Sur les traces des loutres dans la Vallée du Douron

Sur les traces des loutres dans la Vallée du Douron
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An Dour, le service public de l’eau de Morlaix Communauté, propose tout l’été un programme d’animations pour mieux connaître et préserver la biodiversité, dans le cadre du programme trame verte et bleue, et en compagnie des associations environnementales locales. Jeudi dernier, les participant.e.s ont pu partir en balade sur la traces des loutres dans la Vallée du Douron avec l’Ulamir-CPIE. Reportage.

Le soleil brille en ce jeudi de juillet. Les températures sont clémentes. C’est la bonne occasion pour se rafraichir grâce à une balade le long du Douron, à la découverte des traces de loutres. Car oui, celles-ci sont présentes sur le cours d’eau long de 35 kilomètres, qui sépare le département des Côtes-d’Armor du Finistère. L’objectif de l’après-midi est non pas de les apercevoir (elles sont discrètes et ne sortent que la nuit), mais de détecter leurs traces, dans et autour du Douron.

Le rendez-vous est donné à Pont-Menou, sur la commune de Plouegat-Guerrand, dans le Finistère, tout près de la frontière costarmoricaine. C’est Géraldine Gabillet, animatrice è l’Ulamir-CPIE, qui nous accompagnera. La balade est proposée dans le cadre du programme trame verte et bleue, par le service biodiversité de Morlaix Communauté, qui fait partie désormais de la régie publique de l’eau An Dour.

Une fois le groupe d’une trentaine de participant.e.s réuni.e.s, direction le petit chemin qui serpente sous les arbres, le long de la rivière. Première étape : Géraldine explique qu’elle a caché des objets incongrus dans cet endroit mais utiles à l’observation des loutres, sur un petit tronçon du sentier qui se trouve devant nous. Il faudra ouvrir l’oeil pour les repérer. En file indienne, petits et grands se prêtent au jeu et cherchent avec leurs yeux. Un bon moyen d’aiguiser notre sens de l’observation ! Rapidement, paire de jumelles, loupe, boite à observation, planche d’identification des empreintes, épuisette, lampe…sont retrouvés. Tout ce matériel est utile pour débusquer les traces des loutres. Le kit du parfait chercheur étant reconstitué, nous continuons notre cheminement. Derrière un talus, quelques vaches, curieuses, nous saluent en dépassant leurs têtes. Le bruit de l’eau se mêle au chant des oiseaux, notamment à celui du pouillot véloce. Tout au long du chemin, Géraldine a accroché des questions aux branches des arbres, ce qui permet d’aborder plus en détail la vie des loutres. Première interrogation : la loutre est-elle un mammifère, un rongeur, ou un mustélidé ? Pas si simple…En réalité, c’est à la fois un mammifère et un mustélidé. « De la même famille que la fouine, la martre, ou la belette », précise l’animatrice. « Ce sont tous des animaux qui ont un corps fuselé. La loutre fait entre 1m et 1m20, avec la queue, et entre 6 et 8 kilos ». Pour mieux s’en rendre compte, une maquette grande nature de l’animal debout a été apportée. Plus impressionnant que ce qu’on pourrait penser au premier abord ! On l’observe rarement, car elle est discrète, et nocturne. « Et quand elle est dans l’eau, on ne la voit presque pas, elle peut restée plusieurs minutes immergée. Sa queue fait office de gouvernail, et ses moustaches de radar. Autre particularité : sa fourrure, qui comprend entre 60 000 et 80 000 poils par centimètres carrés. Une densité exceptionnelle comparé par exemple au chien, qui, lui, en a 200 à 600 ! », poursuit Géraldine.

