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Quelques questions autour de l’Economie Sociale et Solidaire. Question 2 : l’ESS est-elle forcément une aventure collective ?

Question 2 : l’ESS est-elle forcément une aventure collective ?

L’économie sociale et solidaire est composée d’entreprises, dont l’un des principes de base est la gestion collective. Cette caractéristique est en quelque sorte leur marque de fabrique. Mais qui dit entreprise dit forcément entrepreneur. Et c’est là qu’on retrouve l’une des questions qui traverse l’ESS depuis de longues années : une entreprise d’économie sociale et solidaire est-elle forcément  une aventure collective ? Il se trouve que, lors du salon des entrepreneurs, les entreprises  sociales et solidaires étaient à l’honneur. Ils ont même eu droit à un palmarès, un petit peu comme s’il existait une compétition au sein du social business http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/idees-de-business/reussir-dans-le-social-conseils-et-temoignages-de-quatre-entrepreneurs-206905.php?xtor=EPR-21-%5Bentrepreneurs%5D-20160203-%5BProv_%5D-1681742%402 Réussir dans le social : conseils et témoignages de quatre entrepreneurs

Certes, la présentation de ces entreprises est impeccable. Le plan d’affaires semble carré, la vision du projet est nette et l’utilité sociale du service est bien mise de l’avant quoique sur un des lauréats, on pouvait se poser la question de sa place dans un tel palmarès tant le produit, un ordinateur-radiateur, s’il relève de l’innovation technologique ne porte pas en lui les germes d’une quelconque solidarité. Disons que c’était la caution écologique de ce palmarès puisque maintenant on ne peut parler d’ESS sans parler aussitôt de développement durable. Mais il y a quand même quelque chose qui cloche dans ce palmarès. Ce ne sont pas les entreprises sociales de l’année qui sont récompensées mais les entrepreneurs sociaux. Et cela est effectivement gênant. Même si à tour de bras, on nous parle de bénévoles (comme dans n’importe quelle start-up de la cantine numérique), de travail en équipe (comme dans n’importe quelle start-up de Californie),,il n’est question ici que de l’Entrepreneur avec un grand E comme s’il s’agissait d’un voyage individuel dans lequel des hommes (il n’y a en effet aucune femme dans ce palmarès) particulièrement charismatiques auraient entraîné d’autres dans un projet qui était avant tout le leur. Même si je veux bien admettre que l’impulsion est souvent le fait d’une personne, l’effort est collectif et il aurait été plus conforme aux principes de l’ESS qu’il y eût un palmarès des meilleures entreprises sociales. Mais il ne vous aura pas échappé  que ce palmarès est publiée dans « Les Echos », organe de presse dont les prises de position, parfois très ultra-libérales et très anti-sociales, sont connues et que la sélection des projet a été faite par un cabinet parmi les plus appréciés des milieux patronaux proches de ces thèses. Leur héros est l’individu, non l’équipe. Ceci explique cela.




Révision du Sdage : l’action locale au cœur d’un schéma global

Sdage. Derrière cet acronyme quelque peu mystérieux se cache en réalité le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau, un outil qui permet d’établir la politique de gestion de l’eau au niveau d’un bassin, comme celui de Loire-Bretagne par exemple. L’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, établissement public qui œuvre à l’échelle de ce bassin, le définit comme « un véritable programme de reconquête de la qualité de l’eau sur le bassin Loire-Bretagne qui fixe des objectifs, des échéances, des orientations et des dispositions à caractère juridique pour y parvenir.

Un Sdage est établi pour une durée de 6 ans. « En effet, il dépend de la directive cadre sur l’eau, qui est un cadre européen.et qui organise la gestion de l’eau par cycle de six années » explique Ingrid Ingrid Hermiteau, chef du service économie et gestion des eaux, direction de l’évaluation et la planification agence de l’eau Loire-Bretagne. En 2015, un nouveau Sdage sera donc instauré, jusqu’en 2021. Pour se faire, deux étapes, « piliers » du schéma, ont déjà été validées. Il s’agit de l’élaboration des « questions importantes », ainsi que l’adoption d’un état des lieux du Sdage actuel.

« Les questions importantes tournent autour de quatre grands enjeux : la qualité de l’eau, les milieux aquatiques, la quantité d’eau et la gouvernance », précise Ingrid Hermiteau. Le public a d’ailleurs été consulté sur ces questions importantes. Pas moins de 2400 remarques ont ainsi été collectées, qui ont contribuées à faire évoluer la rédaction de ces questions. « Il y a eu une demande de meilleure prise en compte des aspects économiques, ainsi que de l’anticipation face aux changements climatiques », raconte Ingrid Hermiteau.

