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Quand les plantes se parlent et nous parlent

La communication dans le monde végétal a longtemps été tenue pour marginale voire inexistante quand elle n’a pas été raillée. Depuis quelques décennies, cette vision a évolué.
C’est en premier lieu la communication entre les cellules et les organes de la plante qui a été étudiée pour comprendre sa croissance notamment. Les chercheurs ont ensuite constaté que la communication chez les plantes pouvait se faire sous terre, par le biais des racines, comme dans les parties aériennes.

Les plantes disposent par exemple de récepteurs sensibles aux composés organiques volatils émis par d’autres plantes. Elles sont ainsi capables de repérer leurs congénères, ce qui leur évite de les confondre avec des concurrentes et de dépenser inutilement des ressources à lutter contre elles. Les récepteurs de lumière des plantes sont assez perfectionnés pour qu’elles reconnaissent les longueurs d’ondes renvoyées par les plantes qui les côtoient, et ainsi recueillir des informations sur leur environnement.

En cas d’attaque par des herbivores, certains végétaux envoient des signaux chimiques qui, une fois captés par leurs voisins, les aident à mettre en place des stratégies de défense.
 Par exemple : brouté par une antilope, le koudou – l’acacia de la savane – augmente considérablement la teneur en tanin de ses feuilles, qui deviennent, alors, impropres à leur consommation. Et il en est de même pour les arbres situés dans un rayon de plusieurs mètres.

Les plantes sont aussi capables de communiquer entre elles par leurs racines. En cas de sécheresse, les feuilles des plantes de petits pois se ferment pour limiter la perte d’eau et  les pieds des plantes avoisinantes qui ne sont pas exposées à la sécheresse réagissent comme s’ils l’étaient.

Point n’est besoin d’avoir des yeux pour voir… Les plantes se parlent, venez les écouter lors de cette journée de conférences et d’échanges !

 

« La coopération plutôt que la compétition au sein du vivant »

Parmi les intervenants, le chercheur indépendant, Lilian Ceballos, écologue, microbiologiste et pharmacologue, consacrera sa conférence d’ouverture au rôle des signaux chimiques dans les interactions Plantes/Environnement. Eco-bretons l’avait interrogé en mai 2013, à Maure-de-Bretagne, dans le cadre  des Rencontres de l’Ecole du vivant consacrées cette année-là à l’approche systémique du vivant.  Il avait alors partagé avec les participants cette vision systémique des problématiques écologiques, à même de changer notre regard sur les végétaux. Outre sa démarche scientifique, Lilian Ceballos apporte une ouverture philosophique qui sort de l’antagonisme concurrentiel pour mettre en exergue les modes de coopération privilégiés par le monde végétal. Des réflexions et des applications qui sont capitales autant pour l’agroécologie que pour la thérapeutique et la pharmacologie, une source d’émerveillement…

Nous vous proposons de l’écouter à nouveau.

 

 

 

 

Programme de la journée « Quand les plantes se parlent ».

 

8h30 Accueil

9h15

Ouverture : René Vaudouer, Directeur du Lycée de L’Aulne, Henri Delbard, Président de la SNHF, Jean-Yves Pezivin, Président de la Société Horticole et d’Art floral du Bassin de Châteaulin, Gaëlle Nicolas, Maire de Châteaulin.

9h30

La communication chez les plantes (conférence introductive) :

Le rôle des signaux chimiques dans les interactions Plantes / Environnement

Lilian Ceballos, Chercheur indépendant, Consultant en écologie et biologie

9h55

Les interactions entre les plantes et les plantes parasites …

Grégory Montiel, Maître de conférences, LBPV – SFR 4207 QUA SAV, Université de Nantes

10h20

Les symbioses végétales : une piste pour le développement d’une agriculture durable

Guillaume Bécard,  Professeur, LRSV – UMR5546 CNRS, Université Toulouse 3

10h45 Discussion

11h15 Pause

11h45

La Thigmomorphogénèse : réguler les plantes en les touchant

Alain Ferre, Responsable d’expérimentation, Arexhor-Pays de la Loire

12h10

Les cultures associées, les plantes compagnes en culture légumières

Aurélien Fercot, Maraîcher Bio, Gaec de Biodivy

12h35 Discussion

 

L’après-midi

A partir de 14h30, 4 interventions dont :

Le végétal élément incontournable de l’aménagement urbain

Jean-Christophe Keravec, Responsable Patrimoine arboré, ville de Quimper

Quand les plantes parlent aux insectes … chez les orchidées

Colette Barthélémy, Pépiniériste, La Canopée Orchidées, Présidente de l’association Plantes et Cultures

