Quand sont nées les monnaies locales ?
La diversité monétaire existe depuis que la monnaie existe ! Il y a toujours eu une grande diversité monétaire. C’est le concept de grande monnaie unique qui est assez nouveau. Il est apparu depuis 200 ans. On renoue donc avec quelque chose qui existe depuis longtemps.
Dans les années 1930, ce fut la réponse locale à la première grande crise économique en Allemagne, en Autriche ou en France. Les monnaie locales furent ensuite interdites par les pouvoirs publics.
Elles reviennent dans les années 80 avec les SEL (systèmes d’échanges locaux), en particulier au Canada, puis évoluent en monnaie locale, à partir de l’Allemagne, il y a une quinzaine d’années. Ça se développe aussi depuis une vingtaine d’années aux États-Unis, en Amérique Latine et au Japon.
Depuis une dizaine d’années, le phénomène prend une grande ampleur. On estime qu’il y a environ 10 000 monnaies locales dans le monde qui prennent des formes différentes.
En France, ce sont les questions éthiques, écologiques et sociales qui priment. Le phénomène y est plus récent. La première monnaie locale complémentaire française, l’Abeille, a été créée, en 2010, à Villeneuve-sur-Lot.
Combien y a-t-il de monnaies locales en Bretagne et quelle est la tendance ?
Je dirais qu’il y en a cinq ou six existantes et peut-être autant en projet. La tendance générale, c’est un engouement pour ces monnaies locales, tant par les citoyens que par les institutions. En France, une quarantaine de monnaies locales a été créée en six ans. Et il y en a autant en gestation.
Quels conseils peut-on donner à ceux qui veulent créer une monnaie locale ?
En général, ça démarre vite. Il y a un réel intérêt des prestataires professionnels. Par contre, au bout de deux ans, ça plafonne souvent en terme d’utilisateurs. Il y a une difficulté à communiquer l’intérêt de ces monnaies. Avec les monnaies locales, beaucoup de gens se demandent : « Qu’est-ce que j’y gagne ? ». Ils veulent un intérêt personnel immédiat.
Mais les monnaies locales sont tout sauf ça ! Elles sont un instrument de transformation de la société, une reprise de pouvoir par les citoyens. Les monnaies locales transforment l’économie et le rapport entre les gens. Elles peuvent régler les crises d’aujourd’hui. Mais il est difficile de mobiliser au-delà de la frange de population intéressée par cette réflexion, d’entamer la discussion. Pour ça, il faudra peut-être passer par une crise majeure. Nous sommes prisonniers d’une idéologie dominante et on ne peut pas régler les problèmes sans toucher à cette idéologie.
Pour moi, l’important est donc de bien considérer cet aspect d’éducation populaire. L’espace de partage idéologique autour de la richesse est plus important que l’aspect économique local. Les monnaies locales ne pèsent pas lourd dans le paysage économique global. L’aspect pédagogique est beaucoup plus important. Ça demande de la patience et de la pédagogie. Il faut inviter les gens à participer. C’est un grand défi politique et économique.
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