Eteignez vos lumières samedi 14 octobre, Le jour de la nuit propose de redécouvrir les étoiles

Il est encore temps de participer au Jour de la nuit qui se déroulera dans la nuit du samedi 14 octobre au dimanche 15. Le Jour de la Nuit est une opération de sensibilisation à la pollution lumineuse, à la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé. Deux manière de participer : rejoindre une des animations proposées sur le territoire, comme des balades nocturnes mêlant observation de la nature et explications scientifiques, ou s’inscrire à une extinction.

Eteindre les lumières le temps d’une nuit pour prendre conscience de l’impact de la pollution lumineuse. Samedi soir ce sont 350 villes et villages, dont 17 bretonnes, qui vont intégralement ou partiellement couper leur éclairage publique. S’ajoute à cette initiative les extinctions individuelles, pour lesquelles chacun est libre de s’inscrire sur le site internet de l’opération. A ce jour 651 individuels sont inscrits, c’est peu, et même si ces actions restent des actions en premier lieu symboliques, il est important de les souligner en y prenant part.

Pour vous inscrire et manifester votre soutien à des actions contre la pollution lumineuse, voir la cartographie des actions ou vous renseigner sur cette manifestion qui existe depuis 2014, rendez vous sur le site du jour de la nuit.

Ou le facebook  

Qui ? Que ? Quand ? Quoi en Bretagne ?

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Landivisiau > association Alnitak > observation des étoiles à l’oeil nu et avec instruments – 20h/23h. contact : 0666375566

Morlaix > ULAMIR CPIE > une balade à la recherche des animaux nocturnes -20h/23h > RDV sur le parking de l’espace aquatique de Plourin Les Morlaix. contact : 02 98 67 51 54

Saint Renan > PEGASE > observation astronomique et conférence-20h30/23h.Observatoire du College de Kerzouar. contact : 0298843636

Quimper > association d’astronomie de Cornouaille LOARGANN> observation des étoiles à l’oeil nu et avec instruments – 20h/23h30.

(56)

Saint Nolff > commune de Saint Nolff > observation astronomique – 20h30/23h30. contact : 0297454759

Lorient > observation, conférences, ateliers et autres > à la base au K3 toute la journée et la soirée.

Plouay > par la mairie > sortie nature, découverte des chauves souris -20h/22h.contact : 0297333151

Kernascléden > par le musée de la chauve souris >sortie nature avec un spécialiste et exposition – 20h30/23h. contact : 0967381859

(22)

Pleumeur Bodour > par le planétarium de Bretagne >Observation astronomique – 20h30/00h. Rdv devant l’entrée. contact : 0296158030

Paimpol > par l’abbaye de beauport > animations cinéma et autres – 17h/22h. contact : 0296551855

Le Méaugon > par astronomie en baie d’armor >observation astronomique de 21h/1h.contact : 0296944361

(35)

Bruz > par cassiopée astronomie Bruz Chavagne > obervation astronomique, débats et conférences – 20h30/23h30. contact : 0675195106

La Couyère > par la Société d’Astronomie de Rennes > observation astronomique et débat conférence – 20h30/1h. contact : sarinfo@astro-rennes.com

Concoret > par le CPIE Forêt de Brocéliande > sortie nature et observation astronomique 20h/23h30. contact : 0297227462

Le reste des actions est à découvrir sur la cartographie en ligne.




Participons à la vie de nos bibliothèques !

13% de la population française emprunte en bibliothèque, 13% seulement et 40% des non usagers sont d’anciens inscrits. « Pourtant les études nous révèlent de plus en plus de fréquentation » nuance Benoît Vallauri, responsable du Laboratoire régional d’innovation publique en Bretagne. Les bibliothèques ne sont plus seulement des « grandes librairies » mais s’associent aujourd’hui à des formes d’animations culturelles et de formation. Le chercheur, ancien bibliothécaire, était présent à l’occasion de la journée réservée aux bibliothèques de Bretagne le 5 octobre 2017, sur le thème de « Création, participation : vers des espaces de création et de participation en Bretagne »(1) qui tentait de creuser les moyens de reconquête du lieu par les publics.

Grainothèque, Murderparty, imprimantes 3D, espace de jeux vidéo & jeux de société, utilisation des bibliobox…. Les bibliothèques revêtent aujourd’hui de nouveaux usages. On ne vient plus uniquement pour se gargariser d’une lecture. L’arrivée du numérique a joué un rôle prépondérant dans le renouveau de ces espaces, ce qui a permis d’ouvrir les portes à de nouveaux publics. Les dispositifs participatifs ne sont pas en reste. Les bibliothèques continuent leur rôle de transmetteur de savoir ou de facilitateur vers la culture et l’information tout en diversifiant leurs outils.

Développer l’implication du public pour des lieux partagés

« La participation c’est accepter de déléguer son pouvoir » poursuit Benoît Vallauri. De nombreux dispositifs ont mis à l’épreuve l’implication des lecteurs dans la dynamique d’une bibliothèque. L’action Montez le son ! à la BM municipale de Lyon rassemble des passionnés de musique pendant 2h pour critiquer et faire évoluer les collections ; en laissant certaines étagères vides, des bibliothèques proposent aux lecteurs de faire leurs propres sélections et de les mettre en valeur ; la bibliothèque Louise Michel (2), exemple d’une bibliothèque participative, est extrêmement collaborative, ce qui transparait dans les rapports qu’il peut y avoir avec les gens, elle a notamment élaborée une « tutotek », les gens y réalisent leurs tutos dans un processus créatif et un processus de transmission…. Les propositions sont nombreuses.