17h00

Synthèse de la journée

Noëlle Dorion, Membre du conseil scientifique de la SNHF

17h15

Clôture et remerciements

17h30 fin

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Lieu : Lycée Agricole et Horticole de l’Aulne 
Rocade parc Bihan, 29150 CHÂTEAULIN (29)
Informations au 01.44.39.78.78. et info@snhf.org

 




En hommage à Rémi Fraisse, jeune naturaliste mort pour ses idées au Testet

« C’est avec une intense émotion et la plus grande tristesse que nous avons appris la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, dimanche, en marge de la manifestation citoyenne organisée à Sivens, dans le Tarn, contre le projet de barrage, à laquelle de nombreux militants du mouvement FNE participaient. Rémi était un jeune bénévole investi au sein de Nature Midi-Pyrénées, association affilée à FNE Midi-Pyrénées et France Nature Environnement. Actif au sein du groupe botanique de NMP, il suivait la flore protégée en Haute-Garonne où il assurait la coordination du suivi de la Renoncule à feuille d’ophioglosse.

Jérôme Calas, président de Nature Midi-Pyrénées : « Nous sommes sous le choc de la disparition de ce jeune bénévole passionné. Nous adressons nos condoléances et un message de soutien à sa famille et à ses proches. Nous avons toujours condamné toutes les violences qui entouraient la contestation au projet de ce barrage, les circonstances nous obligent à les condamner encore plus fermement aujourd’hui. Il est nécessaire de retrouver la sérénité, ne serait-ce que pour la mémoire de Rémi. »

Thierry de Noblens, président de FNE Midi-Pyrénées : « C’est un moment très dur pour notre mouvement, qui a souhaité montrer son engagement dans ce combat par une présence forte samedi dernier à Sivens. Nous ne pouvons que rendre hommage à ce jeune homme mobilisé contre ce projet, pour le respect de la flore et des espaces naturels de Midi-Pyrénées. Nous sommes consternés par la mort prématurée de ce jeune bénévole, nous condamnons les violences qui entourent la lutte contre ce projet inutile et l’acharnement des forces de police depuis le 1er septembre, nous espérons que cette escalade cessera au plus vite. »

Denez L’Hostis, président de France Nature Environnement : « Nos pensées vont d’abord à la famille de Rémi, à ses proches et ses amis de Nature Midi-Pyrénées. Nous nous associons à leur peine. Pacifistes par nature, nous condamnons fermement toute forme de violence : nul ne devrait mourir parce qu’il s’oppose à un projet insensé. C’est un jour de deuil pour le mouvement écologiste français et pour FNE. La responsabilité des pouvoirs publics et de l’Etat est engagée. »

 

« En France, en cas d’action illégale, mieux vaut être un paysan porté par un syndicat majoritaire. »

Christian Losson, parmi d’autres,  ne mâche pas ses mots dans Libération. Quelques morceaux choisis de son article intitulé « Face à la répression, les alters ne sont pas égaux » :

« Pourquoi la tension croissante autour de projets dits «inutiles» s’est-elle accentuée pour aboutir à un drame évitable ? Que cristallisent et racontent ces luttes ? «On est dans une société qui ne sait pas discuter démocratiquement face à ceux qui s’y opposent légitimement», dit Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’homme. Une société qui, selon lui, aurait «du mal à débattre de son développement avec un gouvernement» qui n’aurait «pas de projet politique» et replierait «son action sur la défense de l’ordre établi».

Un pays où l’on poserait les bases d’un Grenelle de l’environnement, où l’on consulterait sur la transition énergétique. Mais qui stigmatiserait «des forces qui proposent des alternatives plus respectueuses de l’environnement». Comme celles qui refuseraient le bétonnage de pistes pour un aéroport jugé archaïque (Notre-Dame-des-Landes, NDDL) ; la construction d’un barrage pour irriguer du maïs dans une zone en stress hydrique (Sivens) ; ou l’essor de l’agrobusiness animal (la «Ferme des 1 000 vaches»). Un pays qui, en revanche, cède aux transporteurs routiers sur l’écotaxe, laisse impunis des bonnets rouges qui ont incendié un hôtel des impôts à Morlaix, ou regarde, comme ce mardi, des éleveurs déverser du fumier devant la préfecture de Charleville-Mézières (Ardennes).


