Quelques questions autour de l’Economie Sociale et Solidaire. Question 2 : l’ESS est-elle forcément une aventure collective ?

Question 2 : l’ESS est-elle forcément une aventure collective ?

L’économie sociale et solidaire est composée d’entreprises, dont l’un des principes de base est la gestion collective. Cette caractéristique est en quelque sorte leur marque de fabrique. Mais qui dit entreprise dit forcément entrepreneur. Et c’est là qu’on retrouve l’une des questions qui traverse l’ESS depuis de longues années : une entreprise d’économie sociale et solidaire est-elle forcément  une aventure collective ? Il se trouve que, lors du salon des entrepreneurs, les entreprises  sociales et solidaires étaient à l’honneur. Ils ont même eu droit à un palmarès, un petit peu comme s’il existait une compétition au sein du social business http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/idees-de-business/reussir-dans-le-social-conseils-et-temoignages-de-quatre-entrepreneurs-206905.php?xtor=EPR-21-%5Bentrepreneurs%5D-20160203-%5BProv_%5D-1681742%402 Réussir dans le social : conseils et témoignages de quatre entrepreneurs

Certes, la présentation de ces entreprises est impeccable. Le plan d’affaires semble carré, la vision du projet est nette et l’utilité sociale du service est bien mise de l’avant quoique sur un des lauréats, on pouvait se poser la question de sa place dans un tel palmarès tant le produit, un ordinateur-radiateur, s’il relève de l’innovation technologique ne porte pas en lui les germes d’une quelconque solidarité. Disons que c’était la caution écologique de ce palmarès puisque maintenant on ne peut parler d’ESS sans parler aussitôt de développement durable. Mais il y a quand même quelque chose qui cloche dans ce palmarès. Ce ne sont pas les entreprises sociales de l’année qui sont récompensées mais les entrepreneurs sociaux. Et cela est effectivement gênant. Même si à tour de bras, on nous parle de bénévoles (comme dans n’importe quelle start-up de la cantine numérique), de travail en équipe (comme dans n’importe quelle start-up de Californie),,il n’est question ici que de l’Entrepreneur avec un grand E comme s’il s’agissait d’un voyage individuel dans lequel des hommes (il n’y a en effet aucune femme dans ce palmarès) particulièrement charismatiques auraient entraîné d’autres dans un projet qui était avant tout le leur. Même si je veux bien admettre que l’impulsion est souvent le fait d’une personne, l’effort est collectif et il aurait été plus conforme aux principes de l’ESS qu’il y eût un palmarès des meilleures entreprises sociales. Mais il ne vous aura pas échappé  que ce palmarès est publiée dans « Les Echos », organe de presse dont les prises de position, parfois très ultra-libérales et très anti-sociales, sont connues et que la sélection des projet a été faite par un cabinet parmi les plus appréciés des milieux patronaux proches de ces thèses. Leur héros est l’individu, non l’équipe. Ceci explique cela.




Quelques questions autour de l’Economie Sociale et Solidaire Question 1 La jeunesse est-elle l’avenir de l’ESS et réciproquement ?

Question 1 La jeunesse est-elle  l’avenir de l’ESS et réciproquement ?

Lors du salon entreprendre, il a été beaucoup question d’économie sociale et solidaire. C’est un signe qui ne trompe pas que nous sommes vraiment en crise car depuis que l’économie des pays européens va de crise en crise ce qui, hormis les temps de guerre et la parenthèse heureuse des Trente glorieuses, est quand même notre lot depuis près de deux siècles, toute période de crise s’est toujours traduite par une résurgence des valeurs de solidarité. C’est d’ailleurs au fil de ces poussées de fièvre que l’Economie Sociale et Solidaire s’est peu à peu construite et diversifiée. Il n’est donc pas étonnant que les jeunes se sentent une attirance pour ce concept, attirance d’autant plus grande que le concept restera flou dans leurs esprits http://place-publique.fr/Les-eleves-des-grandes-ecoles

