Les savoir-faire ancestraux sont-ils l’avenir de la planète ?
Le jeudi 17 novembre 2016, l’alliance mondiale des savoir-faire ancestraux pour le climat (AMSAC) a officiellement été lancée sous le haut patronage de Madame Hakima El Haïté , ministre de l’environnement du Maroc . Il s’agit d’une initiative commune de WECF, de Connecting Group et de la fondation Mohamed VI pour l’étude et la sauvegarde de l’arganier.
En commençant son intervention, Madame El Haïté a tenu clairement à préciser : « Nous savons maintenant que depuis des décennies, le monde s’est trompé de chemin aux dépends des ressources naturelles. » Et elle enchaine, s’agissant des savoir-faire ancestraux : « Ils sont le fruit d’une adaptation lente à un environnement qu’il a fallu domestiquer. Les peuples ont appris beaucoup de la nature. » Et elle conclut en ces termes : « Les savoir-faire ancestraux sont une part importante du patrimoine culturel mondial et ces savoirs sont menacés, la plupart du temps dans des zones elles-mêmes menacées par les effets du changement climatique. Nous avons voulu une COP inclusive et nous sommes contents de constater avec la création de cette alliance mondiale que ces savoir-faire ont trouvé un gardien. »
Les témoignages qui ont ponctué cette cérémonie d’inauguration de l’alliance mondiale ont montré que, loin d’être une tentative passéiste de préserver des pratiques obsolètes, la défense des savoir-faire ancestraux étaient de puissants facteurs de développement dans les zones où ils étaient promus. En effet, toutes les initiatives qui ont été présentées ce jour-là montraient que, loin d’être des éco-musées, les territoires où les femmes avaient pris en main leur destin avec comme seule arme, le savoir-faire qu’elles avaient hérité de leurs mères, montraient une grande résilience, pour peu qu’on ait su marier ces savoir-faire avec des technologies modernes, en l’occurrence l’utilisation de sources d’énergie renouvelables.
D’autres témoignages ont également montré que la combinaison de ces savoirs ancestraux avec quelques outils modernes pouvaient produire de la modernité. Ainsi, les techniques et modes de gestion collectives de l’eau dans le Haut-Atlas ou dans les oasis, pourraient servir de modèle pour les zones où la question de l’accès à l’eau va se poser de façon cruciale dans les années à venir.
Certes, lors du débat on a opposé à ces pratiques ancestrales, le principe de productivité qui semblent les condamner. En écho aux propos de Madame El Haïté, il pourrait être rétorqué que cette recherche ininterrompue de la productivité est la limite ultime d’un modèle à bout de souffle. En effet, ce n’est pas en essayant de développer les capacités lumineuses de la bougie qu’on a inventé la lampe à incandescence.
Les savoir-faire ancestraux sont-ils alors l’avenir de la planète, dans un monde où l’activité économique serait au service du bien-être de tous et non l’inverse ? Nul ne peut le dire mais une chose est certaine, ils nous apportent une vision du monde plus sereine et leur disparition serait une grande perte patrimoniale pour l’humanité.