«On peut parler de criminalisation différentielle des mouvements sociaux, disait, le 7 novembre 2013 à Libération, Jérôme Pélisse, sociologue et coauteur de La lutte continue ? C’est une tradition en France : les agriculteurs qui dégradent des locaux de l’Etat bénéficient d’une réponse judiciaire plus rare et plus tolérante que les syndicalistes ouvriers.» Comme les Conti de Compiègne en 2009 ou les opposants aux «projets inutiles» made in France dont certains ont écopé de plusieurs mois de prison ferme.


«Destructeur». Deux poids, deux mesures ? «D’évidence, assure Pierre Tartakowsky. Il y a un sentiment étrange de voir l’Etat céder face à des mouvements régressifs et répressifs qui défendent des intérêts particuliers quand, de l’autre, il donne l’impression de renoncer à un vrai débat public face à des citoyens qui s’interrogent sur la conduite de politiques publiques, et plaident pour une prise en compte de l’intérêt général. C’est destructeur !» Mieux vaut donc, en cas de recours à l’action violente, être un paysan porté par un syndicat majoritaire, et «dont le modèle court à sa perte», selon Yannick Jadot, eurodéputé EE-LV. «C’est sûr : quand un abribus est incendié en banlieue, on demande la déchéance de la nationalité ; quand on défend une lutte environnementale, on est assimilé à des anarcho-violents-terroristes, poursuit l’élu écologiste. Les bonnets rouges engendrent, eux, de la compassion et beaucoup d’impunité.» Pour lui, pas de nuance possible : «On cherche toujours à disqualifier un combat quand il porte sur des valeurs d’avenir, comme c’est le cas à Sivens, à NDDL ou à la Ferme des 1 000 vaches.» En revanche, «quand il s’agit de préserver le monde d’hier, les collusions entre les intérêts productivistes et politiques donnent le sentiment de jouer à plein». Ce qui a abouti dans le Tarn, dit Jadot, à «l’accélération des travaux de déboisement pour faire oublier l’absu
rdité du projet et la création d’un climat de tension permanent avec les forces de l’ordre».


Sociologue et rédacteur en chef de la revue Mouvements, Nicolas Haeringer s’interroge sur le principe qui «consiste à faire porter le débat sur la violence des manifestants plutôt que sur les raisons qui ont poussé» des milliers des personnes à se mobiliser «contre les projets imposés». Si l’intervention des autorités a créé un trouble à l’ordre public plus important que celui auquel elle était censée répondre, c’est que l’Etat «a peur non pas de « l’insurrection qui vient » mais de l’expérimentation qui vient (…). »

Ce qui est arrivé dans le Tarn aurait pu se produire partout ailleurs

Hier soir, les « opposants aux grands projets inutiles » ont appelé à un rassemblement à Pontivy devant la sous-préfecture en soutien à la famille de Rémi Fraisse. Pour les opposants « Ce qui est arrivé est dans la continuité de la réponse de type militaire, employée ces dernières années par les pouvoirs publics, face aux protestations concernant ce type de grands projets inutiles, dans une optique toujours plus marquée de criminalisation de toute forme de contestation. En tant qu’opposants à d’autres grands projets inutiles (aéroport Notre-Dame-des-Landes, projet d’exploration minière en Centre Bretagne), nous sommes tous conscients que ce qui est arrivé dans le Tarn aurait pu se produire partout ailleurs. Nous souhaitons nous associer à la peine de la famille de Rémy Fraisse, marquer notre solidarité avec les opposants du Testet, et exprimer un raz-le-bol de cette forme de radicalisation de la violence d’Etat. ».
 

Plus d’infos :

http://www.liberation.fr/societe/2014/10/28/face-a-la-repression-les-alters-ne-sont-pas-egaux_1131484

Sivens : la lettre ouverte des associations à Manuel Valls:

http://www.fne.asso.fr/fr/sivens-la-lettre-ouverte-des-associations-a-manuel-valls.html?cmp_id=33&news_id=13906&vID=916

Après Sivens, leur silence et notre écœurement :

http://blogs.mediapart.fr/blog/mickael-marie/281014/apres-sivens-leur-silence-et-notre-ecoeurement

Dossier complet sur la bataille pour sauver la zone humide du Testet : http://www.reporterre.net/spip.php?article6247

 




Corinne Cuénot ou l’art du fer… dans la dentelle

Plasticienne installée à Tréguier depuis quelques années, Corinne Cuénot s’est lancée jeune dans la peinture au contact d’un grand-père peintre de paysage. A 19 ans, elle entrait dans un atelier préparatoire aux Beaux-Arts à Port Royal, puis de 1983 à 1989, elle devint élève de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Après une quinzaine d’années de pratique picturale, elle quittait Paris pour les Côtes d’Armor, et débuta la sculpture.

