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Kastell Laouen : une autre vie de château est possible à Suscinio !

A Morlaix, deux collectifs s’unissent et lancent un appel public à souscription pour racheter le Château de Suscinio à la Région et en faire un lieu désirable de transitions écologiques, sociales et solidaires.

En juillet dernier, un collectif de sept jeunes passionné.e.s d’éducation à l’environnement, de sciences, d’art…, diplômé.e.s, pour la plupart, du BTS Gestion et Protection de la Nature au lycée de Suscinio, prenait la plume* pour vous présenter son projet de rachat du Château de Suscinio que la Région met en vente. Avec la volonté farouche « d’agir à notre échelle, partager des valeurs qui nous ressemblent pour construire un avenir qui fait rêver les petits et les grands enfants. » Leur projet : créer un éco-lieu durable ensemble.

Que s’est-il passé depuis ces 8 derniers mois ? Kastell Laouen vous apporte en direct quelques bonnes nouvelles : 

Si vous avez suivi notre aventure, vous avez pu voir que notre projet de rachat du château de Suscinio à Morlaix, a été retenu par la Région. Lors d’une visite du château, la fusion avec un autre projet “Culture Autrement”  nous a paru évidente de part les valeurs et les objectifs communs. En somme, la rénovation de ce lieu, l’accueil du public, le partage de savoirs et la préservation de l’environnement sont pour nous primordiaux.

Culture Autrement est un collectif de 6 personnes impliquées dans l’association « Ipisiti », qui œuvre dans l’accompagnement artistique depuis plus de 25 ans, et dans l’ingénierie auprès de certains festivals. Exemples : Mom Art (Lannion Trégor Communauté), Les Jeudis des carres des Larrons (Concarneau). C’est lors de la visite organisée par la Région au château de Suscinio en janvier dernier, que la fusion nous a parue évidente. Les valeurs communes, l’approche participative et intergénérationnelle ainsi qu’une volonté d’agir ensemble Pour et Avec la population du Pays de Morlaix nous a amené.e.s à une collaboration. Faire ensemble, c’était un des maîtres-mots de nos deux projets collectifs ! Nous avions les mêmes envies et les mêmes idées sur tous les points ! Une énergie de faire de ce château, un lieu de partage favorisant la transmission des savoirs, la sensibilisation à la biodiversité, à la créativité, à l’art, à l’auto-gestion, à l’autonomie, à l’économie circulaire… Aujourd’hui, c’est donc ensemble que nous voulons mettre en avant ces valeurs qui nous ont réuni.e.s.

En février dernier, un nouveau dossier a été déposé à la Région, ce projet rassemble donc des personnes de divers horizons qui partagent des envies communes : créer un lieu ouvert à tous, un terreau fertile qui permettra la naissance d’une multitude d’alternatives. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet sur notre tout nouveau site internet

On a encore besoin de vous, plus que jamais ! 

Pour que ce projet puisse voir le jour, votre soutien est primordial. Chaque participation, petite ou grande, aura son importance pour la solidité morale et financière de notre projet. 

Nous sommes à la recherche de souscripteurs à des “parts” dans la future SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) à hauteur de 100 €, de bienfaiteurs, mais aussi de lettres de soutien moral, et de personnes ayant de l’énergie à revendre pour participer à ce projet collectif et humain.  

La décision de faire appel à une aide financière n’a pas été aisée pour nous car nos valeurs sont bien loin de l’attrait économique. Cependant le château de Suscinio est vendu par la Région à un montant que nous ne pouvons assumer personnellement, et ce lieu a pour finalité de devenir un espace collectif et ouvert à tous.
Nous espérons que ce petit bout d’utopie vous fera tout autant rêver que nous, et qu’ensemble nous arriverons à faire en sorte que ce projet humain, collectif et solidaire puisse voir le jour.

De nombreuses nouvelles vont suivre dans les semaines à venir ! Et même on espère de belles surprises !

*/https://www.eco-bretons.info/morlaix-un-eco-lieu-au-chateau-de-suscinio/

https://www.susciniokastelllaouen.com/




Avec « Les Bottes d’Anémone », Tiphaine Turluche veut « changer le monde une tige à la fois »

A Vannes, Tiphaine Turluche a créé son atelier de création florale, « Les Bottes d’Anémone », après une première vie professionnelle dans le domaine de la voile. Elle propose des fleurs 100% françaises, et de saison. Le tout dans une démarche zéro déchet. Elle se lance également dans la culture, avec une ferme florale.

