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Portrait de femme n°13. Yolande Bessong, créatrice engagée de cosmétiques naturels

Rencontre avec Yolande Bessong, aide-soignante en reconversion professionnelle, qui anime des ateliers de fabrication de cosmétiques naturels à la Maison du Ronceray à Rennes. En parallèle, elle travaille à la création d’une marque bretonne de produits de beauté naturels et bios, à destination des peaux noires et métisses. Engagée pour les droits des femmes, elle veut leur apporter conseils et soutien, et mettre en valeur leur travail, notamment dans les coopératives africaines.

La Maison du Ronceray est un centre socio-culturel basé à Rennes, dans le quartier de la Poterie. Cette « maison des initiatives » comme elle se définit avec son projet associatif qui a été mis en place il y a maintenant 18 ans, propose de nombreuses animations à destination de tous les publics. Avec toujours pour objectif de créer du lien.

C’est aussi ce qui anime Yolande Bessong. Avec son association « Innov’Actions Stop Solo », qu’elle a créé en 2018, elle intervient lors d’ateliers de fabrication de cosmétiques au naturel. Aide-soignante de profession, « passionnée par la beauté », Yolande est en reconversion professionnelle. « Avec mon activité, je veux créer du lien social, développer la solidarité locale, nationale et internationale, et m’engager pour les droits des femmes », explique-t-elle. Un projet qu’elle a voulu mettre en place suite à son expérience personnelle et son vécu. « J’ai rencontré des personnes en difficulté, et j’ai compris qu’il y avait un besoin : les gens sont seuls, face à leurs problèmes, et n’ont pas forcément le courage d’aller rencontrer des associations. J’ai pensé faire autrement, c’est-à-dire créer une structure pour aller vers eux, pour leur permettre de sortir de leur solitude, en leur proposant des ateliers, des animations. L’idée aussi c’est qu’ils puissent acquérir des compétences, et pouvoir faire des rencontres, qui peuvent être peut-être dans la même situation », précise la jeune femme. Lors des ateliers, les participant.e.s peuvent ainsi cuisiner, ou fabriquer de cosmétiques à base d ‘ingrédients naturels. « Après la crise sanitaire, beaucoup de personnes ont pris conscience de la nécessité de prendre soin d’elles, en utilisant des produits respectueux de la santé et de l’environnement », note Yolande. Toutes et tous apprennent à concocter des produits « simples », dans une démarche de sobriété : gel douche, baume, crème, avec peu d’ingrédients, et sans emballages. « Je fabrique moi-même des parfums avec des fruits, et des macérats huileux, et on utilise beaucoup de beurre de karité ». Yolande essaie au maximum de s’approvisionner auprès de producteurs locaux, en fruits et légumes.

La défense des droits des femmes est également importante pour la rennaise. Son projet a d’ailleurs été labellisé « Générations Egalité Voices » et « Onu Femmes France ». Un engagement qui trouve sa source dans des rencontres qu’elle a pu faire avec des femmes, victimes de violence, et aussi de ce qu’on nomme « arnaque sentimentale ». « Des femmes qui sont seules, qui ont envie d’une vie de couple, et qui vont être bernées du fait de leur situation de fragilité. Je veux les accompagner, leur apporter mon soutien, des conseils, et peut-être les diriger vers des interlocuteurs institutionnels, qui pourront les prendre en charge », analyse Yolande, qui reste en alerte, aussi bien dans la rue, dans les transports en commun, que sur les réseaux sociaux.

En parallèle de son engagement, Yolande Bessong s’est aussi lancée dans entrepreneuriat, et plus particulièrement dans l’ethno-cosmétique. Elle souhaite créer la première marque bretonne de cosmétique bios et naturels s à destination des peaux noires et métisses. « Avec des ingrédients naturels exotiques, qui sont méconnus du public ». Tout en valorisant le travail des femmes, notamment via des coopératives en Afrique. Seule dans le projet pour le moment, elle ambitionne par la suite de créer des emplois sur le territoire. Sa plus grande fierté : avoir été reçue dans la promotion 2022 de la prépa « French Tech Tremplin ». Une nouvelle et belle aventure qui s’annonce ! En attendant, on pourra retrouver Yolande à la Maison du Ronceray, pour l’animation de nouveaux ateliers au mois d’octobre, toujours dans le domaine de la fabrication de cosmétiques naturels.