Cependant certain(e)s bibliothécaires émettent des réserves . La première d’entre elle revient à discuter du cœur même du métier, « quel est il aujourd’hui ? », « Les bibliothécaires tendent ils à devenir des animateurs sociaux ? » « Comment répondre à la polyvalence demandée ? » Celle qui vient juste après est l’inquiétude « du tout bénévolat ». Tandis qu’on leur demande d’impliquer toujours plus le lecteur dans le fonctionnement de leur bibliothèque, les bibliothécaires voient les contrats qui ne se renouvellent pas, constatent l’apparition d’une machinisation et des budgets qui diminuent (3). Le participatif tend il à menacer des emplois ? Selon le chercheur, le participatif tend à donner un cadre moins pyramidal à l’accès au lieu et aux démarches mais ne menace en aucun cas les emploi.

Bibliothécaire, un métier en mutation OU la reconversion professionnelle dernier cri

Aujourd’hui il faut aussi apporter ses « softs skills » avec soi, les petits plus personnels qui deviennent des atouts professionnels. Infirmière, ancien militaire, menuisier, chercheur, informaticien sont des exemples d’anciens métiers de certains bibliothécaires breton.

Julien est un bibliothécaire d’une vingtaine d’année, c’est après un service civique, lors duquel il animait des temps de jeu en bibliothèque pour une association de jeux en bois, qu’il décida de se lancer vers le métier de bibliothécaire. « Ce n’est plus du tout le même métier qu’avant. On cherche à monter beaucoup de temps d’animations, on a une salle modulable à cet effet. Mes points forts ce sont mes connaissances des jeux de société (4) et la capacité de création avec un public enfant. Comment créer un jeu avec l’enfant en utilisant différents biais : les bouquins pop-up, raconter une histoire qui est diffusée par vidéo projecteur, créer des histoires et les faire vivre. Toute idée est bonne à prendre tant qu’elle permet à l’enfant d’accrocher ».

Passionné. Plein d’idées. Prêt à s’adapter. Pourrait être le profil type d’un bibliothécaire d’aujourd’hui.

Comment inscrire durablement la démarche participative ?

« La démarche participative c’est bien mais encore faut-il réussir à la faire prendre et à la faire durer » réagit une bibliothécaire aux propositions du chercheur, ce à quoi il répond « il faut que le public s’en empare ». Effectivement, si des propositions participatives trouvent écho,  certaines d’entre elles ne sont pas transposables à toutes les bibliothèques. Les bibliothèque urbaines ont par exemple davantage de difficulté à dynamiser leurs grainothèques, certaines ont même abandonné l’idée. « Il n’y a pas de recettes miracles, je vous donne juste des clés » rassure Benoit Vallauri. Il semble que le public ait tout autant à apporter aux espaces de connaissance et de transmission que sont les bibliothèques.  Il en est même l’impulseur. Le Responsable des Publics Bibliothèque de Rennes Métropole – Champs Libres, Eric Pichard, présent pour l’occasion, mentionnait notamment la création de séance d’aides au devoir sur demande de jeunes adolescentes. Un exemple plutôt « classique » mais qui révèle la disposition des bibliothèques à s’adapter aux besoins de leurs utilisateurs.

Vous avez un projet qui vous taraude, qui apporterait à d’autres, n’hésitez pas à en parler à votre bibliothèque pour le transformer en projet commun et durable !

1.L’espace du Roudour, à Saint-Martin-des-Champs, accueillait jeudi 5 octobre dernier la journée « Innovation, création & participation des bibliothèques de Bretagne ». Cette journée faisait suite à une journée similaire qui avait eu lieue en 2015 à Rennes.

2. Tutoteke de la médiathèque Louise Michel, XXème arrondissement

3.Inquiétudes http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/50768-la-profession-de-bibliothecaire-est-elle-menacee-de-disparaitre.pdf

 4. le retour des jeux de société : http://grand-angle.lefigaro.fr/reportage-bars-jeux-de-societe




Forum Nomad’s Land, Habitat léger et du voyager autrement

Une Kerterre ? Une écoquille ? On en entend de plus en plus parler. L’habitat alternatif se développe, Nomad’s Land, forum de l’habitat léger et du voyager autrement, ouvre ses portes pour vous faire découvrir les procédés de fabrication et de mise en œuvre de divers habitats le 15 et 16 septembre à Bazouges-sous-Hédé (35), au nord de Rennes. L’occasion de découvrir les formes d’habitations légères et économiquement accessibles en rencontrant des constructeurs, des artisans, en écoutant les conférences et en partageant vos attentes avec les autres qui se questionnent tout comme vous.

Organisé par le café Bar’zouges/Ce qui nous lie avec le soutien de la ville d’Hédé-Bazouges et BRUDED, le forum met un point d’honneur à structurer une pensée de « l’habitat alternatif » qui doit apporter aux communes rurales en permettant de les repeupler et d’y insuffler une nouvelle dynamique. Cependant le développement de cet autre type d’habitat ne doit pas conduire à un « habitat anarchique ». C’est à dire, comme les organisateurs le rapportent si justement, il s’agit d’apprendre à « s’installer sur une terre, la faire vivre, y vivre, en vivre, sans que cela coûte à la collectivité et à l’environnement.».

Vous retrouverez les exposants : Tiny House, roulotte, écoquille, kerterre, contenair, solaire (électricité, cuisson…) phytoépuration, filtration, toilettes sèches, plants bio, associations. Par ailleurs des conférences auront lieu de 10h à 18h30 sur les différents types d’habitats, les aspects juridiques, la vision sociale de ce type de logement et de nombreux témoignages sur le voyage et l’habitat comme celui en roulotte et voilier à pédale avec Jan Brattinga, à pied avec âne avec Frédéric, en cyclo avec Hubert et Françoise, en woofing avec Benoït, en autostop, à pied (Compostelle), échange de maison, route des SEL.. N’hésitez pas à consulter le programme détaillé du forum qui comprends également des animations toute la journée, des ateliers enfants et familles ainsi qu’un espace pour se restaurer.

Attention le forum ne commence véritablement qu’à partir du samedi 16 septembre, néanmoins le vendredi 15 septembre sera l’occasion de partager des mets et des lectures sur le concept « d’Auberge Espagnole littéraire et gustative » à partir de 20h puis d’écouter des récits de voyages mis en musique à partir de 21h30.