 

A 33 ans, la bretonne Tiphaine Turluche a déjà eu une vie professionnelle bien remplie. Passionnée de voile, de surf, et de sports nautiques en général depuis son enfance, elle décide dans un premier temps de faire carrière dans ce domaine. C’est ainsi qu’après une prépa école de commerce, elle trouve un emploi dans le milieu de l’événementiel et de la voile. Une aventure qui durera 10 ans. « J’ai travaillé avec Ellen Mac Arthur, sur des projets internationaux, au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande », précise Tiphaine. Elle devient par la suite directrice d’une équipe française, ce qui l’amène à gagner une course. « C’ était mon but », se remémore la jeune femme. « Je me suis alors dit : qu’est ce que je peux bien faire désormais ? ». Ayant posé ses valises au Bono (56), au bord du Golfe du Morbihan, elle décide de quitter le milieu qui l’a tant fait rêver. Car installée dans sa maison, rénovée, avec un jardin, Tiphaine a envie de s’ancrer dans la vie locale, et de se rapprocher du vivant. Après la mer, la terre, et toutes ces plantes qu’elle voit pousser autour d’elle. C’est en quelque sorte le déclic. « J’ai toujours adoré les fleurs, avoir un bouquet chez moi. J’ai aussi un souvenir très fort : un rosier jaune, sur le pas de la porte de ma grand-mère. Cela m’a marqué ».

Tiphaine effectue alors un virage à 180 degrés et se lance donc dans son projet, baptisé « Les Bottes d’Anémone ». En pleine pandémie (« j’étais finalement au bon endroit au bon moment, le milieu de la voile était à l’arrêt »), elle se forme au métier de fleuriste. Et son entreprise naît officiellement le 1er août 2020, avec pour mot d’ordre « Changer le monde une tige à la fois ». Car la jeune femme veut aussi exercer son métier en cohérence avec ses valeurs, et proposer avant tout des fleurs françaises, et même bretonnes quand c’est possible. « Il faut savoir que 9 fleurs sur 10 sont importées », explique-t-elle. « Les expéditions se font par avions, dans des containers réfrigérés. Pour la culture, les serres sont chauffées. Les impacts sur l’environnement sont énormes ». Son souhait : proposer des fleurs locales et de saison. « On m’a dit que ce n’était possible, mais j’ai voulu essayer ». La bretonne a eu raison de persévérer, puisque son pari est aujourd’hui réussi : De mi-février à mi-novembre, elle propose des fleurs issues du grand Ouest, et du Var pour la période hivernale.

Une démarche la plus écologique possible

Elle a aussi choisi de s’installer dans un atelier à Vannes, et d’embaucher une chargée de communication en alternance, car, pour elle, « C’est important de communiquer pour convaincre ». Tiphaine propose aujourd’hui des bouquets sur-mesure et sur commandes, des créations florales, ainsi que des abonnements, à destination des entreprises et des particuliers, afin d’avoir un bouquet chaque semaine, livré à vélo. Tout le travail se fait dans une démarche la plus écologique possible. « Je me suis formée volontairement chez des fleuristes spécialistes du zéro déchet », souligne la jeune femme, qui utilise ainsi des tampons à encre végétale, du papier ensemencé de graines pour les cartes, de la ficelle en jute de jardin, et récupère et réutilise les vases chez les professionnels. Elle est également formée pour ne pas utiliser de la « mousse florale », en plastique à usage unique, dans les compositions de mariages. Les mariés sont d’ailleurs incités à repartir avec leurs fleurs, ou d’offrir les bouquets à des organismes tels que les Ehpad. Même les déchets végétaux trouvent une deuxième vie aux Bottes d’Anémone : « Je les valorise, sous forme de bouquets séchés, ou alors sous forme de confettis. Les toutes dernières qui restent partent au compost ». Les fournisseurs de Tiphaine sont également incités à entrer dans le mouvement. « Les producteurs du sud sont en train de tester des choses, au niveau des emballages et des élastiques notamment ».

D’ici trois ans, Tiphaine Turluche espère que « N’importe quel breton puisse avoir accès à une fleur française ». Enthousiaste et créative, elle avoue que ce projet lui permet de découvrir progressivement ses « capacités, limites, et potentiel ». Elle entend bien développer son activité, après l’avoir stabilisée dans le Morbihan, dans le grand Ouest. En attendant, elle vient d’acquérir un terrain au Bono, afin de monter une « ferme florale » et de cultiver ses propres fleurs. Un financement participatif est lancé, sur la plateforme Miimosa, afin de récolter 10 000 euros qui serviront à l’achat d’outils, de cuves de récupération d’eau de pluie pour l’arrosage, de filets et clôtures…C’est une nouvelle aventure, en tant que productrice, qui l’attend.