 

Plus d’infos : https://www.innovactions-stopsolo.fr/




Portrait de femme n°11. Emeline Declerck, la fine fleur du « Slow Flower » est à Plouigneau

Rencontre avec Emeline Declerck, qui cultive des fleurs à couper en agriculture biologique sur la ferme de Lescinquit à Plouigneau, dans le Finistère. On la retrouvera mardi 1er mars pour un temps d’échanges dans le cadre de « la Virgule Verte », organisé par la Ville de Morlaix et animé par Eco-Bretons, au tiers-lieu La Virgule, rue de Paris à Morlaix.

C’est dans la campagne de Plouigneau, près de Morlaix, à la ferme de Lescinquit plus exactement, que s’est installée Emeline Declerck. Depuis 2018, elle produit des fleurs à couper sur un hectare et dans ses serres, en agriculture biologique et en respectant la saisonnalité. Une passion pour le végétal qui a amené cette grande jeune femme blonde à opérer un virage à 180 degrés dans sa vie professionnelle. « A la base, j’ai une formation artistique. J’ai fait des études d’arts plastiques, et un master en réalisation de documentaires », explique Emeline. Loin des anémones, des dahlias, pivoines et autre oeillets qui font aujourd’hui son quotidien. Diplômes en poche, elle part s’installer au Québec avec son mari. Là bas, elle travaille dans le domaine de la pub, notamment en tant que monteuse vidéo. Un emploi qu’elle occupera pendant huit ans. « Je montais des pubs, je faisais de la recherche pour les réalisateurs, on pitchait pour les marques, pour les agences », raconte la jeune femme. Une vie professionnelle intense, dans un bureau. Mais au bout d’un moment, ce milieu ne lui correspond plus, ne fait plus sens pour elle, qui avait envisagé de toute façon une deuxième carrière auprès des plantes. « Ca a toujours été présent dans ma vie », se souvient-elle. « Ma mère avait toujours des végétaux sur son balcon, dans son appartement. Et j’ai toujours adoré aller dans les jardins botaniques, ou en jardinerie… ». Emeline essaie de trouver un autre emploi dans l’audiovisuel, mais peine perdue. C’est alors qu’elle découvre l’existence des fermes florales aux Etats-Unis, et le mouvement Slow Flower. « Quand j’ai vu ça, j’ai su que c’était ce que je voulais faire », affirme-t-elle. « J’avais besoin du côté visuel, qui est présent avec les fleurs. Il y avait à la fois le côté paysan et le côté créatif, ça me plaisait ».

La fleur comme « un produit de saison, un produit paysan »

