Bonnes pratiques et chauffage au bois : Le « Bûche Tour » de retour

Sensibiliser le public aux bonnes pratiques liées au chauffage au bois, et aux dangers de celui-ci sur la qualité de l’air et de la santé. Tel est l’objectif du « Bûche Tour », organisé par la Maison et la Consommation de Rennes, la Fibois, et AirBreizh. Pour cette nouvelle édition, des stands d’informations sont installés sur les marchés de communes de Rennes Métropole.

Quoi de mieux que de se chauffer gràce à sa cheminée ou son poêle, lorsque l’hiver est là ? D’après l’Observatoire Breton de l’Environnement, près d’1,5 millions de tonnes de bois sont consommées par an en Bretagne, pour les chaufferies collectives et le chauffage domestique. La moitié des maisons individuelles de la région se chauffent ainsi au bois, particulièrement dans les zones rurales. Les trois-quarts des utilisateurs utilisent des bûches, et le reste des granulés.

Mais le chauffage au bois a un impact non négligeable sur la qualité de l’air. Il est responsable de la majorité des émissions de particules en suspension en Europe. Ces particules fines ne sont pas anodines sur la santé des personnes : allergies, asthme, augmentation des risques cardiaques et pulmonaires…et particulièrement chez les personnes vulnérables, comme les bébés ou les personnes âgées

Dans l’optique d’informer les habitant.e.s de l’impact de la combustion du bois sur l’environnement et la santé, et d’éduquer aux bonnes pratiques, La Maison de la Consommation et de l’Environnement de Rennes, AirBreizh, et la Fibois, ont lancé une campagne de sensibilisation, baptisée le « Bûche Tour », et soutenue par la Dreal et Rennes Métropole.

Des stands sont ainsi mis en place sur les marchés de communes de Rennes Métropole. Ils permettent aux habitant.e.s de trouver des réponses à leurs questions, et un jeu pouvait leur faire gagner une année de bois de chauffage.

On pourra ainsi retrouver le « Bûche Tour » ce vendredi 6 décembre au marché de Chantepie, le dimanche 12 janvier 2025 à Betton, le samedi 18 janvier 2025 à Cesson, le samedi 25 janvier 2025 sur le marché des Lices à Rennes, le mercredi 29 janvier 2025 à Pacé, et 21 et 23 février 2025 lors du Salon Viving qui se déroulera au Parc Expo de Rennes.

La MCE, la Fibois, AirBreizh seront présents sur les stands. Ce sera l’occasion de rappeler également quelques bonnes pratiques de chauffage au bois, disponibles également en ligne sur le site de la MCE :

  • Utilisez du bois prêt à l’emploi (< 23% d’humidité).
  • Respectez les conditions de stockage et de séchage du bois.
  • Ne brûlez pas les étapes d’allumage.
  • Régulez l’arrivée d’air pour faire des flambées vives.
  • Nettoyez et faites entretenir régulièrement votre appareil de chauffage au bois.
  • Un poêle certifié et une installation adaptée vous feront faire des économies !






Algues vertes : la jeunesse s’empare du sujet avec un fanzine

Avec son fanzine baptisé « Algues vertes, on peut gagner », Evariste Le Vot, artiste de 21 ans habitant à Plougasnou (29) à côté de Morlaix, donne un coup de jeune à la lutte. Via ses textes et dessins, il met en lumière les revendications des associations de lutte contre les algues vertes. Le fanzine sera présenté vendredi soir à partir de 19h au 2D à Morlaix, dans le cadre du Festisol.

