1

Un livret « d’épargne territoriale » sur les rails

Pouvez-vous expliquer en quoi consiste exactement ce projet de « livret d’épargne territorial » ?

Marc Potel : L’idée est de créer un livret qui est en quelque sorte un « livret d’épargne populaire » et de proposer ainsi aux particuliers des placements avec l’engagement de financer l’économie régionale. Cette épargne sera dédiée au financement des PME, PMI, et à l’économie sociale et solidaire, sur le territoire. Des critères d’éco-responsabilité seront intégrés dans les processus de financement.
Nous souhaitons aussi organiser la traçabilité des flux. Ainsi, nous nous engageons à fournir à l’épargnant des informations sur les projets financés à un rythme défini. L’épargne collectée sur le territoire Bretagne-Pays de la Loire restera ainsi sur ce territoire.

Quel va être le travail mené par l’Ecole Supérieure de Commerce de Rennes dans ce projet ?

François Lepineux : L’ESC de Rennes avait déjà en son sein deux centres de recherche. Un troisième a été créé il y a quelques mois, et l’un des projets sur lequel ce centre travaille se rapporte au livret territorial de la Caisse d’épargne. Nous considérons que ce projet de livret territorial est une innovation, car il touche au financement même de l’activité économique. En choisissant de financer des projets menés par des entreprises choisies sur des critères, non plus seulement financiers, mais aussi sociaux et/ou environmentaux, ce livret a pour vocation de construire son économie sur d’autres bases. Un ensemble d’acteurs a tout à y gagner.

Quels sont les thèmes qui seront abordés lors de l’événement de ce mardi soir ?

Marc Potel : La grande thématique qui guidera cette table-ronde sera « le territoire nouvel horizon de l’épargne, vers un financement responsable ». Deux tables-rondes sont organisées. La première portera sur la question de « proximité », avec la présence de André Torre, économiste, Jean Ollivro, géographe, et Michel Puech, philosophe, qui évoqueront ce thème sous différents aspects.
La deuxième table-ronde sera axée sur les réponses que peuvent donner les décideurs du territoire face à ces mutations. Nous nous interrogerons notamment sur les offres qui permettent de répondre à ce besoin d’épargne « locale ».
Ce sera également l’occasion de signer une convention de partenariat entre la BPCE (Banque Populaire Caisse Epargne), la Caisse d’Epargne Bretagne-Pays de Loire et l’Ecole Supérieure de Commerce de Rennes. Les travaux autour du livret d’épargne territorial devraient ainsi démarrer en fin d’année, pour un lancement au premier semestre 2014.
 

 

Plus d’infos

www.caisse-epargne.fr/particuliers/bretagne-pays-de-loire/accueil.aspx

www.esc-rennes.fr/index.php

 




Pour ou contre l’écotaxe ?

CONTRE

Alain Glon est membre du Collectif de convergence des intérêts bretons. Un collectif d’entrepreneurs, formé en juin dernier, qui se bat pour éviter « que ne se poursuive le déclin des activités en Bretagne ».

« Dans l’idée, l’écotaxe-poids-lourd aurait peut-être pu être supportée en Bretagne si nous étions plus performants sur d’autres points. Mais notre région est en récession et les entrepreneurs sont acculés. L’addition des intérêts particuliers ne fait plus l’intérêt général. Pourtant, les pays peuvent avoir une vision économique avec des mesures contraignantes. Nous n’y sommes pas opposés si elles sont constructives. Mais là, l’écotaxe ne répond à aucun projet. Et elle est destructrice sur le territoire. Nos pays voisins ont une stratégie en économie, nous n’en avons pas.»

 

POUR

 

Daniel Picquet-Pellorce est vice-président de Bretagne Vivante, association naturaliste régionale, membre de France Nature Environnement, qui a participé au Grenelle de l’Environnement en 2007.