Très vite, le fil de fer s’impose comme son matériau de prédilection. Elle y joint d’abord du fil de  lin, de la toile de jute et plus récemment de la cire d’abeille. Son travail s’apparente souvent à du tissage, celui de la dentellière ou de l’araignée, un travail foncièrement féminin. Elle parle du temps, celui qui passe, qui abime parfois et qui détruit ; elle parle des corps, de leur fragilité, de leurs métamorphoses…

Trois questions à Corinne Cuénot :

Pourquoi avoir choisi le fil de fer ?

« Je travaille ce matériau un peu comme une dentellière ou une couturière ; j’aime cette matière d’apparence très froide (bleue acier) qui prend au fil du temps, en se patinant ou plutôt en s’oxydant, une couleur plus chaude, presqu’une matière vivante, puisque la rouille, si on n’y prêtait attention, la rongerait comme une maladie. Le fil se modèle à l’infini, joue avec la lumière en projetant des ombres portées qui provoquent une extension de l’œuvre.

Et les robes d’insectes ?

J’ai introduit des insectes dans mon travail alors que je travaillais sur des globes de mariés, ils symbolisaient la décrépitude, le grignotage du temps. Pour la cape de cérémonie qui représente une montée de coléoptères, mon idée était de construire un vêtement qui projetterait les ombres des insectes sur la personne qui la revêtirait. Il y a l’idée de transformation, de passage d’un état à un autre, d’un corps finissant et renaissant. Beaucoup de mes pièces sont en fait des vanités*.

Dans ma série de parures éphémères (robes, châle, gants, pantoufle de vers), j’ai voulu traduire la fragilité et l’impermanence des êtres, du monde vivant. C’est aussi une référence aux robes de « Peau d’âne » dans le film de Jacques Demy, un de mes films cultes. L’épisode des robes me fascine toujours autant et l’impossibilité ou presque de recréer les merveilles de la nature sur celles-ci est un défi que j’avais envie de tenter.

Pourquoi avoir choisi de vivre en Bretagne ?

Parce que, avec mon compagnon, nous partagions ce même désir et amour pour cette région. J’ai besoin de me sentir bien et en parfaite harmonie avec le lieu où je vis, c’est une condition d’épanouissement pour mon travail. Je ne sais pas si mes réalisations auraient été différentes ailleurs, mais c’est ici que je veux vivre et créer.

 

*La vanité est un genre pictural appliqué aux natures mortes, mettant en contraste des éléments symbolisant d’un côté la vie, l’activité, la nature et de l’autre la mort. Le terme « vanité » signifie littéralement « souffle léger, vapeur éphémère ».

Cet article a été rédigé sur la base du dépliant – fort bien tourné – remis aux visiteurs de l’exposition « Au fil du conte » par les organisateurs.

www.corinne.cuenot.free.fr

http://www.le-vallon.fr/le-vallon_art-visuel_expo.htm

 




Écoute, donc… ces voix de femmes des Monts d’Arrée !

L’exposition « Ecoute, donc ! Parcours de femmes » est le résultat d’un collectage mené sur le territoire des Monts d’Arrée par les adhérents de l’association des Amis de l’écomusée et l’équipe salariée. Une dizaine de bénévoles a ainsi pris part au projet dès sa naissance, en allant sur le terrain collecter des témoignages et en participant à des réunions d’échanges sur les informations obtenues. La structure Histoire de Son (http://www.histoiredeson.com/) a également contribué à la scénographie sonore de l’exposition. Chaque réunion a pu apporter sa part de débats et d’échanges sur l’échantillon de femmes rencontrées et l’analyse que l’on pouvait tirer de leurs témoignages. La matière de cette exposition est humaine et sonore… Par ce qu’elles disent, mais aussi par leurs accents et leurs voix, ces femmes deviennent elles-mêmes du patrimoine local !

Trente-trois femmes d’âges, d’origines géographiques et de professions divers ont ainsi accepté de se confier sur leur lien au travail, à la religion ou tout simplement aux Monts d’Arrée auprès des adhérents qui ont su établir avec elles des relations de confiance. Grâce à elles, plus de quarante heures d’enregistrement sonore forment le corpus documentaire sur lequel s’appuie le propos de l’exposition.  L’étude des entretiens, menée au fur et à mesure au sein de l’équipe de l’écomusée, a permis de mettre en valeur des informations importantes sur les continuités et ruptures entre les différentes générations de femmes vivant aujourd’hui sur le territoire des Monts d’Arrée.