Le financement participatif des Bottes d’Anémone : https://miimosa.com/fr/projects/la-ferme-florale-des-bottes-d-anemone

Le site des Bottes d’Anémone : https://lesbottesdanemone.f




Le porc sur paille, une alternative écologiquement responsable

Norbert Lesné est installé à Plélo (22) et élève depuis 2010 des porcs sur paille. Membre de la filière « Porcs authentiques élevés sur paille », initiée par le Réseau Cohérence, il a reçu dans son exploitation une classe de première STAV du Lycée agricole de Suscinio (29) pour présenter son mode de production.

En Bretagne, la production porcine, après avoir connu une forte industrialisation, est aujourd’hui sous le feu des projecteurs. Algues vertes, revenus faible des producteurs, défiance vis à vis des abattoirs, prise de conscience du mal être animal…sont autant de problématiques qui questionnent le mode de production intensif et hors-sol. Depuis ses débuts, le réseau Cohérence, qui fédère plus d’une centaine d’adhérents (associations, syndicats, particuliers…), accompagne un collectif d’éleveurs de porcs sur paille, labellisés « Porcs Durables ». Une filière a été co-construite, regroupant éleveurs et bouchers, et baptisée « Porcs authentiques élevés sur paille ».

C’est chez l’un de ces éleveurs, Norbert Lesné, basé à Plélo (22), qu’une classe de 1e STAV (Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant) du Lycée Agricole de Suscinio s’est rendue, afin de découvrir comment élever des porcs de façon plus durable.

Pierre Le Roux, chargée de mission « porcs sur paille », a d’abord rappelé les grandes lignes du label « Porcs Durables » : pour se faire certifier, les éleveurs doivent respecter un cahier des charges stipulant entre autre une utilisation de paille, une alimentation sans OGM ni antibiotique (sauf à titre curatif), et enrichie en lin, le tout dans une exploitation à taille humaine. L’apport de l’azote dans l’épandage doit également être limité afin d’éviter la pollution de l’eau (140 unités d’azote/hectare contre 170 unités dans la réglementation). Cette certification est également participative : les consommateurs et consommatrices sont invitée.e.s à y prendre part, via des sessions spéciales.

Norbert Lesné est installé depuis 2010. Il élève 400 porcs par an, sur paille. « Je suis à la fois naisseur et engraisseur », explique-t-il. « Tous les cochons nés ici sont engraissés ici ». Il élève des naisseurs et reproducteurs, à savoir 20 truies et un verrat, et gère la gestation et la mise bas des porcelets. Dans son élevage, Norbert ne coupe pas les queues des cochons, pratique très répandue dans les élevages intensifs pour éviter qu’ils ne mordent celle de leur congénère. « J’essaie de favoriser le bien-être animal, c’est important », souligne l’éleveur.

Pour l’alimentation de ces bêtes, dont la production est labellisée Label Rouge et Bleu Blanc Coeur, Norbert Lesné essaie d’être autonome au maximum. Celle-ci est fabriquée sur place, à partir de 70% de produits issus de son exploitation, cultivés sur ses 32 hectares de terre. « Je nourris les porcs avec un mélange d’orge, avoine, blé et pois pour 70%, auquel j’ajoute un complément alimentaire pour 30% », précise-t-il. « Je ne suis pas en bio, mais j’essaie d’être au maximum autonome et d’avoir un faible impact en terme de CO2 », poursuit-il.

La viande issue des bêtes que Norbert Lesné élève est vendue ensuite à des bouchers, dans une zone allant de Plestin-Les-Grèves à Saint-Caast-Le-Guildo, toujours dans les Côtes-d’Armor. Comme quatre autres éleveurs, il fait partie de la filière « Porcs authentiques sur paille », qui promeut le circuit court, de meilleurs prix pour les producteurs et une meilleure valorisation de leur production, un mieux-être pour l’animal et une réduction du volume d’azote issu des élevages.

