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Le collectif à l’Air du temps

On entre à Monterfil par le bas du village. De loin, l’église surplombe cette petite colline de granit poussée dans le pays de Brocéliande. Avant d’atteindre le centre bourg, l’entrée se fait par l’Air du temps. Un resto-bar exposé aux rayons du soleil de midi. Ce vendredi, jour d’affluence, un groupe s’installe sur la grande table en terrasse. L’ambiance est là, comme avant, conviviale, familiale, portée par l’énergie et le sourire de Corinne. Grande blonde aux cheveux courts, elle cuisine à l’Air du temps depuis 10 ans. Elle a affronté les galères pour être encore là en ce printemps 2014. Alain Gouriou, qui nous reçoit au nom de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif qui a repris l’établissement, ne trouve pas d’autre mot :« Elle est l’homme clé de cette histoire, rien ne se serait fait sans elle ! »

 

La suite à lire dans le dernier numéro du magazine Bretagne Durable, disponible en version PDF ou à commander en version papier sur le site internet www.bretagne-durable.info

 

 

Au sommaire du dernier numéro
  • Échos d’ici et d’ailleurs

  • La vie du réseau

  • Controverse – Pour ou contre la valorisation des algues vertes ?

  • Un temps avec………Severn Cullis-Suzuki, « Au nom des générations futures… »

  • Dossier : Sur les chemins de la biodiversité

  • Vagabondages……….Dans l’Air du temps, Détox numérique : une cure en zone We free

  • Initiatives………….La voile accessible à tous ; Job d’été : entrepreneur coopératif ; Qui veut acheter un mouton ?; Du bio… à la voile !

  • Portrait de militant : Denez l’Hostis : militant de l’environnement

  • Société…………… La guerre des semences ?

  • En pratique………….Conserver les récoltes de son potager

  • À faire cette saison …..À table – Au jardin – Au foyer

  • Lumières……….La Régionalisation au regard du développement durable ; Plus d’Europe sur nos territoires au service de politiques énergétiques ambitieuses !

  • Éco-Club………… Rubrique d’expression citoyenne

  • Arts & Culture

  • Sur la toile

  • Sortons !

  • Carnet d’adresses

 

Plus d’infos

www.bretagne-durable.info




ACcostage Climatique, la jeunesse sur le pont entre Morlaix et Trébeurden !

Entre le 17 et le 23 juillet prochain, un équipage d’une douzaine de jeunes bénévoles de l’association Avenir Climatique va naviguer en mode bas carbone à la voile et accoster entre Morlaix et Trébeurden pour sensibiliser, à chaque étape, petits et grands de manière concrète, conviviale et ludique aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux. Sera également du voyage, une personne pratiquant la langue des signes (LSF).

Accostage Climatique est un projet créé par des membres de l’association Avenir Climatique – principalement composée d’étudiant.e.s et de jeunes actif.ve.s aux profils variés, qui ont envie d’agir d’une manière concrète et optimiste pour les enjeux cruciaux que sont le climat et l’énergie – avec pour objectif d’allier voyage bas carbone et sensibilisation. Aussi, quoi de plus logique pour l’équipage que de naviguer sur deux bateaux de l’association Bella Ciao & co-navigation porteuse d’un projet de tour de l’Atlantique en voilier, humanitaire, écologique et social (1) : le Bella Ciao et le Petit Prince.

Après a voir sillonné les côtes bretonnes du Nord , il y a trois ans, l’équipage d’Avenir Climatique hisse à nouveau la grand-voile pour un deuxième tour de sensibilisation aux enjeux énergétiques et climatiques ! Pendant 8 jours, tantôt il naviguera, tantôt il proposera à terre des ateliers de réflexion et sensibilisation sur les thèmes du climat, de l’énergie, des mobilités, des nouveaux récits ou des résistances.

Des ateliers sur 3 heures, des stands avec des petits jeux, des ateliers pour enfants ou pour adultes, des bilans carbone sous toutes leurs formes, des fresques de tous types (fresque du climat, fresque des résistances…), des récits de leur voyage, dans des restaurants et bars, éco-lieux, associations locales, sur des bateaux : c’est divers, varié mais toujours proposé avec conviction et joie de partager avec d’autres les sujets qui animent l’équipage… tout ça pour mieux comprendre comment fonctionnent les systèmes dans lesquels nous vivons et passer à l’action pour un monde meilleur ! L’équipage vous attend nombreux.ses, curieux.ses et a hâte de mêler vos récits aux siens !


Le plan de navigation est le suivant :
– Dimanche 17 juillet 2022 : à la Manufacture des tabacs de Morlaix, de 18 h à 20 h.
– Lundi 18  juillet : à la Grange Vadrouille de Plestin-les-Grèves, de 18 h à 21 h.