Au-delà des témoignages, de nombreux objets et photographies, issus des collections personnelles des femmes rencontrées ainsi que de la collection propre de l’écomusée des Monts d’Arrée sont exposés. Le musée de l’école rurale en Bretagne de Trégarvan a également participé activement à cette aventure. Le parcours de l’exposition est le reflet de ce collectage. Divisée en trois parties, l’exposition présente des aspects choisis de la vie des femmes à différentes époques.

 

Des années 1940 à nos jours

La première partie de l’exposition présente la vie dans les années 1940 et 1950, vue par une génération de femmes nées avant la fin de la Seconde guerre mondiale. Des entretiens menés avec ces dernières, trois thématiques se sont imposées comme étant particulièrement révélatrices de la condition des femmes à cette époque : la religion catholique, souvent obligatoire pour les filles ; le travail, notamment à la ferme, peu reconnu, peu valorisé et surtout rempli par obligation, parfois toute une vie ; le temps des loisirs et des sorties, limitées par rapport à celles des garçons qui étaient moins surveillés.

« Et à quel âge tu as commencé à avoir le droit de sortir ? […]  «Oh tard! Ma mère voulait rien savoir. Sauf quand y avait le droitd’aller faire du théâtre avec le curé.» Annick, née en 1932

«J’ai été à l’école jusqu’à 16 ans, jusqu’au BEPC. Et puis comme on m’avait toujours dit que je resterais à la maison… On m’a toujours dit quand ton frère ira faire son service militaire, il faudra bien qu’il y ait quelqu’un qui reste. Et moi je n’ai pas… Pourtant j’ai des amies qui sont institutrices, j’aurais pu. Avec le BE en ce temps- là, on pouvait devenir institutrice. Oui un an de plus, ça m’aurait plu… » Marie-André, née en 1939

«Moi, par exemple, mon frère ne trayait les vaches qu’en cas de nécessité. Donc j’avais ça en plus, j’avais les vaches à traire, amener les bêtes aux champs… C’était souvent les femmes, les chercher, les surveiller.. Et mon frère, c’était le vrai travailleur pour le blé, les semences, la charrue, la charrette. Parce que tu penses que toi, ce n’était pas du vrai travail ? Ça n’a jamais été considéré comme du vrai travail. » Francine, née en 1923

 

Les années 1960 – 1970

Entre exode rural, transition linguistique, effets des premiers mouvements féministes, modernisation agricole rapide et installations des nouveaux arrivants de la génération post-68, la période des années 1960 à 1970 est un moment de transition brutal pour les femmes

des Monts d’Arrée.  Cette période fait l’objet d’une partie importante de l’exposition, dans laquelle se mêlent les témoignages des plus anciennes, qui insistent davantage sur les bouleversements qu’elles voient arriver, et ceux des plus jeunes, qui nous racontent un monde rural encore traditionnel.  Le rapport au breton, plus rapidement abandonné par les femmes que par les hommes, aux déplacements et notamment au permis de conduire, ou encore la modernisation des campagnes et des maisons, sont les points marquants de cette période qui affecte différemment les hommes et les femmes.

 «Bon, il y en a qui ne voulaient pas voir leur épouse conduire...» Marie, née en 1939

Araok ar «machine à laver» ? C’hwi peus bet «ur machine à laver»… E peseurt bloavezh ? «Ben, 65 . He deus troet, kae…Al lienninoù a veze d’ar poent-se, rankemp kannañ toud, beñ… Ugent vloaz, ma graet ganti. Petra oa dijà … Ur merk vat..une « Vedette » ! Simone, née en 1930

« Est-ce que tu peux me décrire la maison de ton enfance ? Une maison grande, sans confort, et avec, pas toute la famille mais il y avait un grand-oncle, ma grand- mère, mes parents, ma sœur. Il y avait plusieurs générations. Donc sans eau courante. Electricité quand même. Sans sanitaire. Donc pas d’eau chaude non plus. Sinon celle qu’on fait chauffer. Si, seul système de chauffage qu’on avait, c’était la cheminée, le feu de bois. Mais ça me choquait pas puisque les autres personnes, enfin les autres enfants de mon âge c’était à peu près pareil aussi. On était tous dans le même cas, et après j’ai découvert un petit peu plus de confort en allant au collège, en pension.» Sylvie, née en 1968

 