Les élèves des grandes écoles rêvent d’économie sociale et solidaire De tout temps, la jeunesse a été plus généreuse que la génération précédente, autant par exaltation de l’âme que par méconnaissance des vicissitudes de la vie. Pourtant, pour avoir déjà vécu deux poussées fortes de prurit ESS, je dois admettre que c’est la première fois que je vois une attirance spontanée aussi forte. Les choses serait-elle en train de changer ? Je demande à voir. Il faut cependant bien reconnaître que cela va de pair avec un rapport au travail et à l’emploi qui lui aussi a changé. A force de leur seriner qu’elles et ils allaient devoir changer 10 fois de boîte et 20 fois de métiers dans leur vie, les jeunes autant par nécessité que par opportunisme développent une relation à l’entreprise sous toutes ses formes qui rompt radicalement avec la vision, ne serait-ce que de la génération précédente, celle qui s’est éveillé à l’économie avec l’Internet balbutiant des années 90. Aussi pensent-ils peut-être qu’une entreprise sans patron et au service de la collectivité acceptera plus facilement leur nomadisme professionnel, alternant les périodes d’activité productives, parfois très intenses, et les temps plus hédonistes du « prendre soin » de soi et des autres. Si cela était, sans nul doute, ces jeunes peuvent être l’avenir de l’ESS mais il faudra, avec eux, bâtir un nouveau modèle d’organisation et de gouvernance d’entreprise dans lequel la relation monétaire et les rapports de pouvoir seront radicalement différents de ce que nous connaissons, y compris dans nos entreprises de l’ESS. Mais d’un autre côté, comme le titre si bien Les Echos, il ne s’agit que des élèves des grandes écoles et de leurs rêves, ce qui limite singulièrement l’impact d’une telle étude. En effet, ces grandes écoles forment d’abord et avant tout des cadres, ce qu’on appelle le management. Or les palinodies qui ont secoué quelques fleurons de l’économie sociale « de papa » viennent justement du fait que ce management, bardé de concepts, s’est imposé dans ces entreprises au plus grand mépris des règles de gouvernance qui en avait fait l’originalité et la force. Et comme ces jeunes esprits n’avouent avoir qu’une idée approximative de ce qu’est l’ESS, peut-être trouveront-ils que finalement ces principes démocratiques et les règles d’équilibre des pouvoirs sont une contrainte à leur légitime aspiration à diriger (puisqu’ils sont encore formés à cela).

Mais comme la jeunesse n’est pas une classe sociale, juste une tranche d’âge, il est vraisemblable que les deux cas de figures apparaîtront. Et c’est aux dirigeants actuels de l’économie sociale et solidaire de repérer celles et ceux qui pourront contribuer à régénérer son modèle et éviter ceux qui à l’inverse continueront à le faire dégénérer.

Remarque subsidiaire : il n’est pas tout à fait anodin que cette étude soit publiée dans « Les Echos », organe de presse dont les prises de position, parfois très ultra-libérales et très anti-sociales, sont connues et ait été réalisée par un cabinet parmi les plus appréciés des milieux patronaux proches de ces thèses




Contre les dérives de l’économie collaborative, une seule solution, la coopération citoyenne.

Eh oui ! les débats font rage autour du concept d’économie collaborative. S’agit-il d’un mouvement de rupture avec l’économie de marché telle qu’elle fonctionne actuellement ou ne s’agit-il, tout compte fait qu’une façon plutôt futée de faire des affaires en jouant sur des registres de l’âme humaine jusqu’ici peu exploités, comme l’altruisme, le don ou le partage mais aussi sur un registre beaucoup plus commun qui s’appelle « le pouvoir d’achat » ?

J’ai envie de dire un peu les deux. En effet, quand on regarde ce qui se passe dans les territoires en terme d’économie de proximité, il est évident que se mettent en place de nouveaux circuits qui ne sont pas fondés sur la seule rentabilité. Quand on regarde par contre au-delà des frontières de son pays, au sens où on parle du Pays de Morlaix par exemple, on se rend compte que c’est un peu moins vrai. En effet, les médias nationaux mettent sous le vocable d’économie collaborative, des entreprises hautement capitalistes comme Uber, Blablacar ou AIRbnb pour ne citer que les plus connues.