– Mardi 19 juillet 2022 : au camping du fond de la baie, à Locquirec, de 9 h à 12 h.

– Mercredi 20 juillet : au Café Joa à Trébeurden, à partir de 19h.
– Jeudi 21 juillet 2022 : au club Mickey de Trébeurden, de 10 h à 12 h 30, A l’Ecocentre du Trégor à Pleumeur-Bodou, à partir de 14h.
– Vendredi 22 juillet : au marché nocturne de Plougasnou, à partir de 18 h.

– Samedi 23 juillet 2022 : à la librairie Les Déferlantes à Morlaix, de 16 h 30 à 18 h 30.

https://www.facebook.com/ACcostage-Climatique-105863968840728

https://www.instagram.com/accostageclimatique/

https://avenirclimatique.org/

 

(1) http://www.eco-bretons.info/bella-ciao-and-co-navigation-un-projet-a-la-fois-vert-et-humanitaire/

Crédit Photo : Accostage Climatique.




[Défi Famille Zéro Déchets] Atelier « Des poules contre les poubelles »

C’est devenu une mode urbaine autant que rurale : avoir sa poule pour réduire ses déchets. Mais élever une poule est peut-être plus compliqué qu’élever un petit chat. Ceci explique qu’un petit atelier soit nécessaire pour éviter quelques erreurs de débutant aux familles du « défi zéro déchets » animé par Morlaix Communauté.

Les avantages de la poule « nettoyeuse »

La poule est grosse mangeuse et pas chipoteuse pour deux sous : elle peut picorer jusqu’à 150 kilos par an de déchets alimentaires de toutes sortes à l’exception des agrumes et des bananes. Éviter toutefois de lui donner des os et même des coquilles d’œufs Pour ce qui est des premiers, n’oubliez pas que la poule n’a pas de dent et quant au secondes, si elle y prend goût, elle risque fort de manger ses propres œufs.

Et c’est là le second avantage de la poule : avec vos déchets, elle vous fabrique des œufs. Les meilleures pondeuses en produisent jusque 230 par an. Mais en moyenne tenez compte, dans vos prévisions de récolte, des aléas comme la mue, sa subite envie de couver ou le fait d’attraper des poux rouges qui sont autant de facteurs qui bloquent la ponte. Pour ce qui est de la qualité des œufs , n’hésiter pas à améliorer son régime plutôt rustique avec quelques céréales et des apports en calcaire (sables coquilles d’huîtres ou d’œufs réduites en poudre). Il faut éviter toutefois de trop forcer sur les céréales sinon vos gallinacées vont dédaigner les déchets, ce qui évidemment irait à l’encontre de votre objectif premier : supprimer vos déchets alimentaires. Enfin, si vous leur donner des épluchures de pommes de terre, faites les cuire, la peau de pomme de terre crue est toxique comme pour l’humain.

Enfin, la poule produit un excellent engrais, sa fiente, à condition de la laisser vieillir un peu car fraîche elle est très corrosive. A ce stade, elle est d’ailleurs un excellent désherbant naturel. Mélanger avec de la paille, c’est un excellent aliment pour le jardin, mais le mieux dans ce cas est, si vous en avez la possibilité, de laisser vos poules se balader dans votre jardin. Poules est ici au pluriel car étant un animal sociable, la poule n’aime pas trop être seule.

L’entretien des poules et du poulailler

« Une poule, ça se débrouille seul ! »

Façon de parler car il faut les rentrer tous les soirs, ramasser leurs œufs tous les jours et veiller à ce qu’elles aient toujours à boire ; une poule sans eau pendant 24 heures meurt. C’est la principale contrainte de la poule : il faut être là tous les jours mais pour ces petites tâches courantes, vous pouvez faire appel à une voisine ou un voisin si vous vous absentez quelques jours. Elle ou il sera récompensé par les œufs ramassés pendant votre absence.

L’espace des poules.

Pour vivre en liberté (surveillée), la poule a besoin de 10 mètres carrés mais comme elle est très appréciée des prédateurs de nos champs (renard, rat et autres rongeurs), il convient de la protéger. Un enclos fait avec du « grillage à poule » comme on en trouve dans la plupart des jardinerie suffit en général mais il est difficile d’empêcher une renarde qui a ses petits à nourrir au printemps de creuser sous la clôture pour venir se servir.

C’est pourquoi, il est important de mettre les poules à l’abri la nuit, « rentrer les poules » comme on dit. Un endroit bien clos et bien aéré, disposant de perchoirs pour les poules et de lieux douillets où pondre suffit. Un abri de jardin, des balais plantés dans le sol et des petites cagettes remplies de paille sont une solution improvisée qui peut suffire, surtout si on n’oublie pas de fermer la porte le soir.