Des années 1980 à nos jours

Cette partie de l’exposition, plus délicate puisqu’elle étudie la situation des femmes dans les Monts d’Arrée aujourd’hui, tente de mettre en évidence le rapport des plus jeunes générations à leur territoire.  Les jeunes femmes rencontrées ont fait le choix de s’installer ou de rester dans un territoire qui n’offre plus les mêmes possibilités d’emplois qu’auparavant, ni les mêmes services, en termes d’accès aux soins ou de transports. Moins dépendantes et contraintes que leurs aînées dans les domaines du travail ou des déplacements, elles sont attachées au travail de la terre et à leur autonomie, notamment alimentaire. Avec davantage de recul sur les rapports entre les hommes et les femmes, elles portent leur projet de vie en l’inscrivant dans le territoire qu’elles ont choisi, tout en n’excluant pas d’en repartir un jour. Leur rapport au monde citadin, à qui elles reprochent souvent de méconnaître la  vie dans les Monts d’Arrée, est particulièrement représentatif de leur choix, presque politique, de vivre à la campagne.

 «Si par exemple le professeur avait le malheur d’employer le mot autarcie, c’était pour moi quoi. Comme quoi ici on vivait en faisant du troc, que mon courrier était apporté par des corbeaux… » Gwendoline

«Quand on demande où tu habites, tu dis Botmeur dans les Monts d’Arrée, «oh la la! comment tu fais pour habiter là-bas?» Solenn

«Sur 90% de la Bretagne, c’est-à-dire la Bretagne des terres et la Bretagne des paysans, on est dans du patriarcat, c’est clair. C’est pas une femme qui dirigera la ferme, jamais. ?
?a se saurait. Mais non, non, pour moi ça c’est du pipeau. Mais ça fait partie du folklore, ça fait partie du folklore. Que des gens aient des caractères marqués, oui ça c’est sûr, et que les femmes ouvrent leur bec, oui ça c’est sûr. Mais, après non, je pense que c’est… Moi j’y crois pas trop à cette histoire de matriarcat. »
Anne

«Dans le milieu agricole traditionnel, la femme reste quand même… C’est elle qui fait la traite, enfin, elle fait des trucs, voilà quoi, des trucs pas forcément à responsabilité. La tradition est restée dans le milieu agricole. .. » Noëlle

http://ecomusee-monts-arree.fr/

 

 




Pour que la vie ne manque pas de sel, le vent nous le portera !

Brest, Camaret, Audierne, Concarneau, Lorient, Belle-Île, Yeu, Pornic, Noirmoutier, Nantes, le Crouesty, Lorient, Concarneau, Roscoff, Morlaix, l’Aber Wrac’h, Camaret, Brest, Plougastel et Landerneau, autant d’escales où sont chargées et livrées plus d’une vingtaine de tonnes de produits tels que des vins, du sel, des produits de la ferme, des conserves de légumes, de poissons de fruits de mer, ou de porc, des cidres, du safran, du miel, des tisanes, des confitures, des algues, des bières, des pâtes ou des pommes de terre. Selon un cahier des charges précis, quelque 700 milles sont ainsi parcourus, en une quinzaine d’escales, pour livrer 150 références de produits locaux et bios bretons à des partenaires distributeurs, de la Vendée au Trégor.

« La saline de La Galopinière a été la première au milieu des années 90 à faire revivre la grande aventure de la saliculture dans le marais breton », indique Stéphane Guichen qui a ouvert son atelier-boutique voici un an aux écluses de Morlaix (1). « Travaillée dans le respect des traditions et de l’environnement elle offre le meilleur d’une nature exceptionnellement préservée. En choisissant de produire et de transporter du sel sans émission de co², Ty an Holen se veut aussi l’ambassadeur d’un mode de vie plus durable et d’une consommation plus responsable. », poursuit-il.

Des valeurs partagées par Guillaume Legrand avec TOWT – Transport à la voile qui travaille à une meilleure connaissance de ce mode de transport, propre et durable (2). En effet, le trajet, accompli sans pétrole, ne contracte pas la dette environnementale que les transports classiques creusent chaque jour. Towt – Transport à la voile entend ainsi proposer une réponse concrète et immédiate.

Livraison et vente directe de sel, mercredi 9 juillet aux écluses du port de Morlaix

Le sel Ty an Holen arrivera à Morlaix à bord de la gabare Notre-Dame-de-Rumengol  mercredi 9 juillet prochain, aux alentours de 16h-16h30. Dix tonnes qui auront fait le tour de la Bretagne à la voile depuis Pornic (44) afin que leur empreinte carbone ne soit pas supérieure à celle des tomates du jardin sur lesquelles elles finiront !

