3000 contributeurs, 120 000 observations, 304 pages. Voilà quelques chiffres qui illustrent le travail accompli pour aboutir à la sortie, le 9 octobre, de « L’Atlas des mammifères de Bretagne ». Edité par Locus Solus, il a été réalisé par le GroupeMammalogique Breton (GMB), association d’études et de protection des mammifères sauvages de Bretagne, et de leurs habitats. « Notre objectif était à minima d’établir la répartition de toutes les espèces de mammifères sur les cinq département bretons. Il y a déjà des atlas existant dans d’autres régions, en Normandie par exemple, mais pas de manière complète en Bretagne », explique Franck Simonnet, chargé de la coordination de l’Atlas au GMB. « Nous avons voulu également aller plus loin que la simple répartition, et collecter un maximum d’informations. Un protocole d’inventaire a été mis en place, ce qui a permis d’obtenir des données chiffrées, notamment pour les micro-mammifères », poursuit Franck. Tout ceci sur les cinq départements, et avec la participation d’autres associations bretonnes (Bretagne Vivante, Viv’Armor Nature, Groupe Naturaliste de Loire-Atlantique, Groupe Chiroptère Pays de la Loire, Fédérations de chasseurs, Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage).
Une nouvelle espèce découverte
La réalisation de l’Atlas, qui s’est fait également avec la participation des citoyens qui ont pu envoyer leurs observations au GMB, a permis de mettre en avant ce qu’on appelle « la biodiversité commune ». « Nous avions une relative bonne connaissance de quelques espèces menacées, notamment par des travaux réalisés dans les années 80, mais sur les autres espèces plus communes nous ne savions réellement pas grand chose », révèle Franck Simonnet. Concernant la répartition des espèces, un « effet péninsule » a pu être constaté : plus l’on se rapproche du l’extrêmité Ouest de la Bretagne, moins il y a d’espèces et moins celles-ci comptent d’individus. « Cela se voit par exemple clairement pour les chauve-souris », indique Franck. Les raisons ? « Cela peut s’expliquer par le fait que certaines espèces ne sont pas encore arrivées jusqu’à la pointe bretonne. Le climat peut jouer aussi : les conditions sont différentes à l’extrème-ouest et à l’Est », poursuit-il. Autre résultat notable : la mise en évidence de régression chez certains espèces.
Ainsi, la musaraigne bicolore a vu sa zone d’habitation se restreindre, pour disparaître carrément de l’Est de la Région et être présente en Centre-Ouest Bretagne. « Elle est concurrencée par une autre espèce, la musaraigne musette, qui s’accomode beaucoup mieux des milieux naturels, et supporte davantage l’agriculture intensive », commente Franck. Chez certaines autres espèces, l’heure est plutôt au développement de la présence, comme c’est le cas pour la loutre, « En phase de recolonisation, notamment à l’Ouest de la région ». Une nouvelle espèce a été également découverte. Il s’agit d’une chauve-souris, le Vespertillon Bicolore. « C’est une espèce migratrice, qui serait en progression vers l’Ouest », indique Franck. Elle a été repérée à deux reprises en Bretagne, ce qui est synonyme de passage migratoire dans la région.
Carte de répartition de la musaraigne bicolore (Crocidure Leucode) © GMB
Tout ceci a permis de développer les connaissances sur plusieurs espèces (70 ont été recensées dans l’atlas), et devrait également « permettre de pouvoir mieux conseiller les décideurs, et d’élaborer des politiques publiques permettant de prendre en compte cette faune», estime Franck Simonnet. « Il faudrait maintenant affiner certains élements sur des espèces spécifiques, afin de mieux les comprendre et de mieux les protéger ». Un autre travail commence….
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