La santé des poules.

Comme tous les êtres vivants, la poule est victime de petits ennuis de santé. Contre les parasites internes, rien de tel que les vermifuges naturels comme l’ail, la menthe poivrée, les graines de courge, la mère du vinaigre voire les graines de kéfir.

L’autre grand parasite des poules, c’est le pou rouge. Pour l’éliminer, on a le choix entre le sable, la terre de diatomée ou lorsque c’est la saison, à l’automne, la litière de fougère coupée.

Mais le meilleur traitement est encore la prévention. Le maintien du poulailler dans un très bon état de propreté est sûrement la meilleure façon d’éviter ces petits désagréments, sans compter que si vous changez très régulièrement la paille de vos pondoir, vous disposez d’un excellent engrais comme indiqué précédemment.

Enfin, il y a le fléau qui fait peur à tout éleveur : la grippe aviaire. A priori, si vous n’avez que quelques poules et que vous n’êtes pas à proximité d’un élevage, vous ne risquez pas grand-chose. Toutefois, comme les oiseaux du ciel véhiculent également le virus, il peut être utile de mettre un filet au-dessus de l’espace où vos poules s’ébattent. Incidemment, cela protégerait les petits, si vous avez des poussins, contre les prédateurs aériens, voire contre les chats.

Petite suggestion à l’intention des animateurs du défi « famille zéro déchets » : un atelier « faites-le vous même » pour expliquer comment faire son poulailler sans se ruiner serait sûrement une excellente initiative.

Les animateurs de l’atelier

l’atelier était animé par Catherine Le Tacon et Gérard Bethmont de l’association « mon atelier santé » qui comme son nom l’indique organise des ateliers et des stages autour du thème général de la santé par la nature et en l’occurrence plus spécifiquement sur l’alimentation humaine et animale.

Cette association est basée à Saint Clet, à côté de Pontrieux dans les Côtes d’Armor où Catherine et Gérard élèvent quelques dizaines de poules et c’est cette expérience qu’ils souhaitaient partager avec les familles du « défi zéro déchets ».

Pour en savoir plus :

http://www.saint-clet.com/images/associations/monateliersante.pdf

https://www.catherine-le-tacon.fr/

le lieu d’accueil

Animotopia est une animalerie comme on en rencontre beaucoup dans les zones d’activités commerciales aux confins des agglomérations, à ceci près que ce magasin est ouvert tous les dimanches, ce qui fait bien plaisir aux enfants et à leurs parents.

Installée à Plouigneau depuis 10 ans, il est animé par un jeune couple dont la vocation animalière trouve ses racines dans l’activité familiale, les aliments pour bestiaux. Cette nouvelle orientation est vécue donc comme une diversification. Du point de vue écologique, il y a quelques aliments pour bestiaux issus de l’agriculture biologique et une partie des aliments (graines notamment) sont vendues en vrac mais globalement on reste encore loin du magasin « zéro déchets », notamment parce que la vente de croquettes se prêtent mal à la vente en vrac, faute de contenant réutilisable adapté à une conservation suffisante des produits. Il y aurait peut-être là un concept nouveau à creuser.

Pour en savoir plus :

http://www.animotopia.com/

Poule Sussex la meilleure pondeuse

La poule soies noires qui pond des œufs couleur chocolat

La coucou de Rennes, seule race bretonne




Portrait de femme n°16. Louise Roussel, la vélorutionnaire pour toutes… et bien plus encore !

« Quand vous voyez passer un cycliste, ne vous fiez pas à son allure inoffensive. A sa façon, il est en train de changer le monde ». Ces mots de Didier Tronchet, tirés de son petit traité de vélosophie, pourraient parfaitement s’appliquer à Louise Roussel. Mais le monde auquel Louise aspire, c’est celui où toutes les femmes ont accès au plaisir de rouler à vélo, vélo vu comme un fabuleux outil d’empowerment et de prise de confiance. C’est à Lorient (56) que nous la rencontrons pour évoquer son parcours et sa volonté de faire découvrir à toutes, la liberté, l’autonomie et l’émancipation que peuvent offrir le vélo. Et si Louise est devenue une des porte- voix de toute une génération de femmes cyclistes, nous découvrons que son engagement est bien plus vaste…