La différence entre les deux tient essentiellement à ce que la même idée de départ, qui pourrait être empruntée à Michel Foucault et son « homme entrepreneur de lui-même », à savoir que nous pouvons tous être les propres acteurs de ce que nous utilisons découle deux conceptions différente du travail collaboratif. Là où, dans votre canton, il s’agit bien d’un échange et d’un partage dans la cadre d’une collaboration bijective, au niveau des entreprises devenues planétaires en moins de 10 ans, il s’agit d’une forme d’auto-exploitation sous couvert de collaboration. Le partage n’est plus totalement bijectif. Et cela fait toute la différence.

Et pourtant, si on prend les expériences françaises les plus emblématiques de cette économie collaborative à sens unique, on se rend compte la plupart du temps que cela a commencé comme une belle aventure humaine, souvent sous forme associative mais parce que le goût de « la gagne », la soif de pouvoir, sont de puissants moteurs pour entreprendre, ces projets ont dérivé vers ce qui est devenu une aventure financière individuelle, de plus engluée le plus souvent dans les exigences de partenaires financiers que l’appât du gain a attiré autour de ces belles « histoires à succès ».

Des utopies créatives comme l’économie du partage émergent en permanence et presque aussi souvent dérapent dans une forme de récupération marchande.

Est-ce inéluctable ? dans l’état actuel de l’organisation de ces projets sûrement. Mais si on levait la tête pour regarder en arrière, on verrait que cela n’est pas aussi irrémédiable que cela. Toute organisation humaine, et une entreprise de l’économie du partage n’échappe pas à cette règle, est la convergence sur un projet, d’intérêts parfois divergents. C’est l’équilibre entre ces projets divergents qui fait la pérennité du projet donc de l’organisation. Mais si dans ce qu’on appelle « la gouvernance », certains intérêts n’ont pas accès aux manettes, ce sont ceux qui les détiennent qui imposent en fin de compte leur intérêts. Et voici comment un projet dérive.

Que faire alors ? Concevoir un mode de gouvernance de l’entreprise collaborative qui ne privilégie aucun de ces intérêts. Dans le langage des entreprises on appelle ces intérêts et ceux qui les portent, les parties prenantes. Dans le cas d’une entreprise collaborative, il y aura donc parmi les parties prenantes, les apporteurs de l’idée, les financeurs de l’idée, les utilisateurs du service et des tiers intéressés par le bon fonctionnement de ce service (ce peut être des associations, des collectivités territoriales, etc…). Pour que l’équilibre se maintienne, il faut donc que toutes ces parties prenantes aient à peu près la même voix au chapitre, afin notamment d’éviter toute dérive, soit vers la marchandisation du don, soit vers la gabegie des moyens, au nom de ce même don . Or en droit français, la solution existe : cela s’appelle les Société Coopératives d’Intérêt Collectif.

En l’état actuel, c’est sûrement un bon outil de développement de l’économie du partage sur un territoire à l’échelle humaine. Au-delà, c’est problématique. Mais justement au-delà, peut-on encore parler d’économie du partage quand le partage se fait avec le monde entier par le truchement de on ne sait plus qui, un intermédiaire dont la rémunération, elle ne ressort plus de la logique du partage ?

C’est pourquoi, il convient pour l’instant de penser l’économie du partage comme une solution locale, avec des acteurs locaux car c’est à ce niveau seulement que le partage est une vraie collaboration

CO LABORARE : travailler avec ce n’est pas loin de CO OPERARE : faire avec

 




Contre les dérives de l’économie collaborative, une seule solution, la coopération citoyenne.