Programme détaillé 
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#7 Portraits d’équipe : Laurence Mermet, secrétaire de l’association

Laurence Mermet est actuellement enseignante dans les lycées agricoles du Finistère, un métier qui lui apporte beaucoup. Femme affirmée, engagée dans ses choix personnels et envers les autres, Laurence a passé la majeure partie de sa carrière à côtoyer des militants écologistes : du côté civil et associatif comme du côté politique. De France Nature Environnement à Greenpeace en passant par le parti des écologistes, Laurence nous parle de son apprentissage, des valeurs qu’elle défend aujourd’hui et de ce en quoi elle croit.

Tu es secrétaire de l’association Eco-bretons, tu as également été présidente, si je ne me trompe pas, peux tu nous parler de ton histoire avec l’association ?

Je suis toujours dans la dynamique du CA de l’association. Mon histoire avec l’association a démarré au tout début, avec ceux qui avaient initialement porté le projet . Ils étaient venus me voir en me faisant part de leur intention et je trouvais que c’était une super idée de créer un média régional dédié au développement durable avec un statut associatif. Ce n’était pas gagné d’avance, mais je leur ai apporté un soutien ponctuel au début, plus fréquent ensuite.

Ton investissement dans des structures liées à l’écologie, à l’environnement, au développement durable, ne date pas d’hier. On peut dire que ça prend une grande place dans ta vie.

Adolescente j’étais déjà pas mal préoccupée par la question animale, nos rapports complexes et hélas de plus en plus insupportables avec les animaux. J’ai été végétarienne quelques années et abonnée à l’« Action zoophile », une petite feuille de chou antivivisectionniste. Je suis de nouveau végétarienne depuis 5/6 ans maintenant. Je constate avec espoir que cette problématique émerge avec force dans notre société depuis quelques années.

Ensuite j’ai fait des études qui m’ont conduite aux métiers de l’information et de la communication et mon premier boulot, c’était dans un groupe pétrochimique, au service communication, j’y avais effectué un stage. Il s’agissait de faire de la comm’ sur la pétrochimie, les produits organochlorés, la belle chimie, magnifique ! A un moment donné, il était question que je sois embauchée, mais ça ne faisait pas sens pour moi.. Il y’a eu un rejet intérieur. Et à ce moment-là, j’ai trouvé un boulot dans les petites annonces de Libé, à l’époque la FFSPN (Fédération française des sociétés pour la protection de la nature) qui par la suite est devenue France Nature Environnement cherchait sa chargée d’information et puis de coordination rédactionnelle de sa revue La lettre du hérisson . J’ai postulé et je suis entrée à la FFSPN. Les locaux étaient situés dans le Jardin des plantes, c’était chouette. Et à partir de ce moment là, ça a été une prise de conscience, j’ai eu l’énorme privilège de travailler en militant. C’est à dire que j’ai pu travailler en cohérence avec des convictions qui a un moment donné se sont révélées très fortes. J’y suis restée 5 ans.

Ensuite je suis devenue attachée de presse à Greenpeace France, au moment de la reprise des essais nucléaires français durant l’été 1995.

Le passage à la vie politique avec les écologistes

Au bout de cinq ans passés avec Greenpeace, qui m’ont à jamais marquée, le cabinet de la ministre Dominique Voynet m’a approchée. Cette dernière entamait sa cinquième année au Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, à l’époque ça s’appelait comme ça, et elle cherchait une nouvelle attachée de presse. Passer de l’autre côté de la barrière après avoir été avec ceux qui exercent un indispensable contre-pouvoir, celui de la société civile, ça a été extrêmement intéressant ; découvrir ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire quand on est un.e politique dans les rouages du pouvoir; comment une ministre écologiste minoritaire au sein d’un gouvernement qui s’affichait de gauche plurielle peut-elle travailler en bonne intelligence avec les associations, les ONG, sachant sa marge de manœuvre extrêmement limitée. Il fallait apprendre à jouer fin sur certaines thématiques, notamment le nucléaire qui était sous la tutelle du ministère de l’industrie. Je suis restée avec elle près d’un an et ensuite elle a passé la main à Yves Cochet qui a pris sa suite en tant que ministre jusqu’aux élections présidentielles où le candidat socialiste Lionel Jospin fut éliminé au 1er tour, le 21 avril 2002.

Ensuite j’ai travaillé à la Mairie de Paris, au service communication de la Direction de la Voirie et des déplacements, pour un élu écologiste. Tout ça était extrêmement intéressant, voir comment un maire socialiste, puisqu’il s’agissait de Bertrand Delanoë, avec une équipe là aussi gauche plurielle dont des écologistes, allait réussir à transformer Paris et notamment verdir la politique des déplacements dans une capitale telle que Paris !

Ça, ça a été toute ma vie parisienne, en train de défendre la cause écologique mais en mode intensif et un peu hors-sol. C’était un métier très très prenant. A un moment donné, ça ne faisait plus sens non plus de défendre ces questions en vivant de cette façon là. L’écologie urbaine bien sûr c’est important mais moi, j’avais envie de devenir rat des champs, plus rat des villes. J’ai donc franchi le pas pour la Bretagne, au fin fond du Finistère, dans le Pays de Morlaix où je me plais tant. Ensuite, j’ai travaillé pour le réseau associatif Cohérence, toujours avec une certaine cohérence !

J’ai également travaillé comme collaboratrice de conseillers régionaux écologistes durant un mandat. J’ai ainsi découvert l’échelon régional, ça aussi c’était instructif. C’est important de comprendre les différentes strates politico-administratives françaises, c’est même incontournable. Voir où sont les freins, comment on peut travailler en bonne intelligence avec notamment les agents de la fonction publique, tous grades confondus. Ils sont incontournables, au service des élus certes mais le pouvoir passe et les fonctionnaires restent. Le pouvoir des fonctionnaires est en fait important, ils connaissent les dossiers et les suivent, ce n’est pas toujours facile d’ailleurs pour eux quand il y a un changement de couleur politique de devoir s’adapter. Il y a parfois des résistances.