Donner un coup de jeune sur la mobilisation contre les algues vertes, et rendre la communication sur celle-ci plus esthétique. C’est l’objectif d’Evariste Le Vot, jeune artiste de 21 ans, habitant Plougasnou à côté de Morlaix. Il a pour cela imaginé et créé un Fanzine, baptisé « Algues vertes, on peut gagner ». Le fruit d’une réflexion menée depuis cet été. « Avec un copain, on avait lu un tract sur les algues vertes. C’était un peu complexe à comprendre. On s’est dit qu’on pouvait rendre l’information et la communication plus claire, faire un support plus joli », explique Evariste. « C’est aussi une cause qui m’intéresse, donc autant travailler sur le sujet, et faire profiter de mes recherches le plus grand nombre ». Car le jeune homme a rencontré les associations locales et a mené de nombreux entretiens avec certains de leurs militants, comme Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor, ou encore Jean-Yves Quémeneur, président de Force 5. « J’avais de quoi faire 25 pages ! », sourit Evariste, qui décide alors de se concentrer sur les revendications portées par les associations.

Résultat : un fanzine de taille A3, replié en 8 pages, avec textes et dessins d’Evariste aidé des associations, et un collage de l’artiste morlaisien Elso. On y retrouve les demandes des associations pour « contrer efficacement la prolifération des algues vertes » : renforcement des contrôles et des sanctions, responsabilisation des autorités, réduction drastique des rejets d’azote, plan d’urgence pour la santé publique, transition agricole massive, mises en place de zones tampons… ainsi que de nombreux chiffres. « Cela permet d’avoir une vision globale du phénomène, de savoir pourquoi on se bat, qu’est ce qu’on demande et à qui on le demande », précise Evariste, qui espère ainsi que les lecteurs et lectrices « auront les clés pour s’engager ».

Le fanzine sera distribué aux associations, et disponible gratuitement dans différents lieux morlaisiens, comme par exemple le 2D, où aura lieu la présentation du travail d’Evariste le samedi 7 décembre à 19h. Le vernissage sera suivi d’un DJ Set de Maricela Lixa et d’autres invité.e.s.

Photo : Evariste Le Vot (à gauche) et Elso.







L’urgence de l’eau en Bretagne en bande dessinée

Éditée chez Locus Solus, la bande-dessinée « L’urgence de l’eau », scénarisée par Christian Baudu, dessinée et colorisée par Julie Wo, est un projet breton qui a pour objectif de sensibiliser à la préservation de la ressource. Pédagogique, mais aussi ludique, elle propose sous la forme d’un « road trip » mené par un écrivain et une journaliste indépendante, de partir à la rencontre de scientifiques, institutions, élu.e.s, millitant.e.s, associations… pour mieux connaître l’eau et mieux comprendre les enjeux qui y sont liés dans la région.

Savez-vous qu’en Bretagne, à l’inverse de la France, 75% de notre eau est captée dans les rivières et nappes de surface ? Lorsqu’une situation de sécheresse survient, comme ce fut le cas à l’été 2022, on peut se retrouver vite avec des problèmes d’approvisionnement en eau. Verra-t-on un jour les robinets se tarir ? Si on ne fait pas attention dès maintenant, on risque bien de voir cette situation se produire. Quel est l’état de la ressource en Bretagne ? Que peut-on faire pour s’adapter à la diminution de la ressource ? Que faire pour la préserver, en quantité et en qualité ? Et la crise de l’eau, c’est pour quand ?

Toutes ces questions, et bien d’autres, sont traitées dans la bande-dessinée « L’urgence de l’eau », scénarisée par Christian Baudu et dessinée et colorisée par Julie Wu, avec la collaboration scientifique de Gérard Gruau, directeur de recherche au CNRS à Rennes, président du Groupement d’Intérêt Scientifique Creseb, et membre du Haut Conseil Breton pour le Climat.

Un projet breton, qui est né au sein de l’association Les Hydrophiles, créée en 2015 à Redon, en Ille-et-Vilaine, dont Christian Baudu est l’un des co-fondateurs. Après avoir réalisé une Fresque de l’Eau, l’idée a été de mettre au point une bande-dessinée, à la fois ludique et pédagogique, toujours sur le thème de l’eau, en Bretagne.

Dans ce « docu-fiction ludique et citoyen », on suit un duo formé par Quentin Tiniak, auteur d’un livre sur l’eau, très techno-solutionniste, et Gwena Talbec, journaliste indépendante. Celle-ci lui propose de partir en « road trip » à la rencontre de scientifiques, d’agriculteurs, d’ élu.e.s, de militant.e.s, d’institutions, d’industriels, de millitants associatifs… pour lui ouvrir les yeux sur les enjeux liés à l’eau en Bretagne, la nécessité de la préservation de la ressource, et les bonnes pratiques à adopter.