« Comme France Nature Environnement qui a négocié le Grenelle de l’environnement, Bretagne Vivante est, bien entendu, en faveur de la taxe dans son principe. Notre association l’a clairement affirmé dès octobre 2008.
Pour autant, faut-il encore que la mise en œuvre de la taxe corresponde bien aux buts poursuivis. Il nous semble que la taxe tel qu’elle est proposée à ce stade ne se préoccupe pas de savoir quels sont les transports routiers actuels qui sont transférables à d’autres modes.
Il a fallu effectivement intervenir pour mettre hors taxe la collecte de lait. On comprend bien que d’autres transports relèvent de la même nature : transferts locaux d’animaux vers les abattoirs, transports locaux d’alimentation pour le bétail, et sans doute beaucoup d’autres… qui nécessitent du transport routier. Aussi l’idée d’appliquer la taxe uniquement sur des transports de longue distance (supérieurs à 300 ou 400 km), permettrait peut-être d’ajuster la taxe avec son objectif de transfert modal qui est impossibles sur les axes de campagne.
»


Retrouvez la suite de l’article dans le dernier numéro du magazine Bretagne Durable.

 




Innov’Deiz, une journée en faveur de l’innovation sociale bretonne

En quoi consiste Innov’Deiz exactement ?

Innov’Deiz est une grande journée dédiée à l’innovation sociale en Bretagne. Elle est portée par la Cress Bretagne, mais d’autres acteurs interviennent également, tels Bretagne Développement Innovation (BDI), des universités … L’idée est de donner carte blanche aux acteurs de l’économie sociale et solidaire pour qu’ils montrent leurs actions dans le domaine de l’innovation sociale. Nous avons dégagé un certain nombre de thématiques (circuits courts, économie circulaire, participation citoyenne, finances…) et avons proposé aux acteurs volontaires d’animer eux-mêmes et de rechercher les intervenants pour un « labo de l’ess », des ateliers où ils ont carte blanche.

Quel est l’objectif de cette journée ?

La volonté, avec Innov’Deiz, est de mettre en lumière les acteurs et les actions de l’innovation sociale. Nous avons recensé plus d’une centaine d’actions. L’idée est de montrer qui fait quoi, et comment. Sans oublier la mise en réseau des acteurs, les échanges entre les différentes structures…

Quel en est le déroulement ?

La journée va démarrer par une pleinière, où sera présentée une vidéo réalisée par le ministère de l’économie, mettant en avant des acteurs de l’ESS en Bretagne, ainsi qu’une cartographie de BDI, qui permettra de situer les innovations sociales de la région. Ensuite, plusieurs « labos » seront organisés, tous éparpillés dans la ville de Rennes, dans des lieux conviviaux comme des cafés, restaurants, locaux associatifs…Un déjeuner-réseautage aura lieu le midi, afin de permettre à tous les acteurs de se rencontrer et d’échanger. Les « labos » reprendront l’après-midi, avant une séance de clôture et de restitution des travaux, qui sera ludique et vivante. Enfin, une disco-soupe (soupe participative réalisée à partir de légumes mis au rebut, ndlr) est organisée en fin de journée.

Quelles pourront être les suites données à cette journée ?

La journée est l’occasion de lancer le mois de l’économie sociale et solidaire en Bretagne. Innov’Deiz, de par le rassemblement des acteurs de l’innovation sociale, pourrait créer une dynamique sur le territoire. Même si on ne peut pas savoir ce qu’il adviendra, il y aura forcément des suites à cette journée d’échanges et de rencontres.

 

Plus d’infos et programme détaillé

www.ess-bretagne.org/ess-innovation/2867-innovdeiz-linnovation-sociale-a-rennes-le-24-octobre.html

 




Ubapar : 30 ans d’actions en territoire rural

Qu’est ce que l’Ubapar ?

L’Ubapar, né il y a 30 ans, est un réseau qui fédère pas moins de 60 associations dans la région, c’est à dire dans les 5 départements de la Bretagne historique. Ce qui lie toutes ces structures est la volonté de développer les territoires ruraux bretons. Il y a une vraie diversité dans toutes ces associations : certaines ont une cinquantaine de salariés, d’autres seulement des bénévoles. Mais toutes, qu’elles oeuvrent dans les domaines de la jeunesse, de la culture, du développement durable, des loisirs, des langues gallèse ou bretonne, sont très attachées au développement de leur territoire.

Quel est l’objectif de ce réseau ?

Nous soutenons les actions de ces associations, et avons un rôle de coordination. L’Ubapar a ainsi mis en place différentes commissions, ateliers d’échanges, pour des associations qui ne sont pas forcément voisines sur un même territoire mais ont vocation à travailler ensemble. On apporte aussi un soutien technique, lors de montage de projets par exemple, ou encore de recherches de financement.