Eh oui ! les débats font rage autour du concept d’économie collaborative. S’agit-il d’un mouvement de rupture avec l’économie de marché telle qu’elle fonctionne actuellement ou ne s’agit-il, tout compte fait qu’une façon plutôt futée de faire des affaires en jouant sur des registres de l’âme humaine jusqu’ici peu exploités, comme l’altruisme, le don ou le partage mais aussi sur un registre beaucoup plus commun qui s’appelle « le pouvoir d’achat » ?

J’ai envie de dire un peu les deux. En effet, quand on regarde ce qui se passe dans les territoires en terme d’économie de proximité, il est évident que se mettent en place de nouveaux circuits qui ne sont pas fondés sur la seule rentabilité. Quand on regarde par contre au-delà des frontières de son pays, au sens où on parle du Pays de Morlaix par exemple, on se rend compte que c’est un peu moins vrai. En effet, les médias nationaux mettent sous le vocable d’économie collaborative, des entreprises hautement capitalistes comme Uber, Blablacar ou AIRbnb pour ne citer que les plus connues.

La différence entre les deux tient essentiellement à ce que la même idée de départ, qui pourrait être empruntée à Michel Foucault et son « homme entrepreneur de lui-même », à savoir que nous pouvons tous être les propres acteurs de ce que nous utilisons découle deux conceptions différente du travail collaboratif. Là où, dans votre canton, il s’agit bien d’un échange et d’un partage dans la cadre d’une collaboration bijective, au niveau des entreprises devenues planétaires en moins de 10 ans, il s’agit d’une forme d’auto-exploitation sous couvert de collaboration. Le partage n’est plus totalement bijectif. Et cela fait toute la différence.

Et pourtant, si on prend les expériences françaises les plus emblématiques de cette économie collaborative à sens unique, on se rend compte la plupart du temps que cela a commencé comme une belle aventure humaine, souvent sous forme associative mais parce que le goût de « la gagne », la soif de pouvoir, sont de puissants moteurs pour entreprendre, ces projets ont dérivé vers ce qui est devenu une aventure financière individuelle, de plus engluée le plus souvent dans les exigences de partenaires financiers que l’appât du gain a attiré autour de ces belles « histoires à succès ».

Des utopies créatives comme l’économie du partage émergent en permanence et presque aussi souvent dérapent dans une forme de récupération marchande.

Est-ce inéluctable ? dans l’état actuel de l’organisation de ces projets sûrement. Mais si on levait la tête pour regarder en arrière, on verrait que cela n’est pas aussi irrémédiable que cela. Toute organisation humaine, et une entreprise de l’économie du partage n’échappe pas à cette règle, est la convergence sur un projet, d’intérêts parfois divergents. C’est l’équilibre entre ces projets divergents qui fait la pérennité du projet donc de l’organisation. Mais si dans ce qu’on appelle « la gouvernance », certains intérêts n’ont pas accès aux manettes, ce sont ceux qui les détiennent qui imposent en fin de compte leur intérêts. Et voici comment un projet dérive.

Que faire alors ? Concevoir un mode de gouvernance de l’entreprise collaborative qui ne privilégie aucun de ces intérêts. Dans le langage des entreprises on appelle ces intérêts et ceux qui les portent, les parties prenantes. Dans le cas d’une entreprise collaborative, il y aura donc parmi les parties prenantes, les apporteurs de l’idée, les financeurs de l’idée, les utilisateurs du service et des tiers intéressés par le bon fonctionnement de ce service (ce peut être des associations, des collectivités territoriales, etc…). Pour que l’équilibre se maintienne, il faut donc que toutes ces parties prenantes aient à peu près la même voix au chapitre, afin notamment d’éviter toute dérive, soit vers la marchandisation du don, soit vers la gabegie des moyens, au nom de ce même don . Or en droit français, la solution existe : cela s’appelle les Société Coopératives d’Intérêt Collectif.

En l’état actuel, c’est sûrement un bon outil de développement de l’économie du partage sur un territoire à l’échelle humaine. Au-delà, c’est problématique. Mais justement au-delà, peut-on encore parler d’économie du partage quand le partage se fait avec le monde entier par le truchement de on ne sait plus qui, un intermédiaire dont la rémunération, elle ne ressort plus de la logique du partage ?

