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Portrait de femme n°6. Laëtitia Crnkovic, semeuse de transition joyeuse

Rencontre avec Laëitia Crnkovic, spécialiste du zéro déchet, installée près de Lannion (22). Elle anime des ateliers, des conférences, et est autrice de livres sur le sujet. Elle nous raconte son parcours et son changement de vie pour un quotidien sous le signe de la transition écologique et de la lutte contre les déchets.

L’enthousiasme, la joie, le positif, ce sont les moteurs de Laëitia Crnkovic. Installée en Bretagne près de Lannion depuis deux ans et demi, elle est fondatrice de « Zéro Déchet Trégor », anime des ateliers, des formations autour de l’éco-responsabilité et du zéro déchet, donne des conférences. Et est auteure de deux livres, « Faites l’autopsie de votre poubelle » et « L’éco-Almanach, chaque jour un éco-geste ». Depuis deux ans, elle est « à 350 % dans le zéro déchet ». Le point d’orgue d’un cheminement personnel qui démarre en 2012. A l’époque, Laëtitia est agent de voyage et vit en Suisse. « Je travaillais plus d’une cinquantaine d’heure par semaine, je gagnais bien ma vie, je vivais à 100 à l’heure », se souvient-elle. Durant six mois, elle part sac au dos découvrir l’Amérique latine. Elle arrive alors sur une île « complètement autonome » au Panama : « Les habitants faisaient tout avec ce que la nature leur offrait : ils s’habillaient avec ce qui était disponible sur place, ils construisaient leurs maisons, leurs ustensiles, leurs bateaux, ils avaient de quoi se nourrir et de quoi se soigner… ». Un premier choc pour la jeune femme : « Je me suis rendue compte que moi, je ne savais rien faire avec mes mains, et que si je me retrouvais à leur place, je serais incapable de survivre ». De retour chez elle, elle reprend sa vie quotidienne là où elle l’avait laissée et fait un burn-out. « La distorsion était trop grande entre ma quête de sens et la vie que j’avais ». Dans le même temps, Laëtitia découvre qu’elle est atteinte d’endométriose. « J’ai alors commencé à prendre un virage à 360 degrés », explique-t-elle. Place alors à « l’écologie profonde » et au « retour au calme », avec la découverte de la méditation, du yoga, des fleurs du Bach, des soins énergétiques… Bref, Laëtitia prend le temps de prendre soin d’elle, commence à suivre des formations en aromathérapie, réfléchit à la manière de se soigner naturellement pour sa maladie. Elle adopte une nourriture plus locale et bio, mange moins de viande. Peu après, elle rencontre les Incroyables Comestibles et les Colibris, et commence à s’investir dans ces mouvements. « Ca a été des moments très forts », confie-t-elle. Devenue maman quelques temps plus tard, elle continue son engagement dans la transition, à la fois « écologique » et « intérieure ». S’en suit de nouveau un voyage, durant 9 mois, dont 6 mois en Asie. L’occasion d’une « grosse claque » au sujet des déchets. « Ils étaient là, dehors, comme si la planète vomissait tout : il y en avait partout dans la rue, dans l’eau, sur les plages, dans les sites classés à l’Unesco… ». Avec « sa paille et sa gourde », Laetitia n’en mène pas large, se dit que « ça ne va pas suffire ». Mais opère en même temps une « vraie prise de conscience ». « En France, on a tout ce qu’il faut pour faire correctement. Là bas, ils n’ont pas encore les outils, peut-être que ça viendra, mais nous on les a ! ». Elle se fait alors une « promesse intérieure » : celle, une fois rentrée, se se lancer dans une démarche zéro déchet, à la fois pour elle et pour les autres.

Le zéro déchet sans pression ni culpabilisation

Animation d’ateliers ou de conférences, écriture, communication, accompagnement…toutes ces tâches qui font partie intégrante d’un travail d’auto-entrepreneuse dans l’écologie, rythment désormais la vie quotidienne de Laëtitia. Un sacré programme qu’elle mène tambour battant grâce à son énergie et à son « feu intérieur » comme elle aime le définir. Une vie sous le signe du zéro déchet, qu’elle essaie d’essaimer auprès du plus grand nombre. Mais sans culpabiliser et sans se mettre de pression. Si elle ne jette plus qu’un sac poubelle de tout venant par an et sort sa poubelle de recyclage deux fois dans l’année, elle invite chacun à aller à son rythme. « L’idée, c’est d’y aller petit à petit, progressivement. Il faut toujours un temps pour que toute la famille puisse prendre la démarche en mains ». Tout est une question d’équilibre. « Il ne faut pas qu’il y ait une pression qui devienne insoutenable, et qu’on se sente frustré.e.s, et qu’on se flagelle. Même si le sujet est sérieux et grave, il faut qu’il y ait du plaisir, un challenge, un côté ludique ». Loin d’elle l’idée d ‘une écologie punitive.