Le Sdage 2014-2020 sera aussi construit sur un « état des lieux ». « Nous savons que 31% des eaux de surface du bassin Loire-Bretagne étaient en bon état écologique en 2011 », note Ingrid Hermiteau. Mais ce chiffre doit être doublé d’ici 2015, d’après les objectifs fixé par le Sdage en 2010. « Depuis 5 ans, l’état de l’eau se stabilise », d’après Ingrid Hermiteau, « Mais cette statbilité cache néanmoins un certain nombre d’hétérogénéité », notamment concernant la pollution par toxiques, encore mal appréhendée.

 
« Plus réalistes sur les objectifs à atteindre »

 

« Notre priorité est de diminuer les pollutions diffuses, qu’elles viennent de l’agriculture, de l’assainissement, ou des eaux pluviales », déclare quant à elle Virginie Dumoulin, sous-directrice de l’action territoriale, à la direction de l’eau et de la biodiversité, au Ministère de l’Ecologie. « Les premiers Sdage ont permis d’établir des connaissances sur les masses d’eau. Mais nous avons sous-estimé le temps de réaction des milieux », explique-t-elle. « Nous sommes désormais beaucoup plus réalistes sur les objectifs à atteindre, et pour cela, nous comptons beaucoup sur l’action locale, à savoir notamment les Sage (Schémas d’Aménagement et des Gestion des eaux, déclinaison à l’echelle locale d’un Sdage, ndlr), et sur l’aspect participatif dans les comités de bassins ».

« Il faut être réaliste et tirer les enseignements de ce qu’on a fait », commente Noël Mathieu, directeur général de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. « Il faut prendre la mesure de la difficulté, ainsi que les moyens mis en oeuvre », poursuit-il.

 

Préserver les zones humides

 

Et concernant la région Bretagne, première région de France a ête entièrement couverte par les Sage ? Thierry Burlot, vice-président au conseil régional, chargé de l’environnement, affirme que « La Région s’inscrira pleinement dans le travail autour du Sdage, mais revendiquera ces spécificités régionales ». « Aujourd’hui, nous avons fait du chemin », reprend-il. « Il ne s’agit pas de nier nos responsabilités. Nous alons essayer de poursuivre le dialogue avec es acteurs économiques et sociaux, notamment les agriculteurs ».

Quelles perspectives alors pour la suite, et le prochain Sdage ? Pour Thierry Burlot, « Chaque Sage devra s’inscrire dans le Sdage, avec ses propres ambitions. Le Sdage doit être l’émanation des Sage ». « Maintenant, nous allons essayer d’atteindre au moins la barre des 61% de masses d’eau en bon état écologique », souhaite Joël Pelicot, président de la commission plannification au comité de bassin Loire-Bretagne. « Les zones humides sont également un élément extrêmement important. Il faudrait amener tous les départements du bassin à réaliser un relevé exshaustif de celles-ci, pour l’élaboration du Sdage », ajoute-il. « Les problème que nous avons, c’est l’affirmation d’une forte ambition », résume René Régnault, président de la commision locale de l’eau (Cle) du Sage Rance-Frémur-Baie de Beaussais. « Il faut conjuguer ambition globale et spécifificité locales, être ambitieux et pragmatiques », conclut-il.

 

L’association Eau et Rivières de Bretagne vigilante

 

L’association Eau et Rivières de Bretagne était présente cette année encore au Carrefour de la gestion locale de l’eau, où elle tenait un stand auprès des collectivités locales bretonnes. Sa présidente, Pascale Le Coustumer, a également participé à la séance pleinière du jeudi, sur le thème « La gouvernance de l’eau, quels enjeux et quelles pistes de réflexions en Europe, en France, en Bretagne ? ». Elle y a défendu 2 points : « D’abord, si une nouvelle forme de démocratie, qui rapproche les décisions concernant l’eau des territoires et des citoyens, voit le jour en Bretagne, alors cela doit nécessairement passer par un rééquilibrage dans les instances de décisions (comité de bassin, CLE des Sages, Coderst…) où les industriels et tenants du modèle agricole industriel sont sur-représentés et les usagers et simples citoyens bien impuissants. Ensuite, améliorer la formation des citoyens et des acteurs (élus notamment) impliqués dans la construction des schémas d’aménagement, aux enjeux environnementaux du 21ème siècle, pour leur permettre de résister aux pressions extérieures. », peut-on lire sur le site internet de l’association.