« En politique il n’y a que des coups à prendre (…) et en particulier quand on est écologistes »

Ça a été très dur, c’est toujours complexe et si je peux retenir une leçon de mon compagnonnage avec des écologistes politiques c’est d’avoir pu pénétrer dans la complexité des situations, des choses. Devoir satisfaire tout le monde, ce n’est pas possible… donc c’est un monde très particulier, écologiste ou pas. Une certaine idée du bien commun, du service publique, heureusement beaucoup d’élus l’ont. Des limites. Parce que je trouve qu’en politique il n’y a que des coups à prendre, on n’arrive jamais à satisfaire qui que ce soit, en particulier quand on est écologiste… et minoritaire. On doit apprendre à composer, à être en permanence dans le compromis, nos propres militants et sympathisants nous renvoient en plus une image négative « Mais c’est plus du compromis, c’est de la compromission ! ». C’est une marge de manœuvre extrêmement compliquée et je trouve qu’il y a des élu.e.s écologistes de terrain qui ont réussi à faire bouger les choses, sur le bio dans les cantines, sur le mariage gay… quand on voit ce qu’a fait Noël Mamère sur la commune de Bègles, quand on voit ce que fait Damien Carême avec les réfugiés à Grande-Synthe. Là franchement, sur le terrain… ils assurent ! Mais il faut redoubler de force, c’est deux fois plus compliqué que lorsque l’on est issu d’une grande formation politique. Le bipartisme a hélas dominé la vie politique de notre pays durant de longues années.

Tu y crois encore ?

J’en suis sortie désenchantée, désabusée sur la difficulté à assumer notre nature humaine dans toutes ses dimensions, mais je garde du respect pour certain.e.s élu.e.s écologistes parce que je trouve que c’est courageux de s’y coller. Un homme comme Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, qui se bat bec et ongle contre les pesticides, pour sauver les abeilles, entre autres, fait un travail remarquable au Sénat. Donc voilà je garde de l’admiration et de la sympathie.

Aujourd’hui je crois beaucoup plus dans la capacité de la société civile, et du local à se mobiliser. C’est comme ça qu’on arrive à déplacer le curseur, et les politiques suivent…

L’enseignement en lycée agricole : Les jeunes, priorité au projet de vie avant le projet professionnel

J’ai sauté à pieds joints dans l’enseignement, et je suis vraiment contente d’avoir mis les deux pieds dans l’enseignement agricole parce que quand on vit dans une région rurale comme la Bretagne, qui plus est avec des enjeux agricoles énormes, je trouve que c’est une bonne façon de découvrir et faire découvrir les enjeux de notre région, de ses territoires et aussi de mieux connaître et comprendre les jeunes. Le changement que nous voulons voir en ce monde, il part de la pédagogie auprès des jeunes générations. J’ai évidemment une réputation de militante écolo que j’assume et qui irrite parfois certains jeunes issus de milieux agricoles conventionnels mais c’est justement très intéressant de discuter avec eux, leur apprendre à argumenter, accepter des points de vue divergents (idem pour moi !). Tu dois pouvoir justifier pourquoi tu dis ça, pourquoi tu penses ça. C’est important d’avoir une pensée structurée parce que cela offre une liberté d’action et de l’autonomie.

Et je ne suis pas là pour faire du prosélytisme, je distingue parfaitement ma casquette de militante écologiste de ma casquette d’enseignante avec laquelle je dois apprendre aux jeunes à développer une pensée critique par eux même. C’est essentiel. Je suis rassurée de voir qu’il y a quand même une prise de conscience dans les jeunes générations. Certains s’en foutent, ils sont hélas déjà désabusés. En même temps, je trouve que c’est une époque difficile pour la jeunesse, très anxiogène. Nous les adultes, on leur met la pression « et quel métier tu vas faire ?! » et « les études, les études, les études ». Alors évidemment que le projet professionnel c’est quelque chose d’important, mais j’ai encore l’idée un peu désuète que l’école c’est quand même un sanctuaire où on doit aussi les aider dans l’accompagnement d’un projet de vie, avec des désirs, des rêves, des valeurs ! Cela comprend bien sûr le développement d’un projet professionnel. Autant la génération de nos grands-parents pouvait exercer le même métier toute sa vie, c’était possible, depuis le monde a tellement changé et ses mutations s’accélèrent. Alors quelle responsabilité c’est d’accompagner une orientation professionnelle ! Cela existe, des gens qui se sont sentis coincés toute leur vie du fait d’erreurs d’orientation. Il y a aussi parfois des maladresses, malheureusement, au sein du corps enseignant, des collègues qui considèrent qu’une filière pro c’est pour les jeunes qui ne sont pas bons scolairement. Je ne peux pas concevoir qu’on puisse penser ça. Une filière pro ça doit correspondre à quelqu’un qui a envie de rentrer rapidement dans la vie active. Quel que soit leur choix il faut accompagner au mieux ces jeunes gens malgré la pression des adultes. Et en même temps il y a plein de choses encourageantes, toujours.

Des gens qui t’inspirent, des lectures ?

D’abord au-delà de l’écologie, d’une manière plus large il y a Edgar Morin. L’entrée dans sa pensée complexe. Nous avons un mode de fonctionnement complexe, dans un monde complexe et notre nature humaine fait que l’on a besoin de simplifier les choses pour pouvoir les appréhender, pour pouvoir avancer. Au risque de la simplification qui ne rend pas justice à la complexité des situations. C’est pour ça d’ailleurs que je trouve toujours difficile d’arriver à prendre parti complètement pour quelque chose, quelqu’un, un parti, un point de vue…
On fait des choix, il faut certes les assumer à un moment donné de la compréhension que nous avons d’une situation, mais en ne perdant pas de vue que celle-ci est complexe, et moi petit individu, je ne peux absolument pas embrasser la totalité de cette complexité. D’où la nécessité de penser et de faire avec les autres : la belle et difficile aventure de l’intelligence collective !