Laëtitia admire aussi toutes les créatrices d’épicerie vrac : « C’est très courageux parce que ce sont des projets lourds à porter et qui ont un fort enjeu financier »

Le zéro déchet fait partie chez Laëtitia d’une démarche plus globale qui la mène vers la transition écologique. Pour elle, celle-ci est à la fois « intérieure » et « extérieure ». « A chaque fois qu’on entame une transition écologique, ça vient perturber plein de choses à l’intérieur de soi, on réfléchi à ce qui est important ou pas. On retourne à des plaisirs plus simples, comme la reconnexion à la nature ». « Moi je me suis découverte, j’ai vraiment l’impression que la transition c’est un chemin, un voyage qui va durer toute la vie », poursuit-elle. D’une démarche plus individuelle, faite avant tout pour sa santé, elle est ensuite entrée en réflexion sur son mode de vie : végétarisme depuis trois ans et demi, zéro déchet, déplacement à vélo…font maintenant partie de son quotidien. « Je me découvre au fur et à mesure, je choisis ce qui m’anime et ce que j’ai envie de diffuser », souligne Laëtitia, qui ne prend plus l’avion et est en réflexion sur la manière de concilier sa passion du voyage et les valeurs écologiques. « L’année dernière, on est partis à vélo pendant une semaine. Je trouve d’autres moyens de découvrir et de m’émerveiller, tout en impactant le moins possible », le tout « sans frustration ou culpabilité, juste en voulant essayer autrement, en changeant ses habitudes ». Parmi les initiatives qui l’ont inspirées, on peut citer l’éco-centre du Trégor, son lieu coup de coeur, ou encore la Bascule de l’Argoat. Laëtitia admire aussi toutes les créatrices d’épicerie vrac : « C’est très courageux parce que ce sont des projets lourds à porter et qui ont un fort enjeu financier ». Ou encore, dans un registre plus connu, Julie Bernier, autrice du « Manuel de l’écologie quotidienne », qui, selon elle, « ose montrer sa vulnérabilité et sa sensibilité », et Rob Hopkins, chez qui « on sent une bienveillance et un optimiste, tout en restant réaliste ».

La bienveillance est justement une des valeurs que la jeune bretonne voudrait voir davantage mise en avant. « Le manque de tolérance et les jugements très hâtifs sur les gens, ça me révolte », affirme-t-elle. Ce qui l’enthousiasme ? « La vie », dit-elle en riant. « Je marche aux projets, j’aime les nouveaux challenges, sortir de ma zone de confort régulièrement. J’aime essayer de nouvelles choses, ce que me permet mon travail ». Même si, « Cela peut-être inconfortable », reconnaît-elle. « Il faut accepter l’échec. On ose alors beaucoup plus. Tout ne marche pas comme on voudrait, mais on rebondit ». Voir tout cela essaimer chez les autres la ravit aussi. « C’est agréable de voir tous les gens qui s’éveillent ». Ses projets de formations et les nouveaux livres qu’elle est en train d’écrire lui permettront sans aucun doute de continuer à semer les graines du zéro déchet et de la transition.





Le Carnet de Bord, un lieu pas comme les autres

 

L’association « Projets, échanges et développement » existe depuis 5 ans. Elle veut être une structure impliquée dans la qualité de vie du territoire, avec la participation de ses habitants, et compte une soixantaine d’adhérents. « Nous travaillons beaucoup en commissions », explique Sylvie Briand : travail avec les populations fragilisées, les jeunes, réflexion sur l’avenir du territoire…L’association gère aussi un lieu de vie et d’hébergement, au Diben, « Le Carnet de Bord ». Un endroit atypique, « une deuxième maison, pour créer de la rencontre, du lien ». Animé par des bénévoles, chacun peut apporter des objets, des idées. Des ateliers peuvent y être aussi organisés, « en partant des désirs de chacun », précise Sylvie Briand.

 

 

Plus d’infos

legiteducarnetdebord.wordpress.com




Morlaix Communauté élabore sa feuille de route énergétique…avec les citoyens

La Communauté d’Agglomération de Morlaix a mis en place un livre blanc dans le cadre du plan Climat Énergie Territorial. En quoi consiste ce livre ?