Vous fêtez les 30 ans du réseau cette année, lors d’une journée spéciale aujourd’hui samedi. Quel en est le programme ?

L’objectif de cette journée, qui est ouverte à tous, est de faire se rencontrer les membres du réseau, car toutes les structures ne se connaissent pas forcément. Ce sera un grand temps de rencontres et d’échanges.
Le matin, un temps de réflexion est organisé en compagnie de Jean Horgue-Debat, sociologue spécialiste de la question des milieux ruraux et des services publics dans ces territoires. Il y aura aussi une table-ronde sur le rôle des associations dans la réforme des rythmes scolaires.
L’après-midi, place aux animations avec des jeux buissonniers, un forum sur les outils pédagogiques élaborés par différentes associations (CPIE, Centre Forêt-Bocage, sac à dos « sortir dehors » élaboré par l’Ubapar…)…L’idée est vraiment de découvrir la richesse du réseau et ses actions, dans une ambiance conviviale.

 

Plus d’infos

www.ubapar.org




Agroalimentaire breton : la mobilisation continue

A la suite d’une réunion ministérielle organisée en urgence mercredi, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé plusieurs mesures pour aider le secteur agroalimentaire breton en souffrance. Le gouvernement s’est ainsi engagé « à ce que l’Etat, aux côtés de la région, des collectivités locales et des acteurs économiques, aide la Bretagne à surmonter ses difficultés actuelles et à préparer son avenir économique et social. ». Quinze millions d’euros devraient ainsi être débloqués pour aider les entreprises agroalimentaires. Les salariés se verront également proposer entre autre un « contrat de sécurisation professionnelle » renforcé, et le maintien durant un an de la quasi-totalité du salaire net mensuel. Un plan d’avenir pour le secteur sera mis en place, qui s’appuiera sur « des mesures pour les filières agricoles et porcines », sur « le développement de la méthanisation » et « sur une simplification réglementaire des installations classées pour la protection de l’environnement », le tout pour « donner les moyens à l’ensemble des entreprises agricoles et des industries agroalimentaires de se moderniser et de retrouver de la compétitivité, tant sur le plan économique qu’environnemental, pour recréer de la valeur ajoutée et des emplois ».

« Pour une véritable stratégie de filière dans l’agroalimentaire breton »

Ces annonces ne font pas l’unanimité. « Les mesures sont dérisoires », a ainsi lancée l’association « Produit en Bretagne ». « Le gouvernement se moque des besogneux ! » tonne la FDSEA du Finistère. « Le décalage entre les solutions proposées et la gravité de la situation actuelle et à venir en Bretagne est insupportable : cela revient à mettre un pansement sur une jambe de bois ! », affirme le syndicat dans un communiqué. Le syndicat Force Ouvrière, et notamment les délégués bretons, «  réclament une véritable stratégie de filière dans le secteur agroalimentaire menée par des pouvoirs publics et des acteurs économiques responsables. ». Tandis que pour Europe Ecologie Les Verts – Bretagne, « ces mesures sont des mesures minimales dans la situation douloureuse où se trouvent les salarié-es et leur famille. » L’attente et les inquiétudes semblent demeurer…D’autant que la polémique sur l’écotaxe fait toujours rage, et que Jean-Marc Ayrault n’a pas annoncé de report ou d’annulation. Le Président du Conseil Général du Finistère a d’ailleurs annoncé qu’il allait demander un « moratoire » sur sa mise en œuvre.
En attendant, les salariés de Gad, l’abattoir de Lampaul-Guimillau (29) particulièrement touché par les suppressions d’emplois, restent mobilisés, tout comme ceux de Marine Harvest Kritsen à Poullaouen (29) et de Tilly-Sabco à Guerlesquin. Après le pont routier de Morlaix, ils occupent aujourd’hui vendredi le Pont de l’Iroise à Brest. Et une nouvelle mobilisation contre l’écotaxe est également prévue samedi dans le Finistère.