Vient alors l’idée d’un retour en France, ce qui tombe plutôt bien pour Emeline qui ne se voyait pas s’installer en production au Québec en raison des conditions climatiques rudes l’hiver. Elle s’inscrit alors en BTSA à l’ESA d’Angers, qu’elle effectue en partie à distance, et réalise un premier stage dans une ferme florale québécoise. De retour en France, la future productrice de fleurs poursuit et achève son BTSA et commence à travailler en maraîchage, puis à chercher un lieu où s’implanter, dans le Pays de Morlaix d’où est originaire son mari. Elle tombe alors sur la ferme de Lescinquit, avec sa prairie et sa maison. L’endroit idéal pour cultiver ses fleurs, en vente directe, sur le marché de Morlaix et alentours, ou pour de l’événementiel et des mariages. « Ici on est sur une petite structure, hyper diversifiée, labellisée bio, et on voit la fleur comme un produit de saison, comme un produit paysan », précise Emeline, qui, si elle a appris les techniques de l’agriculture biologique par ses expériences en maraîchage, a aussi dû compléter sa formation par de nombreuses lectures, notamment en anglais. « C’est très compliqué de faire de la fleur bio car il y a peu de documentation disponible, on procède alors essentiellement, par « Test-erreur », confie celle qui travaille beaucoup en manuel, et cultive ses fleurs en pleine terre, sans serres chauffées ni éclairage spécifique. « Et c’est une vraie satisfaction d’arriver à faire vivre la fleur, la voir grandir, se développer et être belle », commente-t-elle. Une relation avec le vivant qu’elle apprécie beaucoup, après avoir travaillé en bureau, hors-sol. «Il y a un côté relaxant à faire de la bouture, du semis, un lâcher-prise aussi quand on s’occupe du végétal, on ne contrôle pas tout », poursuit-elle. Le tout dans un mode de production respectant la nature. « Une évidence », pour Emeline. « Je ne me voyais vraiment pas, vu les problématiques environnementales actuelles, m’installer en conventionnel. Je n’en vois pas l’intérêt. Par exemple avec mes haies, je perds de la place au niveau de la production, mais je m’arrange pour rentrer dans cet espace délimité car elles sont essentielles. J’accepte qu’il y ait une perte sur les cultures, du coup je produis très diversifié pour limiter les risques. Ca me semble tellement logique ! », soutient-elle. Des principes de respect du vivant, de la saisonnalité et d’attachement à un territoire qu’elle met en avant via son engagement dans le Collectif de la fleur française, une association qui milite pour une fleur locale et de saison, et qui est plein développement. Considérée comme « une pionnière », Emeline est heureuse de voir que d’autres se lancent à leur tour dans la belle aventure du Slow Flower français.

 

Plus d’infos :

https://www.fermedelescinquit.com/

https://www.facebook.com/fermedelescinquit

 


 

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Portrait de femme numéro 12. Maryline Le Goff sème les graines de l’éco-construction et de l’autonomie à Questembert (56)

(Rediff) Rencontre avec Maryline Le Goff, à Questembert dans le Morbihan. Autoconstructrice, Spécialiste de l’éco-construction, elle vit dans un « éco-lieu familial » avec son mari et ses deux filles, qu’elle a créé elle-même, avec jardin vivrier et maison bioclimatique. Elle est également conseillère en éco-habitat et formatrice professionnelle en « bois brûlé », technique très utilisée au Japon pour le bardage des habitations.

Questembert, 7400 habitants dans le Sud Est du Morbihan. C’est dans cette commune, à quelques pas de la Chapelle Sainte-Suzanne, que se sont installés Maryline Le Goff, son compagnon Franck et leurs deux petites filles. Depuis 2014, la famille habite ce que Maryline appelle un « écolieu familial ». « L’idée, c’était de se dire : si tout s’écroule, comment faire pour abriter une famille et la nourrir, avec peu de moyens », explique-t-elle. On y trouve donc une maison bioclimatique économe, en « matériaux bio-sourcés », accompagnée d’un jardin vivrier, « qui nous permet de réduire au maximum nos charges quotidiennes, on est aujourd’hui quasi-autonomes en légumes », souligne Maryline.

Le fruit d’un parcours qui a emmené la jeune femme des études de sociologie à l’éco-construction, et à l’auto-construction. « Après mon bac+6, j’ai travaillé en tant que chargée d’études dans la prospective territoriale, au sein d’une association. C’était un travail de bureau, d’analyse, de communication, de secrétariat », détaille-t-elle. Lorsque son emploi se termine, vient le temps du questionnement. « Je me suis demandée si je voulais continuer dans ce type d’activités ». Ayant pris conscience, de par son activité professionnelle de prospective, des perspectives en terme d’effondrement, de réchauffement climatique, à plus ou moins long terme, Maryline choisit alors de « pouvoir y faire face ».