La première fois que nous avons rencontré Louise, c’était à l’occasion de la projection de son film-documentaire autour des femmes et du vélo, « Les échappées », co-réalisé avec sa compagne, Océane Le Pape et c’était déjà à Lorient. Cette ville est devenue depuis, son port d’attache, son point d’ancrage. Il n’a pas été choisi au hasard car la Bretagne et son énergie régénératrice, l’ont déjà sauvée d’un burn-out il y a une dizaine d’années. La beauté de la nature environnante, sa richesse culturelle et associative ont fait de Lorient le choix final des deux trentenaires.
Née dans les Flandres, fille de paysans, le vélo a été présent dans sa vie d’enfant comme un moyen courant de déplacements, de loisirs à la campagne, lui permettant de suivre facilement son grand frère. Mais alors que lui partait déjà seul à vélo vers 8 ans, les premiers souvenirs de Louise à vélo en solitaire se situent plutôt vers ses 12-13 ans… Une première différence entre les filles et les garçons qu’elle remarque aujourd’hui . Pas spécialement sportive, le vélo est relégué dans un coin de sa vie jusqu’au début de sa vingtaine où, pour accompagner son frère, elle décide de faire Amsterdam-Lille en pédalant. Par manque d’argent, le vélo leur semble un moyen accessible de voyager. Elle avoue en rigolant que cette première expérience fût horrible ! Débutants complets dans le voyage à vélo, sacs à dos… sur le dos… trop chargés, Google Maps se révélant le guide le plus foireux qui soit, l’aventure fût épique et reste un souvenir mémorable à raconter ! Et aussi décomplexant pour tous et toutes ! Mais le déclic est là, le sentiment de puissance et de liberté retrouvée, d’avoir réussi à faire cela « seulement avec son corps » lui font aimer et continuer le vélo. L’année suivante, elle part seule jusqu’à Budapest et depuis, n’arrête plus de rouler. Son vélo est devenu son moyen de transport principal et elle prend un malin plaisir à démontrer par l’exemple, qu’elle peut tout faire à vélo, comme arriver à des mariages à l’autre bout de la France ! Ne prenant plus l’avion, il lui permet également de faire des longues distances en Europe.

Louise se rend vite compte que les femmes sont peu représentées dans le milieu du vélo. Pourtant elles existent mais sont souvent invisibilisées… Les comportements sexistes sont légion, les remarques récurrentes sur le physique, sur les équipements vestimentaires, sont accompagnés d’un manque de place laissée aux femmes dans les fédérations, dans les ateliers de mécanique et même dès la conception des vélos, dans les entreprises du secteur… Comment changer cela ? Louise a toujours écrit, plus jeune elle a été correspondante de presse, a fait des études de communication… Son attachement à transmettre, à mettre en valeur les autres va pouvoir s’exprimer dans le domaine des femmes et du vélo. Ouvrir le champs des possibles, créer une communauté d’entraide sont des valeurs fondatrices pour elle. Encouragée par Océane, qui relisait les portraits qu’elle écrivait pour raconter les initiatives créées dans sa ville lors du confinement, l’idée d’un livre a germé.

Un livre et un road-movie pour visibiliser les femmes cyclistes

Ce sera « Le guide du vélo au féminin, à vos cycles ! »( Tana Editions ) en 2021, livre écrit comme un objet-manifeste, « un récit féministe, joyeux et poétique qui propose de découvrir des femmes, de leur 1er coup de pédale à la grande aventure, d’apprivoiser la technique grâce aux fiches pratiques et de prendre la route ». Sur la couverture, on y retrouve les mots « liberté, émancipation et autonomie ». Ce livre, écrit pendant le confinement, Louise et Océane ont eu envie de le faire vivre sur les routes de France, en allant à la rencontre de celles qui roulent, travaillent et luttent pour ouvrir la voie par le biais du vélo. Elles ont rencontré près de 200 femmes, certaines présentes dans le livre, et ont réalisé « Les échappées », road-movie sur ce périple de 3000 km à travers l’hexagone. On y retrouve des femmes comme Swanee Ravonison, artisane cadreuse à Nevers, une des seules en France à fabriquer entièrement des vélos dans son atelier PaRiaH, ou encore Gaëlle Bojko qui a parcouru 900 km sur la glace du lac Baïkal. On y rencontre des femmes de tout âge, de tous milieux sociaux et c’est un vrai choix politique que les deux jeunes femmes ont opéré dans leur désir de visibiliser les femmes cyclistes. Louise nous explique qu’il peut être très facile de rester dans les schémas habituels et de ne présenter toujours et encore que les mêmes profils… Elle jette pourtant en toute humilité, un regard critique sur le fait qu’elles n’ont pas représenté de femmes en situation de handicap visible ou de femmes trans, en regrettant de ne pas être aller jusqu’au bout de leur démarche d’inclusivité. Mais ce tour de France et la centaine de projections du documentaire lui permettent de continuer son travail de réflexion. Elle aurait maintenant choisi de ne pas intituler son livre avec le terme « au féminin » car le mot lui semble trop connoté, comme une injonction à être féminine. C’est un livre pour toutes les femmes, qu’elles soient féminines ou pas, peu importe !
Le livre et le documentaire ont permis d’emmener le sujet du féminisme dans des espaces, comme des clubs de cyclotourisme par exemple, où il n’était jamais évoqué, mais également dans des assos féministes où le sujet du vélo, du sport en général, pouvait sembler « pas assez noble pour certains espaces intellectuels ». La rencontre et le dialogue entre deux mondes qui se méconnaissent parfois, est tout l’intérêt de la démarche.