Stéphane Guichen et l’équipage invitent  le public à venir accueillir le bateau aux écluses du port de Morlaix et à les aider à débarquer le sel en participant à une mini-chaîne humaine. Chaque participant se verra restituer sous forme d’un sac de bon sel gris l’ensemble des minéraux qu’il aura transpiré pendant l’opération.  « Il sera également possible de venir en bateau accompagner l’énorme gabare dans sa remontée de la baie et de la rivière de Morlaix. Ou amener des instruments de musique. Ou une bilig. Ou les quatre, c’est-à-dire avec une bouteille bien entendu ! », précise Stéphane Guichen. « Pour celles et ceux qui voudraient faire leur réserve à cette occasion (conserves, bains, cochons, biquettes, restaurants, boulange, fromage…) le sel sera proposé au prix de 1.10€ le kilo / sac de 25-30kg ».
 

Il ne tient qu’à nous tous d’aider à pérenniser cette ligne nord-sud-sud-nord Bretagne à la voile (3ème édition en 2 ans) pour engager notre région sur la voie de la transition énergétique.

(1)http://www.nordbretagne.fr/Ty-an-Holen-Dans-le-marais-salant-de-Stephane-Guichen_a2134.html
(2)http://www.towt.eu/par-la-seule-force-du-vent-de-nantes-a-morlaix/

 

 

Transportant du temps de son activité de gabare : bois, oignons, fraises, sel et vin, Notre-Dame-de-Rumengol, ce travailleur de la mer, est un témoin de sa mission première au 21ème siècle. Propriété de l’association An Test, le bateau transmet une culture, un patrimoine. Une souscription spéciale (1), pour la restauration du bateau est lancée auprès du grand public et des entreprises.

 

Ce transport à la voile est organisé par TOWT avec le soutien du Conseil Régional de Bretagne, dans le cadre du dispositif de modernisation de l’offre des voiliers de Bretagne.

 

  1. http://www.fondation-patrimoine.org/fr/bretagne-6/tous-les-projets-335/detail-bateau-notre-dame-de-rumengol-14483



2ème plan climat-énergie territorial 2014-18 du Conseil général du Finistère. Beaucoup de bruit pour rien !


Le bilan de la « consultation »rend compte de nombreuses remarques d’associations et de personnes individuelles concernant la centrale de Landivisiau (pages 16,17,18). Nous donnons ci-dessous les réponses du Conseil Général (page 24 du rapport).


III.1.3.2. Les observations relatives au projet de centrale à cycle combiné gaz de
Landivisiau :

De nombreuses contributions ont porté sur le projet de centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau. Huit des vingt contributions reçues portaient sur ce sujet. Ces différentes observations peuvent être regroupées sous les thématiques suivantes :

a) Les contributions :

- L’absence de transparence : la position des collectivités locales est perçue comme peu claire et comme favorable au projet. Certains contributeurs manifestent également des inquiétudes sur d’éventuelles indemnités promises à l’opérateur en cas d’abandon du projet.

- L’annonce de la réalisation de la centrale en 2016  : plusieurs contributions signalent une incohérence à annoncer la mise en service de cette centrale pour l’automne 2016 alors même que l’enquête publique n’a pas encore eu lieu et que les étapes de consultations et d’enquête publique sont des étapes majeures qui peuvent remettre en cause le projet.

- Les rejets de fumée de la centrale : certains contributeurs dont le groupement des agriculteurs biologiques s’inquiètent de l’impact qu’aura le panache de fumée. La durée de fonctionnement évaluée entre 2000 et 6000 heures par an est rappelée et interroge directement la question de l’effet sur les cultures. Le type même d’équipement est contesté car consommateur d’énergie fossile, générateur de gaz à effet de serre et d’un rendement énergétique jugé contestable.

- Le choix technologique : certains contributeurs contestent le fait que la centrale soit moins polluante que les turbines à combustion (Tac) utilisées actuellement. Ils indiquent que la centrale dégagerait entre 3,2 à 56,7 fois plus que les turbines au fioul de Brennilis et de Dirinon réunies. Ils concluent donc que le Finistère augmenterait ainsi ses émissions entre 208 500 tonnes et 895 900 tonnes de CO2/an, soit entre 3 et 13,8 % de CO2 en plus et non en moins.

Sur les questions techniques toujours, le collectif Gaspare est en désaccord avec le fait que les turbines à combustion soient appelées à être arrêtées à l’horizon 2015.