C’est pourquoi, il convient pour l’instant de penser l’économie du partage comme une solution locale, avec des acteurs locaux car c’est à ce niveau seulement que le partage est une vraie collaboration

CO LABORARE : travailler avec ce n’est pas loin de CO OPERARE : faire avec

 




Nous participons tous (un peu) à l’obsolescence de nos appareils

De nombreuses manifestations ont donc été répertoriées cette semaine-là et feront à n’en pas douter l’objet de chroniques par ailleurs. Je voudrais juste insister sur une petite opération, montée sans aucun moyen par une association citoyenne de l’agglomération morlaisienne, l’Union citoyenne de Plouigneau /groupe de réflexion et d’action municipale plus connue sous le nom de GRAM.

L’objectif était de sensibiliser les habitants de la commune à la question des déchets d’équipements électriques et électroniques, leurs causes et leur devenir.

 

Donc trois opérations en une :

  • La collecte de tous les petits appareils électriques et électroniques qui peuplent notre quotidien, remplissent nos garages et nos greniers au bout de quelque temps et encombrent les poubelles, pour les envoyer à la Ressourcerie des Chiffonniers de la Joie en fin de compte.

Mais comme l’intérêt est quand même de montrer que ces objets ne sont peut-être pas aussi morts qu’on le croit, un atelier de diagnostic-réparation a eu lieu avec l’appui de deux techniciens du CPIE.

  • Une collecte de cartouches d’imprimante usagées car même cela peut encore être recyclé.

  • En outre et parce que c’était dans l’esprit de ces deux jours, le CPIE avait installé sous les barnums loués par le RESAM une armoire à troc.

  •  

Résultat :

Une bonne cinquantaine de personnes est venue déposer des objets divers et variés.

La collecte est un vrai inventaire « à la Prévert » : 22 ordinateurs, 4 scanners, 5 imprimantes, un fax, 4 fours à micro-ondes, 4 aspirateurs, 1 écran d’ordinateur, 2 télé «écrans plats», un télévision à tube cathodique, 2 gros transformateurs, 2 souris d’ordinateur, 3 postes radios, 1 sèche-cheveux, 3 cafetières électriques, 35 télécommandes, 45 téléphones portables, 11 téléphones fixes, 3 magnétoscopes, 1 table à induction, 1 machine à pain, 2 grille-pains, 1 convecteur électrique, 2 perceuses électriques et une grande quantité de chargeurs. Tout cela va être examiné par la ressourcerie et, si ça se trouve, ne va pas finir sa vie à la déchetterie.

En effet, l’atelier diagnostic-réparation a été un vrai succès. Pendant trois heures samedi après-midi, les deux techniciens n’ont pas chômé. Je ne dis pas que tous les objets qui leur ont été soumis étaient réparables mais la plupart l’était et c’était le plus souvent par négligence ou par méconnaissance que ces appareils allaient partir à la poubelle. Certains ont même été réparés sur le champ, preuve que la panne n’était pas si grave. Pour les heureux dépannés, ce fut Noël avant l’heure. Une vingtaine de personnes ont ainsi pu en 3 heures de temps avoir un diagnostic éclairé sur des appareils que sans cela, ils allaient vraisemblablement jeter… garder dans leur garage ou leur grenier en attendant de le jeter dans une benne de la déchetterie… Cela prouve que quelque part, par négligence ou par ignorance, nous participons aussi, un tout petit peu à l’obsolescence de nos appareils électriques.

Reste l’armoire à troc : elle s’est remplie plus vite que prévu, mais, c’est plus inattendu, car la tente était ouverte à tous les vents et les regards, elle s’est aussi un peu vidée. Et surtout, comme c’était aussi la fête des écoles sur la place de la mairie, on a vu beaucoup de mamans venir avec leurs enfants le dimanche après-midi, pour leur expliquer que tout ne s’achetait pas ou ne se vendait pas et qu’on pouvait tout aussi bien se faire plaisir et faire plaisir à d’autres en donnant et…en prenant quelque chose. Dommage que l’armoire à troc n’ ait pas trouvé de place pérenne sur la commune.