Femme engagée, militante, Louise l’était bien avant sa rencontre avec le vélo. Sa sensibilité au monde qui l’entoure, à l’écologie, aux inégalités et dominations, lui ont fait très tôt participer à de multiples initiatives, en cherchant où s’impliquer pour être utile. Louise évoque avec simplicité la création de l’association lilloise, Vai ma poule, qu’elle a co-créée en 2018 avec des amies. Elle accueillait déjà régulièrement des personnes réfugiées, en demande d’asile, pour dîner simplement chez elle et l’idée de rouler ensemble leur est venue en regardant les vélos qu’elle entreposait dans son petit appartement… Vai ma poule était née comme une évidence… Le vélo , pour faire du lien, pour se faire du bien, pour découvrir un nouveau territoire de vie… et aussi pour « pouvoir s’identifier en tant que cycliste, pouvoir se sentir comme tout le monde, pour permettre de prendre une place dans la société et de se sentir légitime de le faire ».

On ressent chez Louise une vision globale du monde, ses observations sont fines et sensibles, réfléchies et tendent vers le vivre-ensemble, le commun, dans le respect des différences, dans l’entraide et le partage. Dans son nouveau territoire de vie qu’est la Bretagne, elle évoque déjà le
problème de l’accès au logement en citant le livre « Habiter une ville touristique » du collectif Droit à la ville Douarnenez ou encore la réalité du milieu agricole en citant celui d’Aurélie Olivier, « Mon corps de ferme ». L’aspect politique des choses l’intéresse, dans son ancienne région, elle a déjà fait partie d’une liste électorale aux dernières élections municipales, et elle voit la politique comme pouvant permettre de réellement transformer la vie des gens. Pour le moment, elle découvre la région lorientaise et ses dynamiques, en s’y impliquant déjà dans sa vie professionnelle et associative, comme par exemple en animant des ateliers d’autoréparation chez Syklett en mixité choisie.

« La joie est un acte de résistance »

Eco-bretons étant un média engagé dans la transition écologique, nous demandons à Louise ce que cette notion lui évoque: «C’est comment passer du monde d’avant au monde d’après» , sans vouloir être dans une phrase-clichée s’exclame-t’elle aussitôt! « Nous sommes dans un monde qui ne peut plus fonctionner parce qu’il consomme trop de tout, trop d’énergie, trop de vêtements… Nous avions l’impression de pouvoir continuer comme cela, de prendre l’avion tous les week-end, d’acheter de tout, tout le temps… Mais nous savons que cela n’est plus possible alors comment fait-on? ». Après une phase angoissante, c’est l’excitation de réussir ce monde nouveau qui l’emporte, l’enthousiasme de tout ré-inventer qui prévaut, joie et colère mêlées comme moteur d’actions. Une phrase prononcée par l’ancienne ministre belge, Sarah Schlitz l’a particulièrement touchée : « La joie est un acte de résistance ».

Et le vélo dans tout çà ? La réponse semble évidente sur l’empreinte carbone, moins de CO2 à l’usage comme à la fabrication, moins de pollution visuelle et sonore, moins de bétonisation de l’espace public, désengorgement des villes, amélioration de la santé physique et mentale… Et encore et toujours, Louise évoque et revendique le caractère populaire du vélo. Elle peste contre la mode du vélo «nouveau golf», qui ne serait réservé qu’aux plus nantis. Le vélo est et doit rester populaire et accessible à tous et toutes, un vecteur de lien social et d’égalité… Pas d’écologie sans justice sociale somme toute…