Tous deux rencontrent ainsi Jean Jouzel, paléoclimatologue (qui a préfacé l’ouvrage, ndlr), Joël Labbé, ancien sénateur auteur d’une loi sur l’utilisation des produits phytosanitaires, Thierry Burlot Président du Comité de bassin Loire-Bretagne, Kristen Falc’hon, de Splann, qui a enquêté sur la filière porcine bretonne, Véronique Marchesseau, paysanne et Secrétaire de la Confédération Paysanne, les habitants de l’Ooberge, habitat groupé participatif à Dol-De-Bretagne, Edwige Kerboriou, agricultrice et vice-présidente de la Chambre d’Agriculture de Bretagne, commission environnement…

Les rencontres sont nombreuses et variées, et apportent chaque fois des informations éclairantes, avec beaucoup de chiffres notamment, sur la situation de l’eau en Bretagne. Sont évoqués ainsi le grand cycle de l’eau, le petit cycle, la biodiversité, l’utilisation de l’eau dans l’agriculture et l’industrie, la consommation de l’eau au quotidien chez les habitants et des astuces pour la réduire, la pêche, l’artificialisation des sols, le sur-tourisme, le recyclage de l’eau, la réutilisation des eaux usées…sans oublier l’aspect « sacré » de l’eau, très présent dans la culture celte et bretonne, avec les lavoirs et les fontaines…

Le propos est dense mais, guidé par le duo, le lecteur prend plaisir à lire. Et comme Quentin, notre regard change sur cette ressource qu’on pense bien souvent inépuisable, et sur laquelle on se pose encore trop peu de questions. A la fois pédagogique, ludique, riche en informations, mais aussi avec des passages plus oniriques, « L’urgence de l’eau » est à mettre entre toutes les mains, sensibilisées ou non, tant l’enjeu de la préservation de la ressource est aujourd’hui crucial.


Pour aller plus loin : une chaine Youtube a été créé, sur laquelle on peut retrouver les interviews réalisées pour la bande dessinée : https://www.youtube.com/channel/UCueznYvpLsz9b-MBYid82cg

A écouter : une interview de Christian Baudu, réalisée par nos amis de la radio associative Plum’Fm :

https://www.plumfm.net/fr/programs/10811/episodes/65333







En balade au fil du Jarlot

Dans le cadre du Festisol à Morlaix, une balade à la découverte du Jarlot était organisée, proposée par des bénévoles de l’association Eau et Rivières de Bretagne. L’occasion de découvrir sous un jour nouveau cette rivière qui fait partie du quotidien des morlaisien.ne.s. Reportage

Le rendez-vous est donné en haut du Parking du Pouliet, près du centre des impôts, à Morlaix. Après les pluies des jours précédents, le soleil est avec nous pour cette après-midi, sous le signe de l’eau. Accompagnés de Dominique Poupon et Jean-Jacques Lohéac, deux bénévoles de l’association Eau et Rivières de Bretagne, nous allons partir à la découverte du Jarlot, l’une des rivières emblématiques de Morlaix. Longue de 21 kilomètres, elle prend sa source à Plougonven, et rejoint le Queffleuth, pour former le Dossen, alias la Rivière de Morlaix. L’un des affluents du Jarlot est le Tromorgant.

Le petit groupe que nous formons (une dizaine de personnes) commence à cheminer. Direction « la station de pompage de l’eau », annonce Jean-Jacques. L’occasion d’emprunter l’ancienne voie ferré devenue Voie Verte, et de passer aussi devant les Jardins Solidaires, créés par le Comité de Chômeurs de Morlaix. Le Jarlot s’étire sur notre droite, alors que nous longeons les locaux des Chiffonniers de la Joie, par derrière.