Avec Franck, ils partent alors tous deux en quête d’un terrain dans le Morbihan, du côté de Theix, siège de l’association où celui-ci travaille alors. C’est à Questembert qu’ils trouveront la perle rare. Maryline y découvre notamment l’association La Marmite, très active dans le développement local, qui va l’épauler dans la « gestion de projets ». Le couple, choisit de vivre dans un mobil-home sur le terrain le temps de construire une maison bioclimatique. Elle sera auto-construite. Maryline se charge alors de la conception, épaulée par des professionnels. Elle part ainsi en stage au sein d’Echopaille, société coopérative spécialisée dans la construction…en paille mais c’est avec Déwi Le Béguec et l’association ECLAT de Nantes qu’elle découvre plusieurs techniques liées à ce type de construction et plus particulièrement une technique adaptée aux auto-constructeurs, avec « de toutes petites sections de bois ». C’est celle-ci qu’elle adoptera pour la construction de la maison, qui fait 99 mètres carrés de surface. « Elle contient pour les fondations 3mètres cubes de béton, tout le reste c’est du bois, de la paille, de la terre, un peu de vitres, un peu de gaines électriques. C’est une maison très économe, qui se chauffe globalement avec le soleil, qui nous fait consommer une stère à une stère et demi de bois par an. », s’enthousiasme-t-elle. Franck l’a rejointe sur la maison après avoir quitté son emploi, et s’occupe désormais du jardin, cultivé notamment grâce à des techniques issues de la permaculture, du maraîchage en sol vivant. «  On fonctionne avec nos deux poules, nos deux canards, notre compost, nos toilettes sèches, on fait nos conserves. On développe tout un savoir aujourd’hui qui nous permet de diminuer nos charges et de vivre finalement confortablement. C’est très rassurant, par rapport à ce qu’on vit actuellement », analyse Maryline, qui avoue néanmoins avoir dû franchir un cap, à savoir changer de niveau de vie. «Ça n’a pas toujours été simple, Ça a été un sacré changement, on a quitté notre vie avec nos deux salaires pour venir s’installer dans un mobil-home ». Le regard des proches a aussi été parfois compliqué à vivre. « Mais maintenant, ils voient que notre modèle marche, et que notre jardin est plein de légumes ! ».

Grâce à toutes les compétences acquises lors de l’élaboration et la mise en œuvre de son projet de maison, Maryline, passionnée par tout ce qui touche à l’habitat, a lancé son entreprise de conseils en éco-habitat. Elle a aussi eu l’occasion de découvrir le bois brûlé, une technique notamment utilisée au Japon pour le bardage des maisons, qu’elle a elle-même utilisée. Incitée par une amie, elle anime alors un premier stage sur le sujet. C’est la révélation. « Je me suis éclatée à faire ça. Alors pourquoi pas d’autres ! ». Elle organise désormais des ateliers-découvertes. « Je vais chez les gens qui ont un projet de bardage bois brûlé, ou alors je les accueille ici par groupe de six ». Certifiée Qualiopi depuis janvier, Maryline reçoit aussi les artisans, architectes ou entreprises voulant se former professionnellement. Les avantages du bois brûlé selon elle ? « Il permet de valoriser un bois qui va être tout simple, par exemple une planche brute. On part d’un matériau peu cher, et on va le traiter pour qu’il dure des décennies, sans entretien. » « On brûle le bois, sans énergie fossile, avec un tout petit brasier. On utilise la force du feu pour le traiter en surface et en profondeur », poursuit la jeune femme ». On obtient ainsi un bois résistant aux insectes, aux champignons, aux assauts de l’eau, du vent, des rayons UV, et qui est durci. Seul l’aspect esthétique peut changer avec le temps. ». C’est ce qu’elle a utilisé pour le bardage de sa maison, qu’elle a réalisé avec l’aide de sa mère. Grâce à son entreprise, ses formations, mais aussi l’association qu’elle est en train de créer, elle souhaite semer à son tour auprès d’autres citoyens et citoyennes les graines d’une plus grande autonomie sur son lieu de vie et dans son quotidien.