Mais vous auriez vu ce qu’il y avait dans cette armoire. Ce n’était pas que des vieilleries, loin de là.

Alors que conclure de ces deux petites journées ?

1° nos armoires recèlent des trésors…pour les autres

2° quand nous achetons, nous ne pensons pas toujours à l’usage qu’on aura de la chose dans la durée

3° quand nous jetons un objet, nous ne pensons pas toujours à cette quantité de matières, parfois nobles, et à tout le travail que sa fabrication a nécessité.

Et enfin, petite remarque personnelle que m’inspire cette montagne d’électronique et de plastique qui s’accumule dans mon hangar : deux des objets électriques qui me servent le plus souvent dans la journée sont ma machine à café et ma chaîne hi-fi. La première a été achetée par ma mère en 1971 et la seconde par ma femme en 1986, c’est-à-dire avant que les appareils ne connaissent une brutale baisse de leur espérance de vie. Quant à l’appareil électronique dont je me sers le plus souvent, c’est mon ordinateur, il a loin d’avoir cet âge et il donne des signes évidents de fatigue.

Donc certes, par négligence ou par ignorance, nous participons, un peu, à l’obsolescence de nos appareils domestiques, mais vraiment un tout petit peu. Inutile de nous culpabiliser plus que de raison mais rien n’empêche quand même de faire un peu attention à ce que nous achetons, comment nous l’utilisons et comment nous nous en débarrassons.

 




L’économie collaborative, est-ce encore de l’économie ?

Mais en fait, il a été surtout question d’autres choses . En effet, l’association Colporterre 1 qui animait cette réunion a présenté un panorama des 950 initiatives d’économie collaborative ( par souci de simplification, c’est l’appellation que je vais retenir, bien que je préfère la notion de partage à celle de collaboration) qui ont émergé dans la Bretagne historique. Or surprise ! 80% des projets sont portés par des associations et d’après la typologie des entrepreneurs et des consommateurs qui a été présentée, j’ai cru comprendre que l’emploi n’était pas l’enjeu majeur de ces projets, faire fortune encore moins.

On peut alors se poser la question : mais est-ce encore de l’économie ? Si on prend comme système de référence l’économie de marché, c’est peu vraisemblable, si on prend comme critère d’appréciation les emplois générés ou les richesses créées, c’est aussi peu vraisemblable, du moins pour le moment. Mais alors qu’est-ce ? C’est toujours, d’une façon ou d’une autre, une manière de satisfaire un besoin social, de répondre à une demande domestique ou sociale à laquelle justement le marché n’a pas apporté de réponse, qu’il s’agisse de promener le chien des voisins pendant leurs vacances (exemple cité lors du débat) ou d’apprendre à réparer les petits objets de la vie quotidienne que l’obsolescence programmée par l’économie de marché a condamné (autre exemple présenté lors du débat).

Si on se réfère à la signification première du mot économie (oïkos, foyer et nomos la règle), ce dont nous parlons est bien de l’économie puisqu’il s’agit d’un mode d’organisation permettant d’améliorer la sphère domestique . Mais c’est une autre forme d’économie que ce qu’on appelle communément « l’économie » qui se fonde avant tout sur un échange monétaire, alors que cette économie, dont il est ici question, se traduit le plus souvent par un partage ou un don, en tout cas un échange non monétaire, dans lequel l’aspect financier n’est qu’anecdotique quand il existe.

Mais il arrive parfois que cette sphère de l’économie du don rencontre la sphère de l’économie marchande et c’est là que les choses se compliquent. Mais ceci nous renvoie à d’autres débats dont ceux qui n’ont fait que s’ébaucher hier à la CCI de Morlaix.

 

1 http://www.collporterre.org/wakka.php?wiki=PagePrincipale