Après quelques minutes de marche, nous arrivons auprès de la station. C’est ici que les eaux de la rivière sont pompées pour obtenir de l’eau potable. Eh oui, l’eau du robinet à Morlaix provient du Jarlot ! (Après traitement pour potabilisation bien évidemment) « Ici sont extraits entre 6000 et 8000 mètres cubes par jour », détaillent Dominique et Jean-Jacques. L’eau est ensuite traitée par l’usine du Pillion, à Plourin-Les-Morlaix. Nous nous approchons de la station, en la surplombant depuis une petite passerelle en fer. Cela nous permet aussi de remarquer aussi la présence d’un bief, signe qu’un moulin était présent sur le secteur autrefois.

La station de pompage à gauche au fond.

La première escale est finie. Nous repartons, cette fois vers le parking du Pont Noir, sur la commune de Plougonven. A pied pour les plus motivés, en covoiturage pour les autres. Cette fois, nous allons suivre et remonter la rivière au plus près, à partir du Moulin de l’Ermitage, rejoint après avoir emprunté une portion de la voie verte n°7, ancienne voie de chemin de fer qui reliait Morlaix à Carhaix. Arrivés à l’ancien moulin à papier aujourd’hui détruit, nous filons sur un chemin qui surplombe le Jarlot. Les berges ayant bénéficié d’un débroussaillage par l’AAPPMA (Association de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique) de Morlaix, nous pouvons nous aventurer sur celles-ci. Après avoir pris soin de descendre sans glisser malgré le sol boueux, nous voilà sur le bord de l’eau. Le débit du Jarlot semble bon. Le bruit de l’eau tinte à nos oreilles. C’est parti pour une marche de plusieurs kilomètres, au plus près de l’eau.

L’occasion d’admirer quelques plantes aquatiques, mais aussi des peupliers ou encore des plants de grand carex qui peuplent les berges. Pas de poissons à l’horizon, mais nous tombons sur des traces laissées par des sangliers qui ont remués la boue. Un héron se laisse également admirer, volant au-dessus de la forêt. Nous sommes entourés de végétation, au bord de l’eau. L’occasion de prendre un bon bol d’air frais et de profiter de la bienfaisance des arbres, du bruit apaisant de la brise et du Jarlot, qui prend par endroit des allures de rivière sauvage.

Après quelques kilomètres, nous arrivons au terme du parcours, au Moulin Marrant. Il est temps de faire demi-tour et de repartir vers le Pont-Noir, cette fois ci par la Voie Verte, chemin plus facile d’accès. Chacun.e semble ravi.e d’avoir pu participer à la balade qui nous a permis de découvrir le Jarlot sous un jour nouveau, grâce notamment au travail fourni par les bénévoles des associations locales.







L’arbre en vedette à Rennes avec la MCE

La Semaine de l’Arbre, proposée par la Maison de la Consommation et de l’Environnement et de nombreux partenaires, revient pour une quatrième édition sur Rennes et des communes environnantes. Objectif : découvrir l’arbre sous toutes ses coutures. Au programme : balade, grimpe d’arbres, projections, expositions, ateliers…avec pour cette édition 2024 une ouverture à l’international.

La Mce est une « association d’associations », née en 1983 à Rennes. Au départ formée de trois associations environnementales et de six associations de consommateurs,  elle regroupe aujourd’hui 29 structures membres : des associations de consommateurs (CLCV, CGLC, Confédération Syndicale des Familles…), des associations naturalistes et de protection de l’environnement (Eau et Rivières de Bretagne, Bretagne Vivante, le Gretia, Société Mycologique de Rennes…), et d’autres sur des thèmes liés au cadre de vie (Rayon d’action sur le vélo, Empreinte sur l’éco-habitat, La Bonne Assiette sur l’Alimentation…). Une quinzaine de salarié.e.s travaillent à la MCE, aussi bien sur des missions d’animation que d’administration. C’est aussi un lieu unique en France.

Pour la quatrième fois, la MCE organise avec de nombreux partenaires la Semaine de l’Arbre. Objectif : valoriser l’arbre, apprendre à mieux le connaitre, à une période de l’année où il est sans ses feuilles, et donc visible dans sa structure entière.