En Bretagne, on trouve désormais des loutres presque partout, sauf au nord de Rennes. L’espèce, qui avait quasiment disparue dans les années 70, notamment à cause de la chasse et de la destruction des habitats, est protégée depuis 1981. Sur le Douron où nous nous trouvons, les loutres sont revenues dans les années 90. Une dizaine vivent maintenant le long des 35 km du cours d’eau. On peut les trouver également ailleurs dans le secteur, notamment à Morlaix. Elles fréquentent aussi d’autres milieux aquatiques tels que les ruisseaux, les marais, les littoraux…normal pour un animal essentiellement piscivore, mais qui peut également manger des amphibiens ou des oiseaux à l’occasion. Dans des catiches, tanières dans lesquelles elles vivent au bord de l’eau, elles donnent naissance à des loutrons, généralement un à trois individus.

Nous poursuivons maintenant notre promenade en nous rapprochant de l’eau. Cette fois-ci, nous allons essayer de voir si nous pouvons repérer des empreintes de loutres sur les rives. A l’aide de fiches descriptives, en petits groupes, nous nous penchons sur les endroits boueux pour voir si elles sont passées récemment dans le secteur. Manifestement, ce n’est pas le cas…nous ne voyons pas les empreintes caractéristiques de l’espèce, à savoir cinq doigts en éventail avec de petites griffes attenantes.

Mais on peut trouver d’autres indices de la présence du mustélidé : les épreintes. C’est le nom qu’on donne aux crottes de loutres. On les trouve sous forme de petits tas, dans les lieux important pour les animaux. Elles jouent un rôle stratégique dans la communication entre individus, et indiquent leurs passages dans la zone. « Les épreintes ont une odeur de poisson, on y retrouve des écailles. Elles ont aussi une odeur caractéristique de miel », précise Géraldine, qui nous invite à continuer le long du chemin.

La dernière pause de la balade se déroule tout près de la route, au pied d’un pont. Sous celui-ci, le Douron poursuit son cours. C’est là que nous allons enfin trouver une trace de la présence des loutres : une épreinte justement, sur un rocher plat, au creux du lit de la rivière. Pour la voir de plus près, nous descendons une petite pente, en nous frayant un passage parmi la végétation dense. Pas de doute, avec son odeur de miel et de poisson, c’est bien une déjection de loutre.

L’animal est donc bien passé par là, en contrebas de la route où des camions et des voitures sont en train de circuler. C’est d’ailleurs la circulation automobile qui constitue aujourd’hui l’un des principaux dangers pour l’espèce : de nombreuses loutres se font malheureusement percuter sur la chaussée, notamment la nuit. Ce qui a amené à la construction de passages spéciaux sous les routes, pour qu’elles puissent continuer leur chemin sans crainte.

Il est l’heure maintenant de rebrousser chemin, non sans admirer une dernière fois le Douron et sa belle vallée sauvage, où s’épanouissent de nombreuses espèces végétales et animales, parfois si discrètes qu’on ne les remarque pas, comme ici la loutre, qui mérite pourtant toute notre attention.

Pour aller plus loin :

Une carte issue du site du GMB (Groupement Mammalogique Breton), qui présente la répartition de la population de la loutre en Bretagne.

Le GMB propose aussi de participer au suivi de la loutre en Bretagne, en faisant part des observations ponctuelles ou en participant aux protocoles de suivi.

Toutes les informations sont sur la page https://gmb.bzh/participer-aux-inventaires/, rubrique « Suivi loutre »

On peut également télécharger sur le site des documents pour mieux connaitre et identifier les loutres.

Plus d’infos : gmb.bzh

Et en bonus, une vidéo de loutre, quelque part en amont du bassin versant du Léguer (22), la seule rivière labellisée « rivière sauvage » de Bretagne, et où les loutres sont présentes. Vidéo prise par piège photo par Samuel Jouon.

Pour découvrir tout le programme des animations nature et biodiversité proposées par An Dour, service public de l’eau de Morlaix Communauté : https://www.andour.bzh/mairie/titre-par-defaut/la-biodiversite/trame-verte-et-bleu

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Marie-Emmanuelle Grignon