 

 
Plus d’infos

www.eau-loire-bretagne.fr/sdage

www.eau-et-rivieres.asso.fr/




A Saint-Malo, Horizons Solidaires démocratise le développement durable

Qu’est ce que le développement durable, et comment peut-il se concrétiser sur le Pays de Saint-Malo? C’est la question à laquelle le réseau Cohérence propose de répondre au cours d’une rencontre débat qui se déroulera ce soir au centre Varangot de Saint-Malo. Proposé par Horizons Solidaires, un pôle de l’ESS du Pays de Saint-Malo, ce rendez-vous sera articulé en deux phases : Jean-Claude Pierre, président de l’association Nature et Culture, donnera une définition du développement durable, un thème très usité, mais pas forcément compris par tout le monde. Puis, Armina Knibbe, présidente du réseau Cohérence, se chargera de présenter le baromètre du développement durable. Cet outil élaboré en 2008, permet aux communes de se situer dans leur intégration du développement durable, à travers des questionnaires auxquels elles s’engagent à répondre.

 

Viser un large public

 

« Pour l’occasion, nous avons invité toutes les mairies du pays de Saint Malo, les conseils généraux, les structures ESS, le réseau d’entrepreneuriat de l’ESS, des demandeurs d’emplois, des étudiants… Nous souhaitons cibler un public très large » explique Anne Castel, chargée de mission Horizons Solidaires. Ce rendez-vous est proposé à ceux qui se posent des questions sur le développement durable et qui désirent en savoir plus, sur la manière de le rendre possible sur le territoire. « Et pourquoi pas, au terme, ne pas se soumettre au baromètre du développement durable ? » lance Anne Castel. « Nous avons décidé de mettre en place cette rencontre car il n’y a pas de levier ni de personnes qui s’engagent véritablement dans le développement durable sur le territoire saint malouin. C’est un concours de circonstance, tout dépend des acteurs présents et de leur dynamisme ».

 

Des opportunités à saisir!

 

Pour autant la ville a déjà accueilli des acteurs du développement durable. En 2006, Jean-Claude Pierre puis en 2012 c’était au tour de Pierre Rhabi de se déplacer à Saint-Malo lors d’une réunion du mouvement des Colibris. « Il y a 3 ans, une associations de cigales (club d’investisseurs ndlr) a aussi fait le déplacement pour une conférence. Depuis, trois clubs cigaliers sont nés » se réjouit Anne Castel. Selon elle, une demande d’informations existe sur le territoire « mais nous ne faisons pas de plans sur la comète. Nous proposons une rencontre et laissons carte blanche aux intervenants. Si les citoyens, associations, ou mairies s’emparent de l’idée et du baromètre du développement durable, ou de toute autre initiative environnementale et solidaire, tant mieux ! »

 

Le baromètre du développement durable. Qu’est-ce que c’est ?

Créé en 2008 par le réseau Cohérence, ce baromètre permet aux communes de se situer dans leur prise en compte du développement durable au regard d’une centaine de questions. Celles-ci sont élaborées à partir des thématiques suivantes : citoyenneté, économie, environnement et solidarité. Ces questionnaires sont adaptés à chaque territoire et permettent ainsi de dégager une image globale du développement durable. Ainsi chaque commune peut mesurer et rendre visible les aspects du développement durable sur leur territoire.

Quel est le bilan de la rencontre?

« la salle était pleine. Des personnes de tous âges, tous univers se sont déplacées. Beaucoup ont pris connaissance de l’outil du baromètre. Le public était intéressé, curieux, les questions aux intervenants ont été très nombreuses. Nous en avons conclu que cela vaudrait vraiment le coup de réitérer l’événement » se félicite Anne Castel chargée de mission Horizons Solidaires .

 
Plus d’infos:

http://www.barometredudeveloppementdurable.org/#

http://www.reseau-coherence.org/

www.horizonssolidaires.fr




Tous des Sauvages – Regards sur la différence, une expo-remède qui avait la banane* !

Outre ses indéniables atouts – belle et créative scénographie, richesse des pièces présentées issues de collections ethnographiques variées, qualité du parcours pédagogique interactif, son franc succès est récemment entré en résonance particulière avec une affligeante et pour tout dire révoltante actualité de ces dernières semaines. Celle-ci a vu en effet une ministre de la République essuyer des injures racistes, vitrine visible d’un racisme ordinaire inacceptable dont sont encore victimes au quotidien beaucoup de personnes, et que l’on aurait surtout tant aimé ne jamais voir rejaillir des soutes nauséabondes de notre histoire. Alors saluons la prise de position publique de l’EPCC Chemins du patrimoine en Finistère contre le racisme et les haines tout autant que sa décision de permettre lors du dernier week-end d’ouverture, l’accès gratuit à cette « exposition éclairée de la pensée de Claude Lévi-Strauss, qui peut aider à comprendre l’autre dans sa différence ». Ainsi, il nous prend à espérer que « Tous des sauvages – Regards sur la différence » puisse partir en itinérance à travers la Bretagne et toute la France !