Intégrer et assumer la lenteur pour mieux comprendre, donc, la complexité des situations. Je le dis notamment aux copains qui ont la dent très dure à l’égard de Nicolas Hulot. Certains lui reprochent son parcours et le fait d’avoir finalement franchi la ligne politique en rejoignant l’équipe gouvernementale de l’actuel président de la République. Il est vrai que moi-même, devant certaines décisions prises, comme par exemple la récente autorisation de tuer des loups, la colère me fait les rejoindre ! Mais je pense qu’il fait ce qu’il peut là où il est. J’aime bien la notion de « faire de son mieux », c’est à dire « je fais ma part du mieux que je peux avec toutes les limites que j’ai et que les structures m’imposent ». C’est tellement facile de plaquer un jugement définitif. La complexité, si on veut lui rendre justice, mérite que l’on prenne du recul, que l’on ne condamne pas péremptoirement l’action d’une personne, comme si d’ailleurs pouvait à elle seule sauver une situation globale. Un Zorro, ça n’existe pas.

La désobéissance civile et la vie en retrait dans les bois de Henry David Thoreau, La voie de la non-violence de Gandhi, celle de Martin Luther King, avec aussi la défense des droits civiques et Vandana Shiva, cette personnalité indienne que je trouve très inspirante. Je prends en ce moment un peu plus le temps de découvrir l’éco-féminisme. Savoir qu’il y a des éco-féministes notamment aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France qui depuis les années 70, ont associé la cause féministe à la cause écologiste qui n’est qu’une seule et même chose, qu’elles ont mis et continuent de mettre la puissance féminine au service de la Vie. Je trouve ça magnifique.

Tu as participé à l’initiative  Vertes de rage , on peut faire un rapprochement avec l’Eco-féminisme.

Oui, alors Vertes de rage, effectivement, c’était au départ une initiative de quelques copines journalistes parisiennes, avec une belle sensibilité à l’écologie. Nous avons éprouvé le besoin de pousser un grand coup de gueule. L’une d’entre nous, Pascale d’Erm, vient d’ailleurs de publier un très beau livre, Sœurs en écologie  dans lequel elle raconte justement l’histoire des éco-féministes à travers le monde. Nous voulions manifester avec force notre inquiétude et faire bouger les choses car nos enfants, petits à l’époque, étaient comme tous les enfants en contact avec des substances chimiques présentes absolument partout dans la vie quotidienne. Nous avons publié une retentissante et éphémère tribune. Nous avions aussi la chance d’avoir accès à certains médias nationaux. Lorsque l’on peut faire passer des messages pour être entendu par une audience la plus large possible, on le fait. C’était une action ponctuelle qui voulait donner plus d’échos à cette grave problématique. Une association comme Générations futures mène, avec d’autres, depuis des années un travail de longue haleine qui porte ses fruits, timidement mais assurément. Il ne faut rien lâcher face aux menaces qui pèsent sur la santé du vivant dont nous faisons partie !

Ta vision de la transition dans ton quotidien, ce dans quoi tu t’évertues à agir

Vers 13 ans, j’avais décidé de devenir végétarienne suite à un incident alimentaire, l’absorption de viande avariée. Aujourd’hui, j’aimerais bien mener ma cohérence alimentaire vers le végétalisme, mais pas le véganisme qui exclut également tout produit d’origine animale parce que je veux pour le moment encore continuer de porter de la soie, de la laine, du cuir, en étant attentive à leur mode de production, mais bon… cela ne me satisfait pas encore. Disons qu’au niveau alimentaire, je suis en transition. C’est un cheminement long, se nourrir, et c’est quelque chose d’extrêmement politique. On le constate dans les choix agro-industriels, là où ça mène la planète, et les traitements que nous animaux humains infligeons aux animaux non humains, ça m’est aujourd’hui insupportable.

Des actions me semblent également essentielles à mener, en particulier auprès des jeunes dont les cerveaux sont de plus en plus soumis à la dispersion et à l’hyper-sollicitation (le fameux temps de cerveau disponible !). On ne le voit que trop bien avec le monde du numérique que je ne condamne pas pour autant. Il y a du meilleur comme du pire. Et ces jeunes sont assaillis d’informations qui arrivent en flux incessants, sans hiérarchisation, avec très peu de capacités à en vérifier l’origine, la validité, la pertinence…Hélas tout les pousse à la dispersion mentale alors qu’il y a une impérieuse nécessité à se mettre dans l’attention, à réduire tous ces flux envahissants. Et là on rejoint le politique, la nécessité du vivre et du faire ensemble pour les biens communs. Nous ne savons que trop combien il est difficile de résister aux pouvoirs financiers qui règnent en maîtres quasi absolus si nous n’y prenons pas garde aujourd’hui. Et ils ont tout intérêt à avoir à faire à des populations qui réfléchissent le moins possible. Il faut donc au contraire être extrêmement vigilant. Nos démocraties sont plus que jamais fragiles sur une terre en proie à des désordres multiples. Il va nous falloir beaucoup, beaucoup d’attention les uns pour les autres… et laisser enfin nos esprits, si créatifs lorsqu’ils sont libres et autonomes, bâtir les utopies pour demain.

Merci !




Foire Biozone, 32ème foire biologique à Mûr de Bretagne

L’incontournable foire Biozone est un rassemblement attendu de plus de 200 exposants associatifs ou professionnels venus de toute la France pour partager leurs connaissances et leurs produits écologiques. Elle aura lieue le 9 et 10 septembre prochain à Mûr de Bretagne (22).