Yoann Morvan : Le livre blanc est une feuille de route énergétique du territoire. Pour l’élaborer, nous avons mis en place une méthodologie collaborative où les services de la collectivité ainsi que des citoyens ont eu la possibilité de faire leurs propositions grâce à 4 ateliers définis à partir de thématiques concrètes : l’urbanisme, l’habitat, les transports et les énergies renouvelables. 150 propositions ont ainsi émergées. De leur côté, les directions internes de Morlaix communauté, qui ont des compétences diverses notamment dans le domaine de l’énergie, ont aussi fait leurs suggestions.

Ces ateliers ont-ils rassemblé beaucoup de citoyens ? Comment avez-vous communiqué autour de ces rendez-vous ?

Nous avions au préalable organisé quelques réunions publiques, puis nous avons élaboré une communication directe et indirecte : par courrier vers les associations, les institutions. Puis par voie de presse pour toucher les citoyens de manière globale. Au total une centaine de citoyens ont participé à ces ateliers.

Pourquoi avoir choisi de collaborer avec les citoyens pour établir le livre Blanc ?

C’est un projet de territoire, et il va de soi de ne pas passer outre les idées des citoyens. Cela donne à chacun la possibilité de s’approprier un sujet en donnant des moyens d’agir à son niveau. La communauté d’agglomération est aussi là pour accompagner les citoyens dans leurs projets de territoire.

Comment est né ce projet de livre Blanc ?

Ce livre répond aux objectifs du Plan Climat Énergie Territorial obligatoire pour les agglomérations de plus de 50 000 habitants. Il s’élabore de la même manière qu’un agenda 21. C’est d’ailleurs la partie énergie de l’agenda 21. Il dispose de deux volets : la réduction de consommations d’énergie sur le territoire et la réduction des gaz à effets de serre. L’autre volet vise à favoriser l’adaptation aux effets du changement climatique. Ce plan préconise ainsi un bilan énergétique sur le territoire. A Morlaix, c’est HEOL (l’agence locale de l’énergie et du climat du Pays de Morlaix ndlr) qui s’en est chargée : elle a analysé les niveaux de consommation de plusieurs secteurs.

Quel est son bilan ?

Pas de grande surprise, on retrouve globalement les mêmes tendance que dans les collectivités voisines : l’habitat est par exemple un secteur énergivore car il est ancien et diffus sur le territoire. Quant au transport, pour des raisons culturelles et historiques, il est également un gros producteur de gaz à effet de serre : dans une région rurale, l’utilisation de la voiture personnelle quasiment systématique.

Où en est-on dans l’élaboration du livre blanc. Est-il bouclé ?

Oui, il vient d’être validé dans son contenu par le conseil communautaire le 9 décembre dernier. 200 exemplaires seront distribués aux élus, aux collectivités. Puis il sera téléchargeable sur le site de l’agglomération.

Concrètement, à quoi vont servir les propositions retenues dans ce livre ?

Dans un premier temps, le livre blanc n’est pas voué à préciser les actions définies mais les orientations. Nous devons désormais travailler sur les actions et définir des fiches de mesures à prendre ainsi que des niveaux de priorité soumis de façon collégiale aux porteurs de projets potentiels. Nous définirons des niveaux d’ambition à partir des 94 propositions que nous avons compilé des 150 propositions retenues au cours des ateliers avec les citoyens et Morlaix communauté. Ainsi, fin 2014, les orientations du livre blanc actuel auront laissé place à des actions concrètes à mener sur le territoire.

En attendant de voir de réelles propositions d’action sur le territoire, quels projets concrets sont menés ?

De nombreuses actions concrètes sont menées sur le territoire : nous poursuivons par exemple notre travail de sensibilisation et d’ animation auprès des scolaires. En un an, plus de 200 animations liées au développement durable ont été organisées dans les écoles sur le territoire. Pour cela, nous travaillons en collaboration avec le CPIE de Douron, l’association Au fil du Queffleuth et de la Penzé de Pleyber-Christ (29) (association de sensibilisation et d’éducation à l’environnement pour les enfants, ndlr), et le Conservatoire Botanique de Brest.
Nous avons également pour projet de mener une opération de rénovation thermique des bâtiments, en partenariat avec l’Agence Locale de l’Énergie. Enfin, la filière bois-énergie est en développement sur le territoire avec notamment la naissance d’une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) à Pleybert Christ. Elle gère le réseau local de chaufferie bois.