Les prochaines dates de ses formations sont à retrouver sur son site internet : https://www.ideedoasis.org/




Avec The Old Shell, une deuxième vie pour les combis !

Pratiquants de surf, kite, paddle…vous ne savez pas quoi faire de vos combis en néoprène qui s’entassent dans vos placards ou qui commencent à être usées ? A Brest, on pourra leur donner une deuxième vie et les faire réparer avec The Old Shell.

The Old Shell, c’est le nom du projet lancé par Léa Evenas, jeune brestoise de 25 ans. Tout démarre du fait de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid 19. Travaillant dans l’événementiel, elle subit alors un licenciement économique. Elle décide alors de donner un nouvel élan à sa vie professionnelle en décidant de se lancer à son compte. Passionnée de sports nautiques, elle s’est toujours « posé des questions concernant l’écologie dans ce domaine, notamment sur l’impact des planches et des tenues ». Ce qui l’amène à vouloir créer une gamme de « combinaisons écologiques ». « Mais ça se faisait déjà. Et en plus, ce n’est pas vraiment écologique de créer un nouveau produit, alors qu’il y a déjà plein de combis dans les placards, qui demandent juste à être réparées », commente Léa. Au fil de ses recherches, la jeune femme découvre alors un entrepreneur de Marseille, qui justement répare les combinaisons. Elle part alors là bas, et se forme avec lui. Son projet prend alors tournure.

Avec The Old Shell, Léa, qui va installer son local prochainement sur Brest, veut ainsi développer trois activités : un atelier de réparation des combinaisons en néoprène abimées (zip, coutures, trous…), une boutique de seconde main où l’on pourra acheter des combinaisons et accessoires en néoprène d’occasion, et un atelier d’upcycling. « L’idée, c’est de fabriquer des sacs, pochettes, housses d’ordinateurs…avec du néoprène qui n’est pas réparable », explique Léa, qui a par ailleurs lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Kengo. But de l’opération : récolter 10 000 euros afin de financer l’acquisition du matériel nécessaires à son activité : machines à coudre industrielles, surjetteuse…cabine de désinfection, matériel informatique, ou encore création du site internet. Car Léa souhaite aussi vendre en ligne. « Mais pas n’importe comment », souligne-t-elle, « C’est important de rester cohérent et de limiter l’impact écologique sur les livraisons ». En attendant, on peut encore participer à la cagnotte jusqu’au 17 octobre.

 

Pour soutenir le projet : https://kengo.bzh/projet/3458/the-old-shell

 


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Portrait de femme n°14. Angélique Rocheteau, les brins et les liens de Penerf

Photo : Sous Un Autre Angle

(Rediff) Rencontre avec Angélique Rocheteau, osiéricultrice et vannière, installée non loin de la rivière de Penerf à Surzur (56), en plein cœur du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan. Elle créé sur-mesure et répare des objets en osier, propose des stages de découverte dans son atelier, et anime des actions dans des écoles. Elle nous raconte son parcours personnel et professionnel, dans lequel la notion de transmission est particulièrement importante.