 
L’autre est-il un sauvage ? Un modèle ? Ou tout simplement notre semblable…

 

Prenant appui sur le livre de Claude Lévi-Strauss, Race et Histoire, l’exposition partait de l’idée que nous sommes, à la base, ethnocentriques, c’est-à-dire que nous avons tendance à penser que nous sommes les seuls au monde à avoir raison et à nous comporter de manière civilisée, tandis que nous voyons dans le comportement de l’étranger quelque chose d’incompréhensible, voire de scandaleux. Il apparaît que ce sont bien souvent la méconnaissance, l’isolement et la peur qui conduisent à voir en l’autre un sauvage et à imaginer toutes sortes de légendes à son sujet. Cependant, l’ethnocentrisme et la discrimination ne sont pas une fatalité. Le regard que l’on porte sur le reste de l’humanité change en fonction de l’histoire, du niveau de connaissance et des contacts que l’on entretient avec les autres peuples et régions du monde.

Pour Claude Lévi-Strauss, les attitudes culturelles et les comportements en société sont en grande partie le résultat de constructions inconscientes. Les comportements xénophobes reposent sur des peurs irrationnelles et des fantasmes. Les manières de vivre et de penser des autres, si leur sens profond nous reste étranger, conduisent souvent à une incompréhension, voire à l’indignation. En rejetant les formes culturelles les plus éloignées des nôtres, nous nous protégeons contre une menace possible que l’autre représente pour nos valeurs, notre mode de vie, notre identité.

L’ethnologie et l’anthropologie ont largement contribué à construire ce regard et à comprendre l’autre, en montrant que chaque société ou chaque culture possède ses propres valeurs et qu’on ne peut les concevoir, en raison de leurs spécificités, selon un critère unique et valable pour toutes.

Mais l’exposition se voulait également critique à l’égard de la science qui voit en l’autre un objet d’étude, oubliant parfois qu’elle a affaire à des êtres humains, ayant eux aussi leur mot à dire sur les questions qui les concernent. Nous ne pouvons plus considérer l’autre comme un primitif ou une curiosité à observer, mais comme un semblable. Il ne s’agit ni d’en faire un modèle, ni de l’amener à devenir identique à nous-mêmes, mais de reconnaître sa différence tout en lui demandant de faire de même à notre égard.

 

Venu nombreux, à tel point que l’expo a été prolongé d’une semaine, grands et petits – en particulier le public scolaire, parcourant les différents espaces aux mises en noms évocateurs (« Nous et les autres », « Le scandale de la diversité », « Nous seuls humains, « L’autre, un monstre ? », « L’autre, un impie? » «L’autre, un animal ? », « L’autre, un primitif ? », Commun humain »),  ont ainsi pu se frotter aux questions de la diversité culturelle et du racisme, ô combien au coeur des enjeux de nos sociétés contemporaines.

 

*« La banane est un fruit très énergétique, très riche en potassium. Elle est facile à digérer, elle est riche en calcium, en vitamines A, B et C. C’est bien que tu en manges régulièrement. C’est pour qui la banane ? C’est pour toi, pour que tu grandisses. » (extrait du billet d’humeur de l’humoriste François Morel sur France Inter, en réponse à la jeune fille auteure des insultes racistes qu’a essuyées Mme Taubira, garde des Sceaux, lors d’un déplacement à Angers le 25 octobre dernier. Regrettant par la suite, à juste titre, le recours inutile à un vocabulaire grossier, François Morel s’en est excusé dans un second billet d’humeur, toujours sur France Inter, le 15 novembre : http://www.dailymotion.com/video/x177gzl_a-une-petite-fille-sensible-espiegle-artiste-dans-l-ame_fun)

**Lien article de La Croix : Les injures racistes, symptôme d’une crise identitaire
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Les-injures-racistes-symptome-d-une-crise-identitaire-2013-11-18-1062232

 

 

 

Le nom des gens

 

 

On les appelle Apaches ce qui signifie : ennemis. Eux se nomment Dine : les gens. On les appelle Berbères : barbares. Eux se nomment Imazighen : hommes libres, nobles. On les appelle Iban : vagabonds. Eux se nomment Dayak (Malaisie) : êtres humains. On les appelle Cafres : païens, infidèles, noirs. Eux se nomment Zulu : Paradis, Ciel. On les appelle Kayapo (Amazonie) : ceux qui ressemblent à des macaques. Eux se nomment Mebengokre : les hommes de la combe où l’on trouve de l’eau. On les appelle Sioux : vipères, ennemis. Eux se nomment Dakota : alliés. On les appelle Waika : tueurs. Eux se nomment Yanomami : humains. L’ethnonyme est le nom par lequel on désigne une ethnie, c’est-à-dire un groupe de personnes qui revendiquent une même langue, une même origine ou une même culture. Chaque groupe ethnique a au moins deux appellations : le nom que le groupe se donne à lui-même, généralement valorisant, indiquant les qualités humaines ou nobles de l’ethnie, et le nom par lequel le groupe est désigné de l’extérieur, qualifiant souvent l’autre d’ennemi ou mettant le doigt sur des caractéristiques que l’on réprouve (aspect physique, habitudes alimentaires, religion, langue, etc.).