Au programme de cette semaine qui se déroule cette année du 23 novembre au 1er décembre : des ateliers, des projections, des balades, des rencontres, des expos…Cette année, un focus est mis sur l’international, pour découvrir les arbres du Maghreb, de Pologne, ou le projet de « grande muraille verte » en Afrique.

On pourra ainsi participer le 23 novembre à une plantation d’arbres à Chevaigné, participer à un troc plantes à Rennes le même jour, assister à la projection du film « Bialowiesa, dernière grande forêt sauvage d’Europe » au cinéma Arvor avec l’association Wild Bretagne, découvrir les arbres et les végétaux du parc de l’hopital Guillaume Régnier à Rennes le 26 novembre, faire une balade perchée dans les arbres avec Into The Tree et BaLAde Ecologique le 30 novembre dans le parc des Gayeulles.

Plus de 25 événéments sont ainsi prévus à Rennes et dans des communes environnantes. Certaines activités sont gratuites, d’autres payantes.

Pour plus d’infos et s’inscrire : https://www.mce-info.org/arbre/


Soutenez la MCE !

La Maison de la Consommation et de l’Environnement traverse actuellement « une crise financière remettant en question la pérennité de la structure à court terme », indique l’association dans un communiqué. Des emplois sont menacés. La raison : une augmentation des charges, et une baisse des subventions publiques, comme c’est le cas pour de nombreuses associations.

La MCE lance un appel aux collectivités locales, et au grand public. On peut faire un don, déductible des impôts à 66%, via le site HelloAsso : https://www.helloasso.com/associations/maison-de-la-consommation-et-de-l-environnement/formulaires/3




Portrait de femme n°19. Veronica Gomez Tomas, juriste en droit international de l’environnement

Rencontre avec Véronica Gomez Tomas, morlaisienne d’adoption, argentine de naissance, qui est juriste en droit international de l’environnement. Elle évoque pour nous son parcours, marqué par le voyage, et son engagement, aussi bien associatif que professionnel, pour les droits de l’homme et de la nature, ici et là-bas.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Veronica Gomez Tomas, je suis argentine de naissance et morlaisienne d’adoption. J’habite ici depuis 11 ans. Je suis juriste en droit international de l’environnement, je collabore avec des ONG spécialisées dans les droits de l’Homme, plus particulièrement sur la partie environnement, en France et en Argentine.

Quel a été ton parcours ? Qu’est ce qui t’a donné envie de devenir juriste ?

J’ai un parcours très atypique. J’ai fait des études de droit en Argentine. Là-bas c’est assez long, ça peut durer 6-7 ans. Et ce n’est qu’à la fin que nous avons des matières en lien indirect avec l’environnement. Mais à cette époque on n’appelait pas ça comme ça. Je me souviens par exemple, quand je révisais mes cours de « droit minier », parfois je m’arrêtais pour pleurer, beaucoup. Je reprenais ensuite mes esprits et je continuais, mais c’était trop violent. Quand j’ai terminé mes études, un prof m’a demandé ce que je voulais faire après. J’ai répondu que je voulais me consacrer aux « intérêts diffus ». Ce qui m’avait le plus marquée, c’était un article de la nouvelle Constitution (Réforme de 1994, suite à la Conférence de Rio de 1992) sur le droit à un environnement sain. C’était fin des années 90 et début des années 2000, on parlait du changement climatique et du Protocole de Kyoto, on commençait à évoquer le droit à un environnement sain, mais englobé dans la notion « d’intérêts diffus ».

J’ai eu ensuite un autre déclic dans ma vie. J’exerçais mon métier en Argentine, j’avais une vie très ordonnée et ordinaire jusqu’au moment où j’ai pris  une année sabbatique pour aller naviguer. Sauf que là, j’ai fait une petite erreur de calcul : au lieu de rester un an sur le bateau et de rentrer chez moi pour continuer à exercer mon métier d’avocate, je suis restée 7 ans sur le voilier, et j’ai fini avec un mari, deux enfants. Et on a jeté l’ancre à Morlaix ! (rires)

Ce voyage a complètement changé ma vie, ma vision du monde, mes priorités, mon lien avec la nature, avec les éléments, mon lien avec la transition écologique… Il y a eu un avant et un après. Cela m’a permis de vivre dans plusieurs pays très différents. Et en même temps, j’avais toujours ma façon de penser, une autre culture, un autre métier etc. A chaque endroit, j’avais cette vision par le prisme de l’accès aux droits de l’Homme, des problèmes environnementaux, des problèmes sociaux….