 

La CCI de Morlaix débloque des fonds

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Morlaix a décidé de créer un fonds d’urgence et d’intervention "dans le cadre de la crise qui impacte l’économie locale". En effet, La CCI de Morlaix bénéficie "de fonds de réserve, qu’elle souhaite flécher sur des opérations concrètes de revitalisation territoriale.". Un capital de 6 millions d’euros sera déployé pour la constution de ce fonds, capital qui provient "d’opérations en capital réalisées à l’occasion du transfert des actions Brit Air à la compagnie Air France."

 

 

Le Conseil Général du Finistère "attentif à la situation"

Pierre Maille, Président du Conseil Général du Finistère, en visite aujourd’hui à Morlaix et dans son canton, a évoqué la situation de l’abattoir Gad. "J’ai demandé aux CDAS (Centre départementaux d’action sociale, ndlr) de rester en veille sur le sujet. Les Maires aussi doivent rester en contact avec les structures représentants le personnel, pour les accompagner. Il faut notamment être vigilants face aux emplois saisonniers et intérimaires", a-t-il déclaré.




Quand les citoyens prennent l’électricité en mains…

On compare souvent l’histoire de EWS (Elektrizitäts Werke Schönau) avec celle de David contre Goliath. Une aventure qui a démarrée en 1986, lors de la catastrophe de Tchernobyl. Certains habitants du village de Schönau, au cœur de la Forêt-Noire, ont alors pris conscience du danger représenté par le nucléaire. « Nous nous sommes demandés comment nous pouvions nous passer de cette énergie », explique Eva Stegen, responsable de la communication. Différentes initiatives sont alors mises en place, comme des concours d’économies d’énergie ou des réflexions sur l’utilisation d’énergies vertes. En 1991, les habitants apprennent que la concession de la distribution d’électricité de Schönau arrive à échéance. « Nous nous sommes alors dit : pourquoi ne pas racheter nous même cette concession? », raconte Eva. Démarre alors une longue bataille juridique, ponctuée de référendums et d’actions de l’ancien fournisseur d’électricité pour ne pas laisser filer le marché. En 1997, les « rebelles de Schönau », comme on les appelle alors, parviennent à prendre les commandes du réseau de distribution électrique, gràce à la création d’une coopérative citoyenne. C’est la naissance d’EWS.

« Les collectivités ont un rôle à jouer dans la problématique électrique »

En 1998, le marché de l’électricité allemand se libéralise, et EWS commence à distribuer aux habitants de Schönau de l’électricité verte, « issue uniquement d’énergies renouvelables et de cogénération », affirme Eva Stegen. Un an plus tard, le marché de l’électricité s’ouvre aux ménages, et EWS peut alors distribuer de l’électricité verte dans tout le pays. 140 000 allemands choisissent alors la société coopérative de Schönau comme fournisseur. Une réussite que salue Enercoop, notamment la coopérative régionale Enercoop Bretagne.  « C’est notre rêve d’avoir autant de clients ! », s’amuse Markus Kauber, chargé de communication et de formation de la structure. « Les conditions sont quand même un peu différentes en France », reconnait-il, « Ici, il y a très peu de régies locales d’électricité, alors qu’en Allemagne, les collectivités ont leurs propres réseaux de distribution. Avec Enercoop, notre objectif est d’inciter les collectivités à reprendre leur réseau électrique en main. Nous pensons que ce sont elles qui sont les plus à mêmes d’agir sur la problématique électrique », commente Markus.

La part belle aux citoyens

Enercoop, fournisseur d’électricité verte comme EWS, laisse aussi la part belle aux citoyens, comme en Allemagne. « La participation des citoyens est un outil idéal. Le consommateur a un pouvoir extraordinaire, au niveau commercial, mais aussi au niveau politique », analyse-t-il. « Ici aussi, le citoyen peut s’impliquer dans le domaine de l’énergie : l’implication citoyenne ne se limite pas seulement à changer de fournisseur d’électricité : on peut aussi se regrouper en coopérative pour créer un groupe de fourniture d’électricité, investir dans des Cigales qui financent des projets d’énergies renouvelables, ou dans le fond Energie Partagée… », développe Markus. Un bon moyen selon lui de faire levier sur la transition énergétique, domaine dans laquelle l’Allemagne semble avoir un temps d’avance sur la France !

 

Plus d’infos

www.ews-schoenau.de/

www.enercoop-bretagne.fr/