 

 

Nos amies les bêtes

Dans le cadre d’un projet mené en collaboration avec le Museum of Mankind de Londres, l’anthropologue britannique Nigel Barley accueille chez lui des artisans indonésiens et découvre que les chocs culturels ne sont pas l’apanage des ethnologues occidentaux en déroute : « La diversité des chiens anglais et leur droit de circuler librement dans les maisons les étonnèrent. […] un jour, à leur retour, ils étaient vraiment hilares. Le parc, direntils, est plein de fous. Oh, seigneur ! Qu’est ce qu’ils faisaient ? Nouveaux gloussements. Ils tournaient en rond… avec des chiens… au bout de morceaux de ficelles. Le rire les reprit. Mais vous faites la même chose les buffles. Vous les emmenez se baigner. J’ai vu des gens passer de l’huile sur leurs sabots et brosser leurs cils. Ils durent en convenir d’un ton vexé. Mais c’était différent. Faire ça avec un chien, c’était comme de le faire avec une souris. Dingue ! » Nigel Barley, l’Anthropologuie n’est pas un sport dangereux, 1997

 

 

Alors qu’au « Village nègre » d’une exposition de 1913 à Brest ou à l’Exposition coloniale de 1931, on va voir comment les Africains se nourrissent, s’amusent, fabriquent leurs outils ou leurs accessoires de chasse, les affiches publicitaires vantant les produits coloniaux montrent des indigènes souriants et dociles, supposés adhérer au projet colonial. L’imagerie de l’époque conforte ainsi le sentiment de supériorité de l’homme blanc et justifie l’assujettissement des gens de couleur. Ainsi rabaissé, sa culture méprisée, l’autre n’est plus qu’un instrument de propagande au service de la cause coloniale ou une curiosité exotique exhibée pour le bon plaisir du public européen. Dans un même temps, la thématique "nègre" inspire les avant-gardes du début du 20e siècle et se cristallise dans La Revue Nègre de Joséphine Baker et l’apparition du jazz sur les scènes parisiennes, qui joue, dans « La Revue du Jour » aux Folies Bergères, le rôle de l’Africaine Fatou avec son fameux costume de 16 bananes cousues dans une jupe.

 

 

 « Miroir, mon beau miroir, dis-moi de quelle couleur est mon cœur* ?»

Des étudiant-e-s en BTS DATR du lycée de Châteaulin croisent leurs regards avec celui de « Tous des Sauvages ».

En ce mardi matinal du 5 novembre, les 24 étudiant-e-s en 1ère année de BTS « Développement et animation des territoires ruraux » du lycée agricole de Châteaulin, accompagné-e-s de leur professeure d’éducation socioculturelle, empruntaient les allées automnales du parc de l’abbaye de Daoulas avant de se laisser happer par l’exposition, muni-e-s d’un fort riche carnet pédagogique destiné aux visiteurs en autonomie. A la lumière de ce qu’ils ont vu et apprécié, de ce qui les a particulièrement touché, ils préparent à leur tour une exposition au sein de leur lycée, visible entre fin décembre 2013 et janvier 2014. Elle leur permettra ainsi de croiser leurs regards avec la première, dans une mise en forme composée librement de textes de nature diverse, voire d’expressions artistiques, autant de réponses aux « racistes égarés » qu’on ne saurait laisser contaminer notre grand corps social  par ces maladies honteuses que sont l’ignorance et la peur, pourvu que l’on propage sans relâche des remèdes tels que « Tous des sauvages » :.
*« Quelle que soit la couleur de ta peau, ton p’tit cœur, il est rouge palpitant »

 

 




La compagnie Mycélium et les étudiants du lycée de Suscinio ouvrent les portes de la nuit noire morlaisienne

Quand les arts de la rue font leur part dans les transitions écologiques, que l’obscurité se dissipe sur la trame noire (1) du territoire de Morlaix Communauté, avec : la compagnie Mycélium – théâtre de rue et de chemin, les étudiant.e.s de BTS gestion et Protection de la Nature du lycée de Suscinio, l’Ulamir-CPIE de Morlaix et l’intercommunalité…