La durée de fonctionnement de la centrale compte-tenu des pics de froid est également contestée. L’utilisation prévue de la centrale est comprise entre 2000 et 6000 heures par an ce qui représente entre 83 et 250 jours par an : ce n’est pas conforme aux pics de froid en Bretagne.

- Le financement du projet : Les contributions sur le sujet portent, d’une part, sur la question de l’affection d’une partie de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) pour le projet et sur le positionnement de ces financements sur de la production et non sur des actions de réduction de la consommation. Ainsi, certains contributeurs contestent le financement public du projet centrale via la CSPE en indiquant que l’opérateur retenu pourrait toucher jusqu’à 40 M€ par an pendant 20 ans. Ils demandent à ce que les conditions d’utilisation de la CSPE soient rappelées dans le texte final du PCET

D’autre part, ces contributions sollicitent l’utilisation des financements publics pour développer des actions de réduction de la consommation et de production d’énergie renouvelable. Ils proposent de redéployer les financements prévus pour ce projet au profit d’investissements dans des politiques volontaristes de réduction des consommations.

Enfin, certaines contributions proposent des nouveaux mécanismes de taxation et de financements (taxation progressive des comportements générateurs de gaz à effet de serre, aide à l’isolation des bâtiments, aide à la production locale et à la recherche d’autonomie d’énergie).

Des contributeurs signalent que des centrales à gaz sont à l’arrêt : la centrale de Montoir de Bretagne est mise sous cocon, la centrale de Toul est à vendre alors qu’elle a été inaugurée en juin 2013. Selon ces contributeurs, ces centrales au gaz ne sont plus rentables.

Les conditions de concertation et le recours à la commission nationale du débat public (CNDP) : des contributeurs sollicitent du conseil général du Finistère une saisine de la commission nationale de débat public (CNDP).

b) Les réponses :

Sans préjuger de l’intérêt de ces contributions, il est nécessaire de rappeler que le Conseil général n’a pas compétence en matière de politique énergétique : l’appel d’offres qui a abouti à retenir le projet de centrale à cycle combiné gaz a été rédigé et piloté par les services de l’Etat.

Le Conseil général n’a pas été consulté dans ce cadre.

Le Conseil général n’a adopté aucun avis sur le projet.

S’agissant de la formulation utilisée dans le 1er document du PCET, le Conseil général prend acte des observations émises quant à l’absence de certitude, à ce stade de la procédure, sur la réalisation effective de la centrale. Les corrections nécessaires seront donc dans les documents définitifs. Dans les phrases concernées, les verbes exprimés au futur seront donc remplacés par les mêmes verbes au conditionnel.

S’agissant des éléments techniques, le Conseil général renvoie les contributeurs vers les documents publiés par l’Etat et la Région dans le cadre du pacte électrique breton.

L’ensemble des données relatives à l’état des lieux y sont présentées.

Enfin, concernant les aspects financiers, le Conseil général rappelle qu’il n’est pas compétent pour agir, tant sur les choix d’affectation de la CSPE que sur les autres financements associés au projet de centrale à Landivisiau.

Sur les modalités de concertation, le Conseil général est intervenu auprès des services de l’Etat pour que la population locale et finistérienne soit le plus largement possible associée aux étapes du projet. Il a notamment demandé au Préfet la création d’une Commission Locale de d’Information et de Suivi. En revanche, le Conseil général ne peut influer sur la décision de la Commission Nationale du Débat Public.


Notre commentaire :

Le Conseil général n’a adopté aucun avis sur le projet ?

N’est-ce pas son président qui déclarait en avril 2011 au sujet d’une centrale électrique à gaz dans le Finistère : « Cette centrale d’appoint se justifie, parce que les deux autres options n
e seront pas opérationnelles immédiatement. Et parce que les énergies renouvelables sont intermittentes. Elles ne vont pas produire au moment où nous en aurons besoin. Et nous ne sommes pas encore très équipés pour stocker l’énergie. C’est un tout cohérent »
.

N’est-ce pas lui qui confirmait, en février 2012, qu’il était favorable à une centrale électrique à gaz dans le Finistère mais « Qu’il aurait préféré Brennilis »  ?

Si, donc, le Conseil Général du Finistère et son Président n’ont rien à dire au sujet de la Centrale à Gaz de Landivisiau, qu’il se taisent vraiment et surtout qu’ils ne prétendent pas avoir élaboré un véritable « plan climat-énergie » pour le Finistère.

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