Avec À bout de souffle , la compagnie de danse bretillienne Océane s’en prend à la pollution plastique avant d’entrer bientôt en Osmose avec nous.
« Le souffle c’est la vie… Notre planète est à bout de souffle… Entre air et mer… » « À bout de souffle… Du blanc, du bleu, du vert, au gré des courants d’eaux, des courants d’airs… Ombres légères ondulées qui traversent nos océans magiques, nos campagnes endormies ; entremêlées, enchevêtrées, entortillées, multipliées, multipliées, multipliées… Planète Panique ! Plastique Pas Fantastique ! Les ombres tentaculaires s’effilochent, se déchirent, multipliées, multipliées, multipliées, je ne vois plus l’horizon, je n’entends plus le chant des sirènes ; elles s’accrochent, s’engouffrent, j’étouffe…. À bout de souffle… ».
C’est avec les mots de Julie Benoît, l’une des danseuses, que nous entrons dans À bout de souffle, 30ème pièce chorégraphique de la compagnie de danse contemporaine Océane qui en donnera une représentation samedi 25 mai prochain, à Chartres-de-Bretagne (1), où Agnès Chevalier exerce et où le spectacle fut donné pour la première fois en mai 2022.
Co-créatrice et animatrice de la compagnie bretillienne depuis 1990, la danseuse, chorégraphe et pédagogue Agnès Chevalier eut un choc il y a quelques années en découvrant le Sénégal envahi par les déchets plastiques, en particulier les sachets d’eau à usage unique (2) : « Je me sens concernée comme beaucoup aux questions d’environnement et à la planète que nous laisserons aux futures générations… j’avais envie de leur transmettre la vision de cette horreur mais également une vue optimiste si chacun en prend conscience et fait sa part. »
C’est tout naturellement à travers la danse qu’Agnès Chevalier a choisi de nous toucher. Dans À bout de souffle, les déchets envahissent notre environnement… avec poésie, les danseuses traversent les paysages au gré des envols de sac plastiques qui se mêlent, s’entortillent, s’engouffrent, jusqu’à l’étouffement.
Danseuse de la compagnie depuis ses débuts, Tiphaine Creac’h-Coulombel renchérit : «il s’agit de rendre visible et sensible une pollution hélas devenue quotidienne, globale, incontournable, à laquelle hélas on s’habitue. Par le biais de ce spectacle, nous nous adressons à la sensibilité des personnes pour créer de l’émotion et pour surtout nous amener à l’action, pas à l’éco-anxiété qui paralyse ! ».
La prochaine création de la compagnie, Osmose, met justement l’accent sur la joie du vivre ensemble, la conscience du collectif. Elle se fait en mode participatif avec des adolescent.e.s intégré.e.s au travail d’écriture, notamment par des ateliers d’improvisation.
La compagnie Océane travaille avec des danseuses confirmées, d’âge et de niveau adaptés aux exigences chorégraphiques d’Agnès Chevalier et en fonction des projets. Elle recrute des jeunes à partir de 10 ans pour les former. Avec elles, Agnès Chevalier mène un travail de création et d’interprétation qui leur permet l’apprentissage de la prise de responsabilité, de l’autonomie, de la vie en groupe, de la concentration personnelle, de l’écoute, de l’acceptation de l’autre. Son choix du spectacle de rue correspond particulièrement à l’idée qu’a la compagnie de la pratique de la danse : l’ouverture sur l’extérieur, la rencontre du néophyte, la danse de la vie quotidienne…
Pratiquement toutes les danseuses ont intégré la compagnie lorsqu’elles étaient adolescentes. Certaines sont ensuite devenues danseuses professionnelles.
Dernier détail qui n’en est pas un : tous les costumes sont faits maison, avec des tissus autant que possible récupérés.
L’urgence écologique s’invite de plus en en plus dans la création artistique, et elle fait bien ! Touché.e.s à l’endroit de notre sensibilité et de nos émotions – comme ici, par la grâce de la danse – celles-ci pourraient bien rebattre les cartes de nos relations avec le vivant, nous faire entrer dans l’ère du symbiocène, cher à Glenn Albrecht (3).
Contact : Agnès Chevalier – directrice artistique – Tél : 0299692724 Email : compagnieoceane35@gmail.com
(1) Samedi 25 mai, à 16h30 au parc de loisirs Grand’voile, dans le cadre du Festival écocitoyen « J’agis pour ma planète » (programme : https://www.calameo.com/read/000596713ba64f7075090)
(2) « Le pays a adopté en 2020 une loi interdisant les plastiques à usage unique, mais celle-ci est restée lettre morte en ce qui concerne l’eau en sachet, dont la fabrication et la distribution font travailler des milliers de personnes. », nous dit Le Monde dans un article du 13 octobre 2023.
A découvrir également sur rfi en avril dernier : https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-afrique/20240422-s%C3%A9n%C3%A9gal-%C3%A0-dakar-le-fl%C3%A9au-des-d%C3%A9chets-plastiques-perdure.
(3) « Les émotions de la terre », par Glenn Albrecht, éd Les Liens qui Libèrent.