Organisée par l’association produire et consommer biologique (A.P.C.B) depuis 32 ans, la manifestation est articulée pour aborder tous les aspects de la vie : alimentation, habillement, construction, éducation, déplacement…etc

Cette année l’A.P.C.B a choisit le thème « Eduquons Nous ! » , un impératif qui sera à l’ordre à l’espace Forum sous le chapiteau. Vous retrouverez tout au long du weekend des intervenants désireux de partager leurs visions de l’éducation, de la connaissance et du savoir. Au programme : le Reeb (réseau d’éducation à l’environnement en Bretagne), la ferme Ti Lipouz, L’association Les enfants d’abord pour échanger sur l’instruction en famille ; l’Institut coopératif de l’école moderne et l’école des Capucines de Rennes qui apporteront des clés de compréhension sur la pédagogie Freinet, L’arbre à bébé pour un autre parentage…et bien d’autres.

Il y’aura de la parlotte au programme avec des temps de parlottes organisées au long des deux journées sur le métier de producteur bio, comment consommer bio et avec quel budget, la place du numérique, construire la coopération au quotidien à travers un commerce participatif de proximité en milieux rural…etc L’ensemble des échanges et les horaires des séances sont à retrouver sur le programme détaillé de la Foire Biozone. De la parlotte sous forme de conférence : le samedi à 14h30 avec Bérangère Baglin pour Une autorité éducative pour sortir de l’impasse entre autoritarisme et permissivité et Guy Chaudon dimanche à 15H pour Et si la scolarité de nos enfants devenait plus écologique. Comment se situe la pédagogie Steiner-Waldorf face à ce défi ?.

Vous trouverez aussi des films à la salle de cinéma, un espaces de luttes actuelles devant la caserne des pompiers ; un bar à contes pour étancher sa soif d’histoires avec Jeanne Paturel ; de quoi s’amuser avec des promenades en ânes, un manège à pédale, des jeux traditionnels et l’improvisation clownesque de llopatroto samedi et dimanche à 11h30.

PS : Pour ceux qui sont accompagnés de leurs pitchous, une garderie est prête à les accueillir de 10h à 18h (deux heures maximum par enfant).

Tarifs
4 euros : plein tarif
2 euros : tarif réduit (étudiants, chômeurs,…etc)

Pour plus de détails >> site de la foire biozone et de l’A.P.C.B




#6 Portraits d’Equipe : Dominique Guizien, président de l’association

Président de l’association depuis un peu plus de deux ans, Dominique Guizien est impliqué dans le tissu associatif Morlaisien. Curieux de trouver la meilleure manière d’infuser le développement durable, l’économie sociale et solidaire, le développement associatif au sein de la localité Morlaisienne, il s’investit dans ce qu’il estime être « le seul système viable : le système écologique » .

Bonjour Dominique, tu es actuellement président de l’association Eco-bretons, quelle est ton action ?

Je suis président depuis maintenant presque 2 ans, mais je suis impliqué dans l’association, et notamment au conseil d’administration, depuis plus longtemps, 2013 plus exactement.

Je représente l’association vis à vis de l’extérieur, notamment lors des rencontres avec les partenaires financiers : conseil général, Morlaix agglomération, l’Agence de l’eau… Mon rôle c’est aussi de veiller à ce que l’association ait les conditions de sa survie. Actuellement,  tout ce qui se passe , les réductions de budget dans les collectivités territoriales, la suppression de la réserve parlementaire, la suppression annoncée des emplois aidés, fait que Eco-bretons, comme beaucoup d’associations, affronte des difficultés pour passer l’année 2017.

Difficile

Difficile certainement,  sauf si on est une association qui a de grosses réserves.

Mon autre rôle c’est de faire en sorte que les grands principes fondateurs de l’association soient respectés. Alors les grands principes c’est quoi ? C’est en premier lieu la gratuité du service, et ça devient compliqué compte tenu de ce que l’on vient de dire sur les financements. C’est aussi une certaine ligne éthique dans le traitement de l’information, parce qu’on est pas les seuls à traiter de ce que l’on appelle communément « le développement durable ».

Pourquoi avoir accepté de prendre le rôle de président ? C’est un rôle de responsabilité, d’engagement, de constance. Un attachement particulier à l’association, aux projets, aux gens qui y travaillent ?

J’ai rarement été un spectateur dans ce que je faisais.

Je suis tombé dans la marmite associative quand j’ai fait l’ESSEC, une école de commerce installée à l’époque en plein Paris, dans les locaux de l’Institut Catholique. J’ai animé deux activités dans le cadre de mes études. J’ai contribué à l’animation de ma promotion et de la promotion suivante sur deux axes : premier axe, un club de pétanque. Jouer à la pétanque dans la cour de « la Catho » c’est particulièrement jouissif et surtout organiser, dans ce cadre là, un grand tournoi de pétanque, rassemblant plus de 800 joueurs sur l’esplanade des invalides, ce fut un grand moment. Autre chose j’ai été secrétaire général national d’une association qui s’appelait l’association des cercles Europe qui, au début des années 70, promouvait deux choses, d’une part l’élargissement de l’Europe, on passait de six à neuf et de neuf à quinze, et surtout une Europe des régions. C’était plus ou moins lié au mouvement fédéraliste.

Et puis, je n’ai pas toujours été dans l’administration. J’ai 42 ans de vie professionnelle, j’ai du faire une demi douzaine de métiers. Deux périodes bien distinctes : une première de 20 ans avant l’ENA et la seconde de 20 ans aussi après. Dans l’administration c’est classique, parcours de haut fonctionnaire, on se bouge tous les 3 ou 4 ans de ministère en ministère et de poste en poste.

Par contre avant, sur les 20 ans de mon activité précédente il y a trois phase, une phase de coopération technique en Afrique du Nord, une petite phase de deux ans ou j’ai créé ma première boîte et ensuite les dix années suivantes ça a été effectivement essentiellement associatif.

Au delà d’être président, tu es pas mal investi dans le monde associatif Morlaisien, le monde associatif tout court en fait.

