Biodiversité: «  Il faut agir au plus vite ! »

1,9 million d’espèces recensées. Et un taux de disparition de celles-ci actuellement supérieur de 100 à 1000 fois le niveau moyen estimé par le passé. Soit environ 1000 espèces en moins chaque année ! De quoi faire frémir et inciter à l’action les chercheurs, tel Gilles Boeuf, Président du Muséum national d’histoire naturelle (Mnhn). Pour ce scientifique de renommée mondiale et auteur de nombreuses publications, « c’est pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, que ces disparitions sont imputables à l’homme. Nous sommes d’ailleurs une soixantaine de spécialistes de la biodiversité qui venons de lancer un appel au Président Sarkozy afin de l’alerter des menaces qui pèsent sur notre planète, et de lui proposer des réponses qu’il conviendrait d’apporter à celles-ci car actuellement nous les jugeons trop timides», juge Gilles Boeuf.

Replacer l’homme au centre de la nature

La biodiversité, contrairement à ce que l’on pense, ne se limite pas au comptage des espèces. Pour Gilles Boeuf, c’est avant tout « une science : celle de toutes les relations établies entre les être vivants, avec leur environnement ».
La biodiversité est aujourd’hui menacée « par les destruction d’écosystèmes, la surexploitation des ressources, les espèces invasives, le changement climatique… » énumère le président du Muséum d’Histoire Naturelle.
Il clame qu’ « il faut convaincre aujourd’hui la société que nous avons besoin de cette biodiversité. Et abandonner la conception traditionnelle qui consiste à dire que la nature se situe à l’écart des hommes ! Lui n’en est pas extérieur, il en fait partie ».
Stopper l’érosion de la biodiversité est également nécessaire pour des raisons économiques : « les biotechnologies, la pharmacie, la cosmétologie, sont des domaines qui ont besoin que la diversité des espèces vivantes soit maintenue », précise encore Gilles Boeuf. Pour la santé, c’est également un enjeu extrêmement important : « une biodiversité érodée laissera le champ libre au développement d’espèces opportunistes », prévient le scientifique.

Politiques et citoyens peuvent agir

Quelles peuvent être les solutions face à ce constat alarmant ? La sixième grande extinction est en cours, « depuis 1850 », précise Gilles Boeuf. Mais on peut encore agir, tempère-t-il. «  L’important est de réconcilier économie et écologie. Il faut encore taxer ou interdire, les activités humaines qui entrainent l’exploitation voire la disparition des écosystèmes. Si on protège les milieux, on protégera les espèces ! », déclare Gilles Bœuf, qui pense « à la disparition de la forêt tropicale, et même, pour parler de disparition d’espèces, de la pêche au thon rouge ». Il faudrait alors «  une réflexion globale sur l’impact des activités humaines sur ces écosystèmes ».  Le monde politique invité à agir, mais aussi les citoyens (voir encadré). Un inventaire de la biodiversité des communes françaises va bientôt être lancé auprès des collectivités, « il faut initier des choses ! » s’enthousiasme Gilles Boeuf, « que les citoyens apportent leur pierre à l’édifice ! Et repenser le système dans lequel on vit ; ceci, avec tout le monde. Place au partage et à l’action », conclut-il.

Le SPIPOLL

Après le comptage des papillons dans les jardins ou encore celui des escargots, le Museum d’Histoire Naturelle de Paris propose avec le Ministère de l’Écologie une nouvelle opération participative nommée « SPIPOLL » (Suivi Photographique des Insectes Pollinisateurs). Le principe : devenir un « paparazzi » et traquer grâce à un appareil photo numérique les insectes pollinisateurs du jardin. Ouvert à tous, cette opération permettra de constituer des collections de clichés accessibles en ligne. Les informations récoltées, couplées à des données climatiques ou de typologie d’habitat et d’occupation des sols, permettront par la suite la construction des indicateurs et des scénarios de biodiversité, ou bien encore l’aide à la prise de décision pour l’aménagement du territoire.

Plus d’infos

www.spipoll.fr




Il tisse leurs toiles

Bruno Mével s’intéresse de près, de très près même aux minuscules gouttes d’eau suspendues sur les toiles d’araignées « comparables aux mandalas indiens, ces motifs avec des figures géométriques qui sont utilisées pour la méditation chez les hindous » raconte le photographe poète. Il s’agit, avec ces photos, de « découvrir différentes textures, lignes, motifs, que l’on peut voir régulièrement dans la nature, quelquechose de commun ». Depuis son adolescence, Bruno Mével est un passionné de photographie. L’idée d’immortaliser des toiles d’araignées lui est venue un matin, en découvrant l’effet étonnant que pouvaient provoquer les gouttes d’eau sur celles-ci. Un travail d’image, qui au delà de l’esthétisme, exprime un lien avec l’écologie selon lui : «Tout cela nous ramène à l’instant présent. Il faut regarder ce qu’il y a autour de nous. Ca, c’est la base de l’écologie, il faut déjà s’occuper de ce qui se passe près de nous. Et pour cela, il faut juste prendre le temps de s’arrêter et de contemple pour s’émerveiller! ».

Plus d’infos : exposition de Bruno Mével, au Bar le Tempo à Morlaix, du lundi 1er mars au vendredi 5 mars. Entrée gratuite. Tout le programme du festival Li’Voir disponible ici