Plus personne ne peut l’ignorer : les populations humaines sont confrontées à de cruciaux enjeux écologiques croisés que sont la perte de biodiversité et le changement climatique. Force est de le constater à toutes les échelles, de la plus globale à la plus locale. Face à cela, s’organisent et se mettent en œuvre d’indispensables actions de transitions écologiques au travers de projets de territoires, désormais en concertation avec leurs acteurs socio-économiques. De plus en plus plébiscitée par nombre de citoyen.ne.s, la concertation constitue en effet une méthode d’intelligence collective qui s’éprouve et se peaufine au fil des expérimentations, au plus près du quotidien et des lieux de cohabitation de tous les vivants.

Car il s’agit rien moins que d’opérer à d’indispensables changements de comportements, dans toutes les strates de nos activités pour les rendre beaucoup plus soutenables. Ce n’est pas une mince affaire tant nos habitus façonnent profondément nos cultures… et inversément. Dès lors, quoi de plus réjouissant que de voir des acteurs du spectacle vivant, comme la compagnie Mycélium, s’emparer avec pertinence et créativité de ces sujets fondamentaux pour toutes et tous, en faisant appel aux imaginaires et aux sensibilités.

La compagnie Mycélium, champignon du début d’un autre monde…

Depuis ses débuts, la compagnie de théâtre de rue et de chemin, Mycélium, «née de la rencontre d’un écologue et d’une comédienne dans une lointaine forêt normande », créée pour les espaces publics, des spectacles de théâtre questionnant avec humour et engagement nos liens à nos environnements naturels et urbains. Elle a développé des écritures in situ, en invitant différents artistes à intervenir dans des quartiers de villes ou même des exploitations agricoles en milieu rural. Depuis un an, elle développe des projets de territoire plus structurés, toujours en lien avec les thématiques écologiques et sociétales, pensés de manière globale et enrichissant ses créations de spectacles. Celles-ci se nourrissent d’actions territoriales, en souhaitant en retour que ses créations et leur diffusion contribuent à faire avancer la cause écologique dans les territoires.

« Nos écritures interagissent avec les paysages vivants et mouvants, urbains et ruraux ; nous plongeons dans le réel avec un théâtre absurde, physique et sensible, afin de proposer d’autres imaginaires sur nos rapports aux vivants. Tout en grattant un peu quand même », indiquent Albane Danflous et Gabriel Soulard, les deux comédien.ne.s de la compagnie. « Nous créons et jouons des spectacles mais aussi des balades, des enquêtes sociologiques, des réunions professionnelles ou citoyennes, des interventions en milieu scolaire à la confluence des arts et des sciences ».

Le choix du nom de la compagnie ne doit sans doute rien au hasard, le Mycélium ayant encore beaucoup de choses à apprendre aux communautés humaines quant à son fonctionnement en réseaux collaboratifs, à l’instar des champignons Matsutakes, héros du stimulant livre (2) de la professeure d’anthropologie Anna Lowenhaupt Tsing, «Le champignon de la fin du monde» (éd La Découverte, 2017).

Le territoire de Morlaix Communauté : fabrique de concertation spectaculaire pour le rétablissement de la nuit noire

« L’Ulamir-CPIE de Morlaix et Morlaix Communauté travaillent depuis 3 ans, avec le lycée agricole de Suscinio sur la sensibilisation des acteurs du territoire aux continuités écologiques que sont les trames verte, bleue et plus récemment la trame noire », soulignent Véronique Javoise et Alexandre Bayer, respectivement enseignant.e.s d’éducation socioculturelle et d’aménagement auprès des étudiant.es de BTS gestion et Protection de la Nature du lycée. Dans le cadre de leur formation, ils et elles ont ainsi mené chaque année, des enquêtes auprès des habitant.e.s, entreprises, élu.e.s de l’intercommunalité afin de mieux faire connaître l’importance que représente cet « ensemble de corridors écologiques aquatiques, terrestres et caractérisés par une certaine obscurité et empruntés par les espèces nocturnes » : la trame noire.

«Suite à cela, des restitutions ont eu lieu à destination du grand public et des élu.e.s pour sensibiliser à ces questions. Cette collaboration s’accentue aujourd’hui avec l’accueil d’une compagnie d’arts de la rue pour poursuivre une collaboration fructueuse et créative sur le territoire », poursuivent les enseignant.e.s. « Il s’agit de traiter différemment du thème de la nature en ville, et plus précisément de l’acceptation sociale du rétablissement de continuités noires permettant à la faune et à la flore de reconquérir et de traverser des espaces aménagés et urbanisés par un éclairage réduit de nuit», concluent les enseignant.e.s qui travaillent en équipe interdisciplinaire pour ce projet.