Afin de donner envie aux potentiel.le.s futur.e.s éleveur.euse.s, le réseau Cohérence va publier une fiche avec un réflérentiel pour informer sur ce mode de production porcin plus durable, d’ici la fin de l’année. De quoi donner peut-être envie aux élèves de Suscinio qui souhaitent s’installer plus tard, en plus de la visite, d’adopter la paille…

 

Plus d’infos

https://www.porc-authentique.com

 




A Morlaix et au delà, on va bientôt croquer du chocolat solaire et solidaire

Installée dans la cité du viaduc, Sunshine Chocolat a pour objectif de fabriquer des tablettes de chocolat à partir de fèves de cacao torréfiées directement par les petits producteurs. Le tout grâce à des torréfacteurs fonctionnant à l’énergie solaire, conçus par l’entreprise elle-même à Morlaix.

6%. C’est ce qui revient au producteur de chocolat, sur le prix final d’une tablette. Un constat qui a interpellé le morlaisien François Liron. Co-fondateur et ancien directeur de la société Grain de Sail, il a lancé en 2021 un nouveau projet, baptisé « Susnhine Chocolats ». Objectif : « Créer le premier chocolat solidaire et solaire ». Solidaire, car le but est d’offrir de meilleures conditions de vie aux petits producteurs de cacao. « Toute la valeur ajoutée de la fabrication du chocolat a été éloignée des territoires », rappelle François Liron. 94% des producteurs de cacao vivent avec moins de 4,50 euros par jour ! Et solaire, car l’entreprise développe des torréfacteurs solaires industriels de cacao, « dont les plans sont créés par nous de A à Z », souligne l’entrepreneur. Les machines mesurent 6 mètres de hauteur, et sont dotées « d’un four qui chauffe grâce à la chaleur du soleil captée par de grands miroirs mobiles ». Elles permettront au producteur de torréfier et broyer les fèves de cacao directement sur place. Et avec celui-ci, qui sera acheté directement au producteur, Sunshine pourra fabriquer une gamme de tablettes de chocolat bio, dans son atelier. Avec d’ici deux à quatre ans un approvisionnement uniquement à base de cacao torréfié grâce au solaire.

L’entreprise, et son équipe d’une dizaine de personnes, s’est installée dans les locaux de l’ancienne Imprimerie du Viaduc, à Morlaix. Elle ambitionne maintenant d’expédier son premier torréfacteur solaire au premier semestre 2023, en République Dominicaine. Une campagne de prévente de tablettes de chocolat a eu lieu sur la plateforme Ulule, qui permettra grâce aux fonds récoltés de démarrer la production dans la future chocolaterie en cours d’installation. La commercialisation en magasins devrait débuter quant à elle en avril 2023.

 

 

Plus d’infos

https://www.facebook.com/sunshinechocolats




A Mellionnec, questionner les imaginaires techniques autour des savoir-faire…

Au croisement des sciences humaines et sociales, de la philosophie politique, de la science-fiction, des arts, des techniques et du bricolage, l’association Prospect Station propose, du 18 au 20 août prochain, un festival annuel autour des utopies techniques comme moyen de décloisonner les imaginaires et de déborder les frontières du réel afin de répondre aux problématiques écologiques, sociales, politiques, techniques, fictionnelles de notre temps. Ce festival a pour ambition d’interroger notre rapport aux objets techniques (tracteurs, smartphones, tournevis, réseau électrique, centrales nucléaires…) au prisme des questions soulevées par l’écologie, le féminisme et les utopies artistiques, politiques et littéraires. Sont invités dans ce cadre des chercheurs et des chercheuses à venir partager leurs travaux. Il interroge dans une perspective critique et féministe d’écologie populaire les imaginaires techniques et ses pratiques associées.

Situé en centre-Bretagne, sur la commune de Mellionnec, le festival invite des chercheur·e·s, des artistes, des artisans, des technicien·ne·s et des militant·e·s à venir présenter leurs travaux et à partager leur savoir-faire dans le cadre d’ateliers, de débats, de conférences ou de séminaires.
L’objectif du festival est de croiser des pratiques techniques et connaissances plus théoriques, savoir et faire. Faire, c’est-à-dire retrouver la connaissance pratique de certains objets techniques, savoir être bricoleur·se·s et réparateur·ice·s pour sortir du cycle de l’obsolescence, faire l’expérience d’un quotidien réinventé par mille et une tactiques et ruses, du détournement d’objet, en passant par la réappropriation de savoir-faire et la réparation, ces contournements buissonniers de la raison technicienne (sans condamner tout le mouvement industriel et ses innovations). Savoir, c’est-à-dire mettre en perspective, questionner et débattre autour des interventions de chercheur·se·s, mais aussi d’auteur·e·s de science-fiction et de professionnel·le·s et technicien·ne·s de la maintenance sur le sens, l’éthique des objets techniques, leur construction, leur transformation et leur imaginaire.

