manière de concilier sa passion du voyage et les valeurs écologiques. « L’année dernière, on est partis à vélo pendant une semaine. Je trouve d’autres moyens de découvrir et de m’émerveiller, tout en impactant le moins possible », le tout « sans frustration ou culpabilité, juste en voulant essayer autrement, en changeant ses habitudes ». Parmi les initiatives qui l’ont inspirées, on peut citer l’éco-centre du Trégor, son lieu coup de coeur, ou encore la Bascule de l’Argoat. Laëtitia admire aussi toutes les créatrices d’épicerie vrac : « C’est très courageux parce que ce sont des projets lourds à porter et qui ont un fort enjeu financier ». Ou encore, dans un registre plus connu, Julie Bernier, autrice du « Manuel de l’écologie quotidienne », qui, selon elle, « ose montrer sa vulnérabilité et sa sensibilité », et Rob Hopkins, chez qui « on sent une bienveillance et un optimiste, tout en restant réaliste ».

La bienveillance est justement une des valeurs que la jeune bretonne voudrait voir davantage mise en avant. « Le manque de tolérance et les jugements très hâtifs sur les gens, ça me révolte », affirme-t-elle. Ce qui l’enthousiasme ? « La vie », dit-elle en riant. « Je marche aux projets, j’aime les nouveaux challenges, sortir de ma zone de confort régulièrement. J’aime essayer de nouvelles choses, ce que me permet mon travail ». Même si, « Cela peut-être inconfortable », reconnaît-elle. « Il faut accepter l’échec. On ose alors beaucoup plus. Tout ne marche pas comme on voudrait, mais on rebondit ». Voir tout cela essaimer chez les autres la ravit aussi. « C’est agréable de voir tous les gens qui s’éveillent ». Ses projets de formations et les nouveaux livres qu’elle est en train d’écrire lui permettront sans aucun doute de continuer à semer les graines du zéro déchet et de la transition.