La bonne humeur, l’enthousiasme, la passion de transmettre, mais aussi la détermination. Voilà ce qui caractérise Angélique Rocheteau. Artisane-vannière mais aussi osiéricultrice, elle s’est lancée en 2017, et s’est installé à Surzur, non loin de la rivière de Penerf, dans un territoire à la riche biodiversité. Un tournant dans son parcours professionnel. « J’ai fait des études de gestion. Mon dernier emploi, c’était au service dépannage d’une société de bâtiment à Vannes !». Pas grand chose à voir avec la plantation de saules et les créations en osier…Et pourtant, l’agriculture fait partie de la vie d’Angélique depuis longtemps. « Mon grand-père était paysan, je m’amusais toute jeune avec des brins d’herbe en mettant la clôture pour les vaches », se souvient-elle. « Mais quand j’étais étudiante, ce n’était pas un secteur qui était valorisé. Mon parcours scolaire a fait que mon installation a été retardée, mais cela m’a permis au final d’acquérir de la maturité pour me lancer plus tard ». La toute récente quadragénaire revendique aussi son « amour de la terre et du végétal » pour expliquer sa transition professionnelle vers la vannerie. « C’était en moi je crois, mais je m’interdisais tout simplement d’y rêver ! ». Alors à côté de son emploi, Angélique se forme, passe des diplômes grâce à la Validation des Acquis de l’Expérience, s’exile temporairement du côté de Nancy pour se former à la vannerie dans la seule école française dédiée. Pas facile quand on est « mariée et maman de trois enfants », souligne-t-elle. Mais elle persévère. Et créé son activité. Aujourd’hui, elle peut vivre de sa passion, même si tout n’a pas été si simple… « Etre vannière, c’est encore connoté. Et puis être une femme, en agriculture, et travailler l’osier, parfois ça fait beaucoup pour certains !Sur certains comportements ou réflexions, notamment dans les réseaux, on a encore des marges de progression ! », affirme-t-elle.

Si son parcours a été plus long que d’autres, cela lui été particulièrement utile pour réfléchir à son projet : l’acquisition et l’installation sur des terres agricoles humides, en plein cœur du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan. Des terrains « qui n’étaient pas même cultivés en agriculture traditionnelle », et sur lesquels elle a pu planter 2500 pieds de saule. « C’est un endroit propice pour la culture de cet arbre, car il n’y a pas besoin d’arroser ici », précise-t-elle. D’autres pieds se développent aussi au camping de la Fontaine du Hallate, à Plougoumelen, où le propriétaire pratique entre autre la phytoextraction, c’est-à-dire l’assainissement des eaux à l’aide de plantes. « L’oseraie, c’est une culture de saule, qui est coupée tous les ans, généralement entre novembre et mars, quand la sève est descendue. C’est à ce moment que le saule devient osier. On sèche ensuite le saule, on le calibre et on le stocke », détaille Angélique.

Dans son atelier en bois, qu’elle a construit l’année dernière, l’osiéricultrice et vannière réalise des créations sur-mesure, et répare des objets en osier que les particuliers peuvent lui apporter. Angélique anime aussi des stages, à destination des adultes et des enfants. Et intervient pour des actions pédagogiques dans des écoles. Des moments qui sont très importants pour elle. « Transmettre, je crois que c’est ça qui m’anime », souligne-t-elle. Une volonté qu’elle attribue à sa rencontre, alors adolescente, avec Michel Le Corno, directeur du lycée Saint-Paul à Vannes, où elle était élève. « J’étais obligée de travailler en parallèle de mes études, j’étais dans une situation vraiment atypique. Et il a toujours été bienveillant avec moi. Ça a changé ma vie », avoue-t-elle.

La transmission, pour Angélique, c’est aussi faire passer des messages sur l’écologie, notamment aux plus petits. « C’est important aussi d’éduquer les enfants. On n’a pas tous la même chance à la naissance, et reconnecter les enfants à la nature grâce à l’école, c’est super. On a aussi ce travail d’éducateur, en collaboration avec les communes et les équipes enseignantes. On travaille plein de valeurs dans ces ateliers ! ». Mais la vannière ne veut pas pour autant être « donneuse de leçons ». «Le but, c’est de trouver chacun à notre niveau des solutions pérennes. Je sensibilise les gens, par exemple au rotin, qui vient de très loin, pour qu’ils puissent faire des choix ». « Il va falloir se secouer et trouver tous des solutions, mais sans opposer les gens. C’est comme ça que pour moi on arrivera à faire bouger les lignes. », ajoute-t-elle.