C’était une expérience très enrichissante. Déjà le fait de vivre dans un tout petit bateau, ça requestionne nos besoins. Au tout début, on habitait sur un bateau de 9 mètres qui n’était pas du tout équipé. Je crois qu’on développe une capacité d’adaptation assez intéressante ! On se rend compte que beaucoup de nos besoins ont été créés et ne sont pas forcément réels. C’est une des choses qui m’a le plus marquée.

Tu es aussi engagée à la Ligue des Droits de l’Homme…

Je suis entrée en contact avec cette association en 2018, car à l’époque je faisais partie du mouvement des Citoyens pour le Climat. On se retrouvait sur des causes communes. Je me suis dit que c’était un peu dommage que la LDH ne voyait alors pas le droit à un environnement sain comme un droit fondamental de l’Homme. J’ai intégré la Ligue ici, et j’ai travaillé en parallèle dans un groupe national sur l’environnement. Nous avons modifié les statuts de la Ligue en 2022 pour les élargir au droit à un environnement sain. C’était une victoire. Je continue à être dans le mouvement à Morlaix, ça me permet de donner de la visibilité à la thématique, notamment dans le cadre du FestiSol.

Eco-Bretons étant un média engagé dans les transitions écologiques, peux-tu nous dire ce que la notion de « transition écologique » t’évoque et ce qu’elle représente pour toi ?

Le mot transition évoque l’action de transiter, de cheminer. C’est un devenir, le passage d’une situation actuelle certaine à une autre situation future, souhaitable…

Face aux défis de notre temps, tels que le changement climatique, des crises sociales, l’épuisement des ressources, le dépassement des limites planétaires, la montée des inégalités… le changement des nos modèles de fonctionnement s’impose.

La transition englobe la notion de transversalité et de pluralité. Il n’y a pas de solution miracle, la transition se prépare. Elle est faite d’actes et de prises des décisions plurielles, en prenant compte des besoins et des savoirs des différents acteurs du territoire.

 La transition est l’opportunité d’imaginer un monde souhaitable, adapté aux nouvelles conditions de vie par le biais d’une convivialité choisie ; en veillant à mettre en place des nouvelles pratiques (économiques, sociales, agricoles) qui garantissent  l’accès aux droits de l’Homme en conditions de dignité en prenant compte de la capacité de régénération de notre planète.

Est-ce que tu t’identifies comme actrice de cette transition ? Pourquoi ? Comment ?

J’essaye d’avoir un rôle actif, dans différents domaines : Participation citoyenne, incidence et sensibilisation, éducation populaire. En contribuant à la réflexion, dans des instances de participation citoyenne et dans des actions associatives comme le FestiSol à Morlaix par exemple. Lors des dernières élections municipales, j’étais engagée dans le Pacte pour la transition qui proposait 32 actions en lien avec la transition écologique et sociale. Et actuellement à Morlaix, avec la Communauté d’action sur la transition écologique*, on réfléchit sur une sécurité sociale de l’alimentation.

J’anime des ateliers d’éducation populaire basés sur l’intelligence collective, tels que la Fresque du climat, la Fresque océane, la Fresque de la biodiversité… Elles apportent un éclairage et donnent des clés de compréhension sur les enjeux écologiques, qui appellent ensuite à passer à l’action.  Au bout de 3-4 heures, on voit la prise de conscience chez les participants. C’est une satisfaction énorme. On sème une petite graine.

J’essaye aussi de créer des ponts entre l’Amérique latine et l’Europe afin d’apporter un point de vue différent, en faisant connaître ici ce qui se passe là-bas et en favorisant l’échange des bonnes pratiques.