Premier contact entre la compagnie Mycélium et les étudiant.e.s de BTS GPN, à La Manufacture de Morlaix

Et c’est là qu’entre en scène la compagnie Mycélium qui, avec ses trois comédien-nes et sa chargée de projet – Albane Danflous, Gabriel Soulard, Jonathan Aubart et Lucile Malapert – accompagnent les étudiant.e.s de BTS GPN dans cette aventure singulière : réaliser une concertation auprès des habitant.e.s de l’agglomération morlaisienne sur la biodiversité nocturne et la diminution de l’éclairage public, en s’autorisant un pas de côté artistique. Pour ce faire, la compagnie est elle-même accompagnée par Le Fourneau – Brest, Centre national des arts de la rue et des espaces publics. Le projet est soutenu financièrement par la Région et la Direction régionale des affaires Culturelles.

Les chauves-souris de La Manufacture, guest-stars de sciences joyeuses spectaculaires

La compagnie a ouvert le bal nocturne en beauté, début octobre 2021, dans le jardin remarquable de La Manufacture morlaisienne, avec une sortie de résidence de sa « Symphonie des chauves-souris ». Ce spectacle déjà bien avancé dans la création, après plusieurs sorties publiques réussies, parle justement de la peur des vivants non-humains et des modes de communication différents interspécifiques ( https://www.ciemycelium.com/copie-de-créations-éphémères). Il y est question d’échanger des signes avec les chauves-souris à travers un dispositif innovant de détecteur d’ultra-sons permettant de chanter et de faire de la musique avec elle (3).

Et quel plus bel écrin nocturne que ce Jardin remarquable de La Manufacture, entretenu par son « jardinier-artiste », Tiphaine Hameau (4) que la compagnie a bien évidemment rencontré !

A la découverte de la Symphonie des chauve-souris dans le Jardin de La Manufacture de Morlaix – Copyright photo : demi-sel production / CNAREP Le Fourneau Bretagne

Ce dernier y effectue un accompagnement permaculturel des dynamiques des végétaux en les valorisant et surtout en rendant acceptable un certain lâcher-prise de la nature en ville par son esthétisation. «Le côté caché, la part d’ombre que représente le jardin était aussi un bon point de départ pour propager ces conceptions ailleurs en ville », soulignent Albane et Gabriel de la compagnie Mycélium. A ce titre, le jardin est pour cette dernière, le cheval de Troie de la biodiversité dans Morlaix !

L’enjeu est de taille puisque de nombreuses espèces régressent à cause de l’éclairage : les végétaux comme les animaux, des poissons aux chauves-souris. Les étudiant.e.s vont ainsi rencontrer d’ici plusieurs semaines les habitant.e.s et leur proposer un dialogue et des expériences, visant à préparer une planification raisonnée de la réduction de l’éclairage. Selon une enquête qu’ils et elles ont réalisée en 2020, plus de 80% des habitant.e.s enquêtés à Morlaix s’étaient montrés favorables à une réduction de l’éclairage public.

Avec un premier tour de chauffe début janvier : les 4, 5 et 6 janvier, les étudiant.e.s accompagné.e.s par l’équipe de la compagnie Mycélium vont préparer sur le terrain l’événement qui aura lieu du 17 au 19 mars prochain et fera l’objet d’un second article. Affaire à suivre, donc…

(1)Définition de la Trame noire : extrait de l’Office Français de la Biodiversité: «

La pollution lumineuse a de nombreuses conséquences sur la biodiversité. La lumière artificielle nocturne possède en effet un pouvoir d’attraction ou de répulsion sur les animaux vivant la nuit. Ce phénomène impacte les populations et la répartition des espèces : certaines d’entre elles – insectes, oiseaux, jeunes tortues marines, etc. – attirées par les points lumineux, sont inévitablement désorientées vers des pièges écologiques. D’autres qui évitent la lumière – chauves-souris, mammifères terrestres, lucioles et vers luisants, etc. – voient leur habitat se dégrader ou disparaître. L’éclairage artificiel peut ainsi former des zones infranchissables pour certains animaux et fragmenter les habitats naturels. Il apparaît donc indispensable de préserver et restaurer un réseau écologique propice à la vie nocturne : la Trame noire. »

(2) « Le champignon de la fin du monde» , aux éditions La Découverte : « Dans son livre, l’auteure invite à une nouvelle manière de faire de la biologie : les champignons sont une espèce très particulière qui bouscule les fondements des sciences du vivant. Les matsutakes ne sont donc pas un prétexte ou une métaphore, ils sont le support surprenant d’une leçon d’optimisme dans un monde désespérant. »

(3) Pour les mordu.e.s de communications interspécifiques, une plongée dans le jubilatoire livre de la philosophe Vinciane Desprets, « Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation » (éd Actes Sud, 2021) est hautement recommandable.