Coordination scientifique : Association Prospect Station : Fanny Lopez (Ensa Paris-Malaquais, co-dir. LIAT), Alice Carabédian (philosophe), Robin Kerguillec et Élise Feltgen (libraires à Mellionnec). En partenariat avec la Librairie Le Temps qu’il fait de Mellionnec, en partenariat avec l’association TyFilms. Financé par le laboratoire LIAT de l’Ensa Paris Malaquais et le laboratoire OCS de l’Ensa Paris-Est et l’Université
Gustave Eiffel. Avec le soutien de la CCKB.

Pourquoi un festival sur la technique et qu’entend-on par « imaginaires techniques » ?

La technique est un ensemble complexe et divers : ce sont des outils, des objets, des systèmes productifs ou extractifs, des matériaux, des savoir-faire, des filières professionnelles, des usages, des gestes… Cette grande variété peut nous faire perdre de vue l’importance de la question technique en elle-même si nous ne faisons pas un effort pour mieux la comprendre et saisir les enjeux politiques et sociaux qu’elle soulève.

D’abord, toute technique est ambivalente, et n’est jamais seulement un moyen en vue d’une fin. Qu’il s’agisse d’une brosse à dent ou d’un tracteur, l’usage d’un objet technique façonne un certain rapport au monde : il nous permet (par exemple, de retourner de la terre), et nous contraint (à utiliser de l’essence ou à engager notre corps selon la machine ou l’outil choisi). Ainsi nous sommes transformé·es par les techniques que nous employons, de façon plus ou moins heureuse. Il faut ajouter qu’à l’heure des guerres et des catastrophes climatiques, force est de constater que nous ne maîtrisons pas entièrement les effets des techniques sur le monde que nous habitons.

Puisque les objets techniques transforment notre planète et nous transforment, ils sont aussi des objets culturels. Qu’il s’agisse de systèmes en réseau (routier, ferroviaire, électrique, télécom, numérique) ou d’objets d’apparence plus solitaire (centrale nucléaire, panneau solaire, éolienne, ampoule, marteau, tracteur…), les systèmes techniques sont inséparables des imaginaires qui les soutiennent (technophile, productiviste, sobre, décroissant, anti-tech, etc.).

Si certains persistent à décrire les systèmes techniques comme des instruments au service de la maîtrise de « l’Homme » sur son environnement c’est que cet imaginaire toxique domine encore largement aujourd’hui. Ses ravages (impérialistes, productivistes, extractivistes) le signalent trop bien. Fort heureusement, la technique n’est pas un ensemble d’outils neutres, réservoir de services « universels » pour des besoins « naturels ». Au contraire, à chaque fois qu’il y a un usage technique, il y a une spécificité éthique, sociale, politique et un imaginaire associé à celui-ci.

C’est pourquoi nous avons toutes et tous affaire avec la question technique et ses récits, et des problématiques urgentes requièrent notre attention :

Comment sortir la technique de sa seule relation à la prétendue histoire du progrès et de la quête d’une rentabilité productive sans tomber dans la technophobie ? Comment se réapproprier les cultures techniques et mettre en lumière les imaginaires plus heureux et émancipateurs qui, d’hier à aujourd’hui, dessinent des mondes différents ?

La Machine dans le jardin a l’ambition d’explorer ces questions :

Nous héritons et nous dépendons d’ensembles technologiques et infrastructurels que nous devons transformer car nous ne pouvons ni revenir en arrière, ni les ignorer. Nous pensons que la critique des conditions matérielles de notre environnement et de ses pollutions irréversibles nécessite de se rapprocher du « monstre moderne » pour se saisir de l’ampleur de la catastrophe. Et mieux la contrer.

Bifurquer, rediriger, réparer, fermer ou transformer, c’est revenir sur les choix technologiques, restituer les controverses et les luttes qui font partie de l’histoire des infrastructures, de leur développement, de leur fonctionnement, de leur entretien. C’est aussi éclairer la riche histoire des alternatives aux systèmes extractivistes et capitalistes. Certaines pratiques ne prétendent pas à des solutions universalisantes. Il devient nécessaire d’écouter les utopies sociales, les imaginaires techniques écologiques, anti-racistes, féministes et émancipateurs, des plus prosaïques aux plus science-fictionnels.