J ‘ai été la première animatrice de la Fresque du Climat en Argentine, dont je suis devenue référente pays. J’ai contribué à fonder la communauté et à essaimer le mouvement en Amérique Latine. Des événements dont je suis fière?  J’ai « fresqué » le Ministère de l’environnement, et j’ai emmené la Fresque au Forum Mondial des Droits Humains et à un forum sur l’urgence climatique et les droits de l’Homme dans les Amériques, organisé par REDESCA (le Rapporteur Spécial sur les Droits Économiques, Sociaux, Culturels et Environnementaux à la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme).

Depuis quelques mois, avec Anne-Sophie Menand, fresqueuse également, nous avons lancé le Fresk Noz, dans le pays de Morlaix. Il s’agit de la réalisation de deux ateliers de sensibilisation aux enjeux écologiques. Une Fresque climat dans les communes environnantes et une autre Fresque à Morlaix, tous les mois.

Selon toi, y-a-t-il des spécificités propres aux femmes dans la façon d’aborder la transition écologique ?

Oui. Tant l’écoféminisme que les mouvements écologiques ont une origine commune : la remise en question du modèle dominant basé sur le patriarcat et le capitalisme. Cela est bien illustré dans la fameuse phrase du philosophe Francis Bacon à la fin du XVIe siècle  « La nature est une femme publique. Nous devons la mater, pénétrer ses secrets et l’enchaîner selon nos désirs. » 

Le courant écoféministe établit le parallèle entre “mon corps, mon territoire”, en faisant référence aux deux terrains d’abus du patriarcat. Même chose avec l’extractivisme dont dépend le modèle capitaliste.

 Quels sont les souvenirs les plus marquants (personnes, événements…), les rencontres qui t’ont donné envie de t’engager ?

Mes 7 ans vécus sur un voilier. J’ai eu la chance aussi de passer du temps avec certains peuples natifs. J’en ai vu plusieurs qui étaient complètement ravagés car ils avaient vendu leurs terres à des particuliers, et se sont fait exclure. Les prix montent tellement qu’ils ne sont plus capables d’accéder aux terres. C’est toute une décadence qui s’installe, qui est sans fin.

Mais j’ai aussi fait la rencontre du peuple Kuna, que j’admire énormément, sur un archipel de plus de 300 îles au large de la Colombie et du Panama. Là-bas, c’est très préservé. Ce peuple est un exemple de résistance culturelle, assurée par le Matriarcat. Ce sont les femmes qui transmettent la culture, la langue. Ils n’ont pas le droit de se marier avec quelqu’un d’extérieur à la communauté, ce qui fait que c’est le peuple le plus petit du monde après les Pygmées. Il y a des problèmes de consanguinité, notamment de l’albinisme. Mais au lieu de les laisser à part et de les stigmatiser, ils les appellent « les enfants de la lune ». Ce peuple qui a fait la révolution en 1925 a une relation à la propriété qui est communautaire. Tout est préservé, avec des femmes au pouvoir !

 Qu’est-ce qui te révolte le plus actuellement ?

Au niveau global, la montée de l’extrême-droite. Au niveau personnel : le déni, l’indifférence, l’égoïsme, le manque de solidarité.

Et qu’est-ce qui t’enthousiasme le plus ?

L’innovation dans tous les domaines. La force de l’imagination pour sortir des sentiers battus, pour faire face aux nouveaux défis de notre époque. Et cela dans tous les secteurs confondus : l’innovation juridique par le biais des litiges stratégiques, des plaidoyers pour la reconnaissance du crime d’écocide ou des droits de la nature, qui ne sont pas encore reconnus dans les textes de loi. L’implémentation de la démocratie environnementale, avec les trois piliers que sont l’accès à l’information publique, la participation citoyenne dans la coconstruction des politiques publiques, qui vont avoir un effet sur la santé ou sur l’environnement, et l’accès à la justice.