Oui, j’étais. C’est vrai qu’il y a une époque, au début de ma retraite, où j’avais été un peu plus sollicité. Je sortais alors d’une élection politique qui m’avait apporté un petit peu de visibilité. Par ailleurs, puisque beaucoup de sujets m’intéressent ; parmi eux évidemment la transition écologique, l’économie sociale et solidaire, la solidarité active, le développement du mouvement associatif au sein de l’ESS ; je me suis retrouvé administrateur et parfois assez rapidement président ou coprésident, vice président de certaines associations (Force 5, Resam, ADESS).

L’intérêt du monde associatif selon toi : monde des possibles, liberté de création, mise en réseau des acteurs, quel est il ?

L’intérêt du monde associatif par rapport à d’autres c’est quand même la possibilité de développer des services ou des relations entre les individus qui ne soient pas fondées uniquement sur le modèle marchand. Ça offre beaucoup de possibilité mais présente aussi quelques inconvénients, notamment de moyens pour fonctionner.

Pourquoi le développement durable ?

Ca s’est passé en trois temps.

 Premier temps, le rapport de 1972 The Limits to Growth, du Club de Rome, premier choc. Là je sortais d’école, j’avais suivis des cours de marketing de produits agricoles, j’envisageais de venir faire carrière dans l’agro-alimentaire breton. Et je commence à me poser des questions, « mais oui c’est vrai ça si on part du principe que les ressources sont finies il vaut mieux les ménager. » Sans grande originalité, j’avais l’intuition que le bon filon ça allait être le recyclage et la récupération et que ceux qui arriveraient à trouver les bons systèmes s’en sortiraient. Quand on voit où on en est 40 ans après, on se dit qu’on aurait pu aller plus vite.

Second choc, le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz en 1978. Quand j’ai vu que l’on utilisait des palettes de plâtre, stockées sur un quai de Roscoff pour couler le pétrole dans le chenal de l’Ile de Batz, je me suis dit « ah là quand même, il y a quelque chose qui ne va pas très bien ». Non seulement il y a un problème de recyclage des déchets mais il y a un problème plus grave : les pollutions du milieu naturel et nous n’avons pas de réponse intelligente

La troisième prise de conscience a eu lieu en 2003 lorsque je me suis retrouvé directeur des ressources humaines au ministère de l’écologie. Je n’ai pas choisi ce ministère par hasard non plus. Au ministère de l’écologie j’ai découvert toutes les problématiques de l’écologie : l’eau, l’air, la biodiversité …etc et surtout la diversité des métiers. C’est là que j’ai découvert que le fonctionnement systémique ne s’appliquait pas qu’aux organisations humaines mais que c’était avant tout le fonctionnement normal de la nature. C’est à dire que rien ne se passe dans une partie du système sans que cela ait un effet sur un autre partie. Et cet effet sur cet autre partie provoque une rétro-réaction qui, soit amplifie l’effet premier, soit le corrige. Selon la façon dont on gère les feedback, c’est à dire les boucles de retour, on arrive à un système qui devient à peu près stable ou qui devient décadent. L’effet systémique de l’économie actuelle serait plutôt un effet déstabilisant puisque l’effet retour a plutôt tendance à amplifier le premier que l’inverse. Alors que lorsque l’on regarde le modèle économique de la transition écologique, à l’inverse, l’effet retour aura plutôt tendance à stabiliser les choses.

Mon choix pour l’écologie n’est du tout un choix philosophique. C’est avant tout une question d’efficacité ;  le modèle écologique est plus efficace, c’est tout.

Dans le chapitre 2 épisode 3 du mot « transition », tu parles d’une transition radicale mais qui ne peut être que progressive, est ce que tu peux nous en parler ?

Je prends « radicale » a son sens premier c’est à dire « allant aux racines ». Si on veut véritablement que les choses changent il ne faut pas se contenter de l’écume des choses. Par exemple : faire pipi sous la douche c’est bien, ça évite de tirer la chasse d’eau donc on économise de l’eau. En plus c’est rigolo, ça reste ludique. Mais si on se pose la question du cycle de l’eau là ça devient intéressant, parce qu’on peut aller au fond des choses, à leur racine ; on commence alors à entamer une démarche qui est une démarche, pour le coup, radicale.

Toute transition est un changement et chaque petit changement est quelque part un petit traumatisme. Si les traumatismes sont gérés progressivement ils sont supportables. S’ils sont trop simultanés ça devient plus dur à gérer et dans ce cas là on change de modèle, on risque de se marginaliser. Je pense au mouvement des décroissants dont je crois qu’ils veulent aller trop vite, trop loin et trop rapidement. Moi je crois beaucoup à l’évolution progressive. Chacun a un cheminement différent, on ne fait bouger les gens que ce sur quoi ça les intéresse.

Les américains ont un mot pour ça qui s’appelle « nudge » , c’est à dire que l’on utilise un stimulus, qui parle à l’esprit des gens, positif, pour changer un comportement qui est négatif. Je prends un exemple récupéré d’un article, la lutte contre les incivilités dans les gares. Tout bête, les gens qui râlent dès qu’un escalator est en panne. On va faire passer un message positif, par exemple «  Prenez l’escalier c’est bon pour votre santé, vous allez vous muscler, perdre du poids…etc » , comme ça le jour où effectivement l’escalator est en panne, vous prenez naturellement l’escalier. En appuyant sur un stimulus valorisant on arrive à un changement. La transition c’est un petit peu ça, il faut qu’on trouve à chaque fois le bon stimulus.