(4)Retrouvez le portrait-interview que nous avons effectué de Tiphaine Hameau, en décembre 2021 : https://www.eco-bretons.info/rencontre-tiphaine-hameau-en-ce-lent-jardin/

Tout savoir sur la compagnie Mycélium : https://www.ciemycelium.com/




RENNES (35) « Économie circulaire ou l’art d’accommoder les restes… ». Le photographe Alain Darré expose au Diapason.

Le Diapason (https://diapason.univ-rennes1.fr/actualites/exposition-economie-circulaire), espace culturel du Campus Beaulieu (Université Rennes 1) présente jusqu’au 20 décembre 2019 une sélection de tirages du photographe Alain Darré.

Alain Darré nous propose une plongée dans le monde des
déchets. Son travail s’intéresse ici au compactage de nos déchets, phase
préliminaire au recyclage ou à leur destruction.

Un travail du détail.

Si Alain Darré travaille aujourd’hui la photographie
numérique, c’est par l’argentique qu’il a commencé. Il travaille donc le
numérique comme l’argentique, en limitant au maximum les retouches de
post-production et toujours à la lumière naturelle.

Malgré le choix de la microphotographie (gros plan), il arrive que certains visiteurs parviennent à situer les photographies. Par exemple, une personne a reconnue dans ces canettes de sodas une marque très populaire aux Antilles. Le cliché a effectivement été pris en Guadeloupe.

Alain Darré
Canettes de sodas compactées – Alain Darré ©

On demande souvent à Alain Darré « pourquoi n’y a-t-il jamais d’hommes dans vos travaux ? ». Pourtant, ils peuplent son travail ! Les déchets sont effet, selon une formule d’Henry Miller « une petite porte de la civilisation ».

Pour cette série, Alain Darré a notamment exploré trois
entreprises bretonnes de revalorisation des déchets, qui les collectent et les
préparent pour le recyclage : ROMI, GDE et Veolia.

Si l’on sait que la France a encore des progrès à faire matière de gestion des déchets (moins d’un tiers de nos déchets sont recyclés, le reste est souvent enfoui ou incinéré, beaucoup sont encore envoyés à l’étranger), le but de cette exposition n’est pas de dénoncer. Il s’agit plutôt de donner à voir le travail de ces entreprises et de questionner les enjeux de leurs activités

« Quoi de plus beau qu’un tas d’ordures ! » – Van Gogh. Quand l’art offre une seconde vie aux déchets.

Si l’exposition a été baptisée « Économie circulaire » par le service culturel de Rennes 1, ces photos sont tirées d’une série plus large intitulée « Second Life » (visible dans son intégralité sur le site d’Alain Darré http://www.alain-darre.com/).

Avec ce titre « Second Life », Alain Darré s’affilie à d’autres penseurs et artistes de la rudologie (étude des déchets, discipline initiée par Jean Gouhier https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-dechets-44).

Pour Alain Darré ce travail permet de provoquer des
rencontres et de susciter débats et questionnements. Au vernissage étaient
présents scientifiques, industriels, artistes et étudiants.

En esthétisant nos déchets et en les présentant comme des
œuvres, on leur donne un second statut. De cette manière, Alain Darré invite
les visiteurs à se réapproprier ces matières.

Une des questions posée par l’exposition est celle de l’économie circulaire. Souvent présentée comme l’alternative à notre mode de consommation habituel (extraire/transformer/consommer/jeter). Cette économie circulaire qui « postule la transformation du déchet en marchandise » ne conduit-elle pas à éviter de se poser la question de la réduction des déchets ?

Projets en
préparation.

En parralèle de son métier d’enseignant en Sciences politiques a toujours cultivé une pratique artistique notamment en gravure et photographie.

Inspiré par L’énergie vagabonde de Sylvain Tesson, il
travaille actuellement sur des photos de barrages hydroélectriques. Et, retour
en Bretagne, sur la série Algae, des portraits d’algues.

Algae Alain Darré
Algae – Alain Darré ©

Les travaux d’Alain Darré sont à retrouver sur son site internet http://www.alain-darre.com/.

L’exposition Économie
circulaire est visible jusqu’au 20 décembre 2019 au Diapason,
21 Allée Jules Noel à Rennes.

Entrée gratuite.

Du lundi au vendredi de 9h à 20h.

Bus Lignes C4, 6 arrêt les Préales / Ligne C3 arrêt
Vitré Danton