A son niveau, Angélique Rocheteau essaie de « faire sa part ». Des panneaux photovoltaïques vont bientôt être installés sur son atelier, afin d’être autonome en électricité. Elle utilise des toilettes sèches. Et fait attention à l’utilisation des ressources et la production de déchets dans le cadre de son activité. « Je suis labellisée « Green Morbihan » », explique-t-elle. « Pour l’obtenir, il faut répondre à 64 critères très précis, notamment sur l’eau et l’électricité ». Une démarche logique, quand on est situé dans une zone à la biodiversité remarquable, et qui permet à Angélique, grâce à son « double-métier », d’atteindre l’équilibre parfait, à savoir le lien avec la terre qu’elle travaille et qu’elle aime tant, mais aussi le lien avec les autres. De quoi, pourquoi pas, rebaptiser son activité « Les liens et les brins de Penerf » !




TikoAntik veut développer l’achat de matériel reconditionné pour les bébés

Proposer aux parents et aux professionnels de la petite enfance du matériel de puériculture reconditionné et contrôlé, c’est l’objectif du projet de la morbihannaise Séverine Inkerman. Baptisé « TikoAntik », il est suivi par l’incubateur d’entreprises de l’ESS Tag56 et devrait être opérationnel avant l’été 2022.

« Ti » pour maison, et « Koantik » pour mignon/mignonne. Voilà la signification en breton de TikoanTik, projet porté par la morbihannaise Séverine Inkerman, et qui vise à « faciliter l’achat d’occasion de matériel de puériculture dans une démarche de réemploi et d’impact positif sur l’environnement via un contrôle qualité strict des produits, un conseil adapté et des partenariats ». « Tout est parti d’un constat », précise Séverine. « Quand on a un enfant, il faut acheter beaucoup d’équipements : lits, couches, matériel de portage, poussettes…la plupart sont de basse qualité environnementale, en plastique ou en aggloméré, et coûte très cher. Lorsque j’étais enceinte, je travaillais pour France Active. J’étais en contact avec beaucoup de ressourcerie et recycleries. Toutes expliquaient qu’elles avaient beaucoup de matériel de puériculture, qu’elles finissaient par jeter car il prenait de la place et ne se vendait pas ». Pourquoi l’achat de seconde main dans ce domaine fait encore l’objet de réticences ? « Pour des raisons de sécurité, avec l’évolution des normes, d’utilisation précédente qu’on ne connait pas, de propreté, et parce que souvent le mode-d ’emploi manque et on n’a pas toutes les informations utiles au bon fonctionnement », commente Séverine. « Et puis offrir de l’occasion pour l’arrivée d’un bébé, ça reste encore compliqué pour pas mal de gens ».

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Des partenariats pour la collecte et le reconditionnement

Devant cette situation qui l’interpelle, la morbihannaise, qui a quitté Nantes pour revenir à Lorient d’où elle est originaire, quitte son emploi et se lance alors dans son projet. Suivie depuis septembre par le Tag56, « propulseur d’entreprenariat collectif du Morbihan », elle a pour objectif que TiKoantik soit opérationnel avant l’été 2022. « L’idée, c’est de travailler avec les recycleries et un réseau comme Emmaüs pour la collecte, et avec des partenaires pour la partie reconditionnement, contrôle de sécurité, aspect normatif et nettoyage, avec des Esat par exemple », souligne l’entrepreneuse, qui a embarqué avec elle deux autres personnes dans le projet, et un comité stratégique de cinq membres pour aider à son développement. Le matériel pourra ensuite être revendu aux parents, mais aussi aux professionnels, comme les assistantes maternelles, les micro-crèches, les associations de solidarité…Ce qui ne pourra pas être proposé à la vente sera démantelé et les matériaux réutilisés.

Pour la suite, et « une fois que le modèle aura montré sa viabilité », TikoAntik compte bien essaimer dans d’autres régions de France. C’est ainsi qu’une véritable filière de réemploi de matériel de puériculture pourrait voir le jour, en commençant par la Bretagne !

 

Pour en savoir plus

https://tikoantik.com/

 

Crédit photo de une : Violaine Pondard