Il y a aussi l’innovation sociale, avec l’engagement des jeunes par le biais des mouvements citoyens, des modes de gouvernance plus horizontaux, l’éducation populaire, les ateliers de vulgarisation scientifique tels que la Fresque du Climat et toutes les autres qui se sont inspirées de celle-ci, et qui offrent une vision sémantique des enjeux environnementaux accessible à tous.

L’innovation économique, avec le secteur de l’économie sociale et solidaire.

Je n’oublie pas non plus la force des réseaux, des think-tanks, le faire ensemble… Car c’est la diversité des points de vue, et l’union vers une finalité commune, qui font la force.

 Y-a-t-il selon toi des domaines d’actions prioritaires ?

Dans tous les domaines, il faut revoir l’échelle des valeurs et des priorités. Et se baser sur des valeurs comme la sobriété et la solidarité.

Générer une prise de conscience sur le besoin d’avoir une vision à long terme, qui prenne en compte non seulement la satisfaction de nos besoins actuels, mais aussi les effets collatéraux sur l’environnement et les générations futures. Et cela à tous les niveaux, dans les stratégies politiques, la planification urbaine ; dans l’éducation : pour sensibiliser les nouvelles générations et générer des prises de conscience, des nouvelles façons de consommer, favoriser des nouvelles méthodes de production.

Chaque prise de décision, chaque action façonne notre future à court, moyen et long terme.

Face au déclin de la biodiversité, face au dérèglement climatique, nous devons aller vers la régénération, vers l’adaptation, vers la résilience.

 En quels acteurs et à quels échelons territoriaux crois-tu le plus actuellement pour accélérer cette transition ?

L’échelle locale est souvent la plus efficace, car il existe un lien direct entre les acteurs du territoire et les connaissances des lieux, des savoirs faire, ainsi que les problématiques, les risques et leurs besoins. Les différents acteurs du tissu social et économique ainsi que les habitants de proximité doivent être écoutés et intégrés dans la prise des décisions liées aux enjeux environnementaux. Il est indispensable de donner leur place aux citoyens et aux divers acteurs des organisations de la société civile. Il y a tellement à faire, que toute contribution est valable. Tout un chacun a son petit rôle à jouer.  La sobriété et la solidarité étant des facteurs clés, pour ne laisser personne sur le côté.  

 Aujourd’hui, qu’est-ce qui compte vraiment pour toi ?

Le maintien de la paix. La préservation de la nature. Assurer le bien-être des générations futures et réduire les inégalités, par le biais de la solidarité, la sobriété, la cohérence.

Pour terminer, est ce que tu as des initiatives et/ou personnes « coup de cœur » que tu souhaiterais mettre en avant ?

Une personne : Paul Watson. Pour ses luttes : sauver les baleines, l’océan… mais tout cet acharnement contre lui !

Des initiatives : l’Agenda 2030 des Nations-Unies qui met l’humain au centre des objectifs de transition, par le biais de la coopération, pour en finir avec les inégalités, dans le respect de la protection de la nature, sans laisser personne de côté.  Il y a aussi La Directive européenne sur le devoir de vigilance qui vise à prévenir des atteintes graves, par les grandes entreprises, aux droits humains et aux libertés fondamentales, à la santé et à la sécurité des personnes et à l’environnement.

Une autre initiative qui existe depuis 2015 : Le projet de Déclaration Universelle des Droits de l’Humanité, qui est le premier texte à reconnaître des droits et des devoirs pour l’Humanité, vis-à-vis d’elle-même, des générations futures, des autres espèces et de la nature. Cette déclaration propose notamment de créer une interdépendance entre les espèces vivantes, d’assurer leur droit à exister et le droit de l’Humanité, pas seulement les Hommes, mais tous les êtres vivants, de vivre dans un environnement sain et écologiquement soutenable. Là, on sort de l’anthropocentrisme avec un regard plus occidental que celui des droits de la nature ou du « buen vivir ». C’est un projet que j’aime beaucoup, et que j’avais signé et cherché d’autres signatures pour le soutenir.

*https://fonda.asso.fr/ressources/morlaix-une-communaute-daction-pour-une-alimentation-durable