Plus d’infos:

http://www.developpement-durable.gouv.fr/Plan-climat-energie-territorial.html

www.heol-energies.org/

aufilduqueffleuthetdelapenze.over-blog.com/

 




Voyage au coeur des Scop


Paroles de SCOP morlaisiennes par BD_info

 
 
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Plus d’infos

contact[AT]adessdupaysdemorlaix.org

www.appaloosa.fr

www.lalaborieuse.com




Lylian Le Goff : « Prendre du plaisir dans son régime alimentaire »

Quel message avez-vous souhaité faire passer dans ce livre de régime qui n’est pas un régime justement ?

Actuellement, on assiste à une sorte d’hystérie collective concernant le poids. L’idée, avec cet ouvrage, était vraiment de se démarquer des méthodes de régime en vogue. Ces techniques, notamment les régimes hyperprotéinés, peuvent provoquer des dégâts importants pour la santé. En plus, ils ne résolvent pas les problèmes de surpoids. On assiste notamment à des effets « yo-yo », néfastes pour le corps. On perd du poids, mais on en reprend avec l’arrêt du régime, qu’il faut alors recommencer…
Dans ce livre, nous avons voulu détailler une manière de manger sain, d’avoir de bonnes habitudes. Nous proposons un bon équilibre alimentaire qu’il est possible de garder à vie, et sans aucune difficulté. Et non sur un temps limité comme le suggère les régimes à la mode. Le secret : une nourriture certes de qualité, mais avant tout saine, diversifiée, en quantité raisonnable. C’est tout cela qui permet de mincir durablement.

Concrètement, en quoi consiste ce « programme bon et naturel pour mincir durablement » que vous préconisez ?

A l’opposé des régimes, ce programme est basé sur des apports alimentaires de qualité, ainsi que sur la notion de plaisir. Il s’agit de manger davantage de végétaux, riches en fibres. Il est également nécessaire de privilégier les aliments issus de l’agriculture biologique, plus riches en nutriments et plus rassasiants que les produits raffinés et autres plats préparés. Il faut également apprendre à avoir de bonnes habitudes alimentaires : bien mâcher, limiter les quantités et manger davantage de produits crus. Bien mâcher permet par exemple de se rassasier plus rapidement et facilite la digestion. Le programme proposé ici n’est absolument pas punitif, triste et contraignant, et n’exclut pas la personne qui le suit de la tablée. Cela est nécessaire pour un changement durable de comportement alimentaire. Il faut se faire plaisir, il y a assez d’autres contraintes dans la vie !

Vous insistez beaucoup sur la nécessité de manger bio dans votre ouvrage. Le bio ferait-il donc maigrir ?

Ce n’est pas le bio en tant que tel qui fait maigrir durablement. Tout dépend de ce que nous mangeons en bio ! Si ce sont des chips ou d’autres produits du même type, cela ne changera pas grand chose. Mais il s’avère que les aliments bio contiennent plus de nutriments que les produits conventionnels équivalents. A poids égal, on est donc rassasié plus rapidement. On mange donc des quantités moindres. Les légumes bio contiennent plus de fibres, qui régulent également l’appétit. Ils sont aussi plus riches en vitamines, anti-oxydants et acides aminés bons pour la santé. Et plus riches en goût, ce qui n’est pas négligeable ! De bonnes raisons pour s’y mettre cet été !

 

Si ceci n’est pas… un régime ! C’est quoi alors ?

Ceci n’est pas… un régime, de Lylian Le Goff et Laurence Salomon, publié aux éditions Marabout, est un véritable guide du « manger mieux ». Il propose un programme nutritionnel destiné à ceux qui veulent perdre du poids, et ne pas le regagner tout de suite. Informations nutritionnelles, conseils pour faire ses courses, plan d’une journée type, réflexion sur les causes du surpoids… Les rubriques sont diverses et instructives. A noter également la présence de nombreuses recettes suivant les saisons, d’astuces « bien-être » et de conseils sportifs, qui agrémentent la lecture. Très dense, avec de nombreuses informations (parfois peut-être trop ?), ce guide au format pratique permet néanmoins une lecture aisée grâce à une présentation soignée et aérée, qui plaira particulièrement aux filles !

 

 

Plus d’infos

www.marabout.com




Du théâtre d’improvisation engagé avec la « Puzzle Compagnie »

 

 

Plus d’infos

http://www.puzzlecie.com/

 

 

 

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