En examinant les machines qui cohabitent dans le jardin planétaire jusque dans ces confins intergalactiques, ce festival porte une double ambition : questionner les formes techniques monstrueuses du capitalisme, et surtout, éclairer ses plus heureuses alternatives pour de nouveaux lendemains techniciens.

Comme nous y invitait l’écrivaine de science-fiction Ursula K. Le Guin : « Je pense que des temps difficiles s’annoncent, où nous aurons besoin de la voix d’écrivains capables d’envisager des alternatives à notre mode de vie actuel, et de voir, à travers notre société effrayée et ses technologies obsessionnelles, d’autres façons d’être. Et même d’imaginer de véritables raisons d’espérer. Nous aurons besoin d’écrivains qui se souviennent de la liberté : des poètes, des visionnaires, des réalistes d’une réalité plus vaste. »

Programme, inscriptions et informations pratiques :

https://www.calameo.com/books/006173302aa572d36f3ab  ET  https://lamachinedanslejardin.eu/




Découvrir « Les bestioles du compost » grâce à une mallette pédagogique bretonne

L’association Les Compostioles, basée à Crozon, a pour but de développer des outils à la fois pédagogiques, esthétiques et ludiques, de sensibilisation au vivant, à l’écologie, et au compostage. Après avoir réalisé un court-métrage « Illustration Compostage » sélectionné dans plusieurs festival, elle se lance dans un nouveau projet : une mallette pédagogique consacrée aux « bestioles du compost », fabriquée en Bretagne.

Elise Aufray est fascinée par le compost. Il y a presque dix ans, prof à l’Ecole Supérieure d’Arts de Bretagne, elle se lance dans le projet de filmer ce lent et intriguant processus. Elle emprunte du matériel dans son école, et, installée à Crozon avec son compagnon, transforme un garage en studio photo. Durant trois mois, tous deux photographient le bac à compost, toutes les heures, la journée et nuit. Le résultat : un court-métrage, baptisé « Illustration Compost », formé de 2500 prises de vue mises à bout, avec montage et musique. « L’objectif, avec ce film, c’était de répondre à la question : qu’est ce qu’il se passe dans le compost et comment le montrer ? Comment créer un outil qui donne envie de pratiquer ? », explique Elise. « Illustration Compostage » va alors se retrouver en sélection aux festivals de Clermont-Ferrand, de Berlin, de Brest… « Au final, il a été diffusé un peu partout dans le monde ! », souligne la co-fondatrice des Compostioles, l’association créé pour l’occasion.

Celle-ci décide alors de se concentrer sur l’aspect pédagogique, et de créer des outils esthétiques et fun pour inciter à composter. Un premier prototype de « Flip Book » est créé. Puis, l’association travaille avec le Musée Bel, en Belgique, sur une série de films, « De la graine aux légumes ». Un autre outil est en train aussi de voir le jour : une mallette pédagogique consacrée aux « bestioles du compost ». Un projet sur lequel Elise et Les Compostioles travaillent depuis 6 ans. « On a réalisé des prototypes de bestioles en pâte à modeler, papier, carton, éponge… », développe la jeune femme. La bonne formule est maintenant trouvée : ce sera de la pâte à modeler durcissante, un matériau « léger, doux au toucher, et résistant au choc ». L’objectif de la mallette : « rencontrer en grand les petites bêtes qui font le compost, les montrer, mettre à disposition l’information de manière fraîche et élégante ». Elle sera orientée vers le jeune public, qui a « une capacité de fascination incroyable : on va pouvoir leur dire : regardez les cloportes, les collemboles, les vers, c’est génial ! ». L’outil est particulièrement attendu par les animateurs et animatrices spécialistes du compost, notamment à l’approche de l’application d’une directive européenne qui demande aux intercommunalités d’organiser le compostage chez tous les particuliers et professionnels à partir du 1er janvier 2024.

Pour la fabrication de la mallette pédagogique, l’association Les Compostioles travaille en collaboration avec des acteurs locaux, comme par exemple le FabLab « Silex et Compagnie » de la Maison des Minéraux de Crozon, Et pour la rendre plus accessible, elle cherche actuellement des fonds privés et publics, à hauteur de 40 000 euros. La mallette est déjà en prévente pour les collectivités locales. Certaines ont d’ores et déjà passé commande.

 

Plus d’infos : https://lescompostioles.com