L’exemple le plus typique c’est la nourriture bio. Moi je suis persuadé que parmi les gens qui fréquentent les rayons bio des grandes surfaces ou ceux qui vont en biocoop, tous n’y vont pas dans une délmarche de transition assumée. Certains y vont uniquement parce qu’ils sont effrayés par le message diffusé par les médias sur « la bouffe dégueulasse », parce qu’ils ont lu un article sur le fait que « la myrtille sauvage c’est bon pour le teint », parce que « le thym c’est bon comme antiseptique naturel »…etc

 C’est ça qui les fait venir donc ils vont acheter du bio, ils vont payer un peu plus cher pour ça. Ces gens lorsqu’ils payent du bio et ils payent juste la santé : « bah ça me coûte plus cher mais ça me coûte moins cher qu’en médicaments ». Stimulus zéro. Ils ont acheté du bio, c’est bien, mais ils ne sont pas en transition. Par contre s’ils rentrent dans un magasin et que dans ce magasin on les informe un peu plus sur les tenants et aboutissants de leur consommation et sur des événements locaux qui illustrent cette démarche de transition, là ils ont l’opportunité de rentrer dans une démarche plus réfléchie.

C’est un petit peu le sens de la démarche d’Eco-bretons. Ce n’est pas juste, par exemple, de présenter un maraicher bio en disant « ah oui c’est bien de faire du bio ! ». C’est aussi lorsque l’on va interviewer quelqu’un qui fait du bio, d’essayer de regarder son parcours, de regarder pourquoi il est arrivé à ça, ce qu’il y a derrière tout ça. Ensuite il faut que le lecteur fasse le rapport entre cet article et d’autres articles  qu’il a vu récemment sur la gestion du cycle de l’eau par exemple.

Est ce qu’on a encore le temps d’avoir cette démarche progressive ?

Moi je ne suis pas comme Jean Jouzel je ne suis pas à ce point alarmiste. Mais ce n’est pas parce que je pense qu’on a encore un peu de temps qu’il ne faut pas commencer dès maintenant d’essayer de faire bouger les comportements de la majorité. Mais il faut quand même avoir à l’esprit un point important. On pourra avoir tous les comportements vertueux dans des pays qui ont des comportements plus prédateurs jusqu’à présent, quand on sera 9 millions ½ d’habitants sur terre si ceux-ci n’ont ne serait ce que le dixième ou le quart de notre empreinte écologique, de toute manière on est mal barrés. Donc ce que je vais dire, je vais le dire avec précaution : le pire risque c’est l’évolution démographique. Et là, il n’y a pas de solution simple.

Les innovations

Peut être qu’on trouvera des innovations qui vont faire que pour un même niveau de standard de vie, l’empreinte écologique globale sera fortement diminuée. Et là je suis extrêmement attentif à ce que font certains acteurs majeurs de l’économie mondiale, c’est à dire des personnes qui ont des ressources supérieures à des ressources d’état entiers.  J’ai découvert ainsi  que deux des personnes les plus riches du monde ont tous les deux pris des parts dans une société Californienne qui envisage de produire ce qu’ils appellent de la viande propre, c’est à dire de la viande sans animaux. La protéine animale sans animaux, pas d’élevage, pas de torture. Alors est ce que c’est de la pure communication, du bluff ?Je suis plus que dubitatif, je ne suis pas contre l’innovation technologique, mais  depuis 40 ans j’ai été un petit peu vacciné contre les apprentis sorciers. Ça serait bien qu’on fasse une évaluation écologique, a priori, de ces pratiques, notamment de leur impact sanitaire. Et lorsque je n’en sais strictement rien, c’est l’application du principe de précaution, principe de valeur constitutionnelle. Quand on ne connaît pas l’impact des choses, il vaut toujours mieux prendre le temps de creuser la question que faire a posteriori une analyse des dégâts que cela a produit.

La chasse aux apprentis sorciers : prendre le temps de l’application du principe de précaution

Application du principe de précaution puisqu’on en parle. Les sables coquilliers au large de la Bretagne, deux projets, un au large de Duon et un au large de Trebeurden. Projet de Duon c’est démarré. Projet de Trebeurden ça a commencé suite au décret du ministre de l’économie, Macron à l’époque, mais avec de telles contraintes réglementaires  que l’opérateur a dû arrêter provisoirement l’exploitation. Il se retrouvait en contravention par rapport à ceux qui l’autorisaient à le faire. Mais là n’est pas la question. En rapport avec l’application du principe de précaution, on aurait pu regarder l’impact qu’avait eu l’extraction de sable coquillier au Duon avant de lancer une extraction à Trebeurden. On n’était pas à deux/trois ans près, surtout quand on sait à quoi sert le sable coquillier. Hors la station biologique de Roscoff avait commencé une étude, systématique, sur l’impact de l’extraction des sables coquilliers sur les dunes de Duon. On aurait attendu deux ou trois ans, on se serait rapidement rendu compte si oui ou non le sable coquillier avait un impact, comme NOUS le pensions, ou bien si ça n’avait absolument aucun impact. Si il n’y aucun impact et bah on y va, ce sable vaut mieux qu’on le prenne là que l’on ne le prenne sur les côtes. SAUF si l’étude démontrait qu’au delà des frayères il y a d’autres impacts négatifs, SAUF si une étude technique ad hoc démontrait qu’il existe des solutions alternatives pour répondre aux besoins de l’agriculture bretonne, SAUF enfin, si une étude économique sérieuse montrait que l’agriculture bretonne pouvait se passer de ces sables coquilliers,

On va terminer par un livre ou une personne que tu nous conseillerai pour prolonger la réflexion, qui toi t’as aidé en tout cas

 Deux livres en fait que j’ai lu le même été et qui traitent à peu près du même sujet

Le bouquin de Timothy Jackson, le rapport qu’il avait fait pour l’équivalent du conseil du développement durable anglais. C’est un rapport officiel. Le bouquin est sorti en 2010 et explique la démarche de la transition. Prospérité sans croissance, la transition vers une économie durable  de Tim JACKSON.

Le livre d’un économiste suisse qui partant de la crise financière de 2007-2008, démonte les mécanisme d’un changement radical :  Le grand renversement  de Jean-Michel SERVET.

Merci !