Louise Roussel est en mouvement, elle avance déterminée et attentive au monde. Elle semble aller vite mais sa vitesse est à échelle humaine pour ne laisser personne de côté. Les projets foisonnent et Louise qui avait pourtant dit « j’arrête de parler vélo ! », évoque en souriant malicieusement, la préparation d’un podcast sur deux femmes préparant le Paris-Brest-Paris, épreuve mythique de cyclotourisme car elle adore le côté désuet que peut refléter cette épreuve et aime son côté accessible. La création d’un « festival du voyage féministe et populaire » est aussi d’actualité avec Océane : projections, rencontres, podcasts, bivouac collectif… sont dans les projets des deux femmes. Avec toujours l’idée d’inclure le plus possible tous les publics, par des journées avec des scolaires, dans les quartiers de Lorient, à imaginer « comment voyager en restant chez soi », des ateliers de balisage de randonnées ou de lectures de cartes… « Voyage féministe » parce que oui, les femmes voyageuses, exploratrices ont été nombreuses et une idée suggérée par une de ses amies, la réalisatrice du film « Women don’t cycle », Manon Brulard, a fait naître le désir d’un marathon d’élaboration de fiches Wikipédia sur ces femmes. Et cela pour les rendre visibles parmi les 80% de fiches masculines !

Transmettre, partager, inspirer et s’il ne fallait retenir qu’un seul conseil de Louise, ce serait celui « d’oser, d’essayer… au pire, cela ne te plaira pas ! ». Mots en résonance avec ceux de Lael Wilcox, icône mondiale du bikepacking, cycliste de longue distance : « Tu ne sais pas
que tu peux faire quelque chose jusqu’à ce que tu essaies. »

Recommandations de Louise :
* livre : « Les femmes aussi sont du voyage, l’émancipation par le départ » par Lucie Azema (Editions Flammarion ). Parce qu’Ulysse parcourt le monde et Pénélope reste immobile… et si cela changeait ?
*livre : « A vélo en famille » par Jeanne Lepoix et Camille Boiardi-Franchi ( Tana Editions).

*vidéos : celles de The Adventure Syndicate, la Resolution Race. Quatre femmes en vélo-cargos qui relient Edimbourg à Copenhague dans une aventure drôle et pleine de sens et qui montre « dans quelle mesure la détermination collective, la collaboration et la bienveillance peuvent nous porter dans la course pour sauver notre planète » http://theadventuresyndicate.com/resolution-race
A noter, rencontre avec Louise Roussel et Océane Le Pape au café-librairie Boucan
de Pont Aven (29) le vendredi 12 mai à 18h30 : Projection du film documentaire « Les échappées » à prix libre suivi d’un échange autour du film et du livre « Le guide du vélo au féminin ». Réservation fortement conseillée auprès d’Anne et Mathilde de Boucan au 0950917953 ou 0609203580. https://www.facebook.com/boucanpontaven/
 



Une formation pour devenir animateur.trice d’ateliers éco-responsables et zéro déchet

A l’occasion de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets, coup de projecteur sur une initiative de Laëtitia Crnkovic, figure du zéro déchet en Bretagne : une formation pour devenir animateur.trice d’atelier éco-responsables et zéro déchet. Une première en France. La prochaine session démarrera en février.

Laëtitia Crnkovic est installée depuis quelques années dans le Trégor, et est à « 350% dans le zéro déchet ». Une reconversion professionnelle pour celle qui a travaillé auparavant dans le tourisme, et qui aujourd’hui propose des ateliers eco-responsables et autour de la réduction des déchets, des conférences, écrit des livres sur ces sujets, tels que « Faites l’autopsie de votre poubelle », « Eco Almanach », « Je fabrique mes cosmétiques et produits ménagers solides » ou encore « Lessive de lierre et café de pissenlit – 100 façon d’utiliser ce que la nature nous offre » (dont on parlera prochainement sur Eco-Bretons, ndlr). Cette « semeuse de transition joyeuse » a décidé depuis l’année dernière d’aller plus loin dans sa démarche et de mettre en place une formation « Zéro déchet et éco-responsable », la seule de ce type pour le moment en France, à destination de tous ceux et celles qui veulent s’engager à leur tour dans l’animation d’ateliers. La première session s’est déroulée cette année. « J’en suis très contente », révèle Laetitia « Les participantes ont développé davantage de confiance en elle, ont acquis de l’expérience, et pour celles qui ont décidé de se lancer, ont déjà des contrats ». Ces animatrices d’ateliers vont être amenées à intervenir auprès des écoles, des MJC, de centre de loisirs, de Biocoop…tout en formant un réseau réparti sur tout le territoire breton. « L’idée, ce n’est pas d’être toutes des concurrentes, mais de travailler en bonne intelligence, en mode collaboratif », souligne Laetitia.

Une deuxième session de formation est d’ores et déjà prévu, à partir de février 2022, et jusqu’en mai. 10 personnes pourront y participer. Au programme, un travail « autant sur les postures à adopter en ateliers, que sur le côté technique ». 150 heures de formation sont ainsi prévues, en présentiel et en distanciel, avec deux séances de coaching individuel. Fabrication de cosmétiques, de produits ménagers, la réduction des déchets…sont autant de thématiques abordées. « Il y a beaucoup de pratique. L’idée est de sortir avec tout le « package » pour pouvoir animer », souligne Laëtitia. Le tout dans une ambiance à la fois conviviale, bienveillante et joyeuse. « Même si les enjeux sont de plus en plus urgents et lourds, on peut faire passer les messages avec de la légèreté ! » assure Laetitia, pour qui cette formation est aussi « l’occasion de porter un regard sur notre consommation, notre alimentation, notre autonomie…sur tout ce qui fait la transition écologique ».

Il reste encore quelques places pour cette prochaine session. Pour plus d’infos et s’inscrire, il suffit de contacter Laëtitia Crnkovic par mail : zerodechettregor@gmail.com

Laëtitia animera cette semaine des ateliers zéro déchet à Trégueux, Pleslin-Trigavoux, Lanrivain, et Paimpol. Plus d’infos sur le site de Zéro Déchet Trégor.

 

Plus d’infos :

https://www.facebook.com/zerodechettregor

https://www.zerodechet-tregor.com/

 

Pour lire le portrait consacré à Laëtitia : http://www.eco-bretons.info/portrait-de-femme-n6-laetitia-crnkovic-semeuse-de-transition-joyeuse/

 

 




Défi  « famille zéro déchet » : atelier « faites-le vous-même » : la couture pour les débutants

L’atelier, qui se déroule chez les Chiffonniers de la joie à Morlaix, est animé par Rozenn Gouret, de l’association L’Etend’arz, dont le siège social est à Locquénolé. Cette association, créée en 2015, anime régulièrement des ateliers couture, ouverts à tous, sur le Pays de Morlaix, mais aussi des ateliers de sérigraphie, de fabrication de jouets en bois et de teintures végétales, bref tout ce qui touche un peu à l’art textile et à l’écologie.

En lien avec une artiste bengalie, qui, de son côté, contribue à la mise en place dans des villages du Bangla Desh, d’ateliers de tissage artisanaux, l’association envisage dans l’avenir de faire ses propres créations de tissus, mais ce n’est qu’un projet pour l’instant.

A cet atelier, participaient 8 femmes et aucun homme faisant ainsi mentir la chanson « papa pique et maman coud ».

L’atelier s’est déroulé en deux temps : découverte de la machine à coudre et de la technique d’enfilage, et première réalisation : une lingette pour la toilette du visage.

Première découverte : il n’existe pas UNE machine à coudre mais autant de modèles qu’il y a de participantes, ce qui ne simplifie pas les explications pour la première épreuve, l’enfilage. Cette étape est fondamentale : si vous buttez sur ce casse-tête, inutile d’essayer d’aller plus loin, ce serait un peu comme si vous partiez à la pêche sans savoir accrocher votre hameçon à la ligne. Comme d’une machine à l’autre, cela peut varier, le plus simple est de se reporter à un des nombreux tutoriels qu’on trouve facilement en ligne.

 

Mais à l’expérience, cela se révèle moins compliqué qu’il n’y paraît, le cheminement des fils étant en général balisé. Il suffit de faire les choses dans l’ordre et de ne jamais s’affoler et surtout de se souvenir que les fils doivent toujours être tendus.

Petite astuce de réglage ensuite : une fois que vos deux fils, celui de la bobine du haut et de la cannette du bas sont bien en place et noués entre eux : plus votre tissu est épais, plus vous devez choisir un point long. Quant à la largeur, droit ou plus ou moins en zig-gaz, cela dépend de la finition que vous voulez obtenir.

La machine enfilée et les réglages faits, il est temps de passer aux travaux pratiques : la fabrication d’une lingette.

1°.Découpez un carré d’environ 10 centimètres dans un tissu éponge (ici c’était du coton bio). Cela peut être du tissu de récupération mais pour le confort et la douceur du produit final, il vaut mieux utiliser un coupon neuf, car il s’agit de la face appliquée sur la peau.

2°.Découpez un carré de même dimension dans un tissu quelconque, de récupération de préférence et si possible très coloré qui servira de doublure à la lingette.

3°.Mettez les deux carrés de tissu l’un contre l’autre, endroit contre endroit (car on va d’abord coudre à l’envers). Si vous n’êtes pas sûr de votre dextérité, prenez la précaution de fixer l’ensemble avec quelques épingles.

4°.Engagez l’ensemble sous le pied presseur à un demi-centimètre du bord et commencer à coudre en ligne droit, jusqu’à ce que vous arriviez à un demi-centimètre du bord (si vous cousez à un centimètre, arrêtez-vous à un centimètre du bord

5°Faites pivotez votre pièce de 90° et recommencez l’opération sur les deux côtés suivants

6° Quand vous arrivez au 4° côté, arrêtez-vous à environ trois centimètres du bord et faites une petite marché arrière afin de bien stopper votre couture.

7°. Dégagez la pièce et coupez le fil.

8°. Afin d’avoir une finition propre, « dégarnissez » chaque coin en coupant en biais le tissu qui dépasse de la piqûre sur environ la moitié de chaque côté ; cela évitera d’avoir un bourrelet disgracieux quand on retournera la pièce.

9°. Une fois cet ébarbage terminé, insérez deux doigts dans l’ouverture laissée dans le 4° coté et retournez l’ensemble de façon à ce que les deux côtés « endroit » soient à l’extérieur.

10°. Remettez la pièce sou le pied-presseur et faire une surpiqûre à deux millimètres du bord sur les 4 côtés.

Petite astuce : pour avoir une belle finition, tirez sur chaque coin avec la pointe d’une épingle afin d’éviter d’avoir un petit bourrelet à chaque coin.

Voilà, votre lingette est terminée. Fini les lingettes en papier qui remplissent inutilement nos poubelles !

Et si vous utilisez des chutes de tissu de différentes couleurs et de différents motifs pour l’envers de la lingette, cela peut faire une belle collection. Lors de l’atelier, l’une des participantes a réussi ainsi un bel assortiment de 5 lingettes, verte, rouge, jaune, à fleurs ou à rayures, du plus bel effet !

L’atelier suivant qui concernait des couturières plus expérimentées devaient se lancer dans la fabrication de « porte-tartes ». Si l’une d’entre elles pouvait nous dire ce que c’est, cela nous éclairerait bien.

Pour en savoir plus sur l’enfilage :

https://www.youtube.com/watch?v=lX4WgEVMs8Q

https://www.youtube.com/watch?v=kfbwFbN-jfg

https://www.pratique.fr/enfiler-machine-coudre.html

https://fr.wikihow.com/enfiler-une-machine-à-coudre

 

 

 

Focus sur les…Chiffonniers de la joie

Les chiffonniers de la joie, c’est une association qui évolue dans une dynamique d’innovation sociale, solidaire et durable. Créée en 1984, cette association située 74 Route de Callac à Morlaix a pour vocation première de favoriser la socialisation en fusionnant vie collective et activités professionnelles. Lieu d’échange et de cohésion sociale, les chiffonniers contribuent grandement à la réinsertion socio-professionnelle de personnes fragilisées. « L’activité de Ressourcerie c’est l’outil de cette dynamique de socialisation » explique Isabelle Ogès directrice de l’association et éducatrice.

11 salariés, une soixantaine de bénévoles qui œuvrent à recycler divers objets et à leur redonner une nouvelle vie avant leur mise en vente dans la ressourcerie. Ordinateurs transformés en machines de gamers old school*, boîtes de cigares métamorphosées en instruments de musique, meubles restaurés, ou plus simplement recyclage de vêtements, de livres, d’ustensiles de cuisine, et d’objets en tout genre ; ce système de ressourcerie qui se veut durable permet une réduction des déchets. En effet, les objets recyclés sont récupérés grâce à un système de collecte mobile et via deux points de collecte dans les déchetteries de Taulé et Langolvas.

Transmettre, apprendre, partager son savoir, grâce aux divers ateliers proposés par Les chiffonniers de la joie. Restauration et création de mobilier, tapisserie d’ameublement, couture, et atelier numérique et mécanique, autant d’ateliers éclectiques et accessibles à tous.

Abondance d’idées et de projets pour les dynamiques chiffonniers de la joie, en effet l’association prévoit la création d’un hébergement collectif pour les personnes qui ne peuvent vivre seule, qui ont besoin de vivre en collectif. Le futur lieu d’hébergement sera rénové avec des techniques d’écoconstruction. Une formation d’écoconstruction sera alors mise en place l’année prochaine.

* à l’ancienne

Pratique :

74 Route de Callac, 29600, Morlaix

02 98 62 18 60

Horaires ressourcerie : lundi – fermé

mardi – 14h-18h

mercredi – 10h-12h / 14h-18h

jeudi – 14h-18h

vendredi – 14h-18h

samedi 10h-12h / 14h-18h

dimanche – fermé

Horaires ateliers : Atelier tapisserie d’ameublement – mercredi après midi

Atelier couture – mercredi 10h-12h

Atelier numérique et mécanique samedi 10h-12h / 14h-18h

Atelier restauration et création de mobilier samedi 10h-12h